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Presque un Homme

82. Si vous êtes une jeune femme; consacrez votre moralité. Si vous êtes
un jeune homme, consacrez votre moralité, consacrez votre esprit, consacrez
vos pensées, consacrez votre coeur, consacrez votre âme, consacrez tout
ce que vous êtes et laissez Christ oeuvrer au travers de cela. Comme c’est
glorieux ! Vous avez des rivières à traverser, vous avez des–des ponts à
traverser, vous avez des–vous avez des bruyères, vous avez des fourrés, vous
avez des forêts, vous avez des lieux obscurs, vous avez de hautes collines,
vous avez de hautes montagnes. Et que faites-vous ? L’un de ces jours vous
vous tiendrez certainement là, vous regarderez en arrière et vous verrez d’où
vous êtes venus et vous serez jugés d’après la voie que vous aurez suivie.
Centrez votre–tout votre, tout votre esprit ainsi que toutes vos pensées sur
cette Etoile polaire, le Centre de Dieu, et ne vous En éloignez pas. Tenez-
vous-en juste à cela. Elle vous conduira exactement comme Elle a conduit les
mages, directement à Christ.
141. Que ces femmes qui sont ici ce soir, Seigneur, et qui éprouvent des
difficultés pour s’empêcher de suivre le train du monde, que leurs cheveux
poussent, et qu’elles s’habillent comme des dames, et qu’elles ôtent leur
maquillage et tous ces trucs, ces choses artificielles, qui montrent… Cela–
cela prouve en quelque sorte qu’elles ne sont pas en bonne santé, et le…
qu’il–qu’il–qu’il y a quelque chose qui cloche. Et puisse ce soir cette petite
Lumière mystique, Seigneur, qui les a poussés à lever leur main… puissent-ils
dire : « Seigneur, je me détourne des choses du monde ce soir. »
142. Ces hommes qui n’avaient pas eu la–la–la chose véritable qui ferait
qu’ils soient en mesure de parler à leurs femmes et les amener à se détourner
[de leurs voies] et des choses qu’elles font. Puissions-nous tous ensemble,
Seigneur, prendre simplement un autre chemin ce soir, étant avertis par Dieu,
par ce petit Message inhabituel de–de la Lumière de Dieu qui frappe nos
coeurs. Puissions-nous prendre un autre chemin ce soir et–et vivre pour Toi
le reste de nos jours, aller–rentrer chez nous avec Toi par un autre chemin
que celui que nous avions emprunté jusqu’ici. Accorde-le, Seigneur. Fais de
nous de meilleurs chrétiens, chaque chrétien qui est ici ce soir, Père, qui T’a
accepté et qui croit en Toi. Aussi, ont-ils essayé de mener une vie chrétienne;
mais qu’ils prennent un autre chemin ce soir, qu’ils reçoivent ce Don.
LES DONS DE DIEU TROUVENT TOUJOURS LEURS PLACES
JEFFERSONVILLE IN USA Dim 22.12.63
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Presque un Homme

PREFACE

Après ces choses, il arriva que la femme de son maître porta les yeux sur
Joseph, et dit: Couche avec moi!
Il refusa, et dit à la femme de son maître: Voici, mon maître ne prend avec
moi connaissance de rien dans la maison, et il a remis entre mes mains tout
ce qui lui appartient.
Il n’est pas plus grand que moi dans cette maison, et il ne m’a rien interdit,
excepté toi, parce que tu es sa femme. Comment ferais-je un aussi grand
mal et pécherais-je contre Dieu?
Quoiqu’elle parlât tous les jours à Joseph, il refusa de coucher auprès
d’elle, d’être avec elle.
Un jour qu’il était entré dans la maison pour faire son ouvrage, et qu’il n’y
avait là aucun des gens de la maison,
Elle le saisit par son vêtement, en disant: Couche avec moi! Il lui laissa son
vêtement dans la main, et s’enfuit au dehors.
(Ge. 39 : 7-12)

Je dédie la lecture de ce livre aux parents, et en particulier aux


jeunes garçons, qui dans ce 21ème siècle sont rongés par une
culture saturée des expositions sexuelles, et bombardée par toutes
sortes d’informations immorales et polluantes à travers les médias,
les journaux, les photos et ainsi de suite.
Cet environnement a amené la légalisation ou l’institutionnalisation
de la prostitution, de l’impudicité et de toutes sortes de vices au
mépris des valeurs morales et des normes standards bibliques,
humaines et chrétiennes.
Aujourd’hui la norme est devenue : tout le monde le fait pourquoi
pas moi ? Et comment je le saurais si je n’essaie pas ? Comme
au temps des Juges, où la Bible nous dit qu’après Josué, il eut
une génération qui ne connaissait pas Dieu, ni ce qu’Il a fait pour
Israël.
Aujourd’hui notre jeunesse ne connait pas Dieu et ne cherche pas
assez à Le connaître à travers des voies et moyens licites. Et
elle a oublié les valeurs chrétiennes comme la patience, la piété,
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Presque un Homme

la tempérance, le véritable amour et le respect. Alors nous avons à


nous poser la question : Quel sera l’avenir de notre jeunesse, et en
conséquence nos familles, nos églises et communautés.
C’est pourquoi j’ai pensé recommander la lecture de ce livre et
d’autres qui pourront encore venir. Recommander ce livre à tout
enfant de Dieu, à ce petit reste des jeunes qui ont encore l’amour
de Dieu dans leur cœur, le respect et l’honneur pour leurs parents et
famille, afin de les aider à connaître et à comprendre leur identité,
leur responsabilité, et comprendre leur destin en ce jour sombre.
Puissent-ils être armés de courage, d’abnégation avec une vision saine
du présent et leur rôle dans l’avenir. Et de s’efforcer à s’identifier
à Phinée, Joseph, Daniel, Schadrac, Méschac et Abed-Négo et
d’autres saints et croyants dans la Bible et dans les âges de l’église.
Et à la limite s’identifier à Samson qui, à cause de l’environnement,
a méprisé les conseils de ses parents et s’est éloigné de la vocation
que Dieu lui a adressée, et il est devenu un sujet de moquerie pour
les Philistins. Mais qui à la fin, s’étant retourné vers Dieu, il a dit
dans sa repentance : « Encore une fois seulement Seigneur, j’aimerai
mourir avec les Philistins. »
Que le Seigneur accorde une grâce tout à fait spéciale à nos jeunes,
afin qu’ils comprennent la grande responsabilité pour les jours à
venir.
Et à la fin de la lecture de ce livre, qu’ils puissent réfléchir à
cette Ecriture, Proverbes 6.20-35. Et qu’ils pensent à ces paroles
mémorables dites au prophète William Marrion Branham : « Ne
fume pas, ne bois pas, ne souille ton corps d’aucune manière, car
J’ai un travail à faire avec toi quand tu seras grand. »
Qui sait si toi aussi, Dieu a une vocation, Dieu a un appel pour toi
dans les jours à venir. Et que ta consécration, ton amour pour Dieu
laissera à Dieu l’opportunité d’accomplir Son dessein dans ta vie.
Et Dieu dira comme il était dit à David : « J’ai trouvé David, un
homme, selon Mon cœur, qui accomplira toute Ma volonté. »
Que le Seigneur vous bénisse dans la lecture de ce livre.

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Presque un Homme

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Presque un Homme

PRESQUE UN HOMME
par
MARY WOOD-ALLEN M. D.

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Presque un Homme

PRÉLUDE

Deux garçons avaient traversé la prairie ensoleillée de l’enfance et se


tenaient près de la porte, à l’entrée des chemins plus accidentés de la
jeunesse menant aux sommets plus élevés de la maturité. Ils jetèrent
un coup d’oeil en arrière, mais pas avec regret, car leurs yeux brillaient
d’impatience de gravir le chemin. Pendant qu’ils attendaient, un ange vint
apportant un don pour chacun d’eux, qu’il leur remit en disant : « Je vous
ai apporté un don merveilleux, qui n’est pas pour vous-mêmes mais pour
les autres. Écoutez. »
Et ils baissèrent la tête et écoutèrent. Et l’un d’eux dit : « J’entends la
musique la plus envoûtante. Cela me ravit. C’est pour moi, pour moi. »
Mais l’ange dit : « Écoute encore. Ferme les oreilles à ces sons enivrant et
tu entendras une musique plus profonde et plus sacrée. »
Mais le jeune garçon dit : « Non, je n’entends que cette mélodie qui parle
à mon cœur. Je n’entends rien d’autre. »
L’autre jeune prit aussi le don et, inclinant la tête sur l’ordre de l’ange, dit
: «J’entends cette douce musique envoûtante qui me parle, me promettant
du plaisir ; mais plus profondément que tout cela, j’entends un son doux,
harmonieux et grave, qui résonne comme des voix d’enfants heureux et
d’une mère qui chante pour son bébé. »
L’ange sourit. « C’est pour eux, dit-il, que tu dois garder ton don. Et dans
les années à venir, cette musique sera pour toi la plus douce du monde. »
Les jeunes se mirent donc en route sur les sentiers détournés du pays
vallonné de la jeunesse. Il y avait des chants d’oiseaux et des fleurs ; il
y avait des chemins clairs et des chemins sombres ; il y avait de petits
chemins ensoleillés qui se terminaient dans des forêts de rêve ; il y avait
des pièges dans des endroits inattendus ; il y avait souvent de la tristesse
là où ils cherchaient la joie, et l’échec là où ils s’attendaient au succès. Et
l’un écoutait souvent la musique envoûtante de son don angélique, et il

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Presque un Homme

était amené à ne penser qu’à lui-même, et son œil perdait son éclat, ses
pieds trébuchaient souvent, et les jours et les nuits ne lui faisaient aucun
plaisir.
Alors qu’il atteignait les sommets de la maturité, il rencontra une créature
scintillante qui sourit très joyeusement quand il lui offrit son amour, et elle
dit triomphalement : « Je me suis gardée pure pour toi » ; et lui, connaissant
ses sombres secrets, ne put répondre, mais se contenta de baisser la tête
et de garder silence. Et, ainsi silencieux, il n’entendait plus la musique
enivrante de sa jeunesse, mais au lieu de cela, il lui vint aux oreilles le
bruit des sanglots d’une femme au cœur brisé, et les pleurs d’enfants
se lamentant au sujet du droit d’aînesse qui leur avait été perdu dans la
jeunesse rebelle de leur père. Et l’homme dit en soupirant :
« Ô si j’avais encore mon innocence,
Mon honneur intact ! Mais mon souhait est vain. »
Mais l’autre garçon fit la sourde oreille à la musique qui enivre le cerveau,
et il écouta avec son âme les mélodies heureuses du futur. Et son œil
devenait plus brillant et sa force augmentait et ses voies étaient droites et
pures, et alors qu’il s’approchait des sommets de la maturité, il rencontra
quelqu’un dont la robe brillait d’éclat et qui murmura : « Je me suis gardée
pure pour toi. »
Et il répondit avec joie : « Et moi pour toi » ; et ainsi leurs vies devinrent
une, et la mélodie des voix d’enfants heureux se rapprocha de plus en plus,
et il entendit la douce voix de la mère chantant à son bébé, et il contempla
les visages lumineux et roses qui, à chaque regard et geste, le remerciaient
pour leur don naturel de santé et d’honneur ; il bénit le grand Créateur de
Qui il avait reçu le don merveilleux d’une paternité potentielle, et il rendit
grâces d’avoir écouté sagement la voix de l’ange lui ordonnant de garder
son don pour ceux dont la vie, dans les années à venir, devraient être sa
possession la plus sacrée.

