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TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
PRÉVENTION DU
RISQUE
SUR LES SITES INDUSTRIELS
novembre / 2020
SO
M
M
AI
SOMMAIRE
INTRODUCTION
LES LEÇONS DE LUBRIZOL
RE 2
3
4
• LUBRIZOL : RETOUR SUR LA GESTION DE L'INCENDIE ET DE SES CONSÉQUENCES 4
• LUBRIZOL : UN RETOUR D'EXPÉRIENCE INSTRUCTIF 6
• QUELLES ÉVOLUTIONS RÉGLEMENTAIRES POUR PRÉVENIR LE RISQUE SUR LES 8
SITES INDUSTRIELS ?
• « LA MAÎTRISE DES RISQUES PASSE PAR LA CONNAISSANCE DES ÉVÈNEMENTS 10
ET LE PARTAGE DES EXPÉRIENCES »
• COMMENT UTILISER UN RETOUR D'EXPÉRIENCE ? 13
POUR ALLER PLUS LOIN 16
• LE PDG DE LUBRIZOL MARTÈLE SANS CONVAINCRE L’ABSENCE DE TOXICITÉ 16
• EXPLOSIONS À BEYROUTH : LE NITRATE D’AMMONIUM, LE DRAME AVANT ET 18
APRÈS
• LES DONNÉES SENSIBLES DES SITES SEVESO RETIRÉES D'INTERNET 20
• SÉCURITÉ ET SÛRETÉ DES SITES INDUSTRIELS CHIMIQUES 21
INTRODUCTION
La prévention du risque sur les sites industriels est une charge de longue haleine. Formation,
expertise, audit… Les moyens sont nombreux pour améliorer la sécurité des sites industriels
et prévenir tous les types de risques. Aussi, et peut-être surtout, l’expérience et le retour
d’expérience quant aux accidents passés permet de réévaluer et d’ajuster les règlements
existants, dans un but d’amélioration continue.
A ce titre, l’incendie du site de Lubrizol, les 26 et 27 septembre 2019, est un bon cas d’étude.
L’accident en lui-même a eu un énorme écho pour les populations : en effet, les incertitudes sur
la toxicité des fumées, sur la présence d’amiante dans le panache ont créé confusion et peur,
surtout chez les populations alentour.
Plus d’un an après cet incident, les services compétents, l’Ineris principalement, ont analysé
le déroulement de l’événement, les décisions prises et les conséquences de cet accident pour
évaluer la qualité de la réponse fournie par les autorités et les pistes d’amélioration possibles.
De fait, ces analyses a posteriori ont permis, entre autres, de mettre en place une nouvelle
réglementation, à la lumière des lacunes relevées dans les process de gestion de crise existants.
A y regarder de plus près, on comprend que les enjeux sont nombreux : coordination des
services, récolte des données, traitement de ces dernières… L’ensemble de ces mécanismes
permettant une approche plus efficiente des phases accidentelles et post-accidentelles.
LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
Concrètement, l’Ineris a mobilisé dès le 26 septembre au Au-delà de cette question, la plus urgente, les probléma-
matin ses équipes, qui sont intervenues sur 4 thématiques : tiques à résoudre étaient nombreuses pour la Casu : «
• la dispersion des fumées évaluation du risque toxique en mode aigu, chronique ou
• l’analyse chimique des polluants contenus dans les dépôts subchronique, taux de suies émises et retombées au sol
de fumée et leur composition, distance de propagation du panache…
• la mise en sécurité du site Tout ceci afin d’évaluer les risques pour les personnes tra-
• l’évaluation des propriétés dangereuses des substances
vaillant sur la circonscription de l’accident, mais aussi pour complémentaires ont permis de produire une nouvelle
les populations avoisinantes, les écoles notamment. Dès modélisation du panache, sur une échelle faisant plusieurs
la fin de la première journée, nous avons pu déterminer la centaines de kilomètres.
quantité de polluants émise par unité de temps, à quelle
Enfin, l’Ineris a réalisé un travail important pour identifier
température, de façon à servir de données d’entrée aux
les substances présentes à Lubrizol, afin d’identifier celles
modélisations atmosphériques », précise Franck Prats,
qui pourraient se révéler dangereuses, pour l’environne-
également ingénieur Casu.
ment ou la santé.
