Vous êtes sur la page 1sur 71

Chapitre 5 : Calcul différentiel

Version complète
Année 2019-2020

CALCUL DIFFÉRENTIEL

Table des matières


1. Généralités sur les espaces vectoriels normés 1
1.1. Norme et distance sur un R-espace vectoriel 1
1.2. Boules, ouverts, fermés, adhérence, intérieur, voisinage dans un espace vectoriel normé 4
1.3. Limite d’une suite, d’une fonction, continuité 6
1.4. Limites et opérations 7
2. Fonctions de Rn vers Rp 9
2.1. Fonctions composantes 9
2.2. Limites et continuité d’une fonction de Rn vers Rp 10
2.3. Dérivée suivant un vecteur, dérivées partielles d’ordre 1 12
2.4. Fonctions de classe C 1 15
2.5. Dérivées d’ordre supérieures, fonctions de classe C k 15
3. Différentielle d’une fonction de Rn vers Rp 17
3.1. Application différentiable en un point 17
3.2. Application continûment différentiable et lien avec les fonctions de classe C 1 21
3.3. Jacobienne, Jacobien, Gradient 26
3.4. Opérations et différentielles 28
4. Quelques applications du calcul différentiel 35
4.1. Plan tangent à une surface définie par une équation z = f (x, y) 35
4.2. Extremums d’une fonctions de deux variables à valeurs dans R 37
4.3. Application à la résolution d’équations aux dérivées partielles 43
5. Corrigé des travaux dirigés 51

Il eut mieux valu faire le cours sur les espaces vectoriels normés avant ce chapitre, mais le chapitre sur les e.v.n ne
fait pas partie du tronc commun et ne sera traité qu’en fin d’année.
En conséquence, beaucoup des résultats de la section 1 seront admis provisoirement et ne seront démontrés que
dans le chapitre sur les e.v.n.

1. Généralités sur les espaces vectoriels normés


1.1. Norme et distance sur un R-espace vectoriel.

1.1.1. Définitions.

Définition 1.1. Soit E un espace vectoriel sur R.


On appelle norme sur E toute application :
k k : E −→ R
vérifiant :
(1) ∀x ∈ E, kxk > 0 (positivité)
(2) ∀x ∈ E, (kxk = 0 =⇒ x = 0E ) (séparation)
(3) ∀x ∈ E, ∀λ ∈ R, kλxk = |λ| kxk (homogénéité)
(4) ∀x ∈ E, ∀y ∈ E, kx + yk 6 kxk + kyk (inégalité triangulaire)

Remarque 1.1.
— Si les quatre propriétés sont vérifiées, le point (2) est en fait une équivalence par (3).
1
CALCUL DIFFÉRENTIEL 2

— Si k k est une norme sur E, l’application :


d: E×E −→ R
(x, y) 7−→ kx − yk
est une distance sur E, autrement dit vérifie :
— ∀ (x, y) ∈ E 2 , d (x, y) > 0 (positivité) ;
— ∀ (x, y) ∈ E 2 , (d (x, y) = 0 =⇒ x = y) (séparation)
— ∀ (x, y) ∈ E 2 , d (x, y) = d(y, x) (symétrie)
— ∀ (x, y, z) ∈ E 3 , d (x, y) 6 d(x, z) + d(y, z) (inégalité triangulaire)
d est la distance sur E associée à la norme k k.
Un ensemble muni d’une distance (i.e. vérifiant les quatre propriétés ci-dessus) est appelé espace métrique.
— On rappelle que si (E, h , i) est un espace vectoriel euclidien, l’application :
k k2 E −→ p R
x 7−→ hx, xi
est une norme sur E appelée norme euclidienne associé au produit scalaire h , i.
— On a donc :
E espace vectoriel euclidien =⇒ E espace vectoriel normé
=⇒ E espace métrique
Aucune des implications réciproques n’est vraie en général.
Exercice 1.1. Soit k k une norme sur l’espace vectoriel E, prouver que :
∀ (x, y) ∈ E 2 , |kxk − kyk| 6 kx − yk
et :
∀ (x, y) ∈ E 2 , |kxk − kyk| 6 kx + yk
Solution
Soit x, y ∈ E, on a par inégalité triangulaire :
kxk 6 kx − yk + kyk
et donc :
kxk − kyk 6 kx − yk (1.1)
et en échangeant les rôles joués par x et y, on obtient de même que :
kyk − kxk 6 ky − xk = kx − yk (1.2)
et puisque |kxk − kyk| ∈ {kxk − kyk ; kyk − kxk}, on déduit bien de 1.1 et 1.2 que :
|kxk − kyk| 6 kx − yk
et en changeant y en −y :
|kxk − kyk| 6 kx + yk
1.1.2. Normes usuelles sur Rn .

Proposition.
— L’application x 7−→ |x| est une norme sur R
— Plus généralement, si n ∈ N∗ , les applications suivantes sont des normes sur Rn :
k k1 : Rn −→ R k k2 : Rn −→ v R
n
X u n
uX
x = (xi )16i6n 7−→ |xi | x = (xi )16i6n 7−→ t x2i
i=1 i=1

k k∞ : Rn −→ R
x = (xi )16i6n 7−→ sup |xi |
i∈J1,nK

Démonstration.
— Le premier point est clair.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 3

— Positivité, séparation et homogénéité de k k1 sont claires, l’inégalité triangulaire provient par sommation de
celle de la valeur absolue.
— k k2 est la norme euclidienne associée au produit scalaire de Rn :
h , i: Rn × Rn −→ R
  Xn
(x, y) = (xi )16i6n , (yi )16i6n 7 → hx, yi =
− xi yi
i=1

— La positivité, la séparation et l’homogénéité de k k∞ sont claires. On a pour tous x = (xi )16i6n et y = (yi )16i6n
dans Rn :
∀i ∈ J1; nK , |xi + yi | 6 |xi | + |yi | 6 kxk∞ + kyk∞
et donc :
kx + yk∞ = sup |xi + yi | 6 kxk∞ + kyk∞
i∈J1;nK

Remarque 1.2. Soit E un R-espace vectoriel de dimension finie n et (ei )i∈J1;nK une base quelconque de E, pour tout
P
x = ni=1 xi ei , on peut poser comme ci-dessus :
v
n u n
X uX
kxk∞ = sup |xi | , kxk1 = |xi | et kxk2 = t x2i
i∈J1,nK i=1 i=1

et on montre comme ci-dessus que k k∞ , k k1 et k k2 sont des normes sur E.


Tout R-espace vectoriel de dimension finie peut donc être muni d’une norme.
1.1.3. Normes équivalentes.

Définition 1.2. Deux normes k ka et k kb sur un même espace vectoriel E sont dîtes équivalentes, s’il existe α > 0
et β > 0 tels que :
∀x ∈ E, α kxka 6 kxkb 6 β kxka

Exercice 1.2. Montrer que la relation ci-dessus entre les normes d’un même espace vectoriel E est une relation
d’équivalence.
Solution
On définit la relation ∼ entre normes de E par :
′ ′
k k ∼ k k ⇐⇒ ∃ (α, β) ∈ R∗2
+ , ∀x ∈ E, α kxk 6 kxk 6 β kxk

— Soit k k une norme sur E, alors :


∀x ∈ E, 1 × kxk 6 kxk 6 1 × kxk
et donc :
k k∼k k
et la relation ∼ est donc réflexive.
′ ′
— Soient k k et k k deux normes sur E et supposons k k ∼ k k , il existe donc deux réels α et β strictement
positifs tel que :

∀x ∈ E, α kxk 6 kxk 6 β kxk
et donc :
1 1
∀x ∈ E, kxk′ 6 kxk 6 kxk′
β α
et donc k k′ ∼ k k. La relation ∼ est donc symétrique.
′ ′′ ′ ′ ′′
— Soient k k, k k et k k trois normes sur E vérifiant k k ∼ k k et k k ∼ k k , il existe donc quatre réels
strictement positifs α, β, γ et δ vérifiant :
′ ′ ′′ ′
∀x ∈ E, α kxk 6 kxk 6 β kxk et γ kxk 6 kxk 6 δ kxk
On en déduit :
′′
∀x ∈ E, αγ kxk 6 kxk 6 δβ kxk
et on a donc k k ∼ k k′′ . La relation ∼ est donc transitive.
— D’après les trois points précédents, la relation ∼ est donc bien une relation d’équivalence.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 4

Exercice 1.3. Montrer que les normes k k1 , k k2 et k k∞ sur l’espace vectoriel Rn définies à la proposition sont
équivalentes. (On devra utiliser l’inégalité de Cauchy-Schwarz ).
Solution
Soit x = (xi )16i6n ∈ Rn , on a :
n
X
kxk∞ = sup |xi | 6 |xi | = kxk1
i∈J1;nK i=1
D’autre part, d’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz :
v v
n n u n u n
X X uX uX √
kxk1 = |xi | = 1 × |xi | 6 t 1 ×t
2 2
|xi | = n kxk2
i=1 i=1 i=1 i=1
v
u n q
uX √
kxk2 = t 2 2
xi 6 n kxk∞ = n kxk∞
i=1
On a donc : √
∀x ∈ E, kxk∞ 6 kxk1 6 n kxk2 6 n kxk∞
Ce qui prouve l’équivalence des trois normes k k1 , k k2 et k k∞ .
En fait le résultat ci-dessus résulte du résultat plus général suivant :

Proposition 1.1. Si E un R-espace vectoriel de dimension finie, alors toutes les normes sur E sont équivalentes

Démonstration. Elle sera donnée dans le chapitre sur les espaces vectoriels normés. 
1.2. Boules, ouverts, fermés, adhérence, intérieur, voisinage dans un espace vectoriel normé. Se donner
une topologie sur un ensemble E, c’est se donner une partie O non vide de P(E) dont les éléments sont appelés
ouverts de E telle que :
— E et ∅ appartiennent à O. [
— Pour toute famille (Oi )i∈I d’éléments de O, Oi ∈ O.
i∈I
Toute réunion d’éléments de O appartient à O. \
— Pour toute famille finie (Oi )i∈I d’éléments de O, Oi ∈ O.
i∈I
Toute intersection finie d’éléments de O appartient à O.
Un ensemble E muni d’une topologie est appelé espace topologique.
Les espaces vectoriels normés sont des cas particuliers d’espaces topologiques (voir la proposition 1.2 ci-dessous).

Définition 1.3. Soient E un espace vectoriel normé par la norme k k, x0 ∈ E et r ∈ R∗+ .


— La boule ouverte de centre x0 et de rayon r est l’ensemble :
B (x0 , r) = {x ∈ E/d (x0 , x) < r} = {x ∈ E/ kx − x0 k < r}
— La boule fermée de centre x0 et de rayon r est l’ensemble :
B ′ (x0 , r) = {x ∈ E/d (x0 , x) 6 r} = {x ∈ E/ kx − x0 k 6 r}

Remarque 1.3. Sous les hypothèses de la proposition précédente, il est clair que si 0 < r 6 r′ , on a :
B (x0 , r) ⊂ B (x0 , r′ ) et B ′ (x0 , r) ⊂ B ′ (x0 , r′ )

Définition 1.4. Soit E un espace vectoriel normé par la norme k k.


— On dit qu’une partie O de E est ouverte (ou est un ouvert) lorsque :
∀x ∈ O, ∃r ∈ R∗+ , B(x, r) ⊂ O
Autrement dit, O est un ouvert si dès qu’il contient un élément x de E, il contient aussi toute une boule
ouverte de centre x.
— On dit qu’une partie F de E est fermée si son complémentaire ∁E F = E\F est un ouvert de E.

Remarque 1.4.
— Les parties ouvertes de E sont donc les réunions de boules ouvertes (à prouver en exercice).
CALCUL DIFFÉRENTIEL 5

— Puisque toute boule ouverte contient une boule fermée de même centre et que toute boule fermée contient une
boule ouverte de même centre, on peut remplacer dans cet énoncé, boule ouverte par boule fermée.

Proposition 1.2. Soient E un espace vectoriel normé par la norme k k et O l’ensemble de toutes les parties ouvertes
de E, alors O définit une topologie sur E.

Démonstration. On désigne donc par O l’ensemble des parties O de E vérifiant :


∀x ∈ O, ∃r ∈ R∗+ , B(x, r) ⊂ O
— Il est clair que E et ∅ appartiennent à O.
— Soit (Oi )i∈I une famille d’éléments de O.
[
Alors pour tout x ∈ Oi , il existe ix ∈ I tel que x ∈ Oix et puisque Oix ∈ O, il existe rx > 0 tel que
[ i∈I [
B (x, rx ) ⊂ Oix ⊂ Oi . Ce qui prouve que Oi appartient à O.
i∈I i∈I \
— Soit (Oi )i∈I une famille finie d’éléments de O. Soit x ∈ Oi , alors pour tout i ∈ I, x ∈ Oi et puisque les Oi ,
i∈I
i ∈ I appartiennent à O, pour tout i ∈ I, il existe ri > 0 tel que B (x, ri ) ⊂ Oi . Posons alors r = minri > 0
i∈I
(puisque I est fini), on a pour tout i ∈ I, B (x, r) ⊂ B (x, ri ) ⊂ Oi et donc :
\
B (x, r) ⊂ Oi
i∈I
T
Ce qui prouve que i∈I Oi appartient à O.
— Les trois points précédents prouvent que O est une topologie sur E (voir la définition en 1.2).


Proposition 1.3. (et définition)


Soit E un espace vectoriel normé par k k, A une partie de E et x0 ∈ E.
Les propriétés suivante sont équivalentes :
(1) Toute boule ouverte de centre x0 rencontre A (i.e a une intersection non vide avec A).
(2) ∀ε > 0, B (x0 , ε) ∩ A 6= ∅
(3) ∀ε > 0, ∃y ∈ A, ky − x0 k < ε
— Lorsque l’une (et donc toutes) ses propriétés est vérifiée, on dit que x0 est un point adhérent à A.
— L’ensemble de tous les points adhérents à A est appelé adhérence de A et est noté A.

Démonstration. Les trois propriétés ne sont que des reformulations de l’une d’entre elles. 
Remarque 1.5.
— En particulier A ⊂ A.
— Si x0 ∈ A, il existe donc des points de A aussi proches de x0 que l’on veut, ce qui permettra de prendre des
limites pour x ∈ A et x → x0 .

Proposition 1.4. (et définition)


Soit E un espace vectoriel normé par k k, A une partie de E et x0 ∈ A.
Les propriétés suivante sont équivalentes :
(1) Il existe une boule ouverte de centre x0 incluse dans A.
(2) ∃r > 0, B (x0 , r) ⊂ A
(3) ∃r > 0, ∀y ∈ E, (ky − x0 k < r =⇒ y ∈ A)
— Lorsque l’une (et donc toutes) ses propriétés est vérifiée, on dit que x0 est un point intérieur à A.

— L’ensemble de tous les points intérieurs à A est appelé intérieur de A et est noté A.

Démonstration. Les trois propriétés ne sont que des reformulations de l’une d’entre elles. 

Remarque 1.6. En particulier A ⊂ A.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 6

Définition 1.5. Soit E un espace vectoriel normé et x0 ∈ E, on dit qu’une partie V de E est un voisinage de x0
s’il existe r > 0 tel que B (x0 , r) ⊂ V .
Remarque 1.7. Soit E un espace vectoriel normé, alors :

— Une partie A de E est un voisinage de x0 si et seulement si x0 ∈ A.
— Une partie O de E est ouverte si et seulement si elle est voisinage de tous ses points.
1.3. Limite d’une suite, d’une fonction, continuité.
1.3.1. Définitions.

Définition 1.6. Soient E un espace vectoriel normé par k k, ℓ ∈ E et (xn ) une suite de points de E.
On dit que (xn ) converge vers ℓ (ou a pour limite ℓ) et on écrit :
lim xn = ℓ
n→+∞
lorsque :
∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n > n0 , kxn − ℓk < ε

Remarque 1.8.
— La suite (xn ) de points de E converge vers ℓ si et seulement si la suite (numérique) de nombres réels (kxn − ℓkE )n
converge vers 0.
— La suite (xn ) converge vers ℓ si et seulement si toute boule ouverte de centre ℓ contient tous les termes de la
suite à partir d’un certain rang (ce rang dépendant du rayon de la boule).
— Dans cette définition, l’inégalité stricte peut être remplacée par l’inégalité large kxn − ℓk 6 ε

Proposition 1.5. Soit E un espace vectoriel normé par la norme k k et (xn ) une suite de points de E, alors si
(xn ) converge, sa limite est unique.

Démonstration. On raisonne par l’absurde en supposant qu’il existe une suite (xn ) de points de E convergeant vers
kℓ−ℓ′ k
deux limites distinctes ℓ 6= ℓ′ . Alors en choisissant ε = 2 > 0, il existe n0 et n1 dans N tel que :
kℓ − ℓ′ k kℓ − ℓ′ k
∀n > n0 , kxn − ℓk < et ∀n > n1 , kxn − ℓ′ k <
2 2
Posons n2 = max (n0 , n1 ), alors n2 > n0 et n2 > n1 , alors :
kℓ − ℓ′ k kℓ − ℓ′ k
kℓ − ℓ′ k 6 kℓ − xn2 k + kxn2 − ℓ′ k < + = kℓ − ℓ′ k
2 2
Ce qui est absurde et il ne peut donc exister de suite d’éléments de E convergeant vers deux limites distinctes. 

Définition 1.7. Soient E et F deux espaces vectoriels respectivement normés par k kE et k kF , f une application
de D ⊂ E vers F , x0 ∈ D et ℓ ∈ F .
On dit que f a pour limite ℓ en x0 et on écrit :
lim f (x) = ℓ
x→x0
lorsque :
∀ε > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ D, (kx − x0 kE < η =⇒ kf (x) − ℓkF < ε)

Remarque 1.9. En reprenant les hypothèses de cette définition, on a lim f (x) = ℓ si et seulement si la fonction, à
x→x0
valeur dans R, x 7−→ kf (x) − ℓkF de D dans R a pour limite 0.
Là encore, dans cette définition, les inégalités strictes kx − x0 kE < η et kf (x) − ℓkF < ε peuvent être remplacées
par des inégalités larges.

Proposition 1.6. Soient E et F deux espaces vectoriels respectivement normés par k kE et k kF , f une application
de D ⊂ E vers F et x0 ∈ D.
On suppose que f admet une limite en x0 , alors cette limite est unique.

Démonstration. Elle est tout à fait similaire à celle du résultat analogue concernant les limites de suites et est donc
laissée en exercice. 
CALCUL DIFFÉRENTIEL 7

Définition 1.8. Soient E et F deux espaces vectoriels respectivement normés par k kE et k kF , f une application
de D ⊂ E vers F
— Soit x0 ∈ D, on dit que f est continue en x0 si lim f (x) = f (x0 ), autrement dit si :
x→x0

∀ε > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ D, (kx − x0 kE < η =⇒ kf (x) − f (x0 )k < ε)


— On dit que f est continue sur D si f est continue en tout point x0 de D.

1.3.2. Limites, continuité et normes équivalentes. La proposition suivante est admise, elle sera démontrée dans la
chapitre sur les espaces vectoriels normés.


Proposition 1.7. Soient E et F deux espaces vectoriels, k kE et k kE deux normes équivalentes sur E, k kF et

k kF deux normes équivalentes sur F. Alors :

(1) Les topologies sur E respectivement définies par les normes k kE et k kE ont les mêmes ouverts.
(2) Si (xn ) est une suite de points de E et ℓ ∈ E, on a

(xn ) converge vers ℓ pour la norme k kE ⇐⇒ (xn ) converge vers ℓ pour la norme k kE
(3) Soit A une partie de E, alors :

— les adhérences de A pour les deux normes k kE et k kE sont confondues

— Les intérieurs de A pour les deux normes k kE et k kE sont confondus
(4) Soient D une partie de E, f une application de D dans F
— Soit x0 un point de E adhérent à D pour la norme k kE (donc aussi pour la norme k k′E ) et soit ℓ ∈ F,
′ ′
lim f (x) = ℓ pour les normes k kE et k kF ⇐⇒ lim f (x) = ℓ pour les normes k kE et k kF
x→x0 x→x0

— Soit x0 ∈ D, alors :
′ ′
f continue en x0 pour k kE et k kF ⇐⇒ f continue en x0 pour k kE et k kF

Remarque 1.10. Il résulte de cette proposition qu’entre des normes équivalentes, on pourra choisir celle qui conduit
aux calculs les plus simples. En dimension finie par la proposition 1.1, on pourra donc choisir n’importe quelle norme
et donc celle qui facilite les calculs.
Exercice 1.4. Soit E un espace vectoriel normé par la norme k k. Montrer que k k est une application continue de
E dans R, (on pourra utiliser les résultats de l’exercice 1.1 ).
Solution
Soit x0 ∈ E, on a pour tout x ∈ E :
|kxk − kx0 k| 6 kx − x0 k
et donc :
∀ε > 0, ∀x ∈ E kx − x0 k < ε =⇒ |kxk − kx0 k| < ε
Ce qui prouve la continuité de k k en tout point de x0 ∈ E.

1.4. Limites et opérations.

Proposition 1.8. Soient E, F deux espaces vectoriels normés respectivement par k kE et k kF , f , g deux ap-
plications de D ⊂ E dans F , µ une application de D dans R, x0 ∈ D, ℓ ∈ F , ℓ′ ∈ F et λ ∈ R. On suppose
que :
lim f (x) = ℓ, lim g(x) = ℓ′ et lim µ(x) = λ
x→x0 x→x0 x→x0
Alors :
lim (f + g) (x) = ℓ + ℓ′ et lim µ(x)f (x) = λℓ
x→x0 x→x0

Démonstration. On va se contenter de montrer que sous les hypothèses de l’énoncé, on a lim (f + g) (x) = ℓ + ℓ′ ,
x→x0
les autres points se prouvant de manière analogue (revoir, cours de l’an dernier, les résultats démontrés lorsque
CALCUL DIFFÉRENTIEL 8

E = F = R).
Soit ε > 0, alors puisque lim f (x) = ℓ et lim g(x) = ℓ′ , il existe η1 > 0 et η2 > 0 tels que :
x→x0 x→x0
ε
∀x ∈ D, kx − x0 kE < η1 =⇒ kf (x) − ℓkF <
2
et :
ε
∀x ∈ D, kx − x0 kE < η2 =⇒ kg (x) − ℓ′ kF <
2
On pose η3 = inf (η1 , η2 ), alors pour tout x ∈ D vérifiant kx − x0 kE < η3 , on a kx − x0 kE < η1 et kx − x0 kE < η2
donc :
ε ε
kf (x) + g (x) − ℓ − ℓ′ kF 6 kf (x) − ℓkF + kg (x) − ℓ′ kF < + = ε
2 2
On a donc montré :
∀ε > 0, ∃η3 > 0, ∀x ∈ D, kx − x0 kE < η3 =⇒ k(f + g) (x) − ℓ − ℓ′ kF < ε
et donc :
lim (f + g) (x) = ℓ + ℓ′
x→x0

Remarque 1.11. Des résultats analogues valent également pour deux suites (xn ) et (yn ) de points de E et (µn ) de réels
convergeant respectivement vers ℓ, ℓ′ ∈ E et λ ∈ R, on a :
lim (xn + yn ) = ℓ + ℓ′ et lim µn xn = λℓ
n→+∞ n→+∞

(À prouver en exercice).

Corollaire 1.1. Soient E, F deux espaces vectoriels normés respectivement par k kE et k kF , f , g deux applications
de D ⊂ E dans F , µ une application de D dans R et x0 ∈ E.
Soit x0 ∈ D, alors :
f et g continues en x0 =⇒ f + g continue en x0
et
f et µ continues en x0 =⇒ µf continue en x0
Et donc :
f et g continues sur D =⇒ f + g continue sur D
et
f et µ continues sur D =⇒ µf continue sur D

Démonstration. Elle découle immédiatement de la proposition précédente. 

Proposition 1.9. Soient E, F , G trois espaces vectoriels respectivement normés par k kE , k kF et k kG , f une
fonction définie sur D ⊂ E à valeurs dans F , g une fonction définie sur D′ ⊂ F à valeurs dans G et x0 ∈ E, ℓ ∈ F
et ℓ′ ∈ G.
On suppose que x0 est adhérent à l’ensemble de définition D′′ = {x ∈ D/f (x) ∈ D′ } de g ◦ f et que :
lim f (x) = ℓ et lim g(y) = ℓ′
x→x0 y→ℓ

Alors :
lim g ◦ f (x) = ℓ′
x→x0

Démonstration. Les normes sur E, F et G seront notées indifféremment k k pour soulager l’écriture.
Soit ε > 0, puisque lim g(y) = ℓ′ , il existe η > 0 tel que :
y→ℓ

∀y ∈ D′ , ky − ℓk < η =⇒ kg (y) − ℓ′ k < ε


Mais puisque lim f (x) = ℓ, il existe α > 0 tel que :
x→x0

∀x ∈ D, kx − x0 k < α =⇒ kf (x) − ℓk < η


CALCUL DIFFÉRENTIEL 9

Soit alors x ∈ D′′ , on a f (x) ∈ D′ et donc :


kx − x0 k < α =⇒ kf (x) − ℓk < η
=⇒ kg ◦ f (x) − ℓ′ k < ε
On a donc montré que :
∀ε > 0, ∃α > 0, ∀x ∈ D′′ , kx − x0 k < α =⇒ kg ◦ f (x) − ℓ′ k < ε
autrement dit que :
lim g ◦ f (x) = ℓ′
x→x0

Remarque 1.12.
— De même si (xn ) est une suite de points de E et f une application de E dans F telle que la suite (f (xn )) soit
définie à partir d’un certain rang. Alors si (xn ) converge vers ℓ et lim f (x) = ℓ′ , alors la suite (f (xn )) converge
x→ℓ
vers ℓ′ .
(À prouver en exercice).

— Pour montrer qu’une application f : D ⊂ E :−→ F n’admet pas de limite en x0 ∈ D, on peut ainsi lorsque c’est
possible :
— choisir un “chemin” contenu dans D, autrement dit une fonction γ : R −→ E à valeurs dans D, tel que
limt→t0 γ(t) = x0 et tel que lim f (γ (t)) n’existe pas.
t→t0
— choisir deux chemins γ1 et γ2 contenus dans D tels que les limites lim γ1 (t) = lim γ2 (t) = x0 et tels que les
t→t1 t→t2
limites lim f (γ1 (t)) et lim f (γ2 (t)) existent et soient distinctes.
t→t1 t→t2
(On peut aussi utiliser les suites par le premier point de la remarque).
Exemple 1.1. On considère la fonction :
f: R2 −→ R
xy
(x; y) 7−→ x2 +y 2

définie que R2 \ {0R2 }. On considère les chemins γ1 : t 7−→ (t, 0) et γ2 : t 7−→ (t; t). Alors :
lim γ1 (t) = lim γ2 (t) = 0R2
t→0 t→0
et on vérifie que :
1
lim f (γ1 (t)) = 0 6= = lim f (γ2 (t))
t→0 2 t→0
et f n’admet donc pas de limite en 0R2 .

Corollaire 1.2. Soient E, F , G trois espaces vectoriels respectivement normés par k kE , k kF et k kG , f une
fonction de E dans F , g une fonction de F dans G
— Soit x0 ∈ E, on suppose que g ◦ f est définie sur un voisinage de x0 alors :

f continue en x0
=⇒ g ◦ f continue en x0
g continue en f (x0 )
— On suppose f définie sur l’ouvert U de E , g définie sur l’ouvert V de F et f (U) ⊂ V, alors :

f continue sur U
=⇒ g ◦ f continue sur D1
g continue sur V

Démonstration. Découle immédiatement de la proposition précédente. 