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Presque un Homme

CONSEIL AUX JEUNES


Proverbes 2.1-22
Mon fils, si tu reçois mes paroles, et si tu gardes avec toi mes préceptes,
Si tu rends ton oreille attentive à la sagesse, et si tu inclines ton coeur
à l’intelligence; Oui, si tu appelles la sagesse, et si tu élèves ta voix
vers l’intelligence, Si tu la cherches comme l’argent, si tu la poursuis
comme un trésor, Alors tu comprendras la crainte de l’Éternel, et tu
trouveras la connaissance de Dieu.
Car l’Éternel donne la sagesse; de sa bouche sortent la connaissance
et l’intelligence; Il tient en réserve le salut pour les hommes droits, Un
bouclier pour ceux qui marchent dans l’intégrité, En protégeant les
sentiers de la justice et en gardant la voie de ses fidèles.
Alors tu comprendras la justice, l’équité, la droiture, toutes les routes
qui mènent au bien.
Car la sagesse viendra dans ton coeur, et la connaissance fera les délices
de ton âme; La réflexion veillera sur toi, l’intelligence te gardera,
Pour te délivrer de la voie du mal, de l’homme qui tient des discours
pervers, De ceux qui abandonnent les sentiers de la droiture afin de
marcher dans des chemins ténébreux, Qui trouvent de la jouissance
à faire le mal, qui mettent leur plaisir dans la perversité, Qui suivent
des sentiers détournés, et qui prennent des routes tortueuses; Pour
te délivrer de la femme étrangère, de l’étrangère qui emploie des
paroles doucereuses,
Qui abandonne l’ami de sa jeunesse, et qui oublie l’alliance de son
Dieu; Car sa maison penche vers la mort, et sa route mène chez les
morts: Aucun de ceux qui vont à elle ne revient, et ne retrouve les
sentiers de la vie.
Tu marcheras ainsi dans la voie des gens de bien, tu garderas les
sentiers des justes.
Car les hommes droits habiteront le pays, les hommes intègres y
resteront;

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Presque un Homme

CONSEIL AUX JEUNES


Proverbes 5.1-23
Mon fils, sois attentif à ma sagesse, prête l’oreille à mon intelligence,
Afin que tu conserves la réflexion, et que tes lèvres gardent la
connaissance.
Car les lèvres de l’étrangère distillent le miel, et son palais est plus
doux que l’huile; Mais à la fin elle est amère comme l’absinthe, aiguë
comme un glaive à deux tranchants.
Ses pieds descendent vers la mort, ses pas atteignent le séjour des
morts. Afin de ne pas considérer le chemin de la vie, elle est errante
dans ses voies, elle ne sait où elle va.
Et maintenant, mes fils, écoutez-moi, et ne vous écartez pas des
paroles de ma bouche.
Éloigne-toi du chemin qui conduit chez elle, et ne t’approche pas de
la porte de sa maison, De peur que tu ne livres ta vigueur à d’autres,
et tes années à un homme cruel; De peur que des étrangers ne se
rassasient de ton bien, et du produit de ton travail dans la maison
d’autrui; De peur que tu ne gémisses, près de ta fin, quand ta chair et
ton corps se consumeront,
Et que tu ne dises: Comment donc ai-je pu haïr la correction, et
comment mon coeur a-t-il dédaigné la réprimande?
Comment ai-je pu ne pas écouter la voix de mes maîtres, ne pas prêter
l’oreille à ceux qui m’instruisaient?
Peu s’en est fallu que je n’aie éprouvé tous les malheurs au milieu du
peuple et de l’assemblée.
Bois les eaux de ta citerne, les eaux qui sortent de ton puits.
Tes sources doivent-elles se répandre au dehors? Tes ruisseaux
doivent ils couler sur les places publiques?
Qu’ils soient pour toi seul, et non pour des étrangers avec toi.
Que ta source soit bénie, et fais ta joie de la femme de ta jeunesse,
Biche des amours, gazelle pleine de grâce: Sois en tout temps enivré
de ses charmes, Sans cesse épris de son amour.
Et pourquoi, mon fils, serais-tu épris d’une étrangère, et embrasserais-
tu le sein d’une inconnue?
Car les voies de l’homme sont devant les yeux de l’Éternel, qui
observe tous ses sentiers.
Le méchant est pris dans ses propres iniquités, il est saisi par les liens
de son péché.
Il mourra faute d’instruction, il chancellera par l’excès de sa folie.

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Presque un Homme

PRESQUE UN HOMME
Par Mary Wood-Allen M. D.

1. « Donne-moi ton livre de citations, s’il te plaît. »


« Volontiers, si je peux le trouver. Oh ! je me souviens. Je l’ai donné à
Susie Glenn. Je peux sans doute le trouver dans son pupitre. »
2. Tout en parlant, Mlle Bell se dirigea vers le pupitre et, trouvant
le livre demandé, elle le prit. Une note ouverte s’en échappa et tomba
par terre. En la ramassant, Mlle Bell lut : « Ma chère petite chérie », et
en jetant un coup d’œil à la fin, elle vit la signature : « Carl ». Envoyer
des notes à l’école était interdit, donc Mlle Bell n’avait aucun regret
dans sa conscience de saisir celle-ci, et, sur l’impulsion du moment,
elle la lut à haute voix à Mlle Lane, sa collègue enseignante. Ce
n’était pas seulement un ton sentimental, mais il y avait des phrases
mystérieuses qui semblaient avoir une signification profonde et
pécheresse. Les dames se regardèrent avec des visages abattus.
3. « Que dois-je faire à ce sujet ? », demanda Mlle Bell.
« Quelle profondeur de méchanceté cela révèle ! », s’écria Mlle Lane.
« Qui aurait imaginé qu’un garçon qui a l’air si gentil comme Carl
Woodford pouvait être aussi ignoble ? Et Susie Glenn aussi, une petite
créature qui semble si timide et si modeste. »
4. « Penses-tu que c’est vraiment aussi grave que cela nous
semble l’être ? Ces expressions qui semblent indiquer une telle – une
telle intimité presque criminelle, peut-être qu’ils ne comprennent pas
tout à fait. »
« Détrompe-toi », dit Mlle Lane. « Je t’assure que ces enfants sont plus
avisés dans le péché que nous, adultes, pouvons l’imaginer. Ce garçon

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Presque un Homme

a besoin qu’on le fouette jusqu’à ce qu’il soit à deux doigts de la mort,


le petit débauché ! Je vais lui donner une réprimande qui, pour une
fois, lui ouvrira grandement les yeux. Je lui ferai comprendre qu’il
ferait mieux de ne pas me laisser le surprendre à nouveau dans un tel
méfait. Et j’en parlerai à Mme Glenn pour qu’elle punisse Susie. »
5. « J’ai vraiment peur que le résultat ne soit pas ce que nous
souhaitons. Et si nous allions en discuter avec le Dr Barrett ? Peut-
être qu’elle peut nous dire quoi faire. »
Le Dr Barrett reçut les dames cordialement et elle se déclara disposée
à les aider à résoudre leur problème. Elle ne parut pas aussi choquée
qu’elles, et elle sourit même un peu quand Mlle Lane, d’un ton
indigné, lut à haute voix la note scandalisante.
« Ne pensez-vous pas que ce petit coquin devrait pratiquement être
mis hors d’état de nuire ? » demanda-t-elle en se tournant vers le
Docteur.
6. « Je pense qu’il devrait être instruit », répondit cette dernière.
« Voulez-vous bien me l’envoyer, Mlle Bell ? »
« Avec plaisir, mais je ne crois pas qu’il viendra. »
« Si, il le fera, si vous ne lui faites pas peur au préalable. Ne lui
soufflez pas un seul mot sur l’affaire, mais envoyez-le-moi avec une
note et dites-lui d’attendre une réponse. »
7. Le lendemain soir, Carl apparut à la résidence du docteur avec
la note de la part de Mlle Bell. « Je dois attendre une réponse », dit-
il.
Le Dr Barrett hocha seulement la tête, alors qu’elle écrivait pendant
un moment sans détourner le regard, semblant trop absorbée par
son travail pour lui prêter attention. Puis elle lut la note, réfléchit un
instant, s’excusa et quitta la pièce. Elle revint aussitôt, elle dit : « Il
faudra une demi-heure avant que la réponse ne soit prête. Peux-tu
attendre ? »

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Presque un Homme

« Oh ! certainement. »
8. « Alors assieds-toi ici et feuillette le Youth’s Companion
pendant que je termine ma lettre. »
Pendant quelques instants, il y eut un silence, puis le Docteur, posant
sa plume, se tourna vers le garçon et lui dit aimablement : « C’est toi
Carl Woodford, n’est-ce pas ? »
« Oui m’dame. »
9. « Cela fait si longtemps que je ne t’ai plus vu, au point que tu
as grandi et que je ne te reconnais presque plus. Tu deviens presque
un homme. Tu dois avoir quinze ans. »
« Pas encore. J’aurai quinze ans en juin prochain. »
« Presque un homme », dit doucement le Dr Barrett en regardant
pensivement le feu dans la cheminée. Après un moment de silence,
elle demanda : « Carl, qu’est-ce que c’est, être un homme ? »
10. Le garçon se redressa d’un air gêné, alors qu’il répondit.
« Eh bien ! c’est avoir grandi, et travailler à son propre compte. »
« Bien, ce n’est pas tout à fait cela, dit le Docteur en souriant, car j’ai
grandi et je travaille à mon propre compte, et pourtant je ne suis pas
un homme. »
« Peut-être que cela signifie avoir une moustache », dit Carl, avec une
légère rougeur couvrant son visage.
« Cela a certainement un rapport avec ça, mais Mme Flynn a une
moustache, et elle n’est pas un homme. »
« Bien, alors je ne sais pas comment l’expliquer », dit Carl.
11. « Tu as étudié la grammaire, veux-tu bien analyser le mot
homme ? »
« Homme est un nom commun, genre masculin, troisième… »

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Presque un Homme

« Que veut dire genre masculin ? »


« Cela veut dire mâle. »
« Alors, être un homme veut dire être un mâle. Comment la grammaire
définit-elle le genre ? »
« C’est la distinction des noms par rapport au sexe. »
12. « Avez-vous étudié la physiologie ? »
« Oui, m’dame. »
« Était-ce la physiologie de l’homme ou de la femme ? »
« Eh bien, cela ne parlait de rien d’autre que de la physiologie. »
« Vous n’avez donc étudié que les organes que les hommes et les
femmes ont en commun, comme leurs systèmes musculaire et
nerveux, et les organes de la digestion ; en fait, vous n’avez appris
que les organes qui sont destinés à la préservation de l’individu. Vous
n’avez rien appris sur ceux qui se rapportent au sexe, sur ce qu’on
appelle la physiologie spéciale. »
Une vague colorée recouvrit le visage de Carl ; voyant cela, le Docteur
dit :
13. « Comme vous n’avez jamais étudié cette physiologie spéciale,
en supposant que tu essayes d’oublier que quelqu’un t’a déjà dit
quelque chose à ce sujet, parlons-en quelques minutes comme des lois
de Dieu. Nous croyons que Dieu est pur, et nous ne pouvons pas croire
qu’Il instituerait une loi qui est fondée sur l’impureté. Il est vrai que
nous sommes en mesure de penser à ses lois d’une manière impure,
mais c’est notre faute, pas la sienne. Essayons maintenant d’avoir les
pensées pures que Dieu a. Si le Tout-Puissant a créé deux sexes, Il
devait avoir un dessein pur en les créant. Nous pensons rarement
à quel point la grâce, l’harmonie et la beauté sont attribuables au
sexe. »
14. « C’est grâce au sexe que nous sommes rassemblés en familles

