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Distributions et Équations aux Dérivées

Partielles

Cours de Licence Génie Mathématqiues et


Informatique (GMI)

A. CHAKIB FST de Béni Mellal

10 mai 2016
Table des matières

1 Rappels et résultats préliminaires 5


1.1 Espaces vectoriels normés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Espaces de Banach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1 Exemples d’espaces de Banach . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Espaces C k (Ω) et C k (Ω) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.3 Formule de Leibniz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.4 Formule de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3 Applications linéaires continues . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.4 Espace de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5 Intégrales de Lebesgue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.5.1 Définition et propriétés des espaces Lp (Ω) . . . . . . . 10
1.5.2 Dual de Lp (Ω) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

2 Distributions 13
2.1 Historique et introduction à la théorie des distributions . . . . 13
2.1.1 Historique sur la théorie des distributions . . . . . . . . 13
2.1.2 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2 Espace des fonctions test D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.1 Support d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.2.2 Fonctions test . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.2.3 Convergence dans D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.3 Distributions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.3.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.3.2 Exemple fondamental de distributions . . . . . . . . . 19
2.3.3 Exemples de distributions singulières . . . . . . . . . . 23
2.4 Opérations sur les distributions . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.4.1 Multiplication par une fonction C ∞ . . . . . . . . . . . 24

1
2.4.2 Translation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.4.3 Homothétie (ou changement d’échelle) . . . . . . . . . 26
2.4.4 Support d’une distribution . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.4.5 Dérivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.4.6 Primitive d’une distribution . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.4.7 Distribution à support compact . . . . . . . . . . . . . 38
2.4.8 Convolution des distributions . . . . . . . . . . . . . . 43
2.4.9 Equation de convolution . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.5.1 Devoir libre no 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

3 Transformation de Fourier et distributions tempérées 56


3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.2 Transformation de Fourier dans L1 (Rn ) . . . . . . . . . . . . 56
3.3 Espace de Schwartz S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.4 Distributions tempérées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.4.1 Exemples généraux de distributions tempérées . . . . . 70
3.5 Convergence dans S ′ (Rn ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.6 Transformation de Fourier des distributions tempérées . . . . . 74
3.7 Propriétés de la transformation de Fourier et régles de calcul . 75
3.8 Transformation de Fourier dans L2 (Rn ) . . . . . . . . . . . . . 76
3.9 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

4 Espace de Sobolev 80
4.1 Définition et propriétés des espaces d’ordre entier . . . . . . . 80
4.2 Espace de Sobolev H0m . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.3 Régularité de la frontière d’un domaine . . . . . . . . . . . . 85
4.4 Trace d’une fonction de H 1 (Ω) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.5 Applications du théorème de trace . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.6 Trace d’une fonction de H 2 (Ω) . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4.7 Résultats d’injection et de compacité . . . . . . . . . . . . . . 93
4.8 Espaces de Sobolev d’ordre entier négatif . . . . . . . . . . . . 94
4.9 Espace de Sobolev H s (Rn ) avec s ∈ R . . . . . . . . . . . . . 94
4.10 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
4.10.1 Devoir libre no 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

2
5 Problèmes aux limites 99
5.1 Généralité sur les équations aux dérivées partielles . . . . . . 99
5.1.1 Conditions aux limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.1.2 Conditions initiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
5.1.3 Exemples des EDP linéaires . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.2 Problèmes aux limites elliptiques . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.2.1 Problème variationnel abstrait . . . . . . . . . . . . . . 103
5.2.2 Etude de problèmes aux limites en dimension 1 . . . . 106
5.2.3 Etude de problèmes aux limites en dimension
supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
5.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

3
Avant-propos

Depuis longtemps les physiciens utilisent, sans grand souci de rigueur,


certains types de fonctions ainsi que leurs dérivées ; notamment la fonction
de Heaviside (en 1894) dite ”échelon unité” et la fonction de Dirac (en 1926)
dite ”masse de Dirac”. Il a fallu alors attendre Laurent Schwartz entre 1944
et 1950, pour pouvoir disposer d’une théorie mathématique rigoureuse, ceci
en introduisant de nouveaux objets mathématiques qui généralisent la notion
de fonctions, il s’agit des distributions.
Ce recueil de cours porte principalement sur la théorie des distributions
et leurs applications aux équations aux dérivées partielles. Il a été rédigé à
l’intention des étudiants de Licence Génie Mathématiques et Informatique
de l’université Sultan Moulay Slimane. Il vise essentiellement à donner à
ces étudiants toutes les notions nécessaires sur la théorie des distributions
ainsi que la transformation de Fourier qui est un outil fondamental d’analyse
mathématique, utilisée dans divers domaines de la physique, à savoir le trai-
tement des signaux, l’automatique, etc. Ces notions vont leurs permettrent
de bien maı̂triser tous les outils et les ingrédients nécessaires afin d’aborder
la notion des espaces de Sobolev. Ceci dans le but de pouvoir attaquer en-
suite la résolution de certaines équations aux dérivées partielles elliptiques
intervenant dans la modélisation de phénomènes physiques. En effet, afin
d’introduire ce vaste sujet, nous avons opté pour l’étude variationnelle de
certaines équations aux dérivées partielles elliptiques.

4
Chapitre 1

Rappels et résultats
préliminaires

Dans ce chapitre, nous allons donner quelques résultats préliminaires et


outils nécessaires pour l’étude des distributions, des espaces de Sobolev et
des équations aux dérivées partielles.

1.1 Espaces vectoriels normés


Soit E un espace vectoriel sur K (avec K = R ou C), on note par | · | la
valeur absolue sur R ou le module sur C.

Définition 1.1. Une norme sur un espace vectoriel E est une application :
N : E −→ R+ vérifiant les propriétés suivantes
1. N (αx) = |α| N (x), ∀x ∈ E, ∀α ∈ K
2. N (x + y) ≤ N (x) + N (y), ∀x, y ∈ E
3. Pour x ∈ E, N (x) = 0 ⇔ x = 0.
On note usuellement la norme N (.) par ∥ · ∥. Ainsi le couple (E, ∥ · ∥) est
appelé un espace vectoriel normé.

Nous allons maintenant donner quelques définitions et propriétés sur les


espaces vectoriels normés.

5
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 6

1.1.1 Définitions et propriétés


Soit (E, ∥ · ∥) un espace vectoriel normé, alors on a :
• B(a, r) = {x ∈ E / ∥x − a∥ < r} est la boule ouverte de centre a ∈ E et
de rayon r > 0.
• Bf (a, r) = {x ∈ E / ∥x − a∥ ≤ r} est la boule fermée.
• A ⊂ E est dit ouvert ⇔ ∀ x ∈ A, ∃ r > 0, tel que B(x, r) ⊂ A.
• A ⊂ E est dit fermé ⇔ le complémentaire Ac = E \ A est un ouvert.
• A ⊂ E, l’intérieur de A, noté Å est le plus grand ouvert contenu dans A.
• A ⊂ E est un ouvert ⇔ Å = A.
• A ⊂ E, l’adhérence (ou la fermeture de A) notée A, est le plus petit fermé
contenant A.
• A ⊂ E est un fermé ⇔ A = A.
• x ∈ A ⇔ il existe une suite (xk )k ⊂ A qui converge vers x pour la norme
de E.
• x ∈ A ⇔ ∀ ε > 0, B(x, ε) ∩ A ̸= ∅.
∥.∥E
• A ⊂ E est dense dans E ⇔ A = E.
• A ⊂ E est un compact ⇔ de toute suite (xk )k d’élements de A, on peut
extraire une sous-suite (xkj )j qui converge vers un élément de A.

1.2 Espaces de Banach


Définition 1.2. Un espace de Banach E est un espace vectoriel normé com-
plet, autrement dit, toute suite de Cauchy de E est convergente dans E.

Cette notion est très importante car beaucoup de résultats sont faux sans
l’hypothèse de la complétude.

1.2.1 Exemples d’espaces de Banach


• C([a, b]) = {f : [a, b] −→ R continue} muni de la norme
∥f ∥∞ = sup |f (x)| est un espace de Banach.
x∈[a,b]
• Soit k ∈ N, l’espace C k ([a, b]) des fonctions k-fois continûment dérivables
de [a, b] à valeurs dans R, muni de la norme ∥f ∥C k = sup ∥f (j) ∥∞ est un
0≤j≤k
espace de Banach.
Nous énonçons le résultat important suivant
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Théorème 1.1. Tout sous-espace fermé d’un espace normé complet (de Ba-
nach) est un espace normé complet (de Banach).

1.2.2 Espaces C k (Ω) et C k (Ω)


Soit Ω un ouvert de Rn et k ∈ N, on désigne par C k (Ω) l’espace des
fonctions définies sur Ω à valeurs dans R ou C, qui sont k-fois continûment
dérivables.
On désigne par C k (Ω) le sous-espace de C k (Ω) des fonctions réelles ou com-
plexes dont les dérivées partielles jusqu’à l’ordre k existent et sont continues
jusqu’au bord de Ω.
L’espace C k (Ω) est muni de la norme :

∥f ∥C k = sup ∥∂ α f ∥∞
|α|≤k

où
α ∂ α1 ∂ α2 . . . ∂ αn f ∂ |α| f
∂ f= = ,
∂xα1 1 . . . ∂xαnn ∂xα1 1 . . . ∂xαnn
α = (α1 , α2 , . . . , αn ) ∈ Nn est un multi-indice et |α| = α1 + α2 + · · · + αn est
la longueur du multi-indice α.
C k (Ω) muni de cette norme est un espace de Banach.
Nous rappelons au passage quelques formules importantes

1.2.3 Formule de Leibniz


Soient u et v deux fonctions de C k (Ω), alors pour tout α ∈ Nn tel que
|α| ≤ k, on a ∑
∂ α (u v) = (αβ ) ∂ β u ∂ (α−β) v
β≤α

avec la convention β ≤ α ⇔ βi ≤ αi , ∀i ∈ {1, · · · , n}


α!
et (αβ ) = où α! = α1 !α2 ! · · · αn !.
β!(α − β)!
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1.2.4 Formule de Taylor


Soit x0 ∈ Ω et φ une fonction de classe C m+1 au voisinage de x0 . Alors
pour tout x appartenant à ce voisinage de x0 , on peut écrire :
∑ 1 ∑ (x − x0 )γ ∫ 1
α α
φ(x) = (x−x0 ) ∂ φ(x0 )+(m+1) (1−t)m ∂ γ φ(x0 +t(x−x0 )) dt
α! γ! 0
|α|≤m |γ|=m+1

où xα = xα1 1 xα2 2 . . . xαnn .

1.3 Applications linéaires continues


Soient E et F deux espaces vectoriels normés, on note par L(E, F ) l’en-
semble des applications linéaires et continues de E dans F .

Propriétés 1.1. Soient E et F deux espaces vectoriels normés et


u : E −→ F une application linéaire, alors les proprietés suivantes sont
équivalentes :
1. u ∈ L(E, F ).
2. u est continue en 0.
3. ∃ c > 0 tel que ∥u(x)∥F ≤ c ∥x∥E , ∀x ∈ E.

Remarque 1.1. L(E, F ) est un espace vectoriel normé dont la norme est
définie par :
∥u(x)∥F
∥u∥L(E,F ) = sup
x∈E\{0} ∥x∥E

et donc
∥u(x)∥F ≤ ∥u∥L(E,F ) ∥x∥E , ∀x ∈ E.

Théorème 1.2. Soient E et F deux espaces vectoriels normés, si F est


complet, alors L(E, F ) l’est aussi.

Définition 1.3. Soit E un espace vectoriel normé, on appelle le dual de


E noté E ′ l’espace des formes linéaires continues sur E, c-à-d l’espace des
applications linéaires continues de E dans K.
Notons que E ′ = L(E, K) est un espace de Banach.

Nous avons le résultat de prolongement par densité suivant


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Théorème 1.3. Soient E et F deux espaces vectoriels normés, et F étant


complet. On suppose que V est un espace vectoriel dense dans E et soit
L ∈ L(V, F ), alors L se prolonge d’une manière unique en une application
e ∈ L(E, F ) et de plus
linéaire L

e L(E,F ) = ∥L∥L(V,F ) .
∥L∥

Remarque 1.2. Dans cet énoncé l’espace V est muni de la norme de E


(norme induite). Ainsi, l’hypothèse de continuité de L sur V signifie que
∃ c > 0, tel que
∥L(v)∥F ≤ c ∥v∥E , ∀v ∈ V.

1.4 Espace de Hilbert


Soit H un espace vectoriel sur K avec (K = R ou C).

Définition 1.4. 1. Une forme sesquilinéaire f sur H est une application :

f : H × H −→ K

telle que ∀ x, y, z ∈ H et ∀ α, β ∈ K, on a
i) f (α x + β y, z) = α f (x, z) + β f (y, z).
ii)f (z, α x + β y) = ᾱ f (z, x) + β̄ f (z, y).
• Si K = R alors f est dite bilinéaire.
2. Une forme sesquilinéaire f est dite hermitienne sur H si :

f (x, y) = f (y, x).


• Si K = R alors f est dite symétrique.
3. f est dite positive si f (x, x) ≥ 0, ∀x ∈ H.
4. f est dite définie positive si f (x, x) > 0, ∀x ̸= 0.

Nous définissons un produit scalaire comme suit

Définition 1.5. On appelle produit scalaire sur H, une forme sesquilinéaire


hermitienne et définie positive. On note le produit scalaire sur H par (., .)H .
L’espace vectoriel H muni de ce produit scalaire est appelé un espace
préhilbertien.
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Proposition 1.1. Un espace préhilbertien


√ est un espace vectoriel normé dont
la norme est définie par ∥x∥ = (x, x)H .

Cette norme est appelée une norme associée au produit scalaire.

Définition 1.6. On appelle espace de Hilbert un espace préhilbertien complet.

Exemple 1.1. Kn est un espace de Hilbert pour le produit scalaire :



n
(x, y) = xi yi , avec x = (x1 , . . . , xn ) et y = (y1 , . . . , yn ).
i=1

Définition 1.7. Soit H un espace de Hilbert.


• On dit que deux éléments x et y de H sont orthogonaux si (x, y)H = 0.
• Si A ⊂ H , on appelle orthogonal de A et on le note A⊥ , l’ensemble

A⊥ = {x ∈ H / (x, y)H = 0, ∀y ∈ A}.

Nous avons alors le résultat suivant

Théorème 1.4. Pour tout sous-espace fermé E d’un espace de Hilbert H,


on a la décomposition :
H = E ⊕ E⊥

Nous énonçons le théorème de représentation de Riesz

Théorème 1.5. Pour toute forme linéaire continue f sur H ( i.e. f ∈ H ′ ),


il existe un unique x ∈ H, tel que :

f (y) = (y, x)H , ∀y ∈ H.

1.5 Intégrales de Lebesgue


1.5.1 Définition et propriétés des espaces Lp (Ω)
Soient Ω un ouvert ou fermé de Rn et p ≥ 1.
• On désigne par Lp (Ω) l’espace des fonctions mesurables de puisance p
intégrables. ∫
i.e. |f (x)|p dx < ∞.

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L’espace Lp (Ω) est muni de la norme :


(∫ ) p1
∥f ∥p = |f (x)| dx .
p

Notons que l’espace (Lp (Ω), ∥ · ∥p ) est un espace de Banach.


• On désigne par Lploc (Ω) l’espace des fonctions f ∈ Lp (K), pour tout compact
K de Ω. Les fonctions de Lploc (Ω) sont dites localement intégrables.
• L’espace L∞ (Ω) est défini par

f ∈ L∞ (Ω) ⇔ f est mesurable et ∃ M > 0 tel que |f (x)| ≤ M p.p. x ∈ Ω.

On définit alors :

∥f ∥∞ = inf{M > 0 / |f (x)| ≤ M p.p. x ∈ Ω}.

Alors (L∞ (Ω), ∥ · ∥∞ ) est un espace de Banach.


• L’espace L2 (Ω) est un espace de Hilbert muni du produit scalaire :

(f, g)L2 (Ω) = f (x) g(x) dx.

Nous rappelons le théorème de la convergence dominée de Lebesgue.

Théorème 1.6. Soit Ω un ouvert de Rn et soit (fk )k une suite de fonctions


de L1 (Ω), on suppose que :
1. fk (x) −→ f (x) p.p. sur Ω.
2. ∃ g ∈ L1 (Ω) telle que, pour tout k, on a :

|fk (x)| ≤ g(x) p.p. sur Ω,

alors f ∈ L1 (Ω) et lim ∥fk − f ∥1 = 0.


k→∞

Le résultat suivant permet la dérivation des intégrales dépendant d’un


paramètre.

Théorème 1.7. Soient Ω un ouvert de Rn , f : Rp × Ω −→ R une fonction,


et k ∈ N. Supposons que :
• La fonction fx : Ω −→ R définie par fx (t) = f (x, t) appartient à
C k (Ω), ∀x ∈ Rp fixé.
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• Pour tout α ∈ Nn tel que |α| ≤ k, on a

sup |∂tα fx (t)| ≤ wα (x)


t∈Ω

où wα ∈ L1 (Rp ). ∫
Alors g(t) = f (x, t) dx est une fonction de classe C k (Ω) et pour tout
Rp
t ∈ Ω, on a :

α
∂ g(t) = ∂tα f (x, t) dx, ∀α ∈ Nn |α| ≤ k.
Rp

1.5.2 Dual de Lp (Ω)


Soit Ω un ouvert de Rn , le dual de l’espace Lp (Ω) pour 1 < p < +∞ est
(Lp (Ω))′ = Lq (Ω) avec p1 + 1q = 1 (q le conjugué de p).
Ceci veut dire qu’ à toute forme linéaire continue φ ∈ (Lp (Ω))′ correspond
une unique fonction g ∈ Lq (Ω) telle que

φ(f ) = f (x) g(x) dx, ∀f ∈ Lp (Ω).

De plus
∥φ∥(Lp (Ω))′ = ∥g∥q .
On remarque que pour p = 2 on a q = 2 et donc (L2 (Ω))′ = L2 (Ω).
Pour p = 1, le dual de L1 (Ω) est (L1 (Ω))′ = L∞ (Ω).
Chapitre 2

Distributions

2.1 Historique et introduction à la théorie


des distributions
2.1.1 Historique sur la théorie des distributions
Cette théorie a été crée par Laurent Schwartz entre 1944 et 1950, ce qui
lui a permis de recevoir la médaille Fields en 1950 (l’équivalent du prix Nobel
pour les mathématiques).
Motivations : La résolution des équations aux dérivées partielles a
constitué l’une des motivations principales du dévoloppement de la théorie
des distributions.
Comment elle a été introduite cette théorie des distributions : Dans son
calcul symbolique (une succession de démarches qui a été dévoloppée pour
l’étude des circuits électriques), Heaviside a introduit en 1894 une fonction
physique qu’il a applée ”l’échelon unité” et qu’on appelle aujourd’hui fonction
de Heaviside, il s’agit tout simplement de la fonction caractéristique :
{
1 si x ≥ 0
H(x) = χ[0,+∞[ (x) =
0 si x < 0.
Si on cherche la dérivée de cette fonction, on remarque qu’elle n’en possède
pas en 0. Cela n’a pas empêché Heaviside de définir sa dérivée H ′ , qu’il a
applée ”impulsion unité”, en tout point de R par :
{
′ 0 si x ̸= 0
H (x) =
∞ si x = 0.

13
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 14

La quantité H ′ ainsi définie ne peut pas être une fonction usuelle, puisque
d’une part, comme H ′ est nulle presque partout, on a
∫ a
H ′ (x)dx = 0, ∀a ∈]0, +∞[
−a
d’autre part :
∫ a
H ′ (x)dx = H(a) − H(−a) = 1, ∀a ∈]0, +∞[.
−a
L’objet mathématique H ′ a été réintroduit ensuite par Dirac en 1926 pour
les besoins de la physique quantique et on l’a appelé ”fonction de Dirac”,
en la notant par δ. Le fait que cette ”fonction” n’ait pas une définition
mathématique rigoureuse n’a pas empêché Heaviside, Dirac et d’autres d’ob-
tenir des résultats corrects en manipulant la ”fonction” δ ainsi que ses
dérivées.
La théorie de Laurent Schwartz a donné un cadre permettant de rendre
ce type d’opérations rigoureux en introduisant de nouveaux objets, qui
généralisent la notion de fonction, il s’agit des distributions. Dans cette nou-
velle théorie la ”fonction” de Dirac devient une distribution appelée la masse
Dirac.

2.1.2 Introduction
Une fonction numérique sur un ouvert Ω ⊂ Rn (n ≥ 1) est définie par
sa valeur en chaque point x ∈ Ω. Dans un processus de mesure, où il y a
des erreurs sur les valeurs de f , il est souvent plus significatif de repérer des
valeurs moyennes de f . C’est ainsi qu’apparaissent la notion de distributions
qui généralise la notion de fonction. Une distribution f n’est détérminée alors
qu’à travers des moyennes contre des fonctions test φ sous la forme :

⟨f, φ⟩ = f φ dx.

Dans la suite, nous allons définir l’espace des fonctions test permettant à
cette intégrale d’être bien définie et de définir toutes les dérivées de f .

2.2 Espace des fonctions test D


Avant de définir les fonction test, on commence par définir le support
d’une fonction.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 15

2.2.1 Support d’une fonction


Pour une fonction continue f , le support de f est défini comme étant le
plus petit fermé en dehors duquel la fonction f est nulle, on le note supp(f )
et on écrit :
supp(f ) = {x / f (x) ̸= 0}.
Nous avons alors les propriétés élémentaires suivantes

Propriétés 2.1. Soient f et g deux fonctions continues, on a :


• supp(f + g) ⊂ supp(f ) ∪ supp(g).
• supp(λf ) ⊂ supp(f ), ∀ λ ̸= 0.
• supp(f g) ⊂ supp(f ) ∩ supp(g).

Démonstration
En exercice : Utiliser un raisonnement par contraposée.

2.2.2 Fonctions test


Définition 2.1. On appelle fonction test, toute fonction définie dans Rn à
valeurs dans R ou C indéfiniment dérivable (c-à-d de classe C ∞ ) et à support
compact.
On note par D(Rn ) l’ensemple des fonctions test dans Rn et on écrit :

D(Rn ) = {φ : Rn −→ R ou C indéfiniment dérivable et à support compact}.

Si Ω est un ouvert de Rn , on définit D(Ω) l’ensemble des fonctions test sur


Ω, par
D(Ω) = {φ ∈ D(Rn ) / supp(φ) ⊂ Ω}

Propriétés 2.2.
• D(Ω) est un espace vectoriel sur R ou C.
• ∀φ ∈ D(Ω), ∀f ∈ C ∞ (Rn ), on a f φ ∈ D(Ω).

Démonstration
(En exercice).
Nous allons donner quelques exemples d’éléments de D(Rn ).

Exemple 2.1.
• La fonction nulle 0 ∈ D(Rn ).
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• Considérons la fonction α : R −→ R définie par


{
0 si x ≤ 0
α(x) = −1
ex si x > 0.
Il est clair que α ∈ C ∞ (R \ {0}). De plus, on vérifie par récurrence que
pour tout x > 0, on a
Pk (x) − 1
α(k) (x) = e x
x2k
où Pk est un polynôme de degré ≤ k − 1. Donc
Pk (x) − 1
lim+ α(k) (x) = lim+ e x = 0, ∀k ∈ N.
x→0 x→0 x2k
On en déduit que α ∈ C ∞ (R). On définit alors la fonction
θ(x) = α(1 − x2 ), ainsi on a
{
0 si |x| ≥ 1
θ(x) = − 12
e 1−x si |x| < 1.
Il est clair que θ ∈ C ∞ (R) et que supp(θ) = [−1, 1]. Par conséquent
θ ∈ D(R) (voir figure 2.1).
D’une manière générale, on peut définir la fonction θ sur Rn par :
{
0 si ∥x∥ ≥ 1
θ(x) = α(1 − ∥x∥2 ) = − 1
e 1−∥x∥ 2
si ∥x∥ < 1
qui appartient à C ∞ (Rn ), et supp(θ) = Bf (0, 1). Par suite θ ∈ D(Rn ).
A partir de ces exemples d’éléments de D(Rn ), on peut montrer qu’en fait,
il y en a une infinité et même que l’espace D(Rn ) est de dimension infinie.
En effet, on a
Proposition 2.1. Pour tout ouvert Ω ⊂ Rn , il existe φ ∈ D(Ω) telle que
φ ̸= 0 et même que supp(φ) est une boule.
Démonstration
Soit x0 ∈ Ω (ouvert), donc il existe r > 0 tel que, B(x0 , r) ⊂ Ω. Posons
r ( )
r1 = et φ(x) = θ x−x r1
0
, on a φ est de classe C ∞ (Rn ), non nulle (puisque
2
φ(x0 ) = θ(0) = e−1 ) et supp(φ) = Bf (x0 , r1 ) ⊂ B(x0 , r) ⊂ Ω.
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Figure 2.1 – Fonction θ sur R

2.2.3 Convergence dans D


Soit Ω un ouvert de Rn , on rappelle que pour α = (α1 , α2 , · · · , αn ) ∈ Nn
un multi-indice, la quantité :

∂ |α| f ∂ α1 ∂ α2 · · · ∂ αn f
∂αf = =
∂xα1 1 ∂xα2 2 · · · ∂xαnn ∂xα1 1 ∂xα2 2 · · · ∂xαnn

est la dérivée partielle de f d’orde |α| = α1 + α2 + · · · + αn .

Définition 2.2. Soit (φj )j une suite d’éléments de D(Ω), on dit que φj
converge vers φ dans D(Ω), quand j tend vers ∞, et on note

lim φj = φ dans D(Ω),


j−→∞

si et seulement si
• Il existe un compact K ⊂ Ω tel que supp(φj ) ⊂ K, ∀j.
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• Pour tout α ∈ Nn ,
lim ∂ α φj = ∂ α φ uniformément dans D(Ω),
j−→∞

c-à-d
lim ∥∂ α φj − ∂ α φ∥∞,Ω = 0.
j−→∞

Nous avons alors les proprit́és suivantes


Propriétés 2.3. Soient (φj ) et (ψj ) deux suites de D(Ω).
• Si lim φj = φ dans D(Ω) et lim ψj = ψ dans D(Ω), alors
j−→∞ j−→∞
lim φj + ψj = φ + ψ dans D(Ω).
j−→∞
• Si lim φj = φ dans D(Ω) et λ ∈ R ou C, alors
j−→∞
lim λ φj = λ φ dans D(Ω).
j−→∞
• Si lim φj = φ dans D(Rn ) et a ∈ Rn , alors
j−→∞
lim τa φj = τa φ dans D(Rn ), où τa φ(x) = φ(x − a).
j−→∞
• Si lim φj = φ dans D(Ω) et f ∈ C ∞ (Ω), alors
j−→∞
lim f φj = f φ dans D(Ω).
j−→∞
Démonstration
(En exercice).

