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Chapitre 1

Embarquement

Passionné par les sciences naturelles et cherchant l’aventure, Casimir Curios


embarqua un matin de mai 1765. Le bateau qui allait explorer le Pacifique pendant
plusieurs mois était flambant neuf. Avec ses trois mâts et toutes ses voiles blanches,
le navire ressemblait à une géante en robe de mariée. Arrivé sur le pont, le capitaine
Herzlos demanda à Casimir ce que contenaient les trois lourdes malles qu’il avait fait
transporter à bord.
« Oh !... Ce sont mes livres !»
« Des livres ? avait répondu le
capitaine d’un air plein de
mépris. Diable ! A quoi vos livres
vont-ils bien pouvoir servir sur mon
navire ? »
Casimir ne prit pas la peine de
répondre. Il savait que le dialogue
serait inutile, le capitaine ayant la
réputation d’avoir très mauvais
caractère. Le jeune homme avait
sélectionné des livres de toutes les époques et de différents pays décrivant mille
sortes de plantes et de créatures exotiques. Il comptait bien découvrir de nouvelles
espèces dans des terres jamais explorées. Un brin rêveur, ce jeune scientifique
espérait même rencontrer, pourquoi pas, des êtres surnaturels. Qui sait ? Peut-être
serait-il le premier à attester de l’existence des sirènes ? Au moment du départ, le
jeune scientifique sentait que tout était possible.

Au cours du voyage, ils essuyèrent plusieurs tempêtes. Ils perdirent trois matelots, et
un jeune mousse* mais le navire résista en toutes circonstances. Excepté lors des
escales en Amérique du Sud, Casimir restait enfermé dans sa cabine avec ses livres.
Après plus de six mois en mer, le bateau atteignit enfin l’Océan Pacifique.
Notre aventurier trépignait : « Mais, quand allons-nous enfin trouver une terre
inconnue ? ».

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Dans ses rêves, il se voyait observer des dragons, rencontrer des griffons* et caresser
des licornes : toutes ces créatures légendaires qui l’avaient accompagné dans son
enfance.
Soudain un matin, il fut réveillé par un cri : « Terre ! Terre ! »
Le capitaine prit sa longue vue. Au loin, il vit
qu’une bosse verte était comme posée sur la
ligne bleue de l’horizon. Seule, entre ciel et
mer, cette petite île semblait les attendre.
« Etant donné la direction des vents, il faudra
la journée pour y parvenir ! » déclara le
capitaine.
Casimir ne tenait plus : « Il me tarde d’y
être ! »
A midi, quand le soleil fût au Zénith*, un vieux
marin vint parler à l’oreille du capitaine. Celui-
ci recula d’un pas et considéra le vieux marin
d’un air agacé :
« Vous êtes sénile mon vieux ! C’est impossible ! » Et le capitaine très contrarié
tourna les talons et reprit sa longue vue pour scruter l’horizon. Il utilisa également un
sextant* pour mesurer la distance qui leur restait à parcourir.
Casimir, intrigué par la scène, demanda discrètement de quoi il était question.
Un des matelots l’informa que d’après les instruments de mesure, l’îlot* semblait avoir
changé de place, comme s’il dérivait.
Cela piqua la curiosité du jeune explorateur, qui eut encore plus envie d’explorer cette
île mystérieuse.

Glossaire :
Mousse : jeune apprenti marin.
Griffons : animal fantastique ailé, ayant un corps de lion et une tête d’aigle.
Zénith : point du ciel situé au-dessus de notre tête.
Sextant : instrument de mesure utilisé par les marins.
Ilot : petite île.

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Chapitre 2
Tremblement de terre

Après avoir changé de cap, l’équipage jeta l’ancre tout près des côtes. Le lendemain,
quelques hommes partirent en barque explorer l’île. Casimir était avec eux. En tant
que membre de l’équipe scientifique, sa présence était nécessaire. Il avait pris un sac
dans lequel carnets et crayons lui permettraient de réaliser des croquis et de prendre
des notes. Il avait aussi fait transporter des cages et des boites dans l’espoir de
ramener quelques espèces vivantes.
Pendant toute la journée, ils parcoururent cette île minuscule, en long, en large et en
travers.
Aucun animal ne semblait vivre dessus, hormis quelques crabes. La végétation
paraissait à moitié morte. Casimir Curios trouvait que ces plantes ressemblaient à
des algues desséchées. Il était très déçu. Il prit des notes, fit quelques croquis mais
n’avait rien trouvé de vivant à rapporter.
Sur cette île, tout était étrange, même le sol. Un des matelots qui l’accompagnait
voulut creuser un trou pour voir si le sol contenait quelques métaux précieux. Il prit
une pioche et :
« Crack ! »
Un grondement s’en suivit, une sorte de longue plainte. Un cri animal qui était à mi-
chemin entre le beuglement du bœuf et le chant de la baleine.
Puis la terre se mit à trembler.
Depuis le navire, l’équipage resté à bord entendit aussi le rugissement provenant des
fonds marins et vit l’île prise de secousses.
« Un tremblement de terre ! »
L’île commença ensuite à s’enfoncer dans l’eau.
A la hâte, Casimir et ses compagnons sautèrent dans les barques pour ne pas finir
engloutis avec cette île maudite. Ils laissèrent leurs affaires sur place, mais Casimir
réussit tout de même à garder ses carnets de notes dans sa poche.
Revenus sur le bateau, tous assistèrent à un phénomène des plus spectaculaires : ils
virent l’île s’enfoncer dans l’eau et disparaître complètement.
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Même le capitaine en fut abasourdi. Certains racontèrent qu’ils avaient entendu des
récits au sujet d’îles qui avaient disparu comme celle-là. Le capitaine avança
l’hypothèse qu’ils se trouvaient dans une région volcanique. Casimir, insatisfait par
ces explications, fonça dans sa cabine et plongea dans ses malles.
« Ah je ne crois pas qu’ils aient raison. J’ai déjà vu ça quelque part ! »
Il retrouva un très vieux livre datant du Moyen-âge, intitulé le Physiologus. Pendant
que le navire levait l’ancre pour partir vers de nouveaux horizons, notre jeune
explorateur féru* de sciences parcourait les pages du manuscrit.
Il s’arrêta quand il tomba sur la page qui parlait de l’Aspidochelon.
Le livre disait à peu près ceci : « Il existe
un monstre des mers que les Grecs
appellent Aspidochelon … C’est une sorte
d’énorme baleine avec des écailles de
tortue. Elle laisse son dos apparaître à la
surface de l’eau. Celui-ci peut facilement
être confondu avec une île. Elle passe le
plus clair de son temps à dormir et à se
laisser dériver au gré des courants
marins. »
En cherchant encore dans d’autres livres,
Casimir découvrit une légende espagnole
qui lui donnait le nom de Zaratan.
« Zaratan… Bien plus facile à
prononcer ! » songea-t-il.
Il s’allongea pour réfléchir un instant. Il n’avait aucune preuve mais il était persuadé
d’avoir raison. Il écrivit dans un de ses carnets pour laisser une trace de sa découverte
au cas où il ne survivrait pas à ce merveilleux voyage.
Casimir était-il triste de n’avoir rien rapporté de cette première exploration ? Pas du
tout. Ce premier contact avec une créature légendaire annonçait une suite des plus
prometteuses…
Il se demanda simplement quelles autres découvertes sensationnelles l’attendaient
aux confins de cet océan...

Glossaire :
Féru : « être féru de » signifie être passionné par quelque chose.

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