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Presque un Homme

et que nous jouissons de tous les plaisirs du foyer. C’est grâce au


sexe que nous avons des liens de parenté, des frères, des sœurs, un
père, une mère, des oncles, des tantes et des cousins. Pense aux belles
réunions de famille lors de la Noël ou le jour d’Action de Grâces,
ou lors des anniversaires de famille, avec tous les parents, jeunes et
vieux, se rencontrant dans l’amour et la sympathie ; pense au doux
bavardage des enfants à la maison ; pense aux tendres soins de maman
ou de sœur dans les moments de chagrin, de maladie ou de mort, et
rappelle-toi que cela est possible grâce au sexe. Les hommes peuvent
se construire de belles maisons de clubs où ils se rassemblent pour
fumer, boire ou manger ensemble, mais ce ne sont pas des foyers. »
15. « Les femmes peuvent aller seules dans un couvent et
abandonner le monde ; mais en faisant cela, elles abandonnent le foyer.
En effet, dans un vrai foyer, il doit y avoir des parents et des enfants ; et
cela vient par le sexe. Nous pouvons même aller plus loin et dire, avec
M. Grant Allen, que tout ce qui est élevé et ennoblissant dans notre
nature découle directement de la réalité du sexe. Il déclare que « nous
y devons notre amour de la couleur, des formes gracieuses, du son
mélodieux, du mouvement rythmique, l’évolution de la musique, de
la poésie, du roman, de la peinture, de la sculpture, de l’art décoratif,
du divertissement théâtral. De là, dit-il, jaillit l’amour de la beauté,
tous les beaux-arts tournent autour de cela, comme leur centre. Son
arôme subtil imprègne toute la littérature, et nous y devons notre cœur
et tout ce qui s’y trouve de meilleur.»
16. « Nous lisons les récits des chevaliers d’autrefois livrant
combat pour la ‘belle dame’, les récits des héros morts pour sauver
des femmes et des enfants ; on ne peut pas ouvrir un livre de poésie
sans se rendre compte à quel point l’amour des hommes et des femmes
est la source d’inspiration des poètes de tous les âges. Et ce n’est pas
tout ce que nous devons au sexe. Dans toute vie dans la nature, nous
trouvons la même force à l’œuvre. Le chant du rossignol est un appel
à son compagnon ; le chant du grillon, le chant de la grive, la note de
la sauterelle, chaque voix charmante dans la nature sauvage, sont des
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Presque un Homme

notes d’amour ; et sans ces notes d’amour, champ et forêt seraient


silencieux. »
17. « Chez les animaux, on peut établir que la beauté de la forme
et de la fourrure a la même origine. Et même dans le monde inanimé
des plantes et des arbres, nous voyons que le sexe est l’origine de la
vie et de la beauté. Les fleurs aux teintes vives sont les foyers du père,
de la mère et des bébés de la plante, et sans principe mâle et femelle
chez les plantes, il n’y aurait ni bourgeon, ni fleur, ni fruit. Souviens-
toi que, lorsque tu vois la beauté du verger de pommiers au printemps,
et les fruits rougeoyants à l’automne, ils sont l’expression de la vie
sexuelle dans l’arbre. »
18. « Ça alors ! » s’exclama Carl, « Je n’avais jamais pensé à tout
ça auparavant. »
« Je présume que non, et beaucoup qui sont plus âgés que toi n’ont
aucune idée de ce qu’est le sexe, à part ceux qui sont ignobles et viles.
Mais quand tu considères comment le même principe s’étend à toute
la nature, et que ce qui est beau et charmant en dépend tellement,
tu ne peux pas croire qu’il est en soi vil et impie, n’est-ce pas ?
Si nous devons avoir les pensées que Dieu a, nous devons en venir
à considérer le sexe comme quelque chose dont on ne peut penser et
parler qu’avec respect, sans jamais en faire l’objet de plaisanteries, ni
l’avilir de quelque manière que ce soit. Tu commences à comprendre
que l’âge adulte implique plus de choses que tu ne l’avais pensé. »
19. « Mais nous n’avons pas encore abordé toute la question. Tu
as lu le premier chapitre de la Genèse qui montre comment Dieu a
créé l’homme à son image, et l’a tiré de la poussière de la terre. Nous
ne supposons pas qu’Il l’ait créé à partir de la poussière et de l’eau,
comme un enfant fait des pâtés de terre, mais nous pouvons accepter
cela comme une déclaration scientifique que dans l’homme on trouve
les mêmes éléments qui sont dans la terre ; comme le fer, la soude, la
chaux, etc. »
20. « Ce à quoi nous voulons penser maintenant, c’est l’affirmation
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Presque un Homme

que Dieu a créé l’homme directement par Sa puissance. Puis on nous


dit qu’il a fait aussi la femme. Ce sont les premiers êtres humains
vivants dont il nous est parlé. Qui est le troisième ? »
« Caïn. »
« Et qui a créé Caïn ? »
« Dieu », répondit aisément Carl, comme si cela devait être la seule
réponse classique.
« De la même manière qu’il a créé Adam et Eve ? »
Carl rougit et se tut.
21. « Tu n’étais pas embarrassé quand j’ai parlé de la création
d’Adam et Eve, tu n’as aucune raison d’être embarrassé quand je
parle de la création de Caïn. Tout était conforme à la volonté Divine
et doit donc être juste. Nous ne pouvons pas dire formellement que
Dieu pensait ceci ou cela, mais nous avons le droit de nous faire une
idée de Ses desseins à partir de Ses actes. Nous avons le droit de
supposer qu’Il a créé la terre dans l’intention de la peupler d’êtres
humains. Bien sûr, tous les plans possibles pour y parvenir étaient à
Sa portée. Il aurait pu créer chaque individu comme Il a créé Adam,
mais quel aurait été le résultat ? Nous aurions dû nous tenir, chacun
seul, dans une solitude égoïste, comme un tas de quilles(1) , capables
de se renverser les unes les autres, mais pas de s’entraider. Chacun ne
penserait qu’à lui-même et à ses propres intérêts égoïstes. »
22. « Ce plan ne pouvait pas se recommander à un Créateur
compatissant, et nous pouvons imaginer qu’Il se dirait : ‘ Cela ne
marchera jamais. Je dois mettre mes enfants que voici dans une
relation les uns avec les autres telle qu’ils s’aimeront les uns les
autres ; telle qu’ils seront liés par des liens si forts que rien ne pourra
les rompre ; ils doivent être créés de manière à ce qu’ils comprennent
aussi leur relation avec Moi, et à ce qu’ils M’aiment comme Celui qui
leur donne la vie. Pour ce faire, Je partagerai avec eux ma plus grande
(1) Dans le jeu de bowling ; pièce de bois cylindrique qu’on pose verticale-
ment sur le sol, pour
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Presque un Homme

puissance, celle de la création. Je les laisserai M’aider à peupler le


monde. Par cette puissance créatrice, ils en viendront à comprendre
que Moi, leur Père céleste, Je les aime et J’éprouve de l’affection
pour eux ; et comme des enfants qui dépendent de leurs parents, ils
apprendront à compter sur Moi et à Me faire confiance.’ »
23. « D’après le plan que Dieu a adopté pour peupler la terre, nous
pouvons supposer que c’était le processus qu’Il avait dans Sa pensée.
Ainsi, vous voyez que le sexe est un don merveilleux de Dieu, un don
doté d’un pouvoir merveilleux, et par conséquent qui doit être considéré
comme le plus sacré. Quand j’ai dit de toi que tu es presque un homme,
c’est avec la pensée que maintenant ce don du sexe t’est confié. »
24. Carl leva les yeux avec une certaine surprise. « Eh bien, j’ai
toujours été un garçon. »
« C’est vrai. Et un garçon, c’est un être qui deviendra un homme. Mais
il n’est doté des fonctions sexuelles qu’à l’âge d’environ quatorze ans.
Puis le sexe commence à se faire sentir dans tout son être. Il grandit
rapidement. Ses épaules deviennent plus larges. Il commence à voir
apparaître la moustache longtemps désirée. Il remarque la croissance
des organes spéciaux du sexe. Il commence à se sentir plus viril, à
apprécier la compagnie des jeunes filles comme jamais auparavant ; et
il désire les traiter avec plus d’attention. C’est un moment où, s’il est
mal enseigné, il pourrait tomber dans des fautes graves et se faire
du mal, et non seulement ça, mais aussi à ceux qui doivent venir
après lui. Je ne t’ai pas encore parlé de grandes responsabilités
qui accompagnent ce don du sexe. »
25. Le Dr Barrett se leva et ramenant un
livre tiré des étagères, l’ouvrit et montra à
Carl une illustration en disant : « As-tu déjà
vu une telle image ? »
« Qu’est-ce que c’est ? », demanda-t-il. « On
dirait des têtards. »
« C’est tout à fait comme des têtards. Mais ce ne sont pas des têtards. Ils
- 17 -
Presque un Homme

ont un nom plus particulier que ça. On appelle ça des spermatozoïdes,


ou au singulier on dit un spermatozoïde. Ils sont si petits qu’ils ne
sont visibles qu’à l’aide d’un microscope, et pourtant ils sont vivants
et très actifs. Ils vivent et se déplacent dans un fluide qu’on appelle
le sperme, et ils sont le principe vivant que le mâle apporte dans la
formation d’une nouvelle créature. Chacun contient en soi tous les
traits, caractéristiques ou talents particuliers, que le père transmet à
l’enfant dont ce spermatozoïde fait partie. Tu es comme ton père dans
certaines choses, je suppose. »
26. « Oui, je suis comme papa par sa taille et par mon amour des
mathématiques. Il dit que j’ai aussi son tempérament vif. »
« Cela m’amène à parler d’un autre fait. Tu vois que tu faisais partie de
ton père pendant toute sa vie, et que tu as été influencé par tout ce qui
l’a influencé. Tu as été changé ou transformé par ses habitudes. S’il a
essayé de dominer son tempérament vif, c’est plus facile pour toi de
te maîtriser ; mais s’il l’a laissé avoir une domination totale, cela te
complique la tâche. S’il était véridique et honnête, cela te facilite de
l’être également ; mais s’il était turbulent et débauché, il te sera plus
facile de succomber aux mêmes tentations. »
27. « Était-ce de cela qu’il voulait parler quand il a dit qu’il n’était
pas surpris que Will Gray soit un si mauvais garçon, parce que dans
sa jeunesse son père était très turbulent ? »
« Oui, c’était exactement ce qu’il voulait dire. »
« Si tel est le cas, pourquoi les pères n’en parlent-ils pas à leurs
garçons, pour qu’ils se comportent mieux lorsqu’ils sont jeunes ? »
« C’est ce que je pense qu’ils devraient faire, mais malheureusement,
les gens pensent qu’ils ne doivent pas parler de ces choses aux jeunes,
de peur que cela ne les rende pervers plutôt que vertueux. »
28. « Eh bien, je suppose que cela dépend de la façon dont ils
en parlent. Maintenant, ils ne disent pas les choses correctement, ils
laissent plutôt qu’on informe les garçons d’une mauvaise manière, et
- 18 -
Presque un Homme

cela les conduit vraiment à devenir pervers. Personne ne m’a jamais


parlé comme vous l’avez fait ce soir, et je suis sûr que cela me donne
le désir d’être meilleur. »
29. « C’est cela qui devrait être le résultat, et je pense que ce
serait le cas si les garçons étaient seulement
‘bien informés’, comme tu le dis. Mais je ne
t’ai dit que la moitié de l’histoire. Voici une
autre image. On appelle cela les ovules. Au
singulier c’est un ovule, et c’est le principe
que la mère donne au futur enfant. Ils sont
fortement agrandis. Il en faudrait en mettre
240 côte à côte pour constituer une rangée
d’un pouce (soit 2,54 cm) de long, raison pour laquelle on dit alors
qu’ils mesurent 1⁄240e pouce de diamètre, mais aussi minuscules
soient-ils, chaque ovule contient tous les traits ou talents que la mère
transmet à l’enfant dont cet ovule particulier peut faire partie. Ta
mère est anglaise ; ton père, américain. Ils ont passé leur enfance et
leur jeunesse à deux endroits distants l’un de l’autre de milliers de
kilomètres, et pourtant ils travaillaient tous deux, avec les habitudes
de leur vie, pour t’engendrer avec tes traits et tes talents particuliers.
Es-tu comme tes parents dans leurs aptitudes ? »
30. « Oui, je suis comme maman dans son amour de la musique ;
vous savez qu’elle est une excellente musicienne. »
« Oui, et en cultivant son aptitude musicale, elle t’a facilité
l’apprentissage de la musique ; tout comme ton père, avec ses études
d’ingénieur, t’a donné un amour pour les mathématiques. »
« Et mon grand-père et mon arrière-grand-père étaient ingénieurs, et
je vais en être aussi un. »
31. « Il est vrai que tu hérites de tes grands-parents aussi, mais
ce doit être par l’intermédiaire de tes parents, et ils ont peut-être
changé l’orientation de l’héritage. C’est un fait important que tu dois

