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Notes préliminaires avant la Fiche de lecture

- Présentation de la fiche : simple interligne et petit caractère mais lisible.


- Résumez les propos en vos propres mots (paraphraser), sauf pour les définitions qui doivent
être reprises tel quel, avec guillemets et avec la page. Si le nom de l’auteur est différent de
celui qui a écrit l’article, il faut indiquer le nom de famille + année.
- Cette étape d’analyse et de synthèse des références via les fiches de lecture est la plus
longue de votre problématique. Il faut du temps et beaucoup de concentration pour
résumer correctement une référence. Mais si ce travail est réalisé avec rigueur à ce stade-ci,
vous en serez extrêmement gagnantEs plus tard dans le processus.
- Lorsque l'information mentionnée dans le texte vient d'autres auteurs, y compris pour les
définitions, vous devez le mentionner dans votre résumé (mettre nom de famille des auteurs
et l’année ; si définition, ajouter, en plus du nom et année, la page).
- Jetez un coup d’œil sur les références et les mots-clés que pourrait contenir votre texte.
Cela pourrait vous donner des idées pour trouver de nouvelles références et de nouveaux
mots-clés.
- Les termes en bleu sont là à des fins pédagogiques.

Exemple de fiche de lecture


Fiche 1
Pommereau, X. (2006). Les violences cutanées auto infligées à l’adolescence. Enfances et Psy. 3(32). 58-71.
https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=EP_032_0058

Résumé

But du texte : L’auteur résume ce qui est connu des violences cutanées que les adolescents s’infligent et suggère, via
l’approche psychanalytique, qu’elles remplacent ce que les adolescents n’arrivent pas à exprimer des souffrances
psychiques qui les habitent.

Définitions :
Les scarifications sont : « des incisions superficielles et contrôlées. » (p. 63)
« La notion de limite est ici entendue au sens large, appliquée à tout ce qui borde des espaces et des temps,
et qui sert à les démarquer, à les différencier (frontières, âges de la vie, différences des sexes et des
générations, fonctions parentales respectives, etc.). » (p. 60)
D’après l’auteur, il est inexact de parler des violences auto-infligées comme d’automutilations, puisqu’il n’y a
pas dans ces conduites de perte irréversible de membres ou d’organes.

Caractéristiques du phénomène :
Les abrasions de la peau résultent de grattage ou de frottement répétés, en utilisant les ongles, par exemple. Elles
produisent des meurtrissures sur les bras ou les jambes.
Les brûlures cutanées sont plus rares. Ici, la personne fait appel au feu via une braise de cigarette ou une flamme de
briquet, ou en appliquant une substance corrosive.
Ces violences concernent surtout les adolescentEs, et plus particulièrement les jeunes filles.
Ce sont surtout les garçons qui ont recours aux ecchymoses dus à des chocs contre des surfaces dures. Les filles, quant à
elles, ont davantage recours aux scarifications, aux abrasions et aux brûlures cutanées
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Les adolescentEs préméditent généralement leur geste ou prennent les moyens pour pouvoir le faire plus tard, ex.
en accumulant des objets tranchants en vue de se faire des scarifications ultérieurement.
Selon Le Breton (2005), les blessures cutanées seraient des « actes de passage » en plus d’être des passages à l’acte.
Les scarifications peuvent être associées à des épisodes de boulimie.
Les violences cutanées possèdent à la fois des caractéristiques semblables à celles observées dans le cadre des
rituels de passage des sociétés traditionnelles comme le fait de vouloir rompre avec le passé, montrer que l’on est
passé à un autre stade, être capable de réussir une épreuve violente. Toutefois, elles s’en distinguent parce
qu’elles sont des pratiques privées (et non collectives) qui sont présentes pour transgresser les normes sociales
des adultes et les faire plutôt appartenir au monde des adolescents.
Il semble difficile d’évaluer la fréquence précise des gestes. Mais ce serait entre 15 et 16 ans qu’adviendrait le plus
grand nombre de violences cutanées chez un jeune, avec un pic à 16 ans (Hawton et al., 1997).
Une enquête au Royaume-Uni sur six mille étudiants âgés entre 15 et 16 ans, rapporte que 4,3% d’entre eux s’étaient
coupés dans les douze mois avant l’enquête (Hawton et al., 2002).
Une enquête menée notamment par l’auteur de l’article, cette fois en France, auprès de 800 étudiants qui ont
consulté l’infirmière scolaire, montre que 11,3 % des filles et 6,6 % des garçons déclarent s’être coupés ou brûlés
volontairement au cours des douze mois précédant l’enquête.

Variantes du phénomène : les violences cutanées peuvent prendre le plus souvent la forme d’ecchymoses volontaires,
de scarifications, d’abrasions ou de brûlures qui sont surtout localisées sur les avant-bras, le poignet ou la face dorsale
de la main, plus rarement sur les jambes.

