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Notes de cours:

Dérivabilité des fonctions numériques à variable réelle

Par Abdellah Lizdihar. lizdihar.cpge@gmail.com

Date de la dernière modification:

26 novembre 2023

Table des matières


1 Dérivabilité des fonctions numériques et fonctions de classe C 1 2
1.1 Dérivabilité locale et globale d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Comportement asymptotique en un point d’une fonction dérivable en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Dérivabilité de la restriction d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.4 Interprétation géométrique : Equation de la tangente en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.5 Continuité d’une fonction dérivable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.6 La fonction dérivée d’une fonction dérivable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1
1.7 Notion de fonction de classe C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 Opérations sur les fonctions numériques dérivables 6


2.1 Opérations usuelles sur les fonctions dérivables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2 Dérivabilité de la composée de deux fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

3 Points critiques et extremums d’une fonction 8

4 Théorème de Rolle et d’accroissements finis pour les fonctions numériques 9


4.1 Application à la lipschitizité des fonctions dérivables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.2 Application à la cractéristique d’une fonction dérivable constante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.3 Application à la monotonie des fonctions dérivables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.4 Application au prolongement en une fonction de classe C 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

5 Le théorème de la réciproque d’une fonction dérivable 14

6 Dérivation des fonctions usuelles 14

7 Dérivation des composées à gauche par des fonctions usuelles 19

8 Dérivation élevée d’une fonction numérique - Fonction de classe C k 20


8.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
8.2 Opérations sur les dérivées élevées - Formule de Leibniz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
8.3 Le théorème du prolongement en une fonction de classe C k . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
8.4 Le théorème de la réciproque d’une fonction dérivable à un ordre élevé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
8.5 Dérivation élevée de quelques fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

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Rappel : Une fonction est dite numérique, si son ensemble d’arrivée est R ou C. On dit aussi qu’est à
valeurs réelles ou complexe.
Une fonction est dite à variable réelle si son ensemble de départ est une partie de R.
On rappelle qu’un voisinage d’un point réel a est toute partie V de R qui contient a dans son intérieur.
Autrement dit toute partie V de R qui contient un intervalle ouvert non vide centré en a. Dans tout le
chapitre :
— L’ensemble K désigne l’un des corps R ou C.
— R est la droite achevée R ∪ {−∞, +∞} supposée munie de son ordre usuel ⩽ étendu de celui de R.

— N désigne N ∪ {+∞} et N désigne N∗ ∪ {+∞}.
— Le symbôle |.| désigne le module. Il se réduit en valeur absolue lorsque K = R.

— Si I est un intervalle, on note par I l’intervalle intérieur de I, c’est à dire l’intervalle I privé de ses
extrimités.
— Sauf mention contraire, f : I −→ K est une fonction numérique définie sur un intervalle I non trivial de
R et a ∈ I.
— Pour une fonction numérique f : I −→ K et a ∈ I, on note par est Tf,a la fonction taux de variation de
f (x) − f (a)
f en a, x 7−→ qu’est définie sur I \ {a}.
x−a

1 Dérivabilité des fonctions numériques et fonctions de classe C 1

1.1 Dérivabilité locale et globale d’une fonction

Définition 1 (Dérivabilité locale en un point d’une fonction)


Soit f : I −→ K est une fonction numérique et a ∈ I. On dit que f est dérivable en a(tout en restant dans I) si
f (x) − f (a)
la fonction Tf,a : x 7−→ admet une limite finie en a(tout en restant dans I \ {a}).
x−a  
f (x) − f (a)
Autrement dit, si la limite x→alim existe et appartient à K.
x∈I\{a}
x−a
Le cas échéant, cette limite s’appelle le nombre dérivé de ′
 f en a et senote par f (a).
f (x) − f (a)
S’il n’ y a pas d’ambiguité, cette limite se note par x→a
lim .
x̸=a
x−a

Définition 2 (Dérivabilité à gauche et à droite)


Soit f : I −→ K est une fonction numérique et a ∈ I.
 
f (x) − f (a)
1. Si I∩] − ∞, a[̸= ∅ et la limite x→alim existe et finie, alors on dit que f est dérivable à gauche
x<a
x−a
en a. Le cas échéant, cette limite s’appelle le nombre dérivée à gauche de f en a et se note par fg′ (a).
 
f (x) − f (a)
2. Si I∩]a, +∞[̸= ∅ et la limite x→alim existe et finie, alors on dit que f est dérivable à droite en
x>a
x−a
a. Le cas échéant, cette limite s’appelle le nombre dérivée à droite de f en a et se note par fd′ (a).

Remarque 1

1. Lorsque a est à l’extrimité à droite de I, alors la dérivabilité de f en a(sur I) est équivalente à la


dérivabilité à gauche de a et f ′ (a) = fg′ (a).

2
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2. Lorsque a est à l’extrimité gauche de I, alors la dérivabilité de f en a(sur I) est équivalente à la dérivabilité
à droite de a et f ′ (a) = fd′ (a).

Proposition 1

Soit f : I −→ K est une fonction numérique et a ∈ I.
Alors on a l’équivalence : f dérivable en a ⇐⇒ f dérivable à gauche et à droite en a et fg′ (a) = fd′ (a).
Le cas échéant, on a : fg′ (a) = f ′ (a) = fd′ (a).

f (x) − f (a)
Preuve : Il suffit d’appliquer à la fonction g : x 7−→ lim g (x) existe ⇐⇒ x→a
, l’équivalence x→a lim g (x) et x→a
lim g (x) existent et
x−a x̸=a x<a x>a
le cas échéant, ces trois limites seront identiques(voir cours limites et continuité). [CQFD]

Définition 3 (Dérivabilité globale d’une fonction)


Soit f : I −→ K numérique bien définie sur I. La fonction f est dite dérivable sur I si elle est dérivable en tout
point de I.

1.2 Comportement asymptotique en un point d’une fonction dérivable en un point

Proposition 2
Soit f : I −→ K est une fonction numérique et a ∈ I. Alors :
f est dérivable en a si et seulement si elle existe une constante L ∈ K et une fonction ε : I −→ K telle que
 ∀x ∈ I : f (x) = f (a) + L(x − a) + (x − a)ε(x);
 lim (ε(x)) = 0.
x→a
Le cas échéant, f ′ (a) = L et la formule ci-dessus de f (x) s’interprète en disant que f admet un développement
limité à l’ordre 1 au point a (DL1 (f, a)).

Preuve :
— La condition est suffisante : On suppose que la dernière condition est réalisée.
f (x) − f (a)
Soit x ∈ I \ {a}. Alors = L + ε(x) −→ L. Donc f est dérivable en a et que f ′ (a) = L.
x−a x→a,x̸=a
— La condition est nécessaire : On suppose que la première condition est réalisée.
f (x) − f (a)

f (x) − f (a)
 − L, si x ≠ a;
Alors ∃L ∈ K : = −→ L. Posons ε(x) = x−a
x−a x→a,x̸=a 
0, si x = a .
La dernière condition devient donc nécessaire. [CQFD]

1.3 Dérivabilité de la restriction d’une fonction

Proposition 3 (Dérivabilité de la restriction)


Soit f : I −→ K numérique bien définie sur I et J inclus dans I et a ∈ J. Alors on a :
”f dérivable en a(ou sur I) =⇒ f /J dérivable en a(ou sur J) ”. La réciproque est évidemment fausse en général.

Preuve : Imédiate. [CQFD]



 0, si x < 0
Remarque 2 La fonction f : x 7→ n’est pas dérivable en 0, mais sa resriction g = f /R+ est
 1, sinon.
dérivable en 0.

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1.4 Interprétation géométrique : Equation de la tangente en un point


f (t) − f (a)
Dans ce paragraphe, le plan est muni d’un repère quelconque. Pour chaque t ∈ I \{a}, le rapport
t−a
est le coefficient directeur de la droite séconte (Tt ) = (AMt ) qui passe
 par les deux  points(distincts) de la courbe
f (t) − f (a)
de f : A(a, f (a)) et Mt (t, f (t)). Cette droite est d’équation : ”y = (x−a)+f (a)”. La dérivabilité
t−a
de f en a signifie donc géométriquement que la droite (Tt ) admet une droite limite lorsque t tend vers a. Cette
droite va avoir le cas échéant une équation de la forme : ”y = f ′ (a)(x − a) + f (a)”.

Remarque 3
— La dérivabilité à gauche(respectivement à droite) de f en a signifie que la courbe de f admet une
demi-droite tangente à gauche(respectivement à droite) en a d’équation ”y = fg′ (a)(x − a) + f (a), x <
a”(respectivement
 ”y = fd′ (a)(x
 − a) + f (a), x > a”).
f (x) − f (a)
— Lorsque x→a
lim = +∞ ou (−∞), alors la courbe va admettre une tangente verticale en a
x̸=a
x−a
d’équation ”x = a”. On obtient un résultat analogue à gauche ou à droite de a.

1.5 Continuité d’une fonction dérivable

Proposition 4 (La dérivabilité implique la continuité)


Soit f : I −→ K est une fonction numérique et a ∈ I. Alors on a :
f dérivable en a(ou sur I) =⇒ f continue en a(ou sur I). La réciproque est fausse en général.
On a une propriété analogue à gauche ou à droite de a.

f (x) − f (a)
Preuve : Posons g(x) = , pour tout x ∈ I \ {a}. Alors :
x−a

f dérivable en a =⇒ lim (g(x)) existe et finie( et c’est f ′ (a)) ;


x→a
x̸=a

=⇒ lim ((x − a)g(x)) = 0 × f ′ (a) ;


x→a
x̸=a

=⇒ lim (f (x) − f (a)) = 0 ;


x→a
x̸=a

=⇒ lim (f (x) − f (a)) = 0 ;


x→a

=⇒ f continue en a.


Pour la réciproque, prendre f : x 7→ x en a = 0. [CQFD]

1.6 La fonction dérivée d’une fonction dérivable

Définition 4 (La fonction dérivé)


Soit f : I −→ K numérique bien définie sur I. La fonction f ′ : x 7−→ f ′ (x) qui associe à chaque x ∈ I, où
f est dérivable, le nombre dérivé f ′ (x), s’appelle la fonction dérivée de f . cette fonction sera bien définie sur
I ′ = {x ∈ I/f dérivable en x}.

Remarque 4
Si Df est l’ensemble de définition de f , alors l’ensemble de définition de f ′ est Df ′ = {x ∈ Df /f dérivable en x}.

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1.7 Notion de fonction de classe C 1

Définition 5
Soit f : I −→ K une fonction numérique numérique bien définie sur I et a ∈ I.

1. On dit que f est de classe C 1 en a si f est dérivable sur un voisinage J de a dans I et que la fonction
dérivée (f /J)′ est continue en a.

