Vous êtes sur la page 1sur 6

Concours

d’accès au cycle de
préparation à l’agrégation de
Mathématiques
Session Février 2014

Épreuve d’algèbre et de géométrie

Durée 4 heures

Le sujet comporte 5 pages, en plus de cette page de garde.


Concours d’accès au cycle de préparation à l’agrégation de Mathématiques – Février 2014

Important
L’épreuve est constituée de trois exercices et d’un problème. Le candidat est libre
de traiter le sujet dans l’ordre qui lui convient à condition de bien mentionner les
références complètes de chaque question traitée.

Les candidats sont tenus à rendre deux copies séparées même si elles sont vierges.
La première contenant la résolution des trois exercices et la seconde contenant celle
du problème. Dans chacune des deux copies on indiquera les références du candidat
et le nombre d’intercalaires utilisés.

Il sera tenu compte dans l’appréciation des copies de la rigueur de votre raisonnement,
de la clarté de la rédaction et du soin apporté à la présentation de votre copie. Le
candidat peut utiliser les résultats énoncés dans les questions ou parties précédentes,
il veillera toutefois à mentionner la référence du résultat utilisé.

Si le candidat repère ce qu’il pense être une erreur de l’énoncé, il le signale sur
sa copie en expliquant les raisons qui l’ont amené à le penser. Ceci ne doit pas
l’empêcher de finir son épreuve et il a le choix d’adopter les rectifications qu’il croit
nécessaires ou pas.

Les calculatrices et les documents sont interdits lors de cette épreuve.

]]]]

Exercice 1
Dans le plan affine euclidien habituel, confondu avec R2 et rapporté au repère orthonormé (O; x, y),
on considère les points A(1, 0) et B (0, 1). Les points M 0 (x 0 , y 0 ) et M 1 (x 1 , y 1 ) sont donnés.

½
- Les droites (P 0 M 0 ) et (Ox) sont parallèles
On construit le point P 0 par les conditions :
- P 0 ∈ (AB )
½
- Les droites (P 0Q 0 ) et (M 1 B ) sont parallèles
On construit le point Q 0 par les conditions :
- Q 0 ∈ (AM 1 )
Soit le point M 2 (x 2 , y 2 ) tel que le quadrilatère (M 0 P 0Q 0 M 2 ) soit un parallélogramme. On pose :

M2 = M0 ∗ M1

1 . Faire une illustration graphique de construction du point M 2 .


½
x2 = x0 + x1 y 0
2 . Démontrer que
y2 = y0 y1

3 . Démontrer que la loi ∗ est associative et admet un élément neutre qu’on précisera.

page 1 sur 5
Épreuve d’algèbre et de géométrie

4 . Démontrer que si y 0 6= 0 alors le point M 0 admet un inverse.

5 . On définit une suite de points (M n )n∈N par la donnée de M 0 , M 1 et de la relation de récurrence


valable pour tout entier n ≥ 2 :
M n = M n−1 ∗ M n
Déterminer y n en fonction de n, y 0 et de y 1 .

Exercice 2
On considère la matrice réelle carrée d’ordre 3 :

1 2 −3
 

A =  2 4 −6 
4 8 −12

et soit f l’endomorphisme de M3,1 (R) canoniquement associé à A.

1. (a) Calculer le rang de f .


(b) En déduire, sans aucun calcul de déterminant, le polynôme caractéristique de f défini par :

∀λ ∈ R χ f (λ) = det( f − λe)

où e désigne l’application identité de M3,1 (R).


(c) f est-il diagonalisable ?

2. (a) Déterminer deux vecteurs-colonnes U et V linéairement indépendants de ker f et dont la


première composante est 1.
(b) Déterminer un vecteur-colonne W de ker( f + 7e) dont la première composante est 1.
(c) Justifier que : ker f et ker( f + 7e) sont supplémentaires dans M3,1 (R).

3 . Soit P la matrice dont les colonnes sont U ,V et W.

(a) Justifier que P est inversible.


(b) Justifier, sans calcul, que P −1 AP est la matrice diagonale D = d i ag (0, 0, −7)
(c) Calculer P −1 et déduire l’expression explicite de A n , pour tout n ∈ N.