- 19 -
Presque un Homme

garder à l’esprit. Tu peux te transformer par l’instruction, de sorte


que l’héritage de tes enfants soit tout à fait changé. Par exemple, si tu
sais que tu manques de persévérance, en faisant constamment de gros
efforts pour surmonter ce défaut, tu peux te contraindre à persévérer,
et cela aura tendance à donner à tes enfants de la persévérance. Tu
vois donc que nous n’avons pas besoin de désespérer parce que
nous avons hérité les erreurs de nos ancêtres, mais nous devrions
être d’autant plus déterminés à ne pas transmettre ces défauts aux
générations futures. »
32. « Je pense que c’est ce que voulait dire le Dr Brice, quand
il a dit que les bons soins de santé, dont avait bénéficié maman, ont
largement vaincu en nous, les enfants, la tendance à souffrir d’une
déficience qui existe dans sa famille. Presque tous mes cousins de son
côté en meurent, mais quand elle était petite, son père la faisait vivre
au plein air tout le temps, et elle est devenue forte, et aucun de nous
ne semble avoir tendance à souffrir d’une déficience. »
33. « Tu vois alors l’importance qu’il y a à prendre soin de soi
dans la jeunesse, non seulement pour ton propre bien, mais pour celui
de tes enfants. Ta mère ne savait pas qu’un jour elle aurait des enfants
qui seraient bénéficiaires de sa vie de plein air. Mais un jour, elle a
rencontré un jeune homme qui lui a plu, et au fur et à mesure qu’ils
se connaissaient mieux, ils en sont venus à s’aimer, de sorte qu’ils
souhaitèrent quitter leur famille et leurs amis, et fonder leur famille
pour vivre leur vie commune, loin de tout le reste dans le monde. Ils
se sont donc mariés, comme on dit. Le mariage est l’union d’un
homme et d’une femme, en vertu d’une autorisation légale. »
34. « C’est la relation humaine la plus intime et la plus sacrée.
Dans cette relation, le spermatozoïde de l’homme s’unit à l’œuf ou
l’ovule de la femme, et une nouvelle vie commence. Lorsque tes
parents ont su qu’une si petite vie avait commencé dans leur maison,
ils ont éprouvé une grande et sainte joie, et ils ont souhaité que tout
le bien puisse entourer cette petite vie dans son développement. Tu

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Presque un Homme

es le premier à être venu dans la maison de ton père. Après que ta vie
a commencé, tu étais encore trop petit pour être visible à l’œil nu, et
tu aurais été perdu si tu étais venu au monde. Mais une maison avait
été préparée pour toi dans le corps de ta mère, où tu grandissais jour
après jour. La nourriture qu’elle mangeait te nourrissait aussi bien
qu’elle-même. L’air qu’elle respirait, c’était la vie pour toi aussi bien
que pour elle. »
35. « Tu as vu l’oiseau mâle apporter de la nourriture à l’oiseau
femelle alors qu’elle couve ses œufs, et attend que les oisillons sortent,
et tu as pensé que c’était beau de regarder comment il lui apporte ses
tendres soins. C’est de la même manière que ton père veillait sur ta
mère et toi. Il pourvoyait à tout ce qui était le plus agréable possible,
il a ôté de son chemin tous les soucis, afin qu’elle soit heureuse et
te rende donc heureux. Son amour pour elle a revêtu une nouvelle
et étrange tendresse qu’il n’avait pas connue auparavant. Et elle, en
te gardant au chaud et tout près dans l’enceinte de son corps, elle
pensait à toi et t’aimait. Elle se demandait à quoi tu ressemblerais
; elle rêvait de toi ; elle s’imaginait pouvoir sentir tes doigts bouger ;
elle a préparé tes petits vêtements, dont chaque point de tissage avait
été fait en pensant tendrement au bébé qu’elle n’avait jamais vu. Puis
un jour, elle a crié à cause de la grande douleur qu’elle éprouvait dans
son corps, mais avec une joie dans le cœur : ‘Ô mon bébé arrive.’ »
36. « Puis, pendant de longues heures, elle a souffert, descendant
presque jusqu’aux portes de la mort, pour que tu aies la vie. Mais
elle n’a jamais murmuré; malgré toute la peine et la douleur qu’elle
éprouvait dans son corps, son âme même était pleine de joie à l’idée
que bientôt elle te tiendrait dans ses bras. Quand toutes ces heures de
péril et d’angoisse étaient passées, et que tu étais dans les bras de ta
mère, ton père est venu et s’est penché sur vous deux avec un amour
sans mesure. Et en contemplant ton petit visage, ils ont compris ce
que les Écritures signifiaient quand Elles ont dit : ‘Et les deux seront
une seule chair’. En effet, n’es-tu pas un accomplissement vivant
de cette Parole ? Tu es une partie de chacun d’eux, une partie
- 21 -
Presque un Homme

unie dans un être vivant qui leur appartient tous deux. Puis, pour
la première fois, ils ont pu prendre conscience, même faiblement, du
tendre et ardent amour de leur Père céleste qui leur avait accordé de
connaître par expérience Ses sentiments envers ses enfants. »
37. De grosses larmes remplirent les yeux du garçon pendant
qu’elle parlait, et alors d’une voix étranglée, il dit : « Je ne pense
pas que je puisse me montrer encore désobéissant, Dr Barrett. Je
ne comprenais pas tout cela comme maintenant. Vous savez, nous
n’entendons parler de ces choses que parmi les garçons, et j’en étais
arrivé à penser qu’il y avait une raison pour laquelle je devrais avoir
honte de mon père et de ma mère ; mais tout me semble si différent
maintenant. J’aimerais que vous puissiez parler aux autres garçons
comme vous m’avez parlé. »
38. « Ce n’est peut-être pas possible que je le fasse, bien que je
doive être heureuse de le faire, mais tu peux les aider à avoir une
conception plus correcte de ces sujets. Tu peux surtout les aider à
traiter les femmes et les filles avec plus de respect qu’ils ne le font
d’habitude, car tu peux voir à quel point causer préjudice à une
fille, c’est causer préjudice au monde entier. »
« Je ne saisis pas très bien », dit Carl.
« Tu peux comprendre que celui qui aurait causé préjudice à ta mère,
dans son enfance, aurait causé préjudice à tous ses enfants, n’est-ce
pas ? »
« Oh ! oui. »
39. « Et ce préjudice pourrait être transmis aux générations
futures. Il y avait une pauvre fille, il y a environ cent ans de cela,
dont les gens de bien ne prenaient pas soin, et à qui les méchants
faisaient du tort ; aujourd’hui, elle est connue comme une ‘mère
des criminels’, et personne ne peut dire où le mal prendra fin. Tu te
sentirais très indigné si tu apprenais que quelqu’un avait causé un
préjudice à ta mère dans sa jeunesse, et tu ressentirais la même chose
si quelqu’un faisait du tort à tes sœurs. »
- 22 -
Presque un Homme

40. « J’ai jeté à terre Bill Jones, la semaine dernière, parce


qu’il avait dit quelque chose de déplaisant à ma sœur, Kate. »
« Tu as ressenti une juste colère et tu l’as manifestée. Eh bien, selon
toute probabilité, un jour tu vas te marier. Si c’est le cas, la fille qui
deviendra ton épouse est sur la terre aujourd’hui. Comment veux-tu
qu’elle soit traitée par les garçons qui sont ses compagnons d’école ?
Cela te plaît-il de t’imaginer qu’ils sont méchants avec elle, ou qu’ils
jouent aux amoureux avec elle ? Est-ce agréable de penser qu’elle
leur permet de la caresser, ou de lui écrire des notes sentimentales,
idiotes ? »
41. Le visage de Carl était rouge, mais il répondit
courageusement : « Non, ça ne l’est pas. »
Le Docteur continua. « Un jour, selon toute vraisemblance, une petite
fille montera sur tes genoux et t’appellera papa. Aucune créature ne
pourra jamais être pour toi ce que sera cette petite fille. S’il arrivait
que quelqu’un lui fasse du mal… »
« Je le tuerais », interrompit vivement Carl.
42. « Si c’est ce que tu ressens, cher garçon, il faut que tu te
rappelles que chaque fille est la fille de quelqu’un, peut-être la sœur
de quelqu’un, qu’elle deviendra probablement l’épouse de quelqu’un
et la mère de quelqu’un, afin que toutes les filles soient sacrées pour
toi, traitées avec une courtoisie dévouée, et protégées, de la même
façon que tu sens que tu protègerais celles qui pourraient t’appartenir
en particulier. »
43. « Mais ne croyez-vous pas du tout à l’amitié entre garçons et
filles ? »
« J’y crois certainement. Rien n’est plus beau que la franche
camaraderie entre les filles et les garçons, et c’est pourquoi je suis
si désolé de les voir la gâcher avec des attitudes sentimentales. Ils
devraient être de bons amis, s’entraider, passer de bons moments
ensemble, mais jamais de manière à faire rougir les joues de l’un ou
- 23 -
Presque un Homme

de l’autre, maintenant ou dans les années à venir. »


44. Un coup sec résonna à la porte, et la femme de ménage entra
avec une note qu’elle remit au docteur, qui la tendit à son tour à
Carl, en disant : « Voici la note pour Mlle Bell. Je t’ai fait attendre
longtemps, mais j’espère que cela n’a pas été inutile. »
45. « En effet, ce n’est pas le cas. Je vous suis même très
reconnaissant, j’en suis sûr. »
« Et si jamais tu souhaitais me parler à nouveau, n’hésite pas de venir,
n’est-ce pas ? »
« Oui, madame, je le ferai certainement », répondit le garçon avec une
franche poignée de main.
46. « Attends un peu, dit le docteur, je viens de penser à un petit
livre dont, je suis sûre, la lecture t’intéressera. Il s’intitule Un Passage
et un Don, et traite de certaines questions dont nous avons discuté ce
soir. Tu peux le prêter à certains de tes petits amis si tu le souhaites. »
47. « Merci », dit Carl, en prenant le livre que le docteur lui tendit,
puis en ajoutant : « Bonne nuit », il s’en alla dans la nuit sombre.
La note, qu’il remit à Mlle Bell le lendemain matin, disait seulement :
« Ne dites rien à Carl. Attendez. »
48. Si Mlle Bell avait vu Carl glisser une note dans la main de
Susie Glenn, une heure plus tard, elle aurait pu penser que c’était une
preuve que la démarche du docteur avait échoué. Mais si elle avait lu
la note, son opinion aurait été qu’elle avait réussi. La note disait :
« Chère Susie : –– C’était vraiment méchant de ma part
d’écrire cette note hier. Veux-tu bien me pardonner ? Écoute,
Susie, je pense que toutes ces absurdités en rapport avec les
amants et les chéris, ce sont de stupides pourritures, n’est-ce
pas ? Soyons juste des camarades. Cordialement,
Carl. »
La réponse de Susie fut courte mais pertinente. Elle disait :
« D’accord. Soyons des camarades. »
Susie. »
- 24 -
Presque un Homme