Des résultats d'analyses obtenus très rapidement
Au final, l’épisode de Lubrizol, pour la Casu et l’Ineris, aura
L’Ineris a ainsi analysé, entre autres, plus de 120 lingettes été l'occasion de mettre en oeuvre les procédures d’ur-
et des canisters, qui sont des dispositifs sous vide, per- gence dont nous venons de parler. Et qui ont permis de
mettant d’aspirer l’air ambiant sur le site de l’incendie pour fournir, dans un laps de temps très limité, les informations
l’envoyer en analyse et ainsi évaluer les risques toxiques. dont les autres services impliqués ce jour là et les autorités
avaient besoin pour prendre des décisions. Une mission
Les premiers résultats de ces analyses sont arrivés le ven-
relevée avec succès, même si cet épisode est aussi l’occa-
dredi midi, soit en moins de 24 heures, permettant une
sion d’apprendre et de s’améliorer. Ainsi, Faustina Fuvel,
première modélisation des dangers. Le vendredi soir, la
technicienne à l’Ineris, regrette que l’Ineris n’ait pas pu
quasi totalité des résultats étaient connus. Avec l'ensemble
prendre en charge les prélèvements : « Nous avons une
de ces résultats, il a été possible d’effectuer une seconde
frustration au niveau du laboratoire, par rapport aux préle-
modélisation, plus fine et permettant de visualiser plus pré-
veurs, parce que les prélèvements auraient pu être effec-
cisément l’ensemble du panache de dispersion. Toujours
tués par l’Ineris. Cela aurait permis d’avoir immédiatement
dans le but de fournir aux autorités les informations les plus
des analyses plus efficaces et faciles à mettre en oeuvre ».
précises possible, pour une prise de décision optimisée.
Retrouvez, sur le site de l'Ineris, une vidéo retraçant la mise
La sécurité du site a également accaparé la Casu dans
en oeuvre de cette réponse de la Casu.
ces premières heures post explosion, car son évaluation
constituait une information importante pour les équipes Par Pierre Thouverez
d’intervention sur place. Benjamin Truchot, responsable de
l’unité DIEM (Dispersion incendie modélisation et expéri-
mentation) à l’Ineris : « Tout s’est accéléré avec la prise 19/11/2020
de décision de se rendre sur site, pour comprendre com-
ment avait pu se fracturer la toiture contenant de l’amiante,
et quel était le risque d’effondrement et donc de disper-
sion d’amiante dans l’atmosphère. Je me suis rendu sur
site le lundi matin et j’ai découvert une atmosphère un peu
irréelle : des dizaines de milliers de mètres carrés noircis
par les huiles, les suies, des barres d’acier tordues par la
chaleur… J’ai pu me rendre compte de la quantité d’infor-
mations disponibles sur le terrain : j’ai pu ainsi confirmer
que la rupture du toit était d’origine mécanique et pas ther-
mique, constater la présence de traces d’amiante dans le
panache de dispersion de l’incendie ». Ces informations
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LUBRIZOL : UN RETOUR
D'EXPÉRIENCE INSTRUCTIF
Lors de l’incendie de Lubrizol les 26 et 27 septembre Le timing d’intervention de la Casu
2019, les services de l’Etat sont intervenus pour Sollicitée dès le jeudi 26 à 6h30, la Casu a d’abord traité la
apporter une réponse coordonnée et efficace, d’abord phase d’urgence de l’accident, c’est sa mission première :
pour circonscrire l’incendie, puis pour évaluer les protéger les populations des risques létaux et irréversibles.
risques relatifs à la dispersion de substances dans
l’environnement. Une note réalisée par l’Ineris aide à Dès lors, la Casu s’est mobilisée sur la réponse post-acci-
comprendre ce qui a bien marché, et ce qui reste à dent, très rapidement : « l’Ineris a recommandé dès le jour
améliorer. de l’incendie d’engager cette seconde phase post-acciden-
telle et de suivre les préconisations fournies par la circu-
Parmi ses services, l’Ineris, via la Casu (cellule d’appui aux laire du 20 février 2012 ».
situations d’urgence), a été sollicité le 26 septembre, dès
6 heures du matin. La mission de la Casu ? Déployer les Si cette seconde phase post-accidentelle a été activée très
compétences de l’Ineris afin d’évaluer le plus rapidement rapidement, « l’Ineris s’est mobilisé au-delà des missions
possible les risques explosifs et chimiques liés à l’incendie de la Casu », constate la note. Cette mobilisation, pilote sur
et aux substances stockées sur le site. Pour dans un pre- certains points, a également fait émerger des fragilités sur
mier temps garantir la sécurité des services déployés pour les capacités actuelles de l’Ineris en situation de crise. En
lutter contre l’incendie. Ensuite la Casu est intervenue sur particulier en ce qui concerne les prélèvements.
la phase post-accident : évaluer les risques pour les popu- Améliorer les process de prélèvements
lations alentours et enfin modéliser le panache de fumée
Lubrizol constitue pour l’Ineris une première, dans le
(composition, température, dispersion) afin d’en mesurer
sens où c’est la première fois dans le cas d’un incendie,
les impacts potentiels sur les populations et l’environne-
en France, que des « prélèvements quasi-immédiats des-
ment.
