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Les guides de bonnes pratiques SMACL

2e édition - Septembre 2018

La prévention du

> Risque Incendie


dans les ERP et ERT
”Partageons nos expériences pour prévenir nos risques”
> Le risque Incendie
dans les ERP et ERT
”Partageons nos expériences pour prévenir nos risques”

Sommaire
Le cadre réglementaire
> Les Établissements Recevant du Public (ERP) 5
> Les Établissements Recevant des Travailleurs (ERT) 6
> Quels responsables pour quelles responsabilités ? 9
> Le rôle incontournable des organes de contrôles 12

Comment organiser une prévention efficace ?


> Des moyens techniques 16
- La prévention dès la conception
- Système de Sécurité Incendie : vous avez dit SSI ?
- Les moyens d’extinction
- D’autres mesures actives de prévention
> Des moyens organisationnels 29
- L’indispensable Registre de sécurité
- À surveiller : installations électriques et travaux par points chauds
- La gestion des entreprises extérieures / La prévention des explosions
> Des moyens humains 34
- Des personnels formés et entraînés

Prévention SMACL Assurances à vos côtés 38

Les guides de bonnes pratiques SMACL :


SMACL Assurances - 141 avenue Salvador Allende – 79000 Niort – 05.49.32.23.13 - Directeur de la publication : Jean-Luc de
Boissieu, président de SMACL Assurances– Directrice de la rédaction : Cécile Mexandeau - Rédactrice en chef : Valérie Cardon -
Conception & Mise en page : Vibrato - Ont collaboré à ce numéro : Emilien Benac, Stéphane Neuilly (SMACL Assurances),
Morgane Darmon, Anne Mesnil (CNPP), Michel François (Vibrato) - Crédits photos : Fotolia (couverture, p.4, p.16, p.21, p.22,
p.23, p.25, p.27, p.30, p.34) ; Shutterstock (dp.2 de couv/3, p.32, p.37) ; Cit’images (p.12) - ISBN : en cours d’attribution.
R
isque majeur dans la La prévention incendie, décrite étape
plupart des activités par étape dans ce guide, consiste à
humaines, l’incendie se maîtriser :
situe toujours en tête de - la conception et la construction des
la sinistralité : en 2016, bâtiments,
les sapeurs-pompiers sont interve- - l’emploi et les conditions de stoc-
nus à plus de 285 000 reprises sur kage des produits combustibles et
des incendies, dont plus de 7000 comburants,
concernent des Établissements Rece- - les sources d’inflammation,
vant du Public (ERP) et au moins au- - l’organisation du travail et le facteur
tant concernent des Établissements humain.
Recevant des Travailleurs (ERT). Ces
Élaboré en partenariat avec l’Asso-
types d’établissements sont en effet
ciation des ingénieurs territoriaux de
particulièrement exposés, avec des
France (AITF), il s’appuie sur de mul-
conséquences souvent sans com-
tiples observations et expériences
mune mesure avec le coût d’une
de terrain pour satisfaire aux quatre
prévention adéquate. En effet, 70 %
grands principes de la réglementa-
des personnes morales victimes d’un
tion : éviter l’incendie ou limiter ses
sinistre majeur disparaissent dans les
effets, permettre une évacuation sûre
mois qui suivent (Source INRS).
et rapide, faciliter l’intervention des
L’incendie peut survenir de manière secours. Les questions liées à la mal-
accidentelle, souvent causé par des veillance font l’objet d’un autre guide,
problèmes techniques (une défail- spécifiquement dédié, qui aborde
lance électrique par exemple), mais l’ensemble des problématiques liées
également par pure malveillance, au- à ces types d’atteintes.
trement dit des actes de vandalisme
en direction de bâtiments. Un incendie qu’est ce que c’est ?
C’est une combustion qui se développe dans
un espace grâce à une réaction chimique
d’oxydation d’un combustible (matériaux de
construction, produits manipulés, stockés,
etc.) par un comburant (souvent l’air) et initié
par une source d’inflammation.
Les conséquences peuvent être dramatiques
avec en premier lieu des conséquences sur
l’homme (via l’asphyxie, la toxicité des produits
de combustion et la chaleur rayonnée par les
flammes) mais aussi sur les bâtiments.

3
Le cadre
réglementaire

La réglementation en matière de sé- des arrêtés du 25 juin 1980 et du 22


curité incendie est complexe et peut juin 1990 modifiés pris pour son appli-
trouver son origine dans différents cation. Ces textes constituent le tronc
textes de lois. commun pour tous les types d’ERP,
des dispositions particulières venant
En effet, les types d’établissements s’ajouter en fonction des types d’ex-
recevant du public, recevant des tra- ploitation.
vailleurs, d’habitations, ayant des En parallèle et de manière, soit ad-
spécificités liées à leur activité (ICPE), ditionnelle, soit en remplacement,
sont autant de cas où une réglemen- d’autres réglementations peuvent
tation différente peut s’appliquer. avoir vocation à s’appliquer en fonc-
tion des activités et/ou produits qui
Les textes relatifs à la sécurité incen- s’y trouvent. En particulier le Code
die dans les ERP sont en premier lieu du travail (en tant que lieu de travail)
issus du livre I, titre II, chapitre III, de ou la réglementation des installations
la partie réglementaire du Code de la classées pour la protection de l’envi-
construction et de l’habitation (CCH), ronnement (ICPE).

4 > Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
Les Établissements
Recevant du Public (ERP)
La définition juridique des ERP se les personnes admises dans l’établis-
trouve précisément dans l’article sement à quelque titre que ce soit en
R123-2 du Code de la construction plus du personnel ».
et de l’habitation (CCH) : « Consti- Sont alors considérés de fait comme
tuent des établissements recevant des ERP les écoles, salles des fêtes,
du public, tous bâtiments, locaux équipements sportifs, établissements
et enceintes dans lesquels des per- de culte, hôpitaux, maisons de re-
sonnes sont admises, soit librement, traites, chapiteaux…
soit moyennant une rétribution ou une Ils relèvent d’une réglementation par-
participation quelconque, ou dans ticulière (voir encadré) qui oblige leurs
lesquels sont tenues des réunions ou- propriétaires à mettre en œuvre des
vertes à tout venant ou sur invitation, mesures de prévention contre l’incen-
payantes ou non. Sont considérées die et facilitant l’évacuation du public,
comme faisant partie du public toutes tout en évitant les effets de panique.

Classification des ERP 

Les obligations imposées aux ERP dépendent à la fois de la nature de l’activité qu’on y exerce et de la
capacité d’accueil. Les ERP font donc l’objet d’un double classement, par type et par catégorie.
Par type Par catégorie
L’activité exercée dans l’ERP, ou « type », est dé- Quel que soit son type, on détermine la caté-
signée par une lettre. On dénombre plus d’une gorie d’un ERP selon l’effectif maximal suscep-
vingtaine de types parmi lesquels des établisse- tible d’être accueilli, public et personnel inclus.
ments installés dans un bâtiment et des établis- Ce chiffre se calcule, selon les cas, suivant le
sements spéciaux. nombre de places assises, la surface accessible
au public ou la déclaration du maître d’ouvrage
ou du responsable de l’établissement
Groupe 1
Groupe 2

5
Les Établissements
Recevant des Travailleurs (ERT)

Si les ERP ont principalement voca- ments de l’établissement, ainsi que


tion à recevoir du public, il ne faut pas tout autre endroit compris dans l’aire
oublier que ces derniers constituent de l’établissement auquel le travailleur
également le lieu de travail du per- a accès dans le cadre de son travail.”
sonnel chargé d’accueillir ce public et
de faire fonctionner l’établissement. Le Code du travail distingue deux
Certaines parties des bâtiments ERP séries d’obligations : celles qu’il met
sont de fait inaccessibles aux publics à la charge du maître d’ouvrage en
(bureaux, réserves, vestiaires du per- amont pour la conception des lieux
sonnel...). D’autres bâtiments quant de travail, et celles qui vont peser en
à eux n’accueillent pas de public. aval sur l’employeur pour l’utilisation
Dès lors, les dispositions incendie du de ces lieux de travail.
Code du travail s’appliquent.
En cas de contradiction entre les dis-
La définition juridique du lieu de tra- positions de la réglementation ERP et
vail est fixée à l’article R4211-2 du celles issues du Code du travail, ce
Code du travail : sont les dispositions les plus contrai-
“On entend par lieux de travail les gnantes qui ont vocation à s’appliquer
lieux destinés à recevoir des postes (articles R4216-1 et R4227-1 du Code
de travail, situés ou non dans les bâti- du travail).