2. Fonctions de Rn vers Rp
2.1. Fonctions composantes. Rn est un espace vectoriel normé et toute la section 2 s’applique donc à Rn muni
d’une quelconque de ses normes puisqu’elles sont toutes équivalentes.
Dans tout ce qui suit f désignera une fonction de Rn vers Rp d’ensemble de définition D ⊂ Rn .
Pour tout i ∈ J1; pK, désignons par pi la forme linéaire (« projection ») définie par :
pi : Rp −→ R
(xj )16j6p 7−→ xi
CALCUL DIFFÉRENTIEL 10

et la fonction à valeurs réelles fi = pi ◦ f : Rn −→ R, alors les fonction fi , i ∈ J1; pK sont définies sur D ⊂ E et on a :
∀x ∈ D, f (x) = (f1 (x), f2 (x), . . . , fp (x)) = (fi (x))16i6p
Réciproquement, si on se donne p fonctions fi , i ∈ [1; p] fonctions de Rn vers R, on peut alors considérer la fonction
f définie sur l’intersection D des ensembles de définition Di des fonctions fi , i ∈ J1; pK vérifiant :
∀x ∈ Rn , f (x) = (fi (x))16i6p
Ceci pose donc un problème, chacune des fonctions fi , i ∈ J1, pK peut donc être définie sur un ensemble de définition
Di strictement plus grand (au sens de l’inclusion) que D. Pour toute la suite, on considèrera donc les fonctions fi ,
i ∈ J1; pK uniquement définies sur D.

Définition 2.1. Avec les notations précédentes, les fonctions fi , i ∈ J1; pK sont appelées fonctions composantes (ou
coordonnées) de la fonction f . Dans ce contexte, on pourra écrire f = (f1 , f2 , . . . , fp ) = (fi )i∈J1;pK .

2.2. Limites et continuité d’une fonction de Rn vers Rp .

2.2.1. Limites et fonctions composantes.

Proposition 2.1. Soient f = (fi )i∈J1;pK une fonction de Rn vers Rp d’ensemble de définition D, x0 ∈ Rn adhérent
à D et ℓ = (ℓi )i∈J1;pK ∈ Rp . Alors :
lim f (x) = ℓ ⇐⇒ ∀i ∈ J1; pK , lim fi (x) = ℓi
x→x0 x→x0

Démonstration. On munit Rn d’une norme quelconque k k et Rp de la norme k k∞ .


Les fi , i ∈ J1, pK, on a alors facilement :
lim f (x) = ℓ ⇐⇒ lim kf (x) − ℓk∞ = 0
x→x0 x→x0
⇐⇒ lim sup |fi (x) − ℓi | = 0
x→x0 i∈J1,pK

⇐⇒ ∀i ∈ J1; pK , lim |fi (x) − ℓi | = 0


x→x0
⇐⇒ ∀i ∈ J1; pK , lim fi (x) = ℓi
x→x0

Le point relativement délicat étant le passage de la troisième à la deuxième ligne (interversion de quantificateurs), (on
prend (comme d’habitude) « η = inf ηi »). 
i∈J1,pK

Corollaire 2.1. Soit f = (fi )i∈J1;pK une application de D ⊂ Rn vers Rp et x0 ∈ D, alors :


(1)
f continue en x0 ⇐⇒ ∀i ∈ J1; pK , fi continue en x0
(2)
f continue sur D ⇐⇒ ∀i ∈ J1; pK , fi continue sur D

Démonstration. Découle immédiatement de la proposition précédente. 

Remarque 2.1. L’étude de la continuité ou de la limite d’une fonction de Rn vers Rp peut donc se ramener à cette
même étude pour les p fonctions composantes de Rn vers R.

Proposition 2.2. Toute application linéaire u de Rn dans Rp est continue sur Rn .

Remarque 2.2. En particulier les « projections » :


pi : Rn −→ R
i ∈ J1, nK
x = (x1 , x2 , . . . , xn ) 7−→ xi
sont continues sur Rn .
CALCUL DIFFÉRENTIEL 11

2.2.2. Cas des fonctions de Rn dans R. À la différence des fonctions à valeurs dans un espace normé F de dimension
strictement plus grande que 1, on peut ici parler de limites infinies :

Définition 2.2. Soit E un espace vectoriel normé par k kE , f une application de D ⊂ E vers R et x0 ∈ E adhérent
à D.
— On dit que f a pour limite +∞ en x0 et on écrit :
lim f (x) = +∞
x→x0

lorsque :
∀A ∈ R, ∃η > 0, ∀x ∈ D, (kx − x0 kE < η =⇒ f (x) > A)
— On dit que f a pour limite −∞ en x0 et on écrit :
lim f (x) = −∞
x→x0

lorsque :
∀A ∈ R, ∃η > 0, ∀x ∈ D, (kx − x0 kE < η =⇒ f (x) < A)

La proposition suivante s’appliquera en particulier lorsque E = Rn .

Proposition 2.3. Soient E un espace vectoriel normé par k kE , f une application de D ⊂ E dans R, x0 ∈ E
adhérent à D et ℓ ∈ R, ℓ 6= 0. On suppose que :
lim f (x) = ℓ
x→x0

Alors :
1 1
lim =
x→x0 f (x) ℓ

1 1 1
Démonstration. On considère la fonction inverse de R dans R, u : x 7−→ x, alors f . Pour
= u ◦ f et lim u (y) =
y→ℓ ℓ
prouver la proposition, il suffit d’appliquer la proposition 1.9 et pour ce faire montrer que x0 qui est adhérent à D est
aussi adhérent à l’ensemble de définition D′ = {x ∈ D/f (x) 6= 0} ⊂ D de u ◦ f .
Or puisque puisque lim f (x) = ℓ, on a par composition lim |f (x)| = |ℓ| > 0 et il existe donc η > 0 tel que :
x→x0 x→x0

∀x ∈ D, (kx − x0 k < η =⇒ |f (x)| > 0)


et donc :
∀x ∈ B (x0 , η) ∩ D, f (x) 6= 0
D’où :
B (x0 , η) ∩ D ⊂ D′
Soit alors ε > 0 et ε1 = inf (ε, η), puisque x0 est adhérent à D, on a B (x0 , ε1 ) ∩ D 6= ∅, mais par l’inclusion
précédente :
B (x0 , ε1 ) ∩ D ⊂ B (x0 , η) ∩ D ⊂ D′
et donc :
∅ 6= B (x0 , ε1 ) ∩ D ⊂ B (x0 , ε) ∩ D′
Ce qui prouve que :
∀ε > 0, B (x0 , ε) ∩ D′ 6= ∅
et x0 est donc adhérent à D′ , la proposition 1.9 s’applique donc puisque lim u(y) = 1ℓ . 
y→ℓ

Corollaire 2.2. Soient E un espace vectoriel normé par k kE , f une application de D ⊂ E dans R.
— On suppose que f est continue en x0 ∈ D et que f (x0 ) 6= 0, alors f1 est continue en x0 .
— On suppose que f est continue sur D et que :
∀x ∈ D, f (x) 6= 0
1
alors f est continue sur D.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 12

Corollaire 2.3. Soit n ∈ N∗ , toute fonction f de Rn vers R construite par somme, produit, quotient des projections
pi , i ∈ J1; nK est continue en tout point de son ensemble de définition.

Démonstration. Résulte immédiatement des propositions 2.2, 1.1 et 2.2 

Exemple 2.1. La fonction :


f: R3 −→  R2 
xy 2 z

(x; y; z) 7−→ 2 2
x2 +y 2 +z 2 , x + z

est continue sur R3 \ {0R3 } puisqu’il en est ainsi de ses fonctions composantes.

2.2.3. Limites et fonctions partielles.

Définition 2.3. Soit f une application d’un ouvert U de Rn dans Rp et a = (ai )16i6n ∈ U.
Pour tout i ∈ J1; nK, la i-ème fonction partielle en a est la fonction fa,i de R vers Rp obtenue en fixant toutes les
variables xj à aj , j ∈ J1; nK \ {i} et en laissant “libre” la i-ème variable :
fa,i R −→ Rp
t 7−→ f (a1 , . . . , ai−1 , t, ai+1 , . . . , an )
définie sur l’ouvert de R :
Di = {t ∈ R/ (a1 , . . . , ai−1 , t, ai+1 , . . . , an ) ∈ U}

Remarque 2.3. Autrement dit, définir la i-ième application partielle de f en a, c’est fixer (geler) toutes les variables
« en a », sauf une : la i-ème. Le fait que Di soit un ouvert de R provient du fait que U est un ouvert de Rn et serait
facile à montrer en utilisant par exemple la norme k k∞ de Rn .

Proposition 2.4. Soit f une application d’un ouvert U de Rn dans Rp et a = (ai )16i6n ∈ U, alors :
f continue en a =⇒ ∀i ∈ J1; nK la fonction partielle fa,i est continue en ai

Démonstration. Pour tout i ∈ J1, nK, la fonction ui : t 7−→ (a1 , . . . , ai−1 , t, ai+1 , . . . , an ) est continue en ai puisqu’il en
est ainsi de toutes ses fonctions composantes, de plus ui (ai ) = a et f est continue en a donc fa,i = f ◦ ui est continue
en ai par le corollaire 1.2. 

Remarque 2.4. La réciproque est fausse. Considérons la fonction :

f: R2 −→ ( R
x3 y
x4 +y 4 si (x; y) 6= (0; 0)
(x; y) 7−→
0 sinon

f est définie sur R2 et les deux applications partielles en 0R2 sont f0R2 ,x : x 7−→ 0 et f0R2 ,y : y 7−→ 0 sont continues
en 0. Cependant considérons le chemin γ : t 7−→ (t, t), on a limt→0 γ(t) = 0R2 et pour tout t ∈ R∗ :

1
f ◦ γ (t) =
2
et donc :
1
lim f ◦ γ(t) = 6= f (0R2 )
t→0 2
t6=0

et f n’est donc pas continue en 0.

2.3. Dérivée suivant un vecteur, dérivées partielles d’ordre 1. Donnons d’abord une définition spécifique aux
fonctions de R vers Rp :
CALCUL DIFFÉRENTIEL 13

Définition 2.4. Soit I un intervalle ouvert de R, f : I −→ Rp une application et t0 ∈ I.


• On dit que f est dérivable en t0 lorsqu’il existe ℓ ∈ Rp tel que :
f (t) − f (t0 )
lim =ℓ
t→t0 t − t0
ou encore :
f (t0 + h) − f (t0 )
lim =ℓ
h→0 h
Dans ce cas le vecteur ℓ est appelé vecteur dérivée de f en t0 et est noté f ′ (t0 ).
• On dit que f est dérivable sur I lorsque f est dérivable en tout point de I et la fonction :
f′ : I −→ Rp
t 7−→ f ′ (t)
est appelée fonction dérivée de f sur I

On retrouve ainsi la définition donnée pour les courbes planes, dans le cas p = 2.
La proposition suivante résulte immédiatement de la proposition 2.1 :

Proposition 2.5. Soit I un intervalle ouvert de R, f = (fi )i∈J1;pK une application de I dans Rp et t0 ∈ I alors :

f dérivable en t0 ⇐⇒ ∀i ∈ J1; pK , fi dérivable en t0
et lorsque ces conditions sont réalisées :
f ′ (t0 ) = (fi′ (t0 ))i∈J1;pK

f dérivable sur I ⇐⇒ ∀i ∈ J1; pK , fi dérivable sur I
et lorsque ces conditions sont réalisées :
f ′ = (fi′ )i∈J1;pK

Remarque 2.5. On notera que les fi , i ∈ J1; pK sont des applications de l’intervalle I dans R.
Exercice 2.1. Soit U un ouvert de Rn , a ∈ U et v ∈ Rn \ {0Rn }.
Montrer qu’il existe un intervalle ouvert I contenant 0 tel que :
∀t ∈ I, a + tv ∈ U
Solution
Puisque U et un ouvert de Rn , il existe ε > 0 tel que B (a, ε) ⊂ U. D’autre part lim a + tv = a et il existe donc
t→0
η > 0 tel que
∀t ∈ ]−η, η[ , a + tv ∈ B (a, ε)
et à fortiori
∀t ∈ ]−η, η[ , a + tv ∈ U

Définition 2.5. Soient f une application de U dans Rp où U est un ouvert de Rn et a ∈ U.


— Soit v ∈ Rn \ {0Rn }, on dit que f admet une dérivée en a suivant le vecteur v si l’application t 7−→ f (a + tv)
est dérivable en 0.
Dans ce cas, on note :
f (a + tv) − f (a)
Dv f (a) = lim
t→0 t
— Lorsque v = ei , i-ème vecteur de la base canonique e de Rn , on dit que f admet une i-ème dérivée partielle en
a et on note alors :
∂f f (a + tei ) − f (a)
(a) = Dei f (a) = lim
∂xi t→0 t

Remarque 2.6.
∂f
— ∂x i
(a) est la dérivée en ai de la i-ème fonction partielle fa,i de f en ai . On peut la calculer en fixant (gelant)
toutes les coordonnées sauf la i-ème à aj , j 6= i et en calculant la dérivée en ai de la fonction d’une variable
ainsi obtenue.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 14

— Comme pour le cas de la dimension 1, lorsque l’expression de f change selon le point où on se place, on doit
revenir à la définition et calculer la limite du taux d’accroissement.
— Si n = 1 et p = 1, on retrouve la notion de nombre dérivé en a ∈ R pour une fonction numérique d’une variable.

Définition 2.6. Soient f une application de U dans Rp où U est un ouvert de Rn et i ∈ J1, nK.
∂f
Si ∂x i
(a) existe en tout point a de U, l’application :
∂f
∂xi : U −→ Rp
∂f
a 7−→ ∂xi (a)
est appelée i-ème dérivée partielle de f .

Remarque 2.7. Soit :


f: Rn −→ Rp
(x1 , x2 , . . . , xn ) 7−→ f (x1 , x2 , . . . , xn )
∂f
Soit i ∈ J1; nK, pour calculer ∂x i
, on peut considérer les variables x1 , . . . , xi−1 , xi+1 , . . . , xn comme constantes (elles
sont « gelées ») et on dérive alors l’expression par rapport à xi .
Exercice 2.2. On reprend l’exemple de la remarque 2.4 :
f: R2 −→ ( R
x3 y
x4 +y 4 si (x; y) 6= (0; 0)
(x; y) 7−→
0 sinon
dont on a vu qu’elle n’est pas continue en (0, 0).
∂f ∂f
(1) Calculer ∂x (x; y) et ∂y (x, y) en tout point (x; y) 6= (0, 0).
∂f ∂f
(2) En revenant à la définition, déterminer ∂x (0; 0) et ∂y (0, 0).
∂f ∂f
(3) Les fonctions ∂x et ∂y sont-elles continue en (0; 0) ?
Solution
(1) Il est clair que f admet des dérivées partielles par rapport à x et y en tout point (x; y) de R2 \ {0R2 } et on a :

2 ∂f 3x2 y x4 + y 4 − 4x6 y
∀ (x; y) ∈ R \ {0R2 } , (x; y) = 2
∂x (x4 + y 4 )
3x6 y + 3x2 y 5 − 4x6 y
= 2
(x4 + y 4 )

x y 3y 4 − x4
2
= 2
(x4 + y 4 )
et :

2 ∂f x3 x4 + y 4 − 4x3 y 4
∀ (x; y) ∈ R \ {0R2 } , (x; y) = 2
∂y (x4 + y 4 )

x3 x4 − 3y 4
= 2
(x4 + y 4 )
(2) On a :
∀x ∈ R, f (x, 0) = 0
et donc en dérivant par rapport à x :
∂f
(0; 0) = 0
∂x
De même :
∀y ∈ R, f (0; y) = 0
et donc :
∂f
(0; 0) = 0
∂y
CALCUL DIFFÉRENTIEL 15

(3) Il résulte des questions précédentes que les fonctions ∂f ∂f 2


∂x et ∂y sont définies sur R .

Considérons le chemin γ : t 7−→ (t; t), alors lim γ(t) = 0R2 . Mais pour tout t ∈ R , on a :
t→0

∂f 1 ∂f 1
◦ γ (t) = et ◦ γ (t) = −
∂x 2t ∂y 2t
∂f ∂f ∂f ∂f
et il s’ensuit que ∂x ◦ γ et ∂y ◦ γ n’ont pas de limites finies pour t→0
t6=0 et ∂x et ∂y ne sont donc pas continues en
0 R2 .
Remarque 2.8. L’exemple précédent montre donc que l’existence de toutes les dérivées partielles d’une application
f : D ⊂ Rn −→ Rp (avec n > 2) en un point a ∈ D n’implique pas la continuité de f en a.
2.4. Fonctions de classe C 1 .

Définition 2.7. Soit f une application de U dans Rp où U est un ouvert de Rn .


On dit que f est de classe C 1 sur U si :
— f admet des dérivées partielles par rapport à chaque variable en tout point de U.
∂f
— Les dérivées partielles ∂x i
, i ∈ J1; nK sont continues sur U.

La proposition suivante résulte immédiatement de la définition des dérivées partielles, de la proposition 2.5 et du
corollaire 2.1 :

Proposition 2.6. Soit f = (fj )16j6p une application de U dans Rp où U est un ouvert de Rn . Alors :
(1) Soit a ∈ U et i ∈ J1; nK :
∂f ∂fj
(a) existe ⇐⇒ ∀j ∈ J1; pK , (a) existe
∂xi ∂xi
et dans ce cas :    
∂f ∂f1 ∂f2 ∂fp ∂fj
(a) = (a), (a), . . . (a) = (a)
∂xi ∂xi ∂xi ∂xi ∂xi 16j6p
(2) On a également :
f de classe C 1 sur U ⇐⇒ ∀j ∈ J1; pK , fj est de classe C 1 sur U
et dans ce cas :  
∂f ∂fj
=
∂xi ∂xi 16j6p

2.5. Dérivées d’ordre supérieures, fonctions de classe C k . On itère la définition précédente par récurrence :

Définition 2.8. Soit f une application de U dans Rp où U est un ouvert de Rn .


2 ∂f
(1) Soit (i; j) ∈ J1; nK et a ∈ U. On suppose que ∂x i
existe sur un voisinage de a.
∂f
Si ∂xi admet une dérivée partielle par rapport à la j-ème variable en a, on pose :
 
2
  ∂ ∂f
∂ f ∂ ∂f ∂xi
(a) = (a) = (a)
∂xj ∂xi ∂xj ∂xi ∂xj
C’est une dérivée partielle d’ordre 2 de f en a.
(2) On dit que f est de classe C 2 sur U si toutes les dérivées partielles de f existent et sont de classe C 1 sur U,
autrement dit :
∂f
f de classe C 2 sur U ⇐⇒ ∀i ∈ J1; nK , existe et est de classe C 1 sur U
∂xi
(3) Soit k ∈ N, k > 2, on dit que f est de classe C k sur U si toutes les dérivées partielles d’ordre k de f existent
et sont de classe C k−1 sur U.
(4) On dit que f est de classe C ∞ sur U, si toutes les dérivées partielles de f existent et sont de classe C k sur U,
pour tout k ∈ N∗ .

Remarque 2.9.
∂2 f ∂2 f
— Lorsque i = j, ∂xi ∂xi (a) se note ∂x2i
(a).
CALCUL DIFFÉRENTIEL 16

— Si f est de classe C k sur l’ouvert U et si (αi1 , αi2 , . . . , αim ) est un m-uplet d’entiers vérifiant pour tout j ∈ J1; mK,
αij > 1 et :
X m
αij = k
j=1

alors : !!!
∂kf ∂ αi1 ∂ αi2 ∂ αi3 ∂ αim f
αi1 αi2 αim = αi αi αi . . . α
∂xi1 ∂xi2 . . . ∂xip ∂xi1 1 ∂xi2 2 ∂xi 3 ∂xipim
3

∂kf
En fait on verra que sous l’hypothèse f de classe C k sur U, α α α ne dépend pas de l’ordre
∂xi1i1 ∂xi2i2 . . . ∂xipim
des dérivations successives.
Exercice 2.3. On considère la fonction :
f: R2 −→ R
x3 y 2
(x; y) 7−→
x2 + y 2
Prouver que f est de classe C 2 sur R2 \ {0R2 } et déterminer toutes ses dérivées partielles d’ordre 1 et 2.
Que constatez-vous ?
Solution
Il est clair que f est de classe C 1 sur R2 \ {0R2 } et on a pour tout (x; y) ∈ R2 \ {0R2 } :

∂f 3x2 y 2 x2 + y 2 − 2x4 y 2
(x; y) =
∂x (x2 + y 2 )2
3x4 y 2 + 3x2 y 4 − 2x4 y 2
= 2
(x2 + y 2 )
x4 y 2 + 3x2 y 4
= 2
(x2 + y 2 )
et :

∂f 2x3 y x2 + y 2 − 2x3 y 3
(x; y) = 2
∂y (x2 + y 2 )
2x5 y + 2x3 y 3 − 2x3 y 3
= 2
(x2 + y 2 )
2x5 y
=
(x2 + y 2 )2
De même ∂f ∂f 1 2 2 2
∂x et ∂y sont clairement de classe C sur R \ {0R } donc f est de classe C sur R \ {0R } et on a pour
2 2

2
tout (x; y) ∈ R \ {0R2 } :
 2  
∂2f 4x3 y 2 + 6xy 4 x2 + y 2 − 4x x2 + y 2 x4 y 2 + 3x2 y 4
(x; y) =
∂x2 (x2 + y 2 )4
4x5 y 2 + 4x3 y 4 + 6x3 y 4 + 6xy 6 − 4x5 y 2 − 12x3 y 4
= 3
(x2 + y 2 )
−2x3 y 4 + 6xy 6
= 3
(x2 + y 2 )
et :
 2  
∂2f 2x4 y + 12x2 y 3 x2 + y 2 − 4y x2 + y 2 x4 y 2 + 3x2 y 4
(x; y) = 4
∂y∂x (x2 + y 2 )
2x6 y + 2x4 y 3 + 12x4 y 3 + 12x2 y 5 − 4x4 y 3 − 12x2 y 5
= 3
(x2 + y 2 )
2x6 y + 10x4 y 3
=
(x2 + y 2 )3
CALCUL DIFFÉRENTIEL 17

De même :
2 
∂2f 10x4 y x2 + y 2 − 8x6 y x2 + y 2
(x; y) = 4
∂x∂y (x2 + y 2 )
10x6 y + 10x4 y 3 − 8x6 y
= 3
(x2 + y 2 )
2x6 y + 10x4 y 3
=
(x2 + y 2 )3
et :
2 
∂2f 2x5 x2 + y 2 − 8x5 y 2 x2 + y 2
(x; y) =
∂y 2 (x2 + y 2 )4
2x7 + 2x5 y 2 − 8x5 y 2
= 3
(x2 + y 2 )
2x7 − 6x5 y 2
= 3
(x2 + y 2 )
et on constate en particulier que :
∂2f ∂2f
∀ (x; y) ∈ R2 \ {0R2 } , (x; y) = (x; y)
∂x∂y ∂y∂x
Proposition 2.7. (Théorème de Schwarz ) Soit f de classe C 2 sur l’ouvert U ⊂ Rn et à valeurs dans Rp , alors :
2 ∂2f ∂2f
∀ (i; j) ∈ J1; nK , =
∂xi ∂xj ∂xj ∂xi

Démonstration. Admise (se démontre à l’aide du théorème des accroissements finis). 


k
Remarque 2.10. (Importante) Plus généralement, on montre par récurrence que si f est de classe C , k > 2, on peut
dans les dérivées partielles de f d’ordre inférieur ou égal à k intervertir l’ordre de dérivation par rapport à chacune
des variables. Ainsi si f est de classe C 4 sur U ouvert de R3 , on a par exemple :
∂4f ∂4f ∂ 4f
= = = ...
∂z∂x∂y∂x ∂x2 ∂y∂z ∂y∂z∂x2
3. Différentielle d’une fonction de Rn vers Rp
3.1. Application différentiable en un point. Les plus “simples” et les mieux connues des applications de Rn vers
Rp sont les applications linéaires. Elles peuvent se représenter par des matrices, (éventuellement diagonalisables si
p = n), l’idée fondamentale du calcul différentiel est pour une fonction f d’approcher localement en 0 la fonction
h 7−→ f (a + h) − f (a) par une application linéaire.

Définition 3.1. Soit f une application de U dans Rp où U est un ouvert de Rn et a ∈ U.


On dit que f est différentiable en a s’il existe ua ∈ LR (Rn , Rp ), un voisinage V de 0Rn et une fonction ε définie sur
V à valeurs dans Rp tels que :
∀h ∈ V, f (a + h) = f (a) + ua (h) + khk ε (h)
avec :
lim ε (h) = 0Rp
h→0Rn
L’application linéaire ua est appelée différentielle de f en a et est notée dfa .

Remarque 3.1.
— On approche donc au voisinage de 0 l’application h 7−→ f (a + h) − f (a) par l’application linéaire dfa .
— Avec les notations de la définition précédente, si f : U −→ Rp est différentiable en a ∈ U, on a donc la formule
d’approximation suivante pour h au voisinage de 0Rn :
f (a + h) = f (a) + dfa (h) + khk ε (h) avec lim ε (h) = 0Rp
h→0Rn

Cette notion généralise aux fonctions de plusieurs variables celle de développement limité d’ordre 1 connu pour
les fonctions d’une variable.
— Comme d’habitude khk ε(h) avec lim ε(h) = 0 pourra se noter o (khk) ou même o (h).
h→0
CALCUL DIFFÉRENTIEL 18

Proposition 3.1. Soit f une application de U dans Rp où U est un ouvert de Rn et a ∈ U, alors :


f différentiable en a =⇒ f continue en a

Démonstration. Il existe un voisinage V de 0Rn et une application ε : V −→ Rp de limite 0Rp en 0Rn tels que :
∀h ∈ V, f (a + h) = f (a) + dfa (h) + khk ε (h)
n p
Mais puisque dfa ∈ L (R , R ) est linéaire donc continue (proposition 2.2), on a :
lim f (a + h) = f (a) + dfa (0Rn ) = f (a)
h→0Rn

et f est donc continue en a. 

Proposition 3.2. Soit f une application d’un intervalle ouvert I de R dans Rp et a ∈ I.


Alors f est différentiable en a si et seulement si f est dérivable en a et dans ce cas, on a :
dfa : R −→ Rp
h 7−→ hf ′ (a)

Démonstration. Soit u ∈ LR (R, Rp ), alors pour tout h ∈ R, on a u (h) = hu (1) = hℓ ou on a pose ℓ = u (1) ∈ Rp .
Réciproquement pour tout ℓ ∈ Rp , l’application ;
u : R −→ Rp
h 7−→ hℓ
 
appartient clairement à LR (R, Rp ). Soit J = t − a t ∈ I , alors J est un intervalle ouvert contenant 0.
D’après ce qui précède f est différentiable en a si et seulement si, il existe ℓ ∈ Rp et une fonction ε : J −→ Rp telle
que :
∀h ∈ J, f (a + h) = f (a) + hℓ + |h| ε (h) (3.1)
avec :
lim ε (h) = 0Rp (3.2)
h→0
Mais 3.1 et 3.2 équivalent à :
f (a + h) − f (a)
lim −ℓ=0
h→0 h
i.e. à f dérivable en a et f ′ (a) = ℓ.
On en déduit donc que f est différentiable en a si et seulement si f est dérivable en a et dans ce cas que la
différentielle de f en a est :
dfa : R −→ Rp
h 7−→ hf ′ (a)


Proposition 3.3. Soit f une application de U dans Rp où U est un ouvert de Rn et a ∈ U.