2. On dit que f est de classe C 1 sur I si f est dérivable sur I et que la fonction dérivée f ′ est continue sur I.

Remarque 5
— Si le voisinage J dans le point 1. de la définition c-dessus est de la forme J =]b, a], avec −∞ ⩽ b < a
(ou de la forme J = [a, b[, avec a < b ⩽ +∞), alors on dit plutôt que f est de classe C 1 à gauche de a
(ou à droite de a).
— Une fonction de classe C 1 est automatiquement dérivable. Mais en général, une fonction dérivable peut
ne pas être de classe C 1 . Pour cela voir l’exercice 4 plus tard !

Exercice 1

1. Montrer que la fonction dérivée de toute fonction constante est la fonction nulle.

2. Montrer que la fonction dérivée de toute fonction linéaire affine f : x 7→ mx + p est la fonction constante
f ′ : x 7→ m.
√ 1
3. Montrer que la fonction dérivée de la fonction f : x 7→ x est la fonction f ′ : x 7→ √ et vérifier que f
2 x
n’est pas dérivable en zéro.

Réponse :
f (x) − f (a) c−c
1. Soit f une fonction constante de valeur c. Soit a fixé dans R. Pour tout x ∈ R \ {a}, on a = = 0. Par passage
x−a x−a

à la limite, on trouve que f est dérivable en a et que f (a) = 0. Ceci étant pour tout a ∈ R, alors la fonction dérivée de f est la
fonction a 7→ f ′ (a) = 0 qu’est la fonction nulle définie partout sur R.
f (x) − f (a)
2. Soit f la fonction linéaire affine f : x 7→ mx + p. Soit a fixé dans R. Pour tout x ∈ R \ {a}, on a = m. Par passage
x−a

à la limite, on trouve que f est dérivable en a et que f (a) = m. Ceci étant pour tout a ∈ R, alors la fonction dérivée de f est la
fonction a 7→ f ′ (a) = m qu’est la fonction constante de valeur m, définie partout sur R.
√ √
√ f (x) − f (a) x− a 1
3. Soit f la fonction f : x 7→ x. Soit a fixé dans R+ . Pour tout x ∈ R \ {a}, on a = = √ √ . On a
x−a x−a x+ a
√ √ √ f (x) − f (a) 1
lim ( x + a) = 2 a. Si a ̸= 0, alors x→a lim = √ . Donc f est dérivable en a et que f ′ (a) = m. Mais si a = 0,
x→a
x x
x − a 2 a
f (x) − f (a) 1
alors x→a
lim = +∞. La fonction est donc non dérivable en zéro et que sa fonction dérivée est f ′ : a 7→ f ′ (a) = √ .
x
x − a 2 a

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2 Opérations sur les fonctions numériques dérivables

2.1 Opérations usuelles sur les fonctions dérivables

Proposition 5 (Opérations usuelles sur les fonctions localement dérivables)


Soit f, g : I −→ K deux fonctions numériques bien définie sur I et a ∈ I et soit λ, δ ∈ K.
Si on suppose que f et g sont dérivables(ou de classe C 1 ) en a, alors on a :

1. La fonction f + g est dérivable(ou de classe C 1 ) en a et que (f + g)′ (a) = f ′ (a) + g ′ (a).

2. La fonction λf est dérivable(ou de classe C 1 ) en a et que (λf )′ (a) = λf ′ (a).

3. La fonction combinaison linéaire λf + δg est dérivable(ou de classe C 1 ) en a et que (λf + δg)′ (a) = λf ′ (a) +
δg ′ (a).

4. La fonction f × g est dérivable(ou de classe C 1 ) en a et que (f × g)′ (a) = f ′ (a) × g(a) + f (a) × g ′ (a).
 ′
1 1 1 −f ′ (a)
5. Si de plus f (a) ̸= 0, alors la fonction est dérivable(ou de classe C ) en a et que (a) = .
f f (f (a))2
 ′
f 1 f
6. Si de plus g(a) ̸= 0, alors la fonction est dérivable(ou de classe C ) en a et que (a) =
g g
f ′ (a)g(a) − f (a)g ′ (a)
.
(g(a))2

Preuve :
f (x) − f (a)
C’est facile en se basant sur les opérations des limites finies appliquées aux fonctions taux de variations : Tf,a : x 7−→ et
x−a
g(x) − g(a)
Tg,a : x 7−→ définies sur I \ {a}. On établit les formules suivantes et on utilise la continuité d’une fonction dérivable :
x−a
1. Tf +g,a = Tf,a + Tg,a .
2. Tλ.f,a = λ.Tf,a .
3. Tf g,a = Tf,a g + f (a)Tg,a (au numérateur, on retranche f(a)g et on la rajoute).
Tf,a
4. T1/f,a = − .
f (a)f
f 1
5. Il suffit de voir que = f et appliquer les points 3. et 4. . [CQFD]
g g

Remarque 6
Les propositions ci-dessus s’appliquent de manière analogue à gauche ou à droite d’un point.

Corollaire 1 (Opérations usuelles sur les fonctions globalement dérivables)


Soit f, g : I −→ K deux fonctions numériques bien définie sur I et soit λ, δ ∈ K.
Si on suppose que f et g sont dérivables(ou de classe C 1 ) sur I, alors on a :
— La fonction f + g est dérivable(ou de classe C 1 ) sur I et que (f + g)′ = f ′ + g ′ .
— La fonction λf est dérivable(ou de classe C 1 ) sur I et que (λf )′ = λf ′ .
— La fonction combinaison linéaire λf + δg est dérivable(ou de classe C 1 ) sur I et que (λf + δg)′ = λf ′ + δg ′ .
— La fonction f × g est dérivable(ou de classe C 1 ) sur I et que (f × g)′ = f ′ × g + f × g ′ .  ′
1 1 1 −f ′
— Si de plus ∀x ∈ I, f (x) ̸= 0, alors la fonction est dérivable(ou de classe C ) sur I et que = 2 .
f f f
 ′
f f
— Si de plus ∀x ∈ I, g(x) ̸= 0, alors la fonction est dérivable(ou de classe C 1 ) sur I et que =
g g
f ′g − f g′
.
g2

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Preuve : Imédiate en appliquant la proposition ci-dessus en chaque point de I. [CQFD]

Exercice 2 (Dérivations des fonctions circulaires)  


sin(x)
On rappelle que les fonctions cos et sin sont continues et on donne la limite usuelle lim = 1. (voir
x→0x̸=0 x
les preuves au chapitre limites et continuité)

1. Vérifier que les fonctions cos et sin sont de classe C 1 sur R et que cos′ = − sin et sin′ = cos.

2. Déduire que la foncion ξ : x 7→ eix est de classe C 1 sur R et que ξ ′ = iξ.


1
3. Déduire aussi que la fonction tan est de classe C 1 sur R \ πZ et que tan′ = = 1 + tan2 .
cos2

Proposition 6 Soit f : I −→ C une fonction numérique complexe bien définie sur I et a ∈ I. Les propositions
suivantes sont équivalentes :
i) La fonction complexe f dérivable(ou de classe C 1 ) en a(ou sur I).
ii) Les fonctions réelles Re(f ) et Im(f ) sont dérivables(ou de classe C 1 ) en a(ou sur I).
Le cas échéant, f ′ (a) = (Re(f ))′ (a) + i(Im(f ))′ (a) (ou f ′ = (Re(f ))′ + i(Im(f ))′ sur I).

Preuve :
— Pour ii)=⇒ i), il suffit de voir que f = Re(f ) + iIm(f ) et appliquer les règlesdes opérations usuelles sur les fonctions dérivables.
— Pour i)=⇒ ii), on remarque que Re(Tf,a ) = TRe(f ),a et Im(Tf,a ) = TIm(f ),a et on applique la proposition(voir chapitre précédent)
qui traite la caractéristique de la limite d’une fonction complexe en utilisant les limites de sa partie réelles et de sa partie imaginaire.

[CQFD]

2.2 Dérivabilité de la composée de deux fonctions

Proposition 7 (Dérivabilité de la composée)


Soit φ : J −→ R une fonction réelle et f : I −→ K une fonction numérique telle que φ(J) ⊂ I. Soit α ∈ J
et a = φ(α). On suppose que φ dérivable(ou de classe C 1 ) en α(ou sur J) et f dérivable(ou de classe C 1 ) en
a(ou sur I). Alors f ◦ φ est dérivable(ou de classe C 1 ) en α(ou sur J) et que (f ◦ φ)′ (α) = f ′ (a) × φ′ (α) (ou
(f ◦ φ)′ = (f ′ ◦ φ) × φ′ sur I).

Preuve :
φ(t) − φ(α) f (x) − f (a)
Méthode(1) : Posons g(t) = et h(x) = et remarquons que :
t−α x−a
(f ◦ φ) (t) − (f ◦ φ) (α) (f ◦ φ) (t) − (f ◦ φ) (α) φ(t) − φ(α)
= × = (h ◦ φ)(t) × g(t).
t−α φ(t) − φ(α) t−α
La fonction φ est dérivable en a, donc continue en a. Par suite g(t) −→ φ′ (α) et φ(t) −→ φ(α). D’un autre coté, la
t→α,t̸=α t→α,t̸=α

fonction f dérivable en a = φ(α), donc h(x) −→ f (a). La composition des limites et la règle de la limite du produit permet
x→a,x̸=a
de conclure que (h ◦ φ)(t) × g(t) −→ f ′ (a) × φ′ (α). Donc f ◦ φ est dérivable en α et que (f ◦ φ)′ (α) = f ′ (a) × φ′ (α).
t→α,t̸=α
Malheureusement, cette preuve est érronnée ! où est donc l’erreur ? On va remédier à ce problème après achever la deuxième
méthode.
Méthode(2) : On va utiliser la caractéristique de la dérivabilité par l’existance d’un développement limité à l’ordre 1(proposition 2).