6 > Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
Les ICPE

En raison des matières premières utilisées, des Les activités relevant de la réglementation des
process ou des produits finis obtenus, une régle- ICPE sont énumérées dans une nomenclature
mentation supplémentaire peut s’appliquer et qui les soumet à un régime d’autorisation, d’en-
apporter d’autres dispositions de sécurisation registrement ou de déclaration (simple ou avec
incendie. Il s’agit du Code de l’environnement obligation de contrôle) en fonction de l’impor-
relatif aux installations classées pour la protec- tance des risques et inconvénients qui peuvent
être engendrés.
tion de l’environnement (ICPE) et des arrêtés de
La nomenclature des installations classées s’ar-
prescriptions pris pour son application.
ticule en quatre grandes rubriques :
• rubriques 1xxx (‘’Substances’’) regroupant les
Est considérée comme une ICPE toute instal-
substances et mélanges dangereux ne rele-
lation exploitée ou détenue par une personne
vant pas de la réglementation Seveso ;
physique ou morale, publique ou privée, qui peut
• rubriques 2xxx (‘’Activités’’) regroupant les ac-
représenter des dangers ou des inconvénients
tivités susceptibles de causer des dangers ou
pour :
inconvénients pour l’environnement, la santé,
• la commodité du voisinage ; etc. (ex. : agroalimentaire, bois, déchets…) ;
• la santé, la sécurité et la salubrité publiques ; • rubriques 3xxx (‘’Activités Industrial Emissions
• l’agriculture ; Directive’’ - IED) regroupant les activités visées
spécifiquement par la réglementation sur les
• la protection de la nature, de l’environnement
émissions industrielles (directive IED) ;
et des paysages ;
• rubriques 4xxx (‘’Substances et mélanges
• l’utilisation rationnelle de l’énergie ; dangereux’’) regroupant les substances et mé-
• la conservation des sites, des monuments ou langes dangereux relevant de la réglementation
du patrimoine archéologique. Seveso.

7
Dispositions réglementaires et normatives de la sécurité incendie

Contractuelles :
Obligatoires :
Visent la protec-
Visent la protection des personnes
tion des biens

Règles
Ministère Ministère Ministère
Ministère Assurances
chargé chargé de chargé
de l’Intérieur (APSAD ou
du Logement l’Environnement du Travail
équivalent)

Habitation ERP IGH ICPE ERT Toutes

Règlement Règlement de Règlement de Code de Code Documents


de sécurité sécurité des sécurité des l’Environnement du travail techniques
des bâtiments établissements immeubles
d’habitation recevant de grande
Arrêté du 31 du public hauteur
janvier 1986 Arrêté du 25 juin Arrêté du 30 Obligations pour Obligations pour
modifié 1980 modifié décembre 2011 le maître d’ouvrage l’employeur
Arrêté du 22 juin Décret 92-332 Décret 92-333
1990 modifié du 31 mars 1992 codifié du 31 mars 1992 codifié
• ERP : - Désenfumage : - Dégagements : R4227-4 à 14
Dernier R4216-13 à 16 - Chauffage des locaux :
Type Catégorie - Dégagements R4216-5 à 12 R4227-15 à 20
plancher* - Chauffage des locaux - Emploi et stockage de
> 28 m R4216-17 à 20 matières explosives et inflam-
- Stockage ou manipulation mables R4227-21 à 27
- Dispositions • Habitation de matières inflammables - Moyens de prévention
Dernier R4216-21 à 23 et de lutte contre l’incendie :
particulières R4227-28 à 41
venant en plancher* - Prévention des explosions :
Dispositions pour les bâtiments
majoration ou > 50 m dont le plancher bas du dernier R4227-42 à 54
atténuation des niveau est > 8m du sol
• ITGH : R4216-24 à 29 Dispositions applicables à tous
dispositions Immeuble de les lieux de travail existants au
générales Très Grande Dispositions applicables 1er avril 1992
aux locaux dont la demande
Hauteur de permis de construire ou le
> 200 m début des travaux est postérieur
* Dernier plancher : au 1er janvier 1993
plancher bas du
dernier niveau
accessible au public

IGH : Immeuble ICPE : Installation Classée pour


de Grande Hauteur la Protection de l’Environnement

8 > Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
Quels responsables
pour quelles responsabilités ?
La complexité réglementaire de la Ses interventions concernent plu-
sécurité incendie a des incidences sieurs étapes de la vie d’un ERP et
sur les niveaux de responsabilités. s’appuient sur l’analyse des commis-
En effet, suivant le type d’établisse- sions de sécurité et d’accessibilité :
ment, son mode de gestion et ainsi • à la construction ou à l’occasion
la réglementation applicable, dif- d’une extension (délivrance du
férents responsables peuvent être permis de construire, des autorisa-
désignés. tions de travaux…)
Par son pouvoir de police, le maire • lors de l’ouverture et pendant l’ex-
du lieu d’implantation de l’ERP doit ploitation (organisation des visites
veiller à la bonne application de de sécurité, périodiques ou inopi-
la réglementation. Dans l’ERP lui- nées).
même, on considère l’exploitant
comme le principal responsable Si le maire fait preuve de défaillance,
du respect des règles de sécurité. il engage la responsabilité de la com-
Le préfet peut également exercer mune et, en cas de négligence per-
sa compétence dans certains cas. sonnelle, sa propre responsabilité
En cas de présence de travailleurs, civile, voire pénale. À noter que dans
l’employeur doit veiller au maintien la jurisprudence, ce type de négli-
de leur sécurité tant physique que gence est souvent qualifiée de ‘‘mise
mentale. en danger de la vie d’autrui’’.