49. Quelques mois plus tard, Mlle Bell et Mlle Lane firent de
nouveau appel au Dr Barrett.
« Venez-vous avec un autre problème ? », demanda le docteur.
« Non, nous venons pour vous faire rapport des progrès et pour
apprendre, si possible, juste pour vous dire comment les choses ont
évolué. Il y a un merveilleux changement dans l’école. Les filles
et les garçons ne sont pas moins amicaux, mais c’est sans cette
sentimentalité idiote qui était si insupportable. À présent, ce ne sont
plus que de vrais et bons camarades, et ils semblent s’entraider à être
ordonnés, polis et studieux. Comment avez-vous fait ? »
50. « Peut-être que tout le mérite ne revient pas à moi seule, mais
je dirai que j’ai donné à Carl l’instruction, dont je pensais, qu’il avait
besoin, et qu’il a transmis le bon message. Plusieurs garçons sont
venus me voir, une fois par mois, pour étudier ce qui les concerne, et
je peux voir qu’ils ont grandi pour avoir du respect pour eux-mêmes
et une profonde considération pour toutes les femmes. Carl était ici
hier soir, et il a déclaré : ‘ Dr. Barrett, je suis si heureux que Mlle
Bell m’ait envoyé auprès de vous avec cette note, car ce que vous
m’avez dit ce soir-là a changé toute ma vie ; ça, j’en suis certain. Je
me sens tellement plus propre de fonds en comble, et j’ai tellement
plus de respect pour moi-même. Et je pense si différemment des filles
et des femmes, et en particulier de ma mère, et je me rends compte,
comme je ne l’ai jamais fait auparavant, combien c’est important
d’être presque un homme.’ »

- 25 -
Presque un Homme

UN PASSAGE ET UN DON
51. Trois passages délimitent le chemin de l’existence terrestre :
un à l’entrée que nous appelons la porte de la naissance ; un autre à
la sortie que nous appelons la porte de la mort ; et enfin un autre à
l’entrée du merveilleux Pays des Adolescents, que nous appelons la
porte de la masculinité ou de la féminité. À chacune de ces portes,
un merveilleux don est offert à chaque individu. À la porte de la
naissance, c’est le don de la vie terrestre ; à la mort, c’est le don de
la vie sans fin ; et à la porte qui s’ouvre sur le Pays des Adolescents,
c’est le don de la vie créatrice. Vous voyez que chaque don est un don
de vie.
52. Le chemin de la vie terrestre, qui commence au passage de
la porte de la naissance, passe par la prairie ensoleillée de l’Enfance,
mais aussi par un pays étrange et mystérieux que nous avons appelé le
Pays des Adolescents, avant d’atteindre les Sommets de la Maturité.
Ce Pays des Adolescents a la particularité que ses habitants ne sont
ni des enfants ni des adultes, et pourtant, avec l’inexpérience des
enfants, ils ont beaucoup de désirs et d’émotions des adultes. Cela
constitue un élément très dangereux ; tandis qu’une autre source de
danger, c’est le fait qu’une orientation adéquate n’est pas toujours
donnée pendant cette période de transition, ou, si elle est offerte,
elle est fièrement rejetée par ceux qui pensent qu’être dans leur
« adolescence » les rend plus sages que ce qui est écrit.
53. Lorsque nous visitons des pays étrangers, nous sommes
reconnaissants de recevoir des conseils et des directives, surtout si
nous ne connaissons pas la langue; ainsi, si nous n’engageons pas un
guide, au moins nous achetons un guide de voyage . Il me semble donc
que nous ne devons pas nous rebeller contre les guides de voyage (2)
au Pays des Adolescents, sachant que celui qui a voyagé dans un pays
(2) Ouvrage destiné à aider les voyageurs par des informations générales ou pratiques.
- 26 -
Presque un Homme

peut en montrer les beautés, et mettre en garde contre les dangers que
le voyageur inexpérimenté ne reconnaîtrait pas.
54. Nous pouvons visiter l’Angleterre, l’Italie ou l’Allemagne
à plusieurs reprises et, à chaque voyage, nous pouvons profiter
de nos expériences passées, mais nous ne passons par le Pays des
Adolescents qu’une seule fois, et les leçons que nous tirons de ce
voyage, nous pouvons les utiliser seulement au profit des autres. C’est
pourquoi, sur les Sommets de la Maturité, de nombreuses personnes
sont impatientes d’allumer un phare (3) pour ceux qui sont encore
dans leur « adolescence ». Ils aideraient volontiers les autres à éviter
les petits chemins où ils ont rencontré des catastrophes, car ils ont
appris une vérité très solennelle selon laquelle, c’est dans la jeunesse
que l’individu détermine ce que sera sa maturité.
55. Les semences, semées dans la prairie ensoleillée de l’Enfance
et dans les vastes champs du Pays des Adolescents, sont récoltées
dans les hautes terres de la Maturité ; et la récolte est toujours
plus abondante que la graine semée. Le caractère colérique et les
grimaces de l’enfance se renforcent dans la rudesse, la mauvaise
humeur et l’attitude réservée de l’homme. L’oisiveté et l’évitement
de la jeunesse deviennent l’inconstance, et le manque de fiabilité dans
l’adulte. La négligence du devoir et la recherche inlassable du plaisir
du garçon peuvent être récoltées dans la dissipation, et la ruine de la
vie chez l’adulte. C’est donc une chose très sérieuse de passer par son
« adolescence », et le jeune sage acceptera tout guide qui lui montrera
un chemin sûr. Puis-je revendiquer le privilège d’agir pendant un petit
moment à ce titre ?
56. Le Roi de ce pays a édicté des lois qui le gouvernent et qui en
constituent la sagesse ; Il a construit des chemins où l’on peut marcher
en toute sécurité. Les lois que le Roi a édictées ne sont pas dures et
cruelles, mais elles sont bénéfiques ; et Il ne renie aucun véritable
bien. Il dit au voyageur : « Tu m’appartiens, et Je désire ton plus

(3) Puissant dispositif lumineux qui signale aux marins la proximité d’une côte.
- 27 -
Presque un Homme

grand bien-être ; c’est pourquoi, obéis-Moi et tu seras récompensé ;


désobéis-Moi et tu seras puni. »
57. Il faut un certain courage moral pour rester courageusement
sur le chemin de la Sagesse, car il y a beaucoup de séductions qui l’en
détournent ; plus particulièrement quand le manque d’expérience du
voyageur ne l’avertit pas des dangers qu’il y a à suivre les plaisirs
qui éloignent des voies de la sagesse. Le guide digne de confiance
ne doit pas manquer de signaler ces dangers ; et la jeunesse prudente
écoutera la voix de l’avertissement et marchera dans les voies de la
Sagesse, car « toutes ses voies sont agréables, et tous ses sentiers
sont paisibles ».
58. Nous parlons beaucoup de notre liberté personnelle, et nous
affirmons que nous avons le droit de vivre dans l’État du Maine ou en
Californie, mais nous n’avons pas autant de liberté en ce qui concerne
le fait de vivre au Pays des Adolescents. Si nous voulons atteindre les
Sommets de la Maturité un jour, nous devons passer dix ans au Pays des
Adolescents. Nous ne pouvons pas vendre notre domaine ni l’offrir, et
nous ne pouvons même pas engager quelqu’un pour le cultiver à notre
place. Dans ces conditions, il devient important que nous étudiions le
sol, et la meilleure façon de développer ses avantages.
59. Nous voyons que le pays a trois parties : le Domaine du Corps,
le Champ de l’Intellect et le Jardin du Cœur — les mêmes parties qui
existent dans le Pays Ensoleillé de l’Enfance, et que nous cultivons
depuis notre naissance. Ce sont les royaumes qui sont venus vers
nous avec le don de la vie. Nous reconnaissons que les dons que nous
avons reçus à la naissance et à la mort sont des dons de vie strictement
individuels, et nous n’avons eu d’autre pensée pendant notre enfance
que de développer nos capacités pour notre propre avantage. Il se peut
que nous ne nous soyons pas sentis parfaitement satisfaits de notre
sort dans la vie, mais nous avons eu le sentiment de ne pas en être
responsables.

- 28 -
Presque un Homme

60. Nous n’avons pas choisi de naître en Amérique plutôt qu’en


Asie, bien que nous ne nous rebellions pas contre ce fait. Nous n’avons
pas choisi d’être blancs au lieu d’être noirs. D’une part, ce n’est pas
notre faute si nous sommes nés dans une famille où la déficience (4)
est un héritage ; et, d’autre part, nous ne pouvons pas nous attribuer le
mérite d’avoir hérité des corps forts ayant de saines prédispositions.
C’est notre malheur, et non pas notre faute, si nous ne sommes pas
parfaitement équilibrés par la nature ; c’est notre chance, et non pas
notre prévoyance, si nous avons du génie au lieu de la médiocrité.
61. Les dons, qui nous parviennent par héritage, sont en notre
possession sans qu’on nous fasse des reproches ou qu’on nous attribue
des mérites, mais ils impliquent la responsabilité de leur usage. Nous
avons la responsabilité de maintenir ou d’accroître le don naturel de
notre santé, par l’obéissance aux lois de la physique ; nous sommes
responsables de la culture de notre intelligence, du développement
des vertus héritées et de l’anéantissement des vices hérités.
62. Si vous étudiez vos caractéristiques et vos talents, vous verrez
qu’ils sont une répétition de ceux de vos ancêtres. Vos yeux, vos
cheveux, votre bouche, votre menton, votre stature, votre silhouette,
votre teint, vos talents, vos capacités, vos tendances, ce que vous aimez
et ce que vous n’aimez pas, vos défauts, ainsi que vos vertus, sont des
répétitions de ceux qui vous ont précédé dans ce réseau dynamique de
l’existence, dont vous faites partie. Si vous n’êtes pas comme votre
père ou votre mère, vous pouvez être comme votre grand-père ou
votre arrière-grand-mère.
63. Si vous ne vous retrouvez pas en train de répéter les
caractéristiques ou la personnalité d’un ancêtre, vous pouvez vous
retrouver comme étant une photographie composite de plusieurs
personnes. Et même si vous ne pouvez pas retrouver en vous-même
les traits d’un représentant de votre famille, vous pouvez être sûr que
c’est de certains d’entre eux que vous avez hérité vos traits de caractère.
(4) En médecine, c’est une insuffisance plus ou moins grave, qui nuit au bon fonctionnement
de l’organisme ou à celui de l’intelligence.
- 29 -
Presque un Homme