2.3 Distributions
2.3.1 Définitions et propriétés
Soit Ω un ouvert de Rn .
Définition 2.3. On appelle distribution dans Ω toute forme linéaire continue
sur D(Ω).
L’ensemble des distributions dans Ω est noté D′ (Ω) = dual de D(Ω).
Remarque 2.1. Si T ∈ D′ (Ω) on note :
T (φ) = ⟨T, φ⟩D′ ,D = ⟨T, φ⟩,
ainsi T ∈ D′ (Ω) est équivalent à T : D(Ω) → R ou C linéaire et vérifie
∀(φj )j ⊂ D(Ω) telle que lim φj = φ dans D(Ω), alors lim ⟨T, φj ⟩ = ⟨T, φ⟩.
j−→∞ j−→∞
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 19

Proposition 2.2. Une forme linéaire T sur D(Ω) est une distribution, si et
seulement si pour tout compact K de Ω, il existe CK > 0 et mK ∈ N, tels
que :

| < T, φ > | ≤ CK ∥∂ α φ∥∞ , ∀ φ ∈ DK (Ω) = {φ ∈ D(Ω)/supp(φ) ⊂ K}.
|α|≤mK
(2.1)

Démonstration
(Voir exercice 2.3).

Remarque 2.2. Lorsque mK peut être choisi indépendemment de K dans


l’équation (4.9), c-à-d ∃ m ∈ N, tel que mK ≤ m, pour tout compact K ⊂ Ω,
on aura alors : ∑
| < T, φ > | ≤ CK ∥∂ α φ∥∞ .
|α|≤m

On dit que T est une distribution d’ordre ≤ m sur Ω.

Nous avons alors les propriétés suivantes

Proposition 2.3. Si T et S ∈ D′ (Ω) et λ un scalaire alors :


• T + S ∈ D′ (Ω).
• λ T ∈ D′ (Ω).
• T = S ⇔ < T, φ >=< S, φ >, ∀φ ∈ D(Ω).
En particulier T = 0 (distribution nulle) ⇔ < T, φ >= 0, ∀φ ∈ D(Ω).

La convergence des distributions dans D′ (Ω) est définie par :

Définition 2.4. Si (Tj )j ⊂ D′ (Ω) et T ∈ D′ (Ω), alors

lim Tj = T dans D′ (Ω) ⇔ lim ⟨Tj , φ⟩ = ⟨T, φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω).


j−→∞ j−→∞

Nous allons maintenant donner quelques exemples de distributions

2.3.2 Exemple fondamental de distributions


On peut toujours définir une distribution à l’aide d’une fonction intégrable
comme suit
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 20

Proposition 2.4. Soit f ∈ L1loc (Ω), alors


Tf : D(Ω) −→ ∫ C
φ 7−→ f φ dx

est une distribution dans Ω.


Démonstration
Soit φ ∈ D(Ω), on peut écrire f φ = f φ χK , avec supp(φ) = K compact de
Ω. Donc
|f φ| = |f φ χK | ≤ M |f χK |
où M = ∥φ∥∞ . Par hypothèse, on a f χK ∈ L1 (Ω), donc f φ ∈ L1 (Ω) et par
suite Tf est bien définie.
De plus, on a Tf est linéaire par linéarité de l’intégrale. Montrons que Tf
est continue sur D(Ω), comme Tf est linéaire, il suffit de vérifier qu’elle est
continue en 0. Soit (φj )j ⊂ D(Ω) telle que lim φj = 0 dans D(Ω), alors il
j−→0
existe un compact K, tel que supp(φj ) ⊂ K, ∀j, ainsi on a

⟨T, φj ⟩ = | f φj dx|
∫ Ω
≤ |f | |φj | dx
K ∫
≤ ∥φj ∥∞ |f | dx,
K

or lim ∥φj ∥∞ = 0. Ce qui permet de conclure que lim ⟨T, φj ⟩ = 0.


j7→∞ j7→∞

Proposition 2.5. L’application linéaire


i : L1loc (Ω) −→ D′ (Ω)
f 7−→ Tf
est continue et injective.
Démonstration
Pour montrer la continuité de l’application i, on considère (fj )j une suite de
L1loc (Ω) telle que lim fj = 0 dans L1loc (Ω). Montrons que
j−→0

lim Tfj = 0 dans D′ (Ω).


j→0
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 21

Ce qui revient à montrer que lim ⟨Tfj , φ⟩ = 0, ∀φ ∈ D(Ω). Soit alors


j→∞
φ ∈ D(Ω), telle que supp(φ) = K compact ⊂ Ω, on a

|⟨Tfj , φ⟩| = | fj φ dx|
∫ Ω
≤ |fj | |φ| dx
K ∫
≤ ∥φ∥∞ |fj |dx.
K

Donc lim ⟨Tfj , φ⟩ = 0. D’où l’application i est continue.


j→∞
Montrons maintenant que i est injective, c-à-d

si i(f ) = 0 alors f = 0 p.p. dans Ω.

Ce qui revient à montrer que



si f φ dx = 0, ∀φ ∈ D(Ω) alors f = 0 p.p. dans Ω.

On va commencer par montrer que ∫f = 0 p.p. dans tout compact K ⊂ Ω.


Pour
∫ cela, il∫ suffit de prouver que K |f | dx = 0, ∀ Kcompact ⊂ Ω. Or
|f | dx = χK (signf ) f dx, où
K ω

 1 si f (x) > 0
signf (x) = −1 si f (x) < 0

0 si f (x) = 0.

Construisons alors une suite (φj )j ∈ D(Ω), telle que


∫ ∫
lim φj f dx = χK sign(f ) f dx.
j→∞ Ω Ω

En prenant φj = (χK sign(f ) ⋆ ρj ), où ⋆ est le produit de convolution et (ρj )j


est une suite régularisante qui vérifie :

1
ρj ∈ D(Ω), ρj ≥ 0, supp(ρj ) = B(0, ) et ρj dx = 1.
j Ω
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 22

On montre (voir devoir libre no 1) que


lim φj = χK sign(f ) dans Lp (Ω), pour 1 ≤ p < ∞,
j→∞

on peut alors extraire une sous-suite (φjp ) telle que


lim f φjp = f χK sign(f ) p.p. dans Ω.
p→∞

On a aussi |f (χK sign(f ) ⋆ ρjp )| ≤ |f χK | |sign(f ) ⋆ ρjp |, or



|sign(f ) ⋆ ρjp (x)| ≤ |sign(f )(x − y)| |ρjp (y)| dy
∫R n

≤ ρjp (y) dy = 1.

Donc |f (χK sign(f ) ⋆ ρjp )| ≤ |f χK | ∈ L1 (Ω). Par suite d’après le théorème


de la convergence dominée de Lebesgue, on a
∫ ∫
lim φjp f = |f | = 0.
p→∞ Ω K

∪dans K (∀ K compact ⊂ Ω).


Par conséquent f = 0 p.p.
En suite, on écrit Ω = Ωp , avec Ωp ouvert et Ωp compact. Prenons par
p∈N∗
exemple { }
1
Ωp = x ∈ R /d(x, R \ Ω) >
n n
∩ B(0, p).
p
Appliquons alors ce qui précéde à Ωp , on aura f = 0 p.p. dans Ωp , ∀p ∈ N∗
et on conclut que f = 0 p.p. dans Ω.

Remarque 2.3.
• Ce dernier résultat permet de considérer L1loc (Ω) comme un sous-espace
de D′ (Ω). Dans la pratique, on note souvent Tf par f .
• A partir de ceci, on peut considérer d’autres sous-espaces de D′ (Ω) :
C k (Ω) ⊂ L1loc (Ω) (pour tout k ∈ N),
Lp (Ω) ⊂ Lploc (Ω) ⊂ L1loc (Ω) (pour tout p ≥ 1).
• Une distribution T est dite régulière s’il existe une fonction intégrable
f , telle que T = Tf . Dans le cas échéant elle est dite singulière.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 23

2.3.3 Exemples de distributions singulières


Soit a ∈ Ω ⊂ Rn . On considère la distribution de Dirac (masse de Dirac)
définie par :
⟨δa , φ⟩ = φ(a) ∀φ ∈ D(Ω).
Il est clair que δa est une forme linéaire sur D(Ω). Elle est aussi continue, car
si (φj )j est une suite de D(Ω) telle que

lim φj = 0 dans D(Ω),


j→∞

comme |φj (a)| ≤ ∥φj ∥∞ et lim ∥φj ∥∞ = 0. Alors lim ⟨δa , φj ⟩ = 0. Donc
j→∞ j→∞
δa ∈ D′ (Ω).
Remarque 2.4.
• Pour tout compact K de Ω, on a

|⟨δa , φ⟩| ≤ ∥φ∥∞ , ∀φ ∈ DK (Ω).

Donc δa est une distribution d’ordre 0.


• Dans le cas où a = 0, on note simplement δ0 par δ.
Exercice 2.1. Montrer qu’il n’existe aucune fonction f ∈ L1loc (Ω), telle que

⟨δa , φ⟩ = f (x) φ(x) dx = φ(a) ∀φ ∈ D(Ω).

Solution :
Faisons un raisonnement par absurde, supposons qu’il existe f ∈ L1loc (Ω),
telle que ∫
⟨δa , φ⟩ = f (x) φ(x) dx = φ(a) ∀φ ∈ D(Ω). (2.2)

Notons par Ω e = Ω \ {a}. Alors on a


∫ ∫
⟨δa , φ⟩ = f (x) φ(x) dx = e
f (x) φ(x) dx = 0 ∀φ ∈ D(Ω).
Ω e

e donc f = 0 p.p. dans Ω,


D’après la proposition 2.5, on a f = 0 p.p. dans Ω,
par conséquent ∫
f (x) φ(x) dx = 0 ∀φ ∈ D(Ω).

Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 24

Ceci contredit (2.2) dès qu’il existe φ ∈ D(Ω), telle que φ(a) ̸= 0. Prenons
par exemple la fonction φ ainsi construite : comme a ∈ Ω, il existe r > 0,
tel que B(a, r) ⊂ Ω. Posons alors r1 = 2r et considérons φ(x) = θ( x−a
r1
), par
−1
suite, on a bien φ ∈ D(Ω) et φ(a) = e ̸= 0.

Nous avons d’autres exemples de distributions singulières sur R (voir


exercice 2.4) :
• l’application suivante

1 φ(x)
⟨Vp( ), φ⟩ = lim dx, φ ∈ D(R),
x ε→0 |x|≥ε x

définit une distribution sur R appelée valeur principale de x1 .


• l’application suivante
(∫ )
1 φ(x) φ(0)
⟨Pf( 2 ), φ⟩ = lim 2
dx − 2 , φ ∈ D(R),
x ε→0 |x|≥ε x ε

définit une distribution sur R appelée la partie finie de Hadamard.

2.4 Opérations sur les distributions


2.4.1 Multiplication par une fonction C ∞
Définition 2.5. Soient f ∈ C ∞ (Ω) et T ∈ D′ (Ω). Par définition f T est la
distribution donnée par :

⟨f T, φ⟩ = ⟨T, f φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω).

Exercice 2.2. Vérifier que l’on a bien f T ∈ D′ (Ω)

Remarque 2.5. 1. Notons que si T = Tg avec g ∈ L1loc (Ω), alors

f Tg = Tf g

En effet
⟨f Tg , φ⟩ = ⟨Tg , f φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω)
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 25

or

⟨Tg , f φ⟩ = g(x) f (x) φ(x) dx

= ⟨Tf g , φ⟩, ∀φ ∈ D(Ω)

donc f Tg = Tf g
2. Attention :
Le produit de deux distribution n’existe pas en générale. En effet, on
remarque que déja le produit de deux fonctions localement intégrables
n’est pas une fonction localement intégrable.
( )2
Exemple 2.2. f (x) = √ ∈ Lloc (R) mais √
1 1 1 1
= |x| ∈/ L1loc (R).
|x| |x|

2.4.2 Translation
Soit a ∈ Rn , et soit f une fonction, on définit la fonction translation τa f
par :
τa f (x) = f (x − a).
Si f est localement intégrable sur Rn alors τa f est aussi localement intégrable
(en exercice). On définit la distributions τa f par :

⟨τa f, φ⟩ = τa f (x)φ(x) dx, ∀φ ∈ D(Rn )
∫R
n

= f (x − a) φ(x) dx.
Rn

En posant X = x − a, on aura

⟨τa f, φ⟩ = f (X) φ(X + a) dX
∫R
n

= f (X) τ−a φ(X) dX


Rn
= ⟨f, τ−a φ⟩.

Maintenant d’une manière générale si T ∈ D′ (Rn ), par définition τa T est la


distribution donnée par :

⟨τa T, φ⟩ = ⟨T, τ−a φ⟩, ∀φ ∈ D(Rn ).


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 26

Exercice 2.3. Vérifier que l’on a bien τa T ∈ D′ (Rn ).


Définition 2.6. Si τa T = T , on dit que la distribution T est périodique et
le vecteur a est une période de T.
Exercice 2.4. Vérifier que τa δ = δa .
Solution : Soit φ ∈ D(Rn ), on a
⟨τa δ, φ⟩ = ⟨δ, τ−a φ⟩
= τ−a φ(0)
= φ(0 + a)
= φ(a)
= ⟨δa , φ⟩,
donc τa δ = δa .

2.4.3 Homothétie (ou changement d’échelle)


Si f ∈ L1loc (Rn ) et h ∈ R∗ , on pose fh (x) = f (h x). Alors on a bien fh est
aussi dans L1loc (Rn ) (en exercice). Soit φ ∈ D(Rn ), on a

⟨fh , φ⟩ = fh (x) φ(x) dx
∫R n

= f (h x) φ(x) dx,
Rn

si on pose X = h x alors dX = |h|n dx, donc


∫ ( )
X 1
⟨fh , φ⟩ = f (X) φ dX
Rn h |h|n
∫ ( )
1 X
= f (X) φ dX
|h| Rn
n h
1
= ⟨f, φ 1 ⟩, ∀φ ∈ D(Rn ).
|h|n h

Ceci justifie les définition suivantes


1
⟨Th , φ⟩ = ⟨T, φ 1 ⟩, ∀φ ∈ D(Rn ).
|h|n h

En particulier on a ⟨T−1 , φ⟩ = ⟨T, φ−1 ⟩, où T−1 est souvent notée Ť .


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 27

Définition 2.7.
• T est dite paire si T−1 = T
• T est dite impaire si T−1 = −T
• T est dite homogène de degré m si :

Th = hm T, pour h > 0.

Exercice 2.5. Montrer que la distribution de Dirac est paire et homogène


de degré −n (voir exercice 2.7).

2.4.4 Support d’une distribution


Soient Ω un ouvert de Rn et T ∈ D′ (Ω).

Définition 2.8.
• On dit que T est nulle dans un ouvert ω ⊂ Ω si :
⟨T, φ⟩ = 0 ∀φ ∈ D(Ω), telle que supp(φ) ⊂ ω.

• On appelle support de T , qu’on note supp(T ), le complémentaire du plus


grand ouvert où T est nulle.

Nous avons alors la caractérisation suivante :

Proposition 2.6. On a supp(T ) est un fermé de Ω et

x0 ∈ supp(T ) si et seulement si ∀ Vx0 un voisinage ouvert de x0 dans Ω, ∃ φ ∈ D(Ω)


à support dans Vx0 , telle que ⟨T, φ⟩ ̸= 0.

Démonstration
(Voir exercice 2.13).
Nous pouvons ainsi donner les exemples suivants :

Exemple 2.3. 1. supp(δa ) = {a}, ∀a ∈ Rn .

En effet, montrons tout d’abord que supp(δa ) ⊂ {a}. On a

⟨δa , φ⟩ = φ(a) = 0, ∀φ ∈ D(Rn ), et supp(φ) ⊂ Rn \ {a}.


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 28

Donc δa s’annule sur Rn \ {a}. D’où supp(δa ) ⊂ (Rn \ {a})c = {a}.


Inversement, supposons que a ∈ / supp(δa ), d’après la proposition 2.6, il
existe Va un voisinage ouvert de a, tel que

⟨δa , φ⟩ = φ(a) = 0, ∀φ ∈ D(Rn ), et supp(φ) ⊂ Va .

Or comme Va est un ouvert, il existe η > 0, tel que B(a, η) ⊂ Va .


Posons η ′ = η2 , si on prend
( )
x−a
φ(x) = θ ,
η′
on aura
φ ∈ D(Rn ) et supp(φ) ⊂ Bf (a, η ′ ) ⊂ V.
Ainsi, on a ⟨δa , φ⟩ = φ(a) = θ(0) ̸= 0, contradiction.

2. Soit f ∈ C(Ω), alors supp(Tf ) = supp(f ).

Pour montrer que supp(Tf ) ⊂ supp(f ), soit x0 ∈ / supp(f ), ceci en-


traı̂ne que x0 ∈ (supp(f )) qui est un ouvert. Donc il existe η > 0 tel
c

que B(x0 , η) ⊂ (supp(f ))c . Par suite, pour toute φ ⊂ D(Ω), telle que
supp(φ) ⊂ B(x0 , η) ⊂ (supp(f ))c , on a supp(φ) ∩ supp(f ) = ∅ et donc
∫ ∫
⟨Tf , φ⟩ = f (x)φ(x) dx = f (x) φ(x) dx = 0,
Ω supp(φ)∩supp(f )

par conséquent, x0 ∈
/ supp(Tf ).

Inversement, montrons que supp(f ) ⊂ supp(Tf ). Soit x0 ∈ supp(f ) et


supposons que x0 ∈ / supp(Tf ). Donc il existe Vx0 voisinage de x0 , tel
que
⟨Tf , φ⟩ = 0, ∀φ ∈ D(Ω), et supp(φ) ⊂ Vx0 ,
c-à-d ∫
f (x) φ(x) dx = 0, ∀φ ∈ D(Ω) et supp(φ) ⊂ Vx0 .

Donc

f (x) φ(x) dx = 0, ∀φ ∈ D(Ω), et supp(φ) ⊂ Vx0 .
Vx0
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 29

Ceci entraı̂ne, d’après la proposition 2.5, que f = 0 p.p. sur Vx0 . Or


comme f est continue sur Ω, alors f = 0 sur Vx0 . Par suite, f (x0 ) = 0
et par conséquent x0 ∈/ supp(f ), contradiction.

3. On considère la fonction de Heaviside


{
0, si x < 0
H(x) =
1, si x ≥ 0
on a

⟨TH , φ⟩ = χ[0,+∞[ φ(x) dx
R
∫ +∞
= φ(x) dx, ∀ φ ∈ D(R).
0

Montrons que supp(TH ) = [0, +∞[.

En effet, on a
∫ +∞
φ(x) dx = 0, ∀φ ∈ D(R), et supp(φ) ⊂] − ∞, 0[.
0

Donc TH s’annule sur ]−∞, 0[. D’où supp(TH ) ⊂ (]−∞, 0[)c = [0, +∞[.

Inversement, soit x0 ∈ [0, +∞[, supposons que x0 ∈/ supp(TH ). Donc il


existe ρ > 0, tel que ∀φ ∈ D(R) à support dans ]x0 − ρ, x0 + ρ[, on a
∫ +∞
⟨TH , φ⟩ = φ(x) dx = 0
0

c-à-d
∫ +∞
φ(x) dx = 0, ∀ φ ∈ D(R) et supp(φ) ⊂]x0 − ρ, x0 + ρ[.
0

Contradiction, car si on prend



( )  −1
x − x0 1−|
ρ′ |
x−x0 2

φ(x) = θ = e si |x − x0 | < ρ′
ρ′  0 si |x − x0 | ≥ ρ′
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 30

avec ρ′ = ρ2 , on aura
∫ x0 +ρ ∫ x0 +ρ′
φ(x) dx = φ(x) dx ̸= 0.
0 0

Le résultat suivant nous permet de mieux caractériser le support d’une


distribution.

Proposition 2.7. supp(T ) est le plus petit fermé vérifiant

⟨T, φ⟩ = 0, ∀φ ∈ D(Ω), avec supp(φ) ∩ supp(T ) = ∅. (2.3)

Démonstration
On a supp(T ) est un fermé par défintion. Montrons que supp(T ) sa-
tisfait (2.3). Soit φ ∈ D(Ω), telle que supp(φ) ∩ supp(T ) = ∅, donc
supp(φ) ⊂ (supp(T ))c . Or T est nulle sur (supp(T ))c . Par suite ⟨T, φ⟩ = 0.
Montrons maintenant que supp(T ) est le plus petit fermé vérifiant (2.3).
Supposons qu’il existe un autre fermé F vérifiant (2.3). Soit x0 ∈ supp(T )
montrons que x0 ∈ F (i.e. supp(T ) ⊂ F ).
x0 ∈ supp(T ) entraı̂ne que pour tout Vx0 voisinage de x0 , il existe φ ∈ D(Ω)
à support dans Vx0 , telle que ⟨T, φ⟩ ̸= 0.
Supposons que x0 ∈ / F , ceci implique que x0 ∈ F c . Donc il existe Vx0 un
voisinage de x0 , tel que Vx0 ⊂ F c . Par suite

⟨T, φ⟩ = 0, ∀φ ∈ D(Ω) telle que supp(φ) ⊂ Vx0 ⊂ F c .

Contradiction.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 31

2.4.5 Dérivation
En dimension un, par exemple, si f ∈ C 1 (R), alors f ′ ∈ C(R) ⊂ L1loc (R),
on peut écrire pour tout φ ∈ D(R)
∫ +∞
⟨Tf ′ , φ⟩ = f ′ (x) φ(x) dx
−∞
∫ +∞
= lim (f (x) φ(x)) − lim (f (x) φ(x)) − f (x) φ′ (x) dx
x→+∞ x→−∞ −∞
∫ +∞
= − f (x) φ′ (x) dx
−∞
= −⟨Tf , φ′ ⟩.

Donc ⟨Tf ′ , φ⟩ = −⟨Tf , φ′ ⟩. Ceci justifie la définiton suivante.

Définition 2.9. Soit Ω un ouvert de Rn , si T ∈ D′ (Ω) alors la j ieme dérivée


partielle (c-à-d la derivée partielle par rapport à la j ieme variable) de T est
définie par
⟨∂j T, φ⟩ = −⟨T, ∂j φ⟩ ∀φ ∈ D(Ω). (2.4)

Remarque 1. Les dérivées partielles de T , ∂j T définissent bien des distri-


butions, car si (φk )k est une suite de D(Ω) telle que lim φk = 0 dans D(Ω),
k→∞
il est clair que pour tout j ∈ {1, .., n}, lim ∂j φk = 0 dans D(Ω) et donc
k→∞

lim ⟨∂j T, φk ⟩ = − lim ⟨T, ∂j φk ⟩ = 0.


k→∞ k→∞

Une conséquence de cette définition est :

Corollaire 2.1. Toute distribution est indéfiniment dérivable.

Démonstration
En intérant la formule (2.4), on a pour k1 , k2 ∈ {1, ..., n}

⟨∂k1 ∂k2 T, φ⟩ = −⟨∂k2 T, ∂k1 φ⟩


= ⟨T, ∂k2 ∂k1 φ⟩

et donc par récurence, on a pour tout m ∈ N et k1 , ..., km ∈ {1, ..., n}

⟨∂km ∂km−1 · · · ∂k1 T, φ⟩ = (−1)m ⟨T, ∂k1 · · · ∂km φ⟩ ∀φ ∈ D(Ω), (2.5)


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 32

or comme φ est de classe C ∞ alors ∂k1 ∂k2 · · · ∂km φ ne dépend pas de l’ordre
de dérivation. Donc en regroupant les dérivées partielles par rapport à une
même variable, on peut écrire :
∂k1 ∂k2 · · · ∂km φ = ∂1α1 ∂2α2 · · · ∂nαn φ
∂ α1 ∂ α2 · · · ∂ αn φ
=
∂xα1 1 ∂xα2 2 · · · ∂xαnn
= ∂αφ
avec α1 + α2 + · · · + αn = m.
Par suite, la dérivée partielle ∂k1 ∂k2 · · · ∂km φ dépend seulement du multi-
indice α = (α1 , α2 , · · · , αn ) et s’écrit ∂ α φ, on peut écrire alors (2.5) sous la
forme
⟨∂ α T, φ⟩ = (−1)|α| ⟨T, ∂ α φ⟩ ∀α ∈ Nn , ∀φ ∈ D(Ω).
Donc on a bien que T est indéfiniment dérivable.

Nous avons alors les propriétés suivantes :


Propriétés 1. Pour T, S ∈ D′ (Ω), λ ∈ R et k ∈ {1, · · · , n}
1. ∂k (T + S) = ∂k T + ∂k S
2. ∂k (λ T ) = λ ∂k T
3. ∂k (f T ) = f ∂k T + (∂k f ) T ∀f ∈ C ∞ (Ω)
4. si f ∈ C 1 (Ω) alors ∂k Tf = T∂k f
5. l’application dérivation T −→ ∂k T est continue de D′ (Ω) dans lui
même.
Démonstration
On se limte à démontrer les propriétés 3. et 5., les autres sont faciles à prouver.
3. Soit φ ∈ D(Ω), on a
⟨∂k (f T ), φ⟩ = −⟨f T, ∂k φ⟩ = −⟨T, f ∂k φ⟩
or f ∂k φ = ∂k (f φ) − φ ∂k f , donc
⟨∂k (f T ), φ⟩ = −⟨T, ∂k (f φ) − φ ∂k f ⟩
= −⟨T, ∂k (f φ)⟩ + ⟨T, φ ∂k f ⟩
= ⟨∂k T, f φ⟩ + ⟨(∂k f ) T, φ⟩
= ⟨f ∂k T, φ⟩ + ⟨(∂k f ) T, φ⟩
= ⟨f ∂k T + (∂k f ) T, φ⟩
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 33

d’où ∂k (f T ) = (∂k f )T + f ∂k T .
5. Soit (Tj )j ⊂ D′ (Ω), telle que lim Tj = 0 dans D′ (Ω), c-à-d
j→0

lim⟨Tj , φ⟩ = 0, ∀φ ∈ D(Ω).
j→0

Or comme

⟨∂k Tj , φ⟩ = −⟨Tj , ∂k φ⟩ et ∂k φ ∈ D(Ω), ∀ φ ∈ D(Ω)

alors
lim⟨∂k Tj , φ⟩ = − lim⟨Tj , ∂k φ⟩ = 0, ∀φ ∈ D(Ω).
j→0 j→0

Nous allons maintenant donner quelques exemples de la dérivation au


sens de distribution.
Exemple 2.4. 1. Considérons la fonction de Heaviside
{
1 si x > 0
H(x) =
0 si x ≤ 0.

