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d'anthropologie de Paris
Hamy Ernest-Théodore. Aperçu sur les races humaines de la vallée du Nil. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de
Paris, III° Série. Tome 9, 1886. pp. 718-743;
doi : 10.3406/bmsap.1886.4926
http://www.persee.fr/doc/bmsap_0301-8644_1886_num_9_1_4926
,
• M, le Président. Conformément aux décisions du rapport*
que vient de nous lire M. Chudzinski et qui a été approuvé
par. le Comité central de la Société d'anthropologie, le prix
Godard est décerné, cette année, à M. Deniker,
» Je donne maintenant la parole à M. le docteur Hamy.
Messieurs,
Des diverses questions extérieures, à l'étude desquelles
peut concourir la science que nous cultivons ici, il en est peu
qui égalent en importance, aux yeux d'un public français,
cette grande question d'Egypte, si souvent débattue, tant de
fois considérée comme tranchée, et dont la solution est
néanmoins toujours pendante et sollicitera longtemps encore les
efforts les plus sérieux.
'
Liée, comme elle l'est, d'une façon tout intime à l'étude
de la race et des milieux spéciaux dans lesquels cette race
a vécu et continue à vivre, la question égyptienne doit être
abordée utilement par les ethnologues, et j'hésite d'autant
moins à m'y arrêter avec vous, qu'elle a longtemps préoc-'
cupé le regretté maître dont nous commémorons aujourd'hui
■
jaurs, non seulement sont les mêmes que ceux que
courbaient sous leur puissante épée unSaladin ou un Amrou, mais
aussi qu'ils sont, pour la plupart, identiques aux sujets des
anciens empires du Nil, dont ils reproduisent les
caractéristiques physiques, intellectuelles et morales. Une seule chose
a introduit,' dans la vallée qu'ils habitent, des modifications
importantes. La conquête musulmane a supprimé presque
partout la vieille langue nationale et ruiné les cuites
indigènes ; mais, pour parler arabe, pour suivre à peu près
les préceptes du Coran, le fellah n'en est pas moins resté
en somme ce qu'il était aux temps les plus reculés. Nègres
et Sémites, Persans, Grecs et Romains, tous les envahisseurs
ont été, les uns après les autres, complètement anéantis.
Seul, dans cet immuable pays, le fellah est demeuré toujours
le même, et nous le retrouvons si semblable à ses ancêtres,
qu'il va nous paraître descendre des vieux pylônes à l'ombre
desquels nous le rencontrerons prenant son frugal repas,
tandis'qu'il se repose de ses rudes labeurs. - • •
C'est dans les campagnes qu'il nous faut aller chercher
les sujets de nos observations. Dans les villes, en effet, des
éléments exotiques, incessamment renouvelés, du reste, se
mêlent à. l'indigène et en déguisent plus ou moins le type.
C'est, de' plus, dans les villages de la moyenne et de la'
haute Egypte que la race s'accentue le mieux; le Delta
nourrissant, un peu partout, des Levantins, qui s'y sont
établis, sans y prospérer guère»
Étudions donc une agglomération de paysans du Sud, telle
que celle dont je mets sous vos yeux la représentation. Vous
y distinguerez peut-être un ou deux individus chez lesquels
720 SÉANCE DU 9 nÉCEMBRE 1886. .
le mélange arabe ou nègre aura laissé des traces. Mais
l'ensemble donnera l'impression d'un type bien spécial et
relativement homogène, c'est le type égyptien vrai, dont je dois
tout d'abord vous rappeler brièvement les caractères.
L'Egyptien actuel est d'une taille qui s'élève au-dessus de
la moyenne ; les chiffres publiés par les voyageurs oscillent
entre lm,732 et ,lm,770; la couleur de la peau peut se.
représenter par le numéro 30 de l'échelle de Broca pour les sujets
les plus clairs, par le 28 ou le 29 pour les individus les plus
foncés. '
,
L'examen des proportions fait ressortir un certain degré
d'allongement du tronc, par rapport aux membres, d'
elongation relative des deuxièmes segments des membres (avant-
bras, jambe) comparés aux premiers (bras, cuisse).
La poitrine, largement développée en travers, est
généralement superbe. Les épaules sont larges, les bras musculeux :
les hanches, au contraire, sont étroites; les jambes, . plutôt
sèches, n'offrent que fort peu de mollet. 11 . résulte de cette
disproportion entre le tronc et les membres supérieurs, d'une
part, les membres inférieurs, de l'autre, un contraste
parfois choquant. Le pied est, comme la main,
proportionnellement un peu long ; sa cambrure est faible, mais son
talon est rarement saillant. m
Le crâne de l'Egyptien moderne ne nous est connu
jusqu'ici que par un petit nombre d'observations qui ont
malheureusement porté sur des sujets, exhumés au voisinage de
Suez, et, par suite, assez mélangés. On ne sera pas loin de
compte, semble-t-il, en attribuant l'indice 7G aux Egyptiens
modernes, classés ainsi parmi les sous-dolichocéphales de
Broca1. Leur crâne est, en outre, moins haut que large,
souvent un peu surbaissé du bregma.