4 . Soient (u n )n ∈ N, (v n )n ∈ N et (w n )n ∈ N, trois suites réelles définies par :



 u n+1 = u n + 2v n − 3w n
v = 2u n + 4v n − 6w n
 n+1
w n+1 = 4u n + 8v n − 12w n

Déterminer, pour chaque n ∈ N, u n , v n et w n en fonction de n et de u 0 , v 0 et w 0 .

page 2 sur 5
Concours d’accès au cycle de préparation à l’agrégation de Mathématiques – Février 2014

Exercice 3
Dans cet exercice n est un entier naturel supérieur ou égal à 2. On pose E n = Rn [X ] l’espace vectoriel
réel des polynômes de degré inférieur ou égal à n. Pour tout (P,Q) ∈ E 2 , on pose :
Z 1
(P | Q) = P (x)Q(x) d x
−1

et pour tout 0 ≤ k ≤ n, on pose L k = ((X 2 − 1)k )(k) (la dérivée k i ème du polynôme (X 2 − 1)k ).

1 . Montrer que (.|.) définit un produit scalaire sur E n . On notera k.k la norme euclidienne associée.

2. (a) Montrer que, pour tout k ∈ {0, ..., n}, deg L k = k et déterminer son coefficient dominant c k .
(b) Soit p ∈ {1, ..., n}. Montrer que, pour tout 0 ≤ k < p, (X k | L p ) = 0. (On pourra penser à effectuer
des intégrations par parties)
(c) Déduire que (L 0 , L 1 , ..., L n ) est une base orthogonale de E .

3. (a) Soit p ∈ {0, ..., n}. En admettant que :


Z π/2 22p (p!)2
(cos(x))2p+1 d x =
0 (2p + 1)!

calculer (X p | L p ). En déduire la valeur de °L p ° .


° °

(b) Déduire des scalaires λ0 , λ1 , ..., λn tels que (P 0 , P 1 , ..., P n ) soit une base orthonormale de E et
(X k |P k ) > 0 où, P k = λk L k , pour tout 0 ≤ k ≤ n.

4. (a) Déterminer la projection orthogonale Q du polynôme X 2 sur le sous-espace vectoriel E 2 .


(b) Justifier que : ° 2
° X −Q ° = inf{° X 2 − (a X + b)° ; (a, b) ∈ R2 }
° ° °

Z 1
(c) Calculer inf (t 2 + at + b)2 d t .
a,b∈R −1

Problème
Dans tout le problème C désigne le corps des nombres complexes. Pour (n, p) ∈ N∗2 , on note :
• Mn,p (C) le C-espace vectoriel des matrices à n lignes, p colonnes et à coefficients dans C.
• Mn (C) la C-algèbre des matrices carrées d’ordre n et à coefficients dans C.
Si E et F sont des C-espace vectoriels, alors on note :
• L (E , F ) le C-espace vectoriel des applications linéaires de E dans F.
• L (E ) la C-algèbre des endomorphismes de E . L’endomorphisme nul de E sera noté θE et l’endo-
morphisme unité sera noté i d E . On rappelle aussi que :
• Lorsque E et F sont des C-espace vectoriels de dimensions finies non nulles p et n respectivement,
et si B est une base de E et C est une base de F , alors pour tout f ∈ L (E , F ) mat B,C ( f ) désigne la

page 3 sur 5
Épreuve d’algèbre et de géométrie

matrice de f relativement aux bases B et C . On définit ainsi un isomorphisme d’espaces vectoriels


de L (E , F ) sur Mn,p (C).
• Dans le cas où u ∈ L (E ), E étant un C-espace vectoriel de dimension finie non nulle n, mat B,B (u)
est notée mat B (u). L’application mat B définit un isomorphisme d’algèbres de L (E ) dans Mn (C).
• L’application, qui à tout λ ∈ C associe det(u−λi d E ), est un polynôme en λ de degré n dit polynôme
caractéristique de u et noté χu .
m m
a k X k ∈ C[X ], l’endomorphisme de E : a k u k est noté P (u) dit
X X
• Pour tout polynôme P =
k=0 k=0
polynôme en u associé à P. {P (u); P ∈ C[X ]} est une sous-algèbre commutative de L (E ) dite
algèbre des polynômes en u notée C[u].
• L’ensemble des polynômes P ∈ C[X ] vérifiant P (u) = θE est un idéal non nul de C[X ]. Son unique
générateur unitaire s’appelle le polynôme minimal de u et sera noté πu .
• Le long de ce problème une matrice carrée de Mn (C) sera confondue avec l’endomorphisme de
Mn,1 (C) qui lui est canoniquement associé.
L’objectif de la première partie est de montrer que deux endomorphismes, même sur des espaces
vectoriels différents, ont des propriétés algébriques similaires dès qu’ils sont représentés dans une
base par une même matrice. Dans la deuxième partie, on définit et on caractérise les endomor-
phismes dits cycliques.