Il suffit de vous souvenir de la complexité de vos sources d’héritage,


et de vous rappeler ensuite le nombre de mots qui peuvent être épelés
à partir des vingt-six lettres de l’alphabet, pour constater que vous
pouvez difficilement mesurer les forces particulières de l’esprit et du
corps, qui peuvent venir à vous par ce pouvoir de transmission que
nous appelons l’hérédité.
64. Il se peut que vous vous demandiez pourquoi, si nous ne
sommes pas responsables de nos héritages, est-il nécessaire de leur
accorder une attention particulière ? Il y a deux raisons pour lesquelles
nous devrions considérer les bonnes et les mauvaises caractéristiques,
qui peuvent devenir les nôtres à travers l’héritage. D’abord, l’hérédité
n’est pas une fatalité, et nous ne sommes pas absolument obligés de
suivre les chemins que nos ancêtres ont tracés pour nous ; et en second
lieu, en comprenant nos propres caractères, nous traçons les meilleurs
chemins pour notre postérité.
65. Nous ne sommes pas seulement des récepteurs de la vie, mais
nous pouvons aussi être des donneurs de la vie, et c’est le don qui vous
est offert à l’entrée du Pays des Adolescents. Pouvez-vous imaginer
une période plus importante, dans la vie d’un individu, que celle où
on lui confie les pouvoirs physiques qui font de lui l’arbitre du destin
de ceux qui viendront après lui ?
66. Le don d’une vie possible pour les autres est encore plus
merveilleux que celui d’une vie réelle pour soi-même, et il implique
une plus grande responsabilité. Il s’accompagne de changements
physiques marqués. Vous les avez observés en vous-même, même si
vous ne les avez peut-être pas compris. Jusqu’à présent, vous n’étiez
qu’un enfant, et toutes vos forces physiques ont été occupées à vous
maintenir en vie et à vous faire grandir. Mais vous allez maintenant
devenir un homme, avec des capacités qui vous uniront à la postérité
; des pouvoirs qui vous donneront la capacité de former un nouveau
maillon, dans la chaîne vivante qui se termine maintenant avec vous.
67. Vous avez remarqué le déploiement rapide de vos pouvoirs
- 30 -
Presque un Homme

corporels ; vous avez pris conscience de nouvelles et étranges


émotions ; vous vous êtes rendu compte que vous devenez irritable, et
vous vous êtes senti déconcerté par les nouveaux aspects de la vie, et
vous vous êtes demandé ce que tout cela signifiait. Il se peut que vous
vous soyez senti comme un garçon, qui a dit à sa mère après lui avoir
confié tous ses problèmes de la vie : « Maman, j’ai envie de donner
des coups de pied et de pleurer, et je ne sais pas pourquoi. »
68. La mère savait. Elle comprenait l’étrange développement qui
se produisait dans son corps physique, et elle lui expliqua gentiment,
en lui disant qu’il devait être patient avec lui-même, et laisser son
jugement le gouverner et ne pas laisser les impulsions l’emporter,
en lui assurant que Dieu le tiendrait responsable de la pureté de son
caractère, comme Il le ferait pour la chère sœur, à qui ils sentaient
tous qu’ils devaient faire tant attention. Il honorera sa masculinité,
de même qu’Il s’attend à ce qu’elle honore sa féminité. Ceci est
important, non seulement pour le bonheur de chaque individu, mais
aussi pour l’intérêt perpétuel des générations futures.
69. Cette entrée dans le Pays des Adolescents est une période
très sérieuse, même une période dangereuse, car si vous n’avez pas
reçu une instruction correcte vous pouvez être conduit, ou tomber
dans des habitudes de mauvais comportements ou de mauvaises
pensées. Si vous avez été correctement enseigné, vous commencerez
à avoir davantage de respect de soi, parce que Dieu vous honorera
en vous donnant de nouveaux pouvoirs qui vous rapprochent plus
d’une relation d’associé avec Lui. Ces pouvoirs, les plus sacrés de
tous ceux que vous avez reçus, ont besoin de plusieurs années pour
se développer, et ils devraient être gardés par des pensées pures, et
être préservés pour la sainte fonction de promouvoir l’utilité terrestre,
et la félicité éternelle de ceux qui vous devront plus tard la vie
terrestre ainsi que la vie éternelle.
70. J’ai dit que nous ne sommes pas responsables du pouvoir
des vertus, ou des vices dont nous avons la possession par héritage,

- 31 -
Presque un Homme

mais nous sommes responsables de ce que nos enfants vont hériter,


et c’est une réflexion des plus solennelles. Ne commencez-vous pas à
voir que nous ne pouvons pas trop nous estimer, si nous avons l’idée
exacte de ce que nous valons réellement ? Nous pouvons à peine
surestimer les résultats de nos propres actes. Nous pouvons penser
qu’il n’y a pas de problème, si nous ne disons pas toujours l’exacte
vérité ; si à certains moments nous usons de prétextes et qu’à d’autres
moments nous exagérons. Quand cependant nous nous souvenons
que la vérité est la base du caractère, et que nous réalisons que par nos
petits prétextes ou petites exagérations nous affaiblissons peut-être les
bases de plusieurs individus qui doivent recevoir de nous leurs talents
et leurs dispositions, nous commençons à voir que cette question est
très sérieuse.
71. On me dit parfois que les jeunes gens ne seront pas influencés
par une considération du bien-être des générations à venir, dont
l’existence est très problématique dans leur esprit ; mais mon
observation, c’est que les jeunes sont beaucoup plus sensibles que
nous ne leur attribuons le mérite de l’être. Plus d’un jeune homme
m’a dit : « On ne m’a jamais enseigné que ma conduite et mes pensées
allaient s’imprégner dans mes enfants, mais maintenant je vois que
c’est bien le cas. Je suis sûr que maintenant je ferai attention à ma vie
plus que jamais auparavant. »
72. Ce champ d’investigation est vaste, et même si vous n’avez
jamais eu l’opportunité d’étudier ce sujet scientifiquement, vous
pouvez malgré tout être un gain incalculable pour l’humanité, en vous
souvenant toujours que vous vivez pour une immortalité terrestre
aussi bien que pour une immortalité céleste. Les jeunes gens qui sont
aujourd’hui au Pays des Adolescents sont ceux qui déterminent les
caractéristiques des hommes et des femmes du 20e siècle (5) , créant
les standards de la pensée et des actions, les méthodes d’affaires, le
niveau des mœurs, en fait le statut entier de la société du monde des
cent prochaines années.
(5) Du 21e siècle, en ce qui nous concerne.
- 32 -
Presque un Homme

73. C’est un fait vraiment merveilleux que Dieu nous ait créés
de sorte que le résultat de nos actes ne se limite pas à nos propres
vies, mais qu’il laisse son empreinte sur ceux qui viendront après
nous. Nous ne sommes pas des unités séparées, mais des maillons
d’une chaîne de transmission interminable. De ce fait, nos vies ont des
conséquences bien plus importantes que si leurs résultats s’arrêtaient
à nous-mêmes. Si nous nous soucions de l’avenir de notre pays,
prenons à cœur la pensée qu’il sera ce que nous en avons fait nous-
mêmes. La Bible exprime la même idée de plusieurs façons. « Ce
qu’un homme sème, c’est ce qu’il moissonne », ne veut pas juste
dire que son avenir sera influencé par sa conduite, mais que son futur
dans ses enfants sera un tableau dont il est lui-même l’auteur.
74. Les hommes écrivent des testaments et lèguent à leurs enfants
leur or, leurs maisons ainsi que leurs terres, mais parfois, contrairement
à leur testament, ils lèguent à leurs enfants une demeure corporelle de
qualité inférieure, et d’une constitution si médiocre qu’elle se délabre
précocement par une maladie, ou tombe en ruine dès le début de la
vie.
75. Cela nous semblerait plutôt amusant que quelqu’un s’asseye et
écrive son testament, en disant : « Je lègue à ma fille Mary ma peau
au teint jaune, couverte de plaques et de boutons, conséquence
de mes propres mauvaises habitudes de la vie. Je lègue à mon fils
John, les effets de la vie de débauche que j’ai menée pendant ma
jeunesse, avec une passion similaire pour les liqueurs et le tabac.
Je lègue à mon fils Harry mon tempérament colérique, irritable
ainsi que la goutte rhumatismale que j’ai attrapée pour avoir
désobéi aux lois de la physiologie ; et à ma fille Elizabeth, mon
tremblement des nerfs, ainsi qu’une nature aux mœurs relâchées.
» Mais en réalité, c’est ce que beaucoup de parents font, et les enfants
trouvent cela triste plutôt qu’amusant.
76. Par contre, si quelqu’un a mené une vie de droiture et de
haute moralité, et qu’il a obéi aux lois de la physiologie, ses enfants
- 33 -
Presque un Homme

hériteront sa vigueur physique et son endurance morale. Il devient


extrêmement important de faire connaître ces réalités aux jeunes,
afin qu’ils puissent faire tout leur possible pour vaincre leurs
propres faiblesses, et renforcer leurs bonnes qualités pour le bien des
générations futures.
77. Cette hérédité, la transmission des qualités du parent à
l’enfant, existe chez les plantes et les animaux, aussi bien que chez
les humains. La semence d’une plante produit une autre plante de la
même espèce. Et l’agriculteur sait bien que quand il sème le blé, il
moissonnera le blé. Et il devrait savoir avec autant de certitude que,
s’il sème « l’avoine sauvage » dans sa jeunesse, il peut s’attendre à
récolter « l’avoine sauvage » dans ses enfants. Le genre d’aliment que
nous mangeons, l’air que nous respirons, les occupations auxquelles
nous vaquons, les habitudes que nous adoptons, sont des forces qui
façonnent non seulement notre propre destinée, mais qui créent
également les penchants de nos enfants.
78. Avec ces pensées à l’esprit, la question de la consommation
des narcotiques (6) devient une question de première importance. Ils
sont peu nombreux, s’il y en a, les consommateurs du tabac qui sont
inquiets de voir leurs garçons commencer à consommer du tabac dans
leur jeune âge. Pourtant ils ne réalisent pas qu’en le consommant eux-
mêmes, ils ont peut-être réduit la force vitale de ces garçons, en leur
transmettant des prédispositions à des maladies, ou peut-être l’appétit
du tabac lui-même, et que ce ne sont pas seulement les garçons qui en
sentiront les effets, mais les filles aussi.
79. Comme la pensée des hommes est tournée dans cette
direction, il y a une accumulation de preuves des conséquences
néfastes sur les enfants de la consommation du tabac par les
parents. Un éminent médecin déclare : « Je n’ai encore jamais vu
un consommateur habituel du tabac, dont les enfants n’ont pas

(6) Substances susceptibles de provoquer une accoutumance, comme la


cigarette, le chanvre, l’alcool, la cocaïne et autres drogues populaires, etc.
- 34 -
Presque un Homme

des nerfs dérangés, et qui ne sont pas parfois faibles d’esprit. Des
systèmes nerveux endommagés, ce sera peut-être la conséquence
de cette complaisance, pour plusieurs générations à venir. Les
enfants, dont les parents consomment du tabac, meurent souvent
de la paralysie infantile. J’ai connu deux cas où le bébé pleurait
sans arrêt, jusqu’à ce qu’on ait placé la pipe de tabac entre ses
lèvres. »
80. Le Dr. Pidduck soutient que jamais le péché du père n’est
puni sur ses enfants de façon plus remarquable que le péché de
la consommation du tabac. « La débilité (7), l’hypocondrie (8),
l’hystérie (9), l’aliénation mentale (10), le nanisme (11), la tuberculose,
la mauvaise santé chronique, ainsi que les morts prématurées des
enfants des fumeurs invétérés, témoignent amplement sur la faiblesse
et l’instabilité de la condition physique transmise par ces habitudes
pernicieuses. »
81. Les effets de l’alcool sur l’enfant sont aussi notoires, et les
témoignages viennent de toutes parts que les dégénérescences ne se
limitent pas qu’à l’individu, mais se transmettent aux générations
suivantes. Parfois on constate cette influence dans le retard de
croissance, tant mentale que physique. Le Dr. Langden Downe signale
plusieurs cas de ce genre, où les enfants avaient atteint l’âge de 22 ans,
mais restaient toujours de petits enfants, avec une stature identique,
capable uniquement de se tenir à côté d’une chaise, d’émettre quelques
sons monosyllabiques, et de s’amuser avec des jouets.
82. Le Dr. F.R. Lees, en parlant des dommages que l’alcool inflige
au foie, dit : « Et souvenez-vous-en, quels que soient les dommages

(7) En médecine : retard mental et déficience intellectuelle plus ou moins graves.


