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Université Moulay Ismaïl

Faculté des Sciences et Techniques

Département de Mathématiques
S.M
Masters :
Analyse Mathématique et Applications (AMA)
&
.D
Mathématiques Appliquées et Épidémiologie (MAE)

Notes de cours
OU
=======================================================

DISTRIBUTIONS
&
ANALYSE FONCTIONNELLE DES EDP
I
=======================================================
RI

S. M. DOUIRI

Année universitaire : 2023-2024


S.M
Table des matières

1 Rappels et préliminaires 1
1.1 Espaces vectoriels normés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
.D
1.1.1 Distance et Norme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.2 Espaces de Banach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Espaces topologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2.2 Applications continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.3 Compacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

2 Topologies faible et faible∗ 9


OU
2.1 Topologie faible sur un ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 Topologie faible sur un Banach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.3 Topologie faible ∗ σ(E ′ , E) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.4 Espaces vectoriels localement convexes . . . . . . . . . . . . . . . 13

3 Distributions 17
3.1 Topologies sur les espaces S, C ∞ et CK∞ . . . . . . . . . . . . . . 17
3.1.1 Espace D(Ω) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
I
3.2 Espace de distributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.2.1 Espaces duaux E ′ , S ′ et D′ . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
RI
3.2.2 Topologie faible∗ sur les espaces de distributions . . . . . 24
3.3 Opérations sur les distributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.3.1 Translation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.3.2 Multiplication par des fonctions de C ∞ . . . . . . . . . . . 27
3.3.3 Dérivation de distributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.4 Support d’une distribution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.4.1 Préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.4.2 Distributions à support compact . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.5 Convolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.5.1 Rappel "pour les fonctions" . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

I
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3.5.2 Cas de distributions : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

4 Espaces de Sobolev 36
4.1 Rappel général sur les espaces Lp . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
4.2 Les espaces de Sobolev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
S.M
4.3 Théorèmes d’approximation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
4.4 Théorèmes d’injection : Inégalités de Sobolev . . . . . . . . . . . . 45
4.4.1 Cas où Ω = RN (N ≥ 2) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
4.4.2 Cas où Ω ⊂ RN : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4.5 Inégalité de Poincaré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
4.6 Trace et formule de Green . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

5 Formulation variationnelle de certains problèmes aux limites 54


5.1 Préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
5.1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
.D
5.1.2 Types de problèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
5.1.3 Théorème de Lax-Milgram . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
5.2 Étude de certaines problèmes linéaires . . . . . . . . . . . . . . . 56
5.2.1 Formulation variationnelle d’un problème de Dirichlet ho-
mogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
5.2.3 Formulation variationnelle d’un problème de Neumann . . 61
OU
I RI

II
1
S.M
Chapitre

Rappels et préliminaires

1.1 Espaces vectoriels normés


.D
1.1.1 Distance et Norme
Définition 1.1.1. Soit E un ensemble quelconque. On appelle distance (ou mé-
trique) sur E toute application d définie de E × E à valeurs dans R+ , vérifiant
les propriétés suivantes :
i) ∀(x, y) ∈ E × E, d(x, y) = 0 ⇔ x = y (Séparation) ;
OU
ii) ∀(x, y) ∈ E × E, d(x, y) = d(y, x) (Symétrie) ;
iii) ∀(x, y, z) ∈ E ×E ×E, d(x, y) ≤ d(x, z)+d(z, y) (Inégalité triangulaire).

L’ensemble E muni de cette distance est appelé espace métrique noté (E, d).

Définition 1.1.2. Soit E un K-espace vectoriel (K = R ou C). On appelle norme


sur E toute application N de E dans R+ vérifiant les propriétés suivantes :
i) ∀x ∈ E, N (x) = 0 ⇐⇒ x = 0 (Séparation) ;
I
ii) ∀x ∈ E, ∀λ ∈ K, N (λ x) = |λ| N (x) (Condition d’homogénéité) ;
iii) ∀(x, y) ∈ E×E, N (x+y) ≤ N (x)+N (y) (Inégalité triangulaire).
RI
N (x) la norme de x est souvent notée ∥x∥E ou ∥x∥. L’espace E muni de cette
norme est appelé espace vectoriel normé (e.v.n). On le note (E, ∥ ∥).

Remarques 1.1.3. Soit (E, || ||) un espace vectoriel normé.


1. E est un espace métrique dont la distance est définie par d(x, y) = ||x − y||.
Cette distance est appelée distance associée à la norme || || et on a ||x|| =
d(x,0) pour tout x ∈ E.
2. On peut trouver des espaces métriques dont la distance n’est associée à
aucune norme.

1
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3. Pour a ∈ E et r > 0, les ensembles B(a, r) = {x ∈ E / ||x − a|| < r},


B(a, r] = Bf (a, r) = {x ∈ E / ||x−a|| ≤ r} et S(a, r) = {x ∈ E / ||x − a|| = r}
sont appelés, respectivement la boule ouverte, la boule fermée et la sphère
de centre a et de rayon r.
4. Une suite (xk )k de E converge vers une limite a ∈ E si ∥xk − a∥ converge
S.M
vers 0 quand k tend vers ∞.
5. Une suite (xk )k de E est de Cauchy si ∥xk − xk′ ∥ converge vers 0 quand k
et k ′ tendent vers ∞.
6. Toute suite convergente dans E est de Cauchy.
7. Toute suite de Cauchy est bornée.
8. Une suite de Cauchy admettant une sous suite convergente converge vers
la même limite.
.D
Définition 1.1.4. Un espace métrique (E, d) est complet si toute suite de Cauchy
de E converge vers un élément de E.

1.1.2 Espaces de Banach


Définition 1.1.5. Un espace de Banach E est un espace vectoriel normé qui est
complet.
OU
Exemples 1.1.6.
1. Soient E et F deux espaces vectoriels normés.
 Si F est un Banach,  alors l’es-
pace des applications linéaires continues L (E, F ), ∥ ∥L (E,F ) l’est aussi,

∥u(x)∥F
∥u∥L (E,F ) = sup .
x∈E\{0} ∥x∥E

En particulier, le dual de E, noté E ′ = L (E, K) l’espace des formes li-


néaires continues sur E, est un Banach. Si u ∈ E ′ , on note souvent u(x)
I
par ⟨u, x⟩, ∀x ∈ E.
RI
2. Soit Ω un ouvert de Rn et 1 ≤ p ≤ +∞.
 Z 
p p
⋆ Pour 1 ≤ p < +∞ : L (Ω) = f : Ω −→ R mesurable : |f (x)| dx < +∞

Z 1
p
p
est un espace vectoriel normé muni de la norme ∥f ∥Lp = ∥f ∥p = |f (x)| dx .

( )

⋆ Pour p = +∞ : L (Ω) = f : Ω −→ R mesurable : sup ess|f (x)| < +∞
x∈Ω

est un espace vectoriel normé muni de la norme ∥f ∥L∞ = ∥f ∥∞ = sup ess|f (x)|.
x∈Ω
L’espace Lp (Ω) est un Banach pour tout 1 ≤ p ≤ +∞.

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3. Un espace pré-hilbertien est un espace vectoriel H muni d’un produit


scalaire (., .)H , c’est-à-dire, une forme définie sur H × H à valeurs dans C
(resp. dans R) qui est sesquilinéaire (resp. bilinéaire), hermitienne (resp.
symétrique) et définie q positive. C’est un espace normé dont la norme est
S.
définie par ∥x∥ = (x, x)H . Lorsqu’il est complet, on l’appelle un espace
n
de Hilbert. L’espace Rn muni du produit scalaire (x, y) =
P
xi yi est un
Zi=1
Hilbert. L’espace L2 (Ω) muni du produit scalaire (f, g) = f (x) g(x) dx

M
est aussi un Hilbert.
4. Pour un ouvert borné de Rn et k ∈ N, on désigne par C k (Ω) l’espace de
restrictions à Ω des fonctions de classe C k sur Rn , c’est-à-dire,

C k (Ω) = {f|Ω | f ∈ C k (RN )}.


.D
Autrement dit, c’est le sous-espace de C k (Ω) des fonctions dont leurs dé-
rivées partielles jusqu’à l’ordre k existent et sont continues jusqu’au bord
de Ω. On le menu de la norme ∥f ∥C k = sup ∥Dα f ∥∞ , où Dα f désigne
|α|≤k
n
la dérivée partielle de f d’ordre |α| =
P
αi , pour un multi-indice α =
i=1
(α1 , . . . , αn ) ∈ Nn , c’est-à-dire,
OU
∂ |α| f ∂ α1 +···+αn f ∂ α1 ∂ α2 ∂ αn f
!!!
α
D f= = = ... .
∂xα ∂xα1 1 . . . ∂xαnn ∂xα1 1 ∂xα2 2 ∂xαnn

L’espace C k (Ω) muni de cette norme est un espace de Banach.

Remarque 1.1.7. Soient f et g deux fonctions de C k (Ω). D’après la formule de


Leibniz, pour tout α ∈ Nn , on a
IR
Dα (f g) = Cαβ Dβ f Dα−β g,
X

β≤α

n
où β ≤ α signifie βi ≤ αi ∀i, α − β = (α1 − β1 , . . . , αn − βn ) et Cαβ = Cαβii .
Q
i=1

Théorème 1.1.8. Tout sous-espace fermé d’un Banach est un Banach.


I
Théorème 1.1.9. "Théorème de représentation de Riesz"
Si H est un Hilbert, alors pour toute f ∈ H ′ il existe un unique x ∈ H tel que

f = (., x)H , c’est-à-dire, f (y) = (y, x)H , ∀y ∈ H.

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1.2 Espaces topologiques


1.2.1 Définitions et propriétés
S.
Définition 1.2.1. Soit E un ensemble. Une famille T de parties de E (c’est-à-
dire, T ⊂ P(E)) est dite topologie sur E si elle satisfait les assertions suivantes :
(i) ∅ ∈ T et E ∈ T ;
(ii) Pour tous O1 , O2 ∈ T on a O1 ∩ O2 ∈ T ;
[
M
(iii) Si (Oi )i∈I est une famille quelconque d’éléments de T , alors Oi ∈ T .
i∈I

L’ensemble E muni de cette topologie est appelé espace topologique, noté


(E, T ). Les éléments de T sont appelés les ouverts de E, tandis que leurs com-
plémentaires sont appelés les fermés de E.
.D
Remarques 1.2.2.
1. ∅ et E sont à la fois ouverts et fermés ;
2. Toute intersection finie d’ouverts de E est un ouvert de E;
3. Toute réunion finie de fermés de E est un fermé de E;
4. Toute intersection (finie ou infinie) de fermés de E est un fermé de E;
5. L’espace topologique (E, T ) est dite séparé, si pour tous x, y ∈ E tels que
x ̸= y, il existe deux ouverts disjoints O1 et O2 tels que x ∈ O1 et y ∈ O2 .
OU
Définition 1.2.3. Soient (E, T ) un espace topologique et x ∈ E. Une partie
V ⊂ E est dite voisinage de x, s’il existe un ouvert O ∈ T tel que x ∈ O ⊂ V.
On note par V(x) la famille de tous les voisinages de x.
Proposition 1.2.4. Soit (E, T ) un espace topologique. Une partie U ⊂ E est
un ouvert si, et seulement si, elle est voisinage de tous ses points.
Définition 1.2.5. Soit (E, T ) un espace topologique. Soient (xn )n∈N une suite
d’éléments de E et ℓ ∈ E. On dit que ℓ est une limite de la suite (xn )n∈N quand
IR
n tend vers l’infini, et on écrit lim xn = ℓ, si pour tout voisinage de ℓ dans E il
n→∞
existe un rang N à partir duquel tous les termes de la suite appartiennent à V.
C’est-à-dire,
∀V ∈ V(ℓ), ∃N ∈ N, ∀n ≥ N, on a xn ∈ V.
Définitions 1.2.6. Soit A une partie d’un espace topologique (E, T ).
⋆ L’intérieur de A, noté Å, est le plus grand ouvert contenu dans A, il n’est
I
autre que la réunion de tous les ouverts inclus dans A.
⋆ L’adhérence (ou la fermeture) de A, notée Ā, est le plus petit fermé conte-
nant A, il n’est autre que l’intersection de tous les fermés contenant A.
⋆ L’ensemble A est dit dense dans E si Ā = E.

4
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

⋆ Les éléments de Ā sont appelés les points adhérents à A.


⋆ Un point x ∈ E est un point d’accumulation de A si x ∈ A\{x}.
⋆ un point x ∈ A est dit isolé dans A si x n’est pas un point d’accumulation
de A.
S.M
Proposition 1.2.7.
1. A est un ouvert dans E si, et seulement si, Å = A.
2. A est fermé dans E si, et seulement si, Ā = A.
3. x ∈ Ā si, et seulement si, A rencontre tout voisinage de x.
4. A est dense dans E si, et seulement si, A rencontre tout ouvert de E.
5. x ∈ E est un point d’accumulation de A si, et seulement si, tout voisinage
de x rencontre A\{x}.
6. x ∈ A est isolé dans A si, et seulement s’il existe un voisinage de x qui ne
.D
rencontre pas A\{x}.
Proposition et définition 1.2.8. Soit E un ensemble. Soit Z une famille de
parties de E (Z ⊂ P(E)) telle que
[
(i) ∅ ∈ Z et E = V;
V ∈Z
(i) L’intersection de deux éléments de Z s’écrit comme une réunion d’éléments
de Z.
OU
Alors la famille TZ = {O ⊂ E / O est une réunion d’éléments de Z} définit une
topologie sur E, appelée la topologie engendrée par Z.
La famille Z est dite une base de la topologie TZ .
Proposition 1.2.9. Soit (E, T ) un espace topologique et Z ⊂ T . La famille Z
est une base de T si, et seulement si, pour tout O ∈ T et tout x ∈ O, il existe
V ∈ Z tel que x ∈ V ⊂ O.
Exemples 1.2.10. 1. Si (E1 , T1 ), . . . , (En , Tn ) sont des espaces topologiques,
I
alors la famille Z = {U1 × · · · × Un / Ui ∈ Ti , ∀i ∈ {1, . . . , n}} est une base
d’une topologie sur E = E1 × · · · × En , appelée la topologie produit sur E.
RI
Les parties U1 × · · · × Un sont appelées les ouverts élémentaires de E. En
particulier la topologie usuelle de Rn .
2. Plus généralement, si (Xi , Ti )i∈I est une famille quelconque d’espaces topo-
Q
logiques et pk est la projection\canonique de E = i∈I Xi sur Xk pour tout
k ∈ I, alors la famille Z = { p−1 j (Uj ) / J ⊂ I est fini et Uj ∈ Tj , ∀j ∈
j∈J
J} est une base d’une topologie sur E, appelée la topologie produit sur
−1
Q \
E = i∈I Xi . Les parties pj (Uj ) sont appelées les ouverts élémentaires
j∈J
de E. De plus (E, TZ ) est séparé si, et seulement si, (Xi , Ti ) l’est pour tout
i ∈ I.

5
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3. La topologie usuelle d’un espace métrique (E, d) (resp. espace vectoriel


normé (E, ∥ ∥)) est la topologie engendrée par la base Z = {B(a, r) / a ∈
E et r > 0}. C’est une topologie séparée.
S.
Définition 1.2.11. "Espace de Baire"
Un espace topologique X est dit[de Baire si, pour toute suite (Fn )n de fermés de
X d’intérieur vide, la réunion Fn est d’intérieur vide.
n

Proposition 1.2.12. Un espace topologique X est de Baire si,\ et seulemnt si,


M
pour toute suite (On )n d’ouverts denses dans X, l’intersection On est dense
n
dans X.
Théorème 1.2.13. "Théorème de Baire"
Tout espace métrique complet est de Baire.
.D
1.2.2 Applications continues
Définitions 1.2.14. Soient (E, TE ) et (F, TF ) deux espaces topologiques et f une
application définie sur E à valeurs dans F.
(i) L’application f possède en a ∈ E une limite ℓ ∈ F si, pour tout voisinage
V de ℓ dans F, on a f −1 (V ) est un voisinage de a dans E. De plus cette
limite sera unique et on écrit lim f (x) = ℓ.
x→a
(ii) L’application f est continue en a ∈ E si x→a
lim f (x) = f (a).
OU
(iii) L’application f : E −→ F est continue sur E si, pour tout ouvert U de F,
on a f −1 (U ) est un ouvert de E.
Propriétés 1.2.15. (i) L’application f : E −→ F est continue sur E si, et
seulement si, f est continue en tout point x ∈ E.
(ii) L’application f : E −→ F est continue sur E si, et seulement si, pour tout
fermé V de F, on a f −1 (V ) est un fermé de E.
(E, T ) et (Fi , Ti )i∈I des espaces topologiques. Une application f :
(iii) Soient Y
IR
E −→ Fi est continue si, et seulement si, pour tout i ∈ I, on a pi ◦ f est
i∈I
continue.

1.2.3 Compacité
Définitions 1.2.16. Soit (E, T ) un espace topologique et A ⊂ E.
I
1. Une famille d’ouverts (Oi )i∈I est dite un recouvrement ouvert de A si A ⊂
S
i∈I Oi .
2. Si J ⊂ I tel que A ⊂ j∈J Oj , alors la famille (Oj )j∈J est dite un sous-
S

recouvrement du recouvrement ouvert de A. De plus, si J est fini, alors


(Oj )j∈J est appelé un recouvrement fini de A.

6
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Définition 1.2.17. Une partie K d’un espace topologique (E, T ) est dite com-
pacte, si tout recouvrement ouvert de K possède un sous-recouvrement fini de
K.

Définition 1.2.18. Un espace topologique (E, T ) est dit localement compact si


S.M
tout point de E admet un voisinage compact.

Propriétés 1.2.19. 1. Si (E, T ) est séparé, alors tout compact est fermé.
2. Toute partie fermée d’un compact est compacte.
3. Toute partie infinie d’un compact admet au moins un point d’accumulation.
4. Tout produit d’espaces compacts est compact pour la topologie produit.
5. Si f : (E, TE ) −→ (F, TF ) est continue, alors pour tout compact K de E on
a f (K) est compact dans F.
6. Dans un espace métrique, tout compact est borné.
.D
7. Un espace métrique (E, d) est localement compact si, et seulement si, pour
tout x ∈ E il existe r > 0 tel que la boule fermée B(x, r] est compacte.

Définition 1.2.20. Dans un espace métrique (E, d), on dit qu’une partie K de
E est précompact si pour tout ε > 0, on peut recouvrir K par un nombre fini de
boules ouvertes du rayon ε. C’est-à-dire, il existe (xi )i∈{1,...,p} ⊂ K tel que
p
OU
[
K⊂ B(xi , ε).
i=1

Théorème 1.2.21. "Théorème de Bolzano-Weierstrass"


Dans un espace métrique (E, d), les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) K ⊂ E est compact.
(ii) De toute suite d’éléments de K, on peut extraire une sous suite convergente
dans K.
I
(iii) Toute partie infinie de K admet un point d’accumulation dans K.
(iv) K est précompact et complet.
RI
Propriété 1.2.22. Dans un espace vectoriel normé de dimension finie, les com-
pacts sont les fermés bornés.