I- Endomorphismes similaires
Dans cette partie E et F sont deux C espaces vectoriels de même dimension finie n ∈ N∗ . Soient
f ∈ L (E ) et g ∈ L (F ).
Définition 1 : On dit que f et g sont similaires s’il existe un isomorphisme u de E dans F vérifiant :
g = u ◦ f ◦ u −1 . On note alors f ∼ g .

1 . Montrer que l’on définit ainsi une relation d’équivalence sur l’ensemble de tous les endomor-
phismes d’espaces vectoriels de dimension n sur C.

2 . Montrer que si f ∼ g alors étant donnée une base B de E , il existe une base C de F telle que :
mat B ( f ) = mat C (g ). ( f et g sont représentées par une même matrice)

3 . Inversement, montrer que s’il existe une base B de E et une base C de F telle que
mat B ( f ) = mat C (g ) alors f et g sont similaires.

4 . Soit f ∈ L (E ) et A une matrice carrée d’ordre n. Justifier la caractérisation suivante :

f et A sont similaires si, et seulement si, il existe une base B de E telle que A = mat B ( f )

5 . Caractériser deux matrices carrées similaires.

6 . Déduire que deux endomorphismes similaires ont le même polynôme caractéristique et le


même polynôme minimal.

7 . On suppose que f ∼ g . Soit λ une valeur propre de f . Montrer que λ est une valeur propre
de g et que les deux sous espaces propres de f et de g associés à la valeur propre λ ont la même
dimension.

8 . Montrer que si f ∼ g alors : f est diagonalisable si, et seulement si, g l’est.

page 4 sur 5
Concours d’accès au cycle de préparation à l’agrégation de Mathématiques – Février 2014

II- Endomorphismes cycliques


Dans cette partie, on fixe un C-espace vectoriel E de dimension finie n ∈ N∗ , son vecteur nul est
noté 0E . Soit u ∈ L (E ) ; pour tout x ∈ E on note :
• E x,u l’ensemble des polynômes en u évalués en x :
E x,u = {P (u)(x); P ∈ C[X ]}

• I x,u l’ensemble des polynômes de C[X ] annulant u en x :


I x,u = {P ∈ C[X ]; P (u)(x) = 0E }

9 . Justifier l’existence d’un unique polynôme unitaire noté πx,u dit polynôme minimal de u en x
vérifiant la propriété suivante :
∀P ∈ C[X ], P (u)(x) = 0E ⇐⇒ πx,u divise P

10 . Montrer que : πx,u divise πu .

11 . Montrer que si x n’est pas nul alors deg πx,u Ê 1.

12 . Montrer que E x,u est un sous espace vectoriel de E , stable par u et de dimension deg(πx,u ).

Dans la suite, on admet le résultat suivant :


Théorème : Il existe un vecteur x ∈ E vérifiant : πx,u = πu
Définition 2 : u est dit cyclique s’il existe un vecteur x de E tel que (x, u(x), ..., u n−1 (x)) soit une base
de E ; en d’autres termes : ∃x ∈ E , E = E x,u .
Définition 3 : À tout polynôme unitaire P de degré n :, P = X n + a n−1 X n−1 + ... + a 0 , on associe la
matrice notée C P dite matrice compagnon de P définie par :
 
0 ··· ··· 0 −a 0
 1 ...
 .. .. 
 . . 

 . . . . .. .. 
CP =  0
 . . . .


 .
 . .. ..

 . . . 0 −a

 n−2
0 ··· 0 1 −a n−1

13 . Montrer que χC P = (−1)n P.

14 . En déduire que, si P et Q sont deux polynômes unitaires de degré n, alors :


C P ∼ CQ ⇔ P = Q

15 . Montrer que les assertions suivantes sont équivalentes :

(a) u est cyclique


(b) deg πu = n
(c) πu = (−1)n χu

16 . Montrer si u est cyclique alors u est similaire à C πu .

17 . Inversement : Montrer que s’il existe un polynôme unitaire P de degré n tel que u soit similaire
à C P alors u est cyclique et πu = P.

page 5 sur 5

Vous aimerez peut-être aussi