La face peut être décrite de la manière suivante : le visage
est ovale, plus ou moins allongé ; le front, lorsqu'il est
découvert (et c'est le cas chez le peuple actuel, qui, pour
f'ig> f. — Zihrah, almôe de Gizeh, dix-huit ans, lm,60 (d'après une étude peintu
de M. Lefèbure (Mus. tChht. nat,).
E.-T. DAMY. — RACES HUMAINES DE LA VALLÉE DU NIL. 725
i Tout le inonde sait que cette énorme statue, dont la hauteur totale
atteint 19m,80, est ménagée dans un rocher auquel on s'est efforcé de
donner l'apparence de ranimai. La tête seule est sculptée avec quelque
soin, le corps est la roche même, complétée, dans les points où cela s'est
trouvé nécessaire, à l'aide d'une maçonnerie.
E.-T. HAMY. — RACES HUMAINES DE LA VALLÉE DU NIL. 729
■
■ Les célèbres statues de Meydoun, Ra-Hotep et ?Ne-fer-t,
dont je vous montre maintenant de bonnes reproductions, •.
biçn supérieures aux précédentes au point de yue de l'art,'
sont tout aussi peu négroïdes. Je n'appuie sur leurs carac-,
tères que pour, exposer brièvement une théorie ethnogé-
nique, dont l'auteur a cru trouver dans l'examen de la>
coiffure de Ne-fer-t une preuve en faveur de ses opinions'
personnelles. . :- , ',•,-• <',-.■ ' - • '-.
•
•1 Revue
E. Renan,
critique,
Histoire
30 mars
des langues
1885, p.sémitiques,
247. liv. 1, chap, n, § 4.
E.-T. HAMY. — RACES HUMAINES DE LA. VALLÉE DU NIL. 733
' * E.-T. Hamy, Notes sur les chevets des anciens Égyptiens et sur les
affinités ethnographiques que manifeste leur emploi. [Bull. Soc. d'anthrop. de
Paris, 3° sér., t. VIII, p. 290, 1885.) ■ • .< >
E.-T. HAMY. — RACES HUMAINES DE LA VALLÉE DU NIL. 735
à ces contrées et à la vieille terre d'Egypte, c'est qu'il existe
entre certains éléments ethnographiques de ces divers pays
si • largement séparés les .uns des autres, une parenté
originelle j1, que viennent d'ailleurs mettre également en lumière
les documents anthropologiques qu'il nous reste à passer
rapidement en revue. / . • . ■ ■. • . , - » / >
J'ai réuni, pour vous les présenter ensemble, de nombreux
portraits d'Egyptiens anciens et modernes, de Berbères, de
Nubiens, d'Abyssins, de Çomalis, etc. Cette collection de
têtes, dont je fais passer sur l'écran les épreuves réduites à
une commune échelle, . met admirablement _ en évidence
l'identité de type de ces peuples qui ne sont, au point de vue
ethnique, que des variétés d'une même race. > .-. . ,
. Les quelques dissemblances que vous . relèverez au passage
sont dues principalement à la juxtaposition, dans la série
que je vous montre, de figures empruntées à des éléments
sociaux fort divers, éléments qu'il importe d'isoler, comme le
faisait Pruner-Bey, quand il étudiait à part ce qu'il appelait
le type fin et le type grossier de l'ancienne Egypte. • ;
Cet homme du Tigré par exemple, dont voici le profil
peint d'après nature par Dillon, appartient au type grossier;
cette jeune femme Gomali de la collection Réyoil, ,est .au
contraire du type le plus fin et ressemble, chose .curieuse,
d'une manière très" frappante au Pharaon Nectanébo Ie*, de
la XXXe dynastie. . . , ,; •..,-,
A ces distinctions près, toutes sociales, je le répète, les
figures, qui défilent en ce moment sous vos yeux, ont, en
commun des traits qui rentrent dans la description du fellah
que je détaillais en commençant cet entretien ; 'l'argument
anthropologique dépose, donc aussi en faveur, du, système
chamitique préconisé par M. Renan. > ,,
La collection de portraits que je viens de, vous présenter,
mains
' Ces" des
impurs
impurs
avaient
et il n'y
pouravait
capitale
plus de
Ha+Ouâr
seigneurs
(Avaris),
». qui
• * • Turcs 12 000
Juifs 7 000
Circassiens, Mingréliens, Géorgiens.. .. 5 000
Abyssins 5000
Barbarins (Barabrâs) 5 000
Grecs (divers) . . , 5 000
Arméniens 2000
Grecs „ 37 500
Italiens 18 665
Français 15 716
Austro-Hongrois. . ; 8 022
Anglais , .• 6118
Allemands 948
A propos du procès-verbal.