Exemple 1.2.23. Soit E l’espace, de dimension infinie, des fonctions bornées


de R dans R muni de la norme ∥f ∥∞ = sup |f (x)|. La boule B(0,1] est fermée
x∈R
et bornée, mais elle n’est pas compacte. En effet, la suite (χ[n,n+1[ )n∈N ⊂ E ne
possède aucune sous-suite convergente.

Proposition 1.2.24. Dans un espace vectoriel normé (E, ∥ ∥), les assertions
suivantes sont équivalentes :

7
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

(i) La boule fermée B(0,1] est compacte.


(ii) Pour tout x ∈ E et tout r > 0, la boule fermée B(x, r] est compacte.
(iii) E est localement compact.

Proposition 1.2.25. Tout espace vectoriel normé localement compact est com-
S.M
plet.

Théorème 1.2.26. "Théorème de Riesz"


Un espace vectoriel normé est localement compact si, et seulement s’il est de
dimension finie.

Théorème 1.2.27. "Théorème de Hahn-Banach (forme géométrique)"


Soient A et B deux ensembles convexes, non vides et disjoints d’un espace vecto-
riel normé E sur K (R ou C).
Si A est fermé et B est compact, alors il existe f ∈ E ′ séparant strictement A et
.D
B, c’est-à-dire qu’il existe a, b ∈ R tels que

Re(f )(x) ≤ a < b ≤ Re(f )(y), ∀x ∈ A, ∀y ∈ B.


OU
I RI

8
S.
Chapitre 2
M
Topologies faible et faible∗

2.1 Topologie faible sur un ensemble


.D
Soient X un ensemble et (Yi , Ti )i∈I une famille d’espaces topologiques. Pour
chaque i ∈ I, on se donne une application φi : X −→ Yi . En munissant X de la
topologie discrète P(X), toutes les applications φi seront continues, mais cette
topologie n’est pas économique puisque toutes les parties de X sont des ouverts.
Peut-on munir X d’une topologie la moins fine, c’est-à-dire, contient le minimum
d’ouverts, rendant continue toutes les applications (φi )i∈I ?
OU
Propriétés 2.1.1. Sous les mêmes hypothèses précédentes :
1. La famille
 
\ 
W= φ−1
j (Oj ) / J ⊂ I est fini et Oj ∈ Tj , ∀j ∈ J
 
j∈J

est une base d’une topologie TW qui la moins fine sur X rendant continues
toutes les applications (φi )i∈I .
2. Si (xn )n est une suite de X, alors xn −→ x si, et seulement si, φi (xn ) −→
IR
φi (x), ∀i ∈ I.
Preuve. Exercice.
Exemple 2.1.2. La topologie produit sur un espace produit X = i∈I Xi d’es-
Q

paces topologiques (Xi )i∈I est la topologie la moins fine rendant continues toutes
les projections canoniques pi : X −→ Xi .
I
Proposition 2.1.3. Soient Z un espace topologique et ψ une application de Z
dans X. Alors ψ est continue si, et seulement si, toutes les applications φi ◦ ψ
sont continues sur Z.
Preuve. "Faite au cours"

9
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

2.2 Topologie faible sur un Banach


Définition 2.2.1. Soit E un espace de Banach. La topologie la moins fine rendant
continues toutes les formes linéaires f ∈ E ′ est appelée la topologie faible
σ(E, E ′ ) sur E.
S.M
Notations. Pour la convergence, on distingue entre la convergence forte qu’on
note xn −→ x fortement, c’est-à-dire, ∥xn − x∥ −→ 0 et la convergence faible
pour la topologie faible σ(E, E ′ ) qu’on note xn ⇀ x ou plus précisément xn ⇀ x
faiblement pour σ(E, E ′ ).

Proposition 2.2.2.
1. La topologie faible σ(E, E ′ ) est séparée.
2. Pour x0 ∈ E, la famille de tous les ensembles de la forme
.D
V = {x ∈ E / |⟨fj , x − x0 ⟩| < ε, ∀j ∈ J},

où J est fini, fj ∈ E ′ et ε > 0, constitue une base de voisinages de x0 pour


la topologie faible σ(E, E ′ ).

Preuve. Exercice.

Proposition 2.2.3. Soit (xn )n une suite d’un espace de Banach E. Alors
OU
(i) xn ⇀ x pour σ(E, E ′ ) si, et seulement si, ⟨f, xn ⟩ −→ ⟨f, x⟩ pour tout
f ∈ E ′.
(ii) Si xn −→ x fortement, c’est-à-dire, ∥xn −x∥ −→ 0, alors xn ⇀ x faiblement
pour σ(E, E ′ ).
(iii) Si xn ⇀ x faiblement pour σ(E, E ′ ), alors (∥xn ∥)n est bornée et ∥x∥ ≤ lim inf ∥xn ∥.
n∈N
′ ′
(iv) Si xn ⇀ x faiblement pour σ(E, E ) et si fn −→ f fortement dans E ,
c’est-à-dire, ∥fn − f ∥E ′ −→ 0, alors ⟨fn , xn ⟩ −→ ⟨f, x⟩.
I
Preuve. Voir TD.
RI
Corollaire 2.2.4. Tout ouvert (resp. fermé) de la topologie faible σ(E, E ′ ) est
un ouvert (resp. fermé) pour la topologie forte.

Proposition 2.2.5. Si E est de dimension finie, alors la topologie faible σ(E, E ′ )


et la topologie forte coïncident. En particulier, une suite (xn ) converge faiblement
si et seulement si elle converge fortement.

Preuve. "Faite au cours"

Remarques 2.2.6.

10
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

1. En dimension infinie, la topologie faible σ(E, E ′ ) est strictement moins


fine que la topologie forte, c’est-à-dire qu’il existe des ouverts (resp. des
fermés) pour la topologie forte qui ne sont pas ouverts (resp. fermés) de la
topologie faible. Par exemple l’ensemble U = {x ∈ E / ∥x∥ < 1} (resp.
S.
S = {x ∈ E / ∥x∥ = 1}) n’est jamais ouvert (resp. fermé) pour la topologie
faible σ(E, E ′ ).
2. En dimension infinie, la topologie faible σ(E, E ′ ) n’est pas métrisable, c’est-
à-dire, qu’elle n’est pas induite d’aucune distance (et a fortiori d’aucune
M
norme) sur E.
3. En dimension infinie, il existe en général des suites qui convergent faible-
ment, c’est-à-dire pour la topologie faible σ(E, E ′ ), mais elles ne convergent
pas fortement.

Théorème 2.2.7. Soit C une partie convexe d’un Banach E. Alors C est fai-
.D
blement fermé si, et seulement si elle est fortement fermé. Autrement dit, la
notion de fermeture coïncide entre la topologie forte et la topologie faible pour les
ensembles convexes.

Preuve. "Faite au cours"

Corollaire 2.2.8. Soit φ : E −→ ]−∞, +∞] une fonction convexe et semi conti-
nûment inférieur (s.c.i.) pour la topologie forte. Alors φ est s.c.i. pour la topologie
OU
faible σ(E, E ′ ). De plus, si xn ⇀ x pour σ(E, E ′ ), alors φ(x) ≤ limninf φ(xn ).
En particulier, si xn ⇀ x pour σ(E, E ′ ), alors ∥x∥ ≤ lim inf ∥xn ∥.
n

Théorème 2.2.9. Soit T un opérateur linéaire d’un Banach E dans un Banach


F. Alors T : (E, ∥ ∥E ) −→ (F, ∥ ∥F ) est continu (fortement) si, et seulement si,
T : (E, σ(E, E ′ )) −→ (F, σ(F, F ′ )) est continu (faiblement).
De plus, la continuité de l’opérateur linéaire T de E (fort) dans F (faible) entraîne
sa continuité de E (fort) dans F (fort).
IR
2.3 Topologie faible ∗ σ(E ′, E)
Notation. Soit E ′ le dual d’un espace de Banach E. On note par E ′′ le dual de
E ′ , il est muni de la norme ∥ξ∥ = sup |⟨ξ, f ⟩|. On peut toujours identifier E à un
f ∈E ′
∥f ∥≤1

sous-espace de E ′′ à l’aide de l’injection canonique J : E −→ E ′′ , définie par


I
⟨Jx, f ⟩E ′′ ,E ′ = ⟨f, x⟩E ′ ,E , ∀x ∈ E, ∀f ∈ E ′ ,

qui est un isomorphisme (isométrie linéaire) de E dans J(E). Lorsque J est


surjective, c’est-à-dire, J(E) = E ′′ ou E = E ′′ , on dit que E est réflexif.

11
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

L’espace dual E ′ est alors muni de deux topologies, la topologie forte associée
à la norme ∥f ∥ = sup |⟨f, x⟩| et la topologie faible σ(E ′ , E ′′ ). On peut le munir
x∈E
∥x∥≤1

aussi d’une troisième topologie :


Définition 2.3.1. Pour x ∈ E, soit φx : E ′ −→ R l’application définie par f 7−→
S.M
φx (f ) = ⟨f, x⟩. La topologie faible ∗, notée par σ(E ′ , E), est la topologie la
moins fine sur E ′ rendant continues toutes les applications φx lorsque x parcourt
E.
Remarque 2.3.2. Comme E ⊂ E ′′ , alors la topologie σ(E ′ , E) est moins fine
que la topologie σ(E ′ , E ′′ ), qui à son tour moins fine que la topologie forte.
Proposition 2.3.3.
1. La topologie faible ∗ σ(E ′, E) est séparée.
.D
2. Pour f0 ∈ E ′ , la famille de tous les ensembles de la forme

V = {f ∈ E ′ / |⟨f − f0 , xj ⟩| < ε, ∀j ∈ J},

où J est fini, xj ∈ E et ε > 0, constitue une base de voisinages de f0 pour


la topologie faible ∗ σ(E ′ , E).
Preuve. Exercice.
OU
Remarque 2.3.4. Dans E ′ on distingue entre les convergences selon la topologie
utilisée. Si (fn )n est une suite dans E ′ , alors on note pour la convergence forte
fn −→ f fortement, pour la convergence faible fn ⇀ f faiblement pour σ(E ′ , E ′′ )
et pour la convergence faible ∗ fn ⇀ f faiblement pour σ(E ′ , E).

Proposition 2.3.5. Soit (fn )n une suite de E ′ . Alors



(i) fn ⇀ f pour σ(E ′ , E) si, et seulement si, ⟨fn , x⟩ −→ ⟨f, x⟩ pour tout x ∈ E.
(ii) Si fn −→ f fortement, alors fn ⇀ f faiblement pour σ(E ′ , E ′′ ), qui entraîne

de son tour que fn ⇀ f pour σ(E ′ , E).
I

(iii) Si fn ⇀ f faiblement pour σ(E ′ , E), alors (∥fn ∥)n est bornée et ∥f ∥ ≤ lim inf ∥fn ∥.
n∈N
RI
∗ ′
(iv) Si fn ⇀ f faiblement pour σ(E , E) et si xn −→ x fortement dans E, alors
⟨fn , xn ⟩ −→ ⟨f, x⟩.
Preuve. Adapter la démonstration de la proposition (2.2.3)
Remarque 2.3.6. Si E est de dimension finie, alors les trois topologies de E ′
(forte, σ(E ′ , E ′′ ) et σ(E ′ , E)) coïncident.
Théorème 2.3.7. "Théorème de Banach-Alaoglu-Bourbaki"
L’ensemble BE ′ = {f ∈ E ′ / ∥f ∥ ≤ 1} est compact pour la topologie faible ∗
σ(E ′ , E).

12
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Preuve. Voir Brézis.


Proposition 2.3.8.
1. "Théorème de Kakutani" : Soit E un espace de Banach. Alors E est
réflexif si, et seulement si, l’ensemble BE = {x ∈ E / ∥x∥ ≤ 1} est compact
S.M
pour la topologie σ(E, E ′ ).
2. Soit E un espace de Banach séparable, c’est-à-dire qu’il possède un sous-
ensemble D ⊂ E dénombrable et dense. Alors, de toute suite bornée de
E ′ on peut extraire une sous-suite convergente pour la topologie faible ∗
σ(E ′ , E).

2.4 Espaces vectoriels localement convexes


Soit E un espace vectoriel sur K (R ou C).
.D
Définition 2.4.1. Une semi-norme sur un espace vectoriel E est une applica-
tion p : E −→ R+ vérifiant la propriété d’homogénéité et l’inégalité triangulaire
(Voir définition 1.1.2).
Remarques 2.4.2. 1. Pour une semi norme on a p(0E ) = 0, mais il est ce-
pendant possible qu’il existe x ̸= 0E tel que p(x) = 0. Quand ce n’est pas
le cas, p est en fait une norme sur E.
OU
2. Pour tous x, y ∈ E, on a |p(x) − p(y)| ≤ p(x − y).
Proposition 2.4.3. Soit P = (pi )i∈I une famille de semi-normes sur E (non
toutes nulles). Soit TP la topologie la moins fine sur E rendant continues toutes
les semi-normes (pi )i∈I . La topologie TP est engendrée au même temps par les
trois bases suivantes :
 
\ 
W= p−1
j (Oj ) / J ⊂ I est fini et Oj et un ouvert de R, ∀j ∈ J ,
I
 
j∈J
 
RI
\ 
W′ = p−1
j (]aj − εj , aj + εj [) / J ⊂ I est fini, aj ∈ R et εj > 0, ∀j ∈ J
 
j∈J

et
 
\ 
W ′′ = {x ∈ E / pj (x − a) < ε} / J ⊂ I est fini, a ∈ E et ε > 0, ∀j ∈ J .
 
j∈J

Preuve. Exercice.
Remarque 2.4.4. Pour une semi-norme p, les ensembles {x ∈ E / p(x − a) < ε}
sont convexes, ce qui implique que les éléments de la base W ′′ sont des convexes.

13
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Proposition et définition 2.4.5. Soit E un espace vectoriel équipé d’une fa-


mille P = (pi )i∈I de semi-normes. On munit E de la topologie TP . Alors les
applications Φ+ : E × E −→ E et Φ∗ : K × E −→ E définies par

Φ+ (x, y) = x + y, et Φ∗ (λ, x) = λ x, ∀x, y ∈ E, ∀λ ∈ K,


S.M
sont continues pour la topologie produit correspondante. On dit que la topologie
TP est compatible avec la structure d’espace vectoriel sur E dans le sens où les
opérations interne et externe sont continues pour TP . (E, TP ) est dit un espace
vectoriel topologique.

Preuve. "Faite au cours"

Proposition 2.4.6. Soit q une semi-norme sur un espace vectoriel topologique


(E, TP ), où P = (pi )i∈I est une famille de semi-normes sur E. La semi-norme q
est continue pour la topologie TP si, et seulement s’il existe une constante C > 0
.D
et une partie finie J ⊂ I tels que
X
q(x) ≤ C pj (x), ∀x ∈ E. (2.4.1)
j∈J

Ce qui est équivalent à

q(x) ≤ C ′ sup pj (x), ∀x ∈ E. (2.4.2)


OU
j∈J

Preuve. "Faite au cours"

Remarque 2.4.7. En particulier, pour tout i ∈ I, la semi norme pi est continue


sur (E, TP ).

Proposition 2.4.8. Une suite (xn )n∈N de (E, TP ) converge vers x si, et seulement
si, pour toute pi ∈ P, la suite réelle (pi (xn − x))n∈N converge vers 0.
I
Preuve. Exercice.
RI
Théorème 2.4.9. Soient E et F deux espaces vectoriels munis respectivement de
deux familles de semi-normes P = (pi )i∈I et Q = (qk )k∈K . Alors, une application
linéaire T : (E, TP ) −→ (F, TQ ) est continue si, et seulement si, pour toute semi-
norme qk ∈ Q, il existe une partie finie Jk ⊂ I et une constante Ck > 0 tels
que X
qk (T (x)) ≤ Ck pj (x), ∀x ∈ E. (2.4.3)
j∈Jk

Ce qui est équivalent à

qk (T (x)) ≤ Ck sup pj (x), ∀x ∈ E.


j∈Jk

14
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Preuve. Il suffit d’appliquer les propositions 2.1.3 et 2.4.6.

Corollaire 2.4.10. Une forme linéaire T de E dans K est continue pour la


topologie TP si, et seulement s’il existe une partie finie J ⊂ I et une constante
C > 0 tels que
S.M
X
|T (x)| ≤ C pj (x), ∀x ∈ E. (2.4.4)
j∈J

Ce qui est équivalent à

|T (x)| ≤ C sup pj (x), ∀x ∈ E.


j∈J

Preuve. Il suffit de prendre Q = {| |}, avec | | est le module ou la valeur absolue.

Définition 2.4.11. Le dual topologique de (E, TP ) est l’espace vectoriel des formes
linéaires continues sur E pour la topologie TP .
.D
Proposition 2.4.12. Un espace vectoriel topologique (E, TP ) est séparé si, et
seulement si, pour tous x ̸= y dans E, il existe une semi-norme p ∈ P telle que
p(x − y) > 0. Ce qui est équivalent à dire que pour tout x ̸= 0E , il existe p ∈ P
telle que p(x) > 0.

Preuve. "Faite au cours"


OU
Définition 2.4.13. On appelle espace vectoriel localement convexe tout
espace vectoriel topologique séparé, c’est-à-dire, il est muni d’une topologie TP
engendrée par une famille de semi-normes P = (pi )i∈I telle que TP est séparée.

Proposition 2.4.14. Soit (E, TP ) un espace vectoriel localement convexe, alors


l’espace (E ′ , σ(E ′ , E)) est un espace vectoriel localement convexe.

Preuve. "Faite au cours"

Définition 2.4.15. Soit (E, TP ) un espace vectoriel localement convexe. On dit


I
qu’une suite (xn )n∈N d’éléments de E est de Cauchy si, pour tout voisinage V
de 0E , il existe un rang N ∈ N tel que pour tout n, m ≥ N on a xn − xm ∈ V
RI
(autrement, pour tout n ≥ N et tout k ∈ N on a xn+k − xn ∈ V ). Lorsque toute
suite de Cauchy de E est convergente pour la topologie TP , On dit que l’espace
vectoriel localement convexe (E, TP ) est complet.

Proposition 2.4.16. Une suite (xn )n∈N dans un espace vectoriel localement
convexe (E, TP ) est de Cauchy si, et seulement si, pour tout p ∈ P, on a

lim sup p(xn+k − xn ) = 0.


n→∞ k∈N

Preuve. "Faite au cours"

15
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Corollaire 2.4.17. Si (xn )n∈N est de Cauchy dans (E, TP ), alors pour tout p ∈ P
la suite (p(xn ))n∈N est de Cauchy dans R.

Preuve. Il suffit d’utiliser l’inégalité |p(xn+k ) − p(xn )| ≤ p(xn+k − xn ).