>Le maire >Le préfet


Le Code général des collectivités ter- Représentant de l’État dans le dépar-
ritoriales (article L2212-1) confie au tement, le préfet peut exercer direc-
maire une responsabilité de police tement un pouvoir de décision. En
administrative générale sur sa com- premier lieu, il est dans certains cas
mune. Également titulaire d’un pou- l’autorité compétente pour la déli-
voir de police administrative spéciale, vrance du permis de construire de
la prévention des risques d’incendie l’ERP (en particulier dans les com-
et de panique fait partie de ses mis- munes non dotées d’un plan local
sions. C’est donc l’autorité principale d’urbanisme ou d’un document d’ur-
chargée, dans ce cadre, de veiller au banisme, ou encore en cas de désac-
respect de la réglementation corres- cord entre le maire et le responsable
pondant aux ERP de sa commune. du service de l’État dans le dépar-
9
tement chargé de l’instruction de la l’exploitant d’un ERP engage donc sa
demande). responsabilité civile, voire pénale.
En outre, il dispose d’un pouvoir de
substitution s’il estime qu’il y a ca- >Le constructeur
rence du maire, après mise en de- Les constructeurs sont soumis à un
meure de celui-ci sans résultat. Dans régime spécifique de responsabilité.
ce cas précis, s’il n’usait pas de ce La désignation de « constructeur »
pouvoir, il pourrait engager la respon- est encadrée par l’article 1792-1 du
sabilité de l’État, et sa propre respon- Code civil (architecte, entrepreneur,
sabilité pénale. technicien ou autre personne liée au
maître de l’ouvrage par un contrat
>L’exploitant de louage d’ouvrage, vendeur après
L’exploitant d’un ERP est tenu de achèvement d’un ouvrage qu’il a
s’assurer que les installations ou construit ou fait construire). Durant
équipements sont établis, maintenus l’exécution des travaux, le construc-
ou entretenus en conformité avec les teur est responsable des dommages
dispositions de la réglementation. À qui surviendraient, mais aussi après
ce titre, il doit notamment solliciter la réception des travaux envers le
du maire l’ouverture de l’établisse- maître ou l’acquéreur de l’ouvrage en
ment dont il a la charge (ERP du 1er cas de malfaçons affectant les tra-
groupe et ceux du 2e groupe avec vaux de construction réalisés. Il existe
hébergement), assister aux visites trois types d’obligations légales limi-
de la commission de sécurité et tenir tées dans le temps (garantie de par-
à jour un registre de sécurité (article fait achèvement, garantie de bon
R123-51 du Code de la construction fonctionnement, responsabilité civile
et de l’habitation). En cas d’accident, décennale).

Quelles sanctions ?
Les infractions aux règles de sécurité incendie fixée par la réglementation des ERP sont définies aux
articles R152-6 et R152-7 du Code de la construction et de l’habitation. Elles sont réprimées par une
amende prévue pour les contraventions de la cinquième classe (1 500 € pour une personne physique).
En ce qui concerne les peines d’amende prévues par les articles L4741-1 à L4741-8 du Code du travail,
elles s’échelonnement jusqu’à 10 000 €. À cela s’ajoutent les potentielles infractions prévues par le
Code pénal en cas d’accident (blessures involontaires, homicide involontaire) ou de mise en danger de
la vie d’autrui.

10> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
>L’employeur physique ou mentale à un salarié, les
Le responsable d’un ERT est soumis enquêtes peuvent mener à établir la
à de nombreuses obligations de responsabilité de l’entreprise mais
sécurité envers ses employés. En aussi la responsabilité civile et pénale
effet, l’employeur prend les mesures de l’employeur (articles L4741-1
nécessaires pour assurer la sécu- à L4741-8 du Code du travail) pour
rité et protéger la santé physique et manquement à ses obligations. A
mentale des travailleurs. Ces obliga- noter toutefois que la responsabilité
tions se basent sur un principe de de l’employeur n’exonère pas le sala-
résultat et non seulement de moyens rié de ses obligations de respect des
mis en œuvre. Ainsi, en cas de sur- règles de sécurité.
venance d’un accident ou d’atteinte

La chaîne de responsabilités

Responsabilités Statut des Types de Organes


responsables responsabilités de contrôles

Contrôle Par
Préfet Commission
administratif
de sécurité
Substitution et d’accessibilité
Services
Police Par prévention
Maire
administrative des SDIS
Contrôle
DREAL
Inspecteur
Tenue de Par
Exploitant des installations
l’établissement classées

Inspection
Sécurité Par du travail
Employeur
des salariés

Responsabilité de l’État Responsabilité de la commune


Responsabilité personnelle (civile et/ou pénale) Responsabilité de l’entreprise

11
Le rôle incontournable
des organes de contrôles

>Les commissions de sécurité pagation (qualité des matériaux


Sous la tutelle de la CCDSA*, les utilisés, résistance au feu des élé-
commissions de sécurité se com- ments de construction…) ;
posent de techniciens, d’experts • les dispositifs utilisés pour facili-
et d’officiers sapeurs-pompiers ter l’évacuation du public et l’in-
titulaires du brevet de prévention tervention des secours (sorties et
PRV2. dégagements intérieurs, systèmes
d’alarme, éclairage de secours,
Véritable soutien technique, les etc.).
commissions de sécurité inter- *CCDSA : commission consultative départementale
de sécurité et d’accessibilité
viennent sous forme de visites,
régulières ou inopinées, principale-
Quels que soient le type et la caté-
ment à trois étapes de la vie d’un
gorie de l’ERP, les commissions de
ERP :
sécurité relèvent les manquements
• lors de la demande du permis de à la réglementation. Parmi ceux qui
construire ;
• avant l’autorisation d’ouverture au
public ;
• au cours de son exploitation.
Les commissions émettent un avis
favorable ou défavorable, assorti ou
non de prescriptions, remis au maire
(ou au préfet) qui pourra ainsi moti-
ver sa décision.

Relever les manquements


Les contrôles effectués par les com-
missions de sécurité portent sur
plusieurs aspects :
• les mesures prises pour réduire les
risques d’incendie et éviter sa pro-
12> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
attirent fréquemment leur attention : spécialisées, de rayons d’action
le nombre insuffisant d’issues de plus restreint : commissions d’ar-
secours ou leur verrouillage inhé- rondissement, intercommunales
rent à la vie de l’établissement, la ou encore communales. C’est au
mauvaise évacuation des fumées, préfet d’organiser localement ces
la difficulté d’accès des engins de commissions.
secours ou encore le manque de
formation du personnel. >Les autres services du SDIS

Un fonctionnement Service prévention industrie


à plusieurs niveaux ou ICPE
Les commissions de sécurité En parallèle des services de pré-
assistent les autorités de police vention des SDIS dédiés aux ERP,
administrative à différents niveaux : il existe souvent au sein de ces
• au niveau national, la Direction mêmes services un volet “préven-
générale de la sécurité civile et de tion industrielle”. Ses missions sont
la gestion des crises (DGSCGC) les suivantes :
donne son avis sur les conditions • Études des demandes d’autori-
d’application ou sur les projets de sation d’exploiter (DAE) pour les
modification de la réglementation ICPE
en vigueur, sur toutes les ques- • Avis formulés dans le cadre des
tions qui lui sont soumises soit par procédures d’urbanisme
le ministre de l’Intérieur, soit par • Avis relatif à la défense extérieure
les préfets, ainsi que sur tous les contre l’incendie
projets de de construction desti- • Participation aux réunions d’éla-
nés à être répétés ; boration des plans de préven-
• Le décret n°95-260 du 8 mars tion des risques technologiques
1995 a créé la commission consul- (PPRT).
tative départementale de sécurité Ce service peut également interve-
et d’accessibilité (CCDSA), organe nir en tant qu’organe de conseil. Les
compétent au niveau du dépar- officiers sapeurs-pompiers de ces
tement chargé, notamment, de types de groupements travaillent en
formuler des avis sur la sécurité forte collaboration avec les inspec-
contre le risque incendie ; teurs de l’environnement (DREAL /
• Compte tenu de ses nombreuses DDRIEE en Île-de-France).
attributions et du nombre consé-
quent de ses membres, la régle- Service Prévision
mentation a prévu la possibilité Ce service des SDIS assure la pro-
de créer des sous-commissions duction de documents opérationnels