 ∀t ∈ J : (f ◦ φ) (t) = (f ◦ φ) (α) + f ′ (a) × φ′ (α)(t − α) + (t − α)σ(t);
Pour cela, montrons que : ∃σ : J −→ K :
 lim (σ(t)) = 0.
 t→α
 ∀x ∈ I : f (x) = f (a) + f ′ (a)(x − a) + (x − a)ε(x);
On a ∃ε : I −→ K : (c’est grâce à la dérivabilité de f en a).
 lim (ε(x)) = 0.
x→a
 ∀t ∈ J : φ(t) = φ(α) + φ′ (α)(t − α) + (t − α)ζ(t);
On a aussi ∃ζ : J −→ R : (c’est grâce à la dérivabilité de φ en α).
 lim (ζ(t)) = 0.
t→α

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On compose et on obtient : ∀t ∈ J : (f ◦ φ) (t) = (f ◦ φ) (α) + f ′ (a) × φ′ (α)(t − α) + (t − α)[ζ(t) + (φ′ (α) + ζ(t))ε(φ(t))].
On pose σ(t) = ζ(t) + (φ′ (α) + ζ(t))ε(φ(t)), qu’est bien définie sur J et qu’est de limite nulle en α.
Retours à la Méthode(1) : L’erreur est que Lorsque t → α, t ̸= α, on aura que φ(t) −→ a, mais pas avec la condition φ(t) ̸= a pour
pouvoir composer les limites. En fait, la fonction t 7−→ (h ◦ φ)(t), n’est pas forcément bien définie pour tous les t ∈ J \ {α}. Il
se peut qu’un t ̸= α, mais φ(t) = a.
(f ◦ φ) (t) − (f ◦ φ) (α)
Posons T : t 7−→ qu’est bien définie sur J \ {α}.
t−α 
 (h ◦ φ)(t) × g(t), si φ(t) ̸= a;
On remarque que ∀t ∈ J \ {α} : T (t) = et on distingue deux cas :
 0, si φ(t) = a.
— Cas 1 : Si ”∃U ∈ V(a), ∀t ∈ (J \ {α}) ∩ U : φ(t) ̸= a”. Alors ∀t ∈ (J \ {α}) ∩ U : T (t) = (h ◦ φ)(t) × g(t).
La limite ne dépend pas du voisnage considéré de α(tout en restant dans J \ {α}), alors on peut procéder comme au début
et il n’y a aucune crainte, puisque ∀t ∈ (J \ {α}) ∩ U : φ(t) ̸= a.
— Cas 2 : Si (∗) ”∀U ∈ V(a), ∃t ∈ (J \ {α}) ∩ U : φ(t) = a”. Alors (∗∗) φ′ (α) = 0(justification après).
Si on montre que f ◦ φ sera dans ce cas dérivable en α et que (f ◦ φ)′ (α) = 0, alors (f ◦ φ)′ (α) = 0 = f ′ (a) × φ′ (α).
En effet, la fonction h admet une limite finie en a donc elle est bornée au voisinage de a dans I \ {a} :
∃V ∈ V(a), ∃M > 0, ∀x ∈ (I \ {a}) ∩ V : |h(x)| ⩽ M .
Comme φ(t) −→ a, lorsque t → α, alors
 il existe un voisinage U de α telque ∀t ∈ U ∩ J : φ(t) ∈ V .
 |h(φ(t))| × |g(t)|, si φ(t) ̸= a; 
Donc ∀t ∈ (J \ {α}) ∩ U : |T (t)| = ⩽ M |g(t)| −→ 0.
 0, si φ(t) = a.  t→α,t∈U,t̸=α

Donc f ◦ φ sera dans ce cas dérivable en α et que (f ◦ φ)′ (α) = 0.


φ(t) − φ(α)
Justification de (∗∗) : Soit ε > 0. Alors il existe Uε ∈ V(a), ∀t ∈ (J \ {α}) ∩ Uε : − φ′ (α) < ε(c’est grâce
t−α
à la dérivabilité de φ en α). La proposition (∗) fournit au moins un t ∈ (J \ {α}) ∩ Uε tel que φ(t) = a. On peut l’inserer
dans l’inégalité précédente et on aura : |0 − φ′ (α)| < ε.
Bref : On a montré que ∀ε > 0 : |φ′ (α)| < ε. Donc φ′ (α) = 0. [CQFD]

Remarque 7
— Pour les ensembles de définition, on a en général les inclusions :
D(f +g)′ ⊃ Df ′ ∩ Dg′ ; D(λf )′ ⊃ Df ′ (égalité si λ ̸= 0) ; D(f g)′ ⊃ Df ′ ∩ Dg′ ; D 1 ′ ⊃ Df ′ \ f −1 ({0}) =
f

Df ′ ∩ {x ∈ Df /f (x) ̸= 0} ; D f ′ ⊃ (Df ′ ∩ Dg′ ) \ g −1 ({0}) = (Df ′ ∩ Dg′ ) ∩ {x ∈ Dg /g(x) ̸= 0}.


g

D(g◦f )′ ⊃ x ∈ Df ′ /f (x) ∈ Dg′ = Df ′ ∩ f −1 Dg′ .


 

3 Points critiques et extremums d’une fonction

Définition 6 (Point critique)


Soit f une fonction numérique dérivable en un point a. Le point a est dit un point critique de f si f ′ (a) = 0.

Définition 7 (Extrêmums)

Soit f : I −→ R une fonction réelle et a ∈ I(l’intérieur de I).
— Le point a est dit un maximum local de f s’il existe un voisinage V de a contenu dans I et tel que
∀x ∈ V : f (x) ⩽ f (a). Si cette inégalité s’étend pour tout x ∈ I, alors a est dit un maximum global de f .
— Le point a est dit un minimum local de f s’il existe un voisinage V de a contenu dans I tel que ∀x ∈ V :
f (x) ⩾ f (a). Si cette inégalité s’étend pour tout x ∈ I, alors a est dit un minimum global de f .
— Le point a est dit un extrêmum local(ou global) de f s’il est un maximum local(ou global) ou un minimum
local(ou global) de f .

8
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Proposition 8
Un maximum (ou un minimum) global de f est toujours un maximum (ou un minimum) local de f .
La réciproque est fausse en général.

Proposition 9
Soit f une fonction à valeurs dans R et a un point dont f est dérivable.
Si a est un extêmum(local ou global) de f , alors a est un point critique de f . La réciproque est en général fausse.

Preuve : On suppose que a est u maximum local de f (le cas a minimum local est analogue). Alors il existe un 
intervalle ]b, c[ contenant a
 ∀x ∈]b, a[: φ(x) ⩾ 0 ;
f (x) − f (a)
tel que ∀x ∈]b, c[: f (x) ⩽ f (a)(faire un dessin). Posons φ(x) = pour tout x ∈]b, a[∪]a, c[. Donc
x−a  ∀x ∈]a, c[: φ(x) ⩽ 0 .
Puisque f est dérivable en a, alors f est dérivable à gauche et à droite de a et que fg′ (a) = f ′ (a) = fd′ (a).

Après passage à la limite de φ à gauche et à droite de a, on trouve que f ′ (a) = 0. Donc a est un point critique de f .

Pour la réciproque, prendre l’exemple célèbre f : x 7→ x3 en a = 0. [CQFD]

4 Théorème de Rolle et d’accroissements finis pour les fonctions numériques

Théorème 1 (de Rolle)


Soit f une fonction définie sur un segment [a, b] et à valeurs dans R.

 (i) f continue sur [a, b](férmé) ;


On suppose que f vérifie conditions : (ii) f dérivable sur ]a, b[ ; .


(iii) f (a) = f (b) .


Alors ∃(au moins) c ∈]a, b[: f (c) = 0.

Preuve : On traite les deux cas :


a+b
Cas 1 : f est constante. Il suffit de prendre par exemple c = .
2
Cas 1 : f n’est pas constante. On considère u et v dans [a, b] tels que Min (f (x)) = f (u) et Max (f (x)) = f (v).
x∈[a,b] x∈[a,b]
En effet cela est possible puisque f continue sur le segment [a, b](cours continuité). On distingue deux sous-cas :

− Si u est à l’intérieure de [a, b], alors grâce à la prposition 9, il suffit de prendre c = u.

− Si u n’est pas à l’intérieure de [a, b](càd u ∈ {a, b}), alors nécessairement v l’est : sinon, v ∈ {a, b} et par suite f sera constante
puisque f (a) = f (b)(absurde). Il suffut donc de prendre c = v, grâce à la même prposition 9. [CQFD]

Remarque 8 (Interprétation géométrique du théorème de Rolle)


Le résultat du théorème de Rolle signifie qu’il existe au moins un point M (c, f (c)) de la courbe de f dont l’abs-
cisse c est à l’intérieure de [a, b] et dont la tangente à la courbe est paréllèlle à l’axe des abscisses(horizentale)(faire
un dessin).

Exercice 3 (Le TVI sur la dérivée f ′ qui n’est pas forcément continue)
Soit f une fonction définie sur un segment
 [a, b] de R et à valeurs dans R.
 (i) f dérivable(ou de classe C 1 sur [a, b](f érmé)) ;
On suppose que f vérifie conditions : .
 (ii) f ′ (a) × f ′ (b) < 0 .
Montrer que : ∃(au moins) c ∈]a, b[: f ′ (c) = 0.

9
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Réponse : Commencer par le cas f de classe C 1 sur I(appliquer le TVI standard à f ′ ), puis le cas où f (a) = f (b)(appliquer Rolle).
f (x) − f (a)
Dans le cas où f (a) ̸= f (b) et en traitant le cas f ′ (a) < 0 < f ′ (b) et f (a) < f (b), prolonger par continuité la fonction x 7→
x−a
sur [a, b]. Appliquer à ce prolongement le TVI standard et finir par appliquer Rolle à f . Les autres cas sont analogues.

Théorème 2 (des accroissements finis avec égalité : TAF avec égalité)


Soit f une fonction définie sur un segment
 [a, b] et à valeurs dans R.
 (i) f continue sur [a, b](férmé) ;
On suppose que f vérifie conditions : .
 (ii) f dérivable sur ]a, b[ .
Alors ∃(au moins) c ∈]a, b[: f (b) − f (a) = f ′ (c)(b − a).

Preuve : On veut se ramener aux données du théorème de Rolle. Ce qui manque c’est f (a) = f (b). Pour cela, soit g la foncton linéaire
f (b) − f (a)
affine dont la courbe est la droite (AB), où A(a, f (a)) et B(b, f (b))(faire un dessin) : g : x 7→ m(x − a) + f (a), où m = .
b−a
Si on pose h = f − g, alors h satisfait à toutes les conditions du théorème de Rolle. Il suffit donc d’appliquer ce théorème à h et la dériver.

[CQFD]

Remarque 9 (Interprétation géométrique du théorème des accroissements finis)


Le résultat du théorème de Rolle signifie qu’il existe au moins un point M (c, f (c)) de la courbe de f dont
l’abscisse c est à l’intérieure de [a, b] et dont la tangente à la courbe est paréllèlle à la droite (AB), où A(a, f (a))
et B(b, f (b)). En effet : la tangente a le même coefficient directeur m = f ′ (c) que la droite (AB)(faire le dessin).

Remarque 10
Le théoème de Rolle et le théorème des accroissements finis avec égalité tombent en défaut pour le cas général
des fonctions complexes.
En effet : d’après l’exercice 2, ξ : x 7→ eix satisfait aux conditions du théorème de Rolle et du TAF avec égalité sur [0, 2π], mais leurs

résultats ne peuvent s’en appliquer ! Car sinon, ∃c ∈]0, 2π[: ieic = 0, ce qu’est impossible.

Corollaire 2 (TAF avec inégalité)


Soit f une fonction réelle définie sur un segment [a, b] et à valeurs dans R.

