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Université de Lorraine, GeoRessources, UMR 7359, Ecole des Mines de Nancy, Campus Artem, CS 14234, Nancy Cedex, F-
54042, France
Le projet Européen H2020 IMPROVER, dont l’objectif est d’améliorer la résilience des infrastructures critiques, a
proposé une méthodologie d’évaluation de la résilience basée sur un diagnostic objectif d’un aléa identifié. Dans le cadre
de l’application opérationnelle de cette méthodologie, l’INERIS collabore avec les services de la DIREst (Direction
Interdépartementale des Routes de l’Est) chargée de l’exploitation de l’autoroute A30 (Richemont-Belgique). Cet axe de
transport transfrontalier est d’une grande importance économique régionale et la garantie de la continuité de son
fonctionnement est nécessaire. De ce fait, l’autoroute A30 constitue un cas d’étude répondant pleinement aux objectifs
du projet.
L’aléa identifié a pour origine un mouvement de terrain susceptible d’endommager une partie de l’autoroute. La région
Lorraine est exposée à l’aléa « mouvement de terrain » sur une partie importante de son territoire, notamment à cause
de son riche passé minier. L’A30 doit non seulement faire face à des enjeux de sécurité immédiate pour ses usagers, mais
aussi veiller à assurer un service fonctionnel de qualité en toute situation.
Cet article décrit la méthodologie mise au point pour l’évaluation de la résilience : analyse et gestion des risques d’un
point de vue général, rôle du monitoring et solutions palliatives en cas d’occurrence des phénomènes redoutés. Elle
présente ensuite une application à la partie de l’autoroute A30 située aux voisinages de la commune de Neufchef et
exposée à un aléa de mouvement de terrain.
Mots-clefs : Résilience, infrastructure critique, mouvement de terrain, surveillance, gestion de risque.
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Colloque SHF : « RDT 2017, Paris 10-11 octobre 2017 »
C. Bouffier, A. M. Edjossan-Sossou, M. Alheib, R. Salmon – Évaluation de la résilience de l’autoroute A30
I INTRODUCTION
Le projet européen H2020 IMPROVER (Improved risk evaluation and implementation of resilience concepts
to critical infrastructure) vise à améliorer la résilience des infrastructures dites « critiques ». Les infrastructures
critiques (ou IC) regroupent tout équipement, système ou partie d’un système dont le fonctionnement est
essentiel au maintien des fonctions sociétales vitales (Theocharidou et al., 2016 ; Moteff, 2012). Les réseaux
de transport (aérien, routier, etc.), les réseaux d’électricité et de distribution d’eau ou de gaz, les services
médicaux, les serveurs informatiques, etc. sont considérés comme des IC.
Lorsqu’elles sont sujettes à des situations de crise, les fonctions vitales assurées par les IC doivent être
restaurées ou adaptées aussi rapidement que possible pour revenir à un niveau minimum de fonctionnement
requis. Cette capacité à maintenir ou à rétablir un fonctionnement minimum malgré des perturbations renvoie
au concept de la résilience. Il est alors nécessaire pour les gestionnaires des IC de déterminer la résilience de
ces IC face à différents évènements critiques afin d’identifier des actions d’amélioration possibles. La notion
de résilience tend à prendre de plus en plus une place importante dans la gestion des IC au même titre que la
sécurité. La connaissance de la capacité de résilience des IC nécessite donc de s’intéresser non seulement à la
sécurité des utilisateurs et des riverains, mais aussi aux conséquences sociétales et économiques que peuvent
engendrer une interruption durable de services.
Cet article présente la méthodologie formelle développée dans le cadre du projet IMPROVER pour
l’évaluation de la résilience des IC et l’illustre en considérant le cas d’une infrastructure critique de transport
routier : l’autoroute A30. Le choix de cet axe autoroutier critique se justifie par le fait qu’il est soumis à un
aléa de mouvement de terrain et qu’il a fait l’objet durant plusieurs années d’une surveillance mise en place
par l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques), acteur français historique pour
l’évaluation et la gestion des risques.
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méthode à toutes les situations et à tous les types d’IC. La méthodologie proposée par Pursiainen et al. (2016)
est caractérisée par une certaine souplesse des décompositions génériques dans des contextes très différents.
Le présent article se concentre sur l’indicateur de niveau 1 « Systèmes de surveillance et d’alarme », pour
lequel l’INERIS a établi une décomposition en indicateurs génériques de niveau 2 et 3 (Figure 1). Toutefois,
il convient de préciser que tous les indicateurs génériques de niveaux 2 et 3 peuvent ne pas être forcément
applicables à tous les cas étudiés.