tinés à la préparation de la phase post-accidentelle sont
L’intervention de la Casu a donné lieu à un retour d’expé- réalisés ». Ce qui explique certaines difficultés quant aux
rience, sous la forme d’une note transmise au Sénat et à méthodes de prélèvements employées par les intervenants
l’Assemblée nationale, afin d’évaluer l’efficacité de la mis- locaux sur place, les matériels utilisés, qui ont compliqué le
sion, et les points d’amélioration de ce dispositif exception- travail d’analyse de l’Ineris.
nel de gestion de crise.
Pour y remédier, l’Ineris entrevoit plusieurs possibilités :
La note réalisée transmise à l'assemblée nationale porte « équiper les acteurs locaux (RIPA, industriels, DREAL,
principalement sur les délais de mise en œuvre de l’ac- SDIS…) de moyens simples de prélèvement conserva-
tion de la Casu, sur les phases accident et post-accident. toires permettant d’obtenir des échantillons rapidement
L'accent a également été mis sur l’apport de la Casu sur la pour analyses en laboratoire et proposer des outils d’auto-
phase post-accidentelle : en effet, depuis une dizaine d’an- formation à leur mise en œuvre ; mettre en place un réseau
nées est développée une doctrine post-accidentelle, tra- de camions/containers de mesures en temps réel proje-
duite notamment dans la circulaire de 2012. Elle a connu table rapidement sur site. L’Ineris pourrait à la fois coordon-
son baptême du feu à l’occasion de l’incendie de Lubrizol. ner ce réseau et s’équiper pour être en mesure de couvrir
une zone prédéfinie du territoire. » Autre exemple, les effets cocktails : l’Ineris rappelle dans
sa note qu’il existe encore beaucoup d’incertitudes sur les
Un besoin d’informations difficile à satisfaire, dans
effets cocktails des substances présentes dans un panache
l’état actuel des connaissances
de fumée, et que la recherche doit absolument se pour-
Sur la question des données, l’Ineris constate que sur un suivre sur ce sujet.
site comme celui de Lubrizol, qui stocke de nombreux pro-
Pour revenir sur la thématique très importante de la récolte
duits en faible quantité, la complexité des phénomènes en
et du traitement des données, L’Ineris souligne que le
jeu lors de l’incendie ne permet pas, même avec tous les
volume très important d’informations échangées, les sup-
prélèvements effectués, d’avoir une connaissance com-
ports de diffusion utilisés ainsi que les formats de données,
plète des risques à l’œuvre.
peuvent être optimisés : « Des architectures de portail
L’étude des FDS, entre autres, a par contre permis, comme d’échange de données en situation d’urgence pourraient
prévu, d’identifier rapidement les pollutions mises en œuvre être préconstruites ainsi que leurs protocoles de gestion
par l’incendie, et leur toxicité pour les populations. afin qu’elles puissent être mises en ligne dès les premières
Des axes d’amélioration existent cependant, comme le pré- phases de gestion d’un accident majeur. »
cise la note de l’Ineris : « S’il ne semble pas envisageable La note de l’Ineris transmise à l’Assemblée nationale et au
à court terme de lever toutes les inconnues dans ce type Sénat est disponible ici dans son intégralité.
d’incendie, certaines améliorations sont envisageables, qui
Par Pierre Thouverez
supposeraient une évolution de la réglementation française
pour rendre disponible : - un suivi « fin » du stock : quan-
tité, risque associé et surtout formule chimique (…) ; - une
20/11/2020
évaluation de la composition des fumées dégagées lors de
la combustion des produits stockés (…) ; - une évaluation
de la quantité des éléments constitutifs des contenants (…)
mais aussi constituants des bâtiments (...) et de tout maté-
riau susceptible de produire des composés toxiques en cas
d’agression thermique. »
La difficulté actuelle pour lever toutes les zones d’ombre
sur un incident spécifique comme celui de Lubrizol a été
un objet de frustration pour les populations. S’y ajoute
nombre d'incompréhensions, à plusieurs niveaux. C’est le
cas par exemple en ce qui concerne les « valeurs seuils
» : « La nécessaire focalisation dans les premières heures
de l’accident sur la limitation de la mortalité ou de la morbi-
dité sévère conduit à des incompréhensions : les "valeurs
seuils" de toxicologie ont souvent été surinterprétées
comme une frontière absolue entre l’innocuité et le danger.