 (i) f continue sur [a, b](férmé) ;


On suppose que f vérifie conditions : (ii) f dérivable sur ]a, b[ ; .


(iii) ∃m1 , m2 ∈ R, ∀x ∈]a, b[: m1 ⩽ f ′ (x) ⩽ m2 .

Alors m1 (b − a) ⩽ f (b) − f (a) ⩽ m2 (b − a) .

Preuve : Imédiate en appliquant le TAF avec égalité. [CQFD]

Théorème 3 (TAF avec inégalité, cas réel ou complexe)


Soit f une fonction numérique réelle ou complexe définie sur un segment [a, b].

 (i) f continue sur [a, b](férmé) ;


On suppose que f vérifie conditions : (ii) f dérivable sur ]a, b[ ; .


(iii) ∃M ∈ R+ , ∀x ∈]a, b[: |f ′ (x)| ⩽ M .

Alors |f (b) − f (a)| ⩽ M (b − a) .

Preuve :

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— Cas où f est à valeurs réelles : il suffit d’appliquer le corollaire ci-dessus à m1 = −M et m2 = M .



— Cas où f est à valeurs complexes : On peut montrer un résultat un peu faible c’est que |f (b) − f (a)| ⩽ 2M (b − a) en se basant
sur le TAF avec inégalité établi pour les fonctions à valeurs réelles(corollaire 2). En effet : Notons u = Re(f ) et v = Im(f ).
Donc(grâce à la proposition 6) u′ = Re(f ′ ) et v = Im(f ′ ) et par suite sur ]a, b[, on a |u′ | ⩽ |f ′ | ⩽ M et |v ′ | ⩽ |f ′ | ⩽ M . Le cas
réel implique que |u(b)−u(a)| ⩽ M (b−a) et |v(b)−v(a)| ⩽ M (b−a). La relation |f (b)−f (a)|2 = |u(b)−u(a)|2 +|v(b)−v(a)|2
permet enfin de conclure.
 
Pour prouver l’inégalité plus forte |f (b) − f (a)| ⩽ M (b − a), on définit la fonction ϕ : x 7−→ Re (f (b) − f (a))(f (x) − f (a))
qu’est à valeurs réelles et on lui applique le TAF avec inégalité.
En effet : ϕ est continue sur [a, b] (c’est la partie réelle de la fonction g : x 7→ (f (b) − f (a))(f (x) − f (a)) qu’est continue car
sous forme opérations sur des fonctions continues). Elles est aussi dérivables sur ]a, b[ avec arguments analogues. De plus(grâce
 
à la proposition 6) ϕ′ = (Re(g))′ = Re(g ′ ) = Re (f (b) − f (a))f ′ . On applique le cas réel de ce théorème à ϕ et le fait que
|Re(z)| ⩽ |z| et |z|2 = zz, pour tout z ∈ C et on tombe sur ce qu’on veut ! [CQFD]

4.1 Application à la lipschitizité des fonctions dérivables

Théorème 4
Soit f : I −→ K une fonction numérique définie sur un intervalle non trivial I de R. Notons

par
 I l’intervalle intérieur de I(càd l’intervalle I privé de ses extrimité). On suppose de plus que :


 (i) f continue sur I ;
 ◦
(ii) f dérivable sur I ; .



 (iii) ∃K ∈ R+ , ∀x ∈ I : |f ′ (x)| ⩽ K .

Alors f est lipschitzienne sur I et K en est un rapport.
Réciproquement, si f vérifie les conditions (i) et (ii) et qu’est lipschitzienne sur I de rapport un certain K ⩾ 0,

alors la fonction f ′ est bornée sur I et que Sup|f ′ (x)| ⩽ K (ou encore f vérifie la condition (iii)). Par conséquent,

x∈I
dans ce cas, Sup|f ′ (x)| est le plus petit rapport de Lipschitz pour la fonction f .

x∈I

Preuve : Le sens direct est imédiat si on applique le théorème 3.


Pour le sens inverse, supposons que f est lipschitzienne sur I et K l’un de ses rapports. Alors ∀(x, y) ∈ I 2 : |f (x) − f (y)| ⩽ K|x − y|.
◦ f (x) − f (a) ◦ ◦
Si on fixe a ∈ I, alors pour tout x ∈ I \ {a}, on a ⩽ K. Comme f est dérivable sur I et a ∈ I, alors f est dérivable en a.
x−a
◦ ◦
Le passage à la limite donne que |f ′ (a)| ⩽ K. Ceci étant pour tout a ∈ I, alors la fonction f ′ est bornée sur I et K est un majorant de

|f ′ | sur I. [CQFD]

Corollaire 3
Toute fonction f de classe C 1 sur un segment [a, b] est lipschitzienne sur ce segment.
De plus Sup |f ′ (x)| = Sup |f ′ (x)| est le plus petit rapport de Lipschitz pour f sur ce segment.
x∈[a,b] x∈]a,b[

Preuve : On sit que si une fonction f est de classe C 1 sur un intervalle, alors f ′ est continue sur cet intervalle. Donc notre fonction f ′
est continue sur l’intervalle férmé borné [a, b]. Le théorème des fonctions continues sur un segment(cours continuité) implique que f ′ est

bornée sur [a, b]. Le théorème précédent implique donc que f est lipschitzienne sur [a, b]. [CQFD]

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4.2 Application à la cractéristique d’une fonction dérivable constante

Théorème 5
Soit f : I −→ K une fonction numérique définie sur un intervalle non trivial I de R.

Notons par I l’intervalle
 intérieur de I(càd l’intervalle I privé de ses extrimité).
 (i) f continue sur I ;
Si on suppose que : ◦ , alors on a l’équivalence :
 (ii) f dérivable sur I .

f constante sur I ⇐⇒ ∀x ∈ I : f ′ (x) = 0 .

Preuve :
— Pour =⇒, c’est facile(voir exercice 1).


— Pour ⇐=, si x et y sont dans I tels que x < y, alors [x, y] ⊂ I(car I intervalle de R) et ]x, y[⊂ I. D’un autre coté, |f ′ (t)| est
partout nulle sur ]x, y[, donc bornée sur cet
! intervalle. On peut donc appliquer le TAF avec inégalité sur l’intervalle [x, y] et on
trouve que |f (y) − f (x)| ⩽ Sup |f ′ (t)| × |x − y| = 0 × |x − y| = 0. Ceci implique que f (x) = f (y).
t∈]x,y[
Par suite f est constante sur I. [CQFD]

Remarque 11
La condition que I est un intervalle est important. En effet, prendre f = 1R+ (la fonction caractéristique sur R
de R+ ) qu’est de dérivée nulle sur I = R∗ , mais n’est pas constante sur I.

4.3 Application à la monotonie des fonctions dérivables

Théorème 6
Soit f : I −→ R une fonction à valeurs réelles définie sur un intervalle non trivial I.

Notons par I l’intervalle
 intérieur de I(càd l’intervalle I privé de ses extrimité).
 (i) f continue sur I ;
Si on suppose que : ◦ , alors on a les propositions suivantes :
 (ii) f dérivable sur I .

1. f croissante sur I ⇐⇒ ∀x ∈ I : f ′ (x) ⩾ 0 .

2. f décroissante sur I ⇐⇒ ∀x ∈ I : f ′ (x) ⩽ 0 .

3. f strictement croissante sur I ⇐= ∀x ∈ I : f ′ (x) > 0 .

4. f strictement décroissante sur I ⇐= ∀x ∈ I : f ′ (x) < 0 .

Preuve :
f (x) − f (a)
1. Pour =⇒, c’est facile. En effet si f est croissante sur un intervalle I, alors le taux de variation de f sur I est positifs
x−a
◦ ◦
pour tout (a, x) ∈ I × I tel que x ̸= a. On passe à la limite en a, alors f ′ (a) ⩾ 0, pour tout a ∈ I.

Pour ⇐=, si x et y sont dans I tels que x < y, alors [x, y] ⊂ I(car I intervalle de R) et ]x, y[⊂ I. On peut donc appliquer
f (y) − f (x)
le théorème des accroissements finis sur l’intervalle [x, y] : il existe cx,y ∈]x, y[ tel que = f ′ (cx,y ) ⩾ 0. Comme
y−x
y − x > 0, alors f (y) − f (x) ⩾ 0. Bref : ∀x, y ∈ I : x < y ⇒ f (x) ⩽ f (y). Donc f est croissante sur I.

2. C’est analogue au point 1 ci-dessus.

3. C’est analogue au ⇐= du point 1 ci-dessus.

4. C’est analogue au ⇐= du point 1 ci-dessus. [CQFD]

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Remarque 12
— Le sens =⇒ du points 3 n’est pas vrai en général : prendre f : x 7→ x3 qu’est strictement croissante sur
I = R, pourtant f ′ s’annulle en zéro.

— Le théorème reste vrai si on remplace dans la condition (ii), I par I \ A, où A est une partie finie de
I(autrement dit, si on remplace (ii) par (ii)’ : f dérivable sur I sauf peut être en un nombre fini de

points de I). Dans ce cas, on doit remplacer dans les points du théorème l’expression ”∀x ∈ I” par
l’espression ”∀x ∈ I \ A”. Mais attention, il faut que la continuité de f reste réalisée sur tout l’intervalle

I. Exemple : sur I = R+ , prendre f (x) = x, si x ∈ [0, 1], f (x) = x, si x ∈]1, 2] et f (x) = (x − 2)2 + 2,
si x ∈]2, +∞[ (faire un dessin).

4.4 Application au prolongement en une fonction de classe C 1

Théorème 7
Soit f : I −→ K une fonction numérique définie sur I et a ∈ I.
 (i) f dérivable sur I \ {a} et continue en a(donc sur I) ;

On suppose de plus que : .
 (ii) La limite x→a
 lim f ′ (x) existe et vaut L ∈ R ou C .
x∈I\{a}
 
f (x) − f (a)
Alors x→alim = L.
x∈I\{a}
x−a
Si de plus L est finie, alors f est de classe C 1 en a et si de plus dans (i), l’expression ”dérivable” est remplacée
par ”de classe C 1 ”, alors f est de classe C 1 sur tout I.