13
mis à disposition des sapeurs-pom- nagement et du logement) pour
piers sur le terrain. Il est aussi le la majorité des établissements
garant de la connaissance des res- industriels ;
sources en eau pour les besoins liés • les DD(CS) PP (Directions dépar-
aux sinistres éventuels (cartogra- tementales (de la cohésion sociale
phie, état, débit, pression...). et) de la protection des popula-
tions) pour les établissements
>L’inspection du travail  agricoles, les abattoirs et les
Chaque DIRECCTE (Direction régio- équarrissages et certaines autres
nale des entreprises, de la concur- activités agroalimentaires.
rence, de la consommation, du Ces missions d’inspection visent à
travail et de l’emploi) définit les prévenir et à réduire les dangers et
orientations générales des actions les nuisances liés aux installations
d’inspection de la législation du afin de protéger les personnes, l’en-
travail. Dans ce cadre, l’inspection vironnement et la santé publique.
du travail veille à l’amélioration des Elles sont organisées autour de trois
conditions et des relations de travail
grands axes :
dans l’entreprise en contrôlant l’ap-
• l’encadrement réglementaire : ins-
plication de la réglementation.
truire les dossiers de demande
Le Code du travail prévoit un volet
d’autorisation, proposer des pres-
« sécurité incendie », ainsi cette
criptions de fonctionnement de
thématique rentre dans le domaine
l’exploitation, instruire les dos-
de compétences de l’inspection du
travail. À ce titre, elle doit vérifier, siers de cessation d’activité ;
durant ses visites, l’organisation et • la surveillance des installations
la tenue des installations en matière classées : visites d’inspection,
de sécurité incendie. examen des rapports remis par
Le registre de sécurité, la consigne des organismes vérificateurs
de sécurité incendie et le permis de externes, analyse des procédures
feu sont des documents à tenir à de fonctionnement et d’études
disposition de l’inspection du travail remises par l’exploitant…
(voir page 29). • l’information auprès des exploi-
tants et du public.
>L’inspection des installations Ces trois axes visent également à
classées s’assurer que les exploitants maî-
Sous l’autorité du préfet, l’inspec- trisent les impacts environnemen-
tion est assurée principalement par : taux liés au fonctionnement de leurs
• les DREAL (Directions régionales installations et les risques pour la
de l’environnement, de l’amé- santé et la sécurité des riverains.
14> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
Comment organiser
une prévention efficace ?

La prévention est un principe qui regroupe un ensemble de dispositions


prises pour prévenir un danger, un risque. Ces dispositions peuvent s’organi-
ser autour de trois piliers majeurs :

Technique
(moyens de détection, d’alarme
et d’alerte, de lutte)

Organisation
Humain
(consignes d’évacuation,
(formation, recyclage)
d’intervention, affichage)

Le cercle vertueux de la sécurité incendie


Les équipements ne seront efficaces que s’ils sont accompagnés d’un ensemble de procédures
et de la formation du personnel (la force d’une chaîne est fonction du maillon le plus faible)

Pour une sécurisation optimale, les moyens organisationnels, techniques et


humains doivent être présents, fiables et suivis.

15
Des moyens techniques

La prévention
dès la conception

Éviter l’incendie, en limiter sa pro- Les éléments structurants de construc-


pagation s’il survient… des objectifs tion (poutres, murs, poteaux…) doivent
à intégrer dès la conception et la satisfaire à des critères de résistance
construction des locaux. À ce titre, au feu ; l’objectif est d’obtenir, au cas
la prise en compte de certaines me- où l’incendie surviendrait, une stabi-
sures de prévention dites ‘’passives’’ lité maximale de l’ouvrage afin d’évi-
permet d’éviter le pire dans bien des ter tout effondrement pendant l’inter-
cas. Parmi celles-ci : vention des pompiers ou l’évacuation
des personnes.
> Stabilité et résistance au feu Le degré de résistance s’exprime par
C’est le temps pendant lequel, les une durée comprise entre 15 minutes
éléments de construction jouent le et 6 heures.
rôle qui leur est dévolu malgré l’action Les critères sont :
de l’incendie. • la capacité portante
• l’étanchéité au feu
• l’isolation thermique
• le rayonnement thermique
• la résistance aux chocs
• l’étanchéité aux fumées.

> Réaction au feu


C’est le comportement du matériau
en tant qu’aliment apporté au feu et
sa contribution au développement de
l’incendie.
Il est essentiel que les matériaux de
construction et d’aménagement du
bâtiment présentent une faible in-
flammabilité. Le système européen
de classification comprend 7 Euro-
classes (norme NF EN 13501-1 + A1)
16> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
applicables aux produits de construc- Focus
tion. Les trois critères de classement L’incendie de la tour Grenfell à
sont : Londres, le 14 juin 2017
• l’inflammabilité Cette tour de 24 étages avait été rénovée en
• la production de fumées 2016 et son procédé d’isolation par l’extérieur
• l’émission de gouttelettes ou parti- comprenait un isolant à base de mousse polyi-
cules enflammées. socyanurate (PIR), enfermé entre deux minces
couches d’aluminium, un bardage synthétique
> Distribution intérieure de polyéthylène, le tout séparé du bâtiment
Deux modes de distribution inté- par une lame d’air. Le PIR est un matériau très
rieure (le cloisonnement traditionnel performant pour l’isolation thermique. Cepen-
et le compartimentage) permettent dant, sa réaction au feu est de piètre qualité
de contenir un départ de feu ou de et, lorsqu’il brûle, très toxique puisqu’il dégage
ralentir sa propagation. Ils consistent du cyanure d’hydrogène.
à disposer par exemple des ouvrages La lame d’air a, en plus, joué un rôle de
coupe-feu (cloisons, portes...) en vue cheminée accentuant la remontée des gaz de
de protéger des espaces de circu- combustion et des flammes. L’accumulation
lation (escaliers, couloirs...) ou des de ces facteurs a provoqué une propagation
verticale rapide et une toxicité extrême des
dispositifs coupe-feu (exemple: cla-
fumées. 71 personnes ont péri dans cet
pet coupe-feu au droit d’une cloison
incendie.
coupe-feu traversée par une gaine)

Les références réglementaires


• Décret n° 2012-1489 du 27 décembre 2012 : conditions harmonisées de commercialisation pour
les produits de construction
• Arrêté du 21 novembre 2002 relatif à la réaction au feu des produits de construction et d’aménage-
ment
• Arrêté du 22 mars 2004 relatif à la résistance au feu des produits, éléments de construction et
d’ouvrages

17
Système de Sécurité Incendie :
vous avez dit SSI ?

Le Système de sécurité incendie On classe les SSI en cinq catégo-


(SSI) se compose de l’ensemble des ries (de A à E), par ordre de sévé-
matériels servant à collecter et trai- rité décroissante. La détermination
ter toutes les informations liées à la s’effectue, pour les ERP, par type
seule sécurité incendie, puis d’effec- et catégorie d’établissement (voir
tuer les fonctions nécessaires à la p.5). Les dispositions particulières
mise en sécurité de l’établissement : à chaque type d’établissement pré-
détection, compartimentage, désen- cisent, le cas échéant, la catégorie
fumage, extinction automatique, éva- du SSI exigé.
cuation…

DÉTECTER SDI
ET SIGNALER l’incendie Système de Détection
d’Incendie

UAE
Unité d’Aide
à l’Exploitation
POUR
COMMANDER CMSI
les organes de sécurité Centralisateur de Mise
en Sécurité Incendie
SSI
et
EVACUER les occupants UGA
Alarme Unités de Gestion
Gestion des issues de secours d’Alarme SMSI
UGCIS
Unité de Gestion Centralisée
des Issues de Secours
et
EMPECHER la propagation DAS
Compartimentage Dispositifs Actionnés
Désenfumage de Sécurité

18> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
À noter que le SSI le plus complet, >SMSI : Système de mise
de catégorie A, est obligatoire dans en sécurité incendie
tous les ERP disposant de locaux à
À partir des informations transmises
sommeil, dans les IGH et dans cer-
par le SDI, le SMSI gère principale-
tains ERP d’autres types.
ment trois fonctions nécessaires à la
Prévue dès la conception du bâti-
mise en sécurité d’un ERP :
ment, une configuration efficace se
• le compartimentage, permet de li-
constitue d’un système de détec-
miter la propagation d’un incendie
tion incendie (SDI), comprenant,
par l’utilisation de portes et clapets
entre autres, un système d’alarme.
coupe-feu, ainsi que la mise en arrêt
de certains équipements (ascen-
Cette installation a pour objectif de
seurs) ou installations (ventilation,
déceler et signaler tout début d’in-
chauffage…) ;
cendie, d’identifier le(s) secteur(s)
• le désenfumage, a pour objectif
géographique(s) concerné(s) et de
d’extraire les fumées et gaz de com-
déclencher les éventuels équipe-
bustion afin de faciliter l’évacuation
ments asservis. Des détecteurs au-
des personnes et l’intervention des
tomatiques d’incendie (certifiés NF)
secours ; il utilise différents équipe-
assurent une surveillance perma-
ments : trappes, exutoires, moteurs
nente des locaux. Plusieurs types
de soufflage et d’extraction, coffrets
existent : détecteurs de fumée de
de relayage…
type optique (détection des aéro-
• l’évacuation, avec la gestion des is-
sols de combustion), détecteurs de
sues de secours, des blocs d’éclai-
chaleur de type thermostatique, dé-
rage de secours, des diffuseurs
tecteurs de flamme, etc. Ils peuvent
d’alarme…
être complétés par des déclen-
cheurs manuels accessibles à toute
>Équipement d’alarme
personne découvrant un départ de
La catégorie du SSI détermine les
feu.
équipements d’alarme à installer,
classés en 4 types par ordre de sévé-
rité décroissante : 1, 2a ou 2b, 3 et 4.

19
Des dispositions particulières pré- Pour les autres établissements, il
cisent le type d’alarme pour chaque s’agit d’instructions dont l’objec-
type d’ERP. Le système peut prévoir tif minimal est d’assurer l’évacuation
une alarme générale immédiate ou de l’ensemble des personnes pré-
temporisée. Elle peut être aussi sélec- sentes. Il est cependant fortement re-
tive au vu de dispositions d’évacua- commandé de compléter ces instruc-
tions particulières à certains établisse- tions par les différents éléments qui
ments. En cas de temporisation, une doivent figurer dans la consigne de
alarme restreinte avertira des équipes sécurité lorsqu’elle est réglementaire-
spécialisées chargées de réaliser une ment imposée. Des dispositions sup-
levée de doute et de déclencher, le cas plémentaires peuvent être imposées
échéant, les procédures de secours et par d’autres textes notamment la ré-
l’alarme générale. glementation ICPE ou celle IGH.

Le Code du travail impose dans cer- L’alarme générale doit être donnée
tains cas l’installation d’un équipement par bâtiment si l’établissement com-
d’alarme sonore. Ainsi un tel équipe- porte plusieurs bâtiments isolés entre
ment doit être présent dans les ERT ré- eux. Le signal sonore d’alarme géné-
pondant aux conditions suivantes (ar- rale ne doit pas permettre la confu-
ticle R4227-34 du Code du travail) : sion avec d’autres signalisations uti-
• ceux où peuvent se trouver occu- lisées dans l’établissement. Il doit
pées ou réunies habituellement plus être audible de tout point du bâtiment
de cinquante personnes, pendant le temps nécessaire à l’éva-
• ceux où sont manipulées et mises cuation, avec une autonomie mini-
en œuvre des matières inflam- male de cinq minutes (article R4227-
mables indiquées à l’article R4227- 36 du Code du travail).
22 du Code du travail.
Dans ces mêmes établissements, Une alternative au signal sonore doit
une consigne de sécurité incendie est permettre aux personnes en situation
établie et affichée (article R4227-37 de handicap auditif d’être alertées du
du Code du travail). déclenchement de l’évacuation.
20> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
Les moyens
d’extinction

Même si de multiples précautions tif, à poudre ou à CO2) et il convient


préventives ont été prises, un éta- de choisir le bon agent extincteur en
blissement n’est jamais à l’abri d’un fonction de la classe de feu. Ainsi,
départ de feu. Dans cette circons- l’utilisation d’extincteurs à CO2 sera
tance, des moyens de lutte doivent particulièrement pratique sur les ins-
être présents à l’intérieur des bâti- tallations électriques afin d’éviter tout
ments pour permettre une interven- dommage possible sur l’installation.
tion dès les premières minutes. De manière générale, on considère
qu’il faut, au minimum, un extinc-
Plusieurs types de systèmes peuvent teur de 6 litres d’eau pulvérisée pour
être préconisés, en fonction des couvrir 200 m2 de plancher, avec, a
contraintes du bâtiment à protéger et minima, un appareil par niveau.
du niveau de sécurisation souhaité. Il
s’agira le plus couramment d’appa-
reils mobiles (extincteurs) et de robi-
nets d’incendie armés (RIA). Les équi-
pements de lutte contre l’incendie
doivent être signalés et leur environ-
nement doit être maintenu dégagé.
Les systèmes d’extinction auto-
matique (à eau ou à gaz), colonnes
sèches ou humides, contribuent aus-
si de manière très efficace à limiter les
effets d’un incendie.

>Les extincteurs
Ces appareils permettent d’intervenir
immédiatement, en attendant la mise
en œuvre éventuelle de moyens plus
puissants. Plusieurs gammes existent
(à eau pulvérisée avec ou sans addi-
21
Dans certains cas, une protection lesquels une intervention par extinc-
complémentaire par des extincteurs teur s’avérera insuffisante. De fait, ils
mobiles sur roues peuvent être né- nécessitent des débits et pressions
cessaires (ex: stockage de matériaux d’eau suffisantes (la pression mini-
combustibles de plus de 3 m de haut). male de fonctionnement du RIA le
En complément des dispositions plus défavorisé doit être de 2,5 bar).
réglementaires, la règle APSAD R4 Les RIA se déclinent en plusieurs lon-
relative à l’installation d’extincteurs gueurs et diamètres, fixes ou pivo-
mobiles sert de référence tants, sous armoire…
pour déterminer le type et le Comme pour les extinc-
nombre d’appareils à installer teurs, leur mise en place
en fonction des risques. Elle doit s’accompagner d’une
prévoit en outre le contrôle formation adaptée pour
régulier de leur bon état de les utilisateurs poten-
fonctionnement. tiels et de contrôles pério-
diques de leur bon état de
>Les robinets fonctionnement.
d’incendie armés (RIA) La règle APSAD R5 rela-
Équipements de première in- tive aux robinets d’incen-
tervention particulièrement die armés détaille toutes
efficaces, ces dispositifs les spécificités de ces ins-
luttent contre les incendies à tallations et les règles à
développement rapide pour appliquer.

Les références réglementaires et normatives :


• Article R4227-29 du Code du travail : disposi- • Article PE 26 de l’arrêté du 22 juin 1990 mo-
tions applicables aux extincteurs dans les lo- difié : dispositions applicables aux extincteurs
caux de travail dans les ERP du 2e groupe
• Articles MS 38 et 39 de l’arrêté du 25 juin • Extincteurs portatifs : NF EN 3-7+A1
1980 modifié : dispositions applicables aux • RIA : NF S 62-201
extincteurs dans les ERP du 1er groupe

22> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
>Les systèmes de type sprinkleur, il convient de s’as-
d’extinction automatique surer des ressources en eau suffi-
Les délais d’intervention des secours santes. Dans les ERP de type M, pour
dans certaines zones éloignées ou exemple, la réglementation rend obli-
l’importance des biens à protéger gatoire une installation de type sprin-
peuvent constituer autant de raisons kleur au delà de 3 000 m² de surface
de mettre en place un système d’ex- de vente (mails compris).
tinction automatique d’incendie à gaz Une vérification semestrielle et trien-
ou à eau. Indépendamment de l’in- nale doit être en place pour ce type
vestissement qu’il représente, il né- d’installations. Tous les 30 ans, une
cessite la prise en compte des spé- remise en conformité doit être réali-
cificités techniques du bâtiment. Pour sée en prenant pour référence le der-
les systèmes à eau, essentiellement nier référentiel technique en vigueur.