De nature parfois règlementaire, et souvent normative, ces
valeurs ont été prises pour des seuils "zéro risque" ou "zéro
effet". »
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LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
QUELLES ÉVOLUTIONS
RÉGLEMENTAIRES POUR PRÉVENIR
LE RISQUE SUR LES SITES
INDUSTRIELS ?
Suite à l’accident industriel survenu le 26 septembre les obligations des sites Seveso et les prescriptions rela-
à partir de 2h40 du matin sur les sites de Lubrizol tives à la prévention des risques d’incendie (et à la limi-
et de Normandie Logistique, le Ministère de la tation de leurs conséquences). Ces prescriptions seront
transition écologique a élaboré un plan d’action, en vigueur dès le début de l’année prochaine, avec un
présenté le 11 février 2020. Ce plan s’appuie sur les échéancier de mise en conformité courant jusqu’en 2026.
retours d’expériences des services compétents, afin Renforcement des obligations des sites Seveso
d’améliorer la prévention et l’information quant aux
risques relatifs à l’exploitation de sites industriels. Un décret et un arrêté sont consacrés aux sites Seveso.
L’idée directrice est de réévaluer périodiquement les
Si le site de Normandie Logistique est un entrepôt, il est mesures de sécurité et les évaluations du danger, comme
important de rappeler que celui de Lubrizol est un établis- l’a expliqué Anne-Laure Fauquet, membre de la Direction
sement de production d’additifs pour les lubrifiants, classé générale de la prévention des risques (DGPR) et principale
Seveso haut. rédactrice de cet arrêté et de ce décret, lors d’une confé-
Le retour d’expérience suite à l’accident a permis de récolter rence en ligne – par précaution, en raison de la pandémie
des informations émanant de tous les services compétents de Covid-19 - organisée par la DGPR le 3 novembre der-
impliqués dans la gestion accidentelle et post-accidentelle, nier : « Lors du réexamen de l’étude de dangers, l’exploi-
permettant une analyse approfondie et la formulation de tant doit également recenser les technologies éprouvées
recommandations. Ce rapport a été remis aux autorités et adaptées qui, à coût économique acceptable, pourraient
en février 2020. Suivront d’autres travaux, comme la mis- permettre une amélioration significative de la maîtrise des
sion d’information réalisée par l’Assemblée nationale (rap- risques, compte tenu de l’environnement du site. »
port remis le 12 février 2020), la commission d’enquête du Par la suite, l’exploitant hiérarchise ces technologies, en
Sénat (rapport publié le 2 juin 2020), et enfin une seconde fonction, entre autres, de la probabilité, de la gravité et de la
mission inter-inspections, sur la gestion de la crise, dont les cinétique des accidents potentiels qu’elles contribueraient
résultats ont été publiés le 8 juillet 2020. à éviter, et du coût rapporté au gain en sécurité attendu. A
Le plan d’action présenté en février dernier et paru au jour- la suite de cela, l’exploitant se prononce sur les technolo-
nal officiel le 26 septembre 2020 contient une partie relative gies qu’il retient et précise le délai dans lequel il les met en
au renforcement de la réglementation en matière de pré- œuvre.
vention et de préparation à la gestion des accidents. Ces Par ailleurs, le décret et l’arrêté obligent désormais les éta-
textes – 2 décrets et 5 arrêtés - dont nous allons énumérer blissements Seveso seuil bas à établir un POI (plan d’opé-
les points les plus importants, renforcent significativement ration interne), à compter du 1er janvier 2023.
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LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
Nous travaillons avec les industriels dans le cadre de il est devenu évident que les composés perfluorés tels que
groupes d’échange et d’étude, au sein desquels Gesip le PFOS et le PFOA sont extrêmement persistants dans
recueille les positions des meilleurs experts sur les sujets l’environnement et des études toxicologiques ont établi un
de sécurité industrielle au cœur de l’actualité. lien entre ces substances chimiques et la survenue d’effets
néfastes graves sur la santé de l’être humain. Ces produits
Reconnue par les autorités, l’expertise et la neutralité de
et substances associés ont été introduits dans la liste des
Gesip permettent de retrouver nos guides méthodologiques
polluants organiques persistants dont l’utilisation doit être
cités comme références dans des textes règlementaires.
progressivement abandonnée. Ces molécules ont été peu
C’est par exemple le cas pour ceux concernant les POI ou
à peu remplacées par des composés perfluorés à chaîne
les pipelines.
plus courte, qui ne font pour l’instant l’objet d’aucune res-
Dernièrement, Gesip a également été sollicité par plusieurs triction, mais il est probable que cela finisse par être le cas.
syndicats professionnels pour élaborer un guide technique,
Pour cette raison, les fabricants d’émulseurs anti-incendie
« Accès des véhicules ADR à motorisation GNL/GNC au
investissent dans le développement de nouveaux émul-
poste de chargement/déchargement de marchandises dan-
seurs sans fluor améliorés. Il s’agit d’un grand défi, car
gereuses ».
les domaines à haut risque tels que l’industrie chimique
Nous participons actuellement aux consultations, menées et pétrochimique ont besoin de disposer d’émulseurs aux
par le ministère de la transition écologique et solidaire, sur meilleures performances. À l’heure actuelle, les fabricants
les projets de modification des six arrêtés des textes minis- mettent au point de nouvelles générations d’émulseurs
tériels, qui encadrent l'utilisation et le stockage des liquides sans fluor hautement performants et adaptés pour diverses
inflammables. applications.