(8) En médecine : anxiété obsessionnelle d’intensité plus ou moins forte concernant
la santé
(9) En psychiatrie : névrose caractérisée par l’exagération de l’expressivité.
(10) En médecine : folie périodique ou définitive.
(11) En médecine : petitesse anormale de la taille chez l’être humain.
- 35 -
Presque un Homme

infligés à cet organe, cette malédiction se transmettra à votre


postérité ; et tel est le père, tels sont les enfants. » Le Dr. Kerr
affirme que les effets des dommages, causés à l’esprit et au corps,
peuvent ne pas toujours se manifester chez le consommateur d’alcool,
néanmoins il est douteux que tous ses enfants puissent échapper
complètement aux effets de l’alcool d’une manière ou d’une autre.
83. Ces effets peuvent se manifester par l’aliénation mentale,
ou par une prédisposition à des maladies de l’estomac, du foie, des
intestins, des poumons, ou d’autres organes ; ou par une passion
similaire pour des stimulants alcooliques. Cela peut affaiblir non
seulement le corps de l’enfant, mais aussi son intellect. C’est ce que
déclare une vingtaine de médecins observateurs, à savoir que les
enfants, qui ont des parents adonnés à la boisson, sont enclins à être
faibles de corps et d’esprit.
84. Une autre pensée très frappante, en rapport avec ceci, c’est que
les effets physiologiques peuvent ne pas se manifester chez l’individu
lui-même, ni chez ses enfants, que ces effets peuvent se manifester
avec l’affaiblissement de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants.
Un célèbre partisan de la consommation modérée de l’alcool, qui
était alité avec la goutte rhumatismale, ce qui est susceptible d’être
la conséquence de l’abandon à l’alcool, répondant à un ami qui
s’étonnait du fait que lui, un buveur d’eau fraîche, souffrait de cette
maladie, il dit : « Oui, mes ancêtres buvaient de la liqueur, et c’est
moi qui paie les factures.»
85. En 1834, la session de la Chambre des Communes Britanniques
fit un rapport sur l’intempérance, dans lequel les parlementaires
déclarèrent que les maux de l’alcoolisme « sont cumulatifs par
le nombre de lésions qu’ils infligent, tandis que les parents
consommateurs d’alcool, selon le témoignage d’experts en
médecine, transmettent l’infirmité à leur progéniture avant qu’elle
ne naisse, et que le courant toxique de l’alcool est donné au petit
enfant au sein par le lait maternel ; si bien que la fontaine de vie, par

- 36 -
Presque un Homme

laquelle la nature fournit cet aliment pur et sain de la petite enfance,


est empoisonnée à sa source même, et qu’un appétit pathologique et
vicié est ainsi créé, qui se développe avec la croissance de l’enfant
et se renforce avec la faiblesse et le dépérissement croissants de ce
dernier. »
86. Une tendance à se suicider semble être un héritage notoire
qu’un parent ivrogne lègue à ses enfants, et il faut bien déclarer que
de l’avis de médecins qui traitent toutes formes d’ivrognerie, les
maux qui affectent les enfants peuvent être transmis par les parents
qui n’ont jamais été connus comme des ivrognes. Le fait de boire
avec modération de façon continue, garde le corps constamment sous
l’influence de l’alcool, au point qu’un tas de problèmes et troubles
nerveux peuvent être transmis de manière même plus certaine par
des parents qui se livrent occasionnellement à des beuveries, avec
de longs intervalles de sobriété. Ce n’est pas seulement par le père
qui boit que le tort est fait à l’enfant, mais la mère aussi peut
avoir reçu un héritage vicié de son père, et le transmettre à ses
enfants.
87. Quand nous nous rappelons le fait que cent mille hommes
tombent dans les tombes des ivrognes chaque année, nous sommes
scandalisés à l’idée que cette grande armée se dirige vers la mort et
la destruction. Comme nous tendons l’oreille, nous pouvons presque
nous imaginer entendre un bruit, le bruit de cette « grande armée en
marche que Satan conduit ». Dans le rang de devant viennent les cent
mille hommes qui vont tomber dans les tombes des ivrognes cette
année, et derrière eux les cent mille autres qui doivent tomber l’année
suivante.
88. Ils viennent au bruit de réjouissances et de chansons, et tout
près d’eux se presse une foule de femmes, de mères et de petits
enfants qui pleurent, affamés, impotents, assassinés, qui doivent être
les covictimes des ivrognes. Pas très loin du rang de devant viennent
cent mille jeunes hommes, qui sont dans la fleur-même de l’âge, des

- 37 -
Presque un Homme

vies vigoureuses, commençant tout juste à prendre leur premier verre


de vin ou de bière, sans avoir l’intention de se tenir un jour au premier
rang, mais qui se sont engagés sur cette route.
89. Derrière eux, il y a cent mille petits écoliers qui pensent que
c’est viril d’imiter les sottises de leurs prédécesseurs. Derrière eux, il
y a cent mille bambins, dont les pas titubent dans leur impuissance
innocente. Derrière eux, il y a cent mille mères avec des bébés dans
leurs bras. Oh ! combien ces yeux de bébé sont levés pour regarder
dans les yeux tendres qui les protègent. Est-ce possible que les fronts
de ces bébés vont être dans la gouttière, que ces douces lèvres vont
être souillées par une injure ou par un verre ; que ces doigts, comme
des feuilles de rosier froissées, donneront un jour un coup meurtrier
sous l’emprise de l’alcool ?
90. C’est forcément le cas, si on doit recruter ces cent mille
ivrognes du rang de devant, car les futurs ivrognes ce sont les bébés
qui sont aujourd’hui dans les bras de leurs mères. Vous qui lisez
ces paroles, avez-vous l’intention de joindre cette grande armée
d’ivrognes potentiels, ou voulez-vous faire partie de l’armée de
ceux qui prennent de l’eau fraîche, qui marchent avec la bonne
santé, de la vigueur, de l’activité, de la prospérité, du succès et
d’une longue vie ?
91. Nous ne devons pas nous intéresser à l’héritage de mauvaises
qualités, au point d’oublier la transmission du bien. Nous lisons dans
Exode, chapitre vingt, que les péchés des pères sont punis sur les
enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui
haïssent l’Éternel, mais que la miséricorde sera accordée à mille
générations de ceux qui L’aiment et gardent Ses commandements.
92. Comme nous avons vu que les péchés des pères sont punis sur
les enfants, par la transmission de maladies, de natures perverties et de
caractères affaiblis, que nous nous rendons compte que la promesse
selon laquelle les péchés des pères sont punis sur les enfants est en

- 38 -
Presque un Homme

train de s’accomplir, voyons si l’autre promesse est aussi en train


de s’accomplir, celle selon laquelle la miséricorde est accordée aux
mille générations de ceux qui aiment le Seigneur, et qui gardent Ses
commandements.
93. Un pédiatre anglais a soigneusement noté la différence entre
douze familles de consommateurs d’alcool, et douze familles dont les
parents n’en consommaient pas, pendant une période de douze ans.

CEUX QUI CONSOMMAIENT CEUX QUI NE


DE L’ALCOOL CONSOMMAIENT PAS DE
L’ALCOOL
Ils ont eu 57 enfants ; 25 sont Ils ont eu 61 enfants ; 6 sont morts
morts la première semaine après la de faiblesse la première semaine
naissance. Ces morts ont été causées après la naissance. 4 souffraient de
par des convulsions ou des œdèmes maladies curables. 2 ont manifesté
du cerveau et des membranes. 2 des défauts nerveux héréditaires.
étaient débiles. 5 étaient des nains. Il en restait 50 qui étaient tout à
5 étaient des épileptiques. 1 avait la fait normaux, sains de corps et
chorée. 5 étaient déformés. 2 sont d’esprit.
devenus des ivrognes. Il n’en restait
que 10 qui ont fait preuve, durant
toute leur vie, de dispositions
normales et d’un développement
normal du corps et de l’esprit.
94. Si ce n’était pas un fait que la bonne santé, la pureté, l’intégrité,
l’intelligence et la vertu n’étaient pas transmises dans une bien plus
large mesure que le péché et le vice, il y aurait peu de bien dans
le monde, mais la transmission de ces bonnes qualités est tellement
étendue, comme l’air, le soleil, et l’eau, une chose courante, que
nous oublions presque de le reconnaître. Quand nous tournons nos
pensées vers l’étude de cette partie du sujet, nous voyons que les
parents vigoureux ont des enfants en bonne santé, que les capacités
intellectuelles sont transmises et que l’honnêteté et la droiture du père
nous garantissent de voir les mêmes choses chez le fils.
- 39 -
Presque un Homme

95. Nous reconnaissons la transmission des capacités


intellectuelles dans le fait que lorsque les parents ont un talent
particulier, nous trouvons généralement le même talent chez leurs
enfants. Nous connaissons les familles de musiciens, les familles
de mathématiciens, les familles d’artistes ; et dans l’histoire des
célébrités du monde, nous voyons des preuves de cette transmission
intellectuelle. Nous apprenons aussi que les effets de l’éducation
sont transmissibles, et que si les parents sont instruits dans un certain
domaine, les enfants recevront une instruction dans ce domaine bien
plus facilement. Ce fait devient pour nous une incitation merveilleuse
à affermir tout ce qui est meilleur dans notre nature, afin que le
monde puisse recevoir, à travers nous, une impulsion pour s’élever
dans des choses meilleures et plus élevées.
96. Parfois, quand vos défauts et vos vices vous font pression
avec une grande force, et que vous trouvez très difficile de les
vaincre, vous pouvez être tenté d’imputer la faute à vos aïeux, qui
vous ont donné une telle disposition ; aïeux, qui par leur vie, vous
ont handicapé dans le combat de la vie. Vous pourriez vous sentir
enclin à dire comme un certain écrivain, que je ne connais pas, qui
dit :
L’HEREDITE
« Tu ne mérites pas d’être condamné,
Nous avons hérité nos folies,
Elles viennent tout droit de nos grands-papas.
Nos défauts ont été transmis,
Et nous devrions être innocentés
De toute responsabilité et faute.
Nous ne sommes pas des débutants dépravés,
Mais des pécheurs héréditaires,
Car nos pères n’ont pas agi comme ils le devraient.