Plusieurs référentiels techniques ap-


portent des précisions pour ce type
d’installation, en particulier la norme
européenne NF EN 12845 et la règle
française APSAD R1 qui prévoit l’in-
tervention d’installateurs certifiés,
une visite de conformité de réception
de chaque installation pour l’obten-
tion d’un certificat de conformité N1,
et un suivi semestriel par un vérifica-
teur certifié APSAD et donnant lieu à
un certificat de vérification Q1.

Les références réglementaires :


Article R4227-28 du Code du travail : l’em-
ployeur prend les mesures nécessaires pour
que tout commencement d’incendie puisse
être rapidement et efficacement combattu
dans l’intérêt du sauvetage des travailleurs.

23
D’autres mesures actives
de prévention

Améliorer la sécurité incendie, commissions de sécurité (voir p. 12)


c’est mettre en œuvre des moyens de veiller à l’application des dispo-
qui permettent à la fois d’évacuer sitions permettant l’évacuation des
rapidement les occupants et de personnes en situation de handi-
faciliter l’intervention des services cap (article R123-48 du CCH). Ces
de secours. À ce titre, des mesures mesures doivent être mentionnées
préventives concernent concrète- dans le registre de sécurité (article
ment les dégagements, les accès, R123-51 du CCH).
l’éclairage et la signalisation.
>Des dégagements
>L’accessibilité et l’évacuation rapides et sûrs
pour tous Les portes, escaliers, couloirs, sont
La loi n° 2005-102 du 11 février répartis de manière à permettre une
2005 pour l’égalité des droits et évacuation rapide de tous les occu-
des chances, la participation et la pants dans des conditions de sécu-
citoyenneté des personnes handi- rité maximale. Ces dégagements
capées a introduit le droit de libre doivent être toujours libres. Aucun
accès à tous les bâtiments des objet, marchandise ou matériel ne
personnes souffrant de toute forme doit faire obstacle à la circulation
de handicap. Cette obligation d’ac- des personnes ou réduire la largeur
cessibilité a eu pour conséquence des dégagements au-dessous des
d’introduire la notion d’évacuation minima fixés par la réglementation.
différée si nécessaire, l’évacuation Ces dégagements doivent être dis-
immédiate ne constituant plus dé- posés de manière à éviter les « cul-
sormais le seul moyen de se sous- de-sac ».
traire à un incendie (article R123- Une fois encore, c’est lors de la
4 du CCH et articles R4216-2 à conception des bâtiments qu’une
R4216-2-3 du Code du travail). Afin attention particulière doit être por-
de répondre à cette exigence, le rè- tée sur le traitement des dégage-
glement de sécurité prévoit la créa- ments, notamment sur les points
tion d’espaces d’attente sécurisés suivants :
et la notion de mise à l’abri (article • le nombre, la largeur et la réparti-
R123-7 du CCH). Il appartient aux tion des dégagements prenant en
24> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
compte les distances maximales 1er groupe) et PE11 (établissements
à parcourir ; du 2e groupe).
• la conception des escaliers (ré- Le nombre et la largeur des déga-
partition, sécurité d’utilisation) ; gements dépendent de l’effectif du
• la présence et l’emplacement des public et/ou du personnel.
espaces d’attente sécurisés ;
• le balisage et l’éclairage de sécu- >Le désenfumage
rité… Les textes réglementaires défi-
Ainsi, le Code du travail définit le nissent le désenfumage par la tech-
nombre de dégagements et leur nique de contrôle du mouvement et
largeur dans les articles R4227-5 de la quantité de fumées.
et R4216-8. Concernant les ERP, Le désenfumage a pour objet d’ex-
la réglementation prévoit égale- traire des locaux incendiés une par-
ment des dispositions réunies dans tie des fumées et gaz de combus-
l’arrêté du 25 juin 1980 modifié aux tion afin de :
articles CO 38 (établissements du • rendre praticables les chemine-
ments utilisés pour l’évacuation et
l’intervention des secours ;
• limiter la propagation de l’incen-
die en évacuant vers l’extérieur,
chaleur, gaz et imbrûlés.
Pour atteindre ces objectifs, il n’est
pas demandé d’évacuer la totalité
des fumées produites par l’incendie
mais une quantité suffisante pour
que les lieux restent praticables et
que les fumées ne se répandent pas
dans les volumes voisins.
Pour y parvenir, le désenfumage doit :
• maintenir une visibilité suffisante ;
• diminuer la teneur de gaz toxiques ;
• conserver un taux d’oxygène ac-
ceptable ;
• évacuer la chaleur produite par le
foyer.
On peut désigner sous le terme de
désenfumage deux grands types de
contrôle des fumées :
25
• le premier consiste à assurer un • les volumes à désenfumer doivent
balayage de l’espace à proté- être de dimensions raisonnables
ger par de l’air frais et à extraire (ainsi le compartimentage doit être
les fumées afin que, dans la zone réalisé de manière pertinente) ;
d’occupation, la dilution des gaz • le désenfumage doit respecter la
de combustion soit telle qu’elle stratification des fumées pour ne
réduise au minimum leurs effets pas créer de turbulences par des vi-
nocifs, et permette l’évacuation tesses de soufflage excessives ;
du public et l’intervention des ser- • le balayage satisfaisant des locaux
vices de secours. à désenfumer est obtenu par une
• Le deuxième consiste à établir répartition adéquate des amenées
une hiérarchie des pressions entre d’air et des extractions de fumées.
le local sinistré et les locaux adja- L’ensemble des normes NF EN 12101,
cents de façon à réaliser un équi- les instructions techniques complé-
libre s’opposant à la propagation mentaires et le référentiel APSAD R17
des fumées. décrivent les bonnes pratiques pour
Dans tous les cas il est important de l’installation des systèmes de désen-
veiller aux points suivants : fumage naturel.

>Obligation de désenfumage selon les référentiels réglementaires

ERP Installations Classées


Code du travail
(articles DF 1 à DF 10 pour la Protection
(article R4216-13)
du règlement général de sécurité) de l’Environnement (ICPE)

• Locaux de plus de 300 m² • Locaux de plus de 300 m² • Exigences relatives au


• Locaux aveugles de plus de • Locaux aveugles de plus de 100 m² désenfumage fixées
100 m² • Locaux en sous-sol de plus de 100 m² par l’arrêté préfectoral
• Locaux en sous-sol de plus • Escaliers non encloisonnés (sauf si d’autorisation d’exploiter
de 100 m² les volumes avec lesquels ils com- concerné.
• Escaliers encloisonnés ou muniquent directement ne sont pas
non obligatoirement désenfumés)
• Cages d’ascenseur encloi- • Escaliers desservant plus de deux
sonnées niveaux en sous-sol
• Compartiments pour les • Certaines circulations horizontales
bâtiments dont le plancher encloisonnées
bas du dernier niveau est • Compartiments
situé à plus de 8 m du sol

26> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
>Des accès faciles >Un éclairage de sécurité
Les services de secours doivent opérationnel
pouvoir attaquer rapidement et ef- Obligatoire dans tous les établisse-
ficacement un incendie et accéder ments, une installation d’éclairage
aisément à l’intérieur d’un établis- de sécurité pallie la défaillance élec-
sement. Faciliter leur intervention trique du système habituel en cas
passe prioritairement par de bonnes de sinistre. Deux types d’éclairage,
conditions d’accès à l’ensemble avec une autonomie minimum d’une
des locaux. Ceci impose, dans la heure, sont préconisés :
plupart des cas, des façades ac- • le type ‘‘évacuation’’ assure l’éclai-
cessibles par les échelles, de dis- rage des dégagements, des obs-
poser de voies suffisamment larges tacles, des changements de direc-
pour le passage d’un fourgon d’in- tion, des sorties de secours…
cendie (‘‘voie engin’’) ou, pour les • le type ‘‘ambiance’’, ou ‘‘anti pa-
bâtiments d’une certaine hau- nique’’, maintient un éclairage uni-
teur, pour le passage de la grande forme pour garantir la visibilité et
échelle (‘‘voie échelle’’). éviter tout risque d’affolement.