Calculons H ′ . Soit φ ∈ D(Ω)

⟨H ′ , φ⟩ = −⟨H, φ′ (x)⟩

= − χ]0,+∞[ (x) φ′ (x) dx
∫R+∞
= − φ′ (x) dx
0
= φ(0) = ⟨δ, φ⟩.

Donc H ′ = δ.
2. Soit f (x) = ln |x| la fonction de L1loc (R). Elle définit bien une distribu-
tion sur R (voir exercice 2.2).
Montrons que la dérivée au sens de distribution de f est donnée par
f ′ = Vp ( x1 ), où

1 φ(x)
⟨Vp ( ), φ⟩ = lim dx ∀φ ∈ D(Ω).
x ϵ→0 |x|≥ϵ x
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 34

En effet, soit φ ∈ D(Ω) avec supp(φ) = K compact ⊂] − M, M [ (avec


M > 0). On a

⟨f , φ⟩ = −⟨f, φ ⟩ = − ln |x| φ′ (x) dx.
′ ′
R

Montrons tout d’abord, en utilisant le théorème de Lebesgue, que


∫ ∫ ∫

ln |x| φ (x) dx = lim ln |x| φ dx = lim+ χ{|x|≥ϵ} (x) ln |x| φ′ (x) dx,

R ϵ→0 |x|≥ϵ ϵ→0 R

on remarque que

χ{|x|≥ϵ} (x) ln |x| φ′ (x) = χ{|x|≥ϵ} (x) ln |x| φ′ (x) χK ,

ainsi on a

|χ{|x|≥ϵ} ln(x) φ′ (x)| = |χ{|x|≥ϵ} ln(x) φ′ (x) χK |


≤ ∥φ′ ∥∞ | ln |x|| χK ∈ L1 (R).

Montrons maintenant que χ{|x|≥ϵ} ln |x| φ′ (x) converge simplement


vers ln |x| φ′ (x), ∀x0 ̸= 0. Soit x0 ∈] − M, M [\{0}, alors
∃ ϵ0 > 0 tel que |x0 | ≥ ϵ0 .
Par suite,
∀ϵ ≤ ϵ0 , on a x0 ∈ {|x| ≥ ϵ},
donc
∀ϵ ≤ ϵ0 , on a χ{|x|≥ϵ} (x0 ) = 1,
d’où

∃ ϵ0 > 0 tel que ∀ϵ ≤ ϵ0 , on a χ{|x|≥ϵ} (x0 ) ln(x0 ) φ′ (x0 ) = ln(x0 ) φ′ (x0 ),

par suite

lim χ{|x|≥ϵ} (x0 ) ln(x0 ) φ′ (x0 ) = ln(x0 ) φ′ (x0 ).


ϵ→0

Ainsi le théorème de Lebesgue permet de conclure que


∫ ∫

lim+ ln |x| φ (x) dx = ln |x| φ′ (x) dx.
ϵ→0 |x|≥ϵ R
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 35

D’autre part, en utilisant une intégration par parties, on obtient


∫ ∫ −ϵ ∫ ϵ
′ ′
ln |x| φ (x) dx = ln(−x) φ (x) dx + ln(x) φ′ (x) dx
|x|≥ϵ −M M

φ(x)
= (φ(−ϵ) − φ(ϵ)) ln(ϵ) − dx.
|x|≥ϵ x

En appliquant le théorème des accroissement finis à φ sur ] − ϵ, ϵ[, on


obtient
∃ θϵ ∈] − ϵ, ϵ[ tel que φ(ϵ) = φ(−ϵ) + 2 ϵ φ′ (θϵ ) (2.6)
Donc
(φ(−ϵ) − φ(ϵ)) ln(ϵ) = −2 ϵ φ′ (θϵ ) ln(ϵ).
En utilisant la continuité de φ′ et le fait que θϵ tend vers 0, lorsque ϵ
tend vers 0, on en déduit que

lim (φ(−ϵ) − φ(ϵ)) ln(ϵ) = lim+ −2 φ′ (θϵ ) ϵ ln(ϵ) = 0.


ϵ→0+ ϵ→0

Par suite
∫ ∫
′ φ(x)
ln |x| φ (x)dx = − lim+ dx
R ϵ→0 |x|≥ϵ x
1
= −⟨Vp ( ), φ⟩.
x
Par conséquent
1
(ln |x|)′ = Vp ( ) dans D′ (R).
x
3. Soit f une fonction de classe C 1 sur R \ {a1 , a2 } où a1 < a2 sont deux
réels donnés. On suppose que f admet des limites à droite et à gauche
de a1 et a2 . On en déduit que f ∈ L∞ ′
loc (R) ∈ Lloc (R) ⊂ D (Ω).
1
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 36

Soit φ ∈ D(Ω), on a
∫ +∞
⟨Tf′ , φ⟩ ′
= −⟨Tf , φ ⟩ = − f (x) φ′ (x) dx
−∞
∫ a1 ∫ a2 ∫ +∞
′ ′
= − f (x) φ (x) dx − f (x) φ (x) dx − f (x) φ′ (x) dx
−∞
∫ a1 a1 a2

= − [f (x)φ(x)]a−∞ 1
+ f ′ (x) , φ(x) dx − [f (x)φ(x)]aa21 +
−∞
∫ a2
f ′ (x) φ(x) dx
a1
∫ +∞
− [f (x)φ(x)]a2 +
+∞
f ′ (x) φ(x) dx +
a2
= −f (a−
1 ) φ(a1 ) − (f (a−
2 ) φ(a2 ) − f (a1 ) φ(a1 )) + f (a2 ) φ(a2 ) +
+ +
∫ +∞

f (x) φ(x) dx
−∞
= φ(a1 ) (f (a+ ) − f (a− −
1 )) + φ(a2 ) (f (a2 ) − f (a2 )) +
+
∫ +∞ 1
f ′ (x) φ(x) dx
−∞

i ) − f (ai ) le saut de f en ai , pour i = 1, 2, on
En posant σ(ai ) = f (a+
aura
∫ +∞

⟨Tf , φ⟩ = σ(a1 ) ⟨δa1 , φ⟩ + σ(a2 ) ⟨δa2 , φ⟩ + f ′ (x)φ(x)dx
−∞

= ⟨σ(a1 )δa1 + σ(a2 )δa2 + f , φ⟩.
Donc
Tf′ = Tf ′ + σ(a1 ) δa1 + σ(a2 ) δa2 .
Par exemple, dans le cas où f = χ]−1,1[ avec
{
1 si |x| < 1
χ]−1,1[ (x) =
0 si |x| ≥ 1
il est facile de voir que Tf′ = δ−1 − δ1 .
Exercice 2.6. Généraliser cette formule au cas d’un nombre quelconque
(mais fini) de sauts de f . En particulier, le cas où f est une fonction de
classe C 1 sur R \ {a1 , · · · , an } et admet des limites à droite et à gauche de
ai , pour i = 1, · · · , n.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 37

2.4.6 Primitive d’une distribution


On se limite, ici, à calculer la primitive d’une distribution dont la dérivée
au sens de distribution est nulle.

Théoréme 1. Soit I =]a, b[ un intervalle ouvert de R. Pour T ∈ D′ (Ω),


on a
T ′ = 0 si et seulement si T = C,
où C est une constante.

Démonstration
Il est facile de voir que si T = C alors T ′ = 0, puisque pour tout φ ∈ D(I),
on a
∫ b
′ ′
⟨T , φ⟩ = −⟨T, φ ⟩ = − C φ′ (x) dx
a
= C (φ(a) − φ(b)) = 0 = ⟨0, φ⟩.

Donc T ′ = 0 dans D′ (I).

Pour montrer l’implication dans l’autre sens, on considère θ ∈ D(I), tel


∫b
que a θ(x)dx = 1 et soit φ ∈ D(I), alors la fonction
(∫ b )
η(x) = φ(x) − φ(x) dx θ(x)
a

appartient à D(I), on peut supposer par la suite que supp(η) ⊂ [c, d] ⊂ I.


∫b ∫d
On a aussi a η(x) dx = c η(x) dx = 0, ce qui entraı̂ne l’existence ∫ x d’une
unique fonction ψ ∈ D(I), telle que ψ ′ = η. En effet, pour ψ(x) = a η(t) dt,
on a ψ ′ (x) = η(x). Ainsi comme η ∈ C ∞ (I), alors ψ ∈ C ∞ (I). On a aussi
supp(ψ) ⊂ [c, d] ⊂ I =]a, b[, car si x ∈
/ [c, d] c-à-d x < c ou x > d, on aura
∫ x
x < c entraı̂ne que ψ(x) = η(t) dt = 0
a
∫ c ∫ d ∫ x
x > d entraı̂ne que ψ(x) = η(t)dt + η(t)dt + η(t)dt = 0,
a c d

et par suite x ∈ / supp(ψ). L’unicité de ψ découle du fait que si on suppose


qu’il existe ψ1 et ψ2 appartenant à D(I), telles que ψ1′ = ψ2′ = η, alors ψ1 −ψ2
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 38

est une constante. Or comme ψ1 (b) − ψ2 (b) = 0, donc ψ1 = ψ2 . Par suite


(∫ b )

ψ (x) = φ(x) − φ(x) dx θ(x).
a

Soit maintenant T ∈ D′ (I) vérifiant T ′ = 0, on a


∫ b
⟨T, φ⟩ = φ(x) dx ⟨T, θ⟩ + ⟨T, ψ ′ ⟩,
a

or
⟨T, ψ ′ ⟩ = −⟨T ′ , ψ⟩ = 0,
si on pose C = ⟨T, θ⟩, on aura

⟨T, φ⟩ = C φ(x) dx
I

et donc T = C dans D′ (I).

2.4.7 Distribution à support compact


On va tout d’abord montrer l’existence de fonctions ”Plateau”.

Proposition 2.8. Pour tout K ⊂⊂ Ω et pour tout voisinage V de K, il


existe ψ ∈ D(Ω), telle que ψ = 1 sur K, supp(ψ) ⊂ V et 0 ≤ ψ ≤ 1.

On va se limiter à montrer ce résultat en dimension 1. Pour cela, on


commence par montrer le lemme suivant

Lemme 2.1. Il existe une fonction croissante θ ∈ C ∞ (R), telle que


{
0 si x ≤ 0
θ(x) =
1 si x ≥ 1.

Démonstration
On a déjà vu que la fonction
{
0 si x ≤ 0
f (x) = − x1
e si x > 0
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 39

est de classe C ∞ (R). De plus, on a supp(f ) = [0, +∞[ et 0 ≤ f (x) ≤ 1


∀x ∈ R. On définit g(x) = f (x)f (1 − x). On a g est de classe C ∞ sur R,
0 ≤ g(x) ≤ 1 ∀x ∈ R et supp(g) ⊂ [0, +∞[∩] − ∞, 1] = [0, 1]. De
plus g(x)∫̸= 0 car g(1/2) = f (1/2)f (1/2) = (e−2 )2 ̸= 0. On définit ensuite
x
G(x) = g(t) dt, on a G est de classe C ∞ (R) (car G′ (x) = g(x)). La
0
fonction θ(x) = G(x)
G(1)
est de classe C ∞ , elle est croissante (car G′ (x) = g(x) ≥ 0
et G(1) ∫≥ 0). D’autre part, comme supp(g) ⊂ [0,∫1], alors si ∫ x ≤ 0, on a
x 1 x
G(x) = g(t) dt = 0 et si x ≥ 1, on a G(x) = g(t) dt + g(t) dt =
0∫ 0 1
x
G(1), car g(t) dt = 0, par suite θ vérifie
1
{
0 si x ≤ 0
θ(x) =
1 si x ≥ 1.

Démonstration de la proposition 2.8 :

Soient a′ , b′ , a, b, c et d des réels tels que a′ < a < c < d < b < b′ (c-à-d
[c, d] ⊂ [a, b] ⊂ ]a′ , b′ [), on a la fonction ψ définie par
( ) ( )
x−a b−x
ψ(x) = θ θ
c−a b−d

est de classe C ∞ (R) et vérifie ψ = 1 sur [c, d], supp(ψ) ⊂ [a, b] ⊂ ]a′ , b′ [ et
0 ≤ ψ ≤ 1. En effet, il est clair que ψ ∈ C ∞ (R) comme produit et composée
de fonctions C ∞ (R). Soit x ∈ [c, d] c-à-d c ≤ x ≤ d, on a

x≥c entraı̂ne que x−a≥c−a


x−a
par suite ≥1
c(−a )
x−a
par conséquent θ =1
c−a
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 40

de même, on a

x≤d entraı̂ne que b−x≥b−d


b−x
par suite ≥1
b(−d )
b−x
par conséquent θ =1
b−d
donc ( ) ( )
x−a b−x
ψ(x) = θ θ = 1 sur [c, d].
c−a b−d
Il est clair que comme 0 ≤ θ ≤ 1 alors 0 ≤ ψ ≤ 1. Pour vérifier que
supp(ψ) ⊂ [a, b], soit x ∈
/ [a, b] c-à-d x < a ou x > b. On a
x−a
x<a entraı̂ne que <0
c(−a )
x−a
par suite θ =0
c−a
par conséquent ψ(x) = 0,

de même, on a
b−x
x>b entraı̂ne que <0
b(−d )
b−x
par suite θ =0
b−d
par conséquent ψ(x) = 0.

Ainsi, on a supp(ψ) ⊂ [a, b] ⊂]a′ , b′ [.

Dans la suite, nous allons montrer que les distributions à supports compacts
sont les formes linéraires continues sur C ∞ et inversement.
Remarque 2. 1. Soit Ω un ouvert de Rn . Si T est une distribution à
support compact dans Ω. On peut définir T sur C ∞ (Ω) de la manière
suivante, pour tout φ ∈ C ∞ (Ω), on a

⟨T, φ⟩ ≡ ⟨T, φ ψ⟩,

où ψ ∈ D(Ω) est une fonction plateau qui vérifie ψ = 1 sur V un


voisignage de supp(T ).
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 41

On a T est bien définie sur C ∞ (Ω) (puisque φ ψ ∈ D(Ω)) et elle est


indépendante du choix de ψ. En effet, si ψ1 est une fonction qui vérifie
les mêmes propriétés que ψ (c-à-d ψ1 ∈ D(Ω) et ψ1 = 1 sur V le
voisinage de supp(T ) ) a-t-on

⟨T, φ ψ⟩ = ⟨T, φ ψ1 ⟩

On a
⟨T, φ ψ⟩ − ⟨T, φ ψ1 ⟩ = ⟨T, φ ψ − φ ψ1 ⟩
or, on a ψ − ψ1 = 0 sur V ⊃ supp(T ), donc

supp(ψ − ψ1 ) ⊂ V c ⊂ (supp(T ))c ,

d’où
supp(φ (ψ − ψ1 )) ⊂ supp(ψ − ψ1 ) ⊂ (supp(T ))c ,
alors
supp(φ (ψ − ψ1 )) ∩ supp(T ) = ∅,
ainsi par définition, on a

⟨T, φ(ψ − ψ1 )⟩ = 0,

par suite
⟨T, φψ⟩ = ⟨T, φψ1 ⟩.
2. Ona l’application T est linéaire sur C ∞ (Ω) par linéarité de T sur D(Ω).
Il reste à vérifier la continuité de T sur ξ(Ω) ≡ C ∞ (Ω). En effet, soit
(φk )k une suite de ξ(Ω) telle que lim φk = 0 dans C ∞ (Ω)
k→0
i.e. pour tout α ∈ Nn et K compact de Ω, on a

lim ∥∂ α φk ∥∞,K = 0,
k→0

Ce qui entraı̂ne que lim φk ψ = 0 dans D(Ω) (en exercice), alors


k→0
puisque T ∈ D′ (Ω), on a

lim ⟨T, φk ⟩ = lim ⟨T, ψφk ⟩ = 0.


k→0 k→0

Lemme 2.2. Si T ∈ ξ ′ (Ω) (l’espace des formes linéaires continues sur


C ∞ (Ω)), alors T ∈ D′ (Ω) et supp(T ) est compact.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 42

Démonstration
Il est clair que si T est forme linéaire continue sur ξ(Ω) ≡ C ∞ (Ω), alors elle
l’est aussi sur D(Ω). En effet, puisque T est linéaire sur C ∞ (Ω) ⊃ D(Ω), alors
elle est linéaire sur D(Ω) et si (φk ) est une suite de D(Ω), telle que

lim φk = 0 dans D(Ω),


k→∞

alors
lim φk = 0 dans C ∞ (Ω), (en exercice)
k→∞

par suite
lim ⟨T, φk ⟩ = 0.
k→∞

Montrons maintenant que T est à support compact. Comme T est continue


sur ξ(Ω), donc, par définition, il existe K compact de Ω, une constante c > 0
et m ∈ N, tels que

|⟨T, φ⟩| ≤ c sup sup |∂ α φ(x)|, ∀φ ∈ ξ(Ω),


|α|≤m x∈K

par suite
|⟨T, φ⟩| ≤ c sup sup |∂ α φ(x)|, ∀φ ∈ D(Ω),
|α|≤m x∈K

or on a ⟨T, φ⟩ = 0 si φ est nulle au voisinage de K, donc

⟨T, φ⟩ = 0 si supp(φ) ⊂ K c ,

alors
⟨T, φ⟩ = 0 si supp(φ) ∩ K = ∅,
or supp(T ) est le plus petit fremé qui vérifie cette propriété, alors
supp(T ) ⊂ K, par suite supp(T ) est compact.

Conclusion 2.1. L’espace des formes linéaire continues sur ξ(Ω) = C ∞ (Ω)
coı̈ncident avec l’espace des distributions à supports compacts.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 43

2.4.8 Convolution des distributions


Convolution de deux fonctions
Nous allons rappeler quelques résultats sur la convolution de fonctions
(pour plus de détails voir le cours d’intégration).

Définition 2.10. On appelle produit de convolution des fonctions


f, g ∈ L1 (Rn ), la fonction définie par l’intégrale suivante (lorsqu’elle
existe) :
∫ ∫
f ∗ g(x) = f (y) g(x − y) dy = f (x − y)g(y) dy.
Rn Rn

La convolution est clairement bilinéaire et commutative.

Propriétés 2.4. 1. si f ∈ L1 (Rn ) et g ∈ Lp (Rn ) (1 ≤ p < ∞), alors

f ∗ g ∈ Lp (Rn )

et
∥f ∗ g∥Lp ≤ ∥f ∥L1 ∥g∥Lp .
2. si f ∈ Lp (R
( ) et g ) ∈ L (R )
n q n
où q est le conjugué de
p ∈ [1, +∞[ p1 + 1q = 1 , alors

f ∗ g ∈ L∞ (Rn ).

et
∥f ∗ g∥L∞ ≤ ∥f ∥Lp ∥g∥Lq .
3. Soient f, g ∈ L1 (Rn ), alors

supp(f ∗ g) ⊂ supp(f ) + supp(g),

de plus, supp(f )+supp(g) est fermé si supp(f ) ou supp(g) est compact.


4. si f ∈ L1loc (Rn ) et g ∈ D(Rn ), alors f ∗ g est de classe C ∞ sur Rn et
on a
∂ α (f ∗ g) = f ∗ ∂ α g, ∀α ∈ Nn .
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 44

Démonstration

1. Soient f ∈ L1 (Rn ) et g ∈ Lp (Rn ), on a



|f ∗ g(x)| = f (x − y) g(y) dy
Rn

Donc (∫ )p
|f ∗ g(x)| ≤ p
|f (x − y)| |g(y)| dy .
Rn
( )
p 1 1
Pour q = p−1
i.e. p
+ q
= 1 , on a
(∫ )p
1 1
|f ∗ g(x)| ≤ p
|f (x − y)| |f (x − y)| |g(y)| dy
q p .
Rn

D’après l’inégalité de Hölder, on a


(∫ ) pq (∫ )
|f ∗ g(x)| ≤
p
|f (x − y)| dy |f (x − y)| |g(y)| dy .
p
Rn Rn

Par suite, en appliquant le théorème de Fubini, on aura


∫ p
∫ (∫ )
|f ∗ g(x)| dx ≤ ∥f ∥L1
p q
|f (x − y)| |g(y)| dy dx
p
Rn Rn Rn
p
∫ (∫ )
≤ ∥f ∥L1 q
|g(y)|p
|f (x − y)| dx dy
Rn Rn
p

≤ ∥f ∥L1 ∥f ∥L1 ∥g∥pLp


q

p
+1
≤ ∥f ∥Lq 1 ∥g∥pLp .

Ce qui permet de conclure que

∥f ∗ g∥Lp ≤ ∥f ∥L1 ∥g∥Lp .

2. Soient f ∈ Lp (Rn ) et g ∈ Lq (Rn ), on a



|f ∗ g(x)| = |f (x − y)| |g(y)| dy.
Rn
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 45

En appliquant l’inégalité de Hölder, on aura


(∫ ) p1 (∫ ) 1q
|f ∗ g(x)| ≤ |f (x − y)| dy
p
|g(y)| dy
q
Rn Rn
≤ ∥f ∥Lp ∥g∥Lq , ∀ x ∈ Rn .

Donc
∥f ∗ g∥L∞ ≤ ∥f ∥Lp ∥g∥Lq .
3. Soit f, g ∈ L1 (Rn ). Montrons que supp(f ∗ g) ⊂ supp(f ) + supp(g).
Soit x ∈/ supp(f ) + supp(g), ce qui entraı̂ne que x ∈/ supp(f ) + supp(g).
Donc (x − supp(f )) ∩ supp(g) = ∅. Par suite

f ∗ g(x) = f (x − y) g(y) dy
Rn

= f (x − y) g(y) dy
(x−supp(f ))∩supp(g)
= 0.

D’où x ∈
/ supp(f ∗ g).
Montrons que supp(f ) + supp(g) est fermé si supp(f ) ou supp(g) est
compact. Soit (Xk )k une suite de supp(f ) + supp(g), avec Xk = xk + yk ,
xk ∈ supp(f ) et yk ∈ supp(g), telle que

lim Xk = X.
k→∞

Montrons que X ∈ supp(f ) + supp(g). Supposons par exemple que


supp(g) est compact, donc il existe une sous-suite (ykj )j ⊂ supp(g),
telle que
lim ykj = y ∈ supp(g),
j→∞

donc
lim xkj = lim (Xkj − ykj ) = X − y,
j→∞ j→∞

or comme xkj ⊂ supp(f ) fremé, donc X − y ∈ supp(f ), d’où


X = (X − y) + y ∈ supp(f ) + supp(g). Par suite supp(f ) + supp(g) est
fermé.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 46

4. Soient f ∈ L1loc (Rn ) et g ∈ D(Rn ). Montrons que f ∗ g ∈ C ∞ (Rn ) et que

∂ α (f ∗ g) = f ∗ ∂ α g, ∀α ∈ Nn .

Soient m ∈ N, x0 ∈ Rn et L un voisinage compact de x0 et posons


K = supp(g). Montrons que f ∗ g est de classe C m au voisinage L de
x0 . On a

f ∗ g(x) = f (y) g(x − y) dy
∫R n

= f (y) g(x − y) χL−K (y) dy


Rn

Pour tout x ∈ L et y ∈ Rn , on pose

F (x, y) = f (y) g(x − y) χL−K (y),

on a Fy (x) ≡ F (x, y) est de classe C m sur L, pour tout y fixé dans Rn .


De plus pour tout α ∈ Nn , tel que |α| ≤ m, on a

|∂xα F (x, y)| ≤ |f (y)∂xα g(x−y)χL−K (y)| ≤ ∥∂ α g∥∞ |χL−K (y)f (y)|, ∀y ∈ Rn .

Or comme L − K est compact puisqu’il est l’image de (L, K) par l’ap-


plication soustraction (fonction continue), alors

∥∂ α g∥∞ |χL−K f | ∈ L1 (Rn ).

Donc, en appliquant le résultat donnant la régularité d’une intégrale


dépendant d’un paramètre, on aura f ∗ g est de classe C m au voisinage
de x0 , pour tout x0 ∈ Rn et pour tout m ∈ N. Par suite f ∗g ∈ C ∞ (Rn ).
De plus ∀α ∈ Nn , on a

∂ (f ∗ g)(x) =
α
f (y)∂ α g(x − y) dy
Rn
= f ∗ ∂ α g(x)
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 47

Convolution d’une distribution et d’une fonction


Nous allons maintenant définir le produit de convolution d’une distribu-
tion et d’une fonction.
Définition 2.11. si T ∈ D′ (Rn ) et φ ∈ D(Rn ) ou si T ∈ ξ ′ (Rn ) et
φ ∈ C ∞ (Rn ), alors la convolution T ∗ φ est définie comme étant la fonction

T ∗ φ(x) = ⟨T, τx φ̌⟩


= ⟨T (y), φ(x − y)⟩

où φ̌(y) = φ(−y)


Il est clair que T ∗ φ est bien définie comme fonction dans Rn .
Proposition 2.9. Si T ∈ D′ (Rn ) et φ ∈ D(Rn ) ou si T ∈ ξ ′ (Rn ) et
φ ∈ C ∞ (Rn ), alors T ∗ φ ∈ C ∞ (Rn ). De plus,

∂ α (T ∗ φ) = T ∗ ∂ α φ = ∂ α T ∗ φ.

supp(T ∗ φ) ⊂ supp(T ) + supp(φ) = supp(T ) + supp(φ).


Démonstration
Pour une idée de la démonstration. On considère la fonction

F (x) = T ∗ φ(x) = ⟨T (y), φ(x − y)⟩.

Il faut commencer par montrer la continuité de F , pour cela, il suffit de


considérer une suite (ak )k et a ∈ Rn , tels que

lim ak = a dans Rn ,
k→∞

et de montrer que
lim |F (ak ) − F (a)| = 0.
k→∞

En suite, pour montrer que F est C 1 sur Rn . Si on note par {e1 , e2 , · · · , en }


la base canonique de Rn et on prend h ∈ R, il suffit de montrer que
F (a + h ei ) − F (a)
lim = ⟨T, ∂i φ/a ⟩
h→0 h
c-à-d
∂i (T ∗ φ)(a) = T ∗ ∂i φ(a),
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 48

puis on peut montrer que ces dérivées partielles sont continues de la même
manière que pour la continuité de F . On conclut ensuite par récurrence.

Dans la suite, nous allons donner la défintion d’une suite régularisante et


des résultats de densité qui en découlent.
Définition 2.12. On appelle suite régularisante toute suite (ρk )k , telle que
pour tout k ∈ N, on ait ρk (x) = k n ρ(kx), où
1. ρ ∈ D(Rn )
2. supp(ρ) ⊂ Bf (0, 1)

3. ρ(x) dx = 1
Rn
4. ρ ≥ 0.
Proposition 2.10. Soit (ρk )k une suite régularisante et T ∈ D′ (Rn ), alors
lim T ∗ ρk = T dans D′ (Rn ).
k→∞

En particulier C ∞ (Rn ) est dense dans D′ (Rn ).