On suppose que f est différentiable en a. Alors :
— f admet des dérivées partielles en a suivant tout vecteur v ∈ Rn \ {0Rn } et on a :
Dv f (a) = dfa (v)
— En particulier si e = (e1 , e2 , . . . , en ) est la base canonique de Rn , pour tout i ∈ J1; nK , la i−ème dérivée
partielle de f en a existe et on a :
∂f
(a) = dfa (ei )
∂xi
— Pour tout h = (hi )16i6n , on a :
Xn
∂f
dfa (h) = hi (a)
i=1
∂xi

Ainsi la formule d’approximation donnée à la définition 3.1 pour h = (hi )16i6n au voisinage de 0Rn s’écrit :
n
X ∂f
f (a + h) = f (a) + hi (a) + khk ε(h) avec lim ε(h) = 0Rp
i=1
∂xi h→0Rn
CALCUL DIFFÉRENTIEL 19

Démonstration. Il existe un voisinage V de 0Rn et une fonction ε définie sur V et à valeurs dans Rp de limite 0Rp en
0Rn tels que :
∀h ∈ V, f (a + h) = f (a) + dfa (h) + khk ε (h)
Soit v ∈ Rn \ {0Rn } et I un intervalle ouvert contenant 0 (exercice 2.1) tel que :
∀t ∈ I, a + tv ∈ V
On a alors
∀t ∈ I, f (a + tv) = f (a) + tdfa (v) + |t| kvk ε (tv)
et donc :
f (a + tv) − f (a) |t|
∀t ∈ I\ {0} , = dfa (v) + kvk ε (tv) (3.3)
t t
où :
|t|
kvk ε (tv) = kvk kε (tv)k
t
et puisque lim ε (h) = 0Rp et lim tv = 0Rn , on a lim |t|
t kvk ε (tv) = 0R et en passant à la limite pour t → 0 dans 3.3,
p
h→0Rn t→0 t→0
on en déduit que f admet une dérivée partielle en a suivant le vecteur v et qu’on a :
Dv f (a) = dfa (v)
∂f
Le deuxième point est alors immédiat puisque pour tout i ∈ J1, nK, ∂x (a) = Dei f (a).
Pn i
Soit h = (hi )16i6n , alors h = i=1 hi ei , alors puisque dfa est linéaire :
n
! n n
X X X ∂f
dfa (h) = dfa hi e i = hi dfa (ei ) = hi (a)
i=1 i=1 i=1
∂xi

Proposition 3.4. Toute application linéaire u ∈ L (Rn , Rp ) est différentiable en tout point de Rn et on a :
∀a ∈ Rn , dua = u

Démonstration. On a :
∀h ∈ Rn , u(a + h) = u (a) + u (h)
= u (a) + u (h) + khk ε (h)
où ε : h 7−→ 0Rp a pour limite 0Rp en 0Rn . 
Remarque 3.2. Notation différentielle
Considérons pour tout i ∈ J1; nK, les « projections » :
pi : Rn −→ R
(xi )16i6n 7−→ xi
qui sont des formes linéaires donc différentiable en tout point a de Rn avec dpi,a = pi .
On convient parfois de noter en Physique, dxi la différentielle de pi en tout point a de Rn , (on a donc dxi = pi ).
Si f est une application différentiable en a, on a vu que pour tout h = (hi )16i6n :
n
X Xn
∂f ∂f
dfa (h) = hi (a) = dxi (h) (a)
i=1
∂xi i=1
∂xi
et on pourra alors noter “à la physicienne” :
Xn
∂f
dfa = (a) dxi
i=1
∂xi

Exercice 3.1. Considérons la fonction f définie sur R2 par :


∀ (x; y) ∈ R2 , f (x; y) = x2 y
(1) Déterminer les dérivées partielles de f .
(2) On s’intéresse au point a = (1; 1). Expliciter les deux dérivées partielles de f en a.
(3) Pour h = (h1 ; h2 ) ∈ R2 , expliciter :
∂f ∂f
f (a + h) − f (a) − (a)h1 − (a)h2
∂x ∂y
CALCUL DIFFÉRENTIEL 20

(4) Étudier la limite pour h → (0; 0) de :


∂f ∂f
f (a + h) − f (a) − ∂x (a)h1 − ∂y (a)h2
khk2

(5) En déduire que f est différentiable en a et donner dfa .


1 1
 1 ∂f 1 ∂f
(6) Pour h = 100 ; 100 , calculer les valeurs décimales exactes de f (a + h) − f (a) et 100 ∂x (a) + 100 ∂y (a).

Solution
(1) La fonction f est clairement de classe C 1 sur R2 et on a :
∂f ∂f
∀ (x; y) ∈ R2 , (x; y) = 2xy et (x; y) = x2
∂x ∂x
(2) D’après la question précédente, on a :
∂f ∂f
(a) = 2 et (a) = 1
∂x ∂x
(3) On a donc :
∂f ∂f 2
f (a + h) − f (a) − (a)h1 − (a)h2 = (1 + h1 ) (1 + h2 ) − 1 − 2h1 − h2
∂x ∂y
= 1 + h2 + 2h1 + 2h1 h2 + h21 + h21 h2 − 1 − 2h1 − h2
= h21 + 2h1 h2 + h21 h2

(4) On a pour tout h = (h1 ; h2 ) ∈ R2 \ {0R2 } :


2
0 6 h21 6 khk2
et (inégalité classique) :
2
|2h1 h2 | 6 h21 + h22 = khk2
et donc :
2 1
h h2 6 |h1 | khk2
1 2
2
D’où, par la question précédente :
 
f (a + h) − f (a) − ∂f (a)h1 − ∂f (a)h2 2 khk2 + 1 |h | khk2 1
∂x ∂y 2 2 1 2
6 = khk2 2 + |h1 |
khk2 khk2 2

On a lim khk2 2 + 21 |h1 | = 0 et il s’ensuit donc que :
h→0R2

∂f ∂f
f (a + h) − f (a) − ∂x (a)h1 − ∂y (a)h2
lim =0
h→0R2 khk2

(5) Considérons la fonction ε : R2 −→ R définie par :


( f (a+h)−f (a)− ∂f (a)h ∂f
1 − ∂y (a)h2
2 khk2
∂x
si h 6= 0R2
∀h = (h1 , h2 ) ∈ R , ε(h) =
0 sinon
de sorte que :
∂f ∂f
∀h = (h1 ; h2 ) ∈ R2 , f (a + h) = f (a) + (a)h1 + (a)h2 + khk2 ε (h)
∂x ∂y
avec, par la question précédente :
lim ε (h) = 0
h→0R2
∂f ∂f
L’application linéaire h = (h1 ; h2 ) 7−→ ∂x (a)h1 + ∂y (a)h2 = 2h1 + h2 est donc la différentielle de f en a = (1; 1) :

dfa : R2 −→ R
h = (h1 ; h2 ) 7−→ 2h1 + h2
CALCUL DIFFÉRENTIEL 21

(6) On a :
 3
1 3 3 1
f (a + h) − f (a) = 1 + − 1 = 2 + 4 + 6 = 0,030301
100 10 10 10
et :
1 ∂f 1 ∂f 2 1
dfa (h) = (a) + (a) = + = 0,03
100 ∂x 100 ∂y 100 100
Exercice 3.2. On considère la fonction :
f: R2 −→ R
(x; y) 7−→ x2 + y 2

Prouver que f est différentiable en tout point (x0 ; y0 ) de R2 .


Solution
Il est clair que f est de classe C 1 sur R2 et on a :
∂f ∂f
∀ (x; y) ∈ R2 \ {(0; 0)} , (x; y) = 2x et (x; y) = 2y
∂x ∂y
Soit a = (x0 ; y0 ) ∈ R2 , alors pour tout h = (h1 , h2 ) ∈ R2 , on a :
∂f ∂f 2 2
f (a + h) − f (a) − (a) h1 − (a) h2 = (x0 + h1 ) + (y0 + h2 ) − x20 − y02 − 2x0 h1 − 2y0 h2
∂x ∂y
= h21 + h22
= khk22
= khk2 ε (h)
où ε (h) = khk2 a pour limite 0 en 0R2 et on a

∀h = (h1 ; h2 ) ∈ R2 , f (a + h) = f (a) + 2x0 h1 + 2y0 h2 + khk2 ε (h)


On en déduit que f est différentiable en tout point a = (x0 ; y0 ) de R2 et que :
dfa : R2 −→ R
(h1 ; h2 ) 7−→ ∂f
∂x (a) h1 +
∂f
∂y (a) h2 = 2x0 h1 + 2y0 h2

3.2. Application continûment différentiable et lien avec les fonctions de classe C 1 . On a vu (proposition
∂f
3.3) que si f : U ⊂ Rn −→ Rp est différentiable en un point a de U alors pour tout i ∈ J1, nK, ∂x i
(a) existe, la
réciproque est fausse sans ajouter d’hypothèse supplémentaire.
Exercice 3.3. On considère la fonction f définie sur R2 par :
( 3 3
x +y
2 2 si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x +y
0 sinon

(1) Justifier que f admet des dérivées partielles en (0; 0) par rapport à chacune des variables et les déterminer.
(2) Étudier la limite pour (h, k) → (0, 0) de :
∂f ∂f
f (h, k) − f (0, 0) − ∂x (0, 0) h − ∂y (0, 0) k
k(h, k)k2

(3) En déduire que f n’est pas différentiable en (0, 0).


Solution
(1) On a pour tout x ∈ R (et en distinguant les cas x = 0 et x 6= 0) :
f (x, 0) = x

donc f admet une dérivée partielle par rapport à x en (0, 0) et ∂f∂x (0, 0) = 1.
Puisque pour tout y ∈ R, f (0, y) = f (y, 0), ceci montre également que f admet une dérivée partielle par rapport
à y en (0, 0) et que ∂f
∂y (0, 0) = 1.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 22

(2) Pour tout (h, k) ∈ R2 \ {(0, 0)}, on a :


∂f ∂f
f (h, k) − f (0, 0) − ∂x (0, 0) h − ∂y (0, 0) k
g(h, k) =
k(h, k)k2
h3 +k3
h2 +k2−h−k
= √
h2 + k 2
h + k 3 − h3 − k 3 − hk (k + h)
3
= 3/2
(h2 + k 2 )
hk (h + k)
=− 3/2
(h2 + k 2 )
Considérons les chemins γ1 et γ2 définie pour tout t ∈ R par γ1 (t) = (t, 0) et γ2 (t) = (t, t). On a :

lim γ1 (t) = lim γ2 (t) = 0R2


t→0 t→0

Mais pour t 6= 0 :

2
g (γ1 (t)) = 0 et g (γ2 (t)) = −
2
Ce qui prouve que g n’a pas de limite en (0, 0).
(3) Si f était différentiable en (0, 0), il existerait un fonction ε définie sur un voisinage V de (0, 0) à valeurs dans R
vérifiant lim ε (h, k) = 0 et telle que :
(h,k)→(0,0)

∂f ∂f
∀ (h, k) ∈ V, f (h, k) = f (0, 0) + (0, 0) h + (0, 0) k + k(h, k)k2 ε (h, k)
∂x ∂y
et donc :
∀ (h, k) ∈ V \ {0R2 } , g(h, k) = ε (h, k)
donc :
lim g(h, k) = 0
(h,k)→(0,0)

Ce qui est absurde par la question précédente et f n’est donc pas différentiable en (0, 0).

Définition 3.2. Soit f une application d’un ouvert U de Rn dans Rp .


Si f est différentiable en tout point a de U, on dit que f est différentiable sur U et l’application :
df : U −→ LR (Rn , Rp )
a 7−→ dfa
est appelée différentielle de f .

Remarque 3.3. LR (Rn , Rp ) est un R-espace vectoriel de dimension finie np (isomorphisme LR (Rn , Rp ) ∼ Mp,n (R)) et
est donc “normable”, toutes les normes y étant équivalentes. Se pose alors le problème de la continuité de la différentielle
df : U −→ LR (Rn , Rp ), la proposition admise suivante répond à cette question :

Proposition 3.5. (et définition) Soit f une application d’un ouvert U de Rn dans Rp . Alors :
(f différentiable sur U et df continue sur U) ⇐⇒ f de classe C 1 sur U
Lorsque ces conditions sont réunies, on dit aussi que f est continûment différentiable sur U.

Démonstration. Admise 

Remarque 3.4. En particulier si f est de classe C 1 sur U, alors f est différentiable sur U (et df continue sur U), ce qui
fournit souvent un moyen commode de prouver la différentiabilité de f en un point, (voir le point Méthode suivant).

Les considérations précédentes conduisent à la méthode suivante :


CALCUL DIFFÉRENTIEL 23

Méthode:
Soit f une application d’un ouvert U de Rn dans Rp .
Pour montrer que f est différentiable en un point a de U, on peut procéder comme suit :
— On montre d’abord que les dérivées partielles existent sur un voisinage de a.
— Si ces dérivées partielles sont continues sur un voisinage ouvert V de a, (autrement dit si f est de classe C 1 sur
V), alors par la proposition précédente, f est continûment différentiable sur V donc en particulier différentiable
en a.
— Si le point précédent ne fonctionne pas, (si par exemples les dérivées partielles n’existent qu’en a ou ne sont
pas continues au voisinage de a), on doit alors montrer que :
Xn
∂f
f (a + h) − f (a) − hi (a) = o (khk)
i=1
∂xi
autrement dit que :
Pn ∂f
f (a + h) − f (a) − i=1 hi ∂x i
(a)
lim = 0 Rp
h→0Rn khk

Exercice 3.4. On considère la fonction f définie sur R2 par :


( 3 2
x y
2 2 si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x +y
0 sinon
(1) Justifier que f est continûment différentiable sur R2 \ {0R2 }.
(2) Prouver que f admet des dérivées partielles en (0, 0).
(3) f est-elle différentiable en (0, 0) ?
Solution
(1) Il est clair que f est de classe C 1 donc continûment différentiable sur R2 \ {0R2 } (qui est un ouvert de R2 ).
Nous aurons cependant besoin de dérivées partielles de f en tout point (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } par la suite. On a :
 
∂f 3x2 y 2 x2 + y 2 − 2x4 y 2 x2 y 2 x2 + 3y 2
(x, y) = 2 = 2
∂x (x2 + y 2 ) (x2 + y 2 )
et : 
∂f 2x3 y x2 + y 2 − 2x3 y 3 2x5 y
(x, y) = 2 = 2
∂y (x2 + y 2 ) (x2 + y 2 )
(2) On a pour tout x ∈ R :
f (x, 0) = 0
et donc :
∂f
(0, 0) = 0
∂x
De même pour tout y ∈ R :
f (0, y) = 0
et donc :
∂f
(0, 0) = 0
∂y
(3) On sait déjà que f est de classe C 1 sur R2 \ {0R2 }.
Pour tout (x, y) ∈ R2 \ {0R2 }, on a :

∂f x2 y 2 x2 + 3y 2
06 (x, y) = 6 x2 + 3y 2
∂x (x2 + y 2 )2
et donc :
∂f
∀(x, y) ∈ R2 \ {0R2 } , 0 6 (x, y) 6 x2 + 3y 2
∂x
l’inégalité étant encore valable si (x, y) = 0R2 et il résulte du théorèmes des gendarmes que :
∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (0, 0)
(x,y)→(0,0) ∂x ∂x
CALCUL DIFFÉRENTIEL 24

De même pour tout (x, y) ∈ R2 \ {0R2 }


5 2

2 2
∂f
(x, y) = 2 |x| |y| 6 2 |x| |y| x + y 6 2 |x| |y|
∂y (x2 + y 2 )2 (x2 + y 2 )2
l’inégalité entre membres extrêmes étant encore valable si (x, y) = 0R2 , on en déduit :
∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (0, 0)
(x,y)→(0,0) ∂y ∂y
et f est donc de classe C 1 donc continûment différentiable sur R2 donc en particulier différentiable en (0, 0).
Exercice 3.5. On considère la fonction f définie sur R2 par :
( 3
x y
4 2 si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x +y
0 sinon
(1) Étudier la continuité de f sur R2 .
(On pourra remarquer que pour tous a, b ∈ R, 2 |ab| 6 a2 + b2 ).
(2) Justifier que f est différentiable sur R2 \ {0R2 }.
(3) f est-elle différentiable en (0, 0) ?
Solution
(1) La fonction f est clairement continue sur R2 \ {0R2 }.
Soit (x, y) ∈ R2 \ {0R2 }, on a :
1 4 
0 < x2 |y| 6 x + y2
2
et donc : 3 
x y
x2 |y| |x| x4 + y 2 |x| |x|
|f (x, y)| = = 6 =
x4 + y 2 x4 + y 2 2 (x4 + y 2 ) 2
L’inégalité entre membres extrêmes étant encore valable si (x, y) = 0R2 . Il s’ensuit par le théorème des gendarmes
que :
lim f (x, y) = 0 = f (0, 0)
(x,y)→(0,0)

et f est donc continue en (0, 0) donc sur R2


(2) La fonction f est clairement de classe C 1 donc continûment différentiable sur R2 \ {0R2 } et on a pour tout
(x, y) ∈ R2 \ {0R2 } :  
∂f 3x2 y x4 + y 2 − 4x6 y x2 y 3y 2 − x4
(x, y) = 2 = 2
∂x (x4 + y 2 ) (x4 + y 2 )
et :  
∂f x3 x4 + y 2 − 2x3 y 2 x3 x4 − y 2
(x, y) = =
∂y (x4 + y 2 )2 (x4 + y 2 )2
(3) On a pour tout x ∈ R et y ∈ R :
f (x, 0) = f (y, 0) = 0
D’où on déduit que f admet des dérivées partielles en (0, 0) et que :
∂f ∂f
(0, 0) = (0, 0) = 0
∂x ∂y
On pourrait donc espérer que ∂f ∂f
∂x et ∂y soient continues en (0, 0) pour pouvoir conclure. Pour tout t ∈ R posons
2

γ (t) = t, t , alors pour tout t 6= 0 :
∂f 2t8 1 ∂f
(γ (t)) = 8 = 6= (0, 0)
∂x 4t 2 ∂x
∂f ∂f
où lim γ(t) = (0, 0). Ce qui prouve donc que ∂x n’a pas pour limite ∂x (0, 0) = 0 lorsque (x, y) → (0, 0) et ruine
t→0
donc nos espoirs.
On munit R2 de la norme k k1 . Posons pour tout (x, y) ∈ R2 :
( f (x,y)− ∂f (0,0)x− ∂f (0,0)y
f (x,y)
∂x
k(x,y)k1
∂y
= |x|+|y| si (x, y) 6= 0
ε (x, y) =
0 sinon
CALCUL DIFFÉRENTIEL 25

alors f est différentiable en (0, 0) si et seulement si :


lim ε (x, y) = 0
(x,y)→(0,0)

On a pour tout (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } :


Plaçons nous encore sur le chemin γ, on a lim+ γ (t) = 0R2 et pour tout t 6= 0 :
t→0

f (t, t2 )
ε (γ(t)) =
|t| + t2
t5
= 4
2t (|t| + t2 )
t 1
= ∼+
2 |t| (1 + |t|) 0 2
Ce qui prouve que ε n’a pas pour limite 0 en (0, 0) et donc que f n’est pas différentiable en (0, 0).
Exercice 3.6. On considère la fonction f définie sur R2 par :
  
 x2 + y 2  sin √ 1 si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x2 +y 2

0 sinon
(1) Étudier la continuité de f sur R2 .
(2) Justifier que f est différentiable sur R2 \ {0R2 } et déterminer les dérivées partielles de f en tout point (x, y) ∈
R2 \ {0R2 }.
(3) Montrer que f est différentiable en (0, 0).
(4) f est-elle de classe C 1 sur R2 ?
Solution
On munit R2 de la norme euclidienne k k2 .
(1) La fonction clairement continue sur R2 \ {0R2 }.
De plus :
2
∀ (x, y) ∈ R2 , |f (x, y)| 6 k(x, y)k2
et donc :
lim f (x, y) = 0 = f (0, 0)
(x,y)→(0,0)

et f est donc continue en (0, 0) donc sur R2 par ce qui précède.


(2) f est clairement de classe C 1 donc continûment différentiable sur R2 \ {0R2 } et on a pour tout (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } :
! √ −x !
∂f 1 2 2
 x2 +y 2 1
(x, y) = 2x sin p + x +y × 2 cos p
∂x x2 + y 2 x + y2 x2 + y 2
! !
1 x 1
= 2x sin p −p cos p
2
x +y 2 2
x +y 2 x + y2
2

et de même (par symétrie puisque f (y, x) = f (x, y)) :


! !
∂f 1 y 1
(x, y) = 2y sin p −p cos p
∂y 2
x +y 2 x + y2
2 x2 + y 2
(3) On a pour tout x et y ∈ R :  
(
1
x2 sin |x| si x 6= 0
f (x, 0) =
0 sinon
et donc :  
f (x, 0) − f (0, 0) 1
lim = lim x sin =0
x→0 x x→0 |x|
Donc f admet une dérivée partielle par rapport à x en (0, 0) et :
∂f
(0, 0) = 0
∂x
CALCUL DIFFÉRENTIEL 26

Puisque pour tout (x, y) ∈ R2 , f (x, y) = f (y, x), on a aussi :


f (0; y) − f (0, 0)
lim =0
y
y→0

et f admet donc une dérivée partielle par rapport à y en (0, 0) avec :


∂f
(0, 0) = 0
∂y
On a pour tout (h, k) ∈ R2 :
∂f ∂f
f (h, k) = f (0, 0) + (0, 0) h + (0, 0) k + k(h, k)k2 ε (h, k)
∂x ∂y
où on a posé : (  
k(h, k)k2 sin √ 1 si (h, k) 6= (0, 0)
ε (h, k) = h2 +k2
0 sinon
et il est clair que :
lim ε (h, k) = 0
(h,k)→(0,0)
donc que f est différentiable en (0, 0) de différentielle nulle.
(4) Considérons le chemin γ : t → (t, 0), on a :
lim γ(t) = (0, 0)
t→0
(    
1 t 1
2t sin |t| − |t| cos |t| si t 6= 0
Mais ∂f
∂x ◦ γ : t 7−→ n’admet pas de limite en 0, il s’ensuit que ∂f
∂x n’admet
0 sinon
pas de limite en (0, 0) donc que ∂f 1
∂x n’est pas continue en (0, 0) et f n’est donc pas de classe C sur R .
2

3.3. Jacobienne, Jacobien, Gradient.

Définition 3.3. Soit f une application d’un ouvert U de Rn dans Rp supposée différentiable en a ∈ U. Alors :
— La matrice jacobienne de f en a est la matrice Ja (f ) ∈ Mp,n (R) de dfa relativement aux bases canoniques
de Rn et Rp .
— Si n = p alors dfa est un endomorphisme de Rn et le jacobien de f en a est le déterminant ∆a (f ) de la matrice
carrée Ja (f ) :
∆a (f ) = det Ja (f ) = det dfa

Remarque 3.5. La notation ∆a (f ) n’est pas normalisée, on lui préférera donc les notations det Ja (f ) ou det dfa .

Proposition 3.6. Soit f = (fi )i∈J1;pK une application d’un ouvert U de Rn dan Rp supposée différentiable en
a ∈ U. Alors :
 
∂fi
Ja (f ) = (a)
∂xj i∈J1;pK,j∈[1;nK
 ∂f ∂f1 ∂f1

∂x1
1
(a) ∂x2 (a) . . . ∂xn (a)
 ∂f2 (a) ∂f2 (a) . . . ∂f2 (a) 
 ∂x1 ∂x2 ∂xn 
= .. .. .. 

 . . ··· . 
∂fp ∂fp ∂fp
∂x1 (a) ∂x2 (a) . . . ∂xn (a)

Démonstration. Désignons par e = (ej )j∈J1;nK et e′ = (e′i )i∈J1;pK les bases canoniques respectives de Rn et Rp . Soit
j ∈ J1, nK, on a par la proposition 2.6 :
∂f
dfa (ej ) = (a)
∂xj
 
∂fi
= (a)
∂xj 16i6p
Xp
∂fi
= (a) e′i
i=1
∂xj
CALCUL DIFFÉRENTIEL 27

et la j-ème colonne de Ja (f ) est donc :


 ∂f1 
∂xj (a)
 ∂f2 
 ∂xj (a) 
 .. 
 
 . 
∂fp
∂xj (a)

d’où le résultat. 

Exemple 3.1. On considère le changement de variables en coordonnées polaires :


ϕ R2 −→ R2
(ρ, θ) 7−→ (X (ρ, θ) , Y (ρ, θ)) = (ρ cos θ, ρ sin θ)

où on rappelle que ϕ réalise une bijection de R∗+ × ]−π; π[ sur V = R2 \ (x; y) ∈ R2 /x 6 0 et y = 0 (V est le plan R2
privé de la demi-droite opposée à ]Ox).
ϕ est clairement de classe C ∞ sur R2 et on a pour tout (ρ, θ) ∈ R2 :
∂X ∂X
(ρ, θ) = cos θ (ρ, θ) = −ρ sin θ
∂ρ ∂θ
et :
∂Y ∂Y
(ρ, θ) = sin θ (ρ, θ) = ρ cos θ
∂ρ ∂θ
et la matrice jacobienne de ϕ en (ρ, θ) est donc :
!  
∂X ∂X
∂ρ (ρ, θ) ∂θ (ρ, θ) cos θ −ρ sin θ
J(ρ,θ) (ϕ) = ∂Y ∂Y =
∂ρ (ρ, θ) ∂θ (ρ, θ) sin θ ρ cos θ

et le jacobien de ϕ est donc :


det J(ρ,θ) (ϕ) = ρ cos2 θ + ρ sin2 θ = ρ

n
X
n
Proposition 3.7. (et définition) On munit R de son produit scalaire canonique noté (h, k) 7−→ h.k = hi ki .
i=1
Soit f une application de U dans R où U est un ouvert de Rn différentiable
 au point a ∈ U.
−−→ ∂f ∂f ∂f
Soit gradf (a) le vecteur de coordonnées ∂x1 (a), ∂x2 (a), . . . , ∂xn (a) dans la base canonique de Rn , alors ;
−−→
∀h ∈ Rn , dfa (h) = gradf (a).h
−−→
Le vecteur gradf (a) est appelé gradient de f en a.

Démonstration. On a pour tout h = (hi )i∈J1;nK ∈ Rn , on a :

X ∂f n
−−→
gradf (a).h = (a)hi = dfa (h)
i=1
∂xi

Remarque 3.6.
— Le gradient d’une fonction en a n’est défini que si cette fonction est différentiable en a et à valeurs dans R.
−−→
— Sous les hypothèses de la proposition 3.6, les lignes de la jacobienne de f = (fi )i∈J1;pK en a sont les gradfi (a),
i ∈ J1, pK :
 −−→ 
gradf1 (a)
 −−→ 
 gradf2 (a) 
Ja (f ) = 
 .. 

 . 
−−→
gradfp (a)
CALCUL DIFFÉRENTIEL 28

3.4. Opérations et différentielles.

Proposition 3.8. Soient f , g deux applications d’un ouvert U de Rn dans Rp et λ, µ ∈ R.


On suppose f et g différentiables a ∈ U, alors λf + µg est différentiable en a et on a :
d (λf + µg)a = λdfa + µdga

Démonstration. Il existe un voisinage V de 0Rn et deux applications ε1 : V −→ Rp et ε2 : V −→ Rp tels qu’on ait :


∀h ∈ V, f (a + h) = f (a) + dfa (h) + khk ε1 (h) et g(a + h) = g(a) + dga (h) + khk ε2 (h)
avec :
lim ε1 (h) = lim ε2 (h) = 0Rp
h→0Rn h→0

On en déduit que :
∀h ∈ V, (λf + µg) (a + h) = (λf + µg) (a) + (λdfa + µdga ) (h) + khk (λε1 + µε2 ) (h)
| {z }
ε(h)

où lim ε (h) = 0Rp et λdfa + µdga ∈ LR (Rn , Rp ). Donc λf + µg est différentiable en a et d (λf + µg)a = λdfa +
h→0Rn
µdga . 

Corollaire 3.1. Soient U un ouvert de Rn et f , g deux applications de U dans Rp et λ, µ deux nombres réels alors :
(1) Si f et g sont différentiables sur U, il en est de même de λf + µg et on a :
d (λf + µg) = λdf + µdg
(2) Si f et g sont de classe C 1 (continûment différentiables) sur U, il en est de même de λf + µg.