- 40 -
Presque un Homme

C’est la folie de nos grands-papas


Qui nous gêne continuellement.
Quel dommage que nos grands-papas n’étaient pas bons !
Oui, nous serions tous de vénérables sénateurs,
Si nos parents dépravés
Avaient tous été prudents, studieux et sages ;
Mais ils étaient tout à fait terrestres,
Sinon nous serions célestes.
Oui, nous serions tous de bons habitants des cieux.
Si nous ne sommes pas tous des sages irréprochables,
Des phares pour les âges,
Et dignes pour l’autorité et le pouvoir ;
Si nous ne les assumons pas et ne les exerçons pas,
Et ne construisons pas la planète,
C’est à cause de la folie de nos ancêtres—pas de la nôtre. »
Mais la leçon contenue dans ces vers, ce n’est pas que vous devez
croiser les bras et rester inactifs, ne fournissant aucun effort pour
vaincre vos défauts parce qu’ils sont un héritage. Il y a pour vous dans
ce thème une leçon plus sage que cela. Quand Marshall Ney fut raillé,
au sujet du fait que la noblesse impériale n’avait aucune ascendance,
il répondit fièrement : « Nous sommes les ancêtres ! »
97. Il y a là une grande réflexion pour vous. Si vos ancêtres
n’ont pas fait le meilleur pour vous, ne profiterez-vous pas de votre
connaissance de ce fait, et ne ferez-vous pas le meilleur pour ceux
qui vous considéreront comme leur ancêtre? En supposant que vos
parents dans leur jeunesse aient dit : « Je prendrai soin de ma santé
pour que mes enfants naissent avec des corps vigoureux ; je ferai bon
usage de mon intellect, pour que mes enfants héritent d’une aptitude
supplémentaire pour acquérir la connaissance ; j’observerai toutes les
lois de la morale pour que mes enfants aient tendance, par héritage, à
- 41 -
Presque un Homme

pratiquer les vertus » ; et en supposant que vous, aujourd’hui, ayant


des corps en bonne santé, une intelligence vive et des dispositions
morales tendant vers ce qui est noble, vous récoltiez la récompense
de leur prévoyance, ne les béniriez-vous pas pour cela ?
98. Vous n’avez pas le droit de rester inactifs et découragés à cause
de vos héritages, quels qu’ils soient. Écoutez les paroles inspirantes
d’Ella Wheeler Wilcox :
Il n’y a rien que tu ne puisses surmonter.
Ne dis pas que tes mauvaises dispositions sont un héritage ;
Ou qu’un trait inné de caractère rend toute ta vie malheureuse,
Et exige un châtiment qui n’est pas mérité.
Avant que tes parents et grands-parents ne puissent exister,
Il y avait le Grand Dessein Éternel, qui lui aussi est
Ton héritage –– fort, sublime, divin ;
Levier sûr de la réussite pour celui qui essaie.
Soulève ta faute avec ce grand levier — la volonté ;
Bien que profondément ancrée dans les penchants ;
Bien que fermement établie, je te dis toutefois que plus ferme
Est cette grande puissance, qui vient de l’immensité de la
vérité.
Il n’y a pas de noble hauteur que tu ne puisses gravir ;
Tous les triomphes peuvent être tiens dans les jours à venir,
Quelle que soit ta faute, tu ne faiblis ni ne t’arrête,
Mais tu t’appuies sur le bâton de la sécurité de Dieu.
La terre n’a aucune prétention que l’âme ne peut pas contester.
Saches que tu fais partie de la source surnaturelle,
Et que rien ne peut résister à la force de ton esprit ;
L’héritage divin de l’âme est la meilleure chose.

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Presque un Homme

99. Les jeunes d’aujourd’hui ont entre leurs mains le modelage


de l’avenir, non seulement de leur propre avenir, mais de celui
de la nation, par les habitudes quotidiennes de leur vie. Par leurs
pensées et leurs aspirations, par les tendances morales qu’ils cultivent
en eux-mêmes, ils déterminent ce que seront les caractéristiques de la
nation dans les cent années à venir. Sera-ce, dans cent ans, une nation
d’ivrognes ?
100. Les jeunes d’aujourd’hui décident de cette question. Sera-
ce une nation d’invalides ? C’est toujours les jeunes qui en décident.
Sera-ce une nation pleine d’avidité de gain, avec un bas niveau de
morale, avec des pratiques malhonnêtes dans les affaires, ou sera-ce
une nation où une santé vigoureuse est la règle, où un courage sans
faille, une intégrité absolue et une morale pure régneront partout ? Ce
que les jeunes d’aujourd’hui font d’eux-mêmes, physiquement,
mentalement et moralement, décide de ce que sera le futur du
pays.

- 43 -
Presque un Homme

LA CROIX BLANCHE

101. On considère la croix comme un emblème du renoncement


à soi-même, de l’immolation des désirs égoïstes sur l’autel du bien
universel.
102. Dans un sens plus noble, cela ne signifie pas tant le
renoncement à soi-même que la création de désirs plus nobles, de
sorte que l’individu ne désire que les choses qu’il devrait avoir
légitimement. Il n’est pas obligé de se renier, parce qu’il ne demande
que ce qui est noble et pur. En ce sens, la croix n’est pas tant
l’emblème du renoncement à soi-même qu’un emblème de l’auto-
ennoblissement –– de l’exaltation de soi.
103. La Croix Blanche est le type de la purification de la vie du
désir de simples plaisirs sensoriels. Cela signifie la noble virilité, qui
réclame pour elle-même le privilège de la chasteté et les récompenses
de la pureté.
104. L’armée de la Croix Blanche est composée d’hommes et de
garçons de plus de quatorze ans, qui s’unissent pour résister au vice,
pour assurer la sécurité du foyer et de la société, pour devenir tout
ce qui devient la vraie virilité. Il y a la force dans la coopération
organisée. Ce n’est pas seulement « tirer pendant longtemps » et
« tirer fort », mais c’est « tirer tous ensemble » qui est vraiment
efficace.
105. Des centaines d’hommes vivent la vie blanche
individuellement, mais ne sont pas associés ensemble dans le but
d’influencer les autres. Une telle association aurait pour effet de
répandre plus rapidement l’idée de la responsabilité de l’individu,
créerait une opinion publique, apporterait un soutien moral à ceux qui
pourraient trouver leur force personnelle insuffisante pour répondre

- 44 -
Presque un Homme

aux tentations du monde ; bref, elle fournirait les conditions favorables


aux idéaux les plus élevés de la vie sociale et individuelle.
106. La White Cross Society (12) vise à unir les hommes dans un
tel effort organisé pour l’élévation des normes morales. Ses membres
s’engagent à respecter une quintuple obligation. La première appelle
à la courtoisie cachée dans le cœur de tout homme, faisant de lui un
protecteur de toute femme, aussi solitaire ou sans amies qu’elle soit,
reconnaissant sa valeur potentielle pour la postérité ; la protégeant
contre ses propres désirs égoïstes, contre les assauts ouverts et secrets
des autres hommes, contre sa propre imprudence, si besoin est.
107. La seconde obligation engage le soldat de la Croix Blanche à
un cœur pur, exprimé non seulement en conduite, mais en paroles. Il
pensera et parlera avec révérence de la vie dans toutes ses phases, et
aidera à purifier le langage –– écrit ou parlé –– de tout ce qui pollue le
cœur ou souille l’imagination. La troisième obligation réclame pour le
soldat de la Croix Blanche la gloire de vivre selon les normes morales
les plus élevées, d’être aussi pure que la femme la plus noble qui soit.
La quatrième reconnaît le pouvoir de l’influence, et lie les membres à
un intérêt utile pour toute l’humanité.
108. La cinquième couvre toute l’étendue de la vie, avec
l’obligation de faire tout ce qui est en son pouvoir pour accomplir
le commandement qui dit : « Garde-toi pur. » Le cœur du véritable
homme doit palpiter d’impatience, pour vite répondre à l’appel que
lui a adressé la Croix Blanche.
109. Cela signifie la fidélité conjugale, cela implique le caractère
sacré du foyer, cela crée la pureté individuelle et cela assure la pureté
sociale, cela signifie une virilité plus noble, une féminité plus sublime,
une enfance plus sûre.
110. L’appel t’est adressé individuellement. Ne veux-tu pas devenir
un soldat de la Croix Blanche ? Ne veux-tu pas le faire, même si tu

(12) Littéralement, La Société de la Croix Blanche.


- 45 -
Presque un Homme

ne peux pas adhérer à une société organisée, devenir un porte-


étendard de la Croix Blanche, en t’engageant vis-à-vis de ses cinq
obligations ? Bientôt, tu verras d’autres personnes qui veulent s’unir
à toi dans cette grande œuvre, et la société se formera.
111. Tout celui qui lit ce livre peut devenir un vrai et fidèle soldat
de la Croix Blanche, peu importe où il se trouve, dans le centre
commercial d’une ville ou dans une ferme isolée, dans une boutique
animée ou dans une école calme ; et non seulement il peut être un
soldat, mais il peut être un agent de recrutement, incitant d’autres
personnes à s’enrôler sous la bannière de la Croix Blanche.

L’ENGAGEMENT DE L’ARMEE DE LA CROIX BLANCHE.


« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. »

JE PROMETS, AVEC L’AIDE DE DIEU :


1. De traiter toutes les femmes avec respect et de m’efforcer
de les protéger du mal et de l’avilissement.
2. De m’efforcer de mettre de côté tout langage indécent et
toutes les plaisanteries grossières.
3. De maintenir la loi de la pureté aussi contraignante pour
les hommes que pour les femmes.
4. De m’efforcer de répandre ces principes parmi mes
compagnons, et d’essayer d’aider mes jeunes frères.
5. D’user de tous les moyens possibles pour accomplir le
commandement qui dit : « Garde-toi pur. »

Nom_______________________

- 46 -
Presque un Homme

Il y eut un autre homme là, à Babylone, qui peut aussi se


souvenir, et c’était Daniel, du moment où il avait résolu dans
son coeur de ne pas se souiller par des choses du monde.
C’est une bonne position à prendre.
C’est là que nous devrions prendre… on dirait resserrer
un peu plus fort l’armure. C’est ça. Nous n’allons pas nous
souiller par les choses du monde. Peu importe ce que l’autre
église fait, quant à nous, nous allons nous en revêtir. Nous
allons nous en tenir à cette Parole.
Advienne que pourra, nous ne nous souillerons pas. Si les
autres veulent le faire, qu’ils aillent de l’avant et qu’ils le
fassent. Si ces femmes veulent se couper les cheveux, laissez-
les se les couper. Nous ne sommes pas… C’est exact. Si
elles veulent porter des manucures, qu’elles les portent, ou
n’importe quelle histoire, les maquillages, qu’elles aillent
de l’avant et qu’elles le fassent. Nous, nous ne le ferons pas.
Si les autres disent qu’ils peuvent fumer la cigarette et s’en
tirer, eh bien, qu’ils aillent de l’avant. Mais nous ne le ferons
pas ; c’est tout. Oui, oui.
Les autres peuvent rentrer chez eux, congédier l’école du
dimanche–du dimanche tôt à cause d’une émission à la
télévision, ou rater toute la réunion de mercredi soir à cause
d’une certaine émission. Peu importe ce qu’ils font, nous,
nous servirons le Seigneur. Nous prendrons position comme
Josué : « Moi et ma maison, nous servirons l’Eternel. »
Nous nous rappelons ce qu’Il a fait pour nous apporter
cette bénédiction ; nous apprécions tellement la chose que
nous ne pouvons en aucun cas la souiller. C’est un trésor de
la Vie Eternelle que nous avons, et nous n’aimerions en aucun
cas nous souiller par les choses du monde ; pas du tout.
Et Daniel avait résolu dans son coeur la même chose, quand
bien même il était devenu citoyen de là, mais ce n’était pas de
son gré ; en effet, il était un étranger. Et chaque chrétien né
de nouveau est un étranger aussitôt né de nouveau; en effet,
il est en route pour le Ciel. Ses–ses biens sont au Ciel.
SE SOUVENIR DU SEIGNEUR, PHOENIX AZ USA, Mar 22.01.63, § 19-20

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Presque un Homme

Ce texte est une version française du livre « Almost Man », écrit


par une femme éminente et respectueuse Dr. Mary Allen Wood, (1844 -
1908). Il a été enrichi avec les passages de la Bible et du Message par le
Révérend Pasteur Richard Diyoka pour l’édification de son Eglise.
Ce livre est ici traduit, publié et distribué gratuitement par
Shekinah Publications grâce aux contributions volontaires des croyants.
Imprimé au Congo (Kinshasa), en octobre 2020

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