Démonstration
(voir devoir libre no 1).
Corollaire 2.2. D(Rn ) est dense dans D′ (Rn ).
Démonstration
Soit T ∈ D′ (Rn ), d’après la proposition précédente, il existe une suite de
fonctions (fk )k ⊂ C ∞ (Rn ), telle que
lim fk = T dans D′ (Rn ).
k→+∞

Soit ψ ∈ D(Rn ) une fonction plateau, telle que ψ = 1 sur Bf (0, 1). Prenons
ψk (x) = ψ( xk ), ∀k ≥ 1. Montrons que
lim ψk fk = T dans D′ (Rn ).
k→∞

Soit φ ∈ D(Rn ), on a

⟨ψk fk , φ⟩ = ψk fk φ dx
∫R ∫
n

= fk φ dx + fk (ψk − 1) φ dx
Rn Rn
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 49

Le dernier terme est nul pour k assez grand. Donc le résultat est obtenu par
passage à la limite, quand k tend vers ∞.

Convolution de deux distributions


Définition 2.13. Soit S, T ∈ D′ (Rn ), on définit la distribution T ∗ S comme
étant la distribution dans Rn (lorsqu’elle existe)

⟨S ∗ T, φ⟩ = ⟨S, Ť ∗ φ⟩, ∀φ ∈ D(Rn )

où Ť = T−1 .
Définition équivalente

⟨S ∗ T, φ⟩ = ⟨S(y), Ť ∗ φ(y)⟩
= ⟨S(y), ⟨Ť (x), φ(y − x)⟩⟩
= ⟨S(y), ⟨T (y), φ(y + x)⟩⟩

Remarque 2.6. Un cas où le produit de convolution existe : Si l’une des


deux distributions est à support compact si, par exemple, T ∈ ξ ′ (Rn ), on a
aussi Ť ∈ ξ ′ (Rn ), donc Ť ∗ φ ∈ D(Rn ), d’où S ∗ T est bien définie.

Nous allons donner quelques propriétés du produit de convolution.

Proposition 2.11. Soient S et T ∈ D′ (Rn ) telles que l’une au moins est à


support compact.
1. T ∗ S = S ∗ T (commutativité).
2. Si λ1 , λ2 ∈ C, alors S ∗(λ1 T1 +λ2 T2 ) = λ1 S ∗T1 +λ2 S ∗T2 (bilinéarité).
3. supp(T ∗ S) ⊂ supp(T ) + supp(S).
4. si S, T ∈ L1loc (Rn ) et si S ∗T existe dans D′ (Rn ), alors S ∗T ∈ L1loc (Rn ),
de plus ∫
S ∗ T (x) = S(x − y)T (y) dy
Rn

5. T ∗ δ = δ ∗ T = T . Autrement dit , δ est l’élément neutre pour le produit


de convolution. Plus généralement, on a

T ∗ δa = δa ∗ T = τa T, ∀a ∈ Rn .
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 50

6. ∂ α (S ∗ T ) = ∂ α S ∗ T = S ∗ ∂ α T . En particulier, on a
∂ α (δ ∗ T ) = δ ∗ ∂ α T = ∂ α T.

7. τa (S ∗ T ) = τa S ∗ T = S ∗ τa T, ∀a ∈ Rn
8. Continuité : si (Tj )j est une suite de D′ (Rn ), telle que
lim Tj = T dans D′ (Rn ),
j→∞

alors
lim S ∗ Tj = S ∗ T dans D′ (Rn ),
j→∞

sous l’une des conditions suivantes :


• supp(S) est compact
• Il existe un compact K ⊂ Rn tel que supp(Tj ) ⊂ K, ∀j
9. Le produit de convolution est associatif si toutes les distributions sauf
au plus une sont à support compact (au moins deux sont à supports
compacts). L’exemple suivant montre que ces conditions sont optimales
sur R.
(1 ∗ δ ′ ) ∗ H = (0 ∗ δ) ∗ H = 0 ∗ H = 0
1 ∗ (δ ′ ∗ H) = 1 ∗ (δ ∗ H ′ ) = 1(δ ∗ δ) = 1 ∗ δ = 1

2.4.9 Equation de convolution


On appelle équation de convolution toute équation de la forme :
A∗U =B (EC)
où A et B sont deux distribution données et U est l’inconnue. Si on travaille
dans l’espace ξ ′ (Rn ), résoudre (EC) revient à trouver l’inverse A−1 de A (si
elle existe) pour le produit de convolution, telle que :
A−1 ∗ A = A ∗ A−1 = δ.
On a A−1 , lorsqu’il existe, est unique. En effet, s’il existe A1 qui vérifie aussi
A1 ∗ A = δ, alors
A1 = A1 ∗ δ = A1 ∗ (A ∗ A−1 )
= (A1 ∗ A) ∗ A−1
= δ ∗ A−1 = A−1 .
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 51

Un exemple important : Une équation aux dérivées partielles linéaire d’ordre


m, ∑
aα ∂ α U = B (EDP ),
|α|≤m

dont les coefficients aα sont constants, est une équation de convolution. En


effet, on sait que ∂ α U = ∂ α (δ ∗ U ) = ∂ α δ ∗ U, donc l’équation aux dérivées
partielles est équivalente à

aα ∂ α δ ∗ U = B.
|α|≤m


Si on note A = aα ∂ α δ, on aura A ∗ U = B.
|α|≤m
Autre exemple : Quand A et B sont dans L1loc (R) et que l’on veut résoudre
(EC) dans L1loc (R). L’équation (EC) s’écrit

A(x − y)U (y) = B(x),
R

c’est ce qu’on appelle équation intégrale.

2.5 Exercices
Exercice 2.1 Soit φ ∈ D(R), dire si les suites de fonctions suivantes
convergent dans D(R) :
1 1 x
Φk (x) =
φ(x), Ψk (x) = φ( ).
k k k
Exercice 2.2 Montrer que les applications suivantes définissent des distri-
butions sur R :
∫ 1
1. T1 : φ −→ φ(x) dx
0

2. T2 : φ −→ (ln |x|) φ(x) dx
R


3. T3 : φ −→ φ(k] (k)
k=0
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 52

Exercice 2.3 Soit Ω un ouvert de Rn . Pour tout compact K ⊂ Ω, on note


DK (Ω) = {φ ∈ D(Ω) / suppφ ⊂ K}. Montrer qu’une forme linéaire T sur
D(Ω) est une distribution si et seulement si
{
Pour tout compact K∑⊂ Ω, ∃ CK > 0, ∃ mK ∈ N, tels que
| < T, φ > | ≤ CK sup |∂ α φ(x)|, ∀φ ∈ DK (Ω) (2.7)
|α|≤mK K

Indication : Pour montrer qu’une distribution T vérifie (4.9), on raisonnera


par absurde et on utilisera une suite (φj )j de D(Ω) qui vérifie

|⟨T, φj ⟩| ≥ j sup |∂ α φj (x)|.
K
|α|≤j

Exercice 2.4
1. Soient φ ∈ D(R) et M > 0 tels que supp(φ) ⊂ [−M, M ]. Pour tout
n ∈ N, on pose
 ( )

 1 ∑n
xj (j)
xn+1
φ(x) − j!
φ (0) pour x ̸= 0
ψn (x) = (2.8)

 1 φ(n+1) (0)
j=0

(n+1)!
pour x = 0

Montrer que la fonction ψn est continue sur R et qu’il existe une


constante C positive telle que

sup |ψn (x)| ≤ C sup |φ(n+1) (x)|


x∈[−M,M ] x∈[−M,M ]

2. Montrer que les applications suivantes définissent des distributions :



φ(x)
(a) ⟨Vp( x ), φ⟩ = lim
1
dx, φ ∈ D(R),
ε→0 |x|≥ε x
(∫ )
φ(x) φ(0)
(b) ⟨Pf( x2 ), φ⟩ = lim
1
2
dx − 2 , φ ∈ D(R).
ε→0 |x|≥ε x ε
Exercice 2.5 Soit Ω un ouvert de Rn . On admet que D(Ω) est dense dans
L2 (Ω).
1. Soit f ∈ L2 (Ω), on suppose que la distribution Tf associée à f est nulle.
Montrer que f est nulle presque partout sur Ω.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 53

2. Soit T une forme linéaire sur D(Ω) vérifiant l’inégalité

|⟨T, φ⟩| ≤ C ∥φ∥L2 (Ω) , ∀φ ∈ D(Ω)

où C est une constante indépendante de φ.


(a) Montrer que T ∈ D′ (Ω).
(b) Montrer qu’il existe f ∈ L2 (Ω) telle que T = Tf .

Exercice 2.6 Montrer qu’il n’existe pas de distribution T ∈ D′ (R), telle


que ∫
1
⟨T, φ⟩ = e x2 φ(x) dx ∀φ ∈ D(R \ {0}).
R

Indication : Construire une suite (φn )n d’éléments de D(R) à support dans


[ n1 , n2 ] tendant vers 0 dans D(R), mais ⟨T, φn ⟩ tend vers ∞.
Exercice 2.7 Montrer que la distribution de Dirac δ dans Rn est paire et
homogène de degré −n.
Exercice 2.8 {
0 |x| ≥ 1
n
1. Soit fn la suite de fonction définie par fn (x) =
n2 |x| < 1
n
(a) Montrer que, pour tout x ̸= 0, fn (x) converge vers 0.
(b) Montrer que fn ne converge pas dans D′ (R).
{
0 |x| ≥ 1
n
2. Soit gn la suite de fonction définie par gn (x) = n
2
|x| < 1
n
(a) Montrer que, pour tout x ̸= 0, gn (x) converge vers 0.
(b) Montrer que gn converge dans D′ (R) et calculer sa limite.

Exercice 2.9 Pour ε et θ deux réels strictement positifs, on définit :


1 ε
φε : R −→ R, x 7−→ φε (x) =
π x + ε2
2
x
ψθ : R −→ R, x −
7 → ψθ (x) = 2
x + θ2
1. Montrer que Tφε converge vers δ, lorsque ε tend vers 0. En déduire une
suite de fonctions dont δ ′ est la limite.
2. Montrer que Tψθ converge vers Vp( x1 ), lorsque θ tend vers 0.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 54

1
Exercice 2.10 Calculer dans D′ (R) : lim , pour ε > 0.
ε→0 x ± iε
Exercice 2.11
1. Calculer dans D′ (R) la dérivée de Vp( x1 ).
2. Calculer dans D′ (] − π, π[), la dérivée de
{
cos x si 0 < x < π
f (x) =
− cos x si − π < x < 0

3. Calculer dans D′ (R) la dérivée de la fonction [x], la partie entière de x.

Exercice 2.12
1. Calculer f δ (k) où k ∈ N et f ∈ C ∞ (R).
2. En déduire la valeur de eαx δ (k) , ∀α ∈ R∗ .

Exercice 2.13 Soient Ω un ouvert de Rn et T ∈ D′ (Ω). Montrer que :


x0 ∈ supp T , si et seulement si, pour tout voisinage V de x0 , il existe
φ ∈ D(Ω), à support dans V , telle que ⟨T, φ⟩ ̸= 0.
Exercice 2.14 Soit T l’application de D(R2 ) dans C définie par

⟨T, φ⟩ = φ(x, −x) dx.
R

1. Montrer que T est une distribution (d’ordre 0) dans R2 .


2. Déterminer le support de T . Montrer que T n’est pas définie par une
fonction continue sur R2 .
3. Calculer ∂T
∂x
− ∂T
∂y
au sens des distributions.

Exercice 2.15 Soient α ∈ Nn , a ∈ Rn , et T, U ∈ D′ (Rn ). Calculer :

δ ∗ T; ∂αδ ∗ T ; δa ∗ T ; τa (T ∗ U ); Ť ∗ Ǔ

Exercice 2.16

1. Montrer que (δ ′ )−1 = H, où (δ ′ )−1 est l’inverse de δ ′ pour le produit de


convolution et H est la fonction de Heaviside.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 55


2. On définit D+ (R) = {T ∈ D′ (R) / supp(T ) ⊂ [0, +∞[}. Soit S ∈
′ ′
D+ (R), déterminer T ∈ D+ (R), tel que T ′ = S.

Exercice 2.17 On considère dans D+ (R) l’équation

(E) T ′ (x) − a T (x) = H(x) e−x

où H est la fonction de Heaviside et a ∈ R.


1. Ecrire l’équation (E) sous la forme d’un produit de convolution.
2. Déterminer l’inverse de δ ′ − a δ dans D+

(R).
3. En déduire la solution de (E).

2.5.1 Devoir libre no 1


Exercice 1. On cherche à déterminer toutes les distribution T dans R qui
vérifient x T = 0, puis toutes celles vérifiant x T = 1.
1. Soit T = λδ, où λ ∈ C et δ est la distribution de Dirac en 0. Montrer
que x T = 0.
2. Réciproquement, soit T ∈ D′ (R) telle que x T = 0.
(a) Montrer que supp(T ) ⊂ {0}.
(b) Montrer que f T = T , pour toute fonction f ∈ C ∞ (R) telle que
f = 1 au voisinage de 0.
(c) Soit φ une fonction quelconque dans D(R). Montrer que l’on peut
écrire
φ(x) = φ(0) + x ψ(x)
où ψ est une fonction dans C ∞ (R).
(d) Soit χ ∈ D(R), telle que χ = 1 au voisinage de 0. Montrer que

⟨T, φ⟩ = ⟨T, χ⟩ φ(0).

(e) Conclure
3. Montrer que x Vp( x1 ) = 1.
4. Déterminer toutes les distributions T dans R, telles que x T = 1.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 56

Exercice 2. Soit ρ ∈ D(Rn ) une fonction positive, telle que



supp(ρ) ⊂ B(0, 1) et ρ(x) dx = 1.
Rn

Pour tout k ∈ N∗ , on définit la suite de fonctions (ρk )k par

ρk (x) = k n ρ(kx).

Pour u ∈ D′ (Rn ), on pose uk = u ∗ ρk . Montrer que lorsque k tend vers ∞.


1. uk converge vers u dans D′ (Rn ).
2. Si u ∈ Cc (Rn ) l’espace des fonctions continues à support compact dans
Rn , alors uk converge uniformément vers u.
3. Si u ∈ Lp (Rn ), pour 1 ≤ p < +∞, alors uk converge vers u dans Lp (Rn ).
Indication : on pourra utiliser le résultat, pour tout f ∈ Lp (Rn ), on a
∀ ϵ > 0, ∃ η > 0, tel que

∀ h ∈ Rn , |h| < η ⇒ ∥τh (f ) − f ∥Lp (Rn ) ≤ ϵ.


Chapitre 3

Transformation de Fourier et
distributions tempérées

3.1 Introduction
La transformation de Fourier est un outil fondamental d’analyse
mathématique. Elle est utilisée dans divers domaines, à savoir l’étude des
équations aux dérivées partielles, le traitement des signaux, l’automatique,
etc. Elle permet d’écrire une fonction intégrable comme une superposition de
fonctions exponentielles complexes.
On va commencer par définir tout d’abord cette transformation pour des
fonction de L1 (Rn ).

3.2 Transformation de Fourier dans L1(Rn)


Définition 3.1. Soit f ∈ L1 (Rn ), on appelle transformation de Fourier de
f , la fonction notée fb ou Ff définie par :

b
f (x) = Ff (x) = e−iξx f (ξ) dξ,
Rn

où ξx désigne le produit scalaire dans Rn .

Il est clair que fb est bien définie, quand f ∈ L1 (Rn ). De plus, on a le


résultat suivant :

57
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 58

Proposition 3.1.

1. Si f ∈ L1 (Rn ), alors fb est continue, bornée et tend vers 0 à l’infini.


2. F est une application linéaire de L1 (Rn ) dans C0 (Rn ) où

C0 (Rn ) = {f continue et de limite nulle à l’infini },

plus précisément, on a

fb ≤ ∥f ∥L1 (Rn ) ∀f ∈ L1 (Rn ).


L∞ (Rn )

3. Si f, g ∈ L1 (Rn ), ona f gb, fbg ∈ L1 (Rn ) et


∫ ∫
f (x) gb(x) dx = fb(ξ) g(ξ) dξ (Formule de Parseval-Plancherel).
Rn Rn

Démonstration

1. Soit f ∈ L1 (Rn ), montrons que fb est continue. Pour cela, soit (ξj )j une
suite de Rn , telle que

lim ξj = ξ dans Rn ,
j→∞

il suffit de montrer que

lim fb(ξj ) = fb(ξ).


j→∞

On a
lim e−ixξj = e−ixξ ∀x ∈ Rn .
j→∞

Donc
lim e−ixξj f (x) = e−ixξ f (x) ∀x ∈ Rn .
j→∞

D’autre part, on a

|f (x)e−ixξj | ≤ |f (x)| ∈ L1 (Rn ).


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 59

En appliquant le théorème de la convergence dominée de Lebesgue, on


obtient

lim fb(ξj ) = lim e−ixξj f (x) dx
j→∞ j→+∞
∫R
n

= e−ixξ f (x) dx
Rn
= fb(ξ).

Pour montrer que fb est bornée, soit ξ ∈ Rn , on a


∫ ∫
b
|f (ξ)| = | e −ixξ
f (x) dx| ≤ |e−ixξ | |f (x)| dx
∫ R Rn
n

≤ |f (x)| dx = ∥f ∥L1 .
Rn

Donc
|fb(ξ)| ≤ ∥f ∥L1 ∀ξ ∈ Rn .
Par suite
fb ≤ ∥f ∥L1 .

Il reste à montrer que
lim fb(ξ) = 0,
ξ→∞

en admettant le résultat de densité D(Rn ) = L1 (Rn ). Soit φ ∈ D(Rn ),


on commence par montrer que

b = 0.
lim φ(ξ)
ξ→∞

Pour cela, on va utiliser une intégration par parties, notons alors par
x = (x′ , xn ) et ξ = (ξ ′ , ξn ) avec x′ = (x1 , · · · , xn−1 ) et
ξ ′ = (ξ1 , · · · , ξn−1 ). On a
∫ [ −iξn xn ]+∞ ∫ −iξn xn
−iξn xn e ′ e ∂φ
e φ(x) dxn = φ(x , xn )) − (x) dxn ,
R −iξn −∞ R −iξn ∂xn

or comme φ ∈ D(Rn ), alors


[ −iξn xn ]+∞
e ′
φ(x , xn ) = 0.
−iξn −∞
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 60

Donc ∫ ∫
−iξn xn eiξn xn ∂φ
e φ(x)dxn = (x)dxn .
R R iξn ∂xn
D’où
∫ (∫ ) ∫ (∫ )
−iξ ′ x′ −iξn xn ′ −iξ ′ x′ e−iξn xn ∂φ
e e φ(x) dxn dx = e (x) dxn dx′ .
Rn−1 R Rn−1 R iξn ∂xn
En appliquant le théorème de Fubini, on aura
∫ ∫
−iξx e−iξx ∂φ
b =
φ(ξ) e φ(x) dx = (x) dx.
Rn Rn iξn ∂xn
Donc
1 ∂φ
|φ(ξ)|
b ≤ .
|ξn | ∂xn L1 (Rn )

Or comme |ξn | −→ +∞ entraı̂ne que ∥ξ∥ −→ +∞, et inversement


∥ξ∥ −→ +∞ implique qu’il existe j ∈ {1, · · · , n}, tel que |ξj | −→ +∞
(sans perte de généralité, on peut prendre j = n), ainsi on peut conclure
que
lim φ(ξ) b = lim φ(ξ) b = 0.
∥ξ∥−→+∞ |ξn |−→+∞

Cette propriété reste valable sur L1 (Rn ) par densité de D(Rn ) dans
L1 (Rn ). En effet, soit f ∈ L1 (Rn ) donc ∃ (φj )j ⊂ D(Rn ) telle que
lim φj = f dans L1 (Rn ),
j→∞

c-à-d
lim ∥φj − f ∥L1 = 0,
j→∞

or, par linéarité de la transformation de Fourier, on a


bj − fb
φ = φ\
j −f ≤ ∥φj − f ∥L1 ,
∞ ∞
donc
bj = fb uniformément.
lim φ
j→∞

Par conséquent
( ) ( )
lim fb(ξ) = lim bj (ξ) = lim
lim φ bj (ξ) = 0.
lim φ
∥ξ∥→+∞ ∥ξ∥→+∞ j→∞ j→∞ ∥ξ∥→+∞

Notons que la permutation des deux limites est due au fait que l’une
des deux convergences est uniforme.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 61

2. On a l’application F : L1 (Rn ) −→ C0 (Rn ) est linéaire par linéarité de


l’intégrale. La continuité de F sur L1 (Rn ) découle de la démonstration
de la deuxième propriété de l’assertion 1.
3. Soit f, g ∈ L1 (Rn ), on a bien f gb ∈ L1 (Rn ), en effet, on a
∫ ∫
|f (x) gb(x)| dx = |f (x)| |b
g (x)| dx
Rn Rn ∫

≤ ∥b g ∥∞ |f (x)| dx
Rn
≤ ∥b
g ∥∞ ∥f ∥L1 (Rn ) < ∞.

De même on a fbg ∈ L1 (Rn ). D’autre part, on a


∫ ∫ (∫ )
−iξx
f (x) gb(x)dx = f (x) e g(ξ) dξ dx
Rn Rn Rn

en appliquant le théorème de Fubini, on aura


∫ ∫ (∫ )
−iξx
f (x) ĝ(x) dx = g(ξ) e f (x) dx dξ
Rn Rn Rn

= g(ξ) fˆ(ξ) dξ.
Rn

Nous allons donner un exemple de calcul de la transformation de Fourier.

Exemple 3.1. Soit f : R −→ R définie par f (x) = e−|x| . On a f ∈ L1 (R) et


∫ ∫
fb(ξ) = e −ixξ
f (x)dx = e−ixξ e−|x| dx
∫R0 ∫ R+∞
= ex(1−iξ) dx + e−x(1+iξ) dx
−∞ 0
[ ]0 [ ]+∞
e x(1−iξ)
e−x(1+iξ)
= + −
1 − iξ −∞ 1 + iξ 0
1 1 2
= + = ∀ξ ∈ R.
1 − iξ 1 + iξ 1 + ξ2
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 62

Nous donnons maintenant un résultat qui permet de donner une relation


entre la transformation de Fourier et la convolution.

Théoréme 2. Si f, g ∈ L1 (Rn ), on sait que f ∗ g ∈ L1 (Rn ) et alors on a

∗ g = fbgb.
f[

Démonstration
Soit ξ ∈ Rn , on a

f[
∗ g(ξ) = e−iξx f ∗ g(x) dx
∫ Rn ∫
−iξx
= e f (y) g(x − y) dy dx
Rn Rn

en appliquant le théorème de Fubini, on obtient


∫ ∫
f[∗ g(ξ) = e−iξx f (y) g(x − y) dx dy.
Rn Rn

Posons z = x − y, pour tout y ∈ Rn fixé, ainsi on a x = z + y et dz = dx,


donc
∫ ∫
f[
∗ g(ξ) = e−iξ(z+y) f (y) g(z) dz dy
∫R ∫R
n n

= e−iξz e−iξy f (y)g (z) dz dy


∫R R ∫
n n

−iξy
= e f (y) dy e−iξz g(z) dz
Rn Rn
= fb(ξ) gb(ξ).

Par suite,
∗ g(ξ) = fb(ξ) gb(ξ).
f[

Remarque 3.1. 1. Attention f ∈ L1 (Rn ) n’entraı̂ne pas que fb ∈ L1 (Rn ),


car si on prend par exemple f (x) = χ[−a,a] (x), pour a ∈ R. On a bien
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 63

f ∈ L1 (Rn ) mais fb(ξ) = 2a sin(aξ)




/ L1 (Rn ). En effet, on a

fb(ξ) = e−ixξ f (x)dx
∫Ra [ −ixξ ]a
−ixξ e
= e dx =
−a −iξ −a
e−iaξ eiaξ
= − + ,
iξ iξ
donc
sin(aξ)
fb(ξ) = 2a .

Notons que fb(ξ) = 2a sin(aξ)


/ L1 (Rn ), puisque d’une manière générale
on a sin(x)
x

/ L1 (Rn ). Ceci est dû au fait que si on pose
∫ nπ
sin(x)
un = dx,
π x

et que l’on veut calculer


lim un ,
n→∞
on aura
n−1 ∫
∑ n−1 ∫ (k+1)π

(k+1)π
sin(x) |sin(x)|
un = dx ≥ dx
k=1 kπ x k=1 kπ (k + 1)π

n−1 ∫ (k+1)π
1
≥ |sin(x)|dx
k=1
(k + 1)π kπ

2 ∑
n−1
1

π k=1
k+1
( )
2 ∑
n−1
1
≥ H(n) avec H(n) = ,
π i=1
i+1

où H(n) est la suite harmonique qui est divergente. Par suite,
∫ +∞
sin(x)
dx est aussi divergente.
π x
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 64

2. La transformation de Fourier d’une fonction L1loc n’existe pas toujours,


car si on prend par exemple f (x) = ex ∈ L1loc (R), on peut montrer que
fb(ξ) n’existe pas. Ainsi d’une manière générale, on ne peut pas définir
la transformation de Fourier d’une distribution quelconque dans Rn .
On va alors définir la transformation de Fourier dans un sous-espace
de D′ (Rn ), c’est celui des distributions dites tempérées.

On commence tout d’abord par définir un nouvel espace de fonctions test.

3.3 Espace de Schwartz S


Définition 3.2. S(Rn ) est l’ensemble (espace vectoriel) des fonctions
f ∈ C ∞ (Rn ), à décroissance rapide, ainsi que leurs dérivées.
i.e. pour tout α, β ∈ Nn , on a xα ∂ β f (x) est bornée dans Rn , ou encore
P (x) ∂ β f (x) ∈ L∞ (Rn ), pour tout polynôme P.
S(Rn ) est muni de la convergence suivante :

lim φk = 0 dans S(Rn ),


k→∞

si pour tout α, β ∈ Nn , on a lim xα ∂ β φk = 0 uniformément dans Rn ,


k→∞
ou encore
lim xα ∂ β φk ∞
= 0.
k→∞

Nous allons maintenant donner quelques propriétés sur l’espace de


Schwartz.