Remarque 2.4.18. Dans la suite on utilisera un cas particulier très important,


S.M
c’est celui d’un espace vectoriel localement convexe engendré par une famille P de
semi-normes au plus dénombrable, c’est-à-dire P = (pn )n∈N et l’espace (E, TP )
est séparé. Dans un tel cas, l’application d : E × E −→ R+ définie par

pn (x − y)
2−n
X
d(x, y) = , ∀(x, y) ∈ E × E, (2.4.5)
n=0 1 + pn (x − y)

est une distance sur E "Exercice".

Proposition 2.4.19. Sous les mêmes hypothèses de la remarque 2.4.18, la topo-


.D
logie définie par la distance (2.4.5) coïncide avec la topologie TP , c’est-à-dire, l’es-
pace vectoriel localement convexe (E, TP ) coïncide avec l’espace métrique (E, d).

Preuve. "Faite au cours"

Remarques 2.4.20.
1. Lorsque la famille P de semi-normes est au plus dénombrable, alors l’espace
topologique (E, TP ) est localement convexe.
OU
2. On exprime la notion d’une suite de Cauchy (ou d’une suite convergente),
soit par la topologie TP ou bien par la distance d, c’est pareil.
3. Lorsque l’espace métrique (E, d) défini dans la proposition 2.4.19 est com-
plet, on l’appelle espace de Fréchet.
I RI

16
3
S.M
Chapitre

Distributions

3.1 Topologies sur les espaces S, C ∞ et CK∞


.D
Définition 3.1.1. Soit f une fonction continue définie sur Rd (d ∈ N∗ ). On
appelle support de f et on note supp(f ), l’ensemble des points adhérents à
A = {x ∈ Rd : f (x) ̸= 0}. Ainsi,

supp(f ) = {x ∈ Rd : f (x) ̸= 0}.


OU
Autrement dit, supp(f ) est le complémentaire du plus grand ouvert de Rd sur
lequel f = 0.

Remarque 3.1.2. Pour une fonction mesurable, supp(f ) = {x ∈ Rd : f (x) ̸= 0 p.p.}.


C’est le complémentaire du plus grand ouvert de Rd sur lequel f = 0 p.p.

Notations. Soient Ω un ouvert non vide de Rd (d ∈ N∗ ) et K un compact


contenu dans Ω qu’on note souvent K ⊂⊂ Ω.
C ∞ (Ω) : L’espace vectoriel des fonctions indéfiniment différentiables sur Ω.
I
S(Rd ) : L’espace vectoriel des fonctions φ indéfiniment différentiables sur Rd à
décroissance rapide, c’est-à-dire, pour tous multi-indices α, β ∈ Nd , la
RI
fonction x 7−→ xα (Dβ φ)(x) est bornée. C’est un sous-espace vectoriel de
C ∞ (Rd ) appelé l’espace de Schwartz.
C0∞ (Ω) : L’espace vectoriel des fonctions indéfiniment différentiables sur Ω à support
compact inclus dans Ω. Il est noté aussi Cc∞ (Ω), c’est un sous-espace
vectoriel de C ∞ (Ω).
CK∞ (Ω) : L’espace vectoriel des fonctions indéfiniment différentiables sur Ω à support
inclus dans [K. C’est un sous-espace vectoriel de C0∞ (Ω), et on a
C0 (Ω) =

CK∞ (Ω).
K⊂⊂Ω

On munit l’espace CK∞ (Ω) de la famille dénombrable PK = (pn,K )n∈N des

17
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

semi-normes définies par


sup |Dα φ(x)|, (ou sup sup |Dα φ(x)|).
X
pn,K : φ 7−→ (3.1.1)
|α|≤n x∈K |α|≤n x∈K

Pour l’espace C ∞ (Ω), on peut le munir de la famille non dénombrable de semi-


S.M
normes P ′ = {pn,K / n ∈ N et K ⊂⊂ Ω}, c’est-à-dire, lorsque le compact K
parcourt l’ensemble de tous les compacts contenus dans Ω. On peut le munir aussi
de la famille dénombrable de semi-normes P = {pn = pn,Kn / n ∈ N et Kn ⊂⊂ Ω},
où les compacts Kn sont définis pour tout n ∈ N comme suit :
⋆ Si Ω = Rd , on pose
Kn = {x ∈ Rd / ∥x∥Rd ≤ n}. (3.1.2)

⋆ Si Ω ⊊ Rd , alors pour un point fixé x0 ∈ Ω on pose


1
.D
Kn = {x ∈ Ω / dist(x, ∂Ω) ≥ } ∩ {x ∈ Ω / ∥x − x0 ∥Rd ≤ n}. (3.1.3)
n+1
Dans les deux cas, la suite de compacts (Kn )n∈N est croissante vérifiant Kn ⊂
K̊n+1 , ∀n ∈ N et pour tout compact K ⊂⊂ Ω, il existe N ∈ N tel que KN ⊂ K.
De plus, les deux topologies TP ′ et TP coïncident. Souvent, l’espace topologique
(C ∞ (Ω), TP ) est noté par E (Ω).
Concernant l’espace de Schwartz S(Rd ), on le munit de la famille dénombrable
S = (sn,m )n,m∈N des semi-normes définies par
OU
sup xα (Dβ φ)(x) , (ou sup sup xα (Dβ φ)(x) ). (3.1.4)
X X
sn,m : φ 7−→
d |α|≤n x∈Rd
|α|≤n |β|≤m x∈R
|β|≤m

Théorème 3.1.3. Les espaces vectoriels topologiques (CK∞ (Ω), TPK ), (C ∞ (Ω), TP ) =
E (Ω) et (S(Rd ), TS ) sont des espaces de Fréchet.
Preuve. Pour la séparation des topologies, on applique la proposition 2.4.12.
Pour la complétude, on la démontre pour la topologie métrique dont la distance
I
est donnée par (2.4.5) qui coïncide avec la topologie de l’espace vectoriel topolo-
gique associé (voir la proposition 2.4.19).
RI
3.1.1 Espace D(Ω)
A/ Préliminaires
1. C0∞ (Rn ) est non vide, et plus précisément, il existe φ ∈ C0∞ (Rn ) telle que
φ(0) > 0 et φ(x) ⩾ 0, ∀x ∈ Rn . Il suffit de prendre φ(x) = f (1 − ∥x∥2 ) où f est
la fonction de classe C ∞ sur R définie par

 0 si t ⩽ 0,
f (t) = −1
 
 exp si t > 0.
t

18
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri
S.M
Par translation et changement d’échelle, on peut déduire que C0∞ (Ω) ̸= ∅ en
utilisant la fonction
x − x0
ϕ(x) = φ( ) où x0 ∈ Ω et r > 0 tel que B(x0 , r) ⊂ Ω.
r
.D
2. Si Ω1 et Ω2 sont deux ouverts de Rn tels que Ω1 ⊂ Ω2 , alors toute fonction
φ ∈ C0∞ (Ω1 ) peut être étendue a une fonction de C0∞ (Ω2 ), c’est-à-dire, C0∞ (Ω1 ) ⊂
C0∞ (Ω2 ). En particulier, C0∞ (Ω) ⊂ C0∞ (Rn ). Alors on peut définir C0∞ (Ω) comme
l’ensemble des éléments de C0∞ (Rn ) ayant le support contenu dans Ω. La même
chose pour C0k (Ω) et C0k (Rn ).

Lemme 3.1.4. "Lemme d’Urysohn"


OU
Si K est un compact dans Ω, alors il existe une fonction ψ indéfiniment diffé-
rentiable de Ω (ou généralement de Rn ) à valeurs dans [0, 1], dont le support est
inclus dans Ω, et qui vaut 1 sur K.
Autrement dit, il existe ψ ∈ C0∞ (Ω) tel que χK ≤ ψ ≤ χΩ .
I RI

B/ Topologie incomplète sur C0∞ (Ω)


Sur C0∞ (Ω), le sous-espace vectoriel de C ∞ (Ω), les deux familles de semi-normes
Q′ = {pn,K / n ∈ N et K ⊂⊂ Ω} et Q = {pn = pn,Kn / n ∈ N et Kn ⊂⊂ Ω}

19
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

définissent la même topologie séparée (TQ = TQ′ ).


De plus,
TQ (K) = TQK , ∀K ⊂⊂ Ω, (3.1.5)
S.
où TQ (K) = TQ′ (K) est la topologie induite par TQ = TQ′ sur CK∞ (Ω). En re-
vanche, la complétude fait défaut, d’après la proposition suivante.

Proposition 3.1.5. Si TP est une topologie séparée sur C0∞ (Ω) engendrée par
une famille dénombrable de semi-normes P = (pn )n∈N vérifiant (3.1.5), alors
l’espace localement convexe (C0∞ (Ω), TP ) n’est pas complet.
M
Remarque 3.1.6. En particulier, si pn = pn,Kn l’espace C0∞ (Ω) n’est pas complet
pour TQ = TQ′ .

Preuve. "Faite au cours"


.D
C/ Topologie complète sur C0∞ (Ω)

Définition 3.1.7. Soit E un espace vectoriel topologique localement convexe et


soit (En , Tn )n∈N une suite
[ croissante d’espaces vectoriels topologiques localement
convexes telle que E = En , la topologie Tn de En est celle induite de En+1 sur
n∈N
En (c’est-à-dire Tn = Tn+1 |En ) et pour tout n ∈ N, En est fermé dans En+1 pour
la topologie Tn+1 .
OU
La topologie TP sur E, définie par la famille de semi-normes

P = {p semi-norme sur E / p|En est continue, ∀n ∈ N},

est appelée topologie limite inductive des topologies (Tn )n∈N .

Remarques 3.1.8.
1. Si chaque Tn est engendrée par une famille de semi-normes Pn = (pni )i∈In ,
alors d’après la proposition 2.4.6 on a
IR
pnj (x), ∀x ∈ En .
X
p ∈ P ⇐⇒ ∀n ∈ N, ∃Cn > 0, ∃Jn ⊂ In fini, tels que p(x) ≤ Cn
j∈Jn

2. La topologie limite inductive TP est la moins fine rendant continues les


injections canoniques in : (En , Tn ) −→ (E, TP ).
3. En particulier, lorsque E = C0∞ (Ω) et En = CK∞n (Ω), où les compacts Kn
I
sont donnés par (3.1.2) ou (3.1.3), on peut munir C0∞ (Ω) de la topologie li-
mite inductive TP . De plus, cette topologie définie par ces limites inductives
ne dépend pas du choix de la suite exhaustive de compacts de Ω. L’espace
(C0∞ (Ω), TP ) est noté D(Ω) et on a l’injection i : D(Ω) −→ (CK∞ (Ω), TPK )
est continue.

20
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Proposition 3.1.9. D(Ω) est un espace séparé. De plus, pour toute suite de
Cauchy (φn )n∈N dans D(Ω), il existe un compact K ⊂⊂ Ω tel que, pour tout
n ∈ N, on a φn ∈ CK∞ (Ω).
Preuve. "Faite au cours"
Théorème 3.1.10. L’espace vectoriel localement convexe D(Ω) = (C0∞ (Ω), TP )
S.M
est complet.
Preuve. "Faite au cours"
Remarques 3.1.11.
1. D’après la proposition 3.1.5, on a (C0∞ (Ω), TQ ) n’est pas complet, alors
TQ ̸= TP . De plus, la topologie TP n’est pas métrisable.
[
2. L’espace (CK∞ (Ω), TPK ) est noté aussi DK (Ω) et on a D(Ω) = DK (Ω)
K⊂⊂Ω
lorsque K parcourt l’ensemble des compacts inclus dans Ω.
3. Les éléments de D(Ω) (resp. DK (Ω) ou (S(Rd ), TS )) sont appelés les fonc-
.D
tions test.

D/ Convergence dans D(Ω)


Proposition 3.1.12. Une suite (φk )k∈N converge vers φ dans D(Ω) si, et seule-
ment s’il existe un compact K ⊂⊂ Ω tel que supp(φ) ⊂ K, supp(φk ) ⊂ K et
φk −→ φ dans DK (Ω).
k→∞
OU
Preuve. C’est une conséquence de la proposition 3.1.9 et de la preuve du théo-
rème 3.1.10.
Remarques 3.1.13.
1. Pratiquement, φk −→ φ dans DK (Ω) si, et seulement si, pour tout multi-
k→∞
indice α on a
∥Dα φk −Dα φ∥∞ = sup|Dα φk (x)−Dα φ(x)| = sup|Dα φk (x)−Dα φ(x)| −→ 0.
x∈K x∈Ω k→∞

Notons que ∥Dα ψ∥∞ = sup|Dα ψ| = sup |Dα ψ|, ∀ψ ∈ D(Ω).


I
x∈Ω x∈supp(ψ)
2. Une suite (φk )k∈N d’éléments de D(Ω) converge vers φ ∈ D(Ω) s’il existe
RI
un compact K de Ω tel que supp(φ) ⊂ K, supp(φk ) ⊂ K (∀k ∈ N) et
φk −→ φ dans DK (Ω).
k→∞
Proposition 3.1.14.
i) Les applications I1 : D(Ω) −→ E (Ω), I2 : D(Rd ) −→ S(Rd ) et I3 : S(Rd ) −→ E (Rd )
toutes données par φ 7−→ φ, sont linéaires, injectives, continues et d’image
dense.
ii) L’espace D(Ω) est dense dans C0k (Ω), pour tout 0 ≤ k ≤ +∞.
iii) L’espace D(Ω) est dense dans Lp (Ω), pour tout p ∈ [1, +∞[.
Preuve. "Devoir"

21
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3.2 Espace de distributions


3.2.1 Espaces duaux E ′ , S ′ et D′
Proposition 3.2.1. Soit K ⊂⊂ Ω. Une application linéaire T : DK (Ω) −→
S.M
K (R ou C) est continue si, et seulement s’il existe C > 0 et m ∈ N tels que

∥Dα φ∥∞ , ∀φ ∈ DK (Ω).


X
|T (φ)| ≤ C (3.2.1)
|α|≤m

Preuve. C’est une conséquence du corollaire ?? en choisissant m = max{j / j ∈


J et pj,K ∈ PK }.

Proposition 3.2.2. Une application linéaire T : E (Ω) −→ K (R ou C) est


continue si, et seulement s’il existe un compact K ⊂⊂ Ω, une constante C > 0
.D
et m ∈ N tels que

sup |Dα φ(x)|, ∀φ ∈ E (Ω).


X
|T (φ)| ≤ C pm,K (φ) = C (3.2.2)
|α|≤m x∈K

Ce qui est équivalent à l’existence d’une constante C > 0 et m ∈ N tels que

sup |Dα φ(x)|, ∀φ ∈ E (Ω). (3.2.3)


X
|T (φ)| ≤ C pm (φ) = C pm,Km (φ) = C
OU
|α|≤m x∈Km

On note par E ′ (Ω) l’espace de toutes les formes linéaires continues sur E (Ω),
c’est le dual topologique de E (Ω). L’image de φ par la distribution T est souvent
notée ⟨T, φ⟩ au lieu de T (φ).

Preuve. "Faite au cours"

Proposition et définition 3.2.3. Une application linéaire T : (S(Rd ), TS ) −→


I
K (R ou C) est continue si, et seulement s’il existe une constante C > 0 et
n, m ∈ N tels que
RI
|T (φ)| ≤ C sn,m (φ) = C sup sup xα (Dβ φ)(x) , ∀φ ∈ S(Rd ). (3.2.4)
|α|≤n x∈Rd
|β|≤m

Toute forme linéaire continue T : (S(Rd ), TS ) −→ K est appelée une distribu-


tion tempérée sur Rd . On note par S ′ (Rd ) l’espace de toutes les distributions
tempérées sur Rd , c’est le dual topologique de (S(Rd ), TS ). L’image de φ par la
distribution tempérée T est souvent notée ⟨T, φ⟩ au lieu de T (φ).

Preuve. Exercice.

22
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Proposition et définition 3.2.4. Une application linéaire T : D(Ω) −→ K (R ou C)


est continue si, et seulement si, pour tout compact K ⊂⊂ Ω, la restriction de T à
DK (Ω) est continue. Ce qui est équivalent à l’existence d’une constante CK > 0
et mK ∈ N tels que
S.M
∥Dα φ∥∞ , ∀φ ∈ DK (Ω).
X
|T (φ)| ≤ CK (3.2.5)
|α|≤mK

Toute forme linéaire continue T : D(Ω) −→ K est appelée une distribution


sur Ω. On note par D′ (Ω) l’espace de toutes les distributions sur Ω, c’est le dual
topologique de D(Ω). L’image de φ par la distribution T est souvent notée ⟨T, φ⟩
au lieu de T (φ).

Preuve. "Faite au cours"

Remarques 3.2.5.
.D
1. Si pour tout compact K ⊂⊂ Ω, on peut utiliser le même entier mK = m
dans (3.2.5), c’est-à-dire, l’entier m est indépendant du compact K, alors
on dit que la distribution T est d’ordre inférieur ou égal à m. Dans ce cas
l’ordre de la distribution T est le plus petit entier m vérifiant la condition
de continuité (3.2.5) indépendamment du compact K ⊂⊂ Ω.
2. En utilisant les applications I1 , I2 et I3 , données dans la proposition 3.1.14,
pour tout T ∈ E ′ (Ω), on a T ◦ I1 ∈ D′ (Ω). De plus, pour tout T ∈ E ′ (Rd ),
OU
on a T ◦ I3 ∈ S ′ (Rd ), et par suite T ◦ I3 ◦ I2 ∈ D′ (Rd ).

Exemples 3.2.6.
1. Distribution régulière :
Toute fonction f ∈ L1loc (Ω) définit une distribution Tf ∈ D′ (Ω) en posant
Z
⟨Tf , φ⟩ = Tf (φ) = f (x)φ(x) dx, ∀φ ∈ D(Ω).