Preuve : On appercevoit que le TAF avec égalité va s’appliquer. Mais ce TAF ne s’applique qu’aux fonctions réelles en général. On
doit donc commencer par l’étape f réelle.
— Cas f réelle et L finie : La fonction f est dérivable sur I \ {a}, donc continue sur I \ {a}. Et puisque f est continue en a, alors
elle sera continue partout sur I. On peut donc appliquer le TAF(avec égalité) entre a et n’importe quel point x de I \ {a} :
f (x) − f (a)
∀x ∈ I \ {a}, ∃cx (strictement)entre a et x : = f ′ (cx ).
x−a
f (x) − f (a)
Alors ∀x ∈ I \ {a} : − L = |f ′ (cx ) − L|.
x−a
Soit ε > 0 et ηε > 0 tel que ∀x ∈ (I \ {a}) ∩ ]a − ηε , a + ηε [ : |f ′ (x) − L| < ε.
Soit x ∈ (I \ {a}) ∩ ]a − ηε , a + ηε [.
Puisque cx est strictement entre a et x, alors cx ∈ (I \ {a}) ∩ ]a − ηε , a + ηε [ et par suite |f ′ (cx ) − L| < ε.
f (x) − f (a)
On a montré donc que ∀ε > 0, ∃ηε > 0, ∀x ∈ (I \ {a}) ∩ ]a − ηε , a + ηε [ : − L < ε.
x−a

Donc f est dérivable en a et que f (a) = L. D’un autre coté, on a x→alim f (x) = L = f ′ (a).

x∈I\{a}
lim f ′ (x) = f ′ (a) et par suite f ′ est continue en a. f et par conséquent de classe C 1 en a.
Donc x→a
x∈I
− Si de plus f est de classe C 1 sur I \ {a}, alors clair que f sera de classe C 1 sur I tout entier.
— Cas f réelle et L ∈ {+∞, −∞} : C’est analogue !
— Cas f complexe et L finie : Il suffit de se ramener aux parties réelles et imaginaires de f et utiliser le premeir cas ! [CQFD]

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Corollaire 4
Soit f : I \ {a} −→ K unefonction numérique définie sur I \ {a}, avec a ∈ I.
 (i) f dérivable sur I \ {a} ;

On suppose de plus que : .
 (ii) Les limites x→a
 lim f (x) et x→alim f ′ (x) existent et sont finies .
x∈I\{a} x∈I\{a}
Alors le prolongement par continuité de f sur I est fonction de classe C 1 en a.
Si de plus dans (i), l’expression ”dérivable” est remplacée par ”de classe C 1 ”, alors le prolongement sera de plus
de classe C 1 sur tout I.
Preuve : Découle imédiatement en appliquant le théorème ci-dessus à la fonction fe le prolongement par continuité de f en a.
[CQFD]

5 Le théorème de la réciproque d’une fonction dérivable

Théorème 8 (Dérivabilité de la réciproque d’une fonction)


Soit f une fonction définie sur un intervalle non trivial I de R et à valeurs dans R. On suppose que f est
dérivable(ou de classe C 1 ) sur I et que ∀x ∈ I : f ′ (x) ̸= 0. Alors f est une bijection strictement monotone
sur I. De plus, la fonction réciproque f −1 est aussi dérivable(ou de classe C 1 ) sur l’intervalle J = f (I) et que
′ 1 ′ 1
∀y ∈ J : f −1 (y) = ′ −1 , ou encore sur J, on a f −1 = ′ .
f (f (y)) f ◦ f −1

Preuve : Pour cela, montrer successivement les points suivants :


1. La fonction f ′ va garder un signe constant sur I. Ceci découle imédiatement du TVI standard appliquée à f ′ lorsque f est de classe
C 1 sur I. Mais si f est seulement dérivable sur I, il suffit d’utiliser le TVI pour la dérivée non forcément continue(voir exercice 3).
2. La fonction f ′ étant partout non nulle et garde un signe constant sur I, alors f sera strictement monotone sur I. Par conséquent,
f est une bijection de I vers J = f (I) et J est un intervalle, puisque f sera continue.
′
3. La formule de dérivation de la composée de deux fonctions permet de trouver la formule de f −1 à partir du fait que f ◦f −1 = IdJ .
Mais la règle suppose que les fonctions composées sont les deux dérivables, ce qui n’est pas malheureusement encore démontré
pour la fonction f −1 . On doit montrer ceci à part : Fixons b ∈ J et un a ∈I tel que b = f (a) (le a existe, puisque f surjective de
f (x) − f (a) f −1 (y) − f −1 (b) 1
I vers J). Posons φ : x 7→ de sorte que = (y), pour tout y ∈ J tel que y ̸= b. Comme
x−a y−b φ ◦ f −1
−1 ′ −1
(y) = f ′ (a). Puisque f ′ (a) ̸= 0, alors la règle
 
f lim φ(x) = f (a), alors lim φ ◦ f
est continue(cours continuité) en b et x→a
y→b
x̸=a y̸=b
−1
f (y) − f −1 (b) 1
de la limite de l’inverse d’une fonction implique que que lim = ′ . [CQFD]
y→b y−b f (a)
y̸=b

6 Dérivation des fonctions usuelles

− Dérivation des fonctions puissances à exposants entiers

Proposition 10

1. Pour tout n ∈ N, la fonction puissance : x 7−→ xn et de classe C 1 sur R et que sa dérivée est :
x 7−→ nxn−1 , si n > 0 et x 7−→ 0, si n = 0.

2. Pour tout n ∈ Z, la fonction puissance : x 7−→ xn et de classe C 1 sur chacun des intervalles R∗− et R∗+ et
n 1
que sa dérivée est : x 7−→ nxn−1 = 1−n . En particulier, la fonction x 7−→ = x−1 est de classe C 1 sur
x x
−1
chacun des intervalles R∗− et R∗+ et que sa dérivée est : x 7−→ 2 .
x
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Preuve :
n−1
xn − an X n−1−k k
1. Pour n ∈ N et a ∈ R, on a pour tout x ̸= a, = a x . Le passage à la limite en a affirme que x 7→ xn est
x−a
k=0
dérivable en a et que (x 7→ xn )′ (a) = nan−1 . Ceci étant pour tout a ∈ R, alors la fonction x 7→ xn est dérivable sur R et que sa
fonction dérivée est x 7−→ nxn−1 qu’est continue sur R.

2. Pour n ∈ Z, il suffit d’utiliser le point ci-dessus et la règle de dérivation de l’inverse d’une fonction dérivable et la règle de contnuité
de l’inverse d’une fonction continue. [CQFD]

− Dérivation des fonctions polynômiales et des fonctions rationnelles

Proposition 11
n
X
1. Toute fonction polynômiale f : x 7−→ ak xk est dérivable sur R et que sa dérivée est :
k=0
n
X n−1
X
f ′ : x 7−→ kak xk−1 = (k + 1)ak+1 xk .
k=1 k=0
P
2. Toute fonction rationnelle est dérivable sur son ensemble de définition D = {x ∈
Q
R/x n’est pas racine de Q}.

Preuve :
1. Imédiate en remarquant que tout polynôme est une combinaison linéaire des fonctions puissances à exposants entiers naturels. Il
suffit d’utiliser donc le point 1 de la proposition précédente.

2. Toute fonction rationelle est un quotient de deux polynômes. Il suffit d’utiliser la règle de dérivation des quotients des fonctions
dérivables, puis et puisque la fonction dérivée d’une fonction rationnelle sera aussi une fonction rationnelle, alors il suffit d’utiliser
la règle de continuité des fonctions rationnelles(chapitre continuité). [CQFD]

− Dérivation des fonctions racines nième et des fonctions puissances à exposants rationnels

Proposition 12 (Dérivation des fonctions racines nième )



1. La fonction : x 7−→ x est définie, continue sur [0, +∞[ et de classe C 1 sur ]0, +∞[ et que sa dérivée est :
1
x 7−→ √ . En a = 0+ , la fonction admet une tangente verticale.
2 x

2. Pour tout n ∈ J2, +∞J, la fonction : x 7−→ n x est définie, continue sur [0, +∞[ et de classe C 1 sur ]0, +∞[
1
et que sa dérivée est : x 7−→ √
n
. En a = 0+ , la fonction admet une tangente verticale.
n xn−1

m−1
X
Preuve : On utilise fréquemment l’identité remarquable : um − v m = (u − v) uk v m−1−k , pour u, v ∈ R et m ∈ N.
k=0

√ x√7−→ x est déjà définie et continue sur [0, +∞[(chapitre continuité). Fixons a ∈ R+. Pour tout x ∈ R+, avec
1. La fonction
x− a 1 √ √  √
x ̸= a, = √ √ . Comme x→a lim x + a = 2 a, alors :
x−a x+ a
  x̸=a
1 1 1
— Si a > 0, alors x→a lim √ √ = √ ∈ R. Donc la fonction est dérivable en a et que son nombre dérivé en a est √ .
x̸=a
x + a 2 a 2 a
1
On tire que la fonction est dérivable sur ]0, +∞[ et que sa fonction dérivée est x 7−→ √ . Puisque cette fonction est continue
2 x
sur ]0, +∞[, alors lafonction dedépart est de classe C 1 sur ]0, +∞[.
1
— Si a = 0, alors x→a lim √ √ = +∞. Donc la fonction n’est pas dérivable en a = 0+ et que de plus, la fonction admet
x̸=a
x + a
une tangente vertical.

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2. L’entier n tel que n ⩾ 2 est fixé. La fonction
√ x√7−→ n x est déjà définie et continue sur [0, +∞[(chapitre continuité). Fixons
n
x− a n
1
a ∈ R+. Pour tout x ∈ R+, avec x ̸= a, = n−1 .
x−a X √ n−1−k √ k
n n
( a) ( x)
! k=0
n−1
X √ n−1−k √ k √
n
On a x→a
lim ( n a) ( n x) = n an−1 (avec ici n − 1 > 0).
x̸=a k=0 √ √ 
n
x− na 1
— Si a > 0, alors x→a lim = √ . Donc la fonction est dérivable en a et que son nombre dérivé en a est
x̸=a
x − a n
n n−1
a
1

n
.
n an−1
1
On tire que la fonction est dérivable ]0, +∞[ et que sa fonction dérivée est x 7−→ √ n
. Puisque cette fonction est
n xn−1
1
continue sur ]0, +∞[, √alors la√fonction
 de départ est de classe C sur ]0, +∞[.
n
x− na
— Si a = 0, alors x→alim = +∞. Donc la fonction n’est pas dérivable en a = 0+ et que de plus, la fonction admet
x̸=a
x−a
une tangente verticale. [CQFD]

− Dérivation des fonctions puissances à exposants rationnels

Proposition 13 (Dérivation des fonctions puissances à exposants rationnels)


p √
Soit r = ∈ Q, avec p ∈ Z et q ∈ N∗ . Notons par fr la fonction puissance x 7−→ xr = q xp . La fonction fr est
q
définie sur [0, +∞[ lorsque r ⩾ 0 et sur ]0, +∞[ lorsque r < 0. Pour la réguliarité de cette fonction, on a :

1. Si r ⩾ 1, alors la fonction fr est définie et de classe C 1 sur [0, +∞[ et que sa dérivée est fr′ : x 7−→ rxr−1 .

2. Si 0 < r < 1, alors la fonction fr est définie, continue sur [0, +∞[ et de classe C 1 sur ]0, +∞[ et que sa
dérivée est : x 7−→ rxr−1 . En a = 0+ , la fonction admet une tangente verticale.