Propriétés 3.1. 1. Si φ ∈ S(Rn ), alors xα φ(x), ∂ β φ(x) et xα ∂ β φ(x)


sont dans S(R ).
n

2. Si φ ∈ S(Rn ), alors φ et toutes ses dérivées tendent vers 0 à l’infini.


3. Si φ ∈ S(Rn ), alors φ et toutes ses dérivées sont intégrables dans Rn .
4. D(Rn ) ⊂ S(Rn ) et de plus si lim φj = φ dans D(Rn ),
j→∞
alors lim φj = φ dans S(Rn ) (injection continue de D(Rn ) dans
j→∞
S(Rn )).
5. D(Rn ) est dense dans S(Rn ) (i.e. D(Rn ) = S(Rn )).
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 65

6. ∀φ ∈ S(Rn ) et α ∈ Nn , on a

∂d b
α φ(ξ) = (iξ)α φ(ξ)

et
∂ α φ(ξ) \
b = (−ix)α φ(ξ)

b =
avec φ(ξ) e−ixξ φ(x) dx.
Rn
7. L’application F : S(Rn ) −→ S(Rn ) est linéaire, bijective et bicontinue,
donc c’est un automorphisme sur S(Rn ). Sa réciproque est :

−1 1 1
F (φ)(x) = n
eixξ φ(ξ) dξ = F(φ)(x)
(2π) Rn (2π)n

avec F(φ)(x) = eixξ φ(ξ) dξ.
Rn

Démonstration

1. Il est facile de voir que si φ ∈ S(Rn ), alors pour tout α, β ∈ Nn , on a


φ1 (x) = xα φ(x) ∈ S(Rn )
φ2 (x) = xβ φ(x) ∈ S(Rn )
φ3 (x) = xα ∂ β φ(x) ∈ S(Rn ).
2. Soit φ ∈ S(Rn ), montrons que
lim ∂ α φ(x) = 0, ∀α ∈ Nn .
∥x∥→+∞

Comme φ ∈ S(Rn ), alors ∀ α ∈ Nn , on a (1 + ∥x∥2 )∂ α φ(x) est bornée,


c-à-d
(1 + ∥x∥2 )∂ α φ(x) ≤ C, ∀x ∈ Rn
ce qui entraı̂ne que
C
|∂ α φ(x)| ≤ ,
1 + ∥x∥2
or
C
lim 2 = 0,
∥x∥→+∞ 1 + ∥x∥

d’où le résultat.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 66

3. Soit φ ∈ S(Rn ), montrons que φ et toutes ses dérivées sont intégrables.


Comme φ ∈ S(Rn ), alors ∀ α ∈ Nn , on a

(1 + ∥x∥2 )n ∂ α φ(x) est bornée dans Rn

c-à-d
(1 + ∥x∥2 )n |∂ α φ(x)| ≤ C, ∀x ∈ Rn ,
donc
C
|∂ α φ(x)| ≤ ,
(1 + ∥x∥2 )n
or ∫
1
dx < ∞, car 2n > n
Rn (1 + ∥x∥2 )n
par suite ∫
|∂ α φ(x)| dx < ∞,
Rn
ainsi on a ∂ φ est intégrable, pour tout α ∈ Nn .
α

4. On a bien D(Rn ) ⊂ S(Rn ), car si φ ∈ D(Rn ), alors φ ∈ C ∞ (Rn ) et


supp(φ) ⊂ K compact. Par suite, pour β, α ∈ Nn , on a

xα ∂ β φ(x) ∞
= xα ∂ β φ(x) ∞,K
< ∞,

puisque xα ∂ β φ(x) est continue et à support compact dans K.


Maintenant, soit (φj )j ⊂ D(Rn ) telle que

lim φj = φ dans D(Rn )


j→∞

montrons que
lim φj = φ dans S(Rn ),
j→∞

i.e.
lim xβ ∂ α φj − xβ ∂ α φ ∞
= 0, ∀ α, β ∈ Nn ,
j→∞

or la convergence dans D(Rn ) entraı̂ne qu’il existe K compact de Rn


tel que supp (φj ) ⊂ K ⊂ Bf (0, r), ∀j (avec r > 0), et que

lim ∥∂ α φj − ∂ α φ(x)∥∞ = 0, ∀ α ∈ Nn .
j→∞
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 67

Soit α, β ∈ Nn , on a

xβ ∂ α φj − xβ ∂ α φ ∞
= x β ∂ α φj − x β ∂ α φ ∞,Bf (0,r)
|β|
≤ ∥x∥ ∥∂ φj − ∂ φ∥∞
α α

≤ r|β| ∥∂ α φj − ∂ α φ∥∞ ,

donc
lim xβ ∂ α φj − xβ ∂ α φ ∞
= 0.
j→∞

5. Soient φ ∈ S(Rn ) et ψ ∈ D(Rn ) une fonction plateau telle que ψ = 1


dans B(0, 1) et 0 ≤ ψ ≤ 1. Pour j ∈ N∗ , on définit
x
ψj (x) = ψ ( ).
j
Posons φj = φψj et montrons que

lim φj = φ dans S(Rn ),


j→∞

soit α, β ∈ Nn et pour j ∈ N∗ , on a

∂ β (φj − φ)(x) = ∂ β (φ ψj − φ) (x)


= ∂ β (φ (ψj − 1)) (x)

En appliquant la formule de Leibniz, on obtient


∑γ
∂ β (φj − φ)(x) = (β )∂ β−γ φ(x) ∂ γ (ψj − 1) (x)
γ≤β

En multipliant les deux membres par xα et en prenant leurs modules,


on aura

xα ∂ β (φj − φ)(x) = (γβ )xα ∂ β−γ φ(x) ∂ γ (ψj − 1) (x)
γ≤β
( ) ∑
x
≤ x ∂ φ(x) ψ( ) − 1 +
α β
(γβ ) xα ∂ β−γ φ(x) ∂ γ ψj (x)
j
1≤|γ|≤|β|

x ∑ 1 x
≤ |xα ∂ β φ(x)| ψ( ) − 1 + (γβ ) xα ∂ β−γ φ(x) |γ|
∂ γ ψ( ) .
j j j
1≤|γ|≤|β|
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 68

En prenant les bornes supérieures sur Rn et en utilisant le fait que


1
ψ = 1 sur B(0, 1) et que |γ|−1 ≤ 1, pour |γ| ≥ 1, on obtient
j
( )
x
x ∂ (φj − φ) (x) ∞ ≤ sup x ∂ φ(x) ψ( ) − 1
α β α β
∥x∥≥j j
  
1 ∑ ∑ 1
+ xα ∂ β−γ φ ∞   (γβ ) |γ|−1 ∥∂ γ ψ∥∞ 
j j
1≤|γ|≤|β| 1≤|γ|≤|β|
( ( ) )
x
≤ sup xα ∂ β φ(x) ψ −1
∥x∥≥j j
  
1 ∑ ∑
+ xα ∂ β−γ φ ∞   (γβ ) ∥∂ γ ψ∥∞  .
j
1≤|γ|≤|β| 1≤|γ|≤|β|

∑ ( )
Posons C = (γβ ) ∥∂ γ ψ∥∞ et comme ψ x
j
− 1 ≤ 1, alors
1≤|γ|≤|β|

C ∑
xα ∂ β (φj − φ) (x) ∞
≤ sup xα ∂ β φ(x) + xα ∂ β−γ φ ∞
,
∥x∥≥j j
1≤|γ|≤|β|

quand j → +∞, on a ∥x∥ → +∞, or comme φ ∈ S(Rn ), alors


lim xα ∂ β φ(x) = 0.
∥x∥→+∞

D’autre part, puisque φ ∈ S(Rn ), on a aussi


∑ C ∑
xα ∂ β−γ φ ∞
< ∞ implique que lim xα ∂ β−γ φ ∞
= 0.
j→+∞ j
1≤|γ|≤|β| 1≤|γ|≤|β|

Par suite
lim φj = φ dans S(Rn ).
j→+∞

6. Montrons que
∂d
α φ(ξ) = (iξ)α φ̂(ξ) ∀φ ∈ S(Rn ),
montrons tout d’abord que pour j ∈ N, on a
∂d
j φ(ξ) = (iξj )φ̂(ξ)
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 69

pour simplifier les notations, prenons j = n et notons


′ ′
x = (x1 , ..., xn−1 ) ∈ R . Pour tout x ∈ Rn−1 , faisons une
n−1

intégration par parties par rapport à xn et utilisons le fait que φ tend


vers 0 à l’infini
∫ ∫
−iξn xn
[ −iξn xn ]+∞
e ∂n φ(x) dxn = e φ(x , xn ) −∞ + iξn e−iξn xn φ(x′ , xn ) dxn

R R

= iξn e−iξn xn φ(x′ , xn ) dxn ,
R

′ ′
en multipliant alors chaque membre par e−iξ x et en intégrant par rap-
port à x′ , on obtient
∫ (∫ ) ∫ (∫ )
−iξ ′ x′ −iξn xn ′ ′ −iξ ′ x′ −iξn xn
e e ∂n φ(x , xn )dxn dx = iξn e e φ(x , xn )dxn dx′ .

Rn−1 R Rn−1 R

En appliquant le théorème de Fubini, on aura


∫ ∫
−iξx
e ∂n φ(x)dx = (iξn ) e−iξx φ(x)dx.
Rn Rn

Par suite
∂d b
n φ(ξ) = (iξn )φ(ξ).

Ensuite, on applique ce résultat |α| fois, pour obtenir

∂d b
α φ(ξ) = (iξ)α φ(ξ).

Montrons maintenant que

∂ α φ(ξ) \
b = (−ix)α φ(ξ),

montrons tout d’abord que pour tout j ∈ N, on a

∂j φ(ξ) \
b = (−ix j )φ(ξ).

Pour cela, il suffit d’appliquer le théorème de dérivation sous l’intégrale.


Considérons alors la fonction f (x, ξ) = e−iξx φ(x). La dérivée de f par
rapport à ξj s’écrit ∂j f (x, ξ) = −ixj e−iξx φ(x). De plus, on a

|∂j f (x, ξ)| = −ixj e−iξx φ(x) ≤ |xj φ(x)| ,


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 70

or comme φ ∈ S(Rn ), alors xj φ(x) ∈ L1 (R) et par suite


∫ ∫
∂ −ixξ ∂ ( −ixξ )
b
∂j φ(ξ) = e φ(x)dx = e φ(x) dx
∂ξ Rn ∂ξj
∫ j R ∫
n

−ixξ
= −ixj e φ(x) dx = −ixj φ(x) e−ixξ dx
Rn Rn
\
= (−ixj ) φ(ξ).

Ensuite, on applique ce résultat |α| fois, pour obtenir

∂ α φ(ξ) \
b = (−ix)α φ(ξ).

7. La démonstraion de cette assertion est très


∫ technique. On se limite à
1
montrer la formule F −1 (φ)(ξ) = e−ixξ φ(x)dx en dimension
(2π)n Rn
un, qui découle de la formule de réciprocité (voir exercice 3.2).

Comme exemple d’éléments de S(Rn ), nous avons


Exemple 3.2. Un exemple de fonction de S(Rn ) est la fonction
2
f (x) = e−∥x∥ (Gaussienne). Puisqu’elle vérifie
2
∀P polynôme sur Rn , lim P (x)e−∥x∥ = 0.
∥x∥→+∞

3.4 Distributions tempérées


Définition 3.3. On appelle distribution tempérée dans Rn toute distribution
T ∈ D′ (Rn ) qui est prolongeable en une forme linéaire continue sur S(Rn ).
C-à-d qui vérifie, si (φj )j est une suite de S(Rn ), telle que

lim φj = 0 dans S(Rn ),


j→∞

alors
lim ⟨T, φj ⟩ = 0.
j→∞

Nous avons une autre définition :


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 71

Définition 3.4. On appelle distribution tempérée toute forme linéaire conti-


nue sur S(Rn ). On note

S ′ (Rn ) = { forme linéaire continues sur S(Rn )} ⊂ D′ (Rn ).

Critère pratique :
Soit T ∈ D′ (Rn ), alors :

T est tempérée ⇔ ∃c > 0, ∃N ∈ N, ∃P polynôme, tels que


|⟨T, φ⟩| ≤ c sup ∥P ∂ α φ∥∞ , ∀φ ∈ D(Rn ).
|α|≤N
⇔ ∃c > 0, ∃N, M ∈ N, tels que
( )M α
|⟨T, φ⟩| ≤ c sup 1 + ∥x∥2 ∂ φ , ∀φ ∈ D(Rn ).
|α|≤N ∞

Nous donnons ensuite quelques exemples de distributions tempérées

3.4.1 Exemples généraux de distributions tempérées


1. Une fonction intégrable dans Rn est une distribution tempérée, c-à-d
L1 (Rn ) ⊂ S ′ (Rn ).
En effet, soit f ∈ L1 (Rn ) ⊂ L1loc (Rn ) ⊂ D′ (Rn ), pour tout φ ∈ D(Rn ),
on a

|⟨f, φ⟩| = f (x) φ(x) dx
Rn

≤ |f (x)| |φ(x)| dx
Rn ∫
≤ ∥φ∥∞ |f (x)| dx
Rn
≤ ∥φ∥∞ ∥f ∥L1
≤ C ∥φ∥∞ avec C = ∥f ∥L1

2. Une fonction essentiellement bornée ( dans L∞ (Rn )) est une distribu-


tion tempérée, c-à-d L∞ (Rn ) ⊂ S ′ (Rn ).
En effet, soit f ∈ L∞ (Rn ) ⊂ L∞ n 1 n ′
loc (R ) ⊂ Lloc (R ) ⊂ D (R ), pour tout
n
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 72

φ ∈ D(Rn ), on a
∫ ∫
|⟨T, φ⟩| = f (x) φ(x) dx ≤ |f (x)| |φ(x)| dx
Rn Rn

≤ ∥f ∥∞ |φ(x)| dx
∫ Rn

( )n 1
≤ ∥f ∥∞ 1 + ∥x∥2 |φ(x)| ( )n dx
Rn 1 + ∥x∥2

( 2 )n dx
≤ ∥f ∥∞ 1 + ∥x∥ φ ( )n
∞ Rn 1 + ∥x∥2
( 2 )n
≤ C 1 + ∥x∥ φ


dx
avec C = ∥f ∥∞ ( )n .
Rn 1 + ∥x∥2
3. Plus généralement, on a Lp (Rn ) ⊆ S ′ (Rn ), pour p ≥ 1.
En effet, soit f ∈ Lp (Rn ) ⊂ D′ (Rn ), pour tout φ ∈ D(Rn ), on a

|⟨f, φ⟩| ≤ |f (x)| |φ(x)| dx,
Rn

1 1
en appliquant l’inégalité de Hölder pour q vérifiant p
+ q
= 1, on aura
(∫ ) p1 (∫ ) 1q
|⟨f, φ⟩| ≤ |f (x)| dx p
|φ(x)| dx q

Rn Rn
(∫ q ) 1q
( )n 1
≤ ∥f ∥Lp 1 + ∥x∥2 φ(x) ( )n dx
Rn 1 + ∥x∥2
(∫ q ) 1q
( 2 )n 1
≤ ∥f ∥Lp 1 + ∥x∥ φ ( )n dx
∞ Rn 1 + ∥x∥2
( )n
≤ C 1 + ∥x∥2 φ

(∫ q ) 1q
1
avec C = ∥f ∥Lp ( )n dx .
Rn 1 + ∥x∥2
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 73

4. Toute distribution à support compact est tempérée c-à-d


ξ ′ (Rn ) ⊂ S ′ (Rn ).
En effet, soit T ∈ D′ (Rn ) avec supp(T ) compact. On définit T sur
S(Rn ) par

⟨T, φ⟩ = ⟨T, φψ⟩, pour tout φ ∈ S(Rn )

avec ψ ∈ D(Rn ) et ψ = 1 sur supp(T ). Montrons que T ∈ S ′ (Rn ),


comme T est linéaire sur S(Rn ), il reste à montrer qu’elle est continue
sur S(Rn ). Soit (φj )j une suite de S(Rn ), telle que

lim φj = 0 dans S(Rn ),


j→∞

on montre (en exercice) que

lim φj ψ = 0 dans D(Rn ),


j→∞

par suite
lim ⟨T, φj ⟩ = lim ⟨T, φj ψ⟩ = 0.
j→∞ j→∞

5. Si f ∈ L1loc (Rn ) et à croissance lente, c-à-d bornée par un polynôme,


alors f définit une distribution tempérée.
En effet, soit φ ∈ D(Rn ), on a
∫ ∫
f φ dx ≤ |f | |φ| dx
Rn Rn

≤ |P | |φ| dx
Rn
≤ C ∥(1 + ∥x∥2 )n P φ∥∞ ,

dx
avec C = ( )n .
Rn 1 + ∥x∥2
En particulier tout polynôme définit une distribution tempérée.
Remarque 3.2. 1. Si T ∈ S ′ (Rn ) et P est un polynôme, alors
P T ∈ S ′ (Rn ). En effet, on a bien P T est linéaire sur S(Rn ), mon-
trons qu’elle est continue sur S(Rn ). Soit (φj )j est une suite de S(Rn ),
telle que
lim φj = 0 dans S(Rn )
j→∞
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 74

alors
lim P φj = 0 dans S(Rn )
j→∞

et par suite
lim ⟨P T, φj ⟩ = lim ⟨T, P φj ⟩ = 0.
j→∞ j→∞

Par conséquent P T ∈ S ′ (Rn ).


2. Si T ∈ S ′ (Rn ), alors ∂ α T ∈ S ′ (Rn ), ∀α ∈ Nn , avec

< ∂ α T, φ >= (−1)|α| < T, ∂ α φ > ∀φ ∈ S(Rn ).

En effet, on a bien ∂ α T est linéaire sur S(Rn ), montrons qu’elle est


continue sur S(Rn ). Soit (φj )j une suite de S(Rn ), telle que

lim φj = 0 dans S(Rn ),


j→∞

on a
⟨∂ α T, φj ⟩ = (−1)|α| ⟨T, ∂ α φj ⟩,
or la convergence de (φj )j vers 0 dans S(Rn ) entraı̂ne que

lim ∂ α φj = 0 dans S(Rn ).


j→∞

Par suite
lim ⟨∂ α T, φj ⟩ = (−1)|α| lim ⟨T, ∂ α φj ⟩ = 0.
j→∞ j→∞

Par conséquent
∂ α T ∈ S ′ (Rn ).

3.5 Convergence dans S ′(Rn)


Définition 3.5. On dit qu’une suite (Tj )j d’éléments de S ′ (Rn ) converge
vers T dans S ′ (Rn ) si

lim ⟨Tj , φ⟩ = ⟨T, φ⟩, ∀φ ∈ S(Rn )


j→∞

Remarque 3.3. Il est clair que si

lim Tj = T dans S ′ (Rn )


j→∞
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 75

alors
lim Tj = T dans D′ (Rn )
j→∞

c-à-d S ′ (Rn ) s’injecte continûment dans D′ (Rn ).


D’autre part, si les distributions Tj et T ont leurs supports dans un même
compact K, alors la convergence dans D′ (Rn ) est équivalente à la convergence
dans S ′ (Rn ) (en exercice).

3.6 Transformation de Fourier des distribu-


tions tempérées
Définition 3.6. Soit T ∈ S ′ (Rn ), on définit sa transformée de Fourier notée
F(T ) = Tb par :
⟨Tb, φ⟩ = ⟨T, φ⟩,
b ∀φ ∈ S(Rn ).
Remarque 3.4. 1. La continuité de F de S(Rn ) dans S(Rn ) entraı̂ne
que Tb est bien définie et que Tb ∈ S ′ (Rn ). En effet, on a bien Tb est
linéaire sur S(Rn ), montrons qu’elle est continue sur S(Rn ). Soit (φj )j
une suite de S(Rn ), telle que

lim φj = 0 dans S(Rn )


j→∞

alors
bj = 0 dans S(Rn )
lim φ
j→∞

et par suite
lim ⟨Tb, φj ⟩ = lim ⟨T, φ
bj ⟩ = 0.
j→∞ j→∞

2. F : S ′ (Rn ) 7−→ S ′ (Rn ) est linéaire et continue car si (Tj )j est une suite
d’éléments de S ′ (Rn ), telle que

lim Tj = T dans S ′ (Rn )


j→∞

alors
lim Tbj = Tb dans S ′ (Rn ).
j→∞

F est même bijective puisqu’on définit son inverse par :

⟨F −1 T, φ⟩ = ⟨T, F −1 φ⟩, ∀ φ ∈ S(Rn )


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 76

avec ∫
−1 1
F φ(ξ) = b dx.
eixξ φ(x)
(2π)n Rn

Définition 3.7. La conjuguée F de F est définie par :

⟨FT, φ⟩ = ⟨T, Fφ⟩, ∀φ ∈ S(Rn )



où Fφ(ξ) = eixξ φ(x) dx.
Rn

Théorème 3.1. L’inverse de la transformée de Fourier est

F −1 T = (2π)−n F T.

Démonstration
Soient T ∈ S ′ (Rn ) et φ ∈ S(Rn )

⟨FF T, φ⟩ = ⟨F T, F φ⟩
= ⟨T, FF φ⟩
= (2π)n ⟨T, φ⟩
= (2π)n ⟨FF −1 T, φ⟩,

d’où
FFT = (2π)n FF −1 T,
alors
F = (2π)n F −1 ,
par suite
F −1 = (2π)−n F.

3.7 Propriétés de la transformation de Fou-


rier et régles de calcul
1. Pour tout f ∈ L1 (Rn ), on a

F(Tf ) = Tfb.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 77

En effet, soit φ ∈ S(Rn ), en utilisant la formule de Plancherel-Parseval,


on a

⟨F(Tf ), φ⟩ = ⟨Tf , φ⟩
b

= b dx
f (x) φ(x)
∫R
n

= fb(x) φ(x) dx
Rn
= ⟨Tfb, φ⟩,

donc
F(Tf ) = Tfb.

2. δb = 1, b
1 = (2π)n δ.
3. ∂d
α T (ξ) = (iξ)α Tb, \
∂ α Tb(ξ) = (−ix) α T (ξ).

4. τd
a T (ξ) = e
−iaξ b
T, δba (ξ) = e−iaξ .
5. ∂d
α δ(ξ) = i|α| ξ α , cα (ξ) = (2π)n i|α| ∂ α δ.
x
Démonstration
(Voir exercice 3.5).

3.8 Transformation de Fourier dans L2(Rn)


Comme L2 (Rn ) ⊂ S ′ (Rn ), alors la transformation de Fourier d’une fonc-
tion de L2 (Rn ) existe dans S ′ (Rn ). En fait, on a mieux.
Théorème 3.2. L’application linéaire F : L2 (Rn ) −→ L2 (Rn ) est continue.
De plus
∥fb∥L2 = (2π) 2 ∥f ∥L2 , ∀f ∈ L2 (Rn ).
n

Démonstration
En appliquant la formule de Plancherel-Parseval, pour tout f et h ∈ S(Rn ),
on aura : ∫ ∫
fbh dx = fbh dx.
Rn Rn

Soit g ∈ S(R ), posons


n

h = gb le conjugué de gb,
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 78

en ramarquant que

Fh = F gb = F gb = FFg = (2π)n g,

puisque Fg = F g, on obtient immédiatement


∫ ∫
(2π)n
f g dx = fbgb dx.
Rn Rn

En particulier, on a

∥fb∥L2 = (2π) 2 ∥f ∥L2 , ∀f ∈ S(Rn ).


n

En admettant que S(Rn ) est dense dans L2 (Rn ), on peut prolonger par den-
sité F en une application continue de L2 (Rn ) à valeurs dans L2 (Rn ), notée
encore F. De plus
n
∥F∥L(L2 (Rn )) = (2π) 2 ,
par suite
∥fb∥L2 = (2π) 2 ∥f ∥L2 , ∀f ∈ L2 (Rn ).
n

3.9 Exercices
Exercice 3.1
1. Calculer la transformée de Fourier de la fonction f définie sur R par
f (x) = e−t |x| , avec t > 0
2. On cherche à déterminer la transformation de Fourier de la fonction
définie sur Rn par
2
f (x) = e−a ∥x∥ avec a > 0
∫ +∞

e−x dx = π, déterminer la transforma-
2
(a) En admettant que
−∞
tion de Fourier de

h(x) = e−x ,
2
∀x ∈ R.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 79

(b) En déduire la transformation de Fourier de


2
g(x) = e−∥x∥ , ∀ x ∈ Rn .

(c) En déduire la transformation de Fourier de f (x).


Exercice 3.2 Soient ϵ > 0 et f ∈ S(R), on définit sur R la fonction :

1
Iϵ (x) = eixξ e−ϵ|ξ| fˆ(ξ) dξ
2π R

où fˆ désigne la transformée de Fourier de f .


1. Calculer lim Iϵ (x), pour tout x ∈ R.
ϵ→0
2. Montrer la formule de réciprocité de la transformation de Fourier :

1
f (x) = eixξ fˆ(ξ) dξ.
2π R

Exercice 3.3 On considère la distribution T ∈ D′ (R2 ), définie par


∫ 1
⟨T, φ⟩ = φ(x, 0) dx, ∀φ ∈ D(R2 )
0

1. Montrer que T est une distribution tempérée.


2. Calculer la transformation de Fourier de T .

Exercice 3.4 On rappele qu’une distribution T ∈ D′ (Rn ) est paire (resp.


impaire) si

⟨T, φ̌⟩ = ⟨T, φ⟩ (resp. = −⟨T, φ⟩), ∀φ ∈ D(Rn ).

où φ̌(x) = φ(−x). Montrer que si T est une distribution tempérée paire (resp.
impaire) alors
FT = FT, (resp. FT = −FT ).

Exercice 3.5 Soit T une distribution tempérée. Montrer les relations sui-
vantes :
1. δb = 1 ; b
1 = (2π)n δ.
2. ∂d b;
α T (ξ) = (iξ)α T ∂ α Tb(ξ) = F {(−ix)α T }(ξ).
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 80

3. τd
a T (ξ) = e
−iaξ b
T; δba (ξ) = e−iaξ .
4. ∂d
α δ(ξ) = i|α| ξ α ; cα (ξ) = (2π)n i|α| ∂ α δ.
x

Exercice 3.6 On considère la distribution tempérée Vp ( x1 ) ∈ S ′ (R).


1. Montrer que x . Vp ( x1 ) = 1 dans S ′ (R).
2. Montrer qu’il existe λ ∈ C, tel que F(Vp ( x1 ))(ξ) = −2iπ H(ξ) + λ, où
H est la fonction de Heaviside.
ξ2
3. Calculer de deux manières différentes ⟨F(Vp ( x1 ))(ξ), e− 2 ⟩.
4. En déduire la valeur de λ.