I
Toute distribution de ce type, c’est-à-dire, définie à partir d’une fonction locale-
ment intégrable, est appelée distribution régulière. Elle est d’ordre 0 et notée [f ].
RI
On peut vérifier aisément l’injectivité de l’application

j : L1loc (Ω) −→ D′ (Ω)


f 7−→ j(f ) = [f ] = Tf ,

ce qui permet d’identifier les fonctions localement intégrables avec les distribu-
tions régulières et on peut noter [f ] seulement par f s’il n’y a pas d’ambiguïté.
L’exemple suivant prouve qu’on peut pas identifier l’espace L1loc (Ω) avec tout
l’espace des distributions, c’est-à-dire, l’application j n’est pas surjective.
2. La masse de Dirac en un point :

23
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Pour a ∈ Ω fixé, la forme linéaire, notée δa , définie sur D(Ω) par

⟨δa , φ⟩ = φ(a), ∀φ ∈ D(Ω)

est une distribution d’ordre 0, appelée distribution de Dirac (ou masse de Dirac)
S.M
en a. Elle n’est pas régulière et on dit qu’elle est singulière. En général toute
combinaison linéaire des masses de Dirac α1 δa1 + α2 δa2 + · · · + αp δap est une
distribution singulière.
1
3. La valeur principale de :
x
Z 1
1 1
On sait que dx = +∞ alors ∈ / L1loc (R), mais on peut vérifier que l’appli-
0 x x
1
 
cation, notée Vp et définie par
x
1
 
.D
Vp : D(R) −→ R
x
1 φ(x)
  Z
φ 7−→ ⟨Vp , φ⟩ = lim dx
x ε→0 |x|≥ε x
1
est une distribution singulière appelée la valeur principale de .
x
4. Pour x0 ∈ Ω et α ∈ Nn , l’application T définie sur D(Ω) par
T (φ) = ⟨T, φ⟩ = Dα φ(x0 ) est une distribution d’ordre |α|.
OU
Théorème 3.2.7. une forme linéaire u : D(Ω) → C est une distribution si, est
seulement si, pour toute suite (φj )j∈N de D(Ω) qui converge vers 0 dans D(Ω),
on a lim ⟨u, φj ⟩ = 0.
j→+∞

Remarque 3.2.8. On dit que la condition de continuité (3.2.5) est équivalente


à la continuité séquentielle de la forme linéaire u.
Preuve. "Faite au cours"
I
3.2.2 Topologie faible∗ sur les espaces de distributions
RI
Théorème 3.2.9. "Théorème de Banach-Steinhaus"
Soit (E, TP ) un espace vectoriel localement convexe métrisable et complet (Espace
de Fréchet). Si H ⊂ E ′ tel que

∀x ∈ E, sup |⟨T, x⟩| < +∞,


T ∈H

alors il existe F une partie finie de P et C > 0 tels que


X
∀x ∈ E, sup |⟨T, x⟩| ≤ C p(x).
T ∈H p∈F

24
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Corollaire 3.2.10. Soit (E, TP ) un espace vectoriel localement convexe métri-


sable et complet et soit (Tn )n∈N est une suite dans E ′ . Alors, (Tn )n∈N converge
simplement vers une application T : E −→ K si, et seulement si, T ∈ E ′ et
(Tn )n∈N converge vers T dans E ′ pour la topologie faible∗, c’est-à-dire, Tn ⇀ T

faiblement pour σ(E ′ , E).


S.M
Preuve. Il suffit d’appliquer le théorème 3.2.9 pour la famille H = {Tn / n ∈ N},
puis le corollaire ?? et la proposition ??.

Proposition 3.2.11. Soit (E, TP ) un espace de Fréchet (localement convexe, mé-


trisable et complet). Alors son dual topologique E ′ est complet pour la topologie
faible∗ σ(E ′ , E).

Preuve. "Faite au cours"

Remarques 3.2.12.
.D
1. L’espace DK (Ω) (K ⊂⊂ Ω) (resp. E (Ω) ou (S(Rd ), TS )) est de Fréchet, alors
le corollaire 3.2.10 peut être appliquer. C’est-à-dire, la convergence simple
d’une suite (Tn )n∈N de D′K (Ω) (resp. E ′ (Ω) ou S ′ (Rd )) est équivalente à
sa convergence faible∗ pour σ(D′K (Ω), DK (Ω)) (resp. σ(E ′ (Ω), E (Ω)) ou
σ(S ′ (Rd ), S(Rd ))).
2. Les espaces D′K (Ω) (K ⊂⊂ Ω), E ′ (Ω) et S ′ (Rd ) sont complets respecti-
vement pour les topologies faibles∗ σ(D′K (Ω), DK (Ω)), σ(E ′ (Ω), E (Ω)) et
OU
σ(S ′ (Rd ), S(Rd )).

Remarque 3.2.13. La topologie de D(Ω) n’est pas métrisable, mais le résultat


du corollaire 3.2.10 reste valable pour D(Ω) d’après le théorème suivant.

Théorème 3.2.14. Soit (Tn )n∈N une suite de distributions de D′ (Ω). Alors,
(Tn )n∈N converge simplement vers une application T : D(Ω) −→ K, si, et seule-
ment si, T ∈ D′ (Ω) et (Tn )n∈N converge vers T dans D′ (Ω) pour la topologie
faible∗, c’est-à-dire, Tn ⇀ T faiblement pour σ(D′ (Ω), D(Ω)).

I
Preuve. "Faite au cours"
RI
Corollaire 3.2.15. L’espace D′ (Ω) est complet pour la topologie faible∗.

Preuve. "Faite au cours"

Remarque 3.2.16. Par le théorème 3.2.14, la convergence utilisée dans D′ (Ω),


est la convergence faible∗, on dit alors qu’une suite de distributions (uj )j∈N

converge vers une distribution u et on note uj ⇀ u (ou tout simplement uj −→
j→∞ j→∞
u) dans D′ (Ω), si
lim ⟨uj , φ⟩ = ⟨u, φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω).
j→∞

25
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Exemple 3.2.17. Soit (ak )k∈Z une suite de R telle que ak −−−−→ +∞ et
k→+∞
ak −−−−→ −∞. Pour toute suite (bk )k∈Z de R, la suite de distributions (TN )N ∈N ,
k→−∞
N
bk δak converge (∗ faiblement) vers la distribution T =
X
définie par TN =
−N
S.M
+∞
X
bk δak lorsque N −→ ∞. En effet, on vérifie aisément que TN et T sont des
−∞
N
distributions. Pour la convergence faible ∗, on a ⟨TN , φ⟩ =
X
bk φ(ak ), pour tout
X −N
φ ∈ D(R). Alors ⟨T − TN , φ⟩ = bk φ(ak ). Or ak −−−−→ ±∞, alors il existe
k→±∞
|k|≥N +1
Nφ ∈ N tel que pour tout k ≥ Nφ on a ak ∈ / suppφ, c’est-à-dire, φ(ak ) = 0. Ce
qui entraine que
⟨T − TN , φ⟩ = 0, ∀N ≥ Nφ .
.D
Proposition 3.2.18.
1. Si fj −→ f dans L1 (Ω), alors fj ⇀ f dans D′ (Ω).
2. De même si fj −→ f dans L2 (Ω).
3. Si (fj )j ⊂ L1loc (Ω), fj −→ f p.p. sur Ω et s’il existe g ∈ L1loc (Ω) tel que
|fj | ≤ |g|, ∀j, alors fj ⇀ f dans D′ (Ω).
Preuve. "Exercice"
OU
3.3 Opérations sur les distributions
3.3.1 Translation
Pour une fonction f : Rn −→ K (R ou C), la translation de f par a ∈ Rn ,
notée τa f, est définie par τa f (x) = f (x − a), ∀x ∈ Rn . Si f est localement
intégrable, alors sa translation l’est aussi et la distribution régulière associée à
I
τa f est donnée par
RI
Z Z Z
⟨[τa f ], φ⟩ = f (x−a)φ(x) dx = f (x)φ(x+a) dx = f (x)τ−a φ(x) dx = ⟨[f ], τ−a φ⟩
Rn Rn Rn

Généralement, on peut prouver que la translation d’une distribution u ∈


D′ (Rn ) par a ∈ Rn , notée τa u et définie par

⟨τa u, φ⟩ = ⟨u, τ−a φ⟩, ∀φ ∈ D(Rn ),

est une distribution sur Rn . Il suffit d’utiliser le fait que l’application linéaire
φ −→ τa φ est continue de D(Rn ) dans D(Rn ), c’est-à-dire,

φj −−−−→ 0 dans D(Rn ) =⇒ τa φj −−−−→ 0 dans D(Rn ).


j→+∞ j→+∞

26
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

3.3.2 Multiplication par des fonctions de C ∞


Soient f ∈ C ∞ (Ω) et u ∈ D′ (Ω). L’application notée f u, définie sur D(Ω) par
⟨f u, φ⟩ = ⟨u, f φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω) est une distribution sur Ω. En effet,
i) f u est bien définie car f φ ∈ D(Ω);
S.M
ii) f u est linéaire ;
iii) La continuité séquentielle : Soit (φj )j une suite qui converge vers 0 dans
D(Ω), c’est-à-dire qu’il existe K compact dans Ω tel que supp(φj ) ⊂ K pour tout
j et ∥Dα φj ∥∞ −−−→ 0 pour tout α ∈ Nn . D’après la formule de Leibniz on a
j→∞

Dα (f φj ) = Cαβ Dβ f Dα−β φj ,
X

β≤α

n
où β ≤ α signifie βi ≤ αi ∀i, α − β = (α1 − β1 , . . . , αn − βn ) et Cαβ = Cαβii .
Q
.D
i=1
Pour tout j, on a supp(f φj ) ⊂ supp(φj ) ⊂ K, alors

∥Dα (f φj ) ∥∞ = sup|Dα (f φj ) (x)|


x∈K
≤ Cαβ sup|Dβ f (x)| ∥Dα−β φj ∥∞ .
P
β≤α x∈K | {z }
| {z } −−−−−→0
<+∞ j−→+∞
puisque K est compact
OU
Ce qui implique que f φj −−−−→ 0 dans D(Ω) et par suite on a
j→+∞

⟨f u, φj ⟩ = ⟨u, f φj ⟩ −−−−→ 0.
j→+∞

Exemple 3.3.1. Soient f ∈ C ∞ (Rn ) et a ∈ Rn . Pour tout φ ∈ D(Ω) on a

⟨f δa , φ⟩ = ⟨δa , f φ⟩ = f (a)φ(a)
= f (a)⟨δa , φ⟩ = ⟨f (a)δa , φ⟩.
I
Alors, f δa = f (a)δa . En particulier, pour δ = δ0 et f (x) = x on a f δ = f (0)δ = 0.
RI
Exercice.
1. Déterminer toutes les solutions dans D′ (Ω) de l’équation (E) : xu = 0.
2. Même question pour l’équation (E ′ ) : xu = 1.

3.3.3 Dérivation de distributions


Soit [f ] la distribution régulière associée à une fonction f (on suppose que f ∈
∂f
C 1 (Rn ) qui est une condition assez suffisante pour s’assurer que ∈ L1loc (Rn )).
∂xi

27
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Pour simplifier les calcules utilisons seulement deux variables x et y, alors pour
tout φ ∈ D(Ω), on a
"
∂f
# x ∂f
⟨ , φ⟩ = (x, y)φ(x, y) dxdy
∂x ∂x
S.M
R2 !
Z a
Z
∂f
= (x, y)φ(x, y) dx dy où suppφ ⊂ ]−a, a[ × ]−b, b[
R  −a ∂x 
Z a
Z
a ∂φ
= [f φ]−a − f (x, y) dx dy
 
R | {z } −a ∂x
=0
Z Z
∂φ ∂φ
= − f dxdy = −⟨[f ], ⟩.
R R ∂x ∂x

En généralisant cette remarque, on donne le résultat suivant.


.D
Proposition et définition 3.3.2. Soit u ∈ D′ (Ω). Pour tout i ∈ {1, ..., n},
∂u ∂u ∂φ
l’application notée , définie sur D(Ω) par ⟨ , φ⟩ = −⟨u, ⟩ est une dis-
∂xi ∂xi ∂xi
tribution. Elle définit la dérivée partielle de u au sens des distributions.

∂u
Exercice. 1. Montrer que définit bien une distribution.
∂xi
OU
∂u
2. Montrer que si m est l’ordre de u sur un compact K alors l’ordre de
∂xi
est inférieur à m + 1 sur K.
" #
∂[f ] ∂f
Remarques 3.3.3. 1. Pour tout f ∈ C 1 (Ω) on a = .
∂xi ∂xi
∂ 2u ∂ 2u
2. Pour tout u ∈ D′ (Ω), on a = "C’est le Théorème de
I
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi
Schwartz pour les distributions".
RI
3. Toute distribution u ∈ D′ (Ω) est infiniment dérivable (au sens des distri-
butions) et pour tout α ∈ Nn , on a Dα u ∈ D′ (Ω) et

⟨Dα u, φ⟩ = (−1)|α| ⟨u, Dα φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω).

Exemples 3.3.4. 1. Soit H : R −→ R, la fonction de Heaviside définie par :




 0 si x < 0;
H(x) = 1 si x > 0;
a ∈ R si x = 0.

28
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri
S.M
On a H ∈ L1loc (R), alors [H] ∈ D′ (Ω). Montrer que [H]′ = δ.
1
 
2. On a log|x| ∈ L1loc (R), alors [log|x|] ∈ D′ (R). Montrer [log|x|]′ = Vp .
x
Théorème 3.3.5. "Formule des sauts"
.D
Soit f une fonction de classe C 1 par morceaux sur ]a,b[. Soient (ai ){i=1,...,N }
(a < a1 < · · · < aN < b) les points de discontinuité de 1er espèce de f et σ(ai ) =
− −
f (a+ +
i ) − f (ai ) le saut de f en ai , où f (ai ) = lim+ f (x) et f (ai ) = lim− f (x).
x→ai x→ai
Alors
N N  
[f ]′ = [f ′ ]+ σ(ai )δai = [f ′ ]+ f (a+ −
X X
i ) − f (ai ) δai .
i=1 i=1

Preuve. "Faite au cours"


OU
Exercice. Si f est une fonction de classe C m sur R∗ telle que f (i) , sa dérivée
d’ordre i, admet un saut fini σi , ∀i ≤ m. Montrer que

[f ](m) = [f (m) ]+σ0 δ (m−1) + σ1 δ (m−2) + · · · + σm−1 δ.

Théorème 3.3.6. Soit I un intervalle ouvert de R.


1. Les distributions u sur I vérifiant u′ = 0 sont les fonctions constantes.
I
2. ∀v ∈ D′ (I), il existe u ∈ D′ (I) telle que u′ = v. "u est appelée une distri-
RI
bution primitive de v"
∂u
3. Pour u ∈ D′ (Rn ), si = 0, ∀i ∈ {1,2, ..., n} , alors u est une fonction
∂xi
constante.

Preuve. Exercice.

Théorème 3.3.7.
Si uj −→ u dans D′ (Ω), alors Dα uj −→ Dα u dans D′ (Ω), pour tout α ∈ Nn .

Preuve. Évident.

29
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

1
Exercice. Appliquer ce théorème pour redémontrer que (log |x|)′ = Vp ( ) (au
x
sens de distributions), en utilisant la suite
(
log |x| si |x| ≥ ε;
S.
uε (x) =
log(ε) si |x| < ε.
M
.D

3.4 Support d’une distribution


3.4.1 Préliminaires
OU
Définition 3.4.1. Soient Ω1 et Ω2 deux ouverts de Rn tels que Ω1 ⊂ Ω2 . Soit
T ∈ D′ (Ω2 ). On appelle restriction de T à Ω1 , l’application notée T |Ω1 et
définie sur D(Ω1 ) par
⟨T |Ω1 , φ⟩ = ⟨T, φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω1 ).
En utilisant la remarque 3.1.1, on vérifie aisément que T |Ω1 est une distribution
sur Ω1 .
IR
Définitions 3.4.2.
1. Soient T ∈ D′ (Rn ). On dit que T est nulle sur un ouvert Ω de Rn si
T |Ω = 0, c’est-à-dire, ⟨T, φ⟩ = 0, ∀φ ∈ D(Ω).

2. Soient T1 et T2 deux distributions sur Rn . On dit que T1 = T2 sur Ω si


T1 |Ω = T2 |Ω .
I
Exemple 3.4.3. 1. La masse de Dirac δa est nulle sur Ω = Rn \{a}.
1
 
2. La restriction de la valeur principale Vp à R∗ est égale à la distribution
x
1
 
régulière sur R∗ .
x

30
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Définitions 3.4.4.
1. Ouvert d’annulation : On appelle ouvert d’annulation d’une distribution
T ∈ D′ (Rn ), la réunion de tous les ouverts de Rn où T est nulle. Ainsi,
l’ouvert d’annulation de T est le plus grand ouvert dans lequel T est nulle.
2. Support d’une distribution : On appelle support de la distribution T et
S.M
on le note suppT, le complémentaire dans Rn de l’ouvert d’annulation de
T.

Proposition 3.4.5. x ∈ suppT si, et seulement si, pour tout ouvert Ω contenant
x, il existe φ ∈ D(Ω) tel que ⟨T, φ⟩ =
̸ 0.

Preuve. "Exercice".

Exemples 3.4.6. 1. suppT = ∅ si, et seulement si, T = 0.


.D
2. supp δa = {a} .
3. Si f ∈ L1loc (Rn ), alors supp[f ] = suppf.
4. Si T ∈ D′ (Rn ), alors supp(Dα T ) ⊂ suppT, ∀α ∈ Nn .

Remarques 3.4.7. 1. Soient T ∈ D′ (Rn ) et φ ∈ D(Rn ) tels que suppT ∩


suppφ = ∅, alors ⟨T, φ⟩ = 0.
2. Soit T ∈ D′ (Rn ). Si suppT est borné, alors il est compact et on dit dans ce
OU
cas que T est une distribution à support compact.

3.4.2 Distributions à support compact


Rappel.

E (Rn ) désigne l’espace des fonctions indéfiniment dérivables, c’est-à-dire,

E (Rn ) = {φ : Rn −→ C / φ est de classe C ∞ (Rn )}


I
et E ′ (Rn ) désigne le dual topologique de E (Rn ). C’est l’espace vectoriel des formes
RI
linéaires continues sur E (Rn ), c’est-à-dire, T ∈ E ′ (Rn ) signifie que T est linéaire
de E (Rn ) vers C et pour tout φj −−−→ 0 dans E (Rn ) on a ⟨T, φj ⟩ −−−→ 0. Notons
j→∞ j→∞
n n
qu’une suite (φj )j de E (R ) converge vers 0 dans E (R ), si pour tout compact
K ⊂ Rn et pour tout α ∈ Nn on a sup |Dα φj (x)| −−−→ 0.
K j→∞

Remarques 3.4.8. 1. D(Rn ) ⊂ E (Rn ) et E ′ (Rn ) ⊂ D′ (Rn ).


2. D(Rn ) s’injecte continument dans E (Rn ), et on note D(Rn ) ,→ E (Rn ),
c’est-à-dire, si φj −−−→ 0 dans D(Rn ), alors φj −−−→ 0 dans E (Rn ). En effet,
j→∞ j→∞
soit (φj )j une suite de D(Rn ) qui converge vers 0 dans D(Rn ), alors il existe un

31
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

compact K0 tel que supp φj ⊂ K0 , ∀j, et ∥Dα φj ∥∞ −−−→ 0, ∀α. Alors pour tout
j→∞
compact K et pour tout α ∈ Nn , on a

sup |Dα φj (x)| ≤ ∥Dα φj ∥∞ −−−→ 0.


S.
K j→∞

Ce qui entraine que φj −−−→ 0 dans E (Rn ).


j→∞

3. D(R ) est dense dans E (Rn ). En effet, d’après le Lemme d’Urysohn 3.1.4,
n

pour tout j ∈ N∗ , il existe θj ∈ D(Rn ) tel que θj = 1 sur la boule fermée B ′ (0, j).
M
Soit ψ ∈ E (Rn ), alors φj = θj ψ ∈ D(Rn ). Pour tout compact K de Rn et tout
α ∈ Nn , il existe j0 ∈ N∗ tel que K ⊂ B ′ (0, j), ∀j ≥ j0 et on a

sup |Dα φj (x) − Dα ψ(x)| = sup |Dα ((θj (x) − 1) ψ(x))| = 0, ∀j ≥ j0 .