27
>Une information claire non seulement les dégagements
et repérable et les cloisonnements principaux,
L’affichage de plans référençant les mais encore les emplacements
différents niveaux des établisse- des dispositifs de sécurité, des
ments (y compris combles et sous- organes de coupure des fluides et
sols), la position des extincteurs, sources d’énergie (eau, gaz, élec-
des armoires électriques, des sys- tricité), des moyens d’extinction
tèmes d’alarmes est indispensable. et d’alarme…
Il facilitera l’évacuation et permet- • Spécifiquement pour les ERT, les
tra aux services de secours de se consignes de sécurité doivent
situer à l’intérieur comme à l’exté- être affichées dans les établisse-
rieur du bâtiment. ments suivants (article R4227-37
• Plan d’intervention et consignes du Code du travail) :
de sécurité, précis et mis à jour, - ceux où peuvent se trouver oc-
doivent faire l’objet d’un affichage cupées ou réunies habituellement
sur supports fixes et inaltérables, plus de cinquante personnes ;
positionnés aux entrées et à tous - ceux où sont manipulées et
les niveaux des établissements. mises en oeuvre des matières in-
• Spécifiquement pour les ERP : un flammables (indiquées à l’article
plan général d’intervention (« plan R4227-22 du Code du travail),
pompiers ») doit donc indiquer quelle que soit leur importance.

Les références réglementaires et normatives  


• Articles MS41 et MS 47 de l’arrêté du 25 juin 1980 modifié
• Article PE 27 de l’arrêté du 22 juin 1990 modifié
• Articles R4227-37 et R4227-38 du Code du travail.
• Norme NF X 08-070: informations et instructions de sécurité. Consignes et instructions, plans d’éva-
cuation, plans d’intervention, plans et documentation technique de sécurité.
• Norme NF EN ISO 7010: symboles graphiques. Couleurs de sécurité et signaux de sécurité.

28> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
Des moyens organisationnels

L’indispensable Registre de sécurité


L’exploitant d’un ERP doit impéra- Il comporte les mêmes informations
tivement disposer et tenir à jour un que celles citées précédemment,
registre de sécurité destiné à recueillir à savoir, l’organisation à mettre en
toutes les informations relatives à la œuvre en cas d’incendie, les essais
sécurité incendie de l’établissement. et visites périodiques du matériel et
Exigé par la commission de sécurité, les exercices incendies qui ont lieu au
il comporte notamment : moins tous les six mois.
• l’état du personnel chargé du ser- En cas d’accident grave, notamment
vice d’incendie ; corporel, le juge s’appuie sur les
• les diverses consignes, générales conclusions de la commission de sé-
et particulières, établies en cas curité et/ou de l’inspection du travail,
d’incendie y compris les consignes le registre de sécurité et la formation
d’évacuation prenant en compte les du personnel pour établir les éven-
différents types de handicap ; tuelles responsabilités de l’employeur.
• les dates des divers contrôles et vé-
rifications ainsi que les observations > Des installations maintenues
auxquelles ceux-ci ont donné lieu ; en conformité
• les dates des travaux d’aména- Les articles R123-43 et R123-51 du
gement et de transformation, leur CCH fixent les obligations de l’exploi-
nature, les noms du ou des entre- tant liées à la maintenance des ins-
preneurs et, s’il y a lieu, de l’archi- tallations d’un ERP. Sont plus par-
tecte ou du technicien chargés de ticulièrement concernés le système
surveiller les travaux. de sécurité incendie, les installations
Il doit également indiquer l’exis- électriques, de chauffage, de désen-
tence des contrats de maintenance, fumage, de ventilation, les ascen-
conformes aux prescriptions de la seurs, le matériel de cuisson, etc.
réglementation. Concernant les établissements rece-
vant des travailleurs, les mêmes pres-
Le registre de sécurité doit être dispo-
criptions s’appliquent.
nible en permanence pour assurer le
D’une manière générale, il est pré-
suivi de la mise en sécurité.
férable d’entretenir régulièrement et
Concernant les ERT, un registre incen- vérifier l’ensemble des installations
die doit être tenu dans l’entreprise. Il techniques ainsi que dispositifs de
doit être mis à jour régulièrement et sécurité, et prévoir des visites de
tenu à disposition de l’inspection du conformité par des organismes de
travail. contrôle agréés.
29
À surveiller : installations électriques
et travaux par points chauds