Pourriez-vous nous donner un exemple concernant Avant d’être mis sur le marché, ces nouveaux émulseurs
une évolution réglementaire et la façon dont Gesip doivent être testés sur des feux réels dans des conditions
l’appréhende ? les plus proches possibles de la réalité. Or, à ce jour, il
Dans le domaine des émulseurs, Gesip dispose d’un proto- n’existe pas dans le monde, d’infrastructure permettant de
cole de test agréé suivant l’arrêté du 3 octobre 2010 modi- tester leur efficacité sur des feux réels de grande dimen-
fié, qui est reconnu par l’administration pour sélectionner sion. Dans le but de toujours améliorer la sécurité indus-
des émulseurs particulièrement performants. trielle, Gesip a construit une cuvette de 300 m² destinée
à tester l’efficacité de ces nouveaux émulseurs dans ses
L’équipement des installations incendies avec de tels émul- installations basées sur son site de Vernon.
seurs permet à la fois à l’industriel de s’assurer de l’effi-
cacité de ses moyens de défenses contre l’incendie tout Les dimensions hors norme de cette cuvette de 50 mètres
en diminuant substantiellement ses quantités d’émulseurs de long sur 6 mètres de large permettront d’étudier la pro-
stockés. gression de ces nouvelles mousses sur de grandes dis-
tances en présence ou non d’obstacle afin de simuler des
La réglementation concernant des émulseurs va être modi- scénarios de feu de nappes représentatifs. Cette cuvette
fiée en lien avec l’évolution des connaissances technolo- permettra aussi de tester de nouveaux matériels d’extinc-
giques et environnementales. En effet les émulseurs à base tion sur de grands feux.
de fluor contiennent des surfactants fluorés qui permettent
l’insertion d’un film entre la mousse et le liquide enflam- Vous parliez tout à l’heure des réglementations mises
mé. Celui-ci permet à la fois une meilleure couverture et en place depuis Lubrizol. Gesip a apporté son expertise
une progression plus rapide de la mousse. Aujourd’hui, ils à l’administration dans la préparation de ces réglemen-
sont donc les plus performants en extinction. Néanmoins, tations. Pouvez-vous nous en parler ?
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LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
Un retour d'expérience a été fait sur l’incendie survenu il y de la DGPR, pour travailler à la compréhension de ces
a plus d’un an : un travail important d’analyse a été réalisé textes, et actuellement nous sommes en cours de rédaction
par différentes sociétés, mais aussi à travers l’enquête de d'un guide méthodologique.
la commission sénatoriale. Ces événements, aussi regret-
A l'issue de ce travail, qui n’est pas terminé, nous mettrons
tables soient-ils, constituent la source d’un apprentissage
en place des formations à distance ou en présentiel, en
et de nouvelles connaissances. Les industriels s’appro-
fonction des conditions sanitaires, pour donner une com-
prient l’ensemble de ces connaissances et l’administration
préhension et une explication orale des points les plus
fait évoluer les textes réglementaires.
importants dans le cadre de ces changements.
Gesip se positionne toujours sur un plan technique. Ces
L’accident de Lubrizol a également fait émerger un
textes réglementaires sont rédigés par l’administration fran-
besoin d’accès à l’information plus important venant
çaise, et comme cela se fait régulièrement sur des sujets
des riverains, et des populations alentour. Comment
techniques comme celui-ci, les syndicats professionnels
améliorer ce point ?
sont sollicités pour la relecture de ces textes. Gesip peut
également être sollicité, si le sujet du texte fait partie de La communication avec les riverains existait déjà dans le
notre champ d’expertise. cadre de la prévention des risques, mais les évolutions
technologiques doivent nous conduire à repenser ces
Il est important de noter que l’amélioration de la sécurité
transferts d’informations. Je donne un exemple : il y a 20
industrielle et les évolutions réglementaires se font de
ans, tout le monde n’était pas équipé d’un téléphone por-
façon continues même si cela est mis plus en lumière lors
table. Aujourd'hui on peut trouver plusieurs smartphones
d’incident fortement médiatisé.