Historique du phénomène :
La fréquence des violences cutanées est en augmentation en France depuis 10 ans. Les violences cutanées arrivent en
même temps que les jeunes s’intéressent de plus en plus au marquage corporel, comme le piercing ou le tatouage.

Théories : aucune présenté formellement. Présence d’une approche psychanalytique détectée via certains termes
utilisés comme : « tensions œdipiennes, manques narcissiques, aménagements pervers, fantasmes incestueux et
parricides, figurations inconscientes de blessures psychiques… ».

Causes du phénomène :
Les jeunes concernés rapportent se faire violence délibérément afin de soulager une tension ou même de tenter
de contrôler la tension. Ce serait une manière pour eux d’exprimer une souffrance intérieure. Pour certains, le
besoin est même compulsif. Ils sont d’accord sur le fait que les blessures représentent des formes d’agressivité.

Selon Pommereau, les adolescents utiliseraient la peau comme une « feuille de route identitaire » parce que notre
société considère l’apparence comme un marqueur important de l’identité personnelle. Aujourd’hui, l’individu se
définit par l’image qu’il projette de lui-même plutôt qu’à travers, par exemple, ses origines ou par les signes que
laissent le temps sur l’individu. La peau en effet doit paraître jeune, souple, en santé. Quant à ce qui se passe à
l’intérieur d’une personne, on préfère garder cela pour le privé et ne pas exposer directement ce que nous vivons ou
ressentons.
La plupart des adolescents utilisent les marques sur la peau pour se distinguer, notamment de leurs parents, et pour
appartenir à leur groupe de pairs. Pour d’autres, s’il y a présence de souffrances liées à l’identité ou à des manques
narcissiques, le recours à des conduites à risque permettrait de se détacher de réalités qui leur sont difficiles à
supporter.
Ces conduites leur permettent d’exprimer leur mal d’être dans leur peau. La peau devient comme une enveloppe
qui doit être ouverte pour que sorte un surplus d’émotions (dans le cas des scarifications). L’incision de la peau
permet d’éviter d’exploser ou permet de déverser son mal d’être intérieur trop important. Pour les abrasions, la
douleur est vue comme un substitut à la douleur psychologique. Pour les brûlures, il s’agirait plutôt de se punir face
à un fort sentiment de culpabilité.
De manière générale, les violences cutanées servent à marquer le corps de souffrances intérieures, ce qui permet à
la fois de les exprimer et tenter de s’en débarrasser. Il est important de se voir se blesser et de voir le saignement,
qui contribuerait à apaiser la douleur psychique.
L’ensemble des violences cutanées serviraient de langage à ce qui ne peut être dit. Elles permettraient d’exprimer
des blessures narcissiques (dépendance vis-à-vis de la mère, violences sexuelles), tout en servant de purge
libératrice pour évacuer hors de soi un trop plein de sentiments. Elles serviraient aussi de purge autopunitive pour
avoir eu de mauvaises pensées et de purge jouissive de type masochiste. Finalement, elles permettraient
d’extérioriser sur le corps l’absence de limites et d’identité.
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Lorsque les violences cutanées sont de type atypique [voir les 7 indices à la p. 64], il faut penser à des troubles plus
profonds comme des failles identitaires importantes, rattachées elles-mêmes à des troubles graves de personnalité
(ex. états limites, psychoses), qu’il y ait ou non troubles de l’humeur.

Conséquences du phénomène : Il semble que le passage à l’acte apporte un soulagement temporaire, mais les
jeunes vont ressentir le besoin de recommencer ; chez certains, il s’agit même d’un comportement compulsif.
Quoique les jeunes ne rapportent pas avoir des besoins suicidaires au moment du passage à l’acte, des statistiques
montrent que ces pratiques peuvent être des indicateurs de risque suicidaire et même des prédicteurs de problèmes
psychopathologiques futurs graves.

Autres informations : Selon l’auteur, il est important de tenir compte du type d’instrument utilisé pour produire les
lésions, à qui appartiennent ces instruments et la manière de les utiliser, car ces aspects éclairent les problèmes qui
sont en cause.

Ce que le texte n’aborde pas :


Pour quelles raisons les types de violences cutanées ne sont pas les mêmes entre les filles et les garçons ?
Peut-on expliquer les violences cutanées autrement que par une approche psychanalytique ?
Pourquoi sont-elles surtout présentes à l’adolescence et moins à l’âge adulte ?
Est-ce qu’elles persistent chez certaines personnes à l’âge adulte et pourquoi ?
Comment ces conduites peuvent-elles être enrayées/éliminées ou du moins réduites ?
Quelles formes de thérapie sont les plus prometteuses ?
Est-ce que l’on observe des violences cutanées dans d’autres cultures qu’en Occident ?

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