K K | {z }
=0
.D
Par conséquence, φj −−−→ ψ dans E (Rn ).
j→∞
De même, on montre que D(Ω) ,→ E (Ω) et D(Ω) est dense dans E (Ω). Il suffit
d’utiliser θj ∈ D(Rn ) tel que θj = 1 sur B ′ (0, j) ∩ Ω.
Théorème 3.4.9. L’espace de distributions sur Rn à support compact coïncide
avec E ′ (Rn ).
Preuve. "Faite au cours"
OU
Exemple 3.4.10. • δa ∈ E ′ (Ω) et [ex ] ∈
/ E ′ (Ω).
• E ′ (Ω) ⊊ D′ (Ω).
Théorème 3.4.11. Toute distribution à support compact est d’ordre fini.
Preuve. "Faite au cours"

3.5 Convolution
IR
3.5.1 Rappel "pour les fonctions"
Proposition et définition 3.5.1. Soient f, g ∈ L1 (Rn ). Pour presque tout
x ∈ Rn , la fonction y 7− n
Z → f (x − y) g(y) est intégrable sur R .
En notant f ∗ g(x) = f (x − y) g(y) dy, on a
Rn
I
f ∗ g ∈ L1 (Rn ) et ∥f ∗ g∥L1 ≤ ∥f ∥L1 ∥g∥L1 .

f ∗ g est appelé le produit de convolution (ou la convolution) de f et g.


Remarque 3.5.2. Le produit de convolution dans L1 (Rn ) (entre les fonctions)
est commutatif et associatif, mais il n’admet pas d’élément neutre dans L1 (Rn ).

32
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Théorème 3.5.3. Soient f ∈ L1 (Rn ) et g ∈ Cbk (Rn ) l’espace vectoriel des fonc-
tions de classe C k qui sont bornées sur Rn ainsi que toutesZleurs dérivées partielles
d’ordre ≤ k. Pour tout x ∈ Rn , la fonction f ∗ g(x) = f (x − y) g(y) dy est
Rn
bien définie. De plus f ∗ g ∈ Cbk (Rn ) n
et pour tout α ∈ N de longueur |α| ≤ k, on
a ∂ α (f ∗ g) = f ∗ (∂ α g).
S.M
Définition 3.5.4. On appelle approximation de l’identité (ou unité approchée)
toute suite (ρk )k∈N ⊂ L1 (Rn ) vérifiant :
Z
i) ρk dx −−−→ 1, (Moyennement tendant vers 1) ;
Rn k→∞
ii) Il existe C > 0 tel que ∥ρk ∥1 ≤ C, ∀k ∈ N, ((ρk )k∈N est bornée dans L1 (Rn )) ;
Z
iii) pour tout ε > 0, on a |ρk | dx −−−→ 0, (Concentration en 0).
|x|≥ε k→∞
Z
Remarque 3.5.5. Souvent, la condition i) est en fait une égalité ρk dx = 1.
.D
Rn
Dans ce cas, si en plus ρk ≥ 0, la condition ii) devient alors ∥ρk ∥1 = 1.
Z
Exemple 3.5.6. Si ρ ∈ L (R ) vérifiant
1 n
ρ(x) dx = 1, alors ρk (x) = k n ρ(kx)
Rn
est une approximation de l’identité. On peut choisir ρ ∈ D(Rn ) et dans ce cas,
l’approximation de l’identité ρk est une suite dans D(Rn ).
Théorème 3.5.7. Soient f ∈ L1 (Rn ) et (ρk )k∈N une approximation de l’identité.
Alors
OU
f ∗ ρk −−−→ f dans L1 (Rn ).
k→∞

Proposition et définition 3.5.8. Soient f ∈ L1 (Rn ) et g ∈ Lp (Rn ) avec 1 ≤


n
p ≤ +∞, alors pour presque tout x ∈ RZ , la fonction y −→ f (x − y)g(y) est
intégrable sur Rn . En notant f ∗ g(x) = f (x − y) g(y) dy, on a
Rn

f ∗ g ∈ Lp (Rn ) et ∥f ∗ g∥Lp ≤ ∥f ∥L1 ∥g∥Lp .


Proposition 3.5.9. Soient p ∈ [1, +∞[ (p < +∞) et (ρk )k∈N une approximation
de l’identité. Alors, pour toute f ∈ Lp (Rn ) on a
I
∥f ∗ ρk − f ∥p −−−→ 0.
RI
k→∞

3.5.2 Cas de distributions :


Lemme 3.5.10. Soient T ∈ D′ (Rn ) et φ ∈ D(Rn ). La fonction ψ définie sur
Rn par ψ(x) = ⟨T, τ−x φ⟩, notée aussi ⟨Ty , φ(x + y)⟩, est de classe C ∞ sur Rn ,
c’est-à-dire, ψ ∈ E (Rn ) et on a
Dα ψ(x) = ⟨Ty , Dα φ(x + y)⟩.
De plus, si φj −−−→ 0 dans D(Rn ) alors ψj −−−→ 0 dans E (Rn ), où ψj (x) =
j→∞ j→∞
⟨T, τ−x φj ⟩, ∀x ∈ Rn .

33
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Preuve. • ψ est bien définie : Pour tout x ∈ Rn , on a τ−x φ(y) = φ(x + y),
alors τ−x φ ∈ C ∞ (Rn ) et supp (τ−x φ) = −x+supp φ, "à vérifier". D’où τ−x φ ∈ D(Rn ).
• ψ ∈ E (Rn ) : Pour un vecteur de la base canonique ei on a
ψ(x + hei ) − ψ(x) ⟨T, τ−x−hei φ⟩ − ⟨T, τ−x φ⟩
lim = lim
S.M
h→0 h h→0 h
τ−x−hei φ − τ−x φ
= lim ⟨T, ⟩
h→0 h
φ(x + hei + y) − φ(x + y)
= lim ⟨Ty , ⟩.
h→0 h
φ(x + hei + ·) − φ(x + ·) ∂φ
On vérifie que Fx,h = −−→ (x + ·) dans D(Rn ), en
h h→0 ∂xi
montrant d’abord la convergence ponctuelle puis uniforme de Fx,h , ainsi que ses
dérivées. Ce qui prouve que ψ admet une dérivée partielle par rapport à xi et
∂ψ ∂φ
(x) = ⟨Ty , (x + y)⟩.
.D
∂xi ∂xi
Par itération, Dα ψ existe, ∀α ∈ Nn et on a

Dα ψ(x) = ⟨Ty , Dα φ(x + y)⟩.

• Soit φj −−−→ 0 dans D(Rn ), c’est-à-dire, il existe un compact K0 tel que


j→∞

supp (φj ) ⊂ K0 , ∀j ∈ N et ∥Dα φj ∥∞ −−−→ 0, ∀α ∈ Nn . Soit R > 0 tel que


OU
j→∞
K0 ⊂ B(0, R). Pour tout compact K de Rn , il existe r > 0 tel que K ⊂ B(0, r).
La caractérisation de continuité (??) de la distribution T entraine qu’il existe
CK > 0 et m ∈ N tels que

∥Dβ ϕ∥∞ , ∀ϕ ∈ D(Rn ) avec supp ϕ ⊂ B(0, R + r).


X
|⟨T, ϕ⟩| ≤ CK
|β|≤m

Pour tout α ∈ Nn , On applique cette estimation à la fonction test ϕ = Dα (τ−x φj )


puisque supp τ−x φj ⊂ B(0, R + r). En effet , on a τ−x φj (y) = φj (x + y) = 0 si
I
∥x + y∥ > R, à fortiori si ∥y∥ − ∥x∥ > R, c’est-à-dire, ∥y∥ > R + ∥x∥, à fortiori
si ∥y∥ > R + r, ∀x ∈ K. Par conséquence, pour tout x ∈ K on a
RI
|Dα ψj (x)| = |⟨Ty ,X
Dα φj (x + y)⟩|
≤ CK ∥Dα+β φj ∥∞
|β|≤m

Ce qui implique que

sup |Dα ψj (x)| ≤ CK ∥Dα+β φj ∥∞ −−−→ 0.


X
x∈K j→∞
|β|≤m

D’où, ψj −−−→ 0 dans E (Rn ).


j→∞

34
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Lemme 3.5.11. Soient S ∈ E ′ (Rn ) et φ ∈ D(Rn ). pour tout x ∈ Rn on pose


ψ(x) = ⟨S, τ−x φ⟩ = ⟨Sy , φ(x + y)⟩, alors ψ ∈ D(Rn ).
De plus, si φj −−−→ 0 dans D(Rn ), alors ψj −−−→ 0 dans D(Rn ), où
j→∞ j→∞
ψj (x) = ⟨Sy , φj (x + y)⟩.
S.M
Preuve. D’après le Lemme 3.5.10, on a ψ ∈ E (Rn ). Reste à montrer que supp ψ
est compact. Soient K = supp φ ⊂ B(0, r) et F = supp S ⊂ B(0, R). D’après
le Théorème d’Urysohn 3.1.4, il existe θ ∈ D(Rn ) tel que θ = 1 sur B(0, R) et
supp θ ⊂ B(0, R′ ) avec R′ > R, alors θS = S. Donc
ψ(x) = ⟨S, τ−x φ⟩ = ⟨θS, τ−x φ⟩
= ⟨S, θτ−x φ⟩ = ⟨Sy , θ(y)φ(x + y)⟩.
Remarquons que pour tout x ∈ Rn tel que ∥x∥ > r + R′ on a θ(y)φ(x + y) = 0,
∀y ∈ Rn . En effet, si ∥y∥ > R′ alors θ(y) = 0 et si ∥y∥ ≤ R′ on a ∥x + y∥ ≥
∥x∥−∥y∥ > r+R′ −R′ = r. Donc φ(x+y) = 0. D’où ψ(x) = ⟨Sy , θ(y)φ(x+y)⟩ = 0,
.D
∀x ∈ Rn tel que ∥x∥ > r+R′ . Ainsi, supp (ψ) ⊂ B(0, r+R′ ). Le reste est analogue
au Lemme précédent 3.5.10.
En utilisant les lemmes précédents, on donne la définition suivante,
Définition 3.5.12. Soient S et T deux distributions sur Rn , dont l’une est à
support compact (par exemple supp S est compact). On définit le produit de
convolution de S par T, noté par S ∗ T, la distribution sur Rn donnée par
OU
⟨S ∗ T, φ⟩ = ⟨T, ψ⟩, ∀φ ∈ D(Rn ), où ψ(x) = ⟨S, τ−x φ⟩ = ⟨Sy , φ(x + y)⟩.

Proposition 3.5.13. 1. Le produit de convolution est commutatif, c’est-à-


dire, T ∗ S = S ∗ T (si l’une au moins est à support compact).
2. Si T et S sont deux distributions, dont l’une au moins est à support com-
pact, alors
Dα (S ∗ T ) = Dα S ∗ T = S ∗ Dα T, ∀α ∈ Nn .
3. Pour toute distribution T sur Rn on a
I
δ ∗ T = T ∗ δ = T.
RI
4. Soient T, R et S trois distributions sur Rn , dont deux au moins sont à
support compact, alors

(S ∗ R) ∗ T = S ∗ (R ∗ T ).

5. Pour tout T ∈ D′ (Rn ) et tout S ∈ E ′ (Rn ), on a

supp (T ∗ S) ⊂ supp (T ) + supp (S).

Preuve. Proposition d’un exposé présenté par les étudiants.

35
4
S.M
Chapitre

Espaces de Sobolev

4.1 Rappel général sur les espaces Lp


.D
Soit Ω un ouvert de Rn et 1 ≤ p ≤ +∞.
 Z 
p p
⋆ Pour 1 ≤ p < +∞ : L (Ω) = f : Ω −→ R mesurable : |f (x)| dx < +∞

Z 1
p
p
est un espace vectoriel normé muni de la norme ∥f ∥Lp = ∥f ∥p = |f (x)| dx .

( )
OU
⋆ Pour p = +∞ : L∞ (Ω) = f : Ω −→ R mesurable : sup ess|f (x)| < +∞
x∈Ω

est un espace vectoriel normé muni de la norme ∥f ∥L∞ = ∥f ∥∞ = sup ess|f (x)|.
x∈Ω

Théorème 4.1.1. Lp (Ω) est un espace de Banach pour tout 1 ≤ p ≤ +∞,


séparable pour tout 1 ≤ p < +∞ et réflexif pour tout 1 < p < +∞.
Théorème 4.1.2. "Théorème de Riez" Soient 1 < p < +∞ et p′ son conju-
1 1
gué, c’est-à-dire, + ′ = 1. Pour tout T ∈ (Lp (Ω))′ , il existe un, et un seul,
I
p p
p′
élément u ∈ L (Ω) tel que
RI
Z
⟨T, v⟩ = u(x) v(x) dx, ∀v ∈ Lp (Ω).

De plus ∥T ∥(Lp (Ω))′ = ∥u∥Lp′ .



On peut alors identifier le dual topologique de Lp (Ω) avec Lp (Ω).
Résumé :
L’espace Lp Banach séparable réflexif Espace dual
p′
p
L pour 1 < p < +∞ oui oui oui L où p1 + p1′ = 1
L1 oui oui non L∞
L∞ oui non non contient strictement L1

36
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Remarque

4.1.3. Pour 1 ≤ p < +∞ : 
Z
Lploc (Ω) = f : Ω −→ R mesurable : p
|f (x)| dx < +∞ pour tout compact K ⊂ Ω .
K
Pour un ouvert Ω borné ou de mesure finie, on a
S.
Lp (Ω) ,→ Lploc (Ω) ,→ D′ (Ω),

c’est-à-dire, uj −→ 0 dans Lp (Ω) =⇒ uj −→ 0 dans Lploc (Ω) =⇒ uj −→ 0 dans D′ (Ω).

Lemme 4.1.4. (Lemme de Fatou)


M
Soit (fk ) une suite de fonctions dans L1 (Ω) telle que
i) Pour tout k, fk (x) ≥ 0 p.p dans Ω;
Z
ii) sup fk dx < ∞.
k Ω
.D
Z Z
Alors, on a lim inf fk ∈ L1 (Ω) et lim inf fk dx ≤ lim inf fk dx.
k→∞ Ω k→∞ k→∞ Ω

Théorème 4.1.5. "Théorème de Convergence Dominée (T.C.D)"


Soit (fk )k∈N une suite dans L1 (Rn ) telle que
(i) (fk )k∈N converge simplement vers f presque partout sur Rn ;
(ii) Il existe une fonction positive g ∈ L1 (Rn ) telle que, pour tout k ∈ N, on a
|fk | ≤ g presque partout sur Rn .
Alors f ∈ L1 (Rn ) et on a
OU
Z Z
∥fk − f ∥1 −−−→ 0 et fk dx −−−→ f dx.
k→∞ Rn k→∞ Rn

Théorème 4.1.6. "Théorème de continuité sous intégrale"


Soit f une fonction définie sur Rn × Rm telle que
(i) Pour tout x ∈ Rn , l’application partielle fx : y 7−→ f (x, y) est mesurable ;
(ii) Pour presque tout y ∈ Rm , l’application partielle fy : x 7−→ f (x, y) est
continue au point a ∈ Rn ;
IR
(iii) Il existe une fonction positive g ∈ L1 (Rm ) telle que |f (x, y)| ≤ g(y), pour
tout x ∈ Rn et pour presque tout y ∈ Rm .
Z
Alors l’application F : x ∈ Rn 7−→ F (x) = f (x, y) dy est bien définie et elle
Rm
est continue au point a.

Théorème 4.1.7. "Théorème de dérivabilité sous intégrale"


I
Soit O un ouvert de Rn . Soit f une fonction définie sur O × Rm telle que
(i) Pour tout x ∈ O, l’application partielle fx : y 7−→ f (x, y) est intégrable ;
(ii) Pour presque tout y ∈ Rm , l’application partielle fy : x 7−→ f (x, y) est de
classe C 1 sur O;

37
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

(iii) Il existe une fonction positive g ∈ L1 (Rm ) telle que pour tout i ∈ {1, . . . , n},
∂f
on a (x, y) ≤ g(y), pour tout x ∈ O et pour presque tout y ∈ Rm .
∂xi
Z
Alors l’application F : x ∈ O 7−→ F (x) = f (x, y) dy est de classe C 1 sur O
S.M
Rm
et ses dérivées partielles sont données par

∂F Z
∂f
(x) = (x, y) dy.
∂xi R ∂xi
m

Remarque 4.1.8. "Inégalité de Young"


Si 1 ≤ p < +∞ et p′ son conjugué ( p1 + p1′ = 1), alors on a

1 1 ′
ab ≤ ap + ′ bp , pour tout a ≥ 0 et tout b ≥ 0. (4.1.1)
p p
.D
Proposition 4.1.9. "Inégalité de Hölder"
Soient f et g deux fonctions mesurables de Rn dans [0, +∞[. Alors, si p ≥ 1 et p′
son exposant conjugué, c’est-à-dire, p1 + p1′ = 1, on a

Z Z  1 Z  1′
p ′ p
f (x) g(x) dx ≤ f p (x) dx g p (x) dx ≤ +∞.
Rn Rn Rn
OU
Corollaire 4.1.10. Soient p et p′ deux exposants conjugués. Si f ∈ Lp (Rn ) et

g ∈ Lp (Rn ), alors f g ∈ L1 (Rn ) et on a

∥f g∥1 ≤ ∥f ∥p ∥g∥p′ .

Proposition 4.1.11. "Inégalité d’interpolation entre les espaces de Lebesgue"


Si 1 ≤ p < q < +∞, alors pour tout f ∈ Lp (Ω) ∩ Lq (Ω) on a f ∈ Lr (Ω), pour
tout r ∈ [p, q] et
∥f ∥r ≤ ∥f ∥αp ∥f ∥q1−α , (4.1.2)
I
1 α 1−α
où α ∈ [0,1] tel que r
= p
+ q
.
RI
4.2 Les espaces de Sobolev
Définition 4.2.1. Soient Ω un ouvert de Rn , p ∈ [1, +∞] et m ∈ N. On appelle
espace de Sobolev sur Ω d’ordre m, le sous-espace de Lp (Ω), noté W m,p (Ω)
et définie par

W m,p (Ω) = {u ∈ Lp (Ω) : Dα u ∈ Lp (Ω), ∀α ∈ Nn tel que |α| ≤ m} ,

où Dα désigne la dérivée partielle d’ordre α au sens des distributions.

38
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

L’espace de Sobolev W m,p (Ω) est muni de la norme


  1
 p

α
u∥pp 
X
∥D si 1 ≤ p < +∞;



 

∥u∥W m,p (Ω) =  0≤|α|≤m (4.2.1)
S.M

max ||Dα u||∞

si p = +∞.



0≤|α|≤m

Remarque 4.2.2. On vérifie aisément que la définition 4.2.1 est équivalente à


n p
m,p

p
Pour toutZ α ∈ N avec |α| ≤ Z m, il existe gα ∈ L (Ω), 
W (Ω) = u ∈ L (Ω) .
 tel que u Dα φ = (−1)|α| gα φ, ∀φ ∈ D(Ω) 
Ω Ω
On appelle gα la dérivée faible (ou la dérivée au sens de distributions) de u à
l’ordre α et la note Dα u.