dans chaque foyer, on peut donc tout à fait imaginer des
Quelle est votre mission ? moyens de communications plus rapides - envois de SMS
massifs, l’usage des réseaux sociaux. Ce sont toutes ces
Notre rôle est de participer à la relecture de ces textes et
nouveautés qu'il nous faut pouvoir intégrer à la communi-
s’assurer de leur bonne compréhension par les industriels.
cation actuelle avec les riverains, en particulier l’aspect ins-
Nous avons été associés pour ce travail, ce qui nous a per-
tantané.
mis de répondre aux interrogations des industriels que nous
fédérons. La situation était particulière, il faut bien le recon- Ensuite se pose la question : qui doit communiquer, quand ?
naître : l'administration française à souhaiter avancer le Nous ne sommes plus dans une communication telle qu'on
plus rapidement possible sur les évolutions réglementaires a pu connaître précédemment, ou finalement la première
pertinentes, à la lumière de ces nouvelles connaissances. information à laquelle le grand public avait accès était le
Ceci, afin de répondre aux attentes fortes de la population. soir au journal télévisé.
Concrètement, les syndicats professionnels - Gesip, le Aujourd’hui, nous devons choisir les bons modes de com-
Medef, entre autres - se sont coordonnés de façon extrê- munication, les bonnes cibles, et préparer, répertorier les
mement rapide pour procéder à la lecture de ces textes informations, pour les utiliser efficacement.
et transmettre les questions à l'administration pour qu'elle
Propos recueillis par Pierre Thouverez
puisse y répondre directement. Nous avons entre autres
pour mission de faire remonter à l’administration des sug- Crédits image de une : Annie Gozard
gestions, qu’elle est libre de retenir, ou pas, puisqu’elle reste
totalement maîtresse de décider ce qu’elle entend faire.
24/11/2020
Quoi qu’il en soit un dialogue se met en place : nous avons
eu beaucoup de réunions avec les différents représentants
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LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
25/11/2020
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LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
pour faire face aux besoins les plus immédiats, mais il n’y
a pas encore de système d’évaluation global. « Nous ne
savons pas quels seront les besoins à long terme mais
nous serons là », rassure-t-il.
En particulier, Lubrizol travaille avec la FNSEA pour indem-
niser en priorité les agriculteurs les plus touchés. L’entre-
prise est en lien avec la Préfecture pour gérer un fonds qui
répondra aux besoins des entreprises. Et elle finance des
opérations de nettoyage et les évaluations environnemen-
tales. Toutefois, rien n’a encore été discuté avec les autori-
tés locales pour l’indemnisation des communes qui ont dû
faire face à de nombreuses dépenses.
Un incendie commencé à l’extérieur
Comme tout le monde, Eric Schnur attend les résultats
de l’enquête pour savoir ce qu’il s’est passé. Lubrizol n’a
accès qu’aux images de surveillance vidéo sur son site.
Celles-ci montrent que l’incendie a commencé à l’extérieur,
puis s’est propagé sur le site.
Le système anti-incendie sur site a fonctionné pendant au
moins 2 heures et délivré au moins 2000 tonnes d’eau.
« Ce système est conçu pour éteindre un incendie dans les
lieux de stockage, analyse Eric Schnur. Si l’incendie vient
de l’extérieur, le système ne peut pas l’arrêter ».
Les opérations de traitement des fûts endommagés par
l’incendie sur le site de Lubrizol devraient commencer ce
mercredi et durer environ deux mois. « La partie production
du site n’étant pas impacté par l’incendie, nous allons étu-
dier la possibilité de le remettre en activité », fait savoir Eric
Schnur. En attendant la reprise de l’activité, les employés
continueront à être rémunérés.
23/10/2019
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LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
EXPLOSIONS À BEYROUTH : LE
NITRATE D’AMMONIUM, LE DRAME
AVANT ET APRÈS
Le mardi 4 août, deux immenses explosions Poussant notre réflexion plus loin, plus particulièrement
détruisent le port de Beyrouth et dévastent en partie sur la gestion de risques et d’accidents industriels, nous
la capitale libanaise. L’enquête se poursuit et la piste avons interrogé Marie-Astrid Soenen, responsable du pôle
de l’accident est privilégiée. En cause : la détonation substances produits et procédés, à la direction des risques
de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées accidentels de l’Ineris (Institut national de l’environnement
depuis près de sept ans dans un entrepôt portuaire, industriel et des risques).