Lemme 3.1. Soit u ∈ LR (Rn , Rp ), on munit Rn et Rp de normes respectives quelconques k kn et k kp , alors il


existe M ∈ R+ tel que :
∀h ∈ Rn , ku (h)kp 6 M khkn

Démonstration. Puisque u est linéaire, elle est continue d’après la proposition 2.2, donc en particulier continue en 0.
Par choix de ε = 1, il existe donc η > 0 tel que :
∀h ∈ Rn , khkn 6 η =⇒ ku(h)kp 6 1
 
ηh η ηh
Soit h ∈ Rn \ {0Rn }, alors khk = η 6 η donc khk ku (h)kp = u khk 6 1 et donc ku(h)kp 6 M khkn où on
n n n p
a posé M = η1 , cette dernière égalité étant encore vraie pour h = 0Rn et on a donc bien montré :

∀h ∈ Rn , ku (h)kp 6 M khkn


Proposition 3.9. Soit U un ouvert de Rn , f une application U dans R et g une application de U dans Rp .
On suppose f et g différentiables en a ∈ U, alors f g est différentiable en a et on a :
d (f g)a = dfa .g(a) + f (a).dga
Cette égalité devant être comprise comme suit :
∀h ∈ Rn , d (f g)a (h) = dfa (h) g(a) + f (a) dga (h)
| {z } |{z} |{z} | {z }
∈R ∈Rp ∈R ∈Rp

Démonstration. Il existe un voisinage V de 0Rn et et deux applications ε1 : V −→ R et ε2 : V −→ Rp tels qu’on ait :


∀h ∈ V, f (a + h) = f (a) + dfa (h) + khkn ε1 (h) et g(a + h) = g(a) + dga (h) + khkn ε2 (h)
avec : lim ε1 (h) = 0 et lim ε2 (h) = 0Rp .
h→0Rn h→0Rn
CALCUL DIFFÉRENTIEL 29

Soit h ∈ V , on a :
(f g) (a + h) = f (a + h)g(a + h)
= f (a)g(a) + dfa (h)g(a) + f (a)dga (h)
2
+ dfa (h)dga (h) + khkn ε1 (h) g (a) + khkn ε1 (h) dga (h) + khkn ε1 (h) ε2 (h)
+ khkn f (a) ε2 (h) + khkn dfa (h) ε2 (h) (3.4)
où on vérifie que l’application :
dfa .g + f.dga : Rn −→ Rp
h 7−→ dfa (h)g(a) + f (a)dga (h)
est linéaire.
Pour tout h ∈ V , posons :
( df (h)dg (h)
a
khkn
a
+ ε1 (h) g(a) + ε1 (h) dga (h) + khkn ε1 (h) ε2 (h) + f (a)ε2 (h) + dfa (h) ε2 (h) si h 6= 0Rn
ε (h) =
0 Rp sinon
de telle sorte que par 3.4 :
∀h ∈ V, (f g) (a + h) = f (a)g(a) + dfa (h)g(a) + f (a)dga (h) + khkn ε (h) (3.5)
D’après le lemme 3.1, il existe M ∈ R+ tel que :
∀h ∈ Rn , kdga (h)kp 6 M khkn
et on a donc :
∀h ∈ Rn , kdfa (h) dga (h)kp 6 M |dfa (h)| khkn
et donc pour tout h ∈ V
kε (h)kn 6 M |dfa (h)| + kε1 (h) g(a) + ε1 (h) dga (h) + khkn ε1 (h) ε2 (h) + f (a)ε2 (h) + dfa (h) ε2 (h)kn
On en déduit alors :
lim ε (h) = 0Rp (3.6)
h→0Rn
De 3.5 et 3.6, on déduit que f g est différentiable en a et que :
d (f g)a = dfa .g(a) + f (a).dga
Encore une fois, cette dernière écriture devant se comprendre par :
∀h ∈ Rn , d (f g)a (h) = dfa (h) g(a) + f (a)dga (h)

Corollaire 3.2. Soient U un ouvert de Rn , f une application de U dans R et g une application de U dans Rp , alors :
(1) Si f et g sont différentiables sur U, il en est de même de f g et on a :
d (f g) = df.g + f.dg
n
et donc pour tout a ∈ U et tout h ∈ R :
d (f g)a (h) = dfa (h) g(a) + f (a)dga (h)
1
(2) Si f et g sont de classe C (continûment différentiables) sur U, il en est de même de f g.

Proposition 3.10. Soit f une application de U dans Rp et g une application de V dans Rq où U et V sont des
ouverts respectifs de Rn et Rp et soit a ∈ U tel que f (a) ∈ V.
On suppose que f est différentiable en a et que g différentiable en f (a),
Alors g ◦ f est différentiable en a et on a :
d (g ◦ f )a = dgf (a) ◦ dfa

Démonstration. Il existe un voisinage V de 0Rn dans Rn , un voisinage W de 0Rp dans Rp , des applications ε1 : V −→ Rp
et ε2 : W −→ Rq vérifiant lim ε1 (h) = 0Rp et lim ε2 (k) = 0Rq tels que :
h→0Rn k→0Rp

∀h ∈ V, f (a + h) = f (a) + dfa (h) + khkn ε1 (h)


∀k ∈ W, g (f (a) + k) = g (f (a)) + dgf (a) (k) + kkkp ε2 (k)
CALCUL DIFFÉRENTIEL 30

Puisque lim (dfa (h) + khk ε (h)) = 0Rp , il existe un voisinage U ⊂ V de 0Rn dans Rn tel que :
h→0Rn

∀h ∈ U, dfa (h) + khkn ε1 (h) ∈ W


On a alors pour tout h ∈ U en posant k = dfa (h) + khkn ε1 (h) ∈ W :
g ◦ f (a + h) = g (f (a) + k)
= g ◦ f (a) + dgf (a) (k) + kkkp ε2 (k)
= g ◦ f (a) + dgf (a) (dfa (h) + khkn ε1 (h))
+ kdfa (h) + khkn ε1 (h)kp ε2 (dfa (h) + khkn ε1 (h))
= g ◦ f (a) + dgf (a) ◦ dfa (h) + khkn dgf (a) (ε1 (h))
+ kdfa (h) + khkn ε1 (h)kp ε2 (dfa (h) + khkn ε1 (h))
= g ◦ f (a) + dgf (a) ◦ dfa (h) + khkn ε (h) (3.7)
où dgf (a) ◦ dfa ∈ LR (Rn , Rq ) est linéaire et où on a posé pour tout h ∈ U :
ε (h) = dgf (a) (ε1 (h)) + µ (h) (3.8)

 0 Rq si h = 0Rn
µ (h) = kdfa (h)+khkn ε1 (h)k ε2 (dfa (h)+khkn ε1 (h))
 p
si h 6= 0Rn
khkn

D’après le lemme 3.1, il existe M ∈ R+ tels que


∀h ∈ Rn , kdfa (h)kp 6 M khkn
et donc pour tout h ∈ U :
 
kdfa (h) + khkn ε1 (h)kp 6 M khkn + khkn kε1 (h)kp = M + kε1 (h)kp khkn

et
Il s’ensuit alors que pour tout h ∈ U \ {0Rn } :
 
kµ (h)kq 6 M + kε1 (h)kp kε2 (dfa (h) + khkn ε1 (h))kq

inégalité encore valide si h = 0Rn et donc :


lim µ (h) = 0Rq
h→0Rn

D’où par 3.8 :


lim ε (h) = lim dgf (a) (ε1 (h)) + µ (h) = 0Rq
h→0Rn h→0Rn

On déduit alors de 3.7 que g ◦ f est différentiable en a et que :


d (g ◦ f )a = dgf (a) ◦ dfa


Corollaire 3.3. Soit f une application différentiable sur U à valeurs dans Rp et g une application différentiable sur
V à valeurs dans Rq où U et V sont des ouverts respectifs de Rn et Rp vérifiant :

f (U) ⊂ V
alors g ◦ f est différentiable sur U.

Corollaire 3.4. Soit f une application d’un ouvert U de Rn à valeurs dans Rp de fonctions composantes
(f1 , f2 , . . . , fp ) et soit a ∈ U. Alors :
f différentiable en a ⇐⇒ ∀i ∈ J1; pK , fi différentiable en a
et lorsque ces conditions sont réalisées :

∀h ∈ Rn , dfa (h) = d (f1 )a (h) , d (f2 )a (h) , . . . , d (fp )a (h)
CALCUL DIFFÉRENTIEL 31

Démonstration. Considérons pour tout i ∈ J1; pK les formes linéaires :


pi : Rp −→ R
(xj )j∈J1;pK 7−→ xi
On a alors fi = pi ◦ f .
Supposons d’abord f différentiable en a. Puisque pour tout i ∈ J1; pK, pi est linéaire, elle est différentiable en
tout point de Rp de différentielle pi (proposition 3.4) donc en particulier en f (a), on déduit alors de la proposition
précédente que fi = pi ◦ f est différentiable en a et que d (fi )a = d (pi )f (a) ◦ dfa = pi ◦ dfa .
Réciproquement supposons que les fi , i ∈ J1; pK soient toutes différentiables en a.
Pour tout i ∈ J1; pK, considérons l’application :
ji : R −→  Rp 

x 7−→ 0, . . . , 0, 0, |{z}


x , 0, . . . , 0
ième place

Alors les ji , i ∈ J1; pK, sont clairement linéaires et on vérifie immédiatement que :
p
X
ji ◦ pi = IdRp
i=1
et donc : !
p
X p
X p
X
ji ◦ fi = ji ◦ pi ◦ f = ji ◦ pi ◦ f = IdRp ◦ f = f
i=1 i=1 i=1
Mais les ji , i ∈ J1; pK, sont différentiables sur R puisque linéaires (proposition 3.4) donc en fi (a) Ppet ji ◦ fi est
donc différentiable en a avec d (ji ◦ fi )a = ji ◦ d (fi )a , il résulte alors de l’égalité ci-dessus que f = i=1 ji ◦ fi est
différentiable en a et que :
Xp Xp
dfa = d (ji ◦ fi )a = ji ◦ d (fi )a
i=1 i=1
et donc que pour tout h ∈ Rn :
p
X
dfa (h) = ji ◦ d (fi )a (h)
i=1
Xp
= ji (d (fi )a (h))
i=1
 
p
X  
= 0, . . . , 0, 0, d (fi )a (h), 0, . . . , 0
i=1
| {z }
ième place

= d (f1 )a (h) , d (f2 )a (h) , . . . , d (fp )a (h)

Dans le corollaire suivant, on notera, pour les dérivées partielles, (xi )i∈J1;nK les “coordonnées” de Rn et (yk )k∈J1:pK
celles de Rp .

Corollaire 3.5. Soient f = (f1 , f2 , . . . , fp ) une application de U dans Rp et g = (g1 , g2 , . . . , gq ) une application de
V dans Rq où U et V sont des ouverts respectifs de Rn et Rp et soit a ∈ U tel que f (a) ∈ V.
On suppose que f est différentiable en a ∈ U et que g est différentiable en f (a).
Alors : g ◦ f = (g1 ◦ f, g2 ◦ f, . . . , gq ◦ f ) est différentiable en a et on a :
X ∂gi p
∂ (g ◦ f )i ∂ (gi ◦ f ) ∂fk
∀i ∈ J1; qK , ∀j ∈ J1; nK , (a) = (a) = (f (a)) (a)
∂xj ∂xj ∂yk ∂xj
k=1

Démonstration. On notera clairement que g ◦f = (g1 ◦ f, g2 ◦ f, . . . , gq ◦ f ) et donc que (avec des notations évidentes) :
∀i ∈ J1, qK , (g ◦ f )i = gi ◦ f
D’après la proposition 3.10, on a :
d (g ◦ f )a = dgf (a) ◦ dfa
CALCUL DIFFÉRENTIEL 32

et donc matriciellement :
J (g ◦ f )a = Jf (a) (g) .Ja (f )
D’où :
 ∂(g◦f )1 ∂(g◦f )1 ∂(g◦f )1 
∂x1 (a) ∂x2 (a) ... ∂xn (a)
 ∂(g◦f )2 ∂(g◦f )2 ∂(g◦f )2 

 ∂x1 (a) ∂x2 (a) ... ∂xn (a) 

 .. .. .. 
 . . ··· . 
∂(g◦f )q ∂(g◦f )q ∂(g◦f )q
∂x1 (a) ∂x2 (a) ... ∂xn (a)
 ∂g1 ∂g1 ∂g1  ∂f1 ∂f1 ∂f1

∂y1 (f (a)) ∂y2 (f (a)) ... ∂yp (f (a)) ∂x1 (a) ∂x2 (a) ... ∂xn (a)
 ∂g2 ∂g2 ∂g2  ∂f2 ∂f2 ∂f2 
 ∂y1 (f (a)) ∂y2 (f (a)) ... ∂yp (f (a))  ∂x1 (a) ∂x2 (a) ... ∂xn (a) 
=
 .. .. .. 
 .. .. .. 

 . . ··· .  . . ··· . 
∂gq ∂gq ∂gq ∂fp ∂fp ∂fp
∂y1 (f (a)) ∂y2 (f (a)) ... ∂yp (f (a)) ∂x1 (a) ∂x2 (a) . .. ∂xn (a)

et donc en développant :
X ∂gi p
∂ (g ◦ f )i ∂ (gi ◦ f ) ∂fk
∀i ∈ J1; qK , ∀j ∈ J1; nK , (a) = (a) = (f (a)) (a)
∂xj ∂xj ∂yk ∂xj
k=1

Remarque 3.7. Sous les hypothèses de la proposition si on note « abusivement » (à la physicienne !) (y1 , y2 , . . . , yp ) les
fonctions coordonnées de f on a alors pour tout j ∈ J1, nK et tout i ∈ J1, qK
X ∂gi p
∂ (g ◦ f )i ∂ (gi ◦ f ) ∂yk
(a) = (a) = (f (a)) (a)
∂xj ∂xj ∂yk ∂xj
k=1

Corollaire 3.6. Soit f une application de U dans Rp et g une application de V dans Rq où U et V sont des ouverts
respectifs de Rn et Rp .
Si f et g sont de classe C k (k > 1) respectivement sur U et V et si f (U) ⊂ V, alors g ◦ f est de classe C k sur U.

Démonstration. Résulte immédiatement par récurrence du corollaire précédent et de la proposition 3.5. 

Exercice 3.7. On considère les fonctions :


f: R2 −→ R2 
(x, y) 7−→ (f1 (x, y) , f2 (x, y)) = x2 y; x3 y 2
et :
g: R2 −→ R2 
(x, y) 7−→ (g1 (x, y) , g2 (x, y)) = 2x + y 2 ; y 2
Déterminer d (g ◦ f ).
Solution
Il est clair que les deux fonctions f et g sont de classe C ∞ et il en est donc de même de g ◦ f .
Première méthode
On explicite les matrices jacobiennes.
Pour tout (x, y) ∈ R2 , on a :
 
2xy x2
J(x,y) (f ) =
3x2 y 2 2x3 y
et :    
2 2y 1 y
J(x,y) (g) = =2
0 2y 0 y
et donc :  
1 x3 y 2
Jf (x,y) (g) = 2
0 x3 y 2
CALCUL DIFFÉRENTIEL 33

D’où :
J(x,y) (g ◦ f ) = Jf (x,y) (g) .J(x,y) (f )
  
1 x3 y 2 2xy x2
=2
0 x3 y 2 3x2 y 2 2x3 y
 
2xy + 3x5 y 4 x2 + 2x6 y 3
=2
3x5 y 4 2x6 y 3
et donc pour tout (h, k) ∈ R2 , on a :
 
d (g ◦ f )(x,y) (h, k) = 2h 2xy + 3x5 y 4 ; 3x5 y 4 + 2k x2 + 2x6 y 3 ; 2x6 y 3
Deuxième méthode
Pour ne pas se mélanger, on renomme les variables de g :
g: R2 −→ R2 
(u, v) 7−→ (g1 (u, v) , g2 (u, v)) = 2u + v 2 ; v 2
On pose f = (f1 , f2 ) et g = (g1 , g2 ) et on utilise directement les formules du corollaire 3.5.
On a pour tout (x, y) ∈ R2 :
∂f1 ∂f1 ∂f2 ∂f2
(x, y) = 2xy, (x, y) = x2 , (x, y) = 3x2 y 2 et (x, y) = 2x3 y
∂x ∂y ∂x ∂y
De même pour tout (u, v) ∈ R2
∂g1 ∂g1 ∂g2 ∂g2
(u, v) = 2, (u, v) = 2v, (u, v) = 0 et (u, v) = 2v
∂u ∂v ∂u ∂v
Donc :
∂g1 ∂g1 ∂g2 ∂g2
(f (x, y)) = 2, (f (x, y)) = 2x3 y 2 , (f (x, y)) = 0 et (f (x, y)) = 2x3 y 2
∂u ∂v ∂u ∂v
On a alors (g ◦ f )1 = g1 ◦ f et (g ◦ f )2 = g2 ◦ f et :
∂ (g ◦ f )1 ∂g1 ∂f1 ∂g1 ∂f2
(x, y) = (f (x, y)) (x, y) + (f (x, y)) (x, y)
∂x ∂u ∂x ∂v ∂x
= 2 × 2xy + 2x3 y 2 × 3x2 y 2
= 4xy + 6x5 y 4

∂ (g ◦ f )1 ∂g1 ∂f1 ∂g1 ∂f2


(x, y) = (f (x, y)) (x, y) + (f (x, y)) (x, y)
∂y ∂u ∂y ∂v ∂y
= 2x2 + 2x3 y 2 × 2x3 y
= 2x2 + 4x6 y 3

∂ (g ◦ f )2 ∂g2 ∂f1 ∂g2 ∂f2


(x, y) = (f (x, y)) (x, y) + (f (x, y)) (x, y)
∂x ∂u ∂x ∂v ∂x
= 0 + 2x3 y 2 × 3x2 y 2
= 6x5 y 4
et enfin :
∂ (g ◦ f )2 ∂g2 ∂f1 ∂g2 ∂f2
(x, y) = (f (x, y)) (x, y) + (f (x, y)) (x, y)
∂y ∂u ∂y ∂v ∂y
= 0 + 2x3 y 2 × 2x3 y
= 4x6 y 3
On en déduit alors que pour tout (h, k) ∈ R2 :
∂ (g ◦ f ) ∂ (g ◦ f )
d (g ◦ f )(x,y) (h, k) = h (x, y) + k (x, y)
 ∂x ∂x   
∂ (g ◦ f )1 ∂ (g ◦ f )2 ∂ (g ◦ f )1 ∂ (g ◦ f )2
=h (x, y) ; (x, y) + k (x, y) ; (x, y)
∂x ∂x ∂y ∂y
5 4 5 4
 2 6 3 6 3

= h 4xy + 6x y ; 6x y + k 2x + 4x y ; 4x y
La première méthode semble ici plus rapide, c’est souvent, mais pas toujours, le cas.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 34

Exercice 3.8. Soit U un ouvert de R2 et f une application de U dans Rp différentiable sur U.


On considère une fonction ϕ = (u, v) dérivable sur l’intervalle ouvert I à valeurs dans R2 et telle que :
ϕ (I) ⊂ U
(1) Justifier que f ◦ ϕ est dérivable sur I et déterminer sa dérivée en fonction de u′ , v ′ et des dérivées partielles
premières de f .
(2) On suppose f de classe C 2 sur U et ϕ deux fois dérivable sur I, justifier que f ◦ ϕ est deux fois dérivable sur I
′′
et expliciter (f ◦ ϕ) en fonction de u′ , v ′ , u′′ , v ′′ et des dérivées partielles d’ordre 1 et 2 de f .
Solution
(1) Il résulte du corollaire 3.3 que f ◦ ϕ est différentiable (i.e dérivable) sur I et que :

∀t ∈ I, ∀h ∈ R, h (f ◦ ϕ) (t) = d (f ◦ ϕ)t (h)
= dfϕ(t) ◦ dϕt (h)
= dfϕ(t) (hϕ′ (t))
= hdfϕ(t) (ϕ′ (t))
D’où pour h = 1 :
∀t ∈ I, (f ◦ ϕ)′ (t) = dfϕ(t) (ϕ′ (t))
∂f ∂f
= u′ (t) (ϕ (t)) + v ′ (t) (ϕ (t))
∂x ∂y
∂f ∂f
= u′ (t) ◦ ϕ (t) + v ′ (t) ◦ ϕ (t)
∂x ∂y
(2) On suppose que f est de classe C 2 sur U et ϕ deux fois dérivable sur I.
Puisque ∂f ∂f 1
∂x et ∂y sont de classe C sur U donc différentiables sur U, il résulte de la question précédente que
∂f ∂f
∂x ◦ ϕ et ∂y ◦ ϕ sont dérivables sur I et que l’on a :
 ′
∂f ∂2f ∂2f
∀t ∈ I, ◦ ϕ (t) = u′ (t) 2 ◦ ϕ (t) + v ′ (t) ◦ ϕ (t)
∂x ∂x ∂x∂y
et de même :  ′
∂f ∂ 2f ∂2f
∀t ∈ I, ◦ ϕ (t) = u′ (t) (ϕ (t)) + v ′ (t) 2 (ϕ (t))
∂y ∂x∂y ∂y
Mais puisque par la question précédente :
∂f ∂f
∀t ∈ I, (f ◦ ϕ)′ (t) = u′ (t) ◦ ϕ (t) + v ′ (t) ◦ ϕ (t)
∂x ∂y

on en déduit que f ◦ ϕ est deux fois dérivable puisque (f ◦ ϕ) est dérivable (comme somme de produits de
fonctions dérivables) sur I et que :
 ′  ′
′′ ′′ ∂f ′ ∂f ′′ ∂f ′ ∂f
∀t ∈ I, (f ◦ ϕ) (t) = u (t) (ϕ (t)) + u (t) ◦ ϕ (t) + v (t) (ϕ (t)) + v (t) ◦ ϕ (t)
∂x ∂x ∂y ∂y
 
∂f ∂2f ∂2f ∂f
= u′′ (t) (ϕ (t)) + u′ (t) u′ (t) 2 (ϕ (t)) + v ′ (t) (ϕ (t)) + v ′′ (t) (ϕ (t))
∂x ∂x ∂x∂y ∂y
 
∂2f ∂2f
+ v ′ (t) u′ (t) (ϕ (t)) + v ′ (t) 2 (ϕ (t))
∂x∂y ∂y
2 2
∂f ∂f 2 ∂ f 2 ∂ f ∂2f
= u′′ (t) (ϕ (t)) + v ′′ (t) (ϕ (t)) + u′ (t) (ϕ (t)) + v ′
(t) (ϕ (t)) + 2u ′
(t) v ′
(t) (ϕ (t))
∂x ∂y ∂x2 ∂y 2 ∂x∂y

Corollaire 3.7.
Soient f une application d’un ouvert U de Rn dans Rp , u ∈ L (Rp , Rm ) et v ∈ L (Rq , Rn ).
Soient a ∈ U et b ∈ Rq tel que v (b) ∈ U. Alors :
— Si f est différentiable en a ∈ U, alors u ◦ f est différentiable en a et on a :
d (u ◦ f )a = u ◦ dfa
— Si f est différentiable en v (b), alors f ◦ v est différentiable en b et on a :
d (f ◦ v)b = dfv(b) ◦ v
CALCUL DIFFÉRENTIEL 35

Démonstration. On rappelle que la différentielle d’une application linéaire u ∈ L (Rn , Rp ) est constante égale à u
(propositon 3.4). Le résultat découle alors immédiatement de la proposition 3.10. 

Corollaire 3.8. Soit f une application d’un ouvert U de Rn à valeurs dans R, différentiable en a ∈ U et vérifiant
1
f (a) 6= 0. Alors est différentiable en a et on a :
f
 
1 dfa
d =−
f a f (a)2
Cette égalité devant se comprendre comme suit :
 
n 1 dfa (h)
∀h ∈ R , d (h) = −
f a f (a)2

Démonstration. Puisque f est différentiable donc continue en a et puisque f (a) 6= 0, il existe un voisinage ouvert V
de a contenu dans U tel que f ne s’annule pas sur V.
Désignons par g la fonction inverse, alors g ◦ f = f1 est définie sur l’ouvert V.
La fonction g est dérivable donc différentiable en f (a) 6= 0 de différentielle :
dgf (a) : R −→ R
h
h 7−→ hg ′ (f (a)) = − f (a) 2

1
On déduit de la proposition 3.10 que f = g ◦ f est différentiable en a et que :
 
1
d = d (g ◦ f )a = dgf (a) ◦ dfa
f a
et donc :  
n 1 dfa (h)
∀h ∈ R , d (h) = dgf (a) (dfa (h)) = −
f a f (a)2
et donc :  
1 dfa
d =−
f a f (a)2


Corollaire 3.9. Soit f une application d’un ouvert U de Rn à valeurs dans R, alors :
1
(1) Si f est différentiable sur U et ne s’y annule pas, est différentiable sur U et on a :
f
 
1 df
d =− 2
f f
et donc pour tout a ∈ U et tout h ∈ Rn :
 
1 dfa (h)
d (h) = −
f a f (a)2
1
(2) Si f est de classe C k , k ∈ N∗ ∪ {∞}, sur U et ne s’y annule pas, alors est de classe C k sur U.
f

Démonstration. Par la proposition précédente, seul le deuxième point est à prouver. On désigne encore par g la fonction
inverse qui est de classe C ∞ sur R∗ . La fonction f étant de classe C k sur U (et ne s’y annulant pas), on déduit du
corollaire 3.6 que f1 = g ◦ f est de classe C k sur U. 

4. Quelques applications du calcul différentiel


4.1. Plantangent à une surface définie par une équation z = f (x, y). On se place dans un repère orthonormé

O,~i, ~j, ~k de l’espace.
Dans toute cette sous-section, on désigne par f une application définie sur un ouvert U de R2 à valeur dans R et
on désigne par S la surface d’équation :
(x, y) ∈ U et z = f (x, y)
S est donc l’ensemble des points M de coordonnées (x, y, f (x, y)), (x, y) ∈ U.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 36

On suppose f différentiable en (x0 , y0 ) ∈ U, alors pour (x, y) dans U, on a :


f (x, y) = f (x0 , y0 ) + df(x0 ;y0 ) (x − x0 , y − y0 ) + k(x − x0 , y − y0 )k ε (x − x0 , y − y0 )
∂f ∂f
= f (x0 , y0 ) + (x0 , y0 ) (x − x0 ) + (x0 , y0 ) (y − y0 ) + k(x − x0 , y − y0 )k ε (x − x0 , y − y0 )
∂x ∂y
où :
lim ε (x − x0 , y − y0 ) = 0
(x;y)→(x0 ,y0 )

Si M est le point de S de premières coordonnées (x, y) proche de (x0 , y0 ) et donc de cote z = f (x, y), on a en première
approximation :

∂f ∂f
z = f (x, y) ≈ f (x0 , y0 ) +(x0 , y0 ) (x − x0 ) + (x0 , y0 ) (y − y0 )
∂x ∂y
et si (x, y) est proche de (x0 , y0 ), le point M est donc très proche du plan d’équation :
∂f ∂f
z = f (x0 , y0 ) +(x0 , y0 ) (x − x0 ) + (x0 , y0 ) (y − y0 )
∂x ∂y
 
dont un vecteur normal est par exemple le vecteur de coordonnées ∂f ∂x (x ,
0 0y ) , ∂f
∂y (x ,
0 0y ) , −1 et passant par le
point M0 de S de coordonnées (x0 , y0 , f (x0 , y0 )).

Définition 4.1. Soit f une application d’un ouvert U de R2 dans R et S la surface d’équation :
(x, y) ∈ U et z = f (x, y)
 
dans un repère orthonormé O,~i, ~j, ~k de l’espace.
Si f est différentiable en (x0 , y0 ) ∈ U , le plan d’équation :
∂f ∂f
z = f (x0 , y0 ) + (x0 , y0 ) (x − x0 ) + (x0 , y0 ) (y − y0 )
∂x ∂y
est appelé plan tangent à S en son point de coordonnées (x0 , y0 , f (x0 , y0 ))

 
Exercice 4.1. Soit O;~i, ~j, ~k un repère orthonormé de l’espace. On désigne par S la demi-sphère de centre O et de
rayon 1 contenue dans le demi-espace E+ d’équation z > 0.

