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Paris, le 26 Septembre 2007

Contribution des fabricants de microphones sans fil professionnels


et des représentants des utilisateurs professionnels à la
consultation publique sur les enjeux liés aux nouvelles fréquences
pour les réseaux d’accès aux services de communication
électronique
Les fabricants de microphones sans fil professionnels et leurs représentants en France
(Shure/Audia, Sennheiser/Sennheiser France, Beyer/Audiopole, AKG/SCV Audio , Audio
Technica/Axente, Audio Limited /VDB) ainsi que les syndicats représentant les utilisateurs
professionnels (SYMPASE, PRODIF, SPECET, FICAM et FESAC) souhaitent par ce
document participer activement à la consultation publique sur les enjeux liés aux
nouvelles fréquences pour les réseaux d’accès aux services de communication
électronique.

Les marques citées plus haut sont les principaux fabricants de microphones sans fil dans
le monde. Les produits sont utilisés de manière quotidienne par des milliers de
professionnels du son qui produisent des émissions de télévision, des concerts, des
spectacles, des reportages, des comédies musicales… La plupart de ces fabricants ainsi
que la majorité des utilisateurs professionnels ont toujours activement collaboré avec les
autorités françaises compétentes (ART devenue ARCEP, CSA, ANFR) qui régissent
l’utilisation des fréquences de ces produits sur le territoire français.

1. Les fréquences des micros sans fil en France, état des lieux en Septembre 2007 :

La réglementation concernant l’utilisation des micros sans fil en France est régie par 2
décisions de l’Art de 1999 numéros 99-781 et 99-782. Ces décisions précisent que les
micros sans fil peuvent utiliser la bande UHF de 470 à 830 MHz à titre secondaire, la
priorité étant donnée au CSA pour la télédiffusion. Les décisions définissent 3 types
d’utilisateurs professionnels qui selon un système de priorité partagent un plan de
fréquences fixes.

L’arrivée de la Télévision Numérique Terrestre a compliqué la tâche de planification de


fréquence en enlevant des canaux de télévision autrefois disponibles. Un groupe de
travail mené par l’ART comprenant les fabricants de micros sans fil, les utilisateurs
professionnels (radios , télévision, syndicats professionnels.) a donc été créé afin
d’assouplir la réglementation existante, et de simplifier la planification de fréquences face
à des ressources spectrales en diminution. Le 18 mars 2005, une réunion à l’ART a validé
une solution d’assouplissement adoptée à l’unanimité. Depuis cette date, aucune
décision de l’ART n’est parue permettant de valider officiellement ce scénario
d’assouplissement.
2. Qui sont les utilisateurs de micros sans fil :

Les utilisateurs de micros sans fil sont des professionnels de l’audiovisuel qui utilisent
quotidiennement ces produits pour produire un spectacle, une émission de télévision, un
congrès, une comédie musicale, une émission de radio, un long métrage, un
documentaire, un reportage, des concerts, des tournées d’artistes… Les productions
audiovisuelles sont assurées par des sociétés de production ( SFP, VCF, Euromédia par
exemple), par des télévisions ( France 2, France 3), ou encore des producteurs de
tournées (Camus et Camus pour Johnny Hallyday). Les producteurs peuvent louer des
micros HF à des loueurs prestataires (Tapages, Silence, Dispatch) qui leur fournissent
un matériel correspondant à leur besoin. Les micros sans fil font partie intégrante de la
production. On ne peut produire l’émission de télévision « Fort Boyard », la comédie
musicale « Le Roi Lion », ou les reportages du Tour de France sans micros sans fil.

En réduisant le spectre UHF utilisable par les micros sans fil, nous risquons d’appauvrir la
production artistique et télévisuelle française, et de mettre les professionnels de
l’audiovisuel en grande difficulté.

3. Taille du parc de micros sans fil existant en France et en Europe :

Les ventes annuelles de micros sans fil en France sont évaluées à 11 millions
d’euros (statistique provenant de l’association PAMA Pro Audio Manufacturer
Association), avec une quantité totale annuelle vendue de plus de 40 000 unités.
Les ventes en Europe sont de l’ordre de 600 000 micros HF par an. La tendance
est à l’augmentation régulière depuis de nombreuses années, les productions
récentes limitant l’utilisation de micros filaires.
On peut estimer la taille du parc de micros sans fil en France à 500 milliers
d’unités.