et provenant d’une cargaison saisie en 2013. Elles Marie-Astrid Soenen : Quand on regarde les films mon-
étaient transportées sur un navire en direction du trant les explosions au port de Beyrouth, on voit qu’elles
Mozambique, depuis la Géorgie, qui faisait escale au ont été précédées par un incendie à proximité du site où
port beyrouthin. ont éclaté les explosions. L’expérience en incidents indus-
Au moins 137 morts, 5 000 blessés, une dizaine de dispa- triels et l’accidentologie nous montrent que si des sources
rus, des dommages matériels estimés à plus de 3 milliards calorifiques - comme un incendie - sont proches du nitrate
de dollars, et jusqu’à 300 000 personnes privées de domi- d’ammonium et qu’on ne les contrôle pas, une explosion
cile fixe. Secouée le 4 août par deux gigantesques défla- s’en suit. Il est tout à fait plausible que l’incendie des feux
grations, Beyrouth est méconnaissable. d’artifice, qui reste à confirmer, soit derrière cette explosion.
My brother sent me this, we live 10 KM away from the Au moment de l’explosion, telle que montrée dans les
explosion site and the glass of our bldgs got shattered. vidéos, on voit monter un nuage de fumée rouge. Cette
#Lebanon pic.twitter.com/MPByBc673m couleur est due à la présence d’oxydes d’azote (des gaz
polluants à forte toxicité pulmonaire, ndlr.), dits NOx, issus
— Abir Ghattas (@AbirGhattas) August 4, 2020
de la décomposition d’une partie du nitrate d’ammonium.
Les NOx se caractérisent par cette couleur rousse. La
Devant ce paysage de désolation, les questions se posent tombée de pluies acides qui entraînent avec elles les NOx
d’elles-mêmes : comment une telle catastrophe a-t-elle pu est selon moi peu probable, car le nuage est visiblement
se produire ? Quelles explications ? Le nitrate d’ammonium, vite monté très haut et s’est mélangé avec l’air. Le nuage
vendu sur le marché comme engrais, devient très explosif de NOx dégagé n’est pas à hauteur d’homme pour être
sous certaines conditions. Le drame était-il évitable ? inhalé. Mais il faudrait certainement réaliser des scénarios
de dispersion de ce nuage afin de savoir où s’est dirigé ce
The before and after of #Beirut port. No words... dozens panache.
of firefighters were on site when the explosion happened...
#Lebanonpic.twitter.com/ySbkwiZ1GT Toutefois, il n’y a pas que les NOx. L’explosion a empor-
té avec elle des gravats qui pourraient contenir d’autres
— Abir Ghattas (@AbirGhattas) August 5, 2020 matières toxiques. Et là, tout dépend de ce qui se trou-
vait alentour. Cela peut par exemple s’agir de poussières
d’amiante relâchées dans l’air, si les toitures arrachées et il doit avoir subi cela dans un pays comme le Liban où
contenaient de l’amiante. il peut faire très chaud. De plus, le nitrate d’ammonium
absorbe facilement l’humidité, et cela aussi perturbe ses
On peut ici citer des exemples historiques. Après la des-
caractéristiques. Donc, le vieillissement va conduire à ce
truction en septembre 2001 de l’usine AZF de Toulouse,
que les granulés d’origine vont se dégrader sous forme
par un stock de nitrate d’ammonium, il y a surtout eu l’im-
de poudre ou se solidifier en masse en présence de forte
pact physique de l’onde de choc, mais pas de toxicité per-
humidité, augmentant ainsi la sensibilité.
çue ; contrairement à l’explosion de nitrate d’ammonium en
Chine en 2015 qui avait eu des conséquences environne- Il existe des protocoles pour “inerter” les nitrates d’ammo-
mentales car des produits cyanurés stockés à proximité ont nium qui ne répondent plus aux critères techniques : les
été libérés lors de l’explosion. couper avec des substances inertes, qui ne présentent
pas de risques d’explosion, et on obtient dans ce cas un
En France, la directive Seveso comporte des recomman-
mélange stable. Ce mélange peut ensuite être retravaillé
dations qui précisent bien comment procéder au stockage,
en vue d’une valorisation, si cela est possible. L’une des
selon les conditions réelles dans lesquelles on se trouve.
substances inertes avec lesquelles on peut couper le
Concernant les engrais à haute teneur de nitrates d’ammo-
nitrate d’ammonium est le phosphate. On peut couper le
nium, la directive Seveso définit pour le stockage un clas-
nitrate d’ammonium avec jusqu’à 50 % de phosphates et
sement seuil bas de 1250 tonnes et un classement seuil
on parvient ainsi à annuler fortement le risque d’accident.