(1) Déterminer une fonction f définie sur le disque D = (x; y) ∈ R2 /x2 + y 2 6 1 telle que pour tout point M de
coordonnées (x, y, z), on ait :
M ∈ S ⇐⇒ (x, y) ∈ D et z = f (x; y)
(2) Soit (x0 ; y0 ) un point intérieur à D et M0 le point de S de coordonnées (x0 , y0 , f (x0 , y0 )).
(a) Déterminer les dérivées partielles de f en (x0 , y0 ).
(b) Donner une équation du plan tangent P0 à S en M0 .
−−−→
Démontrer que OM0 est un vecteur normal en M0 .
Solution
(1) On a pour tout point M de coordonnées (x, y, z) :
M ∈ S ⇐⇒ OM 2 = 1 et z > 0
⇐⇒ x2 + y 2 + z 2 = 1 et z > 0
⇐⇒ z 2 = 1 − x2 − y 2 et z > 0
p
⇐⇒ (x, y) ∈ D et z = 1 − x2 − y 2
et donc en désignant par f la fonction définie sur D par :
p
∀ (x; y) ∈ D, f (x, y) = 1 − x2 − y 2
on a :
M ∈ S ⇐⇒ (x, y) ∈ D et z = f (x, y)
(2)
CALCUL DIFFÉRENTIEL 37

◦ 
(a) Il et clair (par composition) que f est de classe C 1 sur D = (x; y) ∈ R2 /x2 + y 2 < 1 et on a :
◦ ∂f x ∂f y
∀ (x; y) ∈ D, (x, y) = − p et (x, y) = − p
∂x 2
1−x −y 2 ∂y 1 − x2 − y 2

(b) Le plan tangent à S en M0 a pour équation :


∂f ∂f
z = f (x0 , y0 ) + (x0 , y0 ) (x − x0 ) + (x0 , y0 ) (y − y0 )
∂x ∂y
et admet donc pour vecteur normal le vecteur de coordonnées
  !
∂f ∂f x0 y0
(x0 , y0 ) , (x0 , , y) , −1 = − p , −p , −1
∂x ∂y 1 − x20 − y02 1 − x20 − y02
1
=− (x0 , y0 , f (x0 , y0 ))
f (x0 , y0 )
−−−→
et donc OM0 de coordonnées (x0 , y0 , f (x0 , y0 )) est normal à P0 .

4.2. Extremums d’une fonctions de deux variables à valeurs dans R.

4.2.1. Définitions.

Définition 4.2. Soit f une application d’un ouvert U de R2 à valeurs dans R et soit (x0 , y0 ) ∈ U. On dit que f
présente un maximum (resp. minimum) relatif (ou local) en (x0 , y0 ), s’il existe un voisinage V de (x0 , y0 ) contenu
dans U tel que :
∀ (x; y) ∈ V, f (x, y) 6 f (x0 , y0 ) (resp. f (x, y) > f (x0 , y0 ))

.
Définition 4.3. Soit f une application d’un ouvert U de R2 à valeurs dans R de classe C 1 sur U. On dit que
(x0 , y0 ) ∈ U est un point critique de f lorsque :
∂f ∂f
(x0 , y0 ) = (x0 , y0 ) = 0
∂x ∂y
Autrement dit (x0 , y0 ) est un point critique de f si et seulement si df(x0 ,y0 ) = 0L(R2 ,R)

Remarque 4.1. Sous les hypothèses de la définition, soit P0 le plan tangent à la surface S d’équation :
(x, y) ∈ U et z = f (x, y)
 
dans l’espace rapporté au repère orthonormé O,~i, ~j, ~k a donc pour équation :

∂f ∂f
z = f (x0 , y0 ) + (x0 , y0 ) (x − x0 ) + (x0 , y0 ) (y − y0 )
∂x ∂y
 
∂f
et pour vecteur normal ~n = ∂x (x0 , y0 ) , ∂f
∂y (x0 , y0 ) , −1
On a alors :
(x0 ; y0 ) point critique de f ⇐⇒ df(x0 ,y0 ) = 0L(R2 ,R)
−−→ →

⇐⇒ grad f (x0 , y0 ) = 0


⇐⇒ −

n =−k
⇐⇒ P0 (xOy)
4.2.2. Condition nécessaire d’existence d’extremum.

Proposition 4.1. Soit f une application d’un ouvert U de R2 à valeurs dans R de classe C 1 . Alors si f présente
un extremum relatif en (x0 , y0 ) ∈ U, alors (x0 , y0 ) est un point critique de f .
CALCUL DIFFÉRENTIEL 38

Démonstration. Soit (e1 , e2 ) la base canonique de R2 et X0 = (x0 , y0 ). Considérons la fonction (de R dans R) g : t 7−→
f (X0 + te1 ), alors g est définie et dérivable sur un voisinage de 0 et admet un extrémum local en 0, on a donc :
∂f
0 = g ′ (0) = (X0 )
∂x
On montre de la même manière que :
∂f
(X0 ) = 0
∂y
Ce qui prouve que X0 est un point critique de f . 
Remarque 4.2. La réciproque de cette proposition est fausse, cependant elle permet de déterminer de bons “candidats”
(x0 ; y0 ) où f peut présenter un extremum relatif, candidats entre lesquels il conviendra donc ensuite de faire le tri.
Exercice 4.2. On considère la fonction :
f: R2 −→ R
(x; y) 7−→ x2 + y 2 + xy + 1
(1) Montrer que f admet un unique point critique (x0 ; y0 ).
(2) Écrire f (x; y) − f (x0 ; y0 ) comme une somme de deux carrés.
En déduire que f présente un minimum local en (x0 ; y0 ).
Est-ce un minimum global ?
Solution
(1) f est clairement de classe C ∞ sur R2 et on a :
∂f ∂f
∀ (x; y) ∈ R2 , (x, y) = 2x + y et (x, y) = 2y + x
∂x ∂y
et donc :

2x + y = 0
(x; y) point critique de f ⇐⇒
x + 2y = 0
⇐⇒ (x; y) = 0R2
et 0R2 est donc l’unique point critique de f .
(2) On a :
 y 2 3 2
∀ (x; y) ∈ R2 , f (x, y) − f (0R2 ) = x2 + xy + y 2 = x + + y >0
2 4
D’où :
∀ (x, y) ∈ R2 , f (x, y) > f (0R2 )
et f admet donc un minimum global en 0R2 .
Exercice 4.3. On considère la fonction :
f: R2 −→ R
(x, y) 7−→ x2 + 3y 2 + 4xy
(1) Montrer que f admet un unique point critique (x0 , y0 ).
(2) Montrer que f n’admet pas d’extremum relatif en (x0 , y0 ).
Solution
(1) f est clairement de classe C ∞ sur R2 et on a :
∂f ∂f
∀ (x, y) ∈ R2 , (x, y) = 2x + 4y et (x, y) = 6y + 4x
∂x ∂y
et on a donc :

x + 2y = 0
(x, y) point critique de f ⇐⇒
2x + 3y = 0
⇐⇒ (x; y) = 0R2
(2) On a f (0R2 ) = 0 et pour tout (x, y) ∈ R2 :
2
f (x; y) = (x + 2y) − y 2 = (x + y) (x + 3y)
et le signe de f (x, y) dépend donc de la position de (x, y) par rapport aux droites D1 : x+y = 0 et D2 : x+3y = 0 :
CALCUL DIFFÉRENTIEL 39

D1

− +

D2
~

O

+ −

Tout voisinage de 0R2 contient donc des points (x, y) pour lesquels f (x, y) > 0 et des points où f (x, y) < 0 et f ne
présente donc pas d’extrémum en 0R2 .

4.2.3. Étude en un point critique : Formule de Taylor-Young à l’ordre 2. Les deux propositions suivantes montrent que
l’on peut souvent (si f est de classe C 2 ) localement procéder plus ou moins comme dans les deux exercices précédents :

Proposition 4.2. Formule de Taylor-Young à l’ordre 2


Soient f une application de l’ouvert U de R2 à valeurs dans R de classe C 2 sur U et (x0 ; y0 ) ∈ U. Alors il existe un
voisinage V de 0R2 et une fonction ε : V −→ R tels que :
∂f ∂f
∀ (h, k) ∈ V, f (x0 + h, y0 + k) = f (x0 , y0 ) + (x0 , y0 ) h + (x0 , y0 ) k
∂x ∂y
 
1 ∂2f 2 ∂2f ∂2f 2 2
+ (x0 , y 0 ) h + 2 (x 0 , y 0 ) hk + (x0 , y 0 ) k + k(h, k)k ε (h, k)
2 ∂x2 ∂x∂y ∂y 2
avec :
lim ε (h, k) = 0
(h,k)→0R2

Démonstration. Admise 
Remarque 4.3. Sous les hypothèses de la proposition, si (x0 , y0 ) ∈ U est un point critique de f , il existe un voisinage
V de 0R2 et une application ε : V −→ R de limite 0 en 0R2 tels que :
 
1 ∂2f 2 ∂2f ∂2f 2 2
∀ (h, k) ∈ V, f (x0 + h, y0 + k)−f (x0 , y0 ) = (x ,
0 0y ) h + 2 (x ,
0 0y ) hk + (x ,
0 0y ) k +k(h, k)k ε (h, k)
2 ∂x2 ∂x∂y ∂y 2

Proposition 4.3. Soit f une fonction de classe C 2 sur l’ouvert U de R2 à valeurs dans R.
Soit (x0 , y0 ) ∈ U un point critique de f . On pose :
∂2f ∂2f ∂2f
r= 2
(x0 , y0 ) , t = 2
(x0 , y0 ) et s = (x0 , y0 )
∂x ∂y ∂x∂y
On suppose que :
rt − s2 > 0
Alors r et t sont non nuls et de même signe et on a :
— si r (ou t) > 0, f présente en (x0 , y0 ) un minimum local ;
— si r (ou t) < 0, f présente en (x0 , y0 ) un maximum local.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 40

Démonstration. Par la formule de Taylor-Young à l’ordre 2, il existe un voisinage V de 0R2 tel que :
1 2
∀ (h, k) ∈ V, f (x0 + h, y0 + k) − f (x0 , y0 ) = P (h, k) + k(h, k)k ε (h, k)
2
où ε est une fonction de limite 0 en 0R2 et où :
∂2f ∂2f ∂2f
P (h, k) = 2
(x0 , y0 ) h2 + 2 (x0 , y0 ) hk + 2 (x0 , y0 ) k 2
∂x ∂x∂y ∂y
2 2
= rh + 2shk + tk
Puisque rt − s2 > 0, on a rt > s2 donc rt > 0 et r et t sont donc bien non nuls et de même signe. On pose
(
|r| 1 si r > 0
µ= =
r −1 si r < 0

Considérons l’application h , i de R2 × R2 définie par :


∀H1 = (h1 , k1 ) ∈ R2 , ∀H2 = (h2 , k2 ) ∈ R2 , hH1 , H2 i = µ (rh1 h2 + s(h1 k2 + k1 h2 ) + tk1 k2 )
et donc :
∀H ∈ R2 , P (H) = µ hH, Hi
On vérifie immédiatement que h , i est une forme bilinéaire symétrique. Montrons qu’elle est définie positive,
c’est-à-dire que :
∀H ∈ R2 , hH, Hi > 0 et (hH, Hi = 0 =⇒ H = 0R2 )
Soit H = (h, k) ∈ R2 , on a :

hH, Hi = µ rh2 + 2shk + tk 2
 
shk tk 2
= µr h2 + 2 +
r r
 2 !
sk s2 k 2 tk 2
= |r| h+ − 2 +
r r r
 2 !
sk rt − s2 2
= |r| h+ + k >0
r r2

puisque rt − s2 > 0, et de plus :


 2
sk rt − s2 2
hH, Hi = 0 =⇒ h + + k =0
r r2

h + skr = 0
=⇒
k=0
=⇒ H = 0R2
p
Il s’ensuit que h , i est un produit scalaire sur R2 et donc que l’application k k′ : H 7−→ hH, Hi est une norme
sur R2 et de plus :
′2
∀H = (h, k) ∈ R2 , P (h, k) = P (H) = µ hH, Hi = µ kHk
Mais puisque R2 est de dimension finie, toutes les normes y sont équivalentes et il existe donc α, β strictement positifs
tels que :
′ ′
∀H ∈ R2 , α kHk 6 kHk 6 β kHk
Considérons alors l’application de V dans R définie par :
(
kHk2 ε(H)
kHk′2
si H 6= 0R2
∀H ∈ V, ν (H) =
0 sinon
Alors en distinguant les cas H = 0R2 et H 6= 0R2 , on a :
∀H ∈ V, |ν (H)| 6 β 2 |ε (H)|
et donc :
lim ν (H) = 0
H→0R2
CALCUL DIFFÉRENTIEL 41

De plus puisque µ2 = 1 :
µ ′2 2
∀H = (h, k) ∈ V, f (x0 + h, y0 + k) − f (x0 , y0 ) = kHk + kHk ε (H)
2
µ ′2
= kHk (1 + 2µν (H)) (4.1)
2
où :
lim 1 + 2µν (H) = 1
H7−→0R2

Il s’ensuit qu’il existe un voisinage W de 0R2 contenu dans V tel que :

∀H ∈ W, 1 + 2µν (H) > 0

Mais alors 4.1 prouve que si H = (h, k) ∈ W , f (x0 + h, y0 + k) − f (x0 , y0 ) est non nul du signe de µ si H 6= 0R2 et
nul sinon. Il s’ensuit donc que :
— si r > 0, alors µ = 1 et f présente un minimum local en (x0 , y0 ) ;
— si r < 0, alors µ = −1 et f présente un maximum local en (x0 , y0 ).


On en déduit le plan d’étude suivant :

Recherche d’extremums
Pour déterminer les extremums d’une application f de U dans R de classe C 2 où U est un ouvert de R2 , on peut :
(1) Déterminer les points critiques de f .
(2) Pour chaque point critique (x0 ; y0 ) de f , calculer :
∂2f ∂2f ∂2f
r= (x0 , y 0 ) , t = (x0 , y 0 ) , et s = (x0 , y0 ) ,
∂x2 ∂y 2 ∂x∂y
puis calculer rt − s2 .
(3) Si rt − s2 > 0, alors f présente en un extremum local en (x0 , y0 ), sa nature étant donné par le signe de r (ou
de t) (minimum si r > 0, maximum si r < 0). C’est la proposition précédente.
(4) Si rt − s2 6 0, la proposition précédente ne permet pas conclure et il faut alors soit étudier « à la main » le
signe de :
g (h, k) = f (x0 + h, y0 + k) − f (x0 , y0 )
et souvent pour prouver que f ne présente pas d’extremum en (x0 , y0 ) exhiber un chemin γ : t 7−→ γ (t)
vérifiant :
lim γ (t) = (x0 , y0 )
t→0
et tel que g ◦ γ (t) − f ◦ γ (0) = g ◦ γ (t) − f (x0 , y0 ) ne garde un signe constant sur aucun voisinage de 0.

Exemple 4.1. On considère la fonction :

f: R2 −→ R
(x; y) 7−→ x2 y 2 (1 + x + 2y)

La fonction f est clairement de classe C 2 sur R2 et on a :


∂f
∀ (x; y) ∈ R2 , (x, y) = 2xy 2 (1 + x + 2y) + x2 y 2
∂x
= xy 2 (2 + 2x + 4y + x)
= xy 2 (2 + 3x + 4y)

et de même :
∂f
∀ (x; y) ∈ R2 , (x, y) = 2x2 y (1 + x + 2y) + 2x2 y 2
∂y
= 2x2 y (1 + x + 2y + y)
= 2x2 y (1 + x + 3y)
CALCUL DIFFÉRENTIEL 42

et on a donc pour tout (x; y) ∈ R2 :



xy 2 (2 + 3x + 4y) = 0
(x; y) point critique de f ⇐⇒
2x2 y (1 + x + 3y) = 0

x = 0 ou y = 0 ou 2 + 3x + 4y = 0
⇐⇒
x = 0 ou y = 0 ou 1 + x + 3y = 0

3x + 4y = −2
⇐⇒ x = 0 ou y = 0 ou
x + 3y = −1
 
2 1
⇐⇒ x = 0 ou y = 0 ou (x; y) = − ; −
5 5

Les points critiques de f sont donc − 52 ; − 15 et les points de (Ox) et (Oy).
On a :
∂2f
∀ (x; y) ∈ R2 , (x, y) = y 2 (2 + 3x + 4y) + 3xy 2
∂x2
= 2y 2 (1 + 3x + 2y)
∂2f
(x, y) = 2xy (2 + 3x + 4y) + 4xy 2
∂x∂y
= 2xy (2 + 3x + 6y)
∂2f
(x, y) = 2x2 (1 + x + 3y) + 6x2 y
∂y 2
= 2x2 (1 + x + 6y)
Plaçons nous en un point (a; 0) de (Ox), on a alors
∂ 2f ∂2f ∂2f
r= 2
(a, 0) = 0, s = (a, 0) = 0 et t = (a, 0) = 2a2 (1 + a)
∂x ∂x∂y ∂y 2
et donc rt − s2 = 0. (Dommage !).
On a pour tout (x, y) ∈ R2 :

f (x; y) − f (a, 0) = f (x; y) = x2 y 2 µ (x; y) (4.2)


où :
µ (x; y) = 1 + x + 2y
et
La fonction µ étant continue sur R2 et vérifiant µ (a, 0) = 1 + a.
— Si a 6= −1, alors µ (a, 0) = 1 + a 6= 0, par continuité, il existe un voisinage V de (a, 0) telle que pour tout
(x; y) ∈ V , µ (x, y) garde la signe de 1 + a, il en est donc de même de f (x, y) − f (a, 0) par 4.2, donc :
— si a > −1, f présente un minimum local en (a, 0) (égal à 0) ;
— si a < −1, f présente en (a, 0) un maximum local (égal à 0).
— On se place maintenant au point (−1, 0) et on considère le chemin γ : t 7−→ (t − 1, t). On a lim γ (t) = (−1, 0)
t→0
et pour tout t ∈ R :
f (γ (t)) − f (−1, 0) = t2 (t − 1)2 (1 + t − 1 + 2t) = 3t3 (t − 1)2
et f (γ (t)) − f (−1, 0) ne garde un signe constant dans aucun voisinage de 0. Il s’ensuit que f n’admet pas
d’extremum local en (−1, 0).
Plaçons nous maintenant en un point (0; b) de (Oy) distinct de O et donc b 6= 0. On a alors :
∂2f 2 ∂2f ∂2f
r= (0, b) = 2b (1 + 2b) , s = (0, b) = 0 et t = (0, b) = 0
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
et donc encore rt − s2 = 0 (re-dommage !).
On a encore pour tout (x, y) ∈ R2

f (x; y) − f (0; b) = f (x, y) = x2 y 2 µ (x; y) (4.3)


avec µ (0, b) = 1 + 2b.
— Si b 6= − 21 , alors par continuité, il existe un voisinage W de 0R2 tel que pour tout (x, y) ∈ W , µ (x, y) ait le
même signe que 1 + 2b 6= 0 et par 4.3, il en est de même de f (x, y) − f (0, b), on en déduit donc que :
— Si b > − 12 , f présente en (0, b) un minimum local égal à 0.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 43

— Si b < − 12 , f présente en (0, b) un maximum


 local (égal à 0).
— On se place maintenant au point 0, − 21 et on a encore :
 
1
∀ (x, y) ∈ R2 , f (x; y) − f 0; − = f (x, y) = x2 y 2 µ (x; y)
2
 
 1
On considère le chemin δ : t 7−→ t, t − 12 alors lim µ (t) = 0; − et pour tout t ∈ R :
t→0 2
   2  2
1 2 1 3 1
f (δ (t)) − f 0; − =t t− (1 + t + 2t − 1) = 3t t −
2 2 2

et f (δ (t)) − f 0; − 21 ne reste
 donc de signe constant dans aucun voisinage de 0. On en déduit que f n’admet
pas d’extremum en 0; − 21 .
— On aurait pu également raisonner ainsi, on a :
 
2 1
∀ (x, y) ∈ R , f (x; y) − f 0; − = f (x, y) = x2 y 2 µ (x; y) (4.4)
2

Mais la droite d’équation µ (x, y) = 0 contenant 0; − 21 partage le plan R2 en deux  demi-plans ouverts P+ et
1
P− d’équation respectives µ (x, y) > 0 et µ (x, y) < 0. Tout voisinage  de 0, − 2 contient des points de P  + et
1 1
des points de P− donc des points par 4.4 où f (x,  y) − f 0; − 2 > 0 et des points où f (x, y) − f 0; − 2 < 0
et f ne présente donc pas d’extremums en 0; − 21 .
— On a :
∂2f
∀ (x; y) ∈ R2 , (x, y) = y 2 (2 + 3x + 4y) + 3xy 2
∂x2
= 2y 2 (1 + 3x + 2y)
∂2f
(x, y) = 2xy (2 + 3x + 4y) + 4xy 2
∂x∂y
= 2xy (2 + 3x + 6y)
∂2f
(x, y) = 2x2 (1 + x + 3y) + 6x2 y
∂y 2
= 2x2 (1 + x + 6y)
     
∂2f 2 1 6 ∂2f 2 1 8 ∂2f 2 1 24
r= − ;− = − 3, s = − ;− = − 3 et t = − ; − =− 3
∂x2 5 5 5 ∂x∂y 5 5 5 ∂y 2 5 5 5
Donc
144 − 64 80 16
rt − s2 = 6
= 3 = >0
5 5 25

et puisque r = − 563 < 0, f présente en − 52 ; − 51 un maximum local égal à :
 
2 1 4 4
f − ;− = 5 =
5 5 5 3125
4.3. Application à la résolution d’équations aux dérivées partielles.

4.3.1. Changements de variables de classe C k (ou C k difféomorphismes).

Définition 4.4. Soient U et V deux ouverts de Rn et k ∈ N∗ ∪ {∞}.


On dit que f est un C k -difféomorphisme (ou un changement de variables de classe C k ) de U sur V si f est une
bijection de U sur V et si f et f −1 sont de classe C k respectivement sur U et V.

Proposition 4.4. Soient U et V deux ouverts de Rn , k ∈ N∗ ∪ {∞} et f un C k -difféomorphisme de U sur V. Alors


pour tout a ∈ U, dfa ∈ L (Rn ) est un isomorphisme et on a :
 −1
d f −1 f (a) = (dfa )
CALCUL DIFFÉRENTIEL 44

Démonstration. L’application f −1 ◦ f = IdU est la restriction à l’ouvert U de l’application linéaire IdRn et donc pour
tout a ∈ U : 
dff−1
(a) ◦ dfa = d f
−1
◦ f a = d (IdRn )a = IdRn

Il s’ensuit que dfa est un isomorphisme que d f −1 f (a) = (dfa )−1 . 
Remarque 4.4. Sous les hypothèses et notations de la proposition, on a donc :
 −1
Jf (a) f −1 = Ja (f )

Proposition 4.5. (Théorème d’inversion locale)


Soit f une application d’un ouvert U de Rn dans Rn , a ∈ U et k ∈ N∗ ∪ {∞}.
On suppose f de classe C k sur U et que dfa soit inversible, alors il existe un ouvert U1 de Rn vérifiant a ∈ U1 ⊂ U
et un ouvert V1 de Rn contenant f (a) tels que f|U1 réalise un C k -difféomorphisme de U1 sur V1 .

Démonstration. Admise 
Remarque 4.5. dfa inversible ⇐⇒ det Ja (f ) 6= 0

Proposition 4.6. (Théorème d’inversion globale)


Soit f une application d’un ouvert U de Rn dans Rn et k ∈ N∗ ∪ {∞}
On suppose que f est injective de classe C k sur U et que pour tout a ∈ U, dfa est inversible, alors :
— f (U) est un ouvert de Rn ;
— f est un C k -difféomorphisme de U sur f (U)

Démonstration. L’application f étant injective, il est clair qu’elle réalise une bijection de U sur f (U). Soit b ∈ f (U)
et a l’unique élément de U vérifiant f (a) = b, alors d’après le théorème d’inversion locale, il existe un ouvert U1 de Rn
vérifiant a ∈ U1 ⊂ U et un ouvert V1 de Rn contenant b tels que f|U1 soit un C k -difféomorphisme de U1 sur V1 . En
particulier V1 = f (U1 ) est un ouvert de Rn contenu dans f (U) et contenant b = f (a) et f −1 est de classe C k sur V1 .
Ce qui précède prouve que f (U) est un ouvert de Rn (f (U) est voisinage de tous ses points) et que f −1 est de classe
C k sur f (U) et donc que f est un C k -difféomorphisme de U sur f (V). 
Remarque 4.6. Ce théorème sert à effectuer des changements de variables, comme dans l’exemple suivant.
Exemple 4.2. Soit :
ϕ : U = R∗+ × ]−π, π[ −→ V = R2 \ [Ox′ )
(ρ, θ) 7−→ (ρ cos θ, ρ sin θ)
où [Ox′ ) = {(x, 0) /x ∈ R− } = R− × {0} est la demi-droite opposée à [Ox) dont l’interprétation géométrique (coor-
données polaires) est connue. On sait que ϕ réalise une bijection de l’ouvert U sur l’ouvert V .
Il est clair que ϕ est de classe C ∞ sur U et on a pour tout (ρ; θ) ∈ U :
 
cos θ −ρ sin θ
J(ρ;θ) (ϕ) =
sin θ ρ cos θ
et le jacobien de ϕ en (ρ : θ) vaut donc :
det J(ρ;θ) (ϕ) = ρ cos2 θ + ρ sin2 θ = ρ 6= 0
et dϕ(ρ;θ) est donc un isomorphisme de R2 sur lui-même. Le théorème d’inversion globale permet alors d’affirmer que
ϕ est un C ∞ -difféomorphisme de U sur V.
De plus pour tout (ρ; θ) ∈ U :
 
J(ρ cos θ,ρ sin θ) ϕ−1 = Jϕ(ρ;θ) ϕ−1
−1
= J(ρ;θ) (ϕ)
 
1 ρ cos θ ρ sin θ
=
ρ − sin θ cos θ
 
cos θ sin θ
=
− sinρ θ cosρ θ
Soit f une application de classe C 1 sur V à valeurs dans R et la fonction f˜ = f ◦ ϕ de classe C 1 sur U (à valeurs
dans R). Si (ρ, θ) ∈ U, f˜ (ρ, θ) représente donc la valeur de f au point du plan de coordonnées polaires (ρ, θ) donc de
coordonnées cartésiennes (ρ cos θ, ρ sin θ).
CALCUL DIFFÉRENTIEL 45

On a donc f = f˜ ◦ ϕ−1 , il s’ensuit que pour tout (ρ, θ) ∈ U :

df(ρ cos θ,ρ sin θ) = df˜(ρ,θ) ◦ dϕ−1


(ρ cos θ,ρ sin θ)
−1
= df˜(ρ,θ) ◦ dϕ(ρ,θ)

et donc :
 
J(ρ cos θ,ρ sin θ) (f ) = J(ρ,θ) f˜ .J(ρ,θ) (ϕ)−1

d’où :
     cos θ sin θ

∂f ∂f ∂ f˜ ∂ f˜
(ρ cos θ, ρ sin θ) (ρ cos θ, ρ sin θ) = ∂ρ (ρ, θ) ∂θ (ρ, θ)
∂x ∂y − sinρ θ cos θ
ρ

On en déduit donc que :


∂f ∂ f˜ sin θ ∂ f˜
(ρ cos θ, ρ cos θ) = cos θ (ρ, θ) − (ρ, θ)
∂x ∂ρ ρ ∂θ
et :
∂f ∂ f˜ cos θ ∂ f˜
(ρ cos θ, ρ cos θ) = sin θ (ρ, θ) + (ρ, θ)
∂y ∂ρ ρ ∂θ
 
On a en désignant par ~i; ~j la base canonique de R2 :

−−→ ∂f ∂f
grad f (ρ cos θ, ρ sin θ) = (ρ cos θ, ρ sin θ)~i + (ρ cos θ, ρ sin θ) ~j
∂x ∂y
! !
∂ f˜ sin θ ∂ f˜ ~ ∂ f˜ cos θ ∂ f˜
= cos θ (ρ, θ) − (ρ, θ) i + sin θ (ρ, θ) + (ρ, θ) ~j
∂ρ ρ ∂θ ∂ρ ρ ∂θ
∂ f˜   1 ∂ f˜  
= (ρ, θ) cos θ~i + sin θ~j + (ρ, θ) − sin θ~i + cos θ~j
∂ρ ρ ∂θ
∂f ˜ 1 ∂f˜
= (ρ, θ) −→
u (θ) + (ρ, θ) −→
v (θ)
∂ρ ρ ∂θ

Cette dernière expression est celle du gradient de f dans le repère polaire (O, −

u (θ) , −

v (θ)) au point de coordonnées
polaires (ρ, θ) (donc de coordonnées cartésiennes (ρ cos θ, ρ sin θ)).