Exercice 3.7 Soit Ta = H e−ax , avec a > 0 et H étant la fonction de


Heaviside.
1. Montrer que Ta est une distribution tempérée dans R.
2. Calculer la transformée de Fourier de Ta .
3. Montrer que Ta converge vers T0 dans S ′ (R) quand a → 0.
4. En déduire que la transformation de Fourier de H est

b 1
H(ξ) = −iVp ( ) + π δ.
ξ

5. En déduire F Ȟ, la transformation de Fourier de Ȟ.


6. En déduire la valeur de F(Vp ( 1ξ )).
7. Sachant que |x| = x H(x) − x Ȟ(x) et (Vp ( x1 ))′ = −P f ( x12 ). Montrer
que
1 1
F(|x|)(ξ) = −2 P f ( 2 ) et F(P f ( 2 ))(ξ) = −π |ξ|.
ξ x
Chapitre 4

Espace de Sobolev

4.1 Définition et propriétés des espaces


d’ordre entier
Soit Ω un ouvert de Rn (n ≥ 1) et soit m ∈ N. On définit l’espace de
Sobolev d’ordre m, H m (Ω), par
{ }
H m (Ω) = u ∈ L2 (Ω) / ∂ α u ∈ L2 (Ω) ∀α ∈ Nn , |α| ≤ m

où ∂ α u est la dérivée au sens de distribution de u. On notera

H 0 (Ω) = L2 (Ω).

On munit H m (Ω) du produit scalaire suivant, pour u, v ∈ H m (Ω) :


∑ ∫
(u, v)m,Ω = ∂ α u(x) ∂ α v(x) dx (4.1)
|α|≤m Ω

= (∂ α u, ∂ α v)L2 (Ω)
|α|≤m

et de la norme suivante :
  12
∑ ∫
∥u∥m,Ω =  |∂ α u(x)|2 dx . (4.2)
|α|≤m Ω

81
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 82

Exemple 4.1. Pour m = 1, on a


{ }
∂u
H (Ω) = u ∈ L2 (Ω) /
1
∈ L2 (Ω), ∀ i ∈ {1, · · · , n} .
∂xi

H 1 (Ω) est muni du produit scalaire


∫ ∑n ∫
∂u ∂v
(u, v)1,Ω = u(x)v(x)dx + dx
Ω i=1 Ω
∂xi ∂xi

et de la norme
(∫ n ∫
) 21
∑ ∂u
2
∥u∥1,Ω = |u(x)|2 dx + dx
Ω i=1 Ω ∂xi

Théorème 4.1. H m (Ω) est un espace de Hilbert.


Démonstration
On vérifie facilement que (4.1) est un produit scalaire sur H m (Ω), c-à-d que
H m (Ω) est un espace préhilbertien. Montrons alors que H m (Ω) est complet
pour la norme (4.2) associée au produit scalaire (4.1). Soit (uk )k une suite
de Cauchy dans H m (Ω), i.e.

∀ ϵ > 0, ∃ N ∈ N, tel que ∀ p, q ≥ N, on a ∥up − uq ∥m,Ω < ϵ.

Or, pour tout α ∈ Nn , tel que |α| ≤ m, on a


  12
(∫ ) 12 ∑ ∫
|∂ α (up − uq )|2 dx ≤ ∥up − uq ∥m,Ω =  |∂ α (up − uq )|2 dx
Ω |α|≤m Ω

donc
(∫ ) 21
∀ ϵ > 0, ∃ N ∈ N, tel que ∀ p, q ≥ N, on a |∂ (up − uq )| dx
α 2
< ϵ.

Ainsi pour tout α, tel que |α| ≤ m, on a (∂ α uk )k est une suite de Cauchy
dans L2 (Ω) (qui est complet), alors

lim ∂ α uk = vα dans L2 (Ω), ∀ α, |α| ≤ m (4.3)


k→∞
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 83

avec
lim uk = v0 dans L2 (Ω). (4.4)
k→∞

Montrons que pour tout α, tel que |α| ≤ m, on a vα = ∂ α v0 dans L2 (Ω). On


a la convergence (4.3) entraı̂ne la convergence au sens des distributions :

lim ∂ α uk = vα dans D′ (Ω), ∀ α, |α| ≤ m (4.5)


k→∞

ceci puisque pour tout φ ∈ D(Ω), on a



⟨∂ uk − vα , φ⟩ =
α
(∂ α uk − vα ) φ dx

par suite ∫
|⟨∂ uk − vα , φ⟩| ≤
α
|∂ α uk − vα | |φ| dx

en appliquant l’inégalité de Hölder, on aura

|⟨∂ α uk − vα , φ⟩| ≤ ∥∂ α uk − vα ∥0,Ω ∥φ∥0,Ω

ainsi par passage à la limite, on obtient la convergence au sens des distribu-


tions. De même, la convergence (4.4) entraı̂ne que

lim uk = v0 dans D′ (Ω) (4.6)


k→∞

par conséquent, d’après la continuité de l’application dérivation ∂ α de D′ (Ω)


dans D′ (Ω), on a

lim ∂ α uk = ∂ α v0 dans D′ (Ω), ∀ α, |α| ≤ m (4.7)


k→∞

En vertue de l’unicité de la limite dans D′ (Ω), on conclut des convergences


(4.5) et (4.7) que ∂ α v0 = vα dans D′ (Ω). Ensuite, la densité de D(Ω) dans
L2 (Ω) (admis) permet d’avoir vα ∈ L2 (Ω) et on peut montrer que ∂ α v0 = vα
dans L2 (Ω). En effet, comme ∂ α v0 − vα ∈ L2 (Ω), il existe une suite (φk )k de
D(Ω), telle que
lim φk = ∂ α v0 − vα dans L2 (Ω).
k→∞

D’après l’inégalité de Hölder, on a



(φk − (∂ α v0 − vα )) (∂ α v0 − vα ) dx ≤ ∥φk − (∂ α v0 − vα )∥0,Ω ∥∂ α v0 − vα ∥0,Ω

Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 84

par passage à la limite, lorsque k tend vers ∞, on conclut que


∫ ∫
lim φk (∂ v0 − vα ) dx = (∂ α v0 − vα )2 dx,
α
k→∞ Ω Ω

or ∫
φk (∂ α v0 − vα ) dx = 0, ∀k

donc
∂ α v0 = vα dans L2 (Ω).
Ainsi on aura montré que

lim uk = v0 dans L2 (Ω)


k→∞

et
lim ∂ α uk = ∂ α v0 dans L2 (Ω), ∀ α, |α| ≤ m
k→∞

par conséquent
  12

lim ∥uk − v0 ∥m,Ω = lim  ∥∂ α uk − ∂ α v0 ∥2L2 (Ω)  = 0. (4.8)
k→∞ k→∞
|α|≤m

Par suite, la suite (uk )k converge vers v0 dans H m (Ω).


Remarque 4.1. Il est clair que si m ≤ m′ alors H m (Ω) s’injecte
continûment dans H m (Ω).
′ ′
En effet, on a H m (Ω) ⊂ H m (Ω), soit u ∈ H m (Ω), alors u ∈ L2 (Ω) et
∂ α u ∈ L2 (Ω), ∀ α, |α| ≤ m′ donc ∂ α u ∈ L2 (Ω), ∀ α, |α| ≤ m (puisque
m ≤ m′ ) ainsi, on a u ∈ H m (Ω).

L’injection continue découle du fait que, pour u ∈ H m (Ω), on a
  21   21
∑ ∫ ∑ ∫
∥u∥m,Ω =  |∂ α u|2 dx ≤  |∂ α u|2 dx = ∥u∥m′ ,Ω .
|α|≤m Ω |α|≤m′ Ω

En particulier, on a H m (Ω) s’injecte continûment dans L2 (Ω) = H 0 (Ω),


∀m ∈ N.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 85

Exemple 4.2. Soit Ω =] − 1, 1[, on considère la fonction f (x) = |x|, on a


(f (x))2 = x2 est une fonction continue sur ] − 1, 1[, donc elle est intégrable
sur ] − 1, 1[. D’où f ∈ L2 (Ω). D’autre part, soit φ ∈ D(] − 1, 1[), on a

⟨Tf′ , φ⟩ = −⟨Tf , φ′ ⟩
∫ 1
= − f (x) φ′ (x) dx
−1
∫ 1
= − |x| φ′ (x) dx
−1
∫ 0 ∫ 1

= x φ (x) dx − x φ′ (x) dx
−1 0
∫ 0 ∫ 1
= [xφ(x)]−1 −
0
φ(x)dx − [xφ(x)]0 +
1
φ(x)dx
−1 0
∫ 1 ∫ 0
= φ(x) dx − φ(x) dx
0 −1
∫ 1 (∫ 1 ∫ 1 )
= χ[0,+∞[ (x) φ(x)dx − φ(x) dx − φ(x) dx
−1 −1 0
∫ 1
( )
= 2χ[0,+∞[ (x) − 1 φ(x)dx = ⟨2H − 1, φ⟩
−1

donc Tf′ = 2H − 1 avec H(x) = χ[0,+∞[ (x), ainsi on a


∫ 1 ∫ 0 ∫ 1
(2H(x) − 1) dx = 2
dx + dx
−1 −1 0

donc ∫ 1
(2H(x) − 1)2 dx = 2
−1

par suite
Tf′ ∈ L2 (] − 1, 1[)
par conséquent
f ∈ H 1 (] − 1, 1[).
On a aussi (2H − 1)′ = 2H ′ = 2δ, or comme δ est une distribution singulière,
il n’existe aucune fonction g ∈ L2 (Ω), telle que δ = g. Donc f ∈
/ H 2 (Ω).
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 86

4.2 Espace de Sobolev H0m


Soient Ω un ouvert de Rn et m ∈ N.
Définition 4.1. On définit l’espace H0m (Ω) comme étant la fermeture de
D(Ω) dans H m (Ω) et on note
H m (Ω)
H0m (Ω) = D(Ω) .
Remarque 4.2. 1. Il est clair que H0m (Ω) est un sous-espace fermé de
H m (Ω), donc c’est un espace de Hilbert muni du produit scalaire induit
par celui de H m (Ω), noté (·, ·)m,Ω .
2. Notons qu’en général on a H0m (Ω) ̸= H m (Ω). Nous signalons deux cas
où on a bien l’égalité
L2 (Ω)
• si m = 0 , comme D(Ω) = L2 (Ω), on a
H 0 (Ω)
H00 (Ω) = D(Ω) = H 0 (Ω).
• si Ω = Rn , on montre voir exercice 4.5, que
m n
H (R )
D(Rn ) = H m (Rn ), donc
H m (Rn )
H0m (Rn ) = D(Rn ) = H m (Rn ).
A l’exception de ces deux cas là, on n’a pas l’égalité en général.
Dans la suite, il est important de faire des hypothèses supplémentaires sur
la régularité géométrique du domaine Ω, afin de mieux caractériser l’espace
H0m (Ω) à l’aide de ”la trace”.

4.3 Régularité de la frontière d’un domaine


Définition 4.2. Le domaine Ω est dit de bord ∂Ω = Γ lipschitzien,∪s’il existe
une famille finie de boules ouvertes (Bi )1≤i≤p , telle que Γ = ∂Ω ⊂ pi=1 Bi et
sur chaque Bi , il existe un système de coordonnées (x1 , ..., xd ) et une fonction
ψi lipschitzienne, telle que
Ω ∩ Bi = {(x1 , ..., xd ) ∈ Bi / xd < ψi (x1 , ..., xd−1 )}.
Intuitivement, cela signifie que la frontière de Ω, peut être vue localement
comme le graphe d’une fonction lipschitzienne.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 87

000
111
11
00
000
111
00
11
000
11100
11
00
11
000
11100
11
00 11
00
11
11
00
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00
00
11
00
11
00
11 000
111
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11000
111
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000
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00
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11
000
111
00
11
00
11
00
11

Figure 4.1 – Frontière lipschitzienne

Exemple 4.3. La plupart des domaines classiques sont de frontières lip-


schitziennes, en particulier les plygones en dimension deux sont de frontières
lipschitziennes.
Un exemple de domaines de frontières non lipschitziennes, c’est celui des do-
maines dont la frontière présente un point de remboursement ou une fissure
entrant dans le domaine.

Figure 4.2 – Domaines de frontières non lipschitzs.

On peut aussi définir des domaines plus réguliers.

Définition 4.3. • On dira que Ω est de frontière de classe C m lorsque


les fonctions (ψi )1≤i≤p sont de classe C m .
• On dira que Ω est de frontière de classe C ∞ si elle est de classe
C m , ∀ m ∈ N.

Exemple 4.4. • B(0, 1) est de classe C ∞ dans Rn .


• Ω = {(x, y) ∈ R2 / x2 < y} est de classe C ∞ dans R2 .
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 88

Figure 4.3 – Domaine Ω de classe C ∞ dans R2 .

Dans la pratique, on utilise souvent des ouverts de classe C 1 par morceaux.

Définition 4.4. Un ouvert Ω de Rn est dit de classe


∪n C par morceaux si Ω
1

est localement d’un seul côté de ∂Ω et si ∂Ω = j=1 Γj où Γj est de classe


C 1 , ∀ j.

Exemple 4.5. • Un rectangle dans le plan est de classe C 1 par morceaux.


• Un pavé, le produit d’intervalles dans Rn , est de classe C 1 par morceaux.

4.4 Trace d’une fonction de H 1(Ω)


Soit Ω un ouvert borné de Rn , de frontière Γ de classe C 1 par morceaux.
Etant donné une fonction
∂v
v ∈ H 1 (Ω) = {v ∈ L2 (Ω) / ∈ L2 (Ω), i ∈ {1, · · · , n}},
∂xi
on cherche à définir sa ”valeur au bord” v/Γ .
Pour n = 1, on montre (voir exercice 4.3) que H 1 (Ω) s’injecte continûment
dans C(Ω) et donc v/Γ n’est rien autre que la restriction de v à Γ.
Pour n ≥ 2 les fonctions de H 1 (Ω) ne sont pas en général continues, donc
ce n’est pas évident de définir la valeur de v au bord Γ. Pour ce faire, nous
aurons besoin des définitions et des notations suivantes.
On note par dσ la mesure sur Γ induite par la mesure de Lebesgue dans
Rn (elle est définie grâce aux fonctions ψi données dans la définition de la
régularité de Ω) et on considère l’espace L2 (Γ) défini par

L2 (Γ) = {fonctions de carré intégrable sur Γ par rapport à dσ}.


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 89


f ∈ L (Γ) i.e.
2
|f (x)|2 dσ < ∞.
Γ

Notons par D(Ω) l’espace des restrictions à Ω des fonctions de D(Rn )

D(Ω) = {φ/Ω / φ ∈ D(Rn )},

on a alors le résultat suivant :

Théorème 4.2. 1. D(Ω) est dense dans H 1 (Ω).


2. Il existe une constant c > 0, telle que

∀v ∈ D(Ω), on a v/Γ L2 (Γ)


≤ c ∥v∥1,Ω .

Démonstration
Voir par exemple Raviart-Thomas [6].

Définition 4.5. Comme l’application restriction v 7−→ v/Γ est linéaire et


continue de D(Ω) dans L2 (Γ) pour la norme de H 1 (Ω), elle se prolonge donc
par densité de manière unique en une application linéaire continue notée

γ0 : H 1 (Ω) −→ L2 (Γ).

Ainsi, pour toute u ∈ H 1 (Ω), γ0 u est appelée la trace de u sur Γ et on a

∥γ0 u∥L2 (Γ) ≤ c ∥u∥H 1 (Ω) ∀u ∈ H 1 (Ω).

4.5 Applications du théorème de trace


Nous allons donner quelques conséquences importantes du théorème de
trace. Le premier résultat va nous donner une caractérisation agréable du
sous-espace H01 (Ω) de H 1 (Ω).

Théorème 4.3. On suppose que Ω un ouvert borné de Rn de frontière de


classe C 1 par morceaux. Alors H01 (Ω) est le noyau de γ0 , l’application trace
de H 1 (Ω) dans L2 (Γ)

i.e. H01 (Ω) = {v ∈ H 1 (Ω) / γ0 v = v/Γ = 0}.


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 90

Remarque 4.3. Il est facile de voir que

H01 (Ω) ⊂ {v ∈ H 1 (Ω) / γ0 v = 0}.


H 1 (Ω)
En effet, soit u ∈ H01 (Ω) = D(Ω) , il existe donc une suite (uj )j ⊂ D(Ω),
telle que
lim uj = u dans H 1 (Ω)
j→∞

or, l’application trace γ0 : H 1 (Ω) −→ L2 (Γ) est continue donc

γ0 uj = uj /Γ = 0, ∀j entraı̂ne que γ0 u = 0.

L’autre inclusion est un peu délicate (voir Raviart-Thomas [6]).

Nous énonçons le résultat suivant, connu sous le nom de l’inégalité de


Poincaré, qui aura une importance pratique considérable dans la suite.

Théorème 4.4. Si Ω est ouvert borné, il existe une constante c = c(Ω) > 0,
telle que ∀v ∈ H01 (Ω)
( ) 12 ( n ∫
) 21
∑n
∂v
2 ∑ ∂v
2
∥v∥0,Ω ≤c =c dx .
i=1
∂xi 0,Ω i=1 Ω ∂xi

Démonstration
(Voir exercice 4.6).

Corollaire 4.1. Si Ω est un ouvert borné, la semi-norme sur H 1 (Ω)


( n ) 12
∑ ∂v 2
|v|1,Ω =
i=1
∂xi 0,Ω

est une norme sur H01 (Ω) équivalente à la norme induite par ∥.∥1,Ω .

Démonstration
Soit v ∈ H01 (Ω), d’après l’inégalité de Poincaré, il existe c(Ω) > 0, telle que
( n )
∑ ∂v 2
∥v∥0,Ω ≤ (c(Ω))
2 2

i=1
∂xi L2 (Ω)
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 91

donc ( )
∥v∥20,Ω + |v|21,Ω ≤ 1 + (c(Ω))2 |v|21,Ω
d’où ( )
∥v∥21,Ω ≤ 1 + (c(Ω))2 |v|21,Ω
par suite √
∥v∥1,Ω ≤ 1 + (c(Ω))2 |v|1,Ω .
D’autre part, il est facile de voir que
( ) 12
∥v∥1,Ω = ∥v∥20,Ω) + |v|21,Ω ≥ |v|1,Ω .

Ainsi, |v|1,Ω = 0 entraı̂ne que ∥v∥1,Ω = 0 et donc v = 0 p.p. dans Ω.

Une deuxième application du théorème de trace est la définition d’un


espace qui généralise H01 (Ω), à savoir l’espace des fonction de H 1 (Ω) dans la
trace sur une partie du bord est nulle.
Soit Ω un ouvert borné et connexe dans Rn , dont la frontière est de classe C 1
par morceaux. Soient Γ0 et Γ1 deux parties complémentaires de Γ, telles que
Γ = Γ0 ∪ Γ1 et Γ0 ∩ Γ1 = ∅. On définit

HΓ10 (Ω) = {v ∈ H 1 (Ω) / v/Γ0 = 0}.

Proposition 4.1. L’espace HΓ10 (Ω) est un sous-espace fermé de H 1 (Ω). Donc
c’est un espace complet pour la norme induite par ∥·∥1,Ω .

Démonstration
On considère l’application

f : H 1 (Ω) −→ L2 (Γ) −→ L2 (Γ0 )


v −→ v/Γ −→ v/Γ0 ,

qui est composée de deux applications continues qui sont l’application trace
sur Γ définie de H 1 (Ω) dans L2 (Γ) et l’application restriction définie de L2 (Γ)
dans L2 (Γ0 ). L’application restriction est continue puisqu’on a
∫ ∫
2
v/Γ0 L2 (Γ0 ) = |v/Γ0 | dσ ≤ |v|2 dσ = ∥v∥2L2 (Γ) , ∀ v ∈ L2 (Γ).
2
Γ0 Γ
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 92

Donc f est continue de H 1 (Ω) dans L2 (Γ0 ). Or comme on a

HΓ10 (Ω) = {v ∈ H 1 (Ω) / f (v) = 0} = f −1 ({0})

alors HΓ10 (Ω) est fermé, puisqu’il est l’image réciproque par une fonction
continue d’un fermé. Par conséquent HΓ10 (Ω) est complet pour la norme
induite par ∥·∥1,Ω .

Nous allons maintenant donner une généralisation de l’inégalité de Poin-


caré à l’espace HΓ10 (Ω).
Théorème 4.5. Soit Ω un ouvert borné connexe de Rn de frontière de
classe C 1 par morceaux et Γ0 une partie de sa frontière ∂Ω, telle que
mes(Γ0 ) > 0, alors la semi-norme |·|1,Ω sur H 1 (Ω) définie une norme sur
HΓ10 (Ω) équivalente à la norme induite par celle de H 1 (Ω).
Démonstration
(Voir exercice 4.7).

Une troisième application concerne la formule de Green qui constitue une


généralisation de l’intégration par parties pour les fonctions de H 1 (Ω).
Théorème 4.6. On suppose que Ω est un ouvert borné de frontière de classe
C 1 par morceaux, alors si u ∈ H 1 (Ω) et v ∈ H 1 (Ω), on a
∫ ∫ ∫
∂u ∂v
v dx = − u dx + u v νi dσ, i = 1, · · · , n
Ω ∂xi Ω ∂xi Γ

avec u = γ0 u et v = γ0 v dans l’intégrale sur Γ et νi est la ième composante


du vecteur unitaire normal à ∂Ω, dirigé vers l’extérieur de Ω.
Démonstration
(Voir Raviart-Thomas [6]).

4.6 Trace d’une fonction de H 2(Ω)


Soit Ω un ouvert borné de frontière Γ de classe C 1 par morceaux, on peut
d’après le théorème de trace définir la trace d’un élément de H 2 (Ω), puisqu’on
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 93

a v ∈ H 2 (Ω) ⊂ H 1 (Ω) et donc on peut définir γ0 v = v/Γ ∈ L2 (Ω).


∂v
De plus puisque ∈ H 1 (Ω), on peut aussi définir sa trace
∂xi
∂v ∂v
γ0 = / ∈ L2 (Γ).
∂xi ∂xi
Γ

D’autre part, comme Ω est de classe C 1 par morceaux, alors les compo-
santes νi de la normale ⃗ν sont dans L∞ (Γ) (admis). Par suite, la fonction
∂v /
νi ∂x i
∈ L2 (Γ) (puisque le produit d’une fonction L∞ est d’une fonction
Γ
L2 est une fonction L2 ). Ainsi, la dérivée normale de v

∂v ∑ ∂v n
/ = (∇v · ⃗ν )/ = νi /
∂ν Γ Γ
i=1
∂xi
Γ

est définie en tant qu’une fonction de L2 (Γ). Nous avons alors le résultat
suivant (voir Raviart-Thomas [6]).

Théorème 4.7. Soit Ω un ouvert borné de frontière de classe C 1 par mor-


ceaux
1. D(Ω) est dense dans H 2 (Ω).
2. L’application

⃗γ : D(Ω) −→ L2 (Γ) × L2 (Γ)


( )
∂v
v 7−→ ⃗γ v = (γ0 v, γ1 v) = v/ Γ , /
∂ν Γ

se prolonge par densité en une application linéaire continue de H 2 (Ω)


dans L2 (Γ) × L2 (Γ).

Nous donnons ensuite une conséquence de ce théorème, c’est une


généralisation de la formule de Green. Pour cela, pour u ∈ H 2 (Ω), on définit
le laplacien de u par
∑n
∂ 2u
∆u = 2
.
i=1
∂x i
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 94

Ainsi, pour tout v ∈ H 1 (Ω), on a


∫ ∫ ∑ n
∂ 2u
− ∆u v dx = − 2
v dx
Ω Ω i=1 ∂xi

∑n ∫ ∑ n ∫
∂u ∂v ∂u
= dx − v νi dσ
i=1 Ω
∂xi ∂xi i=1 Γ
∂xi
∫ ∑ n ∫ ∑ n
∂u ∂v ∂u
= dx − νi v dσ
Ω i=1 ∂xi ∂xi Γ i=1 ∂xi
∫ ∫
∂u
= ∇u · ∇v dx − v dσ.
Ω Γ ∂ν
On obtient alors le résultat suivant
Corollaire 4.2. Soit Ω un ouvert borné de frontière Γ de classe C 1 par
morceaux. Alors, pour tout u ∈ H 2 (Ω) et v ∈ H 1 (Ω), on a la formule de
Green suivante
∫ ∫ ∫
∂u
− ∆u v dx = ∇u · ∇v dx − v dσ.
Ω Ω Γ ∂ν

4.7 Résultats d’injection et de compacité


Nous allons donner quelques résultats d’injection, sans démonstration, on
renvoit à Raviart-Thomas [6] pour plus de détails.
Théorème 4.8. Soit Ω un ouvert borné de Rn de frontière Γ de classe C 1
par morceaux. Alors l’injection de H 1 (Ω) dans L2 (Ω) est compacte.
i.e. Tout ensemble borné de H 1 (Ω) est relativement compact dans L2 (Ω) (i.e.
son adhérence est compacte dans L2 (Ω)).
Autrement : de toute suite bornée dans H 1 (Ω), on peut extraire une sous-suite
qui converge dans L2 (Ω).
Théorème 4.9. Soit Ω un ouver borné (quelconque). Alors l’injection de
H01 (Ω) dans L2 (Ω) est compacte.
Théorème 4.10. On suppose que Ω est un ouvert borné de Rn de frontière
n
Γ de classe C 1 par morceaux. Si m > , alors l’espace H m (Ω) est un sous-
2
espace de C(Ω) et l’injection de H m (Ω) dans C(Ω) est continue.
i.e. ∃ c > 0 sup |u(x)| ≤ c ∥u∥m,Ω , ∀ u ∈ H m (Ω).
x∈Ω
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 95

4.8 Espaces de Sobolev d’ordre entier négatif


Définition 4.6. On désigne par H −m (Ω) (pour m ∈ N∗ ), le dual topologique
de H0m (Ω) muni de la norme

∥u∥H −m (Ω) = sup ⟨u, v⟩H −m (Ω),H0m (Ω) .


∥v∥H m (Ω) =1
0

Remarque 4.4. 1. Si v ∈ L2 (Ω), on peut l’identifier à un élément de


−1
H (Ω) en utilisant la forme linéaire définie par le produit scalaire de
L2 (Ω), i.e.

⟨v, ω⟩H −1 (Ω),H01 (Ω) = v ω dx, ∀ ω ∈ H01 (Ω)

qui est linéaire par linéarité de l’intégrale. Sa continuité sur H01 (Ω)
découle des inégalités de Hölder et de Poincaré. En effet, soit
ω ∈ H01 (Ω), on a

v ω dx ≤ ∥v∥0,Ω ∥ω∥0,Ω ≤ ∥v∥0,Ω c(Ω) |ω|1,Ω

et on a ∫
∥v∥H −1 = sup v ω dx ≤ c(Ω) ∥v∥0,Ω .
|ω|1,Ω =1 Ω

On aura ainsi H01 (Ω) s’injecte continûment dans L2 (Ω) qui s’injecte
continûment dans H −1 (Ω) (i.e. H01 (Ω) ,→ L2 (Ω) ,→ H −1 (Ω)).
2. Si Ω = Rn , on aura
H 1 (Rn )
H01 (Rn ) = D(Rn ) = H 1 (Rn )

et donc ( )′
H −1 (Rn ) = H 1 (Rn )

mais si Ω ̸= Rn , on n’a pas en général H −1 (Ω) = (H 1 (Ω)) .

