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Le travail du poète : …………………………………………………………………….

 Pétrarque (1342 - 1374), Canzoniere


CXXXIV
Nulle paix je ne trouve et ne puis guerroyer ;  labé
Et je crains et j'espère ; et brûle et suis de Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
glace; J'ai chaud extrême en endurant froidure :
Je vole jusqu'au ciel et suis gisant à terre ; La vie m'est et trop molle et trop dure.
Je n'étreins nulle chose, et j'embrasse le J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
monde.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Qui me garde en prison, ne m'ouvre ni ne Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
ferme, Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Ni ne me tient pour sien, ni ne défait le lacs ; Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Amour ne me tue pas, et n'ôte pas mes fers,
Ne me veut pas vivant et ne me secourt pas. Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Je vois et n'ai point d'yeux et sans langue je Sans y penser je me trouve hors de peine.
crie;
Je souhaite périr, et demande de l'aide ; Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Pour moi je n'ai que haine et qu'amour pour Et être au haut de mon désiré heur,
autrui. Il me remet en mon premier malheur.
Je me pais de douleur, et en pleurant je ris ;
Egalement la mort et la vie me déplaisent :
En cet état je suis, hélas ! dame pour vous.
 Louise Labé
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J'espère & crains, je me tais & supplie,


Or'je suis glace, & ores un feu chaut,
J'admire tout, & de rien ne me chaut,
Je me délace & puis je me relie.

Rien ne me plaist sinon ce qui m'ennuie


Je suis vaillant, & le coeur me défaut,
J'ai l'espoir bas, j'ai le courage haut,
Je doute Amour, & si je le défie.

Plus je me pique, & plus je suis rétif,


J'aime estre libre, & veus estre captif,
Cent fois je meurs, cent fois je prends naissance.

Un Prométhée en passions je suis,


Et pour aimer perdant toute puissance
Ne pouvant rien je fais ce que je puis.

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