−−→
gradf (ρ cos(θ), ρ sin(θ))

∂ f˜ →

∂ρ (ρ, θ) u (θ)
1 ∂ f˜ →

ρ ∂θ (ρ, θ) v (θ)

(ρ cos(θ), ρ sin(θ))

θ
~v (θ) ~u(θ) ρ
~j
b

O ~i
CALCUL DIFFÉRENTIEL 46

4.3.2. Exemples de résolution d’équations aux dérivées partielles.


Exercice 4.4.
(1) Déterminer toutes les applications f : R2 −→ R de classe C 1 sur R2 vérifiant :
∂f
=0
∂x
(Ce résultat est à connaître et sera réutilisé dans les questions suivantes ainsi que le résultat analogue pour
∂f
∂y = 0 que vous énoncerez ).

(2) Déterminer toutes les applications f : R2 −→ R de classe C 2 sur R2 vérifiant :


∂2f
=0
∂x2
(3) Déterminer toutes les applications f : R2 −→ R de classe C 2 sur R2 vérifiant :
∂2f
=0
∂x∂y
(4) Déterminer toutes les applications f : R∗2 1 ∗2
+ −→ R de classe C sur R+ vérifiant :
∂f ∂f y
x +y =
∂x ∂y x
(Notations abusives mais compréhensibles)
y
(On pourra utiliser le changement de variables u = x et v = x2 + y 2 )
(5) Déterminer toutes les applications f : R∗ × R −→ R de classe C 2 sur R∗ × R vérifiant :
∂2f ∂2f 2
2∂ f
x2 + 2xy + y =0
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
(idem)
(On pourra utiliser le changement de variables x = u et y = uv)
Solution
(1) Soit f vérifiant les conditions de l’énoncé et y ∈ R fixé et considérons la fonction partielle :
fy : R −→ R
x 7−→ f (x, y)
Alors fy est dérivable sur R et on a :
∂f
∀x ∈ R, fy′ (x) = (x, y) = 0
∂x
et fy est donc constante sur R et il existe donc une constante ky dépendant de y tel que :
∀x ∈ R, f (x; y) = fy (x) = ky
Soit alors g la fonction définie sur R par :
g: R −→ R
y 7−→ ky
On a donc :
∀ (x; y) ∈ R2 , f (x; y) = g(y)
Mais f étant de classe C sur R , alors g est de classe C 1 sur R.
1 2

Réciproquement, soit g une fonction de classe C 1 sur R et f la fonction définie sur R2 par :
∀ (x; y) ∈ R2 , f (x; y) = g(y)
Il est alors clair que f est de classe C 1 sur R2 et que :
∂f
=0
∂x
On a donc montré que l’application f : R2 −→ R de classe C 1 sur R2 vérifie :
∂f
=0
∂x
si et seulement si il existe une fonction g : R −→ R de classe C 1 sur R vérifiant :
∀ (x, y) ∈ R2 , f (x, y) = g (y)
CALCUL DIFFÉRENTIEL 47

Remarque. En échangeant les rôles joués par x et y, on montre de même qu’une fonction f de classe C 1 sur R2
à valeurs dans R vérifie :
∂f
=0
∂y
si et seulement si il existe une fonction g de classe C 1 sur R à valeurs dans R telle que :
∀ (x; y) ∈ R2 , f (x; y) = g(x)
(2) Soit f une fonction de classe C 2 sur R2 à valeurs dans R telle que :
∂2f
=0
∂x2
La fonction ∂f 1 2
∂x est donc de classe C sur R et vérifie :
 
∂ ∂f ∂2f
= =0
∂x ∂x ∂x2
D’après la question précédente, il existe donc une fonction g de classe C 1 sur R à valeurs dans R telle que :
∂f
∀ (x; y) ∈ R2 , (x; y) = g(y)
∂x
Soit alors F la fonction de classe C 1 sur R2 définie par :
∀(x, y) ∈ R2 , F (x, y) = f (x, y) − xg(y)
On a alors :
∂F
=0
∂x
donc par la question précédente, il existe une fonction h de classe C 1 sur R telle que :
∀ (x; y) ∈ R2 , F (x; y) = h (y)
On en déduit que :
∀ (x; y) ∈ R2 , f (x; y) = xg (y) + h(y)
De plus :
∀y ∈ R, h (y) = f (0, y)
et puisque la fonction f est de classe C sur R2 , on en déduit que h est de classe C 2 sur R.
2

De même :
∀y ∈ R, g(y) = f (1, y) − h (y)
et g est donc de classe C 2 sur R.
On a donc montré que si f est de classe C 2 sur R2 vérifiait :
∂2f
=0
∂x2
alors il existait deux fonctions g et h de classe C 2 sur R et à valeurs dans R telles que :
∀ (x; y) ∈ R2 , f (x; y) = xg (y) + h(y)
Réciproquement, soient g et h deux fonctions de classe C 2 sur R ) valeurs dans R et la fonction f définie f sur
R2 par :
∀ (x; y) ∈ R2 , f (x; y) = xg (y) + h(y)
Il est clair que f est de classe C 2 sur R2 à valeurs dans R et on vérifie immédiatement que :
∂2f
=0
∂x2
(3) Soit f une fonction de classe C 2 sur R2 à valeurs dans R telle que :
∂2f
=0
∂x∂y
∂f
La fonction est donc de classe C 1 sur R2 et vérifie :
∂y
 
∂ ∂f ∂2f
= =0
∂x ∂y ∂x∂y
D’après la question 1., il existe donc une fonction k de classe C 1 sur R à valeurs dans R telle que :
∂f
∀ (x; y) ∈ R2 , (x; y) = k(y)
∂y
CALCUL DIFFÉRENTIEL 48

Soit alors g une primitive de k sur R qui est donc de classe C 2 sur R et F la fonction définie sur R2 par :
∀(x, y) ∈ R2 , F (x, y) = f (x, y) − g(y)
Il est clair que F est de classe C 2 sur R2 et on a :
∂F ∂f
∀(x, y) ∈ R2 , (x, y) = (x; y) − k (y) = 0
∂y ∂y
donc d’après la remarque 1, il existe une fonction h de classe C 1 sur R telle que :
∀(x, y) ∈ R2 , F (x, y) = h(x)
et on a donc :
∀(x, y) ∈ R2 , f (x, y) = h(x) + g(y)
Mais :
∀ (x, y) ∈ R2 , h(x) = f (x, y) − g(y)
avec f de classe C 2 sur R2 et g de classe C 1 sur R, on en déduit que h est de classe C 2 sur R.
On a donc montré que si f est de classe C 2 sur R2 à valeurs dans R vérifiait :
∂2f
=0
∂x∂y
alors il existait deux fonctions g et h de classe C 2 sur R et à valeurs dans R telles que :
∀ (x; y) ∈ R2 , f (x; y) = h (x) + g(y)
Réciproquement, soient g et h deux fonctions de classe C 2 sur R à valeurs dans R et la fonction définie f sur
R2 par :
∀ (x; y) ∈ R2 , f (x; y) = h (x) + g (y)
Il est clair que f est de classe C 2 sur R2 à valeurs dans R et on vérifie immédiatement que :
∂2f
=0
∂x∂y
(4) La partie U = R∗2
+ est ouverte dans R .
2

Considérons l’application bien définie :


ϕ: U −→ U 
U (x; y) = xy > 0
(x; y) 7−→ (U (x; y) ; V (x; y)) où
V (x; y) = x2 + y 2 > 0
Il est clair que ϕ est de classe C ∞ sur U et on a pour pour tout (u; v) et tout (x; y) dans U :
 y
(u; v) = ϕ (x; y) ⇐⇒ x = u
x2 + y 2 = v

y = ux 
⇐⇒
x2 1 + u2 = v
 q
 x= v
2
⇐⇒ q1+u
 y=u v
1+u2

et on en déduit que ϕ est bijective et que :


ϕ−1 : U −→ U  q
 X (u; v) = v
1+u2
7 → (X (u; v) ; Y (x; y)) où
(u; v) − q
 Y (u; v) = u v
1+u2

On a de plus pour tout (x; y) ∈ U :


 
− xy2 1
x
J(x,y) (ϕ) =
2x 2y
et le jacobien de ϕ en (x; y) vaut donc :
 
y2
det J(x,y) (ϕ) = −2 1 + 2 6= 0
x
CALCUL DIFFÉRENTIEL 49

et ϕ est donc bien un C ∞ difféomorphisme de l’ouvert U de R2 sur lui-même


Soit f une fonction de classe C 1 sur U et f˜ = f ◦ ϕ−1 , alors f˜ est de classe C 1 sur U et on a f = f˜ ◦ ϕ donc
pour tout (x; y) ∈ U, on a en posant (u, v) = ϕ (x, y) :
 
∂ ˜◦ ϕ
f
∂f
(x; y) = (x, y)
∂x ∂x
∂ f˜ ∂U ∂ f˜ ∂V
= (ϕ (x, y)) (x; y) + (ϕ (x, y)) (x; y)
∂u ∂x ∂v ∂x
y ∂ f˜ ∂ f˜
=− 2 (u, v) + 2x (u, v)
x ∂u ∂v
et :
 
∂f ∂ f˜ ◦ ϕ
(x; y) = (x, y)
∂y ∂y
∂ f˜ ∂U ∂ f˜ ∂V
= (ϕ (x; y)) (x; y) + (ϕ (x; y)) (x; y)
∂u ∂y ∂v ∂y
1 ∂ f˜ ∂ f˜
= (u, v) + 2y (u, v)
x ∂u ∂v
et donc :
∂f ∂f y ∂ f˜ ∂ f˜ y ∂ f˜ ∂ f˜
x (x; y) + y (x; y) = − (u, v) + 2x2 (u, v) + (u, v) + 2y 2 (u, v)
∂x ∂y x ∂u ∂v x ∂u ∂v
 ∂ f˜
= 2 x2 + y 2 (u, v)
∂v
∂ f˜
= 2v (u, v)
∂v
Il s’ensuit donc puisque ϕ est bijective que :
∂f ∂f y
∀ (x; y) ∈ U, x (x; y) + y (x; y) =
∂x ∂y x
∂ f˜
⇐⇒∀ (u; v) ∈ U, 2v (u; v) = u
∂v
∂ f˜ u
⇐⇒∀ (u; v) ∈ U, (u; v) =
∂v 2v
∂F
⇐⇒∀ (u; v) ∈ U, (u; v) = 0 (4.5)
∂v
où F est la fonction de classe C 1 sur U définie par :
u
∀ (u; v) ∈ U, F (u; v) = f˜ (u; v) − ln v
2
Mais 4.5 équivaut à l’existence d’une application g de classe C 1 sur R∗+ telle que :
∀ (u; v) ∈ U, F (u, v) = g (u)
ce qui équivaut à :
u
∀ (u; v) ∈ U, f˜(u, v) = ln v + g (u)
2
et, puisque ϕ est bijective, on a donc pour tout fonction f de classe C 1 sur U à valeurs dans R :
∂f ∂f  u
x +y = 0 sur U ⇐⇒ ∃g ∈ C 1 R∗+ , R , ∀ (u; v) ∈ U, f˜(u, v) = ln v + g (u)
∂x ∂y 2
1 ∗
 −1 u
⇐⇒ ∃g ∈ C R+ , R , ∀ (u; v) ∈ U, f ◦ ϕ (u, v) = ln v + g (u)
2 y
1 ∗
 y 
⇐⇒ ∃g ∈ C R+ , R , ∀ (x; y) ∈ U, f (x; y) = ln x2 + y 2 + g
2x x
(5) Posons U = R∗ × R, il est clair que U est un ouvert de R2 (le plan privé de (Oy)).
Considérons l’application bien définie :
ϕ: U −→ U 
X(u; v) = u
(u; v) 7−→ (X (u; v) ; Y (u; v)) ou
Y (u; v) = uv
CALCUL DIFFÉRENTIEL 50

On vérifie immédiatement que ϕ est une bijection de classe C ∞ de U sur lui-même de bijection réciproque :
ϕ−1 : U −→ U 
U (x; y) = x
(x; y) 7−→ (U (x; y) ; V (x; y)) ou
V (x; y) = xy
De plus pour tout (u, v) ∈ U, la jacobienne de ϕ en (u, v) est :
 
1 0
J(u,v) (ϕ) =
v u
et le jacobien de ϕ en (u, v) est donc :

1 0
= u 6= 0
v u
Ce qui prouve que ϕ est un C ∞ -difféomorphisme de U sur lui-même.
Soit f de classe C 1 sur U et f˜ = f ◦ ϕ qui est donc également de classe C 1 sur U et on a f = f˜ ◦ ϕ−1 .
Soit (u, v) ∈ U, on a en posant (x, y) = ϕ (u, v) :
 
J(u,v) f˜ = Jϕ(u,v) (f ) J(u,v) (ϕ)
= J(x,y) (f ) J(u,v) (ϕ)
et donc :
   
−1
∂f
∂x (x; y) ∂f
∂y (x; y) = J(u,v) f˜ J(u,v) (ϕ)
1  ∂ f˜  u 0

∂ ˜
f
= ∂u (u, v) ∂v (u, v)
u −v 1

∂f ∂f ∂ f˜ v ∂ f˜
◦ ϕ (u, v) = (x; y) = (u, v) − (u, v)
∂x ∂x ∂u u ∂v
et :
∂f ∂f 1 ∂ f˜
◦ ϕ (u, v) = (x; y) = (u, v)
∂y ∂y u ∂v
où on le rappelle f˜ = f ◦ ϕ.
Supposons alors f de classe C 2 sur U, appliquant ces mêmes formules, aux fonctions ∂f ∂f 1
∂x et ∂y de classe C sur

U, en posant f
∂f ∂f f
∂f ∂f
∂x = ∂x ◦ ϕ et ∂y = ∂y ◦ ϕ, on obtient pour tout (u, v) ∈ U et en posant toujours (x, y) = ϕ (u, v) :
! !
∂2f ∂ f
∂f v ∂ f
∂f
(x, y) = (u, v) − (u, v)
∂x2 ∂u ∂x u ∂v ∂x
! !
∂ ∂ f˜ v ∂ f˜ v ∂ ∂ f˜ v ∂ f˜
= (u, v) − (u, v) − (u, v) − (u, v)
∂u ∂u u ∂v u ∂v ∂u u ∂v
∂ 2 f˜ v ∂ f˜ v ∂ 2 f˜
= (u, v) + (u, v) − (u, v)
∂u2 u2 ∂v u ∂u∂v
v ∂ 2 f˜ v ∂ f˜ v 2 ∂ 2 f˜
− (u, v) + 2 (u, v) + 2 2 (u, v)
u ∂u∂v u ∂v u ∂v
2v ∂ f ˜ 2˜
∂ f 2v ∂ f2˜
v 2 ∂ 2 f˜
= 2 (u, v) + 2
(u, v) − (u, v) + 2 2 (u, v)
u ∂v ∂u u ∂u∂v u ∂v
et
!
∂2f 1 ∂ f
∂f
(x, y) = (u, v)
∂x∂y u ∂v ∂x
!
1 ∂ ∂ f˜ v ∂ f˜
= (u, v) − (u, v)
u ∂v ∂u u ∂v
1 ∂ 2 f˜ 1 ∂ f˜ v ∂ 2 f˜
= (u, v) − 2 (u, v) − 2 2 (u, v)
u ∂u∂v u ∂v u ∂v
CALCUL DIFFÉRENTIEL 51

Enfin :
!
∂2f 1 ∂ f
∂f
(ϕ (u, v)) = (u, v)
∂y 2 u ∂v ∂y
!
1 ∂ 1 ∂ f˜
= (u, v)
u ∂v u ∂v
1 ∂ 2 f˜
= (u, v)
u2 ∂v 2
On a x2 = u2 , 2xy = 2u2 v et y 2 = u2 v 2 .
Donc :
∂2f ∂2f ∂2f
x2 2 (x; y) + 2xy (x, y) + y 2 2 (x; y)
∂x ∂x∂y ∂y
∂f˜ 2˜
∂ f ∂ 2 f˜ ∂ 2 f˜
= 2v (u, v) + u2 2 (u, v) − 2uv (u, v) + v 2 2 (u, v)
∂v ∂u ∂u∂v ∂v
2˜ ˜ 2˜
∂ f ∂f ∂ f
+ 2uv (u, v) − 2v (u, v) − 2v 2 2 (u, v)
∂u∂v ∂v ∂v

∂ f
+ v 2 2 (u, v)
∂v

∂ f
= u2 2 (u, v)
∂u
et on aura donc puisque ϕ est bijective :
∂ 2f ∂2f 2
2∂ f
∀ (x; y) ∈ U, x2 (x, y) + 2xy (x, y) + y (x, y) = 0
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
∂ 2 f˜
⇐⇒∀ (u; v) ∈ U, u2 2 (u, v) = 0
∂u
∂ 2 f˜
⇐⇒∀ (u; v) ∈ U, (u, v) = 0 (4.6)
∂u2
et 4.6 équivaut par la question 2. à l’existence de deux fonctions g et h de classe C 2 sur R∗ à valeurs dans R
telles que :
∀ (u; v) ∈ U, f˜(u, v) = g(v)u + h(v)
On a donc pour toute fonction de classe C 2 sur U à valeurs dans R :
∂2f ∂2f ∂2f 2
x 2
+ 2xy + y 2 2 = 0 sur U ⇐⇒ ∃ (g, h) ∈ C 2 (R∗ , R) , ∀ (u, v) ∈ U, f˜ (u, v) = g (v) u + h (v)
∂x ∂x∂y ∂y
y  y 
2
⇐⇒ ∃ (g, h) ∈ C 2 (R∗ , R) , ∀ (x; y) ∈ U, f (x; y) = xg +h
x x
5. Corrigé des travaux dirigés
Exercice 5.1. On considère la fonction f : R2 −→ R définie par :
( 3
xy
si (x; y) 6= 0R2
∀(x, y) ∈ R2 , f (x, y) = x2 +y 2
0 sinon
(1) Montrer que f est de classe C 1 sur R2 .
∂2f ∂2f
(2) Montrer que ∂x∂y (0, 0) et ∂y∂x (0, 0) existent et diffèrent. Que peut-on en déduire ?
Solution
(1) Il est clair que f est de classe C ∞ sur R2 \ {(0, 0)} et on a :
 
2 ∂f y 3 x2 + y 2 − 2x2 y 3 y 3 y 2 − x2
∀ (x, y) ∈ R \ {(0, 0)} , (x, y) = 2 = 2
∂x (x2 + y 2 ) (x2 + y 2 )
 
∂f 3xy 2 x2 + y 2 − 2xy 4 xy 2 3x2 + y 2
(x, y) = 2 = 2
∂y (x2 + y 2 ) (x2 + y 2 )
Pour tout x ∈ R, on a :
f (x, 0) = 0
CALCUL DIFFÉRENTIEL 52

∂f
et ∂x (0, 0) existe donc et on a :
∂f
(0, 0) = 0
∂x
De même pour tout y ∈ R :
f (0, y) = 0
∂f
Donc ∂y (0, 0) existe et :
∂f
(0, 0) = 0
∂x
On a d’autre part :
3 2 
2 2 2 2

∂f y y − x |y| y x + y
2
∀(x, y) ∈ R \ {(0, 0)} , (x, y) = 6 6 |y|
∂x (x2 + y 2 )2 (x2 + y 2 )
2

l’inégalité entre membres extrêmes étant encore valable pour (x, y) = (0, 0). On en déduit que
∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (0, 0)
(x,y)→(0,0) ∂x ∂x
De même :
2  
∂f xy 3x2 + y 2 3 |x| y 2 x2 + y 2
∀(x, y) ∈ R \ {(0, 0)} , (x, y) =
2
6 6 3 |x|
∂y (x2 + y 2 )2 (x2 + y 2 )
2

l’inégalité entre membres extrêmes étant encore valable pour (x, y) = (0, 0). On en déduit que
∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (0, 0)
(x,y)→(0,0) ∂y ∂y
∂f ∂f
Les fonctions ∂x et ∂y sont donc continues en 0 et f est donc de classe C 1 sur R2 .
(2) On a en distinguant les cas y = 0 et y 6= 0 :
∂f
∀y ∈ R, (0, y) = y
∂x
∂2 f ∂2 f
donc ∂y∂x (0, 0) existe et on a ∂y∂x (0, 0) = 1. De même :
∂f
∀x ∈ R, (x, 0) = 0
∂y
∂2f ∂2 f
donc ∂x∂y (0, 0) existe et on a ∂x∂y (0, 0) = 0. La fonction f est de classe C 2 sur R2 \ {(0, 0)}, mais f ne peut
∂2f ∂2 f
être de classe C 2 sur R2 par le théorème de Schwarz puisque ∂x∂y (0, 0) 6= ∂y∂x (0, 0).

Exercice 5.2. On pose pour tout (x, y) ∈ R2 , f (x, y) = √ xy si (x, y) 6= 0R2 et f (0, 0) = 0.
2 x +y 2

(1) Démontrer que f est continue sur R2 .


(2) Démontrer que f admet des dérivées partielles en tout point de R2 .
(3) f est-elle de classe C 1 sur R2 ? Justifier.
Solution
(1) f est clairement continue sur R2 \ {0R2 }.
2 2
Pour tout (x, y) ∈ R2 , on a |xy| 6 x +y
2 donc pour tout (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } :
x2 + y 2 1
|f (x, y)| 6 p = k(x, y)k2
2 x2 + y 2 2

L’inégalité entre membres extrêmes étant encore valable pour (x, y) = (0, 0) et donc :
lim f (x, y) = 0 = f (0, 0)
(x,y)→(0,0)

et f est donc continue en (0, 0) donc sur R2 par ce qui précède.


CALCUL DIFFÉRENTIEL 53

(2) Il est clair que f est de classe C 1 sur R2 \ {0R2 } et on a pour tout (x, y) ∈ R2 \ {0R2 }
p 2
y x2 + y 2 − √ x2 y 2
∂f x +y y(x2 + y 2 ) − x2 y y3
(x, y) = = =
∂x x2 + y 2 (x2 + y 2 )
3/2
(x2 + y 2 )
3/2

et de même :
∂f x3
(x, y) =
(x2 + y 2 ) /2
3
∂y
De plus pour tout x ∈ R :
f (x, 0) = 0
∂f ∂f
et existe et vaut donc 0. De même puisque pour tout (x, y) dans R2 , f (x, y) = f (y, x),
∂x (0, 0) ∂y (0, 0) existe
et vaut également 0.
(3) On sait déjà que f est de classe C 1 sur R2 \ {0R2 }.
Considérons le chemin γ : t 7−→ (0, t), on a limt→0+ γ(t) = (0, 0) et pour tout t > 0 :
∂f
◦ γ(t) = 1
∂x
Il s’ensuit donc que ∂f
∂x ◦ γ n’a pas pour limite 0 =
∂f
∂x (0, 0) pour t → 0+ donc que ∂f
∂x n’est pas continue en (0, 0)
et donc que f n’est pas de classe C 1 sur R2 .
Exercice 5.3. Soit f : R2 −→ R et g : R2 −→ R2 les applications définies par f (x, y) = x2 + y 2 et g(x, y) =
(ex sin y, e−x cos y) .
(1) Montrer la différentiabilité de f et g puis de f ◦ g sur R2 .
(2) Expliciter les matrices jacobiennes de f , g et f ◦ g en un point (x, y) ∈ R2 .
Solution
(1) Les fonctions f et g donc également f ◦ g sont clairement de classe C 1 sur R2 et ces trois fonctions sont donc
continûment différentiables sur R2 .

(2) On a pour tout (x, y) ∈ R2 :


 
ex sin y ex cos y
J(x,y) (g) =
−e cos y −e−x sin y
−x

 
J(x,y) (f ) = 2x 2y = 2 x y
et donc : 
Jg(x,y) (f ) = 2 ex sin y e−x cos y
et donc :
J(x,y) (f ◦ g) = Jg(x,y) (f ) J(x,y) (g)
 
 ex sin y ex cos y
=2 ex sin y e−x cos y
−e−x cos y −e−x sin y
 
=2 e2x sin2 y − e−2x cos2 y sin y cos y e2x − e−2x
Exercice 5.4. Soit f une fonction de classe C 2 de R2 \ {0R2 } dans R.
2 2
On appelle laplacien de f la fonction : ∆f = ∂∂xf2 + ∂∂yf2
(1) Donner l’expression du laplacien en coordonnées polaires.
(2) La fonction f est dite harmonique si son laplacien est nul sur R2 \ {0R2 }. Déterminer les fonctions harmoniques
isotropes (c’est-à-dire qui ne dépendent pas de l’angle polaire θ).
Solution
(1) L’application :
ϕ : R∗+ × R −→ R2 \ {0R2 }
(ρ, θ) 7−→ (ρ cos θ, ρ sin θ)
est surjective et de classe C ∞ .
Alors f˜ = f ◦ ϕ est de classe C 2 sur R∗+ × R et pour tout (ρ, θ) ∈ R∗+ × R, f˜ (ρ, θ) est la valeur de f au point
de coordonnées polaires (ρ, θ) et de même (∆f ) ◦ ϕ (ρ, θ) est la valeur de ∆f au point de coordonnées polaires
CALCUL DIFFÉRENTIEL 54

(ρ, θ). On veut exprimer (∆f ) ◦ ϕ en fonction des dérivées partielles de f˜ par rapport ρ et θ.
Pour tout (ρ, θ) ∈ R∗+ × R, on a :
 
cos θ −ρ sin θ
J(ρ,θ) (ϕ) =
sin θ ρ cos θ

Le jacobien de ϕ valant ρ 6= 0 et on a donc :


 
1 ρ cos θ ρ sin θ
J(ρ,θ) (ϕ)−1 =
ρ − sin θ cos θ

Pour toute fonction g définie sur R2 \ {0R2 } et à valeur dans R, on posera g̃ = g ◦ ϕ et g̃ (ρ, θ) est donc la valeur
de g au point de coordonnées polaires (ρ, θ). Supposons g différentiable sur R2 \ {0R2 }, et on a alors pour tout
(ρ, θ) ∈ R∗+ × R :

J(ρ,θ) (g̃) = Jϕ(ρ,θ) (g) J(ρ,θ) (ϕ)

D’où :

Jϕ(ρ,θ) (g) = J(ρ,θ) (g̃)J(ρ,θ) (ϕ)−1

c’est-à-dire :
  1   ρ cos θ ρ sin θ

∂g ∂g ∂g̃ ∂g̃
∂x (ϕ (ρ, θ)) ∂y (ϕ (ρ, θ)) = ∂ρ (ρ, θ) ∂θ (ρ, θ)
ρ − sin θ cos θ

D’où on déduit :

∂g ∂g̃ sin θ ∂g̃ ∂g ∂g̃ cos θ ∂g̃


(ϕ (ρ, θ)) = cos θ (ρ, θ) − (ρ, θ) et (ϕ (ρ, θ)) = sin θ (ρ, θ) + (ρ, θ)
∂x ∂ρ ρ ∂θ ∂y ∂ρ ρ ∂θ

et donc en particulier en posant f


∂f
∂x =
∂f
∂x ◦ ϕ et f
∂f
∂y =
∂f
∂y ◦ ϕ, :

f
∂f ∂f ∂f ∂ f˜ sin θ ∂ f˜
(ρ, θ) = ◦ ϕ (ρ, θ) = (ϕ (ρ, θ)) = cos θ (ρ, θ) − (ρ, θ)
∂x ∂x ∂x ∂ρ ρ ∂θ

et :
f
∂f ∂f ∂f ∂ f˜ cos θ ∂ f˜
(ρ, θ) = ◦ ϕ (ρ, θ) = (ϕ (ρ, θ)) = sin θ (ρ, θ) + (ρ, θ)
∂y ∂y ∂y ∂ρ ρ ∂θ

où on rappelle que f˜ = f ◦ ϕ. Il s’ensuit puisque f est de classe C 2 , en appliquant les formules précédentes aux
fonctions ∂f ∂f 1 2 ∗
∂x et ∂y de classe C sur R \ {0R } que pour tout (ρ, θ) ∈ R+ × R :
2