Exemples 4.2.3. 1. W 0,p (Ω) = Lp (Ω).


.D
2. Soit u la distribution régulière définie sur Ω = ]−1,1[ par u(x) = |x|.
OU
Z
Pour tout 1 ≤ p < +∞ (resp. p = +∞), on a |u(x)|p dx < +∞ (resp.
]−1,1[

sup ess|u(x)| < +∞), alors u ∈ Lp (]−1,1[) (resp. u ∈ L (]−1,1[)). Concernant la
x∈]−1,1[
dérivée de u au sens des distributions et d’après le Théorème de la formule des
sauts 3.3.5, on a [u]′ = [u′ ] puisque u est continue. Or
I
(
1 si x ∈ ]0,1[;
RI
u′ (x) =
−1 si x ∈ ]−1,0[,

39
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Z
alors, pour tout 1 ≤ p < +∞ (resp. p = +∞), on a |u′ (x)|p dx < +∞ (resp.
]−1,1[
sup ess|u′ (x)| < +∞), donc u′ ∈ Lp (]−1,1[) (resp. u ∈ L (]−1,1[)). Par consé-
′ ∞
x∈]−1,1[
quence, u ∈ W 1,p (]−1,1[), pour tout p ∈ [1, +∞]. Par contre, [u]′′ = [u′′ ]+2δ = 2δ,
alors [u]′′ ∈
/ Lp (]−1,1[). Par suite, u ∈
/ W 2,p (]−1,1[).
S.M
Théorème 4.2.4. L’espace de Sobolev W m,p (Ω) est un espace de Banach pour
tout 1 ≤ p ≤ +∞, séparable pour tout 1 ≤ p < +∞ et réflexif pour tout 1 < p < +∞.

Preuve. "Faite au cours"

Remarques 4.2.5. 1. On peut munir aussi l’espace de Sobolev W m,p (Ω) par
la norme équivalente

∥Dα u∥p
 X


 si 1 ≤ p < +∞;
.D
 0≤|α|≤m


∥u∥m,p,Ω =  (4.2.2)
α
X
||D u||∞ si p = +∞.
 



0≤|α|≤m

Les deux normes (4.2.1) et (4.2.2) sont notées indifféremment ∥ ∥W m,p (Ω) ou
∥ ∥m,p,Ω (ou tout simplement ∥ ∥W m,p ou ∥ ∥m,p ). L’intérêt principal de la norme
(4.2.1) est que dans le cas où p = 2, elle confère à W m,2 une structure hilbertienne,
ce qui n’est pas le cas avec la norme définie par (4.2.2).
OU
2. Pour p = 2, l’espace W m,2 (Ω), noté H m (Ω), est un espace de Hilbert
lorsqu’on le munit du produit scalaire défini, pour tous u, v ∈ H m (Ω), par

(Dα u|Dα v)L2 (Ω)


X
(u|v)H m (Ω) =
|α|≤m Z

(Dα u)(x)(Dα v)(x) dx


X
=

|α|≤m
I
 1
2
1
α
u∥2L2 
X
et on a ∥u∥H m (Ω) = (u|u)H m (Ω) =
2
∥D . D’après le Théorème
RI

0≤|α|≤m
4.2.4, l’espace de Hilbert H m (Ω) est séparable et réflexif.
3. En général, E (Ω) ⊈ Lp (Ω), alors E (Ω) ⊈ W m,p (Ω). Par contre
D(Ω) ⊂ W m,p (Ω).

Définitions 4.2.6. Soient Ω un ouvert de Rn , m ∈ N, p ∈ [1, +∞] et p′ le


conjugué de p, c’est-à-dir,e p1 + p1′ = 1.
⋆ On note par W0m,p (Ω) la fermeture de D(Ω) dans W m,p (Ω), c’est-à-dire
∥ ∥m,p
W0m,p (Ω) = D(Ω) ⊂ W m,p (Ω) avec inclusion stricte en général.

40
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri


⋆ On désigne par W −m,p (Ω) le dual topologique de W0m,p (Ω), c’est-à-dire,

W −m,p (Ω) = (W0m,p (Ω))′ ⊂ D′ (Ω).

On peut Caractériser ce dual topologique par


S.M
 
 X 
−m,p′ p′
W (Ω) =  Dα gα | gα ∈ L (Ω) .
|α|≤m


Dα gα ∈ W −m,p (Ω), on a pour tout u ∈ W0m,p (Ω),
X
Alors, si T =
|α|≤m

Z
⟨Dα gα , u⟩ = (−1)|α| ⟨gα , Dα u⟩ = (−1)|α| gα Dα u dx.
X X X
⟨T, u⟩ =

|α|≤m |α|≤m |α|≤m
.D
Exemples 4.2.7. 1. δ ∈ D′ (]−1,1[) où ⟨δ, φ⟩ = φ(0), ∀φ ∈ D(]−1,1[).
On a δ = H ′ et H ∈ L∞ (]−1,1[), alors δ ∈ W −1,∞ (]−1,1[) et pour tout
u ∈ W01,1 (]−1,1[), on a
Z 1
⟨δ, u⟩ = −⟨H, u′ ⟩ = − u′ (t) dt = u(0).
0

!′
OU
1 1
2. On pose f (x) = √ + .
x2 +1 x2 +1
1 1
Comme √ ∈ L2 (R) et ∈ L2 (R), alors f ∈ W −1,2 (R) et pour tout
x2+1 x2 +1
u ∈ W01,2 (R), on a
Z
u′ (t) Z
u(t)
⟨f, u⟩ = − √ dt + 2
dt.
R t2 + 1 R t +1
I
Remarque 4.2.8. Dans le deuxième exemple, on a p = p′ = 2 et m = 1.
RI
Dans ce cas, on note W01,2 (Ω) par H01 (Ω) et son dual topologique W −1,2 (Ω) par
H −1 (Ω). Plus généralement, on note W0m,2 (Ω) par H0m (Ω) et son dual topologique
W −m,2 (Ω) par H −m (Ω).

4.3 Théorèmes d’approximation


Rappel.
1. Soient Ω un ouvert de RN et Ω′ un ouvert dont la fermeture Ω′ est compacte
dans Ω. On note Ω′ ⊂⊂ Ω.

41
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri
S.
M
Figure 4.1 – Ω1 ⊂⊂ Ω, par contre Ω2 n’est pas compact dans Ω.

Exemple 4.3.1. Ω = {(x, y) ∈ R2 /1 < y < 3} est un ouvert de R2 . L’ouvert


3
Ω1 = {(x, y) ∈ R2 / 0 < x < 4 et < y < 2} a la fermeture compacte dans Ω,
2
.D
c’est-à-dire, Ω1 ⊂⊂ Ω. Par contre, la fermeture d’ouvert Ω2 = {(x, y) ∈ R2 / −5 <
x < −2 et 52 < y < 3} n’est pas compacte dans Ω.
OU
Z
2. Soit J ∈ D(RN ) tel que supp J ⊂ BRN (0,1), 0 ≤ J ≤ 1 et J(x) dx = 1.
RN
1 x
On pose pour tout ε > 0, Jε (x) = N
J( ), ∀x ∈ RN . On a Jε ∈ D(RN ),
ε
Z ε
supp Jε ⊂ BRN (0, ε), 0 ≤ Jε ≤ ε−N et Jε dx = 1. La famille (Jε )ε>0 s’appelle
RN
IR
une famille régularisante.
3. Soit u ∈ L1loc (Ω). Pour ε assez petit et x ∈ Ω′ on a
Z Z
(Jε ∗ u)(x) = u(x − y)Jε (y) dy = u(z)Jε (x − z) dz.
B(0,ε) B(x,ε)

Il suffit de prendre 0 < ε < d(Ω′ , ∂Ω) pour s’assurer que la convolution Jε ∗ u est
bien définie. Grâce au Théorème de dérivation sous l’intégrale, on montre que la
I
fonction x 7−→ Jε ∗ u(x) est de classe C ∞ sur Ω′ .
4. Si u ∈ L1loc (Ω) tel que u est à support compact dans Ω, alors pour ε assez
petit, Jε ∗ u est aussi à support compact dans Ω.
5. Si u ∈ Lploc (Ω) où p ∈ [1, +∞[, alors pour tout Ω′ ⊂⊂ Ω on a

42
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Jε ∗ u −−→ u dans Lp (Ω′ ).


ε→0
Théorème 4.3.2. Soit (Jε )ε>0 une famille régularisante. Soit u ∈ W m,p (Ω), alors
Jε ∗ u −−→ u dans W m,p (Ω′ ), pour tout Ω′ ⊂⊂ Ω.
ε→0
Preuve. "Faite au cours"
S.M
Corollaire 4.3.3. Si supp (u) est compact dans Ω, alors Jε ∗ u −−→ u dans
ε→0
W m,p (Ω)
Preuve. Exercice.
Théorème 4.3.4. "Théorème de Friedrichs"
Soit 1 ≤ p < ∞. Pour tout u ∈ W 1,p (Ω), il existe une suite (uk )k∈N de D(RN )
telle que
(i) uk |Ω −→ u dans Lp (Ω);
(ii) ∇uk |Ω′ −→ ∇u|Ω′ dans (Lp (Ω′ ))N pour tout ouvert Ω′ ⊂⊂ Ω.
.D
Preuve. Voir H. Brézis : "Analyse fonctionnelle : Théorie et applications".
Théorème 4.3.5. D(RN ) est dense dans W m,p (RN ) pour tout p ∈ [1, +∞[, c’est-
à-dire,
W0m,p (RN ) = W m,p (RN ), ∀p ∈ [1, +∞[.
Preuve. "Faite au cours"
Remarque 4.3.6. Pour un ouvert Ω ⊊ RN , si u ∈ W0m,p (Ω), alors ũ ∈ W0m,p (RN ),
OU
où ũ est définie par (
u(x) si x ∈ Ω;
ũ(x) =
0 si x ∈ Ω∁ .
Ce résultat n’est pas toujours vérifié lorsque u ∈ W m,p (Ω). On peut donner comme
contre-exemple, la fonction définie sur ]−1,1[ par u(x) = 1. On a u ∈ W m,p (]−1,1[)
pour tout m, mais ue ∈ / W 1,p (R).
Théorème 4.3.7. "Théorème de Meyers-Serrin" : Soient Ω un ouvert de
RN et p ∈ [1, +∞[. Pour tout u ∈ W m,p (Ω), il existe une suite de fonctions (uk )k
I
dans C ∞ (Ω) ∩ W m,p (Ω) telle que uk −−−→ u dans W m,p (Ω).
k→∞
W m,p (Ω)
Autrement dit, H m,p
(Ω) = C ∞ (Ω) ∩ W m,p (Ω) = W m,p (Ω).
RI
Preuve. Voir R.A.ADAMS : "Sobolev spaces".
W m,p (Ω)
Remarques 4.3.8. 1. Plus précisément, H m,p (Ω) signifie C m (Ω) ∩ W m,p (Ω) ,
mais la suite (uk )k utilisée dans la preuve se trouve dans C ∞ (Ω) ∩ W m,p (Ω).
Donc, on peut écrire
W m,p (Ω) W m,p (Ω)
W m,p (Ω) = C ∞ (Ω) ∩ W m,p (Ω) = C m (Ω) ∩ W m,p (Ω) = H m,p (Ω).
2. Pour le cas p = +∞, ce résultat n’est pas vérifié. On peut donner comme
contre-exemple la fonction u(x) = |x| définie sur l’ouvert Ω = ]−1,1[. On a
u ∈ W 1,+∞ (Ω), mais u ∈
/ H 1,+∞ (Ω).

43
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri
S.M

En effet, pour tout 0 < ε < 21 , il n’existe aucune fonction φ ∈ C 1 (]−1,1[) telle
.D
que ∥u′ − φ′ ∥∞ < ε à cause du problème de discontinuité de φ en 0.

Définition 4.3.9. Un ouvert de RN est dit satisfaisant la propriété du seg-


ment s’il existe un recouvrement ouvert (Ui )i∈I de ∂Ω (la frontière de Ω) et une
famille de vecteurs (yi )i∈I ⊂ RN \{0} tels que,
OU
∀i ∈ I, ∀x ∈ Ω ∩ Ui , on a x + tyi ∈ Ω, ∀t ∈ ]0,1[.
I RI

Géométriquement, Ω vérifie la propriété du segment s’il est situé d’un même côté
par rapport à sa frontière. Par exemple, dans R2 l’ouvert Ω = {(x, y) ∈ R2 : 0 <
|x| < 1 et 0 < y < 1} ne vérifie pas la propriété du segment.

44
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri
S.M
Remarque 4.3.10. On note par D(Ω) l’espace de restrictions à Ω des fonctions
test de D(RN ), c’est-à-dire,
D(Ω) = {u|Ω | u ∈ D(RN )} ⊂ W m,p (Ω).
.D
Comme conséquence du Théorème de Friedrichs 4.3.4, on peut vérifier que si Ω
satisfait la propriété du segment, alors D(Ω) est dense dans W m,p (Ω), pour tout
p ∈ [1, +∞[. Par contre si Ω ne vérifie pas la propriété du segment, on peut donner
comme contre-exemple la fonction définie sur l’ouvert Ω = {(x, y) ∈ R2 : 0 <
|x| < 1 et 0 < y < 1} par
(
1 si x > 0;
u(x, y) =
0 si x < 0.
OU
On a u ∈ W 1,p (Ω), pour tout 1 ≤ p < +∞, mais pour ε assez petit, il n’existe
aucune fonction φ ∈ D(Ω) telle que ∥u − φ∥1,p < ε.

4.4 Théorèmes d’injection : Inégalités de Sobolev


4.4.1 Cas où Ω = RN (N ≥ 2) :
Lemme 4.4.1. Soit (fi )i∈{1,...,N } une famille de N fonctions dans LN −1 (RN −1 ).
I
Pour presque tout x ∈ RN , on pose f (x) = f1 (x˜1 ) f2 (x˜2 ) . . . fN (x˜N ), où
x̃i = (x1 , . . . , xi−1 , xi+1 , . . . , xN ) ∈ RN −1 , ∀i ∈ {1, . . . , N }. Alors
RI
N
1 N
Y
f ∈ L (R ) et ∥f ∥L1 (RN ) ≤ ∥fi ∥LN −1 (RN −1 ) .
i=1

Preuve. On suit un raisonnement par récurrence sur N.


Théorème 4.4.2. "Théorème de Sobolev-Gagliardo-Nirenberg"

Soit 1 ≤ p < N , alors l’espace W 1,p (RN ) s’injecte continûment dans Lp (RN ), où
p∗ est l’exposant (ou le conjugué) de Sobolev définie par p1∗ = p1 − N1 , (p∗ > p).
On écrit

W 1,p (RN ) ,→ Lp (RN ).

45
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(N −1)p
Plus précisément, il existe C > 0 C = C(p, N ) = N −p
, tel que

∥u∥Lp∗ (RN ) ≤ C∥∇u∥Lp (RN ) , ∀u ∈ W 1,p (RN ).


 1
p
S.M
N p
X ∂u  1
Notons que ∥∇u∥p =   , c’est-à-dire, ∥u∥W 1,p (RN ) = ∥u∥pp + ∥∇u∥pp p
.
i=1 ∂xi p

Preuve. Soit ψ ∈ C01 (RN ) (de classe C 1 à support compact). On a


Z x1 Z +∞
∂ψ ∂ψ
ψ(x1 , . . . , xN ) = (t, x2 , . . . , xN ) dt, alors |ψ(x1 , . . . , xN )| ≤ (t, x2 , . . . , xN ) dt.
−∞ ∂x1 −∞ ∂x1

De même pour les autres variables, on a pour tout 1 ≤ i ≤ N


.D
Z +∞
∂ψ
|ψ(x1 , . . . , xN )| ≤ (x1 , . . . , xi−1 , t, xi+1 , . . . , xN ) dt = fi (x̃i ).
−∞ ∂xi

Remarquons que fi est continue à support compact, alors fi ∈ L1 (RN −1 ). Donc

N
N Y 1
|ψ(x)| N −1 ≤ (fi (x̃i )) N −1 .
i=1
OU
1
D’après le Lemme 4.4.1, appliqué à la famille (fiN −1 )i∈{1,...,N } , on a
1
N N N
N
N −1
Z
N Y 1
N −1
Y 1
N −1
Y ∂ψ N −1
∥ψ∥ N = |ψ(x)| N −1 dx ≤ ∥fi ∥LN −1 (RN −1 ) = ∥fi ∥ L1 (RN −1 ) = .
L N −1 (RN ) RN i=1 i=1 i=1 ∂xi L1 (RN )

D’où,
1
N
Y ∂ψ N
I
∥ψ∥ N ≤ . (4.4.1)
N −1
i=1 ∂xi 1
RI
Fixons maintenant 1 ≤ p < N. Soit φ ∈ D(RN ), alors pour tout t ≥ 1, on a
ψ = |φ|t−1 φ ∈ C01 (RN ). En appliquant l’estimation (4.4.1) à ψ, on obtient
1
N
∂φ N
∥φ∥t tN ≤ t |φ|t−1
Y
N −1
i=1 ∂xi 1

et par l’inégalité de Hölder, on en déduit que


1
N
∂φ N
t
t∥φ∥t−1 , où p′ est le conjugué de p.
Y
∥φ∥ tN ≤ p′ (t−1) (4.4.2)
N −1
i=1 ∂xi p

46
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Remarquons que l’estimation (4.4.2) est vérifiée pour tout p ≥ 1. Alors, si 1 < p < N,
on choisit t ≥ 1 tel que NtN
−1
= p′ (t − 1), c’est-à-dire, t = NN−1 p∗ , où p∗ = NN−p
p
est
l’exposant de Sobolev. Ce qui donne
1
N
p(N − 1) Y ∂φ N
∥φ∥p∗ ≤ .
S.M
N − p i=1 ∂xi p

D’où
p(N − 1)
∥φ∥p∗ ≤ |∇φ|p , ∀φ ∈ D(RN ). (4.4.3)
N −p
Si p = 1, c’est-à-dire, p∗ = NN−1 , l’inégalité (4.4.3) est vérifie d’après (4.4.1).
En utilisant le fait que W 1,p (RN ) = W01,p (RN ), pour tout u ∈ W 1,p (RN ), il existe
une suite (φj )j dans D(RN ) telle que φj −−−→ u dans W 1,p (RN ). D’après (4.4.3),
j→∞
N −1 ∗
on a ∥φi − φj ∥L p∗ ≤ C|∇φi − ∇φj |Lp , où C = N
p. Comme ∇φj −−−→ ∇u
j→∞
.D
p N
dans L (R ), alors |∇φi − ∇φj |Lp −−−−→ 0, ce qui entraine que (φj )j est de Cau-
i, j→∞
∗ ∗
chy dans Lp (RN ) qui est un espace de Banach. Il existe donc V ∈ Lp (RN ) tel

que φj −−−→ V dans Lp (RN ). La suite (φj )j possède alors une sous-suite, notée
j→∞
aussi (φj )j qui converge presque partout vers V. Cette sous-suite converge vers u
dans W 1,p (RN ), alors elle admet une sous-suite notée aussi φj qui converge vers

u presque partout. D’où V = u p.p. sur RN , c’est-à-dire, u = V dans Lp (RN ).
Finalement, par passage à la limite pour l’estimation ∥φj ∥Lp∗ ≤ C|∇φj |Lp , d’après
OU
(4.4.3), on obtient
N −1
∥u∥Lp∗ ≤ p |∇u|Lp .
N −p
Corollaire 4.4.3. Si p ∈ [1, N [, alors W 1,p (RN ) s’injecte continûment dans
Lq (RN ) pour tout q ∈ [p, p∗ ]. C’est-à-dire,
W 1,p (RN ) ,→ Lq (RN ), ∀q ∈ [p, p∗ ].
Preuve. "Faite au cours"
I
Théorème 4.4.4. "Cas limite où p = N "
L’espace de Sobolev W 1,N (RN ) s’injecte continûment dans tous les espaces de
RI
Lebesgue Lq (RN ), où q ∈ [N, +∞[. C’est-à-dire,
W 1,N (RN ) ,→ Lq (RN ), ∀q ∈ [N, +∞[.
Preuve. "Faite au cours"
Théorème 4.4.5. "Morrey"
Soit p > N, alors l’espace W 1,p (RN ) s’injecte continûment dans L∞ (RN ), c’est-
à-dire W 1,p (RN ) ,→ L∞ (RN ). De plus, il existe C = C(N, p) > 0 tel que pour
tout u ∈ W 1,p (RN ) on a
N
|u(x) − u(y)| ≤ C∥x − y∥1− p ∥∇u∥p pour presque tout x, y ∈ RN . (4.4.4)

47
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Preuve. Voir H. Brézis : "Analyse fonctionnelle : Théorie et applications".