3. Si r < 0, alors la fonction fr est définie et de classe C 1 sur ]0, +∞[ et que sa dérivée est : x 7−→ rxr−1 .

Preuve :
1. On suppose que r ⩾ 1. Fixons a ∈ R+. Pour tout x ∈ R+, avec x ̸= a, on aura xp − ap ̸= 0 et que :
p−1
X
√ √ ap−1−k xk
q q p p
fr (x) − fr (a) x − a x −a
p p
k=0
= = q−1 .
x−a xp − ap x−a X √ q−1−k  √ k
q p q p
a x
k=0
√ q−1
La limite en a du numérateur est pap−1 et la limite en a du dominateur est q q ap .
0
— Si a = 0, la forme obtenue est indéterminé. On simplifie la fraction :
0 
fr (x) − fr (a) √
q
 0, si p − q > 0 (càd si r > 1);
= xp−q −→ = r0r−1 (dans les deux cas, avec la convention 00 = 1).
x−a x→0+  1, si p − q = 0 (càd si r = 1).
Donc la fonction fr est dérivable en 0 et que fr′ (0) = r0r−1 .
fr (x) − fr (a) pap−1 p√ q
— Si a > 0, −→ √ q−1 = ap−q = rar−1 .
x−a q
x→a q q ap


Donc la fonction fr est dérivable en a et que fr′ (a) = rar−1 .


Finalement, fr est dérivable sur [0, +∞[ et que sa fonction dérivée est fr′ : x 7−→ rxr−1 . Cette fonction est continue sur [0, +∞[.
Donc f est de classe C 1 sur [0, +∞[.

2. On suppose que 0 < r < 1. La fonction fr est définie et continue sur [0, +∞[(voir chapitre continuité).
fr (x) − fr (a)
Pour tout a, x ∈ [0, +∞[, avec x ̸= a, on obtient la même formule de et donc on aura :
x−a
fr (x) − fr (a) √q
— Si a = 0, = xp−q −→ +∞ (Car dans ce cas p − q < 0). Donc la fonction fr n’est pas dérivable en 0 et
x−a x→0+
que de plus sa tangente en 0+ est verticale.
fr (x) − fr (a) pap−1 p√q
— Si a > 0, −→ √ q−1 = ap−q = rar−1 .
x−a q
x→a q q ap


Donc la fonction fr est dérivable en a et que fr′ (a) = rar−1 .

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Finalement, fr est dérivable sur ]0, +∞[ et que sa fonction dérivée est fr′ : x 7−→ rxr−1 . Cette fonction est continue sur ]0, +∞[.
Donc f est de classe C 1 sur ]0, +∞[.

3. On suppose que r < 0. Cette fois, la fonction fr est définie seulement sur ]0, +∞[. On peut remarquer que fr = f−r ◦ φ, où
φ : x 7−→ x−1 . On utilise la formule de dérivation de l’inverse(proposition 10) et la formule de dérivation de la composée(proposition
 −r−1 
7), on obtient que fr est dérivable sur ]0, +∞[ et que fr′ = (f−r ′
◦ φ) × φ′ . Donc fr′ : x 7−→ −r x−1 × −x−2 = rxr−1 .


Finalement, fr est dérivable sur ]0, +∞[ et que sa fonction dérivée est fr′ : x 7−→ rxr−1 . Cette fonction est continue sur ]0, +∞[.
Donc f est de classe C 1 sur ]0, +∞[. [CQFD]

− Dérivation des fonctions circulaires

Proposition 14

1. La fonction cos est dérivable sur R et que cos′ = − sin.

2. La fonction sin est dérivable sur R et que sin′ = cos.

3. La foncion ξ : x 7→ eix est de classe C 1 sur R et que ξ ′ = iξ.


1
4. La fonction tan est dérivable sur R \ π2 + kπ/k ∈ Z et que tan′ = 1 + tan2 =

.
cos2
 
sin(x)
Preuve : C’est demandé aussi dans l’exercice 2 : On utilise la limite usuelle lim = 1 et la continuité des fonctions circu-
x→0 x
x̸=0
sin
laires(voir chapitre limites et continuité) et les formules de transformations de cos(x)−cos(a), sin(x)−sin(a) et tan = . La dérivabilité
cos
7 eix , il suffit de voir que ξ = cos +i sin et utiliser la règle de
des fonctions cos et sin découle imédiatement. Pour la fonction ξ : x →

dérivation des combinaisons linéaires des fonctions dérivables. [CQFD]

1
Exercice 4 (Une fonction dérivable  est-elle en général de classe C ?)
 x2 sin 1 , si x ̸= 0 ;
x
Soit f la fonction telle que f (x) =
 0, si x = 0 .

 2x sin 1  − cos 1

, si x ̸= 0 ;
′ x x
1. Vérifier que f est dérivable sur R et que f (x) =
 0, si x = 0 .
2. Vérifier que f ′ n’est pas continue en zéro. Que déduisez-vous de cet exemple ?

− Dérivation des fonctions circulaires réciproques

Proposition 15
−1
1. La fonction arccos est de classe C 1 sur ] − 1, 1[ et que arccos′ : x 7→ √ .
1 − x2
1
2. La fonction arcsin est de classe C 1 sur ] − 1, 1[ et que arcsin′ : x 7→ √ .
1 − x2
1
3. La fonction arctan est de classe C 1 sur R et que arctan′ : x 7→ .
1 + x2

Preuve : Repose sur le théorème de dérivabilité de la fonction réciproque d’une fonction.


En effet, Pour par exemple la fonction arccos : La fonction cos est de classe C 1 sur R et que ∀x ∈ [0, π] : cos′ (x) = − sin(x) ⩽ 0 et

(cos /[0, π])′ ne s’annulle donc qu’en deux points 0 et π. Donc la fonction cos /[0, π] est une bijection strictement décroissante de [0, π]

vers [0, 1]. Le théorème de dérivabilité de la réciproque d’une fonction(théorème 8) ne peut s’appliquer sur I = [o, π] et s’applique sur

]0, π[, puisque ∀x ∈]0, π[: cos′ (x) ̸= 0. La fonction réciproque cos /]0, π[ réalise auss une bijection strictement décroissante et de classe

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1
C 1 de ] − 1, 1[ vers ]0, π[ et que (arccos /] − 1, 1[)′ = . Donc ∀x ∈] − 1, 1[: (arccos /] − 1, 1[)′ (x) =
(cos /]0, π[)′ ◦ (arccos /] − 1, 1[)
1 √
. On rappelle d’un autre coté que, ∀x ∈ [−1, 1] : sin(arccos(x)) = 1 − x2 = cos(arcsin(x)). D’où la
− sin((arccos /] − 1, 1[)(x))
formule de dérivation cherchée.

Pour les fonctions arcsin et arctan, on procède de manière analogue ! [CQFD]

− Dérivation des fonctions logarithméques

Proposition 16
1
1. La fonction logaritme népérienne ln est de classe C 1 sur ]0, +∞[ et que ln′ : x 7→ .
x
1
2. La fonction x 7→ ln(|x|) est de classe C 1 sur chacun des intervalles R∗− et R∗+ et que sa dérivée est : x 7→ .
x
1
3. La fonction logaritme de base a ∈ R∗ \ {1}, loga est de classe C 1 sur ]0, +∞[ et que log′a : x 7→ .
ln(a)x
4. Pour a ∈ R∗ \ {1}, la fonction x 7→ loga (|x|) est de classe C 1 sur chacun des intervalles R∗− et R∗+ et que sa
1
dérivée est : x 7→ .
ln(a)x

Preuve :
1
1. La fonction ln est par définition l’unique fonction dérivable sur ]0, +∞[ qui vérifie ln′ : x 7→
et ln(1) = 0(théorème d’existance
x
1
des primitives d’une fonction continue sur un intervalle qui va se voire plus tard). La fonction x 7→ est continue sur ]0, +∞[.
x
1
Donc la fonction ln est de classe C sur ]0, +∞[.

2. La réguliarité de la fonction ln ◦|.| se déduit donc en utilisant la dérivation de la composée sur chacun des intervalles R∗− et R∗+ .
1
3. Si a ∈ R∗ \ {1}, alors loga = ln. Il suffit donc d’utiliser la dérivation d’une multiplication d’une fonction par un scalaire.
ln(a)
4. Pour la fonction loga ◦|.|, on peut utiliser le point précédent et la dérivation de la composée. On peut aussi voir que cette fonction
1
est égale à ln ◦|.| et utiliser le point 2. et la dérivation de la multiplication d’une fonction par un scalaire. [CQFD]
ln(a)

− Dérivation des fonctions exponnentielles

Proposition 17

1. La fonction exponnentielle népérienne exp : x 7−→ ex est de classe C 1 sur R et que exp′ = exp.

2. La fonction exponnentielle de base a > 0, expa : x 7−→ ax est de classe C 1 sur R et que exp′a = ln(a) expa .

Preuve : Si on accepte les formules de dérivation des fonctions logarithmiques, on établit facilement les formules de dérivations des
fonctions exponnentielles en utilisant la formule de la dérivée de la fonction réciproque d’une fonction(théorème 8). [CQFD]

− Dérivation des fonctions puissances à exposants réels

Proposition 18 (Dérivation des fonctions puissances à exposants réels quelconques)


Pour tout α ∈ R, la fonction fα : x 7−→ xα = exp(α ln(x)), définie sur ]0, +∞[ est de classe C 1 sur ]0, +∞[ et
que sa fonction dérivée est fα′ : x 7−→ αxα−1 .

Preuve :Il suffit d’utiliser la règle de dérivation de la composée des fonctions. [CQFD]

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− Dérivation des fonctions hyperboliques

Proposition 19

1. La fonction ch est de classe C 1 sur R et que ch′ = sh.

2. La fonction sh est de classe C 1 sur R et que sh′ = ch.


1
3. La fonction th est de classe C 1 sur R et que th′ = 1 − th2 = .
ch2

Preuve : Imédite, puisque ces fonctions s’écrivent en formes simples à l’aide de la fonction exp. [CQFD]

− Dérivation des fonctions hyperboliques réciproques

Proposition 20
1
1. La fonction argch est de classe C 1 sur ]1, +∞[ et que argch′ : x 7→ √ .
x2 −1
1
2. La fonction argsh est de classe C 1 sur R et que argsh′ : x 7→ √ .
2
x +1
1
3. La fonction argth est de classe C 1 sur ] − 1, 1[ et que argth′ : x 7→ .
1 − x2

Preuve : Repose sur le théorème de dérivabilité de la fonction réciproque(théorème 8) et de la proposition précédente. [CQFD]

7 Dérivation des composées à gauche par des fonctions usuelles

Proposition 21
Soit f : I −→ K une fonction numérique dérivable sur un intervalle non trivial I. Alors, on a :

1. La fonction exp(f ) est dérivable sur I et que sa dérivée est : f ′ exp(f ).


f′
2. Si f réelle et ∀x ∈ I : f (x) > 0, alors la fonction ln(f ) est dérivable sur I et que sa dérivée est : .
f
f′
3. Si f réelle et ∀x ∈ I : f (x) ̸= 0, alors la fonction ln(|f |) est dérivable sur I et que sa dérivée est : .
f
(Re(f ) × Im(f ))′
4. Si ∀x ∈ I : f (x) ̸= 0, alors la fonction ln(|f |) est dérivable sur I et que sa dérivée est : .
|f |2
5. Si n ∈ N, alors la fonction f n est dérivable sur I et que sa dérivée est : nf n−1 f ′ (nulle si n = 0).