! !
∂2f ∂ f
∂f sin θ ∂ f
∂f
2
(ϕ (ρ, θ)) = cos θ (ρ, θ) − (ρ, θ)
∂x ∂ρ ∂x ρ ∂θ ∂x
! !
∂ ∂ f˜ sin θ ∂ f˜ sin θ ∂ ∂ f˜ sin θ ∂ f˜
= cos θ cos θ (ρ, θ) − (ρ, θ) − cos θ (ρ, θ) − (ρ, θ)
∂ρ ∂ρ ρ ∂θ ρ ∂θ ∂ρ ρ ∂θ
∂ 2 f˜ cos θ sin θ ∂ f˜ cos θ sin θ ∂ 2 f˜
= cos2 θ (ρ, θ) + (ρ, θ) − (ρ, θ)
∂ρ2 ρ2 ∂θ ρ ∂ρ∂θ
sin2 θ ∂ f˜ sin θ cos θ ∂ 2 f˜ sin θ cos θ ∂ f˜ sin2 θ ∂ 2 f˜
+ (ρ, θ) − (ρ, θ) + (ρ, θ) + (ρ, θ)
ρ ∂ρ ρ ∂ρ∂θ ρ2 ∂θ ρ2 ∂θ2
sin2 θ ∂ f˜ 2 cos θ sin θ ∂ f˜ 2 ∂ f

= (ρ, θ) + (ρ, θ) + cos θ (ρ, θ)
ρ ∂ρ ρ2 ∂θ ∂ρ2
2 cos θ sin θ ∂ 2 f˜ sin2 θ ∂ 2 f˜
− (ρ, θ) + (ρ, θ)
ρ ∂ρ∂θ ρ2 ∂θ2
CALCUL DIFFÉRENTIEL 55

et :
! !
∂2f ∂ f
∂f cos θ ∂ f
∂f
(ϕ (ρ, θ)) = sin θ (ρ, θ) + (ρ, θ)
∂y 2 ∂ρ ∂y ρ ∂θ ∂y
! !
∂ ∂ f˜ cos θ ∂ f˜ cos θ ∂ ∂ f˜ cos θ ∂ f˜
= sin θ sin θ (ρ, θ) + (ρ, θ) + sin θ (ρ, θ) + (ρ, θ)
∂ρ ∂ρ ρ ∂θ ρ ∂θ ∂ρ ρ ∂θ
∂ 2 f˜ sin θ cos θ ∂ f˜ sin θ cos θ ∂ 2 f˜
= sin2 θ 2
(ρ, θ) − 2
(ρ, θ) + (ρ, θ)
∂ρ ρ ∂θ ρ ∂ρ∂θ
cos2 θ ∂ f˜ cos θ sin θ ∂ 2 f˜ cos θ sin θ ∂ f˜ cos2 θ ∂ 2 f˜
+ (ρ, θ) + (ρ, θ) − 2
(ρ, θ) + (ρ, θ)
ρ ∂ρ ρ ∂ρ∂θ ρ ∂θ ρ2 ∂θ2
cos2 θ ∂ f˜ 2 sin θ cos θ ∂ f˜ 2 ∂ f

= (ρ, θ) − (ρ, θ) + sin θ (ρ, θ)
ρ ∂ρ ρ2 ∂θ ∂ρ2
2 sin θ cos θ ∂ 2 f˜ cos2 θ ∂ 2 f˜
+ (ρ, θ) + (ρ, θ)
ρ ∂ρ∂θ ρ2 ∂θ2
On en déduit que pour tout (ρ, θ) ∈ R∗+ × R :
∂2f ∂2f
∆f (ϕ (ρ, θ)) = (ϕ (ρ, θ)) + (ϕ (ρ, θ))
∂x2 ∂y 2
sin2 θ ∂ f˜ 2 cos θ sin θ ∂ f˜ 2˜
2 ∂ f
= (ρ, θ) + (ρ, θ) + cos θ (ρ, θ)
ρ ∂ρ ρ2 ∂θ ∂ρ2
2 cos θ sin θ ∂ 2 f˜ sin2 θ ∂ 2 f˜
− (ρ, θ) + (ρ, θ)
ρ ∂ρ∂θ ρ2 ∂θ2
cos2 θ ∂ f˜ 2 sin θ cos θ ∂ f˜ ∂ 2 f˜
+ (ρ, θ) − 2
(ρ, θ) + sin2 θ 2 (ρ, θ)
ρ ∂ρ ρ ∂θ ∂ρ
2˜ 2 2˜
2 sin θ cos θ ∂ f cos θ ∂ f
+ (ρ, θ) + (ρ, θ)
ρ ∂ρ∂θ ρ2 ∂θ2
1 ∂ f˜ ∂ 2 f˜ 1 ∂ 2 f˜
= (ρ, θ) + 2 (ρ, θ) + 2 2 (ρ, θ)
ρ ∂ρ ∂ρ ρ ∂θ
(2) On suppose donc ici qu’il existe une fonction g de classe C 2 définie sur R∗+ et à valeur dans R telle que pour
tout (ρ, θ) ∈ R∗+ × R, on ait :
f˜(ρ, θ) = g(ρ)
D’après la question précédente, on a alors pour tout (ρ, θ) ∈ R∗+ × R :
1 ′
(∆f ) (ρ cos θ, ρ sin θ) = g (ρ) + g ′′ (ρ)
ρ
et donc (ϕ étant surjective) :
f harmonique sur R2 \ {0R2 } ⇐⇒ ∀ (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } , ∆f (x, y) = 0
⇐⇒ ∀ (ρ, θ) ∈ R∗+ × R, ∆f (ρ cos θ, ρ sin θ) = 0
1
⇐⇒ ∀ρ ∈ R∗+ , g ′ (ρ) + g ′′ (ρ) = 0
ρ
⇐⇒ ∀ρ ∈ R∗+ , g ′ (ρ) + ρg ′′ (ρ) = 0

⇐⇒ ∀ρ ∈ R∗+ , (ρg ′ ) (ρ) = 0
⇐⇒ ∃A ∈ R, ∀ρ ∈ R∗+ , ρg ′ (ρ) = A
A
⇐⇒ ∃A ∈ R, ∀ρ ∈ R∗+ , g ′ (ρ) =
ρ
2 ∗
⇐⇒ ∃ (A, B) ∈ R , ∀ρ ∈ R+ , g(ρ) = A ln ρ + B
⇐⇒ ∃ (A, B) ∈ R2 , ∀ (ρ, θ) ∈ R∗ × R, f˜(ρ, θ) = A ln ρ + B
+
A 
⇐⇒ ∃ (A, B) ∈ R , ∀ (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } , f (x, y) =
2
ln x2 + y 2 + B
2 
⇐⇒ ∃ (A, B) ∈ R2 , ∀ (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } , f (x, y) = A ln x2 + y 2 + B
CALCUL DIFFÉRENTIEL 56

Exercice 5.5. Rn est muni de son produit scalaire canonique h , i et de la norme euclidienne associée. Pour tout
x
x ∈ Rn \ {0Rn }, on pose : f (x) = kxk2 où k k désigne la norme euclidienne. Montrer que f est différentiable sur l’ouvert
n
R \ {0Rn } et calculer sa différentielle (on ne cherchera pas à calculer de dérivées partielles).
Solution
Soit g la fonction de Rn dans R définie par :
∀x ∈ Rn , g(x) = kxk2
Alors pour tout x ∈ Rn et tout h ∈ Rn , on a :
g(x + h) = kx + hk2
2 2
= kxk + 2 hx, hi + khk
= g(x) + 2 hx, hi + o (khk)
où l’application h 7−→ 2 hx, hi est une forme linéaire sur Rn . On en déduit que g est différentiable sur Rn et que pour
tout x ∈ Rn et tout h ∈ Rn :
dgx (h) = 2 hx, hi
1
Il s’ensuit que g est différentiable sur l’ouvert R \ {0Rn } et que pour tout x ∈ Rn \ {0Rn } et tout h ∈ Rn :
n

 
1 dgx (h)
d (h) = −
g x g(x)2
2 hx, hi
=− 4
kxk
1
On a f = g × IdRn où IdRn est linéaire donc différentiable sur Rn et vérifiant :
∀x ∈ Rn , d (IdRn )x = IdRn
Donc f est différentiable sur Rn \ {0Rn } et :
 
1 1
∀x ∈ Rn \ {0Rn } , ∀h ∈ Rn dfx (h) = d (h) × IdRn (x) + × d (IdRn )x (h)
g x g(x)
2 hx, hi x h
=− 4 + 2
kxk kxk
2
kxk h − 2 hx, hi x
= 4
kxk
Exercice 5.6. En utilisant les coordonnées polaires, déterminer les solutions f de classe C 1 sur l’ouvert U =
R2 \ (R− × {0}) de l’équation aux dérivées partielles :
∂f ∂f
(E) : x (x, y) + y (x, y) − f (x, y) = −x2 − y 2
∂x ∂y
Solution
L’application :
ϕ : V = R∗+ × ]−π, π[ −→ U
(ρ, θ) 7−→ (ρ cos θ, ρ sin θ)
est de classe C ∞ et bijective. On a pour tout (ρ, θ) ∈ V :
 
cos θ −ρ sin θ
J(ρ,θ) (ϕ) =
sin θ ρ cos θ
dont le déterminant (le jacobien) vaut ρ > 0, il s’ensuit que ϕ est un C ∞ difféomorphisme de V sur U. De plus pour
tout (ρ, θ) ∈ V :
 
−1
 −1 cos θ sin θ
Jϕ(ρ,θ) ϕ = J(ρ,θ) (ϕ) =
− sinρ θ cosρ θ
Soit f une application de U dans R, posons f˜ = f ◦ ϕ alors f = f˜ ◦ ϕ−1 et f est de classe C 1 sur U si et seulement si
f˜ est de classe C 1 sur V.
Supposons donc f de classe C 1 sur U, on a alors pour tout (ρ, θ) ∈ V :
 
J(ρ,θ) f˜ = Jϕ(ρ,θ) (f ) J(ρ,θ) (ϕ)
et donc :
CALCUL DIFFÉRENTIEL 57

  
Jϕ(ρ,θ) (f ) = J(ρ,θ) f˜ Jϕ(ρ,θ) ϕ−1
et donc :

     cos θ sin θ

∂f ∂f ∂ f˜ ∂ f˜
(ρ cos θ, ρ sin θ) (ρ cos θ, ρ sin θ) = ∂ρ (ρ, θ) ∂θ (ρ, θ)
∂x ∂y − sinρ θ cos θ
ρ
et donc :
∂f ∂ f˜ sin θ ∂ f˜
(ρ cos θ, ρ sin θ) = cos θ (ρ, θ) − (ρ, θ)
∂x ∂ρ ρ ∂θ
et
∂f ∂ f˜ cos θ ∂ f˜
(ρ cos θ, ρ sin θ) = sin θ (ρ, θ) + (ρ, θ)
∂y ∂ρ ρ ∂θ
Il s’ensuit donc puisque ϕ est bijective que :
∂f ∂f
∀ (x, y) ∈ U, x (x, y) + y (x, y) − f (x, y) = −x2 − y 2
∂x ∂x
∂f ∂f
⇐⇒∀ (ρ, θ) ∈ V, ρ cos θ (ρ cos θ, ρ sin θ) + ρ sin θ (ρ cos θ, ρ sin θ) − f (ρ cos θ, ρ sin θ) = −ρ2
∂x ∂y
∂ f˜ ∂ f˜ ∂ f˜ ∂ f˜
⇐⇒∀ (ρ, θ) ∈ V, ρ cos2 θ (ρ, θ) − cos θ sin θ (ρ, θ) + ρ sin2 θ (ρ, θ) + cos θ sin θ (ρ, θ) − f˜(ρ, θ) = −ρ2
∂ρ ∂θ ∂ρ ∂θ
∂ f˜
⇐⇒∀ (ρ, θ) ∈ V, ρ (ρ, θ) − f˜(ρ, θ) = −ρ2
∂ρ
˜
ρ ∂∂ρf (ρ, θ) − f˜(ρ, θ)
⇐⇒∀ (ρ, θ) ∈ V, = −1
ρ2
!
∂ f˜(ρ, θ)
⇐⇒∀ (ρ, θ) ∈ V, = −1
∂ρ ρ
!
∂ f˜(ρ, θ)
⇐⇒∀ (ρ, θ) ∈ V, +ρ =0
∂ρ ρ
f˜(ρ, θ)
⇐⇒∃h ∈ C 1 (]−π; π[ , R) , ∀ (ρ, θ) ∈ V, + ρ = h (θ)
ρ
⇐⇒∃h ∈ C 1 (]−π; π[ , R) , ∀ (ρ, θ) ∈ V, f˜ (ρ, θ) = −ρ2 + ρh (θ)
Les solutions de (E) sont donc les fonctions f de classe C 1 sur U pour lesquelles f˜ vérifie :
∀θ ∈ ]−π; π[ , ∀ρ ∈ R∗ , f˜(ρ, θ) = −ρ2 + ρh (θ)
+
1
où h est une fonction quelconque de classe C sur ]−π; π[ à valeurs dans R.
Il nous reste à expliciter ϕ−1 . Pour tout θ 6≡ π [2π], on a :
sin θ 2 sin θ2 cos θ2 θ
= θ
= tan
1 + cos θ 2
2 cos 2 2
Donc si (x, y) ∈ U et (ρ, θ) ∈ V vérifient (x, y) = ϕ (ρ, θ), on a θ 6≡ π [2π], x = ρ cos θ et y = ρ sin θ.

D’où :
x2 + y 2 = ρ2
et puisque ρ > 0, on obtient : p
ρ= x2 + y 2
D’où :
θ sin θ ρ sin θ y
=
tan = = p
2 1 + cos θ ρ + ρ cos θ x + x2 + y 2
θ
 π π
et puisque 2 ∈ − 2 , 2 , on en déduit que :
θ y y
= arctan p d’où θ = 2 arctan p ∈ ]−π; π[
2 2
x+ x +y 2 x + x2 + y 2
Une réciproque n’étant pas nécessaire puisqu’on sait que ϕ est bijective.
CALCUL DIFFÉRENTIEL 58

Il s’ensuit que :
ϕ−1 U −→  V 
p
(x, y) 7−→ x2 + y 2 , 2 arctan √y 2
x+ x +y 2

Les solutions de classe C 1 sur U de l’équation aux dérivées partielles (E) sont donc les fonctions f définies sur U
par :
!
p y
∀ (x, y) ∈ U, f (x, y) = f˜ ◦ ϕ−1 (x, y) = −x2 − y 2 + x2 + y 2 h 2 arctan p
x + x2 + y 2
où h est une fonction de classe C 1 sur ]−π; π[ à valeurs dans R arbitraire.
Exercice 5.7. On considère l’ouvert V = R × R∗+ et ϕ : R2 −→ V définie par :
∀ (x, y) ∈ R2 , ϕ (x, y) = (U (x, y) , V (x, y)) = (xey , ey )
.
(1) Montrer que ϕ est un changement de variables de classe C 1 de R2 dans V.
(2) Utiliser le changement de variables précédent pour déterminer les solutions f de classe C 1 sur R2 de l’équation
aux dérivées partielles :
∂f ∂f
(x, y) − x (x, y) − f (x, y) = −e2y
∂y ∂x
Solution
(1) Il est clair que pour tout (x, y) ∈ R2 , on a (xey , ey ) ∈ V et ϕ est donc bien définie. D’autre part pour tout
(u, v) ∈ V et tout (x, y) ∈ R2 , on a :

xey = u
ϕ(x, y) = (u, v) ⇐⇒
ey = v

x = uv
⇐⇒
y = ln v
Ce qui prouve que ϕ est une bijection de R2 sur V de bijection réciproque :
ϕ−1 : V −→ R2 
u
(u, v) 7−→ v , ln v

De plus ϕ est clairement de classe C ∞ sur R2 et pour tout (x; y) ∈ R2 , la jacobienne de ϕ en (x, y) est :
 y 
e xey
J(x,y) (ϕ) =
0 ey
et en particulier le jacobien de ϕ en (x; y) vaut :
y
e xey
= e2y 6= 0
0 ey

ce qui prouve que dϕ(x,y) est inversible en tout point (x, y) de R2 donc que ϕ est un C ∞ difféomorphisme de R2
sur V.
(2) Soit f de classe C 1 sur R2 et f˜ = f ◦ ϕ−1 alors f˜ est de classe C 1 sur V et on a f = f˜ ◦ ϕ
Il en résulte que pour tout (x, y) ∈ R2 , on a en posant (u, v) = ϕ (x, y) :
 
∂ ˜◦ ϕ
f
∂f
(x, y) = (x, y)
∂x ∂x
∂ f˜ ∂U ∂ f˜ ∂V
= (ϕ (x, y)) (x, y) + (ϕ (x, y)) (x, y)
∂u ∂x ∂v ∂x
∂ f˜
= ey (ϕ (x, y))
∂u
∂ f˜
=v (u, v)
∂u
CALCUL DIFFÉRENTIEL 59

et :
 
∂f ∂ f˜ ◦ ϕ
(x, y) = (x, y)
∂y ∂y
∂ f˜ ∂U ∂ f˜ ∂V
= (ϕ (x, y)) (x, y) + (ϕ (x, y)) (x, y)
∂u ∂y ∂v ∂y
∂ f˜ ∂ f˜
= xey (ϕ (x, y)) + ey (ϕ (x, y))
∂u ∂v
∂ f˜ ∂ f˜
=u (u, v) + v (u, v)
∂u ∂v
et puisque x = u
v et f˜ (u, v) = f (x, y), on obtient donc :

∂f ∂f ∂ f˜ ∂ f˜ u ∂ f˜
(x, y) − x (x, y) − f (x, y) = u (u, v) + v (u, v) − × v (u, v) − f˜ (u, v)
∂y ∂x ∂u ∂v v ∂u
∂ f˜
=v (u, v) − f˜ (u, v)
∂v
et on a donc puisque ϕ est bijective :
∂f ∂f
∀ (x, y) ∈ R2 , (x, y) − x (x, y) − f (x, y) = −e2y
∂y ∂x
∂ f˜
⇐⇒∀ (u, v) ∈ V, v (u, v) − f˜ (u, v) = −v 2
∂v
˜
v ∂∂vf (u, v) − f˜ (u, v)
⇐⇒∀ (u, v) ∈ V, = −1
v2 !
∂ f˜ (u, v)
⇐⇒∀ (u, v) ∈ V, = −1
∂v v
!
∂ f˜ (u, v)
⇐⇒∀ (u, v) ∈ V, +v =0
∂v v
f˜ (u, v)
⇐⇒∃g ∈ C 1 (R, R) , ∀ (u, v) ∈ V, + v = g(u)
v
⇐⇒∃g ∈ C 1 (R, R) , ∀ (u, v) ∈ V, f˜ (u, v) = −v 2 + vg(u)
⇐⇒∃g ∈ C 1 (R, R) , ∀ (x, y) ∈ R2 , f (x, y) = −e2y + ey g (xey )
Exercice 5.8.
(1) Démontrer que l’équation 2x − e−x = 0 admet une unique solution α ∈ R.
(2) Soit g la fonction définie sur R2 par g(x, y) = 2e−x + 3x2 − 2xy + y 2 .
Montrer que g présente un extremum local de valeur 2α(2 + α).
(On précisera s’il s’agit d’un minimum ou d’un maximum).
Solution
(1) Soit f la fonction définie sur R par f (x) = 2x − e−x . On a :
lim f (x) = −∞ et lim f (x) = +∞
x→−∞ x→+∞

La fonction f est dérivable sur R et on a pour tout réel x :


f ′ (x) = 2 + e−x > 0
et f est donc continue et strictement croissante sur R. On déduit du théorème des valeurs intermédiaires que f
réalise une bijection de R sur lui-même et en particulier que l’équation f (x) = 0 admet une unique solution α
dans R. On notera que f (0) = −1 < 0 = f (α) et donc que α > 0 puisque f est strictement croissante sur R.
(2) g est clairement de classe C ∞ sur R2 et on a pour tout (x, y) ∈ R2 :
∂g ∂g
(x, y) = −2e−x + 6x − 2y et (x, y) = −2x + 2y
∂x ∂y
CALCUL DIFFÉRENTIEL 60

et donc

y=x
(x, y) point critique de g ⇐⇒
4x − 2e−x = 0
⇐⇒ x = y = α
et (α, α) est donc l’unique point critique de f .
On a pour tout (x, y) ∈ R2 :
∂ 2g −x ∂2g ∂2g
(x, y) = 2e + 6, (x, y) = −2 et (x, y) = 2
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
et puisque e−α = 2α, on a
g (α, α) = 4α + 3α2 − 2α2 + α2 = 2α (α + 2)
et :
∂ 2g ∂2g ∂2g
r= (α, α) = 4α + 6, s = (α, α) = −2 et t = (α, α) = 2
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
Donc puisque α > −1 :
rt − s2 = 8α + 12 − 4 = 8 (α + 1) > 0
et puisque r > 0, on en déduit que g présente un minimum local en (α, α), ce minimum local valant 2α (α + 2).
Exercice 5.9. Soit α ∈ R. On considère la fonction f de R2 vers R définie par :
(
y4
x 2 +y 2 −xy si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) =
α sinon

(1) Prouver que :


1 2 
∀ (x, y) ∈ R2 , x2 + y 2 − xy > x + y2
2
(2)
(a) Quel est l’ensemble de définition D de f ?
(b) Déterminer α pour que f soit continue sur R2 .
(3) Dans cette question, on suppose que α = 0.
∂f ∂f
(a) Justifier l’existence de ∂x et ∂y sur R2 \ {0R2 } et les calculer.
∂f ∂f
(b) Justifier l’existence de ∂x (0, 0) et ∂y (0, 0) et donner leurs valeurs.
(c) f est-elle de classe C 1 sur R2 ? est-elle différentiable sur R2 ?
Solution
(1) On a :
1 2  1 2 
∀ (x, y) ∈ R2 , x2 + y 2 − xy − x + y2 = x + y 2 − 2xy
2 2
1 2
= (x − y) > 0
2
et donc :
1 2 
∀ (x, y) ∈ R2 , x2 + y 2 − xy > x + y2 > 0
2
(2)
(a) D’après la question précédente, on a pour tout (x, y) ∈ R2 :
1 2 
x2 + y 2 − xy = 0 =⇒ x + y2 = 0
2
=⇒ x = y = 0

et puisque f (0, 0) = α, on en déduit que f est définie sur R2 .


CALCUL DIFFÉRENTIEL 61

(b) Il est clair que f est continue sur R\ {0R2 }.


D’après la question 1., on a pour tout (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } :

y4 2y 4
06 6 2 6 2y 2
x2 2
+ y − xy x + y2
Il en résulte immédiatement que :
y4
lim =0
(x,y)→(0,0) x2 + y 2 − xy
et donc que :

f continue sur R2 ⇐⇒ f continue en (0, 0)


⇐⇒ α = 0

(3)
(a) La fonction f est clairement de classe C 1 sur R2 \ {0R2 } et on a pour tout (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } :

∂f y 4 (y − 2x)
(x, y) = 2
∂x (x2 + y 2 − xy)
et :

∂f 4y 3 x2 + y 2 − xy + y 4 (x − 2y)
(x, y) = 2
∂y (x2 + y 2 − xy)

y 3 4x2 + 4y 2 − 4xy + xy − 2y 2
= 2
(x2 + y 2 − xy)

y 3 4x2 + 2y 2 − 3xy
= 2
(x2 + y 2 − xy)

(b) On a pour tout x ∈ R :


f (x, 0) = 0
Donc f admet une dérivée partielle par rapport à x en (0, 0) et on a :
∂f
(0, 0) = 0
∂x
De même pour tout y ∈ R :
f (0, y) = y 2
Donc f admet une dérivée partielle par rapport à y en (0, 0) et on a :
∂f
(0, 0) = 0
∂y
∂f ∂f
(c) Puisque f est clairement de classe C 1 sur R2 \ {0R2 }, f sera de classe C 1 sur R2 si et seulement si ∂x et ∂y
sont continues en (0, 0). Or par la première question :
1 4
∀ (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } , 0 6 2 6 2
(x2 + y2 − xy) (x2 + y2)
et donc

∂f y 4 |y − 2x| 4y 4 |y − 2x|
∀ (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } , (x, y) = 2 6 2 6 4 |y − 2x|
∂x (x2 + y 2 − xy) (x2 + y 2 )
L’inégalité entre membres extrêmes étant encore valable si (x, y) = (0, 0). On en déduit :
∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (0, 0)
(x,y)→(0,0) ∂x ∂x
CALCUL DIFFÉRENTIEL 62

∂f
et ∂x est donc continue en (0, 0).
x2 +y 2
De même puisque |xy| 6 2 :

∂f 4 |y|3 4x2 + 2y 2 − 3xy
∀ (x, y) ∈ R \ {0R2 } ,
2
(x, y) = 2
∂y (x2 + y 2 − xy)
3 
4 |y| 4x2 + 2y 2 + 3 |xy|
6 2
(x2 + y 2 )
3 
4 |y| 4x2 + 4y 2 + 4 |xy|
6 2
(x2 + y 2 )

4 |y|3 4x2 + 4y 2 + 2x2 + 2y 2
6 2
(x2 + y 2 )
3 
24 |y| x + y2
2
= 2
(x2 + y 2 )
6 24 |y|
L’inégalité entre membres extrêmes étant encore valable si (x, y) = (0, 0). On en déduit :
∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (0, 0)
(x,y)→(0,0) ∂y ∂y
et ∂f 1 2
∂y est donc continue en (0, 0). La fonction f est donc de classe C sur R donc continûment différentiable
2
sur R .
Exercice 5.10. On considère la fonction définie sur R2 par :
( 2
x y
4 2 si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) = x +y
0 sinon
(1) Déterminer la dérivée de f selon v = (a, b) ∈ R2 \ {(0, 0)} en (0, 0).
(2) La fonction f est-elle continue en (0, 0) ?
(3) Montrer que f admet des dérivées partielles en (0, 0) et les calculer.
(4) Montrer que la fonction f n’est pas différentiable en (0, 0).
Solution
(1) On a pour tout t ∈ R∗ :
f (0R2 + tv) − f (0R2 ) t3 a 2 b
=
t t (t a4 + t2 b2 )
4

a2 b
= 2 4
t a + b2
et donc :
(
f (tv) − f (0R2 ) 0 si b = 0
lim = a2
t→0 t b sinon
et f admet donc une dérivée selon le vecteur v = (a, b) ∈ R2 \ {(0, 0)} en (0, 0) et on a :
(
0 si b = 0
Dv f (0, 0) = a2
b sinon

(2) Considérons le chemin γ : t 7−→ t, t2 , on a :
lim γ(t) = 0R2
t→0

et pour tout t ∈ R∗ :
t4 1
f ◦ γ(t) =
=
2t4 2
Ce qui prouve que f ◦ γ n’a pas pour limite 0 = f (0R2 ) quand t → 0 et donc que f n’est pas continue en 0R2 .
CALCUL DIFFÉRENTIEL 63

(3) D’après la question 1., f admet des dérivées partielles par rapport à x et y en (0, 0) et on a :
∂f ∂f
(0, 0) = D(1,0) f (0, 0) = 0 et (0, 0) = D(0,1) f (0, 0) = 0
∂x ∂y
(4) Si f était différentiable en (0, 0), elle y serait continue, ce qui est absurde par la question 2., on en déduit donc
que f n’est pas différentiable en (0, 0).
Exercice 5.11. On considère la fonction f définie sur R2 par :
( 3
x +xy−y 3
|x|+2|y| si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) =
0 sinon
(1) Montrer que f est continue sur R2 .
(2) Calculer les dérivées partielles premières de f en (0, 0).
(3) Montrer que f n’est pas différentiable en (0, 0).
Solution
(1) La fonction f est clairement continue en tout point de R2 \ {0R2 }.
On a pour tout (x, y) ∈ R2 :
p p
|x| + 2 |y| > |x| + |y| = x2 + y 2 + 2 |x| |y| > x2 + y 2
et :
3 
x + xy − y 3 = (x − y) x2 + xy + y 2 + xy