4. Rappel du fonctionnement d’un micro sans fil :

Les micros sans fil sont des dispositifs mobiles qui émettent en analogique dans la
bande UHF avec une puissance faible comprise entre 10mW et 50mW, sur une
largeur de bande de l’ordre de 200kHz. Il s’agit d’une puissance de sortie
d’émetteur et non de P.A.R. limitée réglementairement en France à 50mW. Ils
doivent permettre de transporter un son de qualité audio professionnelle de 20 à
20kHz avec un dynamique de plus de 120 dB. Leur portée est d’une centaine de
mètres. De part leur faible puissance émise, ils sont très vulnérables à toute
émission dans leur plage de fréquence d’émission. Ils émettent de façon
permanente et ne peuvent donc partager leur fréquence d’émission avec un autre
dispositif de façon simultanée. Il n’existe à ce jour aucun micro HF professionnel
émettant en numérique dont le bénéfice en matière d’occupation spectrale serait
nul. D’autre part, le temps de recherche et développement nécessaire aux
fabricants pour mettre au point et finaliser des produits de qualité et de fiabilité
équivalente représenterait plusieurs années. Les micros sans fil ne peuvent utiliser
des canaux de télévision utilisés par la télédiffusion sans risque important de
perturbation.
5. Quelques exemples de nombre de fréquences utilisées par des productions :

• Tour de France :

La couverture médiatique du Tour de France est chaque année très importante. De


nombreuses radios et télévisions sont présentes et utilisent un millier de micros
HF. Le très important nombre de fréquences demandées nécessite une
planification de fréquences pointue par l’Agence Nationale des Fréquences.

• Tournée Johnny Hallyday :

La dernière tournée française de Johnny Hallyday comprenait 80 micros sans fil


tous les musiciens étant équipés en micros et retour d’écoute sans fil. Comme
toute tournée, la complexité vient du fait que chaque ville de France est couverte
en télévision analogique et TNT dans des plages de fréquences différentes, ce qui
oblige à avoir des matériels très agiles en fréquences et plusieurs canaux de
secours en cas de perturbation.

• Défilé du 14 Juillet aux Champs Elysées:

Cet événement annuel comprend plus de 140 micros HF utilisés sur tous les
militaires défilant le long des Champs Elysées. La difficulté consiste à éviter le bas
de la bande UHF occupé par les émissions de télévision de la Tour Eiffel, bande
donc inutilisable pour les micros sans fil.

• Festival de Cannes :

Le Festival de Cannes est très largement couvert par les médias. Chaque année,
plus de 80 fréquences sont occupées par les micros sans fil sur les caméras de
reportage. Une planification de fréquence est également nécessaire pour gérer le
manque de ressources spectrales.

• Studios de la Plaine Saint Denis :

Ce lieu est très probablement le lieu le plus encombré de France en nombre de


fréquences de micros sans fil. De très nombreuses émissions de télévisions sont
produites dans les 40 studios de production. On compte pas moins de 400 micros
HF utilisés quotidiennement, et la TNT a sérieusement compliqué le choix des
fréquences obligeant les exploitant à un dialogue accru entre les différents studios.

6. La TNT, un premier obstacle à l’utilisation des micros sans fil :

La Télévision Numérique Terrestre a sérieusement compliqué l’utilisation des


micros sans fil en utilisant des ressources spectrales supplémentaires en UHF. En
plus des 6 canaux de télévisions analogiques déjà inutilisables par les micros HF,
la TNT a ajouté 6 canaux de télévision numériques supplémentaires: 48 MHz
disponibles en UHF ont donc disparu avec l’arrivée de la TNT.
7. Le dividende numérique, une menace pour la production française :

Le choix de la bande UHF entre les canaux 62 et 65 pour des services mobiles de
type internet est donc problématique pour les utilisateurs de micros sans fil. Le
haut du spectre UHF de 700 à 830 MHz représente la grande majorité du parc de
micros sans fil français. Ce choix de fréquence a été dicté par le fait que la
télédiffusion est rarement présente dans cette plage de fréquence, et que les
caractéristiques de propagation sont favorables à ces fréquences pour garantir une
transmission fiable.