Remarques 4.4.6. 1. L’inégalité précédente (4.4.4) implique l’existence d’une
fonction ũ ∈ C (RN ) telle que u = ũ p.p sur RN . Autrement dit, toute
S.
fonction u ∈ W 1,p (RN ), pour p > N, admet un représentant continu, c’est-
à-dire, W 1,p (RN ) ,→ C (RN ) ∩ L∞ (RN ).
2. Si N < p < +∞, alors pour tout u ∈ W 1,p (Rn ) on a lim u(x) = 0.
∥x∥→+∞

Corollaire 4.4.7. "Cas d’espace de Sobolev d’ordre supérieur".


M
Soient m ∈ N∗ et p ∈ [1, +∞[. On les injections suivants selon les valeurs de m et p :
m
(i) Si 1
p
−N > 0, c’est-à-dire, m < Np , alors W m,p (RN ) ,→ Lpm (RN ), où p1m =
1 m
p
−N . Ainsi, W m,p (RN ) ,→ Lq (RN ), ∀q ∈ [p, pm ].
m
(ii) Si p1 − N = 0, c’est-à-dire, m = Np , alors W m,p (RN ) ,→ Lq (RN ), ∀q ∈ [p, +∞[.
.D
(iii) Si p1 − Nm
< 0, c’est-à-dire, m > Np , alors W m,p (RN ) ,→ L∞ (RN ).
De plus, si m − Np > 0 n’est pas entier, en posant k = E(m − Np ) et
θ = (m − Np ) − E(m − Np ) ∈ ]0,1[, pour tout u ∈ W m,p (RN ) on a

∥Dα u∥∞ ≤ C∥u∥W m,p (RN ) , ∀α ∈ NN telque |α| ≤ k

et pour tout α ∈ NN tel que |α| = k,

|Dα u(x) − |Dα u(y)| ≤ C∥u∥W m,p (RN ) ∥x − y∥θ p.p. tout x, y ∈ RN .
OU
En particulier,
W m,p (RN ) ,→ C k (RN ).
Preuve. Tous les résultats du corollaire s’obtiennent par application réitérée de
Théorèmes 4.4.2, 4.4.4 et 4.4.5.
Remarque 4.4.8. Le cas p = 1 et m = N est assez particulier. En procédant
par densité, on vérifie aisément que
IR
W N,1 (RN ) ,→ L∞ (RN ).

4.4.2 Cas où Ω ⊂ RN :
Définitions 4.4.9.
(i) On appelle le demi-espace supérieur la partie de RN , notée RN
+ , définie par
I
n o
RN N
+ = x = (x1 , . . . , xN ) ∈ R | xN > 0 .

(ii) Si B = BRN (0,1) est la boule unité ouverte, alors on note

B + = B ∩ RN 0
+ et B = {x ∈ B | xN = 0}.

48
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

(iii) Un ouvert Ω de RN est dit de classe C m (m ∈ N), si pour tout x ∈ ∂Ω,


il existe un voisinage ouvert U de x et une bijection ψ : B −→ U tels que
ψ ∈ C m (B) et ψ −1 ∈ C m (U ) avec ψ(B + ) = U ∩ Ω et ψ(B 0 ) = U ∩ ∂Ω.
S.M
Théorème 4.4.10. "Théorème de prolongement"
Soit Ω un ouvert de RN de classe C 1 et à frontière bornée (ou Ω = RN
+ ). Alors,
1,p 1,p N
il existe un opérateur linéaire P : W (Ω) −→ W (R ) tel que
.D
(i) P (u)|Ω = u, ∀u ∈ W 1,p (Ω);
(ii) ∥P (u)∥Lp (RN ) ≤ C∥u∥Lp (Ω) , ∀u ∈ W 1,p (Ω);
(iii) ∥P (u)∥W 1,p (RN ) ≤ C ′ ∥u∥W 1,p (Ω) , ∀u ∈ W 1,p (Ω),
où C et C ′ sont des constantes dépendent seulement de p, N et Ω.
Preuve. Voir H. Brézis : "Analyse fonctionnelle : Théorie et applications".
Remarques 4.4.11.
OU
1. Soit F l’opérateur de prolongement par 0 en dehors de Ω, c’est-à-dire,
F (u) = ũ. Si u ∈ W01,p (Ω), alors F (u) ∈ W 1,p (RN ) et F vérifie les 3 propriétés
(i), (ii) et (iii) du Théorème précédent 4.4.10. Par contre, si u ∈ W 1,p (Ω), alors
on n’a pas en général F (u) ∈ W 1,p (RN ). On peut donner comme contre-exemple
la fonction u(x) = 1 sur Ω = ]−1,1[ (N = 1). On a u ∈ W 1,p (]−1,1[) mais
F (u) = ũ ∈/ W 1,p (RN ). Par conséquence, F est différent de P.
2. Sur Ω = ]−1,0[ ∪ ]0,1[, on pose
(
1 si 0 < x < 1;
u(x) =
I
−1 si − 1 < x < 0.
On a u ∈ W 1,p (Ω), mais pour tout prolongement de u à R, noté P (u), on a
RI
/ W 1,p (R) puisque P (u) va présenter un saut en 0.
P (u) ∈

49
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Corollaire 4.4.12. Soit Ω un ouvert de RN de classe C 1 avec frontière bornée,



ou bien Ω = RN + . Soient 1 ≤ p < +∞ et m ∈ N .
(i) Si m < Np , alors W m,p (Ω) ,→ Lq (Ω), ∀q ∈ [p, p∗ ], où p1∗ = p1 − N
m
.
N
(ii) Si m = p
, alors W m,p (Ω) ,→ Lq (Ω), ∀q ∈ [p, +∞[.
S.M
(iii) Si m > Np , alors W m,p (Ω) ,→ L∞ (Ω).
Preuve. "Faite au cours"
Remarque 4.4.13. La conclusion du Corollaire 4.4.7 reste vraie si l’on remplace
RN par Ω. Plus précisément, pour le cas m > Np , si m − Np n’est pas entier, alors
N
W m,p (Ω) ,→ C k (Ω), où k = E(m − ).
p
Rappel. ⋆ Rappelons que E ,→ F signifie l’injection continue de E dans F ,
c’est-à-dire, E est un sous-espace de F et Id : E −→ F est continue.
.D
Autrement dit, il existe M > 0 tel que ∥x∥F ≤ M ∥x∥E , ∀x ∈ E.
⋆ On rappelle aussi de l’injection compacte, notée E ,→,→ F et qui signifie
que A est précompact, c’est-à-dire, A est compact, dans F, pour tout en-
semble A borné dans E. Autrement dit, de toute suite bornée dans E, on
peut extraire une sous-suite convergente dans F.
Théorème 4.4.14. "Théorème de Rellich-Kondrachov"
Soit Ω un ouvert borné de classe C 1 .
OU
(i) Si p < N, alors W 1,p (Ω) ,→,→ Lq (Ω), ∀q ∈ [1, p∗ [, où p1∗ = 1
p
− 1
N
.
(ii) Si p = N, alors W 1,p (Ω) ,→,→ Lq (Ω), ∀q ∈ [1, +∞[.
(iii) Si p > N, alors W 1,p (Ω) ,→,→ C (Ω).
Preuve. Voir H. Brézis : "Analyse fonctionnelle : Théorie et applications".
Corollaire 4.4.15. Pour tout p on a W 1,p (Ω) ,→,→ Lp (Ω).
Preuve. Exercice.
I
Remarque 4.4.16. Pour l’espace W01,p (Ω), le Théorème de Rellich-Kondrachov
4.4.14 reste vrai mais seulement avec l’hypothèse Ω est borné.
RI
4.5 Inégalité de Poincaré
Théorème 4.5.1. Soient p ∈ [1, +∞[ et Ω un ouvert borné de RN . Alors il existe
C = C(Ω, p) > 0 tel que
∥u∥Lp (Ω) ≤ C|∇u|Lp (Ω) , ∀u ∈ W01,p (Ω),
 1
N p p
X ∂u
où |∇u|Lp (Ω) =   .
i=1 ∂xi p

50
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Preuve. "Faite au cours"

Remarques 4.5.2. 1. L’inégalité de Poincaré reste valable si Ω est de mesure


finie, ou bien si Ω est borné seulement dans une seule direction.
S.M
2. Si Ω est un ouvert quelconque, alors l’inégalité de Poincaré n’est pas valable
en général (Voir TD).
3. L’inégalité de Poincaré est vérifie seulement sur W01,p (Ω) et pas sur W 1,p (Ω)
en général. Donner un contre-exemple.

Corollaire 4.5.3. Soit Ω un ouvert de RN borné au moins dans une direction.


Alors la semi-norme sur W 1,p (Ω) définie par

 1
N p p
X ∂u
.D
|u|W 1,p (Ω) = |∇u|Lp (Ω) =  
0
i=1 ∂xi p

est une norme sur W01,p (Ω) équivalente à la norme usuelle induite par celle de
W 1,p (Ω).

Preuve. Exercice.
OU
4.6 Trace et formule de Green
Lemme 4.6.1. Soit p ∈ [1, +∞[. Si u ∈ W 1,p (Ω) tel que supp (u) est compact
dans Ω, alors u ∈ W01,p (Ω).

Preuve. "Faite au cours"


I
Théorème 4.6.2. "Notion de trace"
Soit Ω un ouvert de classe C 1 . Soit u ∈ W 1,p (Ω) ∩ C (Ω) avec p ∈ [1, +∞[. Alors
RI
les propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) u = 0 sur ∂Ω;
(ii) u ∈ W01,p (Ω).

Preuve. Pour (i) =⇒ (ii). Commençons d’abord par le cas où supp (u) est borné.
Utilisons une fonction η ∈ C 1 (R) telle que |η(t)| ≤ |t|, ∀t ∈ R et
(
0 si |t| ≤ 1;
η(t) =
t si |t| ≥ 2

51
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri
S.M
Posons uk (x) = k1 η(ku(x)). On peut vérifier aisément que uk ∈ W 1,p (Ω) et
uk −→ u dans W 1,p (Ω). D’autre part supp (uk ) ⊂ {x ∈ Ω : |u(x)| ≥ k1 } ⊂
supp (u). Donc supp (uk ) est compact contenu dans Ω. Notons que pour les inclu-
sions précédentes, on a besoin de vérifier que Ak = {x ∈ Ω : |u(x)| ≥ k1 } est fermé.
.D
En effet, si (xj )j est une suite dans Ak telle que xj −→ x, alors |u(xj )| ≥ k1 , ∀j.
Ce qui implique que |u(x)| ≥ k1 puisque u ∈ C (Ω). De plus x ∈ Ω, mais x ∈ / ∂Ω
1
car u|∂Ω = 0. Donc x ∈ Ω tel que |u(x)| ≥ k , c’est-à-dire, x ∈ Ak . En utilisant le
Lemme 4.6.1, on déduit que uk ∈ W01,p (Ω) et par suite u ∈ W01,p (Ω).
Dans le cas général, c’est-à-dire, supp (u) n’est pas borné, on utilise la suite
uk = φk u des "tronquées" de u où φk (x) = φ( xk ) avec φ ∈ D(B(0,2)) et φ = 1
sur B(0,1). On a uk ∈ W 1,p (Ω) ∩ C(Ω), supp (uk ) est borné et uk |∂Ω = 0. Alors
OU
uk ∈ W01,p (Ω), ∀k. Comme uk −→ u dans W 1,p (Ω), alors u ∈ W01,p (Ω).
Pour la réciproque (ii) =⇒ (i), en utilisant la régularité du bord et une
partition de l’unité, le problème se réduit à l’implication suivante :

u ∈ W01,p (B + ) ∩ C (B + ) =⇒ u|B 0 = 0.

Comme u ∈ W01,p (B + ), alors il existe (φk )k ∈ D(B + ) tel que φk −−−→ u. Pour
k→∞
x = (x1 , . . . , xN −1 , xN ) = (x′ , xN ) ∈ B + , on a
I
Z xN
′ ∂φk ′
|φk (x , xN )| ≤ (x , t) dt.
RI
0 ∂xN

Alors, pour 0 < ε < 1 fixé, on a


Z ε Z ε
Z Z
∂φk ′
|φk (x′ , xN ) dx′ dxN ≤ ε (x , t) dx′ dt.
∥x′ ∥<1 0 ∥x′ ∥<1 0 ∂xN

A la limite, quand k → +∞, on obtient


Z ε Z ε
Z
′ ′
Z
∂u ′
|u(x , xN )dx dxN ≤ ε (x , t) dx′ dt,
∥x′ ∥<1 0 ∥x′ ∥<1 0 ∂xN

52
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

c’est-à-dire,
1Z Z ε
′ ′
Z Z ε
∂u ′
|u(x , xN )|dx dxN ≤ (x , t) dx′ dt.
ε ∥x ∥<1 0
′ ∥x ∥<1 0 ∂xN

1Z ε
En effectuant le changement de variable xN = ε t qui implique que |u(x′ , xN )| dxN =
S.M
Z 1 ε 0
′ ′
|u(x , ε t)|dt −−→ |u(x ,0)|, et en passant à la limite, quand ε → 0 on obtient,
0 ε→0
Z
|u(x′ ,0)|dx′ ≤ 0.
∥x′ ∥<1

Ce qui entraine que


u(x′ ,0) = 0, pour tout x′ ∈ RN −1 tel que ∥x′ ∥ < 1.
C’est-à-dire, u|B 0 = 0.
.D
Corollaire 4.6.3. "Opérateur trace"
Soit Ω un ouvert de classe C 1 à frontière bornée où Ω = RN
+ . Considérons l’ap-
plication
γ0 : D(Ω) −→ Lp (∂Ω)
u −→ u|∂Ω .
Alors γ0 est bien définie et elle admet un prolongement γf0 linéaire, continue à
W 1,p (Ω) tel que ker γf0 = W01,p (Ω).
L’application γf0 : W 1,p (Ω) −→ Lp (∂Ω) est appelée l’opérateur trace d’ordre
OU
zéro. Ainsi, W01,p (Ω) est l’espace des éléments de W 1,p (Ω) de trace nulle sur ∂Ω.
Propriété 4.6.4. "Formule de Green"
Soit Ω un ouvert borné de frontière C 1 par morceaux. Alors, pour tout u ∈ H 1 (Ω)
et tout v ∈ H 1 (Ω) on a
∂u
Z Z
∂v Z
v dx = − u dx + u v νi dσ (i = 1, . . . , n),
Ω ∂xi Ω ∂xi ∂Ω

où νi est le cosinus directeur de →


−ν le vecteur unitaire de la normale extérieure
I
N
à ∂Ω, c’est-à-dire, ν = →−ν .→

e avec →
− cos(α ).→−
X
i i ν = e . Notons que l’intégrale de
i i
RI
i=1
2
surface a un sens puisque u|∂Ω , v|∂Ω ∈ L (∂Ω), d’après le Corollaire 4.6.3.
∂u
De la même manière, on peut parler de pour une fonction u ∈ W 2,p (Ω), en
∂ν
∂u
posant = (∇u/∂Ω ) .→

ν ∈ Lp (∂Ω) et on a la formule de Green suivante :
∂ν
Z Z Z
∂u
− ∆u v dx = ∇u.∇v dx − v dσ, ∀u, v ∈ H 2 (Ω),
Ω Ω ∂Ω ∂ν
N
X ∂ 2u 
∂u ∂u

avec ∆u = 2
est l’opérateur Laplacien et ∇u = ∂x1
, . . . , ∂xN
.
i=1 ∂xi

53
S.M
Chapitre 5
Formulation variationnelle de certains
problèmes aux limites
.D
5.1 Préliminaires

5.1.1 Introduction
OU
Par définition, une équation aux dérivées partielles (EDP) a pour inconnue
une fonction de plusieurs variables, alors qu’une équation différentielle ordinaire
(EDO) a pour inconnue une fonction d’une seule variable.
L’analyse mathématique (et numérique) des EDP est un très vaste domaine
dont l’objectif est de comprendre et d’étudier les problèmes modélisant plu-
sieurs phénomènes distribués souvent d’origine physique, à savoir, la mécanique
quantique, la relativité générale, la théorie électromagnétique, la dynamique des
fluides, le fonctionnement du GPS (Global Positioning System), l’aéronautique,
I
l’astronomie, la biologie, la dynamique du populations, etc . . .. L’étude des EDP
occupe l’intérêt des mathématiciens depuis la deuxième moitié du 17ème siècle, à
RI
travers les travaux élaborés par Newton et Leibniz concernant la dynamique du
point matériel. Cette théorie a vu le jour avec Euler et d’Alembert quelque 70
ans plus tard, et Laplace encore 40 ans après. Au cours de la seconde moitié de
dernier siècle et au début du siècle actuel, les études des EDP se sont intensifiées
avec l’avancement de divers domaines scientifiques.
Notre but dans ce chapitre, est d’introduire quelques idées simples afin de
comprendre des problèmes élémentaires en suivant l’approche variationnelle, pour
étudier l’existence (ainsi que l’unicité) de solution à certaines équations aux dé-
rivées partielles satisfaisant des conditions supplémentaires, à savoir les valeurs
en certains points de la fonction inconnue ou de ses dérivées.