6 |x − y| x2 + |xy| + y 2 + |xy|
 
x2 + y 2 x2 + y 2
6 |x − y| x2 + + y2 +
2 2
1 2 
6 x + y 2 (3 |x − y| + 1)
2
et on en déduit donc que :
3
x + xy − y 3 1p 2
∀ (x, y) ∈ R2 \ {0R2 } , |f (x, y)| = 6 x + y 2 (3 |x − y| + 1)
|x| + 2 |y| 2
L’inégalité entre membres extrêmes étant encore valable si (x, y) = (0, 0). On en déduit alors immédiatement
que :
lim f (x, y) = 0 = f (0, 0)
(x,y)→(0,0)
donc que f est continue en (0, 0) donc sur R2 par le point précédent.
(2) On a pour tout x ∈ R∗ :
2
x3 x |x|
f (x, 0) = = = x |x| et f (0, 0) = 0
|x| |x|
donc :
f (x, 0) − f (0, 0)
lim = lim |x| = 0
x→0 x x→0
Donc f admet une dérivée partielle par rapport à x en 0R2 avec :
∂f
(0, 0) = 0
∂x
De même pour tout y ∈ R∗ :
−y 3 y |y|
f (0, y) = =−
2 |y| 2
et f admet donc une dérivée partielle par rapport à y en (0, 0) avec :
∂f f (0, y) − f (0, 0) |y|
(0, 0) = lim = lim − =0
∂y y→0 y y→0 2
(3) Considérons le chemin γ : t 7−→ (t, t) qui vérifie γ (0) = 0R2 et qui est dérivable donc différentiable en 0. Si f
était différentiable en 0R2 , on en déduirait que la fonction f ◦ γ est dérivable en 0, or pour tout t ∈ R∗ , on a :
t2 |t|
f ◦ γ(t) = =
3 |t| 3
égalité encore valable si t = 0. Mais f ◦ γ n’est pas dérivable en 0 et f n’est donc pas différentiable en 0R2 .
CALCUL DIFFÉRENTIEL 64

Exercice 5.12. On considère la fonction f définie sur R2 par :


(
x sin y−y sin x
x2 +y 2 si (x, y) 6= (0, 0)
f (x, y) =
0 sinon
(1) Montrer que f admet des dérivées partielles selon chaque variable en (0, 0) et les calculer.
(2)
(a) Considérons une fonction h définie sur un voisinage de 0R2 à valeurs dans R telle que h(x, y) = o (xp y q ) au
voisinage de (0, 0) avec p + q > 4 où p et q sont des entiers naturels, montrer que :
h(x, y)
lim =0
+ y 2 ) /2
3
(x,y)→(0,0) (x2
(b) Donner le développement limité à l’ordre 3 de t 7−→ sin t.
(c) Montrer que f est différentiable en (0, 0).
Est-elle continue en (0, 0) ?
Solution
(1) On a pour tout x ∈ R et tout y ∈ R :
f (x, 0) = 0 et f (0, y) = 0
et f admet donc en (0, 0) des dérivées partielles par rapport à x et y et on a :
∂f ∂f
(0, 0) = 0 = (0, 0)
∂x ∂y
(2)
(a) Il existe une fonction ε définie sur un voisinage de V de 0R2 à valeur dans R vérifiant lim ε (x, y) = 0
(x,y)→(0,0)
telle que :
∀ (x, y) ∈ V, h(x, y) = xp y q ε (x, y)
Munissons R2 de la norme k k∞ , on a alors :
p+q
∀ (x, y) ∈ V, |h(x, y)| 6 k(x, y)k∞ |ε (x, y)|
Mais d’autre part :
3/2
x2 + y 2 > k(x, y)k3∞
et on en déduit que :

h(x, y)
p+q−3
∀(x, y) ∈ V \ {0R2 } , 6 k(x, y)k∞ |ε (x, y)|
(x2 + y 2 )3/2
et donc que :
h(x, y)
lim =0
+ y 2 ) /2
3
(x,y)→0R2 (x2
Remarque. Il aurait en fait suffit que p et q soient des entiers naturels vérifient p + q > 3.
(b) Il existe une fonction ε : R −→ R de limite 0 en 0 telle que :
t3
∀t ∈ R, sin t = t − + t3 ε(t)
6
(c) On a pour tout (x, y) ∈ R2 :
∂f ∂f
f (x, y) − f (0, 0) − (0, 0)x − (0, 0)y = f (x, y)
∂x ∂x
avec si (x, y) 6= (0, 0) est proche de (0, 0) :
 3
  3

x y − y6 + y 3 ε(y) − y x − x6 + x3 ε (x)
f (x, y) =
x2 + y 2
yx − xy + 6xy ε (y) − 6x3 yε(x)
3 3 3
=
6 (x2 + y 2 )

xy x − y + 6xy 3 ε (y) − 6x3 yε(x)
2 2
=
6 (x2 + y 2 )
CALCUL DIFFÉRENTIEL 65

Posons alors : (
√f (x,y)
2 2
si (x, y) 6= (0, 0)
µ (x, y) = x +y
0 sinon
De telle sorte que pour tout (x, y) ∈ R2 :
∂f ∂f
f (x, y) = f (0, 0) + (0, 0)x + (0, 0)y + k(x, y)k2 µ (x, y) (5.1)
∂x ∂x
On a alors pour tout (x, y) ∈ R2 \ {0R2 }




|xy| x2 + y 2 h1 (x, y) h2 (x, y)
|µ (x, y)| 6 + +
6 (x2 + y 2 ) /2 (x2 + y 2 )3/2 (x2 + y 2 )3/2
3

2
x2 + y 2 h (x, y) h (x, y)
1 2
6 3/2
+ 3/2
+ 3/2
2
12 (x + y ) 2 2
(x + y ) 2 (x + y )
2 2

k(x, y)k2 h1 (x, y) h2 (x, y)
6 + + (5.2)
12 (x2 + y 2 )3/2 (x2 + y 2 )3/2

où on a posé pour (x, y) ∈ R2


 
h1 (x, y) = xy 3 ε (y) = o xy 3 et h2 (x, y) = x3 yε(x) = o x3 y
D’après la question précédente, on a :
h1 (x, y) h2 (x, y)
lim = lim =0
y 2 ) /2 (x2 + y 2 ) /2
3 3
(x,y)→(0,0) (x2 + (x,y)→(0,0)

donc par 5.2 et puisque µ (0, 0) = 0 :


lim µ (x, y) = 0
(x,y)→(0,0)

et 5.1 prouve alors que f est différentiable de différentielle nulle en (0, 0).
Puisque f est différentiable en (0, 0), elle est continue en (0, 0).
Exercice 5.13. Soit f la fonction définie sur R2 par :
(
x2 sin xy si x 6= 0
f (x, y) =
0 sinon
(1) Montrer que f est continue sur R2 .
(2) f est-elle de classe C 1 sur R2 ?
(3) Étudier la différentiabilité de f sur R2 .
Solution
(1) f est clairement continue sur R2 \ (Oy).
Soit a ∈ R, on a pour tout (x, y) ∈ R2 (en distinguant les cas x = 0 et x 6= 0) :
|f (x, y)| 6 x2
et donc :
lim f (x, y) = 0 = f (0, a)
(x,y)→(0,a)

et f est donc continue en tout point (0, a) de (Oy) donc continue sur R2 par ce qui précède.
(2) La fonction f est clairement de classe C 1 sur l’ouvert R2 \ (Oy) et on a pour tout (x, y) ∈ R2 \ (Oy) :
∂f y y
(x, y) = 2x sin − y cos
∂x x x
et
∂f y
(x, y) = x cos
∂y x
On a pour tout x ∈ R∗ et tout a ∈ R :
f (x, a) − f (0, a) a
= x sin
x x
CALCUL DIFFÉRENTIEL 66

Il s’ensuit que f admet une dérivée partielle par rapport à x en (0, a) et que :
∂f f (x, a) − f (0, a) a
(0, a) = lim = lim x sin = 0
∂x x→0 x x→0 x
De même pour tout y ∈ R :
f (0, y) = 0
Et pour tout a ∈ R, f admet donc une dérivée partielle par rapport à y en (0, a) et ∂f ∂y (0, a) = 0.
Soit a ∈ R∗ et considérons le chemin γ : t 7−→ (t, a) vérifiant donc lim γ(t) = (0, a). On a pour tout t ∈ R∗ :
t→0
∂f a a
◦ γ (t) = 2t sin − a cos
∂x t t
et il s’ensuit donc que ∂f
∂x ◦ γ n’a pas de limite pour t → 0 et donc que ∂f
∂x ne peut être continue en (0, a). On
∂f
a donc montré que ∂x n’est continue en aucun point de (Oy) \ {0R2 }. D’autre part en distinguant les cas x = 0
et x 6= 0 :

2 ∂f

∀ (x, y) ∈ R , (x, y) 6 2 |x| + |y|
∂x
et donc :
∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (0, 0)
(x,y)→(0,0) ∂x ∂x
et ∂f
∂x est donc continue en (0, 0).
Par contre, on a :
∂f
2
∀ (x, y) ∈ R , (x, y) 6 |x|
∂y
et donc pour tout a ∈ R :
∂f ∂f
lim (x, y) = 0 = (0, a)
(x,y)→(0,a) ∂y ∂y
∂f
Il s’ensuit que ∂y est continue en tout point de (Oy) et donc sur R2 .

On a donc montré que ∂f 2
∂x est continue en tout point de D = R \ (Oy) ∪ {0R } mais non continue en tout
2
∂f 2
point de (Oy) \ {0R2 } et que ∂y est continue en tout point de R . (On remarquera que D n’est pas ouvert dans
R2 puisque ne contenant aucune boule ouverte de centre 0R2 , on ne peut donc pas dire que f est C 1 sur D mais
par contre f est C 1 sur l’ouvert R2 \ (Oy)). En particulier f n’est donc pas de classe C 1 sur R2 .
(3) f est de classe C 1 donc continûment différentiable sur l’ouvert R2 \ (Oy).
Soit a ∈ R, on a pour tout (h, k) ∈ R2 :
∂f ∂f
f (h, a + k) = f (0, a) + (0, a) h + (0, a) k + k(h, k)k2 ε(h, k) (5.3)
∂x ∂y
où on a posé : ( f (h,a+k)

h2 +k2
si h 6= 0
ε (h, k) =
0 sinon
La fonction f sera donc différentiable en (0, a) si et seulement si lim ε (h, k) = 0.
(h,k)→(0,0)
On vérifie alors immédiatement que :
h2
∀ (h, k) ∈ R2 \ (Oy) , |ε (h, k)| 6 √ 6 k(h, k)k2
h2 + k 2
où on remarque que l’inégalité entre membres extrêmes est encore valable si (h, k) ∈ (Oy) (i.e. si h = 0),
puisqu’alors f (0, a + k) = 0.
On a donc :
lim ε (h, k) = 0
(h,k)→(0,0)
et 5.3 prouve alors que f est différentiable de différentielle nulle en tout point (0, a) de (Oy) et f est donc
différentiable en tout point de R2 .
Exercice 5.14. On considère la fonction f de R2 dans R définie par :
∀ (x, y) ∈ R2 , f (x, y) = x2 − 4y 2 + 1
 
et la surface S d’équation z = f (x, y) dans un repère orthonormé O,~i, ~j, ~k de l’espace euclidien.
(1) Justifier que le point M0 (1, 1, −2) appartient à S et déterminer l’équation du plan tangent P0 à S en M0
CALCUL DIFFÉRENTIEL 67

(2) Prouver que P0 ∩ S est la réunion de deux droites D1 et D2 passant par M0 et dont on donnera des vecteurs
directeurs.
Solution
(1) On a f (1, 1) = −2 donc M0 ∈ S. La fonction f est clairement de classe C ∞ sur R et on a :
∂f ∂f
∀ (x, y) ∈ R2 , (x, y) = 2x et (x, y) = −8y
∂x ∂y
Une équation du plan P0 tangent à S en M0 est donc
∂f ∂f
z = f (1, 1) + (1, 1) (x − 1) + (1, 1) (y − 1) ⇐⇒ z = −2 + 2 (x − 1) − 8 (y − 1)
∂x ∂y
⇐⇒ z = 2x − 8y + 4
 
2
Remarque. P0 est donc le plan passant par M0 et de vecteur normal ~n  −8 .
−1
(2) On a pour tout point M (x, y, z) :

z = 2x − 8y + 4
M ∈ P0 ∩ S ⇐⇒
z = x2 − 4y 2 + 1

z = 2x − 8y + 4
⇐⇒
x2 − 4y 2 + 1 = 2x − 8y + 4

z = 2x − 8y + 4 
⇐⇒
x2 − 2x + 1 = 4 y 2 − 2y + 1

z = 2x − 8y + 4
⇐⇒ 2 2
(x − 1) = 4 (y − 1)
 
z = 2x − 8y + 4 z = 2x − 8y + 4
⇐⇒ ou
x − 1 = 2 (y − 1) x − 1 = −2 (y − 1)
 
z = 2x − 8y + 4 z = 2x − 8y + 4
⇐⇒ ou
x = 2y − 1 x = −2y + 3
 
z = −4y + 2 z = −12y + 10
⇐⇒ ou
x = 2y − 1 x = −2y + 3
⇐⇒ M ∈ D1 ∪ D2
 
z = −4y + 2 z = −12y + 10
où D1 et D2 sont les droites de systèmes d’équations cartésiennes respectifs et
 x
 = 2y − 1 x = −2y + 3
 x = −1 + 2t  x = 3 − 2t
ou de représentations paramétriques respectives y=t (t ∈ R) et y=t (t ∈ R). Il s’ensuit
 
z = 2 − 4t z = 10 − 12t
queD1 et 
D2 passent
 toutesdeux par M0 (pour t = 1) et ont pour vecteurs directeurs respectifs (non colinéaires)
2 −2

→  1  et −
u →  1 .
u
1 2
−4 −12
Remarque. Ceci prouve que l’intersection d’une surface avec un de ses plans tangents n’est pas nécessairement
réduite à un point.
Exercice 5.15. Soit :
f: R2 −→ R
(x, y) 7−→ f (x, y)
de classe C 2 sur R2 . On pose : 
∀ (u, v) ∈ R2 , F (u, v) = f u2 − v 2 , 2uv
∂2 F 2
∂2 f 2 
Calculer ∆F (u, v) = ∂u2 (u, v)+ ∂∂vF2 (u, v) en fonction de ∆f (x, y) = ∂x2 (x, y)+ ∂∂yf2 (x, y) où (x, y) = u2 − v 2 , 2uv .
Solution
La fonction :
ϕ: R2 −→ R2 
X(u, v) = u2 − v 2
(u, v) 7−→ (X(u, v), Y (u, v)) où
Y (u, v) = 2uv
CALCUL DIFFÉRENTIEL 68

est clairement de classe C ∞ et F = f ◦ ϕ est donc de classe C 2 sur R2 .


On a pour tout (u, v) ∈ R2 :
∂F ∂f ∂X ∂f ∂Y
(u, v) = (ϕ(u, v)) (u, v) + (ϕ (u, v)) (u, v)
∂u ∂x ∂u ∂y ∂u
∂f ∂f
= 2u (ϕ(u, v)) + 2v (ϕ (u, v))
∂x ∂y
∂f ∂f
= 2u ◦ ϕ(u, v) + 2v ◦ ϕ (u, v) (5.4)
∂x
| {z } ∂y
| {z }
F1 F2
et :
∂F ∂f ∂X ∂f ∂Y
(u, v) = (ϕ (u, v)) (u, v) + (ϕ (u, v)) (u, v)
∂v ∂x ∂v ∂y ∂v
∂f ∂f
= −2v (ϕ (u, v)) + 2u (ϕ (u, v))
∂x ∂y
∂f ∂f
= −2v ◦ ϕ (u, v) + 2u ◦ ϕ (u, v) (u, v) (5.5)
∂x
| {z } ∂y
| {z }
F1 F2

et on notera que les formules 5.4 et 5.5 s’appliqueraient également si F était seulement de classe C 1 sur R2 . Il s’ensuit
que ces formules s’appliquent donc aux fonctions de classe C 1 sur R2 F1 = ∂f ∂f
∂x ◦ ϕ et F2 = ∂y ◦ ϕ, on obtient ainsi :

∂2F ∂
(u, v) = (2uF1 (u, v) + 2vF2 (u, v))
∂u2 ∂u
∂F1 ∂F2
= 2F1 (u, v) + 2u (u, v) + 2v (u, v)
∂u  ∂u 
∂f ∂ 2f ∂2f
=2 (ϕ(u, v)) + 2u 2u 2 (ϕ(u, v)) + 2v (ϕ (u, v))
∂x ∂x ∂x∂y
 
∂2f ∂ 2f
+ 2v 2u (ϕ(u, v)) + 2v 2 (ϕ (u, v))
∂x∂y ∂y
2
∂f ∂ f ∂2f ∂2f
=2 (ϕ(u, v)) + 4u2 2 (ϕ(u, v)) + 8uv (ϕ(u, v)) + 4v 2 2 (ϕ (u, v))
∂x ∂x ∂x∂y ∂y
et
∂2F ∂
2
(u, v) = (−2vF1 (u, v) + 2uF2 (u, v))
∂v ∂v
∂F1 ∂F2
= −2F1 (u, v) − 2v (u, v) + 2u (u, v)
∂v  ∂v 
∂f ∂2f ∂2f
= −2 (ϕ (u, v)) − 2v −2v 2 (ϕ (u, v)) + 2u (ϕ (u, v))
∂x ∂x ∂x∂y
 
∂2f ∂ 2f
+ 2u −2v (ϕ (u, v)) + 2u 2 (ϕ (u, v))
∂x∂y ∂y
2
∂f ∂ f ∂2f ∂2f
= −2 (ϕ (u, v)) + 4v 2 2 (ϕ (u, v)) − 8uv (ϕ (u, v)) + 4u2 2 (ϕ (u, v))
∂x ∂x ∂x∂y ∂y
On en déduit donc que :
∂ 2F ∂2F
∀ (u, v) ∈ R2 , ∆F (u, v) = (u, v) + (u, v)
∂u2  ∂v
2

 ∂2f ∂2f
= 4 u2 + v 2 (ϕ (u, v)) + (ϕ (u, v))
∂x2 ∂y 2

= 4 u2 + v 2 ∆f (ϕ (u, v))
Par ailleurs pour tout (u, v) ∈ R2 , en posant (x, y) = ϕ (u, v), on a :
 2
u − v2 = x
2uv = y
et donc dans C :
2
x + iy = (u + iv)
CALCUL DIFFÉRENTIEL 69

d’où : p 2
x2 + y 2 = |x + iy| = |u + iv| = u2 + v 2
et on obtient donc : p
∆F (u, v) = 4 x2 + y 2 ∆f (x, y)
Exercice 5.16.
 2
+v 2
X(u, v) = u
(1) Montrer que l’application : ϕ : (u, v) 7−→ (X(u, v), Y (u, v)) où 2 est un changement de
Y (u, v) = uv
variables de classe C ∞ de R × R∗+ sur R∗+ × R.
(2) Résoudre l’équation aux dérivées partielles d’inconnue f de classe C 1 sur R∗+ × R :
∂f  ∂f
2xy (x, y) + 1 + y 2 (x, y) = 0
∂x ∂y
en utilisant par exemple le changement de variables précédent.
Solution

(1) Il est clair que ϕ R × R∗+ ⊂ R∗+ × R.
On a pour tout (u, v) ∈ R × R∗+ et tout (x, y) ∈ R∗+ × R :
 2
u + v 2 = 2x
(x, y) = ϕ (u, v) ⇐⇒ u
=y
 v2
u + v 2 = 2x
⇐⇒
u = vy
 
1 + y 2 v 2 = 2x
⇐⇒
u = vy
 q
 u=y 2x
2
⇐⇒ q 1+y
 v= 2x
1+y 2

et ϕ est donc bijective et clairement de classe C ∞ sur R× R∗+ . D’autre part la jacobienne de ϕ en (u, v) ∈ R× R∗+
est :  
u v
J(u,v) (ϕ) = 1
v − vu2
et le jacobien de ϕ en (u, v) vaut donc :

u v u2 u2 + v 2
1 u = − 2 −1= − 6= 0
− v2 v v2
v
et ϕ est donc bien un C ∞ difféomorphisme de R × R∗+ sur R∗+ × R. De plus pour tout (u, v) ∈ R × R∗+ , on a :
 −1
Jϕ(u,v) ϕ−1 = J(u,v) (ϕ)
 
v2 − vu2 −v
=− 2
u + v2 − v1 u
3
!
u v
= u2 +v 2 u2 +v 2
2
v
u2 +v 2 − u2uv
+v 2

(2) Soit f est une fonction de classe C 1 sur R∗+ × R, alors par la question précédente, la fonction f˜ = f ◦ ϕ est de
classe C 1 sur R × R∗+ ) on a pour tout (u, v) ∈ R × R∗+ :
 
J(u,v) f˜ = Jϕ(u,v) (f ) .J(u,v) (ϕ)
et donc :
   
∂f
∂x (ϕ (u, v)) ∂f
∂y (ϕ (u, v)) = J(u,v) f˜ .J(u,v) (ϕ)−1
!
  u v3
= ∂ f˜ ∂ f˜ u2 +v 2 u2 +v 2
∂u (u, v) ∂v (u, v)
2
v
u2 +v 2 − u2uv
+v 2

et donc que :
∂f u ∂ f˜ v ∂ f˜
(ϕ (u, v)) = 2 2
(u, v) + 2 2
(u, v)
∂x u + v ∂u u + v ∂v
CALCUL DIFFÉRENTIEL 70

et :
∂f v 3 ∂ f˜ uv 2 ∂ f˜
(ϕ (u, v)) = 2 (u, v) − (u, v)
∂y u + v 2 ∂u u2 + v 2 ∂v
u(u2 +v 2 ) 2 2
Posons alors (x, y) = ϕ (u, v), alors puisque 2xy = v et 1 + y 2 = u v+v
2 , on obtient :
∂f  ∂f u2 ∂ f˜ ∂ f˜ ∂ f˜ ∂ f˜
2xy (x, y) + 1 + y 2 (x, y) = (u, v) + u (u, v) + v (u, v) − u (u, v)
∂x ∂y v ∂u ∂v ∂u ∂v
u2 ∂ f˜ ∂ f˜
= (u, v) + v (u, v)
v ∂u ∂u
u2 + v 2 ∂ f˜
= (u, v)
v ∂u
Puisque ϕ est bijective, il résulte alors de ce qui précède que :
∂f  ∂f
∀ (x, y) ∈ R∗+ × R, 2xy (x, y) + 1 + y 2 (x, y) = 0
∂x ∂y
u2 + v 2 ∂ f˜
⇐⇒∀ (u, v) ∈ R × R∗+ , (u, v) = 0
v ∂u
∂ f˜
⇐⇒∀ (u, v) ∈ R × R∗+ , (u, v) = 0
∂u

⇐⇒∃h ∈ C 1 R∗+ , R , ∀ (u, v) ∈ R × R∗+ , f˜(u, v) = h(v)
r 
1 ∗
 ∗ 2x
⇐⇒∃h ∈ C R+ , R , ∀ (x, y) ∈ R+ × R, f (x, y) = h
1 + y2
Exercice 5.17. Étudier les extremums relatifs des fonctions :
f: R2 −→ R
(1) 2
(x, y) 7−→ (x − y) + x3 + y 3
g: R2 −→ R
(2) 2
(x, y) 7−→ (x − y) + x4 + y 4
l: R2 −→ R
(3)
(x, y) 7−→ xye−x−y
Solution
(1) f est clairement de classe C ∞ et on a :
∂f ∂f
∀ (x, y) ∈ R2 , (x, y) = 2 (x − y) + 3x2 et (x, y) = 2 (y − x) + 3y 2
∂x ∂y
Il s’ensuit que pour tout (x, y) ∈ R2 :

2 (x − y) + 3x2 = 0
(x, y) point critique de f ⇐⇒
2 (y − x) + 3y 2 = 0

3x2 + 3y 2 = 0
⇐⇒
2x − 2y + 3x2 = 0
⇐⇒ x = y = 0
et 0R2 est donc l’unique point critique de f .
On a pour tout (x, y) ∈ R2 :
∂2f ∂2f ∂ 2f
(x, y) = 2 + 6x, (x, y) = −2 et (x, y) = 2 + 6y
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
On a donc en particulier :
∂2f ∂2f ∂2f
r= 2
(0, 0) = 2, s = (0, 0) = −2 et t = (x, y) = 2
∂x ∂x∂y ∂y 2
donc :
rt − s2 = 0
Ce qui ne permet pas de conclure directement.
On a f (0, 0) = 0. On considère le chemin γ : t 7−→ (t, t), on a lim γ (t) = 0R2 et pour tout t ∈ R :
t→0

f (γ (t)) − f (0R2 ) = f (t) = 2t3


CALCUL DIFFÉRENTIEL 71

et f (γ (t)) − f (0R2 ) ne garde donc un signe constant dans aucun voisinage de 0. Il s’ensuit que f ne présente
pas d’extremum en 0R2 .
(2) La fonction g est clairement de classe C ∞ et on a :
∂g ∂g
∀ (x, y) ∈ R2 , (x, y) = 2 (x − y) + 4x3 et (x, y) = 2 (y − x) + 4y 3
∂x ∂y
Donc pour tout (x, y) ∈ R2 :

2(x − y) + 4x3 = 0
(x, y) point critique de g ⇐⇒
2 (y − x) + 4y 3 = 0

2(x − y) + 4x3 = 0
⇐⇒
x3 + y 3 = 0

y = −x
⇐⇒
x + x3 = 0

y = −x 
⇐⇒
x x2 + 1 = 0
⇐⇒ x = y = 0
et le seul point critique de g est donc 0R2 et g ne peut donc admettre d’extremum qu’en 0R2 .
Mais il est d’autre part clair que :
∀ (x, y) ∈ R2 , f (x, y) > 0 = f (0R2 )
et donc que f présente un minimum absolu en 0R2 .
(3) La fonction l est clairement de classe C ∞ sur R2 et on a pour tout (x, y) ∈ R2 :
∂l
(x, y) = ye−x−y − xye−x−y = y (1 − x) e−x−y
∂x
et de même par raison de symétrie :
∂l
(x, y) = x (1 − y) e−x−y
∂y
Il s’ensuit que pour tout (x, y) ∈ R2 :

x (1 − y) = 0
(x, y) point critique de l ⇐⇒
y (1 − x) = 0
⇐⇒ (x, y) = (0, 0) ou (x, y) = (1, 1)
Les seuls point critiques de l sont donc (0, 0) et (1, 1).
On a pour tout (x, y) ∈ R2 :
∂2l
(x, y) = −ye−x−y − y (1 − x) e−x−y = y (x − 2) e−x−y
∂x2
∂2l
(x, y) = (1 − x) e−x−y − y (1 − x) e−x−y = (1 − x) (1 − y) e−x−y
∂x∂y
et (symétrie) :
∂l2
(x, y) = x (y − 2) e−x−y
∂y 2
En particulier en 0R2 :
∂2l ∂2l ∂2l
r= (0, 0) = 0, s = (0, 0) = 1 et t = (0, 0) = 0
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
et donc rt − s2 = −1 6 0, on ne peut donc pas conclure directement. On a l(0, 0) = 0 et
∀ (x, y) ∈ R2 , l (x, y) − l (0, 0) = l (x, y) = xye−x−y
Il s’ensuit que le signe de l(x, y) − l (0, 0) dépend des quarts de plan de frontières (Ox) et (Oy) où se positionne
(x, y) et tout voisinage de (0, 0) rencontre ces quarts de plans et l n’admet donc pas d’extremum en 0R2 .
De même :
∂2l ∂2l ∂2l
r′ = (1, 1) = −e −2
, s ′
= (1, 1) = 0 et t ′
= (1, 1) = −e−2
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
et on a donc r′ t′ − s′2 = e−4 > 0 et puisque r′ < 0, on en déduit que l présente en (1, 1) un maximum local égal
à l (1, 1) = e−2 .

Vous aimerez peut-être aussi