4.9 Espace de Sobolev H s(Rn) avec s ∈ R


Dans le cas où Ω = Rn , on peut caractériser les espace de Sobolev en
utilisant la transformation de Fourier.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 96

Définition 4.7. Soit s ∈ R, on dit qu’une distribution u dans Rn appartient


à H s (Rn ) si
– u est temperée (appartient à S ′ (Rn )) et
s
– (1 + ∥ξ∥2 ) 2 u
b(ξ) ∈ L2 (Rn )

i.e. H s (Rn ) = {u ∈ S ′ (Rn ) / (1 + ∥ξ∥2 ) 2 u


s
b ∈ L2 (Rn )},
on munit H s (Rn ) du produit scalaire

(u, v)s = (1 + ∥ξ∥2 )s u
b(ξ) vb(ξ) dξ
Rn

et de la norme :
s
∥u∥s = (1 + ∥ξ∥2 ) 2 u
b L2 (Rn )
.

Proposition 4.2. Soit s ∈ R, alors l’espace H s (Rn ) muni du produit scalaire


(·, ·)s est un espace de Hilbert.
Démonstration
(Voir devoir libre no 2).
Proposition 4.3. Soit m ∈ N , alors l’espace

H m (Rn ) = {u ∈ S ′ (Rn ) / (1 + ∥ξ∥2 ) 2 u


m
b ∈ L2 (Rn )}

coı̈ncide avec l’espace

{u ∈ L2 (Rn ) / ∂ α u ∈ L2 (Rn ), |α| ≤ m}.

Démonstration
(Voir devoir libre no 2).

4.10 Exercices
Exercice 4.1
1. Soit u l’application définie de R à valeurs dans R par

 x x ∈ [0, 1]
u(x) = −x + 2 x ∈ [1, 4]

0 ailleurs
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 97

(a) L’application u appartient–elle à L2 (R), H 1 (R) ?


(b) Existe t–il des intervalles ouverts I de R pour lesquels la restriction
de u à I appartient à H 1 (I).
2. Soit v l’application définie de ] − 1, 1[ à valeurs dans R par

x + |x|
v(x) = .
2
Montrer que v appartient à H 1 (] − 1, 1[), mais qu’elle n’appartient pas
à H 2 (] − 1, 1[).

Exercice 4.2 Soit I =]a, b[ un intervalle borné de R. On désigne par W 2,1 (I),
l’espace des fonctions f ∈ L2 (I) pour lesquelles il existe un réel α et une
fonction g ∈ L2 (I), tels que
∫ x
f (x) = α + g(t) dt p.p. x ∈ I (4.9)
a

1. Montrer que pour f dans W 2,1 (I), le couple (α, g) vérifiant (4.9) est
unique.
2. Montrer que l’espace H 1 (I) coı̈ncide avec W 2,1 (I).
3. Montrer que tout élément f de H 1 (I) admet un représentant continu
f˜ sur I.
¯

Exercice 4.3 Soit I un intervalle borné de R.


1. Pour v ∈ D(I),
¯ montrer que

2 max(|I|− 2 , |I| 2 ) ∥v∥1,I
1 1
sup |v(x)| ≤
x∈I¯

où |I| désigne la longueur de I.


¯
2. Montrer que H 1 (I) s’injecte continûment dans C(I).

Exercice 4.4 Soient Ω un ouvert de Rn et u un élément de H 1 (Ω). Montrer


que les assertions suivantes sont équivalentes
1. L’élément u appartient à l’orthogonale de H01 (Ω).
2. L’élément u vérifie l’équation : −∆u + u = 0 dans D′ (Ω).
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 98

Exercice 4.5
1. Montrer que l’espace des fonctions de H 1 (Rn ) à supports compacts est
dense dans H 1 (Rn ), (utiliser les fonctions plateau).
2. Montrer que pour tout v ∈ H 1 (Rn ) à support compact, il existe une
suite (vk )k ⊂ D(Rn ), telle que vk converge vers v dans H 1 (Rn ), (utiliser
la régularisation).
3. Conclure.
Exercice 4.6 (Inégalité de Poincaré dans H01 (Ω))
Soit Ω un ouvert borné, montrer qu’il existe une constante C = C(Ω) > 0,
telle que :
( n ) 21
∑ ∂v
∥v∥0,Ω ≤ C(Ω) ∥ ∥20,Ω , ∀v ∈ H01 (Ω).
i=1
∂x i

Exercice 4.7 (Inégalité de Poincaré dans HΓ10 (Ω))


Soient Ω un ouvert borné connexe de Rn de frontière ∂Ω de classe C 1 par
morceaux et Γ0 ⊂ ∂Ω, tel que mes(Γ0 ) > 0. On définit l’espace
HΓ10 (Ω) = {v ∈ H 1 (Ω) / v/Γ0 = 0}
( ) 21
∑n
∂v 2
et on note par | · |1,Ω la semi–norme définie par |v|1,Ω = ∥ ∥0,Ω .
i=1
∂x i
En admettant que l’injection canonique de H 1 (Ω) dans L2 (Ω) est compacte.
Montrer que | · |1,Ω induit une norme sur HΓ10 (Ω) équivalente à celle induite
par la norme ∥ · ∥1,Ω .

4.10.1 Devoir libre no 2


L’objectif de ce devoir est de donner quelques propriétés des espaces de
Sobolev d’ordre réel sur Rn .

Pour s ∈ R, on note par H s (Rn ) l’espace défini par


H s (Rn ) = { u ∈ S ′ (Rn ) / (1 + ∥ξ∥2 ) 2 u
s
b(ξ) ∈ L2 (Rn ) }

que l’on munit du produit scalaire (u, v)s = (1 + ∥ξ∥2 )s u
b(ξ) vb(ξ) dξ et
√ Rn
de la norme ∥u∥s = (u, u)s .
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 99

1. Montrer que H s (Rn ) est un espace de Hilbert.


2. Montrer que si s1 et s2 deux réels tels que s1 ≥ s2 , alors l’injection de
H s1 (Rn ) dans H s2 (Rn ) est continue.
3. Soit m ∈ N∗ . Montrer que pour tout α ∈ Nn , 0 < |α| ≤ m, il existe
C > 0, tel que
 
∏ n ∑ ∏ n
|ξi |2αi ≤ (1 + ∥ξ∥2 )m ≤ C 1 + |ξj |2αi  .
i=1 0<|α|≤m j=1

4. Montrer que si s = m ∈ N, l’espace H m (Rn ) coı̈ncide avec l’espace


{ u ∈ L2 (Rn ) / ∂ α u ∈ L2 (Rn ), ∀α, |α| ≤ m } et que la norme ∥u∥m
( ) 21

est équivalente à la norme |||u|||m = ∥∂ α u∥20 .
|α|≤m
Chapitre 5

Problèmes aux limites

5.1 Généralité sur les équations aux dérivées


partielles
La majorité des phénomènes physiques ou naturels sont régis par une ou
plusieurs équations différentielles ordinaires (EDO) ou équations aux dérivées
partielles (EDP).

Définition 5.1. • On appelle EDP d’ordre m dans un ouvert Ω de Rn


toute équation de la forme

F (x, u(x), ∂ α u(x))|α|≤m = 0 dans Ω (5.1)

où F est une fonction de x qui dépend d’une fonction ou d’une distri-
bution inconnue u définie dans Ω et de ses dérivées partielles jusqu’à
l’ordre m.
• Lorsque n = 1, il s’agit d’une EDO.
• L’équation est dite linéaire si la fonction F est linéaire par rapport à
u et toutes ses dérivées. Elle s’écrit alors,

aα (x)∂ α u(x) = f (x)
|α|≤m

où aα (x) étant les coefficients de l’EDP et f son second membre.

Remarque 5.1. • Résoudre une équation aux dérivées partielles c’est


déterminer l’ensemble de toutes les solutions dans l’ouvert Ω.

100
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 101

• Une équation aux dérivées partielles peut ne pas admettre de solution,


comme elle peut admettre beaucoup de solutions et donc l’espace des
solutions peut être de dimention infinie.

Exemple 5.1. • L’EDP suivante

∂xn u = 0 dans Rn

admet plusieurs solutions, puisque toute v ∈ D′ (Rn−1 ) est solution de


cette EDP.
• Il y a des EDP qui n’admettent pas de solution, comme par exemple

n
|∂xk u|2 + 1 = 0.
k=1

Pour faire le tri entre les solutions d’une EDP, on impose presque toujours
à l’inconnue u de vérifier des conditions supplémentaires. Indiquons les plus
courantes.

5.1.1 Conditions aux limites


La donnée de u et (ou) ses dérivées sur le bord ∂Ω de l’ouvert Ω sont
applées conditions aux limites ou données au bord. Dans ce cas l’EDP est
appelée problème aux limites.
Exemple 5.2. 1. Problème de Dirichlet
{
−∆u = f dans Ω
u/∂Ω = 0
où

n
∆u = ∂k2 u.
k=1

La donnée de la trace de u sur le bord de Ω est appelée condition de


Dirichlet et le problème aux limites associé est appelé problème de Di-
richlet.
2. Problème de Neumann
{
−∆u = f dans Ω
∂u
= 0
∂ν /∂Ω
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 102

où
∂u
= ∇u · ⃗ν ,
∂ν
⃗ν désigne la normale à ∂Ω dirigée vers l’extérieur de Ω.
La donnée de la trace de la dérivée normale de u sur le bord de Ω est
appelée condition de Neumann et le problème aux limites associé est
appelé problème de Neumann.
3. Problème mixte (ou mêlé)

 −∆u = f dans Ω
u/Γ = 0
 ∂u 0 = 0
∂ν /Γ
1

La donnée de la trace de u sur une partie du bord Γ0 de ∂Ω et de la


trace de sa dérivée normale sur l’autre partie du bord Γ1 sont appelées
conditions mixtes et le problème aux limites associé est appelé problème
mixte (ou mêlé).

5.1.2 Conditions initiales


La donnée de u et (ou) de ses dérivées sur un hypersurface (espace de
dimention n − 1) qui n’est pas nécessairement le bord de Ω sont appelées
conditions initiales ou données de Cauchy. Dans ce cas l’EDP est appelée un
problème de Cauchy.
Exemple 5.3. – Problème de Cauchy pour l’équation des ondes
 ∂2u
 ∂t2
= C 2 ∆x u(x, t) dans Ω×]0, T [
(x, t)
u(x, 0) = u0 (x) x ∈ Ω (1) (5.2)
 ∂u
∂t
(x, 0) = u1 (x) x ∈ Ω (2)
Les données (1) et (2) sont appelées conditions initiales.
– Problème de Cauchy pour l’équation de la chaleur
{ ∂u
∂t
(x, t) = ∆x u(x, t) dans Ω×]0, T [
u(x, 0) = u0 (x) x ∈ Ω (3)
La condition (3) est appelée condition initiale.
Remarque 5.2. Il peut même y avoir des conditions mixtes dans le sens où
l’on mélange des conditions du type ci-dessus.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 103

5.1.3 Exemples des EDP linéaires


Les equations aux dérivées partielles linéaires sont classifiées en un certain
nombre de types :
• Les équations hyperboliques :
Exemple : équations des ondes

∂2u
− ∆u = f.
∂t2
• Les équations paraboliques :
Exemple : équation de la chaleur
∂u
− ∆u = f.
∂t
• Les équations elliptiques :
Exemple : équation de Laplace-Poisson

−∆u = f.

• Les équations de type Schrödinger :


Exemple :
∂u
i = (−∆ + V ) u
∂t
(où V est un potentiel donné).
Dans la suite, nous allons nous intéresser à des EDP elliptques.

5.2 Problèmes aux limites elliptiques


Nous allons aborder l’étude théorique de certains problèmes aux limites
elliptiques. Cette étude est basée sur la formulation variationnelle de ces
problèmes. Celle-ci permet d’obtenir aisément l’existence et l’unicité des solu-
tions. Nous commençons par étudier une formulation variationnelle abstraite
et nous montrons son intérêt sur des exemples concrets.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 104

5.2.1 Problème variationnel abstrait


Soit V un espace de Hilbert muni du produit scalaire (·, ·)V et de la norme
∥·∥V . Soit a une forme bilinéaire continue

a : V × V −→ R
(u, v) 7−→ a(u, v).

La continuité signifie qu’il existe M > 0, tel que

|a(u, v)| ≤ M ∥u∥V ∥v∥V ∀ u, v ∈ V.

Nous considérons le problème variationnel abstrait suivant : Etant donné


F ∈ V ′ , trouver u ∈ V solution de

(P ) a(u, v) = F (v) ∀v ∈ V.

L’existence et l’unicité d’une solution de ce problème sont basées sur la coer-


civité de la forme bilinéaire a.
Définition 5.2. On dit que a est V -elliptique ou coercive sur V si et seule-
ment il existe α > 0, tel que

a(u, v) ≥ α ∥u∥2V ∀u ∈ V.

Nous énonçons le résultat suivant connu sous le nom du lemme de Lax-


Milgram.
Théorème 5.1. Soit a une forme bilinéaire continue et V -elliptique, et
F ∈ V ′ , alors le problème variationnel (P ) admet une solution unique
u ∈ V . De plus, on a le résultat de continuité de la solution par rapport aux
données :
1
∥u∥V ≤ ∥F ∥V ′ .
α
Démonstration
Nous commençons par démontrer ce résultat dans le cas où a est symétrique.
On a la continuité, la symétrie et la coercivité de la forme bilinéaire a
entraı̂nent qu’elle définit un produit scalaire sur V × V , qu’on notera
(u, v)a = a(u, v) et que la norme associée
√ √
∥u∥a = a(u, u) = (u, u)a
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 105

est équivalente à la norme ∥ · ∥V , car

α ∥u∥2V ≤ a(u, u) ≤ M ∥u∥2V ∀u ∈ V (5.3)

ce qui implique que


√ √
α ∥u∥V ≤ ∥u∥a ≤ M ∥u∥V ∀ u ∈ V. (5.4)

Puisque F est continue sur V pour la norme ∥ · ∥V , alors elle l’est aussi pour
la norme ∥ · ∥a . D’après le théorème de représentation de Riesz, il existe un
unique u ∈ V , tel que

F (v) = (u, v)a = a(u, v) ∀ v ∈ V.

Si a n’est pas symétrique, puisque la forme linéaire F est continue sur V ,


d’après le théorème de représentation de Riesz, il existe un unique τF ∈ V ,
tel que
F (v) = (τF , v)V ∀ v ∈ V.
De même pour u fixé dans V , on a la forme linéaire v → a(u, v) est conti-
nue sur V . En appliquant, encore une fois, le théorème de Riesz, on obtient
l’existence et l’unicité d’un élément Au ∈ V , tel que

a(u, v) = (A u, v)V ∀ v ∈ V.

Ceci définit un opérateur linéaire A de V dans V qui est continue, car

(A u, v)V a(u, v)
∥A u∥V = sup = sup ≤ M ∥u∥V .
v∈V \{0} ∥v∥ v∈V \{0} ∥v∥

Ainsi le problème (P ) est équivalent à chercher u ∈ V , tel que

a(u, v) = (A u, v)V = F (v) = (τF , v)V ∀v ∈ V. (5.5)

i.e. A u = τF . (5.6)
On est donc amené à montrer que A : V → V est bijective.
Tout d’abord, on en déduit de la coercivité de a que A est injective puis-
qu’on a

α ∥v∥2V ≤ a(v, v) = (Av, v)V ≤ ∥Av∥V ∥v∥V ∀ v ∈ V, (5.7)


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 106

ce qui entraı̂ne que


∥Av∥V ≥ α ∥v∥V ∀v ∈ V
et donc si Av = 0 dans V alors v = 0 dans V . Montrons que A est surjective
sur V , c-à-d AV = V . Pour cela, on va vérifier que AV est un fermé de V et
donc
V = AV ⊕ (AV )⊥
où (AV )⊥ est l’orthogonal de AV dans V , puis on vérifie ensuite que
(AV )⊥ = {0} et donc AV = V .
En effet, soit (wn )n une suite de AV , telle que

lim wn = w dans V.
n→∞

Montrons que w ∈ AV . Comme wn ∈ AV , ∀ n ∈ N, alors il existe vn ∈ V ,


tel que Avn = wn , ∀n ∈ N. Or (wn )n = (Avn )n est convergente, alors elle est
de Cauchy, donc ∀ ϵ > 0, ∃ N ∈ N, tel que pour tout p, q ≥ N , on ait

∥Avp − Avq ∥V ≤ ϵ.

Par suite
α ∥vp − vq ∥ ≤ ∥Avp − Avq ∥V ≤ ϵ.
Ainsi on a (vn )n est une suite de Cauchy dans V (qui est complet), donc

lim vn = v dans V,
n→∞

or comme A est continue sur V, alors

lim Avn = Av dans V,


n→∞

donc par unicité de la limite on a w = Av ∈ AV , d’où AV est un fermé de V .


Soit ensuite v0 ∈ (AV )⊥ alors (v0 , Av) = 0, ∀v ∈ V , ainsi on a (v0 , Av0 ) = 0.
Or comme
0 = (Av0 , v0 ) = a(v0 , v0 ) ≥ α ∥v0 ∥2V ≥ 0,
ceci entraı̂ne que v0 = 0 dans V et donc (AV )⊥ = {0}. Par suite AV = V .
Par conséquent A est bijective sur V . Ce qui permet de conclure qu’il existe
un unique u ∈ V , tel que A u = τF .
D’autre part, en prenant u = v dans (P ), on aura d’après la coercivité de a
que
α ∥u∥2V ≤ a(u, u) = F (u)
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 107

donc
F (u)
α ∥u∥V ≤
∥u∥V
par conséquent
∥F ∥V ′
∥u∥V ≤ .
α

5.2.2 Etude de problèmes aux limites en dimension 1


Dans cette section, nous montrons comment écrire certains problèmes
aux limites en dimension 1 sous forme variationnelle et étudier l’existence et
l’unicité de leurs solutions.

Problème de Dirichlet
Soit Ω =]0, 1[, étant donné f ∈ L2 (Ω), on veut déterminer la solution u
de l’équation différentielle

−u′′ = f dans Ω (5.8)

et satisfaisant la condition aux limites

u(0) = u(1) = 0. (5.9)

Ce système représente l’équation stationnaire d’une corde. u représente le


déplacement de cette corde dans la direction perpendiculaire à celle-ci par
rapport à la position du repos (sous l’hypothèse de petits déplacements). f
désigne la densité de force et les conditions aux limites (5.9) signifient que
la corde est fixée à ses extrémités (voir figure 5.1).

Supposons qu’une solution de (5.8)-(5.9) existe et qu’elle est régulière


u ∈ H 2 (Ω). Alors en multipliant l’équation (5.8) par une fonction test
v ∈ H 1 (Ω) et en intégrant sur Ω, on obtient
∫ 1 ∫ 1
′′
− u v dx = f v dx.
0 0
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 108

0 1

Figure 5.1 – Déplacement de la corde.

En intégrant par parties, on aura


∫ 1 ∫ 1
′ ′ ′ ′
u (x) v (x) dx − u (1) v(1) + u (0) v(0) = f (x) v(x) dx,
0 0

pour v ∈ H01 (Ω) on a v(0) = v(1) = 0 et donc


∫ 1 ∫ 1
′ ′
u (x) v (x) dx = f (x) v(x) dx ∀v ∈ H01 (Ω).
0 0

Prenons alors
V = H01 (Ω),
∫ 1
a(u, v) = u′ (x) v ′ (x) dx
0
et ∫ 1
F (v) = f (x) v(x) dx,
0

on aura ainsi montré que si u ∈ H (Ω) est solution de (5.8)-(5.9), alors elle
2

est solution du problème variationnel suivant


{
Trouver u ∈ V solution de
(5.10)
a(u, v) = F (v), ∀v ∈ V.

Inversement, montrons que si u est solution de (5.10), alors elle est solution
de (5.8)-(5.9).
En effet, u solution de (5.10) entraı̂ne que u(0) = u(1) = 0 et donc u
vérifie l’équation (5.9). Pour montrer que u satisfait l’équation (5.8), comme
D(Ω) ⊂ H01 (Ω), l’équation (5.10) implique que
∫ 1 ∫ 1
′ ′
u (x)v (x) dx = f (x)v(x) dx ∀v ∈ D(Ω).
0 0
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 109

Donc
⟨u′ , v ′ ⟩ = ⟨f, v⟩ ∀v ∈ D(Ω).
En utilisant la dérivation au sens de distributions, on aura
⟨−u′′ , v⟩ = ⟨f, v⟩ ∀v ∈ D(Ω)
par suite −u′′ = f dans D′ (Ω). Or comme f ∈ L2 (Ω), on en déduit
que u, u′ , u′′ = −f sont tous trois dans L2 (Ω). Ce qui prouve que u ∈
H 2 (Ω). Donc l’équation (5.8) est satisfaite dans L2 (Ω) (c-à-d presque par-
tout dans Ω).
Montrons maintenant que (5.10) admet une solution unique grâce au lemme
de Lax-Milgram. La bilinéarité de a et la linéarité de F découlent de la
linéarité de l’intégrale. En utilisant l’inégalité de Hölder, on vérifie que a
continue sur V × V et que F est continue sur V . En effet, soient u et v des
éléments de V , on a
∫ 1
|a(u, v)| = u′ (x) v ′ (x) dx
0
∫ 1
≤ |u′ (x)| |v ′ (x)| dx
0
≤ ∥u′ ∥0,Ω ∥v ′ ∥0,Ω
≤ |u|1,Ω |v|1,Ω .
Donc a est continue sur V × V pour la norme | · |1,Ω . On a aussi
∫ 1 ∫ 1
|F (v)| = f (x) v(x) dx ≤ |f (x)| |v(x)| dx
0 0
≤ ∥f ∥0,Ω ∥v∥0,Ω .
D’après l’inégalité de Poincaré, il existe c = c(Ω) > 0, tel que
∥v∥0,Ω ≤ c |v|1,Ω ∀ v ∈ V,
donc
|F (v)| ≤ c ∥f ∥0,Ω |v|1,Ω .
D’où F est continue sur V pour | · |1,Ω . La coercivité de a sur V est évidente,
puisque ∫
(u′ (x)) = |u|21,Ω .
2
a(u, u) =

Ainsi d’après le lemme de Lax-Milgram, il existe un unique u ∈ V , tel que
a(u, v) = F (v), ∀ v ∈ V.
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 110

Problème de Neumann
Soit Ω =]0, 1[, on considère, cette fois-ci, le problème suivant : étant donné
f ∈ L2 (Ω), trouver u solution de
−u′′ + u = f dans Ω (5.11)
u′ (0) = u′ (1) = 0. (5.12)
Supposons qu’il existe une solution u ∈ H 2 (Ω) du problème (5.11)-(5.12). En
multipliant l’équation (5.11) par une fonction test v ∈ H 1 (Ω) et en intégrant
sur Ω, on obtient
∫ 1 ∫ 1 ∫ 1
′′
− u (x) v(x) dx + u(x) v(x) dx = f (x) v(x) dx.
0 0 0

En faisant une intégration par parties, on aura


∫ 1 ∫ 1 ∫ 1
′ ′ ′ 1
u (x) v (x) dx − [u (x)v(x)]0 + u(x) v(x) dx = f (x) v(x) dx
0 0 0

or u′ (0) = u′ (1) = 0, donc


∫ 1 ∫ 1 ∫ 1
′ ′
u (x) v (x) dx + u(x) v(x) dx = f (x) v(x) dx.
0 0 0

Prenons alors
V = H 1 (Ω),
∫ 1 ∫ 1
′ ′
a(u, v) = u (x) v (x) dx + u(x) v(x) dx
0 0
∫ 1
et F (v) = f (x) v(x) dx,
0

on aura ainsi montré que si u ∈ H 2 (Ω) est solution de (5.11)-(5.12), alors elle
est solution du problème variationnel suivant
{
Trouver u ∈ V solution de
(5.13)
a(u, v) = F (v), ∀v ∈ V.
Inversement, si u est solution de (5.13), on a
∫ 1 ∫ 1 ∫ 1
′ ′
u (x) v (x) dx + u(x) v(x) dx = f (x) v(x) dx ∀v ∈ H 1 (Ω).
0 0 0
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 111

Or comme D(Ω) ⊂ H 1 (Ω), alors


∫ 1 ∫ 1 ∫ 1
′ ′
u v dx + u v dx = f v dx ∀v ∈ D(Ω).
0 0 0

Donc
⟨u′ , v ′ ⟩ + ⟨u, v⟩ = ⟨f, v⟩ ∀v ∈ D(Ω).
D’où
⟨−u′′ , v⟩ + ⟨u, v⟩ = ⟨f, v⟩ ∀v ∈ D(Ω).
Par suite −u′′ + u = f dans D′ (Ω), or comme f ∈ L2 (Ω), on en déduit que
u, u′ , u′′ sont tous trois dans L2 (Ω). Ce qui prouve que u ∈ H 2 (Ω). Donc
l’équation (5.11) est vérifiée p.p. dans Ω. Pour montrer que u satisfait (5.12),
utilisons une intégration par parties de l’équation (5.13), pour avoir :
∫ 1 ∫ 1 ∫ 1
′′ ′ 1
−u (x) v(x) dx+[u (x) v(x)]0 + u(x) v(x) dx = f (x) v(x) dx ∀v ∈ V.
0 0 0

Donc
∫ 1 ∫ 1
′′ ′ ′
(−u + u) v dx + u (1)v(1) − u (0)v(0) = f v dx ∀v ∈ V.
0 0

D’où
u′ (1)v(1) − u′ (0)v(0) = 0 ∀v ∈ V.
Par suite, en prenant en particulier v(x) = x et v(x) = x − 1, on aura
respectivement u′ (1) = 0 et u′ (0) = 0. Ainsi on a démontré qu’une solution
u de (5.13) appartient à H 2 (Ω) et qu’elle est solution de (5.11)-(5.12).
Maintenant, grâce au lemme de Lax-Milgram, nous montrons que le
problème variationnel (5.13) admet une solution unique. On a bien que la
forme a est bilinéaire et que F est linéaire par linéarité de l’intégrale. La
continuité de a et celle de F découlent de l’inégalité de Hölder, en effet, soit
v ∈ V on a
∫ 1 ∫ 1
|F (v)| = f v dx ≤ |f | |v| dx
0 0
≤ ∥f ∥0,Ω ∥v∥0,Ω
≤ ∥f ∥0,Ω ∥v∥1,Ω .
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 112

Donc F est continue sur V = H 1 (Ω). D’autre part, soit (u, v) ∈ V × V , on a


∫ 1 ∫ 1
′ ′
|a(u, v)| = u v dx + u v dx
0 0
∫ 1 ∫ 1
′ ′
≤ |u | |v | dx + |u| |v| dx
0 0
′ ′
≤ ∥u ∥0,Ω ∥v ∥0,Ω + ∥u∥0,Ω ∥v∥0,Ω
≤ ∥u∥1,Ω ∥v∥1,Ω + ∥u∥1,Ω ∥v∥1,Ω
≤ 2 ∥u∥1,Ω ∥v∥1,Ω ,

donc a est continue sur V × V . La coercivité de a est immédiate, puisqu’on a


∫ 1 ∫ 1
′2
a(u, u) = u dx + u2 dx = ∥u∥21,Ω .
0 0

Par conséquent, le problème variationnel (5.13) admet une solution unique.

