Vous êtes sur la page 1sur 4

L3 MFA et MI Université Paris Cité

Calcul Différentiel (CD5) Année 2023-2024

Contrôle 2 du 25 novembre 2023

Exercice 1. On munit Rn de sa norme euclidienne usuelle définie par


v
u n
uX
∥(x1 , . . . , xn )∥2 = t x2i .
i=1

On munit l’espace vectoriel Mn (R) des matrices réelles carrées de taille n de la norme subordonnée à
la norme ∥ · ∥2 , définie par
|||A|||2 = sup{∥AX∥2 ; X ∈ Rn , ∥X∥2 = 1}.
Etant donnée une matrice inversible A de Mn (R), on définit ΦA : Mn (R) → Mn (R) par ΦA (M ) =
A−1 M A.
(1) Montrer que ΦA est une application linéaire continue, donner un majorant de sa norme faisant
intervenir |||A|||2 et |||A−1 |||2 .
Réponse. Soit M, N ∈ Mn (R) et λ ∈ R. On a
ΦA (M + λN ) = A−1 (M + λN )A = A−1 M A + λA−1 N A = ΦA (M ) + λΦA (N ),
donc ΦA est linéaire. Soit M ∈ Mn (R). Toute norme subordonnée est sous-multiplicative, ainsi
|||ΦA (M )|||2 = A−1 M A 2 ≤ A−1 2 |||M |||2 |||A|||2 = A−1 2 |||A|||2 |||M |||2 .


Donc ΦA est continue et |||ΦA ||| ≤ |||A−1 |||2 |||A|||2 .


Note : alternativement, on pouvait justifier la continuité par la linéarité sur un espace de di-
mension finie, mais cela ne donnait pas la majoration pour la norme.

(2) Montrer que |||ΦA ||| ≥ 1.


Réponse. On a |||I|||2 = sup{∥IX∥2 ; ∥X∥2 = 1} = sup{∥X∥2 ; ∥X∥2 = 1} = 1 et
|||ΦA ||| = sup{|||ΦA (M )|||2 ; |||M |||2 = 1} ≥ |||ΦA (I)|||2 = |||I|||2 = 1.

0 λ1
   
1 0
(3) On suppose que n = 2 et on fixe λ ≥ 1. On note Aλ = et Bλ = .
0 λ λ 0
(a) Montrer que |||Bλ |||2 = λ.
 
x
Réponse. Soit X = . On a ∥Bλ X∥22 = λ12 y 2 + λ2 x2 . Or λ ≥ 1, donc λ2 ≥ 1 et
y
1
λ2
≤ 1. Ainsi ∥Bλ X∥22 ≤ λ2 ∥X∥22 . On déduit alors de la croissance de la fonction racine que
∥Bλ X∥2 ≤ |λ|∥X∥2 .Comme  λ ≥ 0, on obtient ∥Bλ X∥2 ≤ λ∥X∥2 . Il suit que |||Bλ |||2 ≤ λ.
1
Par ailleurs, on a ∥ ∥ = 1, d’où
0 2
 
1
|||Bλ |||2 = sup{∥Bλ X∥2 ; ∥X∥2 = 1} ≥ ∥Bλ ∥ = λ.
0 2
Ainsi |||Bλ |||2 = λ.

(b) Calculer |||ΦAλ (B1 )|||2 . En déduire que |||ΦAλ ||| ≥ λ.


 
0 λ
Réponse. On a ΦAλ (B1 ) = 1 . Par le même calcul que dans la question 3a), on
λ
0
obtient que |||ΦAλ (B1 )|||2 = λ. Or |||B1 |||2 = 1, d’où
|||ΦAλ ||| = sup{|||ΦAλ X|||2 ; |||X|||2 = 1} ≥ |||ΦAλ (B1 )|||2 = λ.
1
L3 MFA et MI Université Paris Cité
Calcul Différentiel (CD5) Année 2023-2024

(c) Montrer que |||ΦAλ ||| = λ.


Réponse. Comme dans la question 3(a), on montre que |||Aλ |||2 = λ et A1 = 1. De
λ 2
plus, la question 1) donne
|||ΦAλ ||| ≤ A−1
λ 2
|||Aλ |||2 = A1 |||Aλ |||2 = λ.
λ 2
On déduit alors le résultat de la question 3(b).