Quelques éléments chiffrés permettent de mesurer l’impact d’un tel choix de


fréquence :

• La société Sennheiser France commercialise 30% des micros HF


Sennheiser dans ces plages de fréquence.
• La société Audia commercialise 80% des micros HF Shure dans ces
fréquences.
• La société SCV Audio vend 80% des micros AKG dans ces plages de
fréquences.
• La société Audiopole commercialise 95% des micros Beyer dans ces
fréquences.
• La société AXENTE commercialise 95% des Audio Technica dans ces
plages de fréquences
• La société VDB vend 10% des micros Audio Limited dans ces fréquences.

A titre d’exemple, sur Paris où on lieu beaucoup de prestations utilisant des micros
HF, les canaux de 21 à 35 sont inutilisables à cause de la télédiffusion. Si on
enlève les canaux de 62 à 65, on limite l’espace théorique utilisable à la plage de
590 à 798 Mhz soit 208 MHz. Le nombre maximal de liaisons HF utilisables dans
cette plage se limite à environ une cinquantaine, soit la demande moyenne en
fréquence d’une production. On ne pourrait alors répondre aux besoins de studios
comme ceux de la Plaine Saint Denis, d’évènements médiatiques importants
(Coupe du Monde de Rugby…).

En limitant à nouveau la bande UHF pour les micros HF, les risques suivants sont
encourus :
• Une saturation de la bande UHF conduisant à des parasitages entre les
différents micros, en direct pendant les diffusions télévisées, on imagine mal
un homme politique d’importance ne pouvant faire son discours pour cause
de limitation de fréquences)
• Une réduction du nombre de productions de spectacles montées en France
par manque de moyen techniques à disposition : une comédie musicale
utilise fréquemment 50 liaisons
• Impossibilité d’organiser techniquement de grands évènements sportifs ou
médiatiques (Coupe du monde, Tour de France, etc…)
• Augmentation des coûts de production par l’utilisation de nouvelles
technologies, non disponibles à ce jour
8. Souplesse en fréquence des micros sans fil :

L’encombrement du spectre UHF a conduit les fabricants de micros HF à réagir et


à proposer aux utilisateurs professionnels des produits de plus en plus agiles en
fréquence. Les matériels actuels permettent généralement un choix de fréquence
sur une plage de plus de 20 MHz et les nouveaux matériels lancés sur le marché
proposent jusqu’à 90 MHz de bande passante RF avec en contrepartie une
augmentation du coût de l’ordre de 20%. Les prestataires loueurs qui se dotent de
ces nouveaux équipements doivent bien sûr en imputer le surcoût par rapport aux
générations précédentes aux productions audiovisuelles et de spectacles.

9. Autre bandes de fréquences utilisables par les micros sans fil (VHF, fréquences
hautes) :

Deux bandes existent en VHF entre 175,5/178,5 et 183.5 /186.5 MHz. Ces bandes
ne permettent pas d‘utiliser un grand nombre de micros. Des bandes de
fréquences supplémentaires ont été identifiées au niveau Européen au dessus de
1 GHz. Ces bandes posent des problèmes de portée, de pertes importantes dans
les câbles d’antennes. Il n’existe aujourd’hui aucun microphone sans fil
professionnel disponible dans ces bandes de fréquence.

Conclusions :

- L’adoption des canaux 62 à 69 pour les réseaux d’accès aux services de


communication électronique met en grand danger la production audiovisuelle
française.

- L’impact économique sur le coût des équipements futurs et les coûts de


production est très important.

- Les délais de mise en œuvre prévus ne permettent pas aux industriels le


développement de nouvelles technologies abordables, ni aux professionnels de les
valider.

- Compte tenu de la durée de vie des systèmes sans fil professionnels, on peut
estimer qu’il faudrait une dizaine d’années pour le remplacement du parc existant
se trouvant dans ces canaux TV.

Bruno Bertrand Audiopole


Edouard Leboulleux SCV Audio
Alain RICHER Sennheiser France
Ludovic Sardnal Algam / Division Audia
Christophe Carles AXENTE
Stéphane Van den Bergh VDB

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