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LAgora Recherche... Q Luther Martin Séjour a la Wartburg - La traduction de la Bible Bible Traduction Protestantisme Jeudi le 19 janvier 2006 FRANTZ FUNCK-BRENTANO Troisiéme partie de l'article biographique que consacrait Frantz Funck-Brentano a Luther dans une édition de 1934 de la Revue de Paris. 26 avril 1521 — 5 mars 1522 Le 26 avril 1521, sur les dix heures du matin, Luther quittait Worms en voiture, suivi des mémes compagnons qui étaient venus avec lui. Aux portes de la ville, il trouva une vingtaine de cavaliers qui lui firent escorte jusqu'a Oppenheim. Les lettres de sauvegarde délivrées au nom de |'Empereur lui interdisaient de “i précher en route, mais my in.p'en cut cure: l'apétre Paul n’avait-il pas déclaré qu'il précherait contré un ange méme, si un ange enseignait un évangile différent de celui du Christ? De Francfort, le 28 avril, il écrivait au peintre Cranach qui lui demandait ce qui s'était passé 4 Worms : «Ce qui s'est passé a Worms? Ce qui suit, rien de plus: — Ces livres sont-ils de toi?» — Oui. — Veux-tu en rétracter le contenu? —Non. — Eh bien, va-t'en!» Il ajoutait: «Quels aveugles nous sommes, nous autres Allemands, de nous laisser si lamentablement berner et tourner en bourriques par les ultramontains (Italiens)!» Le ler mai, Luther préchait & Eisenach, puis il se sépara de plusieurs de ses compagnons et poursuivit son chemin. Ceux qui demeurérent étaient montés avec lui en deux voitures. Le 3 mai, on arriva 4 Mobra of docteur Martin fut l'héte d'un oncle paternel nommé Heinz. Le méme jour, il précha en plein air. Le 4 mai, accompagné de son fidéle Amsdorf, Luther se dirigeait sur Gotha; il avait dépassé Waltershausen, quand, a la brune, une troupe de cavaliers fondirent sur sa voiture, braquant leurs fusils sur le cocher avec ordre d'arréter sur-le-champ. Amsdorf et Luther firent mine de se défendre. Le Frére augustin, qui avait accompagné son supérieur, prit la fuite. Les cavaliers s‘enfoncérent dans la profondeur des bois, emmenant Luther qui marchait pied entre eux. Quand on fut hors de vue, Luther monta a son tour a cheval. A onze heures du soir, le réformateur se trouvait entre les hautes murailles de la Wartburg, robuste castel féodal qui appartenait a l'Electeur de Saxe. Ce dernier avait imaginé ce moyen de mettre son protégé a l'abri des foudres impériales. Laffaire s‘était couverte d'un secret si rigoureux que |'Electeur Frédéric avait tenu a ignorer lui-méme ou Frére Martin serait conduit, en laissant le choix a ses conseillers intimes, sans doute pour que interrogé: : LAgo ra «Ne savez-vous pas oll se nC le docteur Martin?» il pat répondre en conscience: «Je n’en sais rien.» Amsdorf avait été dans le secret de l'entreprise. Aujourd hui encore, on croit pouvoir indiquer avec précision l'endroit ot le réformateur fut enlevé: jouxte une fontaine et un vieux tronc de hétre que la foudre a frappé. Arrivé a la Wartburg, Luther fut dépouillé de son habit de religieux et costumé en gentilhomme avec ordre de laisser croitre sa barbe et ses cheveux de maniére & faire disparaitre sa tonsure. A la Wartburg il allait passer pour un jeune hobereau de bonne souche, le chevalier Georges, junker Georg. Le 14 mai, il écrira a Spalatin: «Tu ne me reconnaitrais pas sans peine, car moi-méme je ne me reconnais plus.» La Wartburg se dr petite ville d'Eisenach. La construction en remontait au début du XIle siécle. ait au nord-ouest de la forét de Thuringe, dominant la Elle avait longtemps servi de résidence aux landgraves de Thuringe; sainte Elisabeth de Hongrie y avait demeuré. Quand Luther y fut amené, les batiments, longtemps négligés, étaient en mauvais état: impression de tristesse et de délabrement. On y montre de nos jours la chambre que le réformateur y aurait occupée et ou il réalisa l'ceuvre qui fait son plus solide titre de gloire sa traduction allemande du Nouveau Testament. En sa chambrette de la Wartburg Luther vit seul. De jeunes pages viennent lui apporter & manger deux fois par jour. Il écrit & Spalatin: «Je n'ai obtenu qu’avec peine de t'envoyer cette lettre, tant on a peur que ma retraite ne se découvre.» Le réformateur a beau loisir de méditer a son aise, affranchi de toute obligation, mondaine ou autre. I] vit seul, tout seul; mais aussitét ses angoisses, ses troubles de conscience, ses terreurs et... le diable reparaissent. Luther souffrait de ce que les médecins nomment la claustrophobie, terreur de la solitude. «

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