6. Si ∀x ∈ I : f (x) ̸= 0 et n ∈ Z, alors la fonction f n est dérivable sur I et que sa dérivée est : nf n−1 f ′ .

7. Si ∀x ∈ I : f (x) > 0 et α ∈ R, alors la fonction f α est dérivable sur I et que sa dérivée est : αf α−1 f ′ .
√ f′
8. Si ∀x ∈ I : f (x) > 0, alors la fonction f est dérivable sur I et que sa dérivée est : √ .
2 f
√ f′
9. Si ∀x ∈ I : f (x) > 0 et n ∈ N∗ , alors la fonction n f est dérivable sur I et que sa dérivée est : p .
n n f n−1
Tous ces points s’étendent de manière naturelle en un point a ∈ I et lorsque f est de classe C 1 sur I(ou en a).

Preuve : Dans seulement, le cas f réelle qu’on peut appliquer la règle de dérivation de la composée de fonctions(proposition 7). En
effet, la fonction droite de la composée doit être à valeurs réelles et celle gauche doit être à variable réelle. Mais, par exemple, la fonction

f n (pour n ∈ N) figurant dans la proposition lorsque f complexe est la composée g ◦ f , où g : C −→nC, qu’est à variable complexe.
z7−→z

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Le cas complexe doit se se redémontré de manière directe et si simple parfois de se ramener aux parties réelles et imaginaires. On laisse

au lecteur de traiter les cas complexes dont il voit simple à traiter !

Pour le cas réel, on va démontrer ici seulement les point 3. et 4. Les autres sont imédiats.

Pour le popint 3. : Puisque ∀x ∈ I, f (x) ̸= 0 et f continue suer I(puisque c’est dérivable), alors le TVI montre que f garde un signe

constant non nul sur I. Donc (Cas1 : ∀x ∈ I, f (x) > 0) ou (Cas2 : ∀x ∈ I, f (x) < 0). Dans le ”Cas1”, ln(|f |) = ln(f ) partout sur I et

dans le ”Cas2”, ln(|f |) = ln(−f ) partout sur I. Il ne suffit qu’utiliser le point 2. ci-dessus.
√ 1
Pour le popint 4. : Notons u = Re(f ) et v = Im(f ) de sorte que f = u + iv et |f | = u2 + v 2 . Donc ln(|f |) = ln u2 + v 2 . Comme

2
f est dérivable sur I, alors u et v le sont. Par conséquent, g = u2 + v 2 est dérivable sur I et que ∀x ∈ I, g(x) > 0. Il suffit donc

d’appliquer le point 1. à la fonction g. [CQFD]

Corollaire 5

1. Soit n ∈ N tel que n ⩾ 2 et P une fonction polynômiale qui n’a pas de racines réelles ou une fonction
rationnelle qui n’a pas de racines et de pôles réels. Alors P est bien définie et garde un signe constant non
√ √
nul sur R. Si ∀x ∈ R : P (x) > 0, alors les fonctions irrationnelles P et n P sont de classe C 1 sur R.

2. Soit n ∈ N tel que n ⩾ 2 et P une fonction polynômiale ou rationnelles de racines et pôles réelles
a1 , a2 , . . . , ap supposées rangées de la manière a0 = −∞ < a1 < a2 < · · · < ap < +∞ = ap+1 . Alors
P est bien définie et garde un signe constant non nul sur tout intervalle ]ak , ak+1 [, où k ∈ J0, pK. De plus,
√ √
pour tout k ∈ J0, pK tel que ∀x ∈ ]ak , ak+1 [ : P (x) > 0, les fonctions irrationnelles P et n P sont de classe
C 1 sur ]ak , ak+1 [.

Preuve : Le fait que P garde un signe constant non nul sur l’intervalle indiqué provient du TVI appliqué à une fonction continue qui
ne s’annulle pas sur un intervalle(Chap continuité). Le reste de la preuve découle en utilisant les points 8 et 9 de la proposition ci-dessus.

[CQFD]

Remarque 13
Si a racine de la fonction polynômiale ou fractionnelle P et P positive au voisinage(ou à gauche ou à droite) de
√ m
a, alors n P , est dérivable ou non en a(ou en a− ou en a+ ) selon que ⩾ 1 ou non, où m est la multiplicité
n
de a dans P .

8 Dérivation élevée d’une fonction numérique - Fonction de classe C k

8.1 Définitions et propriétés

Définition 8 (Fonction dérivée seconde-Fonction de classe C 2 )


Soit f : I −→ K une fonction définie sur un intervalle on trivial I de R.

1. 
On dit que f est deux fois dérivable(ou dérivable à l’odre 2) sur I si :
 (i) f est dérivable sur I ;
.
 (ii) La fonction f ′ est dérivable sur I .
Le cas échéant, la fonction (f ′ )′ se note par f ′′ ou par f (2) .

2. Si de plus la fonction f ′′ est continue sur I, alors la fonction f est dite de classe C 2 sur I.

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Définition 9 (Dérivation locale seconde-Fonction de classe C 2 en un point)


Soit f : I −→ K une fonction définie sur un intervalle on trivial I de R et a ∈ I.

1. 
On dit que f est deux fois dérivable(ou dérivable à l’odre 2) en a, s’il existe un voisinage U de a tel que :
 (i) f est dérivable sur I ∩ U ;
.
 (ii) La fonction f ′ (définie sur I ∩ U ) est dérivable en a .
Le cas échéant, le nombre (f ′ )′ (a) se note par f ′′ (a).

2. Si de plus U est telle que f est deux fois dérivable sur I ∩ U et que la fonction f ′′ (définie sur I ∩ U ) est
continue en a, alors f est dite de classe C 2 en a.

Définition 10 (Fonction dérivée à ordres élevés-Fonction de classe C k )


Soit f : I −→ K une fonction définie sur un intervalle on trivial I de R. On définit les fonc-
tions
 dérivées à ordres élevés de f sur I dont on note par f (k) de la manière récurrente suivante :
(0)
 (i) On pose f = f ;


(ii) On supposse qu’à un ordre j ⩾ 1, la fonction f (j−1) a été définie sur I. .

 ′
Si la fonction f (j−1) est dérivable sur I, alors on pose f (j) = f (j−1) .

Si à un ordre k ∈ N, la fonction f (k) est bien définie, alors on dit que la fonction f est k fois dérivable(ou est
dérivable à l’ordre k) sur I. Et si de plus, f (k) est continue sur I, alors f est dite de classe C k sur I.

Définition 11 (Dérivation locale à ordres élevés-Fonction de classe C k en un point)


Soit f : I −→ K une fonction définie sur un intervalle on trivial I de R, a ∈ I et k ∈ N∗ .

1. 
On dit que f est k fois dérivable(ou est dérivable à l’ordre k) en a, s’il existe un voisinage U de a tel que :
 (i) f est dérivable sur I ∩ U à l’ordre k − 1 ;
.
 (ii) La fonction f (k−1) (définie sur I ∩ U ) est dérivable en a .
′
Le cas échéant, le nombre f (k−1) (a) se note par f (k) (a).

2. Si de plus U est telle que f est k fois dérivable sur I ∩ U et que la fonction f (k) (définie sur I ∩ U ) est
continue en a, alors f est dite de classe C k en a.

Remarque 14
— f est dérivable à l’ordre 0 en a (ou sur I) signifie que f est bien définie en a (ou sur I).
— f est de classe C 0 en a (ou sur I) signifie que f est bien définie et continue en a (ou sur I).
— Si dans les définitions 9 et 11, a est à l’extrimité gauche(ou droite), alors les dérivations locales élevées
en a se dites les dérivées élevées à droite(ou gauche) de a.

Proposition 22
Soit f : I −→ K une fonction définie sur un intervalle on trivial I de R, a ∈ I et k ∈ N. Alors on a :

1. Si f est k fois dérivable sur I (ou en a), alors pour tout j ∈ J0, kK, f est j fois dérivable sur I (ou en a).

2. Si f est de classe C k sur I (ou en a), alors pour tout j ∈ J0, kK, f est de classe C j sur I (ou en a).

3. Si f est k fois dérivable sur I (ou en a), alors pour tout j ∈ J0, kJ, f est de classe C j (en particulier de
classe C k−1 , si k ⩾ 1) sur I (ou en a).

Preuve :

21
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1. Ce point est imédiat d’après la construction récurrentes des dérivées successives(définitions 10 et 11).

2. Ce point est imédiat d’après la construction récurrentes des dérivées successives(définitions 10 et 11).

3. Supposons que f est k fois dérivable sur I (respectivement en a) et soit j ∈ J0, k − 1K. Alors k − 1 ⩾ 0 et d’après le point 1,
f (k−1) est dérivable sur I (respectivement en a). La proposition 4 implique que f (k−1) est continue sur I (respectivement en a).
Donc f est de classe C k−1 sur I (respectivement en a). Le point 2 implique que f est de classe C j sur I (respectivement en a).
[CQFD]

Proposition 23 (Formule de dérivées itirées)


Soit f : I −→ K une fonction définie sur un intervalle on trivial I de R, a ∈ I et p, q ∈ N. Alors les propositions
suivantes sont équivalentes :

1. f est p + q fois dérivable (ou de classe C p+q ) sur I(respectivement en a) .

2. f est p fois dérivable (ou de classe C p ) sur I(respectivement en a) et f (p) est q fois dérivable (ou de classe
C q ) sur I(respectivement en a) .

3. f est q fois dérivable (ou de classe C q ) sur I(respectivement en a) et f (q) est p fois dérivable (ou de classe
C p ) sur I(respectivement en a) .
(q) (p)
Le cas échéant, f (p) = f (p+q) = f (q) sur I(respectivement en a).