Indicateur de
niveau 0
Indicateur de
Systèm es de surveillance et
niveau 1
d’alarm e
Indicateur de
Exh au stivité d es Q u alité d e la Seu ils d e Résilien ce d es systèmes niveau 2
Gestio n d es alarmes
p aramètres su ivis su rveillance effectu ée d éclench emen ts de su rveillan ce
Figure 1 : Décomposition de l’indicateur de résilience « Systèmes de surveillance et d’alarme » (Pursiainen et al., 2016)
L’évaluation de la résilience commence au niveau de décomposition le plus détaillé obtenu (niveau n). Le
cas d’étude est alors analysé au regard de chacun des indicateurs de ce niveau et la valeur de chaque indicateur
est obtenue en fonction des méthodologies existantes pour évaluer ces indicateurs. Les indicateurs du niveau
n ayant des unités variables, les valeurs obtenues sont transformées en notes allant de 0 à 5 (5 étant la note
correspondant à la résilience maximum dans le domaine considéré) sur la base de grilles de notation
prédéfinies. Le tableau 1 présente l’exemple d’une grille de notation pour l’indicateur de niveau 3
“Considérations temporelles”, utilisée dans le cas d’étude illustratif. A cette étape, il y a lieu de faire un travail
important de définition des grilles de notation qui traduisent le plus fidèlement possible les valeurs estimées à
l’aide des méthodologies d’évaluation utilisées.
Tableau 1 : Grille de notation pour le critère de niveau 3 “Considérations temporelles”
Notation Quotient « temps de réaction » sur Commentaire
« cinétique estimée du phénomène surveillé »
0 <1 La surveillance ne permet pas d’anticiper la crise
1 Entre 1 et 3 Seules des mesures urgentes peuvent être prises
2 Entre 3 et 7 Le périmètre peut être sécurisé
3 Entre 7 et 30 La crise peut être anticipée
4 Entre 30 et 60 Une remédiation peut être initiée avant la crise
5 Supérieur à 60 Une remédiation peut être appliquée avant la crise
Partant de l’hypothèse que la notation des indicateurs est appliquée au niveau 3, la performance associée à
chacun des 7 indicateurs principaux est calculée par une agrégation successive par moyenne arithmétique
pondérée des notes obtenues par les indicateurs de niveau 3 puis ceux de niveau 2 (voir éq. [1] et [2] où wi et
vj correspondent respectivement aux coefficients de pondération de l’indicateur i de niveau 3 et de l’indicateur
j de niveau 2). Les 7 performances de niveau 1 sont à leur tour agrégées par obtenir la résilience globale (éq.
[3] où uk correspond au coefficient de pondération de l’indicateur k de niveau 1). Chacun des indicateurs de
niveau n est pondéré selon son importance dans la construction de l’indicateur du niveau n-1.
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Le présent article applique la méthodologie définie par Pursiainen et al. directement bien que d’autres choix
d’agrégations restent possibles. Il appartient au gestionnaire de choisir d’agréger les indicateurs avant une
analyse globale ou alors de se concentrer sur les indicateurs à chacun des niveaux de la structure hiérarchique ;
cette dernière approche pouvant être plus informative pour identifier les lacunes en matière de résilience. Le
tableau 2 présente un exemple de la signification qui pourrait être donnée aux valeurs de performance obtenues
pour l’indicateur de niveau 2 “Seuils de déclenchement”.
∑ ∗
= ∑
[1]
∑ ∗
= ∑
[2]
∑ ∗
= ∑
[3]
Une représentation sous forme de toile d’araignée permet d’avoir une illustration visuelle donnant
instantanément les points forts et les axes d’amélioration de l’IC. Dans l’exemple présenté par la figure 2,
représentant les indicateurs de niveau 1, l’IC présente d’importantes possibilités d’amélioration au niveau de
ses systèmes de surveillance et d’alarme et au niveau des moyens mis en œuvre pour l’apprentissage post-
crise ; en revanche, l’analyse de risque consiste un point fort.
Vert Rouge
Bonne évaluation Mauvaise évaluation
Figure 2 : Exemple d’évaluation de la résilience d’une infrastructure (Pursiainen et al., 2016). La zone grisée représente
la situation du cas traité par rapport aux critères.
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technologique pour leur apport dans toutes les phases de crise (NF ISO 31 000) : suivi continu, pré événements,
détection d’une crise et retour d’expérience sur la base des données enregistrées.
La surveillance de cette zone à risque étant aujourd’hui terminée, cette étude permet de porter un regard
critique sur les choix retenus alors dans la gestion du risque, dans un contexte tendu puisque consécutif à des
événements traumatisants pour la région et la population. Elle résulte d’une analyse qui se veut la plus objective
et précise possible et en ce sens, l’implication de l’INERIS dans la surveillance entre 2000 et 2015 apporte des
éléments précieux. Cette implication peut néanmoins introduire aussi un biais, c’est pourquoi les résultats
présentés ci-après doivent être considérés comme une illustration de la méthode.