haut 5000 tonnes : selon le classement, des prescriptions
Et le phosphate peut ensuite servir dans la valorisation en
pour la sécurité du stockage sont à respecter. De plus,
engrais car il permet de produire un mélange nutritif à des-
selon les critères techniques pour le produit à stocker, les
tination des sols. Il y a encore d’autres moyens pour couper
seuils de classement sont différents. Pour pouvoir stocker
le nitrate d’ammonium : le dissoudre dans de gros volumes
ces produits en respectant les réglementations en vigueur,
d’eau, entre autres techniques.
il faut réaliser au préalable une étude de danger permettant
ainsi de dessiner les scénarios d’accidents. Dans les cas Image de une : Capture d'écran d'une vidéo diffusée sur
les plus graves, un plan de prévention des risques techno- Twitter par le compte @AbirGhattas et intégrée plus haut
logiques (PPRT) sera établi. dans l'article.
Au port de Beyrouth, il semble que ces 2750 tonnes de
nitrate d’ammonium proviennent d’un cargo de passage,
06/08/2020
venu de Géorgie, qui les transportait en direction du
Mozambique. Il n’est pas certain que les caractéristiques
de ce nitrate d’ammonium soient conformes aux exigences
attendues. Un stockage de plus de 6 ans, compte tenu des
variations de température et d’humidité, a certainement
dégradé le produit et donc renforcé sa sensibilité à la déto-
nation.
Le nitrate d’ammonium est un produit sous forme de cris-
taux qui présentent des transitions de phases (ces transi-
tions interviennent à des températures précises et modi-
fient la structure cristalline du composé, ndlr.). Le nitrate
d’ammonium possède une transition de phase vers 32 °C,
19
LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
En France, la sécurité industrielle de ces entreprises, c'est- Depuis la refonte du Plan Vigipirate en 2014, des recom-
à-dire l’évaluation et la maîtrise des risques accidentels, mandations sont communiquées aux sites industriels soit
a été prise en compte très tôt. Sans attendre la première par le biais de leurs organisations professionnelles soit
directive européenne en la matière, un dispositif législatif directement par les services du Haut fonctionnaire de
et réglementaire, assorti d’une inspection par les services défense des différents ministères lorsqu’il s’agit d’informa-
de l’Etat, a été mis en place au milieu des années 70 sur tions dont la diffusion est restreinte. Ces recommandations
la base de textes précédents datant du début du 19ème peuvent constituer un début dans la mise en place d’un
siècle. Plus récemment, à l’aune d’accidents technolo- système de gestion de la sûreté.
giques tels que la catastrophe de Toulouse en 2001, cette L’Union des industries chimiques dispose de lignes guides,
réglementation a été revisitée dans le but de rehausser à le Code de sûreté du programme « Responsible Care » qui
nouveau le niveau de sécurité de ces établissements, de décrit les bonnes pratiques de management afin de préser-
maitriser l‘urbanisation à leur voisinage et de mieux proté- ver la sûreté des sites et de la chaine logistique. Il est conçu
ger la population en cas d’accident. pour aider les entreprises à mettre en œuvre une boucle
Si cette réglementation a permis de réduire de manière d’amélioration continue de la performance « sûreté », en
significative la probabilité d’occurrence d’un événement à utilisant une approche fondée sur le risque, afin d’identifier,
caractère accidentel, elle ne prend pas en compte la surve- d’évaluer et de prendre en compte les vulnérabilités, de les
nue d’événements d’origine malveillante ou terroriste. Seul supprimer ou de les réduire, d’améliorer la formation et les
un nombre, très restreint, de ces sites est soumis aux dis- capacités de réponse.
positions du Code de la défense qui visent au maintien de L’INERIS, en partenariat avec les services de l’Etat, a éga-
certaines fonctions essentielles pour la continuité de l’Etat lement développé une méthodologie destinée à analyser la
en cas de conflit ou de crise. Il s’agit, par exemple, de cer- vulnérabilité des sites chimiques face aux menaces de mal-
tains organismes ou entreprises ayant des capacités parti- veillance et de terrorisme pour aider les entreprises dans
culières de production ou de fourniture dans les domaines, leur démarche de sûreté.
dénommés « Secteurs d’activités d’importance vitale », de
la santé, de l’industrie, du transport, de l’alimentation, de Cette méthode s’est aussi construite au travers de la colla-
l’énergie…. boration de l’INERIS avec plusieurs opérateurs, dans l’in-
dustrie chimique, au sein de plate-formes portuaires, dans
Certains sites sont par ailleurs tenus de respecter des stan- le transport de masse.
dards de sûreté imposés par des normes spécifiques car
ils produisent, ou utilisent, des substances susceptibles Ainsi, la méthodologie a été confrontée à des sites :
• implantés dans des environnements variés et denses
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LES FOCUS
TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
08/07/2015
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