Exercice 2. On munit l’espace vectoriel Mp (R) des matrices réelles carrées de taille p de la norme
∥ · ∥∞ définie par
∥(ai,j )1≤i,j≤p ∥∞ = max{|ai,j |; 1 ≤ i, j ≤ j}.
(1) Montrer que pour toutes matrices A, B de Mp (R), on a ∥AB∥∞ ≤ p∥A∥∞ ∥B∥∞ . La constante
p est-elle optimale ?
p
P
Réponse. On note A = (aij ), B = (bij ) et AB = (cij ). On rappelle que cij = aik bkj . On a
k=1
|aik | ≤ ∥A∥∞ et |bkj | ≤ ∥B∥∞ . Ainsi, pour tout 1 ≤ i, j ≤ p
p p
X X
|cij | ≤ |aik ||bkj | ≤ ∥A∥∞ ∥B∥∞ = p∥A∥∞ ∥B∥∞ .
i=1 i=1

D’où ∥AB∥∞ ≤ p∥A∥∞ ∥B∥∞ . Soit k ≥ 0 tel que pour tout A, B ∈ Mp (R), on ait ∥AB∥∞ ≤
k∥A∥∞ ∥B∥∞ . Montrons que p ≤ k. Pour cela, on considère la matrice A0 dont tous les coeffi-
cients valent 1. On a ∥A0 ∥∞ = 1 et A20 = pA0 . Ainsi, pour A = B = A0 , on obtient
p = p∥A0 ∥∞ = ∥pA0 ∥∞ = ∥A20 ∥∞ ≤ k∥A0 ∥2∞ = k.
(2) Montrer qu’il existe ε > 0 tel que si ∥M ∥∞ < ε, alors la série de terme général n1 M n converge.
Réponse. Tout d’abord, on remarque que ∥M n ∥∞ ≤ pn−1 ∥M ∥n∞ (on peut le montrer par
récurrence). Posons ε = p1 . Supposons que ∥M ∥∞ < ε. Alors pn−1 ∥M ∥n∞ < p1 < 1. Or la série
n−1
x est de rayon de convergence égal à 1. Donc la série de terme général p n ∥M ∥n∞
P1 n
entière n
converge. Ainsi le critère de comparaison des séries à termes positifs implique que la série
de terme général n1 M n est absolument convergente, donc convergente puisque Mn (R) est de
dimension finie.

Exercice 3. Soit f : R2 → R l’application


x3 y
f (x, y) = 2 si (x, y) ̸= (0, 0) et f (0, 0) = 0.
x − xy + y 2
(1) L’application f est-elle continue sur R2 ?
x2 +y 2
Réponse. Comme (|x| − |y|)2 ≥ 0, on a |xy| ≤ 2
et donc
2 2
x +y x2 + y 2
x2 − xy + y 2 ≥ (x2 + y 2 ) − ≥ .
2 2
Aussi, x2 − xy + y 2 ne s’annule que pour x = y = 0. L’application f est donc bien définie
sur l’ouvert R2 \{(0, 0)}, et y est continue comme fraction
p rationnelle de deux
p variables dont le
dénominateur ne s’annule pas. De plus, comme |x| ≤ x + y et |y| ≤ x2 + y 2 , on a pour
2 2

(x, y) ̸= (0, 0)
(x2 + y 2 )2
(1) |f (x, y) − f (0, 0)| ≤ | x2 +y 2
| ≤ 2(x2 + y 2 ),
2
qui tend vers 0 lorsque (x, y) tend vers 0. L’application f est donc continue en (0, 0).
2
L3 MFA et MI Université Paris Cité
Calcul Différentiel (CD5) Année 2023-2024

(2) Différentiable sur R2 ?


Réponse. Etant une fraction rationnelle de deux variables dont le dénominateur ne s’annule pas
sur l’ouvert R2 \{(0, 0)}, la fonction f est de classe C ∞ sur R2 \{(0, 0)}. Donc f est différentiable
sur l’ouvert R2 \{(0, 0)}.
Soit (x, y) ∈ R2 \{(0, 0)}. Alors, on déduit de (1) que
|f (x, y) − f (0, 0) − 0| |x3 y| 1
= 2 2
p ≤ 2∥(x, y)∥2 .
∥(x, y)∥2 |x − xy + y | x2 + y 2
qui tend vers 0 lorsque ∥(x, y)∥ tend vers 0. L’application f est donc différentiable en (0, 0) de
difrérentielle nulle. Elle est finalement différentiable sur R2 .

(3) De classe C 1 sur R2 ?


Réponse. On a vu que f est de classe C 1 sur l’ouvert R2 \{(0, 0)}. Montrons que f est de
classse C 1 en (0, 0). Soit (x, y) ̸= (0, 0). On a
∂f x2 y(x2 − 2xy + 3y 2 ) ∂f x3 (x2 − y 2 )
(x, y) = et (x, y) = 2 .
∂x (x2 − xy + y 2 )2 ∂y (x − xy + y 2 )2
x2 +y 2
En utilisant l’inégalité établie précédemment x2 − xy + y 2 ≥ 2
, on obtient
∂f ∂f 3∥(x, y)∥5
| (x, y) − (0, 0)| ≤ ∥(x,y)∥2 22 ≤ 12∥(x, y)∥2
∂x ∂x 2
2
et
∂f ∂f 2∥(x, y)∥5
| (x, y) − (0, 0)| ≤ ∥(x,y)∥2 22 ≤ 8∥(x, y)∥2 .
∂y ∂y 2
2
Ces deux quantités tendent vers 0 quand (x, y) tend vers 0, donc f est de classe C 1 en (0, 0).
Elle est finalement de classe C 1 sur R2 .