Preuve : Repose (avec si besoin des récurrences) sur la manière de construction des dérivées successives (définitions 10 et 11) et la
prposition précédente. [CQFD]

Proposition 24 et définition(Dérivabilité à l’ordre k = +∞ - Fonction de classe C +∞ )


Soit f : I −→ K une fonction définie sur un intervalle on trivial I de R et a ∈ I. Alors les propositions suivantes
sont équivalentes :
(i) ∀k ∈ N : f est dérivable à l’ordre k sur I (respectivement en a).
(ii) ∀k ∈ N : f est de classe C k sur I (respectivement en a).
Le cas échéant, on dit que f est fois dérivable à l’ordre k = +∞(ou indéfiniment dérivable) sur I (respectivement
en a). On dit aussi que f est de classe C +∞ sur I (respectivement en a).

Preuve :
− Le sens (ii) =⇒ (i) est imédiat d’après la définition des fonctions de classe C k , pour les k ∈ N.

− Pour le sens (i) =⇒ (ii) : Soit k ∈ N. Alors f est dérivable à l’ordre k + 1 sur I (respectivement en a)(on a implicitement supposé
le point (i)). Donc la fonction f (k) est dérivable sur I (respectivement en a). Par suite f (k) est continue sur I (respectivement en
a) (c’est grâce à la proposition 4). Donc f est de classe C k . Ceci étant pour tout k ∈ N, alors le point (ii) est établi. [CQFD]

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8.2 Opérations sur les dérivées élevées - Formule de Leibniz

Proposition 25 (opérations usuelles sur les fonctions dérivées élevées)


Soit f, g : I −→ K deux fonctions dérivables à l’ordre k(ou de classe C k ) sur un intervalle on trivial I de R,
λ, δ ∈ R et k ∈ N.

1. La fonction f + g est dérivable à l’ordre k(ou de classe C k ) sur I et que (f + g)(k) = f (k) + g (k) .

2. La fonction λf est dérivable à l’ordre k(ou de classe C k ) sur I et que (λf )(k) = λf (k) .

3. La fonction λf + δg est dérivable à l’ordre k(ou de classe C k ) sur I et que (λf + δg)(k) = λf (k) + (δg)(k) .

4. La fonction f × g est dérivable à l’ordre k(ou de classe C k ) sur I et on a la formule de Leibiz ci-dessous.
1
5. Si de plus ∀x ∈ I, f (x) ̸= 0, alors la fonction est dérivable à l’ordre k(ou de classe C k ) sur I.
f
f
6. Si de plus ∀x ∈ I, g(x) ̸= 0, alors la fonction est dérivable à l’ordre k(ou de classe C k ) sur I.
g

Preuve : Repose sur la manière de construction des dérivées successives (définitions 10 et 11) et sur les opérations usuelles sur les
fonctions dérivables ou de classe C 1 (corollaire 1). Des récurrences sont donc indispensables dans l’élaboration des preuves. [CQFD]

Remarque 15

− La proposition ci-dessus s’étend de manière analogue pour les opérations usuelles sur les dérivées élevées
localement en un point a ∈ I.

− La proposition ci-dessus s’étend de manière analogue pour les opérations usuelles sur les dérivées à l’ordre
k = +∞ sur I (ou en un point a ∈ I).

Proposition 26 (Formule de Leibniz)


Soit f, g : I −→ K deux fonctions dérivables à l’ordre n ∈ N sur un intervalle non trivial I de R(ou en un point
n
X
a ∈ I). Alors on a : (f × g)(k) = Cnk f (k) × g (n−k) sur I(ou en a).
k=0

Preuve : Procéder par récurrence et utiliser la formule de Pascal et la formule de la dérivée du produit de deux fonctions dérivables.
[CQFD]

Proposition 27 (Dérivabilité élévée de la composée)


Soit φ : J −→ R une fonction réelle et f : I −→ K une fonction numérique telle que φ(J) ⊂ I. Soit α ∈ J
et a = φ(α). On suppose que φ dérivable à l’ordre k(ou de classe C k ) en α(ou sur J) et f dérivable à l’ordre
k(ou de classe C k ) en a(ou sur I). Alors f ◦ φ est dérivable à l’ordre k(ou de classe C k ) en α(ou sur J). De plus
∀j ∈ J1, kK ∩ N : (g ◦ f )(j) = ((g ′ ◦ f ) × f ′ )(j−1) en α (ou sur J).

Preuve : Repose sur la manière de construction des dérivées successives (définitions 10 et 11) et sur la prposition de la composée
des fonctions dérivables ou de classe C 1 (proposition 7) et sur la dérivabilité du produit de deux fonctions dérivables ou de classe C 1 . Une

récurrence est donc indispensable dans l’élaboration de la preuve. [CQFD]

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8.3 Le théorème du prolongement en une fonction de classe C k

Théorème 9
Soit f : I −→ K une
 fonction numérique définie sur un intervalle non trivial I, a ∈ I et k ∈ N.
 (i) f dérivable à l’ordre k sur I \ {a} et continue en a(donc sur I) ;

On suppose que : .
 (ii) Pour tout j ∈ J0, kK ∩ N, la limite x→a
 lim f (j) (x) existe et finie .
x∈I\{a}
Alors f est de classe Ck en a
Si de plus dans (i), l’expression ”dérivable à l’ordre k” est remplacée par ”de classe C k ”, alors f est de classe C k
sur tout I.

Preuve : Récurrence en utilisant le théorème 7. [CQFD]

Corollaire 6
Soit f : I \ {a} −→ K une fonction numérique définie sur I \ {a}, a ∈ I et k ∈ N. On suppose que :

 (i) f dérivable à l’ordre k sur I \ {a} ;

.
 (ii) Pour tout j ∈ J0, kK ∩ N, la limite x→a
 lim f (j) (x) existe et finie .
x∈I\{a}
Alors f se prolonge sur I en une fonction de classe C k en a.
Si de plus dans (i), l’expression ”dérivable à l’ordre k” est remplacée par ”de classe C k ”, alors le prolongement
sera de plus de classe C k sur tout I.

Preuve : Découle imédiatement du théorème ci-dessus appliqué à la fonction fe le prolongement par continuité de f en a. [CQFD]

Exercice 5 
 xα , si x > 0 ;
Pour chaque α ∈ R, on pose fα (x) =
 0, si x = 0.
1. Vérifier que pour tout α ∈ R, la fonction fα est de classe C ∞ sur ]0, +∞[ en étabilssant aussi la formule
(n)
de fα (x), pour tout n ∈ N et tout x ∈]0, +∞[.

2. On considère que α ∈ R∗+ . Montrer que pour tout k ∈ N tel que k ⩽ α, la fonction fα est de classe C k sur
(n)
[0, +∞[ et déteminer fα (0) pour tout n ⩽ k.

8.4 Le théorème de la réciproque d’une fonction dérivable à un ordre élevé

Théorème 10 (Dérivabilité élevée de la réciproque d’une fonction)



Soit f une fonction définie sur un intervalle non trivial I de R et à valeurs dans R et soit k ∈ N .
On suppose que f est k fois dérivable(ou de classe C k ) sur I et que ∀x ∈ I : f ′ (x) ̸= 0. Alors f est une bijection
strictement monotone sur I. De plus, la fonction réciproque f −1 est aussi k fois dérivable(ou de classe C k ) sur
 (j−1)
−1
(j) 1
l’intervalle J = f (I) et que f = sur J, pour tout j ∈ J1, kK ∩ N.
f ′ ◦ f −1

Preuve : Récurrence en utilisant le théorème de dérivation de la réciproque d’une fonction dérivable ou de classe C 1 (théorème 8).
[CQFD]

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8.5 Dérivation élevée de quelques fonctions usuelles

Les paragraphes ”Dérivation des fonctions usuelles” et ”Dérivation des composées à gauche par des fonctions
usuelles” peuvent être complétées en remplaçant dans les propositions le caractère ”de classe C 1 ” par le caractère
de classe ”de classe C ∞ ” sauf en quelques cas des fonctions racines nième , puissances et irrationnelles. Plus
précisement, toutes les fonctions usuelles citées dans ces paragraphes et dans le cours ”Limite et continuité”
sont de classe C ∞ sur leurs ensembles de définition sauf les fonctions suivantes :
√ √
— Les fonctions x 7→ x et x 7→ n x (n ⩾ 2) sont définies sur [0, +∞[, de classe C ∞ sur ]0, +∞[ mais ne
sont pas dérivables en 0.
√ p
— Les fonctions x 7→ xr = q xp (r = ∈ Q+, p ∈ N, q ∈ N∗ ) sont définies sur [0, +∞[ et de classe C ∞ sur
q
]0, +∞[. Lorsque r / N, elles ne sont de classe C k en 0 que pour les entiers k ⩽ r.

 xα = exp(α ln(x)), si x > 0 ;
— Les fonctions x 7→ , où (α ∈ R+) sont définies sur [0, +∞[ et de classe
 0, si x = 0.
C ∞ sur ]0, +∞[. Lorsque α ∈/ N, elles ne sont de classe C k en 0 que pour les entiers k ⩽ α.
√ √
— Les fonctions irrationnelles P et n P (n ⩾ 2), où P est polynômiale ou fractionnelle, sont définies sur
R privé des pôles de P et sont de classe C ∞ sur tout intervalle qui ne contient aucune racine ou pôle de
P . Si a est une racine de P et P est positive au voisinage(ou à gauche ou à droite) de a, alors la fonction
√ m
n
P n’est de classe C k en a que pour les entiers k ⩽ , où m est la multiplicité de la racine a dans P .
n

Exercice 6 (Quelques dérivées successives classiques)


n−1
Y
On adopte la notation Anα = α(α − 1) . . . (α − (n − 1)) = (α − k), pour tout (α, n) ∈ R × N.
k=0
Soit n ∈ N et α ∈ R. Montrer les formules des dérivées successives classiques suivantes :

1. (x 7→ xα )(n) = x 7→ Anα xα−n sur ]0, +∞[.

2. (x 7→ (1 + x)α )(n) = x 7→ Anα (1 + x)α−n sur ] − 1, +∞[.


(n)
(−1)n n!

1
3. x 7→ = x 7→ sur ] − 1, +∞[ (et sur ] − ∞, −1[).
1+x (1 + x)n+1
(−1)n−1 (n − 1)!
4. (x 7→ ln(1 + x))(n) = x 7→ sur ] − 1, +∞[, (ici n ∈ N∗ ).
(1 + x)n
5. exp(n) = exp sur R.
 π
6. cos(n) = x 7→ cos x + n sur R.
2
 π
7. sin(n) = x 7→ sin x + n sur R.
 2
 ch , si n est pair ;
8. ch(n) = , sur R.
 sh , sinon .

 sh , si n est pair ;
9. sh(n) = , sur R.
 ch , sinon .

Note : Ces formules peuvent s’utiliser pour trouver ce qu’on appelera les formules de Taylor des fonctions
usuelles(un chapitre qui viendrait plus tard).

Réponse : On procède par récurrence sur n en se reposant sur les formules des dérivées à l’ordre 1 des fonctions usuelles. [CQFD]

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