5.2.3 Etude de problèmes aux limites en dimension


supérieure
Dans cette section, nous montrons comment écrire certains problèmes aux
limites en dimension supérieure sous forme variationnelle et étudier l’exis-
tence et l’unicité de leurs solutions.

Problème de Dirichlet
Soit Ω un ouvert borné de Rn (n ≥ 2) de frontière Γ = ∂Ω de classe C 1 par
morceaux. Etant donné f ∈ L2 (Ω), on veut montrer l’existence et l’unicité
d’une solution u du problème suivant
{
−∆u = f dans Ω
(5.14)
u = 0 sur Γ.

En supposant que u ∈ H 2 (Ω), soit solution de (5.14), en multipliant la


première équation de (5.14) par v ∈ H 1 (Ω), en intégrant sur Ω puis en
apppliquant la formule de Green, on obtient
∫ ∫ ∫
∂u
∇u ∇v dx − v dσ = f v dx.
Ω Γ ∂ν Ω
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 113

Ainsi pour tout v ∈ H01 (Ω), on aura


∫ ∫
∇u ∇v dx = f v dx.
Ω Ω

Prenons alors

V = H01 (Ω),

a(u, v) = ∇u ∇v dx
∫Ω

et F (v) = f v dx.

On aura ainsi montré que si u ∈ H 2 (Ω) est solution de (5.14), alors elle est
solution du problème variationnel suivant
{
Trouver u ∈ V, tel que
(5.15)
a(u, v) = F (v) ∀v ∈ V.

Inversement, si u est solution de (5.15), on a u ∈ V = H01 (Ω), donc il est


clair que u/Γ = 0. D’autre part, comme D(Ω) ⊂ V , on a
∫ ∫
∇u ∇v dx = f v dx, ∀ v ∈ D(Ω),
Ω Ω

donc n ∫ ∫
∑ ∂u ∂v
dx = f v dx, ∀ v ∈ D(Ω),
i=1 Ω
∂xi ∂xi Ω

d’où
∑n
∂u ∂v
⟨ , ⟩ = ⟨f, v⟩, ∀ v ∈ D(Ω),
i=1
∂x i ∂x i

par suite
∑n
∂ 2u
− ⟨ 2 , v⟩ = ⟨f, v⟩, ∀ v ∈ D(Ω).
i=1
∂xi
Ce qui entraı̂ne que
−∆u = f dans D′ (Ω).
Or comme f ∈ L2 (Ω), donc

−∆u = f p.p. dans Ω. (5.16)


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 114

Ainsi on a u est solution de (5.14), mais dans un sens faible car de l’identité
(5.16), on ne peut pas conclure que u ∈ H 2 (Ω), puisque ∆u ∈ L2 (Ω) n’est pas
∂ 2u
équivalent à ∈ L2 (Ω), ∀i, j ∈ {1, . . . , n}. En fait, on peut montrer
∂xi ∂xj
que, sous certaines hypothèses de régularité sur Ω, la solution de (5.15) est
dans H 2 (Ω), ce qui permet de garantir l’équivalence entre le problème (5.14)
et (5.15) (voir le résultat suivant dû à Agmon-Douglis-Niremberg).

Théorème 5.2. Si le bord de Ω est de classe C 2 , alors la solution u ∈ H01 (Ω)


du problème (5.15) (solution de (5.14) au sens faible) avec f ∈ L2 (Ω), ap-
partient à H 2 (Ω). De plus, il existe une constante C > 0 (qui ne dépend que
de Ω), telle que
∥u∥2,Ω ≤ C ∥f ∥0,Ω .

Remarque 5.3. En fait, on a mieux : si Ω est convexe et à bord lipschitzien,


alors le résultat ci-dessus reste valable.

Montrons maintenant que le problème variationnel (5.15) admet une so-


lution unique, grâce au Lemme de Lax-Milgram. On a bien que a est une
forme bilinéaire et que F est une forme linéaire par linéarité de l’intégrale.
On a aussi que a et F sont continues, puisque, d’une part, pour tout
v ∈ V = H01 (Ω), on a

|F (v)| ≤ |f | |v| dx

≤ ∥f ∥0,Ω ∥v∥0,Ω ,

d’après l’inégalité de Poincaré ∃ c = c(Ω), tel que

∥v∥0,Ω ≤ c |v|1,Ω ∀v ∈ V

donc
|F (v)| ≤ ∥f ∥0,Ω c |v|1,Ω ,
d’où F est continue sur V . D’autre part, soit (u, v) ∈ V × V , on a

|a(u, v)| ≤ |∇u| |∇v| dx

≤ ∥∇u∥0,Ω ∥∇v∥0,Ω
≤ |u|1,Ω |v|1,Ω ,
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 115

donc a est continue sur V × V . La coercivité de a sur V est évidente, puis-


qu’on a ∫
a(u, u) = |∇u|2 dx = |u|21,Ω .

Par suite le problème (5.15) admet une solution unique dans V .

Problème de Neumann
Soient Ω un ouvert borné de Rn (n ≥ 2) de frontière Γ = ∂Ω de classe
C 1 par moceaux et g ∈ C(Ω) qui satisfait g(x) ≥ α0 > 0, ∀ x ∈ Ω. Etant
donné f ∈ L2 (Ω), on cherche à montrer l’existence et l’unicité de la solution
du problème suivant
{
−∆u + g u = f dans Ω
∂u (5.17)
= 0 sur Γ
∂ν
De la même manière que dans le cas du problème de Dirichlet, on suppose
que u ∈ H 2 (Ω) est solution de (5.17), on multiplie la première équation de
(5.17) par v ∈ H 1 (Ω), on intègre sur Ω puis on applique la formule de Green,
on obtient ainsi
∫ ∫ ∫
∇u ∇v dx + g u v dx = f v dx.
Ω Ω Ω

Prenons alors
V = H 1 (Ω),
∫ ∫
a(u, v) = ∇u ∇v dx + g u v dx
∫Ω Ω

et F (v) = f v dx.

On aura ainsi montré que si u ∈ H 2 (Ω) est solution de (5.17), alors elle est
solution du problème variationnel suivant
{
Trouver u ∈ V tel que
(5.18)
a(u, v) = F (v), ∀v ∈ V.
Inversement, si u est solution de (5.18), alors comme D(Ω) ⊂ V = H 1 (Ω),
on a
a(u, v) = F (v) ∀v ∈ D(Ω),
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 116

donc
∑n ∫ ∫ ∫
∂u ∂v
dx + g u v dx = f v dx, ∀ v ∈ D(Ω),
i=1 Ω ∂x i ∂x i Ω Ω

d’où
∑n
∂u ∂v
⟨ , ⟩ + ⟨g u, v⟩ = ⟨f, v⟩, ∀ v ∈ D(Ω),
i=1
∂x i ∂x i

par suite
∑n
∂ 2u
− ⟨ 2 , v⟩ + ⟨g u, v⟩ = ⟨f, v⟩, ∀ v ∈ D(Ω).
i=1
∂xi
Ce qui entraı̂ne que

−∆u + g u = f dans D′ (Ω).

Or comme f ∈ L2 (Ω), donc

−∆u + g u = f p.p. dans Ω. (5.19)

L’identité ci-dessus ne nous permet pas d’avoir la régularité u ∈ H 2 (Ω) et


donc u est une solution faible du problème (5.17). Par contre, si cette solution
u est dans H 2 (Ω), alors par application de la formule de Green à l’équation
∫ ∫ ∫
∇u ∇v dx + g u v dx = f v dx, ∀v ∈ V,
Ω Ω Ω

on obtient
∫ ∫ ∫ ∫
∂u
−∆u v dx + v dσ + g u v dx = f v dx, ∀v ∈ V.
Ω Γ ∂ν Ω Ω

Donc ∫
∂u
v dσ = 0, ∀v ∈ V = H 1 (Ω).
Γ ∂ν
Par suite ∫
∂u
w dσ = 0, ∀w ∈ γ0 (H 1 (Ω)).
Γ ∂ν
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 117

En utilisant le résultat de densité de γ0 (H 1 (Ω)) dans L2 (Γ) (admis),


∂u
comme u ∈ H 2 (Ω) alors / ∈ L2 (Γ), par suite il va exister une suite
∂ν Γ
(wk )k ⊂ γ0 (H 1 (Ω)), telle que

∂u
lim wk = dans L2 (Γ).
k→∞ ∂ν
Il est alors facile de voir que
∫ ∫ ( )2
∂u ∂u
lim wk dσ = dσ,
k→∞ Γ ∂ν Γ ∂ν

puisqu’on a
∫ ∫ ( )2 ∫
∂u ∂u ∂u ∂u
wk dσ − dσ ≤ wk − dσ
Γ ∂ν Γ ∂ν Γ ∂ν ∂ν
∂u ∂u
≤ wk − .
∂ν 0,Γ ∂ν 0,Γ

Or comme ∫
∂u
wk dσ = 0, ∀ k,
Γ ∂ν
donc ∫ ( )2
∂u
dσ = 0,
Γ ∂ν
d’où
∂u
= 0 p.p. sur Γ.
∂ν
Par suite u est solution du problème (5.17).

Remarque 5.4. • Si la solution u ∈ H 1 (Ω) du problème (5.18) n’appartient


pas à H 2 (Ω), on peut simplement dire que u est une solution faible de (5.17).
• Grâce à un résultat de régularité analogue à celui du théoréme précédent,
on peut avoir que la solution de (5.18) est dans H 2 (Ω) (sous condition que Ω
est de classe C 2 ) et dans ce cas on aura équivalence entre le problème (5.18)
et (5.17).
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 118

Montrons maintenant que le problème variationnel (5.18) admet une solu-


tion unique. On a bien que a est une forme bilinéaire et que F est une forme
linéaire par linéarité de l’intégrale. On a aussi que a et F sont continues,
puisque, d’une part, pour tout v ∈ V = H 1 (Ω), on a

|F (v)| ≤ |f | |v| dx

≤ ∥f ∥0,Ω ∥v∥0,Ω
≤ ∥f ∥0,Ω ∥v∥1,Ω ,

donc F est continue sur V . D’autre part, soit (u, v) ∈ V × V , on a


∫ ∫
|a(u, v)| ≤ |∇u| |∇v| dx + |g| |u| |v| dx
Ω Ω
≤ ∥∇u∥0,Ω ∥∇v∥0,Ω + ∥g∥∞ ∥u∥0,Ω ∥v∥0,Ω
≤ ∥u∥1,Ω ∥v∥1,Ω + ∥g∥∞ ∥u∥1,Ω ∥v∥1,Ω
≤ (1 + ∥g∥∞ ) ∥u∥1,Ω ∥v∥1,Ω ,

donc a est continue sur V × V . La coercivité de a découle du fait qu’on a


∫ ∫
a(u, u) = (|∇u|) dx + |g| |u|2 dx,
2
Ω Ω

or comme g(x) ≥ α0 > 0, ∀x ∈ Ω, alors


∫ ∫
a(u, u) ≥ (|∇u|) dx + α0 |u|2 dx
2

(∫ Ω
∫ )
≥ min(1, α0 ) (|∇u|) dx + |u| dx
2 2
Ω Ω
≥ min(1, α0 ) ∥v∥21,Ω .

On a ainsi montré que (5.18) admet une solution unique dans V .

Problème aux limites mixte général d’ordre 2


Nous allons maintenant étudier un problème aux limites mixte général
d’ordre 2 de type Dirichlet-Neumann. Soit Ω un ouvert borné et connexe de
Rn de frontière Γ = ∂Ω de classe C 1 par morceaux. Soient Γ0 et Γ1 deux
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 119

parties complémentaires de Γ (i.e. Γ = Γ0 ∪ Γ1 et Γ0 ∩ Γ1 = ∅). On cherche


à montrer l’existence et l’unicité de la solution du problème suivant

 −∇ · (k ∇u) = f dans Ω

∂u
k = g sur Γ1 (5.20)

 ∂ν
u = 0 sur Γ0 ,
∑n
∂ ∂u
où ∇ · (k ∇u) = (k ), avec k une fonction de C 1 (Ω), vérifiant :
i=1
∂x i ∂x i

∃ α > 0, tel que k(x) ≥ α, ∀ x ∈ Ω.


On suppose que f ∈ L2 (Ω) et que g ∈ L2 (Γ1 ). En supposant que u ∈ H 2 (Ω)
soit solution de (5.20), en multipliant la première équation de (5.20) par
v ∈ H 1 (Ω), puis en apppliquant la formule de Green à l’équation
∑n ∫ ∫
∂ ∂u
− (k ) v dx = f v dx,
i=1 Ω ∂x i ∂x i Ω

on obtient
n ∫
∑ ∑ n ∫ ∫
∂u ∂v ∂u
k dx − k νi v dσ = f v dx.
i=1 Ω ∂xi ∂xi i=1 Γ ∂xi Ω

Donc ∫ ∫ ∫
∂u
k ∇u ∇v dx − k v dσ = f v dx.
Ω Γ ∂ν Ω
On remarque qu’on peut bien évidemment appliquer la formule de Green,
∂u
puisque k ∈ H 1 (Ω), ceci parce que k ∈ C 1 (Ω) et u ∈ H 2 (Ω). Ainsi pour
∂xi
tout v ∈ H 1 (Ω), telle que v/Γ0 = 0, on aura
∫ ∫ ∫
k ∇u ∇v dx = f v dx + g v dσ.
Ω Ω Γ1

En prenant alors
V = {v ∈ H 1 (Ω) / v/Γ0 = 0},

a(u, v) = k ∇u ∇v dx
∫ Ω ∫
et F (v) = f v dx + g v dσ,
Ω Γ1
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 120

on aura ainsi montré que u est solution du problème variationnel suivant


{
Trouver u ∈ V tel que
(5.21)
a(u, v) = F (v), ∀v ∈ V

Inversement, si u est solution de (5.21), on a u ∈ V et donc u/Γ0 = 0. D’autre


part, comme D(Ω) ⊂ V , on aura

a(u, v) = F (v) ∀ v ∈ D(Ω),

donc n ∫ ∫
∑ ∂u ∂v
k dx = f v dx ∀ v ∈ D(Ω),
i=1 Ω ∂xi ∂xi Ω

d’où
∑n
∂u ∂v
⟨k , ⟩ = ⟨f, v⟩ ∀ v ∈ D(Ω),
i=1
∂x i ∂x i

par suite
∑n
∂ ∂u
− ⟨ (k ), v⟩ = ⟨f, v⟩ ∀ v ∈ D(Ω).
i=1
∂xi ∂xi
Par conséquent
−∇ · (k ∇u) = f dans D′ (Ω).
Or comme f ∈ L2 (Ω), alors

−∇ · (k ∇u) = f p.p. dans Ω.

Maintenant si u la solution de (5.21) est dans H 2 (Ω), comme k ∈ C 1 (Ω) alors


∂u
k ∈ H 1 (Ω), ∀ i, tel que 1 ≤ i ≤ n. Ainsi, en appliquant la formule de
∂xi
Green à (5.21), on obtient, pour tout v ∈ V
n ∫
∑ ∫ ∫ ∫
∂ ∂u ∂u
a(u, v) = − (k ) v dx + k v dσ = f v dx + g v dσ.
i=1 Ω ∂xi ∂xi Γ ∂ν Ω Γ1

Donc
∫ ∫ ∫ ∫
∂u
− ∇ · (k ∇u) v dx + k v dσ = f v dx + g v dσ.
Ω Γ1 ∂ν Ω Γ1
Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 121

Il résulte de cette formule que


∫ ( )
∂u
k − g v dσ = 0, ∀ v ∈ V.
Γ1 ∂ν

En utilisant le résultat de densité de l’espace des traces sur Γ1 des fonctions


de V dans L2 (Γ1 ) (admis), comme k ∈ C 1 (Ω) ⊂ C(Ω) et u ∈ H 2 (Ω), alors
( )
∂u
k / − g ∈ L2 (Γ1 ),
∂ν Γ
1

par suite il va exister une suite (vj )j ⊂ V , telle que

∂u
lim vj /Γ = − g dans L2 (Γ1 ).
j→∞ 1 ∂ν
Il est alors facile de voir que
∫ ( ) ∫ ( )2
∂u ∂u
lim − g vj dσ = −g dσ.
j→∞ Γ
1
∂ν Γ1 ∂ν

Or comme ∫ ( )
∂u
−g vj dσ = 0, ∀ j,
Γ1 ∂ν
donc ∫ ( )2
∂u
−g dσ = 0,
Γ1 ∂ν
d’où
∂u
= g p.p. sur Γ1 .
∂ν
Par suite u est solution du problème (5.20).

Remarque 5.5. Dans la suite, nous allons montrer que la formulation va-
riationnelle (5.21) du problème aux limites mixte admet une solution unique
dans V ⊂ H 1 (Ω) appelée la solution faible de (5.20). Si l’ouvert Ω est as-
sez régulier, on peut récupérer la régularité H 2 (Ω) de cette solution et donc
l’existence et l’unicité d’une solution de (5.20).

Nous avons alors le résultat suivant


Cours des Distributions et EDP A. CHAKIB FST de Béni Mellal 122

Théorème 5.3. Si l’ouvert Ω est de classe C 2 , alors la solution u de (5.21)


est en fait dans H 2 (Ω) et donc elle est l’unique solution de (5.20).
Montrons maintenant que le problème (5.21) admet une solution unique
dans V . On a la forme a est bilinéaire par linéarité de l’intégrale. On a aussi
a est continue et coercive. En effet, soit (u, v) ∈ V × V , on a

|a(u, v)| ≤ k ∇u ∇v dx

≤ ∥k∥∞ |u|1,Ω |v|1,Ω
donc a est continue sur V × V , de plus on a

a(u, u) = k (∇u)2 dx ≥ α |u|21,Ω ,

par suite a est V -elliptique. D’autre part, la forme F est linéaire par linéarité
de l’intégrale et elle est continue sur V . En effet, soit v ∈ V , on a
∫ ∫
|F (v)| ≤ f v dx + g v dσ
Ω Γ1
≤ ∥f ∥0,Ω ∥v∥0,Ω + ∥g∥L2 (Γ1 ) ∥v∥L2 (Γ1 ) .
La continuité de l’application trace de H 1 (Ω) dans L2 (Γ1 ) entraı̂ne qu’il existe
M > 0, tel que
∥v∥L2 (Γ1 ) ≤ M ∥v∥1,Ω .
Donc
( )
|F (v)| ≤ ∥f ∥0,Ω + M ∥g∥L2 (Γ1 ) ∥v∥1,Ω
( )
≤ c(Ω) ∥f ∥0,Ω + M ∥g∥L2 (Γ1 ) |v|1,Ω ,
où c(Ω) est la constante de Poincaré. Par suite, d’après le lemme de
Lax-Milgram, il existe une unique solution u ∈ V de (5.21).

5.3 Exercices
Exercice 5.1 Soient Ω =]0, 1[ et f ∈ L2 (Ω). On considère le sous-ensemble
V de H 1 (Ω) défini par V = {v ∈ H 1 (Ω); v(0) = 0}, la forme bilinéaire a
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définie par ∫
a(u, v) = (u′ v ′ + u′ v + uv)dx

et le problème aux limites
{
−u′′ + u′ + u = f dans Ω,
(P)
u(0) = u′ (1) = 0.

1. Montrer que V est un sous-espace fermé de H 1 (Ω).



2. Montrer qu’il existe un unique u ∈ V tel que a(u, v) = f v dx,

∀v ∈ V .
3. Quelle est l’équation vérifiée par u au sens des distributions ? Quelle
est la régularité de u ?
4. Montrer que u est solution de (P) et que c’est son unique solution.
5. Montrer que u est de classe C 1 sur Ω.
Exercice 5.2 Soit Ω l’intervalle ouvert borné ]a, b[ et fixons f ∈ L2 (Ω). On
se propose de trouver une fonction u ∈ H 2 (Ω) telle que
 ′′
 −u = f dans Ω,
′ ′
(P) u (a) = u (b) = 0,
 ∫b
a
u(x) dx = 0.

1. Montrer que si (P) admet une solution, alors f satisfait


∫ b
f (x) dx = 0 (5.22)
a

On introduit l’espace
∫ b
V = {v ∈ H (Ω); 1
v(x) dx = 0}
a

2. Montrer que V est un espace de Hilbert de H 1 (Ω).


3. Donner la formulation variationnelle du problème (P).
4. On suppose que la norme |v|1,Ω = ∥v ′ ∥0,Ω est équivalente à la norme
usuelle de H 1 (Ω) sur V . Montrer qu’il existe un unique u ∈ V solution
du problème variationnel.
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5. Etablir la décomposition H 1 (Ω) = V ⊕ V0 , où V0 désigne l’ensemble des


fonctions constantes.
6. On suppose maintenant que f satisfait (5.22). Montrer que la solution
du problème variationnel u satisfait aussi
∫ b ∫ b
′ ′
u (x) v (x) dx = f (x) v(x) dx, ∀v ∈ H 1 (Ω).
a a

En déduire que u appartient à H 2 (Ω) et est solution de (P)


Exercice 5.3 Soient Ω =]0, 1[ et f ∈ L2 (Ω). On note V = H 1 (Ω) l’espace
de Sobolev habituel et on considère la forme bilinéaire a définie par

a(u, v) = (u′ v ′ + γuv)dx,

la forme linéaire ∫
L(v) = f v dx + βv(1) − αv(0),

et le problème aux limites
{
−u′′ + γu = f dans Ω,
(P)
u′ (0) = α, u′ (1) = β,
où γ > 0 et α, β ∈ R sont donnés.
1. Montrer que L est bien définie sur V et que c’est une forme linéaire
continue sur V .
2. Montrer qu’il existe un unique u ∈ V tel que a(u, v) = L(v) pour tout
v ∈V.
3. Quelle est l’équation différentielle vérifiée par u dans D′ (Ω) ? Quelle
est la régularité de u ?
4. Montrer que u est solution de (P) et que c’est son unique solution ayant
la régularité déterminée en 3).
Exercice 5.4 Soient Ω =]0, 1[ et f ∈ L2 (Ω). On considère l’espace de So-
bolev habituel H 1 (Ω) qu’on notera plus simplement V , et la forme bilinéaire
a définie par ∫
a(u, v) = (u′ v ′ + γ uv ′ + uv)dx,

où γ est un réel donné.
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1. Montrer que la forme bilinéaire a est continue sur V × V .


On suppose dorénavant que |γ| < 2.
2. Montrer que la forme bilinéaire a est V -elliptique.

3. Montrer qu’il existe un unique u ∈ V tel que a(u, v) = Ω f v dx pour
tout v ∈ V .
4. Quelle est l’équation vérifiée par u au sens des distributions ? Quelle
est la régularité de u ?
5. Déterminer les conditions au bord de Ω satisfaites par u et en déduire
le problème aux limites (P) vérifié par u.
6. Montrer que u est l’unique solution de (P) ayant la régularité
déterminée en 4).
7. Montrer que u est de classe C 1 sur Ω.
Exercice 5.5 Soit Ω un ouvert borné de R2 , de frontière Γ régulière. On
admettra que, dans H 1 (Ω), la norme usuelle
1
∥v∥1 = (∥∇v∥20 + ∥v∥20 ) 2
est équivalente à la norme définie par
1
(∥∇v∥20 + ∥v∥20,Γ ) 2
où ∫
∥v∥20,Γ = |v|2 dσ
Γ
et
∥∇v∥20 = ∥∂1 v∥20 + ∥∂2 v∥20 .
Soit f ∈ L2 (Ω) et u0 ∈ H 2 (Ω) donnés. On se propose d’étudier le problème
aux limites de Dirichlet non homogène (L) suivant :

 u ∈ H 2 (Ω)
(L) −∆u = f dans Ω,

u = u0 sur Γ.
1. On pose
2 ∫

a(v, w) = ∂i v ∂i w dx,
i=1 Ω

pour v et w dans H 1 (Ω).


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(a) Montrer qu’il existe une solution unique u du problème variation-


nel 
 u ∈ H 1 (Ω)∫
(V) a(u, v) = Ω f v dx, ∀v ∈ H01 (Ω),

u = u0 sur Γ.
(b) Montrer que u est l’unique solution du problème aux limites (L).
2. Pour v et w dans H 1 (Ω) et ε > 0, on pose

1
aε (v, w) = a(v, w) + vw dσ.
ε Γ

(a) Montrer qu’il existe une et une seule solution uε du problème


variationnel pénalisé (Vε ) suivant :
{
uε ∈ H 1 (Ω),∫ ∫
(Vε )
aε (uε , v) = Ω f v dx + 1ε Γ u0 v dσ, ∀v ∈ H 1 (Ω).

(b) Montrer que, si uε ∈ H 2 (Ω), alors, uε est l’unique solution d’un


problème aux limites (Lε ) que l’on précisera.
(c) Montrer que :

1 ∂u
∥∇u − ∇uε ∥20 + ∥u − uε ∥20,Γ ≤ ∥ ∥0,Γ ∥u − uε ∥0,Γ .
ε ∂ν

(d) En déduire que :


1
∥u − uε ∥0,Γ ≤ Cε∥u∥2 , ∥∇u − ∇uε ∥0 ≤ C ε 2 ∥u∥2 ,

où C est une constante indépendante de u et de ε.


(e) En déduire que uε converge vers u dans H 1 (Ω) quand ε tend vers
0.
Bibliographie

[1] Brigitte Lucquin, Equations aux dérivées partielles et leurs approxi-


mations, Ellipses, (2004).

[2] Marie Thérèse, Lacroix Sonrier, Distributions Espaces de Sobolev


Applications, Ellipses, (1998).

[3] Gilbert Demengel et al., Distributions et Applications, Ellipses,


(1996).

[4] Claude Zuily, Distributions et équations aux dérivées partielles,


Exercices corrigés, Hermann, (1994).

[5] François Rodier, Distributions et transformation de Fourier, Edis-


cience international, (1993).

[6] P. A. Raviart, J. M. Thomas, Introduction à l’analyse numérique


des équations aux dérivées partielles, Masson, (1992).

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