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ensuite de quelques heures pour se prononcer sur l’origine de ces événements, et évaluer s’ils étaient
annonciateurs ou non d’une rupture des travaux au fond avec possibilité de remontée en surface. Ces critères
et délais étaient considérés comme suffisants pour organiser des investigations (levés de doutes, suivi
géomètre, réalisation des sondages, etc.) suffisamment en amont pour permettre une décision de remédiation
adaptée. Avec la grille de notation établie (voir tableau 1), l’indicateur « considérations temporelles » obtient
une note de 4/5. Les mesures prises par la société autoroutière (par exemple la réduction de la vitesse des
usagers sur la section) auraient dépendu de l’évolution ultérieure des déformations.
Cet exercice est répété pour chacun des critères de niveaux 3 énumérés dans la Figure 1, soit 17 critères au
total. Le format de cet article ne permettant pas d’expliciter la notation pour l’ensemble des critères, seul le
résultat de l’étude complète est présenté dans le Tableau 3. Les cases vertes représentent les points forts, et les
cases orangées les points à améliorer selon le code couleur de la figure 2. Les différents indicateurs sont
considérés comme ayant des poids identiques (équi-pondération).
Tableau 3 : Exemple de résultat de l’évaluation du critère de résilience « systèmes de surveillance et d’alarme ».
Surveillance des Fréquence Compatibilité des Qualification Taux de
données d’acquisition seuils avec le des alarmes fonctionnement
d’exploitation fonctionnement
3/5 5/5 5/5 4/5 3/5
Surveillance des Précision de Compatibilité des Communication Maintenance
aléas majeurs mesure seuils avec la sécurité interne sur les préventive
Niveau des usagers alarmes
3 4/5 4/5 5/5 3/5 4/5
Surveillance des Archivage / Considérations Communication Maintenance
paramètres traçabilité des temporelles externe sur les curative
secondaires données alarmes
2/5 5/5 4/5 5/5 3/5
Surveillance des Résilience aux
aléas régionaux crises
Hors sujet 3/5
Exhaustivité des Qualité des Seuils de Gestion des Résilience de la
Niveau paramètres suivis données déclenchement alarmes surveillance
2
3/5 4.75/5 4.75/5 4/5 3.25/5
NIVEAU 1 : Systèmes de surveillance et d’alarme : 3.95/5
IV DISCUSSIONS ET CONCLUSIONS
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provoquées par les orages. Les technologies actuelles permettent entre autres de s’affranchir de ces
liaisons aériennes et d’améliorer significativement le taux de fonctionnement des dispositifs de
surveillance.
Avec l’évolution des technologies et le retour d’expérience opérationnel, les critères de performance relatifs
à la communication, la gestion des alarmes et la résilience aux crises seraient sans doute meilleurs aujourd’hui
aussi, avec la généralisation de solutions de « cloud monitoring » (Bigarre et al, 2011)
Notons aussi, pour ce cas d’étude spécifique, que de nombreux indicateurs dépendent du mécanisme
d’affaissement plus que du système de surveillance, qui permet uniquement d’anticiper des décisions. En effet,
si le mécanisme de dégradation de travaux miniers était plus rapide, l’influence des systèmes de surveillance
sur la résilience de l’infrastructure serait mineure (voire nulle), indépendamment du système mis en place, car
les circuits de décisions ne disposeraient pas d’assez de temps pour limiter les effets de ce mécanisme. Dans
ce cas, seule une remédiation de l’aléa en comblant les cavités ou en mobilisant des travaux de contournement
des vides souterrains aurait eu un effet majeur.
La décision de la mise en place d’un système de surveillance d’une part, et du choix de ce dispositif d’autre
part, est délicate pour des gestionnaires peu confrontés aux aléas de cavités abandonnées. Elle dépend des
mécanismes surveillés, des enjeux, des contraintes environnementales et des durées planifiées de surveillance.
Dans ce contexte, un guide de bonnes pratiques à destination des collectivités et des maîtres d’œuvre a
récemment été rédigé par l’INERIS pour le compte du Ministère de la Transition écologique et solidaire
(Franck et al., 2016).
V REMERCIEMENTS
Ce projet a été financé par le programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union Européenne
sous l’agrément N°653390. Le contenu de cet article n’est pas lié à l’opinion officielle de l’Union Européenne.
La responsabilité des informations et des opinions exprimées ici sont entièrement à la charge des auteurs.
L’INERIS remercie la DIR EST et notamment le PCE autoroutier de Metz (en particulier M. Lefranc et M.
Sodoyer) pour leur collaboration dans le cadre du projet, ainsi que la DDT 57 (M. Welfringer et M. Cesar) et
la DREAL Grand Est (M Gelin et Mme. Dufour) qui ont fourni des données et leurs avis précieux.
Nos remerciements portent également aux partenaires du projet, et notamment le coordinateur SP (M. Lange)
et le responsable de l’étude sur les évaluations de la Résilience UiT (M. Pursiainen).
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