Exercice 4. On considère l’espace vectoriel M2 (R) des matrices réelles carrées de taille 2 l’application
F : M2 (R) → R définie par F (A) = Tr(A3 ). Montrer qu’en tout point de M2 (R) l’application F est
différentiable et calculer sa diffférentielle.
Réponse. On munit R2 d’une norme et on note |||·||| sa norme subordonnée sur M2 (R). Soit A ∈ M2 (R)
et H ∈ M2 (R) non nulle. On a
F (A + H) = Tr((A + H)3 )
= Tr(A3 + A2 H + AHA + HA2 + AH 2 + HAH + H 2 A + H 3 )
= f (A) + 3 Tr(HA2 ) + 3 Tr(H 2 A + H 3 )
car Tr(AB) = Tr(BA). Or H 7−→ Tr(HA2 ) est linéaire et continue (car dim(M2 (R)) est de finie) et
|||H 2 A + H 3 ||| |||H 2 ||| |||A + H|||
≤ ≤ |||H||| |||A + H||| ,
|||H||| |||H|||
qui tend vers 0 lorsque |||H||| tend vers 0. De plus, par continuité de Tr (qui est une application linéaire),
1 1
on déduit que lim |||H||| Tr(H 2 A + H 3 ) = lim Tr( |||H||| (H 2 A + H 3 )) = 0. Ainsi, F est différentiable en
|||H|||→0 |||H|||→0
A de différentiable DF (A) : M2 (R) −→ R, H 7−→ 3 Tr(HA2 ).

Exercice 5. Soit φ : R → R une application de classe C 2 dont les dérivées première et seconde sont
bornées sur R. On note M > 0 une constante telle que
∀t ∈ R, |φ′ (t)| + |φ′′ (t)| ≤ M.
3
L3 MFA et MI Université Paris Cité
Calcul Différentiel (CD5) Année 2023-2024

On définit sur l’espace vectoriel E des fonctions continues de [0, 1] dans R l’application Φ : E → R par
Z 1
∀f ∈ E, Φ(f ) = φ(f (t))dt.
0
On munit E de la norme ∥ · ∥∞ définie par ∥f ∥∞ = sup{|f (t)|; t ∈ [0, 1]}.
(1) (a) Justifier que
∀t ∈ R, ∀h ∈ R, |φ(t + h) − φ(t)| ≤ M |h|.
Réponse. On remarque que |φ′ (t)| ≤ |φ′ (t)| + |φ′′ (t)| ≤ M . L’inégalité s’obtient alors en
appliquant à φ l’inégalité des accroissements finis entre t et t + h.

(b) Montrer que Φ est continue.


Réponse. Soit f0 ∈ E et f ∈ E. On a
Z 1
|Φ(f0 + f ) − Φ(f0 )| = | φ(f0 (t) + f (t)) − φ(f0 (t))dt|
0
Z 1
≤ |φ(f0 (t) + f (t)) − φ(f0 (t))|dt
0
Z 1
≤M |f (t)|dt
0
≤ M ∥f ∥∞ .
Donc Φ est M -lipschitzienne, et donc continue en f0 .

(2) (a) Justifier que


h2
∀t ∈ R, ∀h ∈ R, |φ(t + h) − φ(t) − φ′ (t)h| ≤ M .
2
Réponse. L’application φ est de classe C 2 . On applique la formule de Taylor-Lagrange
2
entre t et t + h. Il existe θ ∈]0, 1[ tel que φ(t + h) = φ(t) + φ′ (t)h + φ′′ (t + θh) h2 . Or
|φ′′ (t + θh)| ≤ |φ′ (t + θh)| + |φ′′ (t + θh)| ≤ M . Donc
h2 |h|2
|φ(t + h) − φ(t) − φ′ (t)h| = |φ′′ (c) |≤M ,
2 2
d’où le résultat.

(b) Montrer que Φ est différentiable, donner sa différentielle au point f ∈ E.


R1
Réponse. L’application L : E → R, g 7→ 0 g(t)φ′ (f (t))dt est linéaire et continue car
Z 1 Z 1 Z 1
′ ′
| g(t)φ (f (t))dt| ≤ |g(t)φ (f (t))|dt ≤ ∥g∥∞ |φ′ (f (t))dt| ≤ M ∥g∥∞ .
0 0 0

Soit g ∈ E telle que g n’est pas la fonction nulle. On a alors


Z 1
1 1
|Φ(f + g) − Φ(f ) − L(g)| ≤ |φ(f (t) + g(t)) − φ(f (t)) − g(t)φ′ (f (t))|dt
∥g∥∞ ∥g∥∞ 0
Z 1
1 M |g(t)|2
≤ dt
∥g∥∞ 0 2
M ∥g∥2∞ M
≤ = ∥g∥∞ −→ 0,
2∥g∥∞ 2
ainsi Φ est différentiable en f de différentielle L.

Vous aimerez peut-être aussi