54
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

5.1.2 Types de problèmes


Problème de type Dirichlet
(
−∆u + u = f dans Ω;
u = 0 sur ∂Ω. ←− "Condition de Dirichlet"
S.M
Problème de type Neumann
−∆u + u = f dans Ω;


∂u
 = 0 sur ∂Ω, ←− "Condition de Neumann"
∂ν
où ∂u
∂ν
= ∇u · →−ν désigne la dérivée normale extérieure de u avec →

ν est le vecteur
unitaire de la normale extérieure à ∂Ω.

Problème de type Fourier


.D
−∆u + u = f dans Ω;


∂u
 u+ = 0 sur ∂Ω. ←− "Condition de Fourier"
∂ν

5.1.3 Théorème de Lax-Milgram


Théorème 5.1.1. "Théorème de Lax-Milgram (Exposé)"
Soit H un espace de Hilbert. Soient a : H × H −→ R une forme bilinéaire,
OU
continue et coercive sur H × H et L : H −→ R une forme linéaire continue sur
H, c’est-à-dire,
(i) Il existe K > 0 tel que |a(u, v)| ≤ K ∥u∥ ∥v∥, ∀(u, v) ∈ H × H, "La continuité
de la forme bilinéaire a" ;
(ii) Il existe α > 0 tel que a(u, u) ≥ α ∥u∥2 , ∀u ∈ H, "La coercivité de la forme
bilinéaire a" ;
(iii) Il existe M > 0 tel que |L(u)| ≤ M ∥u∥, ∀u ∈ H, "La continuité de la forme
linéaire L".
I
Alors, le problème suivant :
(
Trouver u ∈ H tel que
RI
(P)
a(u, v) = L(v), ∀v ∈ H,
admet une solution unique. Autrement dit,
∀L ∈ H ′ , ∃!u ∈ H tel que a(u, v) = ⟨L, v⟩, ∀v ∈ H.
De plus, si a est symétrique, c’est-à-dire, a(u, v) = a(v, u) pour tout (u, v) ∈ H 2 ,
alors la solution u de (P) est caractérisée comme solution du problème de mini-
misation suivant,
u ∈ H tel que 


1 1

 a(u, u) − ⟨L, u⟩ = min a(v, v) − ⟨L, v⟩
2 v∈H 2

55
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

5.2 Étude de certaines problèmes linéaires


5.2.1 Formulation variationnelle d’un problème de Diri-
chlet homogène
S.M
Soit Ω un ouvert borné assez régulier. On propose d’aborder la résolution du
problème elliptique (P0 ) du second ordre de type Dirichlet homogène :
Trouver u : Ω ⊂ RN −→ R tel que
−∆u + c(x) u = f dans Ω, (5.2.1)
u=0 sur ∂Ω, (5.2.2)
N
∂ 2u X
où c ∈ L∞ (Ω) et f ∈ L2 (Ω). Notons que ∆u = 2
est le Laplacien de u. La
i=1 ∂xi
condition aux limites (5.2.2) s’appelle la condition de Dirichlet "homogène".
.D
Une solution classique de (P0 ) est une fonction u ∈ C 2 (Ω) vérifiant (5.2.1) et
(5.2.2) les deux équations du problème (P0 ) au sens usuel. Le programme suivant
décrit les grandes lignes de l’approche variationnelle en théorie des équations aux
dérivées partielles.
Étape A : On précise la notion de solution faible, celle-ci fait intervenir les
espaces de Sobolev qui sont les outils de base.
Étape B : On établit l’existence et l’unicité d’une solution faible par la
OU
méthode variationnelle, via le théorème de Lax-Milgram.
Étape C : On prouve que la solution faible est régulière (de classe C 2 par
exemple), c’est un résultat de régularité.
Étape D : Retour aux solutions classiques. C’est-à-dire, on montre qu’une
solution faible de classe C 2 est une solution classique.

Commençons par la formulation variationnelle du problème (P0 ). On sup-


pose que la solution u est suffisamment régulière (par exemple u ∈ H 2 (Ω)). En
multipliant (5.2.1) la première équation du problème (P0 ) par v ∈ H01 (Ω) et en
I
intégrant sur Ω, on obtient
RI
Z Z Z
−∆u v dx + c(x) u v dx = f v dx, ∀v ∈ H01 (Ω).
Ω Ω Ω

D’après la formule de Green (4.6.4), on a


Z Z
∂u Z Z
∇u · ∇v dx − v dσ + c(x) u v dx = f v dx, ∀v ∈ H01 (Ω),

| ∂Ω ∂ν
{z } Ω Ω
=0, car v|∂Ω =0

où dσ est la mesure superficielle sur ∂Ω. C’est-à-dire,


Z Z Z
∇u · ∇v dx + c(x) u v dx = f v dx, ∀v ∈ H01 (Ω) (5.2.3)
Ω Ω Ω

56
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Notons que la solution classique de (5.2.1) est de classe C 2 , par contre l’équation
(5.2.3) a un sens dès que u ∈ H 1 (Ω), c’est-à-dire, u ∈ L2 (Ω) et ∇u ∈ (L2 (Ω))N .
Remarquons aussi que le problème (P0 ) est de type Dirichlet homogène "u = 0 sur
∂Ω", donc on peut prendre u ∈ H01 (Ω). On obtient alors le problème variationnel
suivant
S.M
Pour une donnée f ∈ L2 (Ω), trouver u ∈ H01 (Ω) tel que




(P0 )V Z Z Z (5.2.4)
∇u · ∇v dx + ∀v ∈ H01 (Ω)


 c(x) u v dx = f v dx,
Ω Ω Ω

Définitions 5.2.1.
1. Le problème (P0 )V est appelé formulation variationnelle du problème aux
limites (P0 ).
2. Une fonction u vérifiant (P0 )V est appelée solution faible du problème aux
.D
limites (P0 ).
3. On dit que le problème est bien posé si,
(i) Il admet une solution unique ;
(ii) La solution du problème dépend continûment des données.
Proposition 5.2.2. Soit u ∈ H 2 (Ω). u est solution du problème aux limites (P0 )
si, et seulement si, u est solution du problème variationnel (P0 )V .
OU
Preuve.
=⇒ L’implication directe est déjà démontrée pour obtenir le problème varia-
tionnel (5.2.4).
⇐= Réciproquement, soit u ∈ H01 (Ω) vérifiant (P0 )V , c’est-à-dire, u satisfait
l’équation (5.2.4) pour tout v ∈ H01 (Ω). En particulier pour tout φ ∈ D(Ω), ce
qui entraîne que
N Z
X ∂u ∂φ Z Z
dx + c u φ dx = f φ dx, ∀φ ∈ D(Ω).
∂xi ∂xi
I
i=1 Ω Ω Ω |{z}
|{z}
2 ∈L (Ω)
|{z} ∈L2 (Ω)
∈L2 (Ω)
RI
Comme L2 (Ω) ⊂ L1loc (Ω), alors on obtient au sens des distributions
N
* +
X ∂u ∂φ
, + ⟨c u, φ⟩ = ⟨f, φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω),
i=1 ∂xi ∂xi

d’où,
N
* +
X ∂ 2u
− , φ + ⟨c u, φ⟩ = ⟨f, φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω),
i=1 ∂x2i
ce qui signifie que
−∆u + c u = f dans D′ (Ω). (5.2.5)

57
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

Cette dernière équation (5.2.5) est identique à l’équation (5.2.1) du problème


(P0 ), mais seulement au sens faible (c’est-à-dire, au sens des distributions). En
utilisant le fait que ∆u, c u et f sont des éléments de L2 (Ω), on déduit que
−∆u + c u = f dans L2 (Ω), d’où −∆u + c u = f presque partout sur Ω.
Pour la condition de Dirichlet homogène (5.2.2), il suffit d’appliquer le Théo-
S.M
rème de trace 4.6.2 puisque u ∈ H01 (Ω), alors on a u = 0 sur ∂Ω. D’où u est
solution du problème aux limites (P0 ).

Remarque 5.2.3. L’intérêt de la formulation variationnelle est qu’elle est moins


exigeante au point de vue régularité puisqu’elle transforme un problème du second
ordre en un autre problème équivalent du premier ordre. Elle est aussi plus réaliste
au point de vue physique permettant une approche numérique efficace.

Théorème 5.2.4. "Existence et unicité de solution"


Si f ∈ L2 (Ω) et c ∈ L∞ (Ω), alors le problème variationnelle (P0 )V admet une
.D
unique solution u ∈ H01 (Ω) sous l’une des deux conditions suivantes :
1
c ≥ 0 p.p. sur Ω, ou ∥c− ∥L∞ (Ω) <
[Cp (Ω)]2
(
− c(x) si c(x) ≤ 0
où Cp (Ω) est la constante de l’inégalité de Poincaré et c (x) = .
0 sinon

Preuve. Il suffit d’utiliser le Théorème de Lax-Milgram 5.1.1, en choisissant


OU
Z Z Z
a(u, v) = ∇u ∇v dx + c(x) u v dx et L(v) = f (x) v(x) dx,
Ω Ω Ω

le problème variationnel (P0 )V devient


(
Trouver u ∈ H01 (Ω) tel que;
(P0 )V
a(u, v) = L(v), ∀v ∈ H01 (Ω).
I
L’application L est une forme linéaire continue sur l’espace de Hilbert H01 (Ω).
En effet, pour tout α, β ∈ R et tout v, w ∈ H01 (Ω) on a
RI
Z Z Z
L(α v + β w) = f (α v + β w) dx = α f v dx + β f w dx = α L(v) + β L(w).
Ω Ω Ω

Ainsi, pour tout v ∈ H01 (Ω), et d’après l’inégalité de Hölder et l’inégalité de


Poincaré on a
Z Z
|L(v)| = f v dx ≤ |f | |v| dx ≤ ∥f ∥2 ∥v∥2 ≤ Cp (Ω) ∥f ∥2 |v|1,Ω ,
Ω Ω

N 2
X ∂ 1
avec | |1,Ω = ( ) 2 est la norme réduite sur H01 (Ω).
i=1 ∂xi 2

58
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

L’application a(., .) est une forme bilinéaire continue sur l’espace de Hilbert
H01 (Ω). En effet, pour tout α, β ∈ R et tout v, w1 , w2 ∈ H01 (Ω) on a
Z Z
a(αw1 + βw2 , v) = ∇(αw1 + βw2 ).∇v dx + c(x) (αw1 + βw2 ) v dx
ΩZ Z Ω Z Z
S.M
= α ∇w1 .∇v dx + β ∇w2 .∇v dx + α c(x) w1 v dx + β c(x) w2 v dx
Ω Ω Ω Ω
= αa(w1 , v) + βa(w2 , v).

De même pour la linéarité par rapport à la deuxième composante. Ainsi, pour la


continuité et d’après l’inégalité de Hölder, on a
N Z N
X ∂w ∂v X ∂w ∂v
dx ≤
i=1 Ω ∂xi ∂xi i=1 ∂xi 2
∂xi
  1 2 1
N 2 2 N 2 2
X ∂w X ∂v

.D
   
i=1 ∂xi 2 i=1 ∂xi 2
= |w|1,Ω |v|1,Ω .
Z
On a aussi |c(x)| |w| |v| dx ≤ ∥c∥∞ ∥w∥2 ∥v∥2 . Alors,

N Z
X ∂w ∂v Z
|a(w, v)| ≤ dx + |c(x)| |w| |v| dx
i=1 Ω ∂xi ∂xi Ω
OU
≤ |w|1,Ω |v|1,Ω + ∥c∥∞ ∥w∥2 ∥v∥2
≤ |w|1,Ω |v|1,Ω + [Cp (Ω)]2 ∥c∥∞ |w|1,Ω |v|1,Ω ,

où Cp (Ω) est la constante associée à l’inégalité de Poincaré. Par conséquent,

|a(w, v)| ≤ (1 + [Cp (Ω)]2 ∥c∥∞ )|w|1,Ω |v|1,Ω .

Reste à vérifier la coércivité de l’application a(., .). Pour tout v ∈ H01 (Ω) on a
I
N Z
!2
∂v Z Z
c(x) v 2 dx = |v|21,Ω + c(x) v 2 dx.
X
a(v, v) = dx +
RI
i=1 Ω ∂xi Ω Ω

Alors, si c ≥ 0 p.p. sur Ω, on a a(v, v) ≥ |v|21,Ω , d’où la coércivité de a(., .). Sinon,
on pose (
c(x) si c(x) ≤ 0;
c− (x) =
0 si c(x) > 0.
Z Z
− 2
Alors c (x) v (x) dx ≤ c(x) v 2 (x) dx. Ce qui entraîne que
Ω Ω
Z Z
− 2
−∥c ∥∞ v (x) dx ≤ c(x) v 2 (x) dx.
Ω Ω

59
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

D’où, Z
a(v, v) = |v|21,Ω + c(x) v 2 dx

≥ |v|21,Ω − ∥c− ∥∞ ∥v∥22
≥ |v|21,Ω − ∥c− ∥∞ [Cp (Ω)]2 |v|21,Ω
S.M
= (1 − [Cp (Ω)]2 ∥c− ∥∞ ) |v|21,Ω .
1
Finalement, la condition ∥c− ∥∞ < assure la coércivité de la forme bili-
[Cp (Ω)]2
néaire a(., .). Par conséquence, le problème variationnel (P0 )V admet une solution
unique u dans l’espace de Hilbert H01 (Ω), d’après le Théorème de Lax-Milgram
5.1.1.

Remarque 5.2.5. Pour le régularité de la solution, on a déjà montré que la


solution u du problème (P0 )V vérifie ∆u ∈ L2 (Ω).
.D
Théorème 5.2.6. Avec les mêmes hypothèses du Théorème précédent 5.2.4, il
existe C0 > 0 tel que
∥u∥H01 (Ω) ≤ C0 ∥f ∥L2 (Ω) .

Preuve. D’après la coercivité de a et la continuité de L, on a

α∥u∥2H01 (Ω) ≤ a(u, u) = L(u) ≤ M ∥u∥H01 (Ω) ,


OU
(
1 si c ≥ 0 p.p sur Ω;
où M = Cp (Ω) ∥f ∥L2 (Ω) et α =
1 − [Cp (Ω)]2 ∥c− ∥∞ si∥c− ∥∞ < [Cp (Ω)]
1
2.

Alors,
Cp (Ω)
∥u∥H01 (Ω) ≤ ∥f ∥L2 (Ω) .
α
D’où le résultat.

Remarque 5.2.7. Les deux derniers théorèmes prouvent que le problème (P0 )
I
est bien posé.
RI
Exercice 5.2.2. Refaire la même étude pour un problème de Dirichlet non ho-
mogène suivant


 Trouver u : Ω ⊂ RN −→ R tel que
(Pg )  −∆u + c(x) u = f dans Ω;

u=g sur ∂Ω.

Pour que γf0 (u) = g a un sens avec u ∈ H 1 (Ω), on suppose que g ∈ H 1/2 (∂Ω) =
Im(γf0 ) ⊂ L2 (∂Ω), où γf0 est l’opérateur trace. Pour simplifier, on suppose qu’il
existe G ∈ H 2 (Ω) tel que γf0 (G) = g.

60
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

5.2.3 Formulation variationnelle d’un problème de Neu-


mann
Soient Ω un ouvert borné de RN suffisamment régulier et f une donnée dans
2
L (Ω), on considère le problème elliptique (PN ) de type Neumann
S.M
Trouver u : Ω ⊂ RN −→ R tel que
−∆u + u = f dans Ω, (5.2.6)
∂u
=0 sur ∂Ω, (5.2.7)
∂ν
où ∂u
∂ν
= ∇u · →
−ν désigne la dérivée normale extérieur de u avec →
−ν est le vecteur
unitaire de la normale extérieur à ∂Ω. On suppose que la solution u de PN est
suffisamment régulière (u ∈ H 2 (Ω)). En multipliant la premier équation (5.2.6)
du problème (PN ) par v ∈ H 1 (Ω) et en intégrant sur Ω, on obtient
.D
Z Z Z
− ∆u v dx + u v dx = f v dx, ∀v ∈ H 1 (Ω).
Ω Ω Ω

La formule de Green (4.6.4) entraîne


Z Z
∂u Z Z
∇u · ∇v dx − v dσ + u v dx = f v dx, ∀v ∈ H 1 (Ω).
Ω ∂Ω ∂ν Ω Ω

∂u
Or = 0 sur ∂Ω, alors
OU
∂ν
Z Z Z
∇u · ∇v dx + u v dx = f v dx, ∀v ∈ H 1 (Ω).
Ω Ω Ω

D’où la formulation faible (ou variationnelle) suivante


Pour une donnée f ∈ L2 (Ω), trouver u ∈ H 1 (Ω) tel que




(PN )V Z Z Z (5.2.8)
∇u · ∇v dx + ∀v ∈ H 1 (Ω).


 u v dx = f v dx,
Ω Ω Ω
I
Réciproquement, si u est une solution de (PN )V , alors pour tout φ ∈ D(Ω) on a
RI
N Z
X ∂u ∂φ Z Z
dx + u φ dx = f φ dx.
i=1 Ω ∂xi ∂xi Ω Ω

Au sens de distributions on obtient


N
* +
X ∂u ∂φ
, + ⟨u, φ⟩ = ⟨f, φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω),
i=1 ∂xi ∂xi
c’est-à-dire,
N
* +
X ∂ 2u
− , φ + ⟨u, φ⟩ = ⟨f, φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω).
i=1 ∂x2i

61
Distributions et Analyse Fonctionnelle des EDPs/Masters AMA & MAE/FSTE S.M. Douiri

D’où,
−∆u + u = f dans D′ (Ω).
Comme f ∈ L2 (Ω) (de même pour u et ∆u), alors −∆u + u = f dans L2 (Ω),
d’où −∆u + u = f presque partout sur Ω.
Pour s’assurer de la condition de Neumann (5.2.7), on applique la formule de
S.M
Green (4.6.4) à l’équation du problème variationnel (5.2.8) pour conclure que
Z Z
∂u Z Z
− ∆u v dx + v dσ + u v dx = f v dx, ∀v ∈ H 1 (Ω).
Ω ∂Ω ∂ν Ω Ω

C’est-à-dire,
Z Z
∂u
(−∆u + u − f ) v dx + v dσ = 0, ∀v ∈ H 1 (Ω).
Ω ∂Ω ∂ν
Or −∆u + u − f = 0 p.p sur Ω, alors
.D
Z
∂u
v dσ = 0, ∀v ∈ H 1 (Ω).
∂Ω ∂ν
En admettant que l’espace des traces Im(γf0 ) est dense dans L2 (∂Ω), alors
Z
∂u
v dσ = 0, ∀v ∈ L2 (∂Ω).
∂Ω ∂ν
OU
D’où,
∂u
= 0 p.p sur ∂Ω.
∂ν
Théorème 5.2.8. Pour une donnée f ∈ L2 (Ω), le problème variationnelle (PN )V
admet une unique solution.
De plus, il existe C0 > 0 tel que

∥u∥H 1 (Ω) ≤ C0 ∥f ∥L2 (Ω) .


I
Preuve. Appliquer le Théorème de Lax-Milgram 5.1.1, en posant
RI
Z Z Z
a(u, v) = ∇u ∇v dx + u v dx et L(v) = f (x) v(x) dx.
Ω Ω Ω

62

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