L’analyse des causes d’incendie Par ailleurs, il convient d’observer


dans des locaux professionnels, quelques mesures générales et fa-
ERP et ERT inclus, fait ressortir en ciles à mettre en œuvre :
tête la défaillance d’installations • éloignement des matières combus-
électriques et les travaux par points tibles ;
chauds (soudage, découpage, meu- • élimination des câbles inutiles, des
lage…). Une attention toute particu- installations temporaires, des stoc-
lière doit donc leur être accordée. kages ‘‘sauvages’’ ;
• localisation d’extincteurs à proxi-
> Des précautions de base mité des armoires électriques fer-
essentielles mées à clef ;
Les locaux techniques abritant, entre • vigilance quotidienne du personnel
autres, les installations électriques, pour repérer toute anomalie.
constituent à la fois des points né-
vralgiques mais aussi des points > Contrôles, maintenance
dangereux. Les compartimenter phy- et thermographie
siquement permet d’éviter la pro- Transformateurs, armoires, blocs
pagation d’un incendie qui pourrait y d’éclairage et câbles d’alimentation
survenir. Ils peuvent également faire doivent faire l’objet de vérifications
l’objet d’un compartimentage homo- périodiques par des intervenants
gène, avec cloisons coupe-feu. compétents afin de traiter toute
défaillance ou non-conformité (en
complément des vérifications régle-
mentaires, votre assureur peut vous
demander de lui fournir un certificat
APSAD Q18. Ce document rattaché
au référentiel APSAD D18 permet
d’identifier les éventuels risques
d’incendie et d’explosion dont les
matériels électriques peuvent être à
l’origine).
30> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
Pour compléter, en matière de main- effectués par des entreprises exté-
tenance préventive, le contrôle des rieures ou par du personnel de l’en-
installations par thermographie in- treprise.
frarouge a prouvé son efficacité. En Le permis de feu est un document
repérant le moindre échauffement, triptyque dressant une analyse du
la thermographie infrarouge s’avère risque incendie lié à la tâche à ac-
un outil performant pour lutter contre complir et listant les précautions
l’occurrence de sinistres d’origine élémentaires de sécurité à respec-
électrique (voir le Référentiel APSAD ter, avant, pendant et après les tra-
D19). vaux.
Les obligations de l’exploitant d’un Les éléments structurants de ce
ERP concernant les installations document sont notamment évoqués
électriques sont définies aux articles dans le modèle de permis de feu
EL 1 à EL 23 (établissements du 1er proposé par le CNPP en partenariat
groupe) et PE 24 (établissements
du 2nd groupe) des règlements de Focus
sécurité des ERP. Elles s’ajoutent, le L’incendie de la basilique Saint-
cas échéant, aux dispositions que la Donatien, 15 juin 2015 
réglementation des lieux de travail À Nantes, la basilique Saint-Donatien est un
prévoit en la matière (articles R4215- bâtiment classé aux monuments historiques
datant du XIXe siècle. Le 15 juin 2015, un
1 à R4215-17, R4226-1 à R4226-21
incendie affecte la toiture et ainsi toute la
et R4544-1 à R4544-11 du Code du structure de la basilique.
travail et textes pris pour son appli- Pas moins de 75 pompiers ont dû être
cation). mobilisés pour maîtriser l’incendie et éviter sa
propagation aux immeubles alentours. Malgré
> Permis de feu leur intervention, les ¾ de la toiture ont été
En France aujourd’hui dans plus de détruits.
30 % des cas, ce sont les travaux
L’origine du sinistre est accidentelle, une
par points chauds qui ont déclenché
entreprise de couverture en pleine activité de
un incendie (source INRS), avec des soudure en serait responsable. Des travaux
conséquences souvent catastro- d’étanchéité avaient lieu sur le toit. Il aura fallu
phiques. Des opérations mal prépa- presque 2 ans pour finaliser la première étape
rées ou exécutées sans précautions de mise en sécurité de l’installation.
suffisantes peuvent être à l’origine La facture est alors de 3,4 M€.
de sinistres graves.
C’est pourquoi un permis de feu La deuxième étape de réfection définitive de
doit être établi à chaque fois que la charpente devrait débuter à l’été 2018 et
s’étaler jusqu’à 2020.
ces travaux sont réalisés (soudage,
coupage, meulage, etc), qu’ils soient
31
avec la Fédération française de l’as-
surance. Le permis de feu :
• engage la responsabilité de ceux
qui le signent ;
• est signé par le donneur d’ordres
(chef de l’entreprise utilisatrice), la
personne désignée pour la sécu-
rité, le responsable d’intervention
ou l’opérateur ;
• est valable sur la durée des tra-
vaux mentionnée sur le document.
Idéalement cette durée devrait être • doit être conservé au minimum 48
limitée à une journée de travail ; heures mais il est recommandé de
• doit être établi avant que les tra- l’archiver dans l’historique des tra-
vaux soient réalisés en interne ou vaux.
par une entreprise prestataire ;
• doit être renouvelé dès qu’un de Des règles de bonnes pratiques
ses éléments constitutifs a changé doivent également être encoura-
(lieu, environnement, intervenant, gées telles que la sécurisation des
procédé, nature des travaux) ; lieux d’intervention a posteriori des
• n’est pas nécessaire sur les postes travaux et le respect des procé-
de travail spécialement aménagés dures d’intervention pour l’entre-
pour les travaux par point chaud, prise intervenante.
par exemple une zone de soudage Une sensibilisation particulière, et
dans un atelier de maintenance ; si besoin une formation doivent
• fait l’objet d’une surveillance post également être dispensées à desti-
travaux (une surveillance jusqu’à nation des acteurs concernés. Tout
deux heures après la réalisation du manquement peut être à l’origine de
travail doit être maintenue) ; litiges en cas d’incendie !

Les références réglementaires


• Arrêté du 19 mars 1993 fixant, en application de l’article R. 4512-7 du Code du travail, la liste des
travaux dangereux pour lesquels il est établi par écrit un plan de prévention :
(“Travaux de soudage oxyacétylénique exigeant le recours à un permis de feu”)
• Ordonnance n°70-15134 du 16 février 1970 fixant les mesures de sécurité à observer lors des
opérations de soudure ou de découpage par appareils thermiques (applicable à Paris et dans les
départements des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne)
• Divers arrêtés de prescriptions générales applicables aux ICPE (ex. arrêté du 25 juillet 1997
applicable aux installations classées soumises à déclaration sous la rubrique 2910 « Installations de
combustion »)

32> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
La gestion
des entreprises extérieures
>Plan de prévention gestion commune des risques entre
L’intervention d’entreprises exté- l’entreprise utilisatrice et l’entreprise
rieures dans un établissement im- extérieure ou prestataire.
plique la mise en place d’un plan de
prévention lorsque cette intervention >Protocole de sécurité
est liée à la réalisation des travaux Si l’intervention est liée à une opéra-
entraînant des risques d’interférence tion de chargement ou de décharge-
liés à la coactivité. ment de marchandises, un protocole
De ce fait, il est réglementairement de sécurité remplaçant le plan de pré-
exigé (articles R4511-1 et suivants vention doit être établi (article R4515-4
du Code du travail) de considérer une du Code du travail).

La prévention des explosions (ATEX)


La prévention des risques d’explo- A ce titre, ils doivent en particulier :
sion fait l’objet d’une réglementa- • appliquer les principes généraux de
tion spécifique issue du Code du la prévention du risque ;
travail. Son article R4227-43 dé- • évaluer le risque d’explosion ;
finit une atmosphère explosive • classer les lieux de travail en fonc-
(ATEX) comme « un mélange avec tion du risque d’explosion (« zonage
l’air, dans les conditions atmosphé- ATEX ») ;
riques, de substances inflammables • fixer les conditions d’installation des
sous forme de gaz, vapeurs, brouil- matériels électriques et non élec-
lards ou poussières, dans lequel, triques dans les emplacements où
après inflammation, la combustion des ATEX peuvent se présenter ;
se propage à l’ensemble du mé- • mettre en place des mesures orga-
lange non brûlé ». En cas de réali- nisationnelles (formation suffisante
sation de travaux dits « dangereux » et appropriée, exécution des travaux
dans une zone où un risque ATEX sur instructions écrites…) ;
est susceptible d’être présent, les • signaliser les emplacements où des
employeurs et exploitants doivent ATEX sont susceptibles de se former ;
veiller à la présence d’une autorisa- • rédiger le document relatif à la pro-
tion spécifique. tection contre les explosions (DR-
PCE), annexé au document unique.
33
Des moyens humains

Des personnels
formés et entraînés

La formation des collaborateurs aux glementation ERP, le fonctionnement


mesures de prévention et de lutte des installations techniques…
contre l’incendie ne peut constituer
qu’un atout. Les agents SSIAP ne sont pas en
droit de porter une tenue vestimen-
>Dans les ERP taire identique à celle des pompiers.
Suivant le type, la catégorie et les
caractéristiques des établissements, Formation SSIAP 2 : chef d’équipe
un Service de Sécurité Incendie et des services de sécurité incendie
d’Assistance aux Personnes (SSIAP) Les titulaires du SSIAP 2 ont vocation
peut s’avérer obligatoire. Tout comme à encadrer l’équipe chargée d’assu-
la formation des personnels qui le rer la sécurité des personnes et la sé-
composent. curité incendie des biens au sein d’un
ERP.
Chargés de l’organisation générale de
la sécurité dans leurs établissements,
les SSIAP ont fait l’objet d’un arrêté
ministériel (2 mai 2005) régissant
l’emploi, les missions et la qualifica-
tion du personnel permanent affecté
aux ERP.

Formation SSIAP 1 : agent


de service de sécurité incendie
Ce premier niveau de formation per-
met d’acquérir les connaissances
nécessaires aux agents chargés
d’assurer la prévention et la sécurité
incendie dans les ERP. Les titulaires
du SSIAP 1 connaissent le feu et ses
conséquences, les principes de la ré-
34> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
Maintien des
Prérequis Fonction Missions
compétences

• Management et gestion
du service de sécurité
• Conseil du chef
• Diplôme niv 4 d’établissement ou de
de l’Education son représentant en matière
nationale au moins Chef de service de sécurité incendie Recyclage triennal
ou S.S.I.A.P. 2 de sécurité sur les compétences
ou ERP 2, IGH 2 incendie • Correspondant des
commissions de sécurité SSIAP
avec 3 ans (SSIAP 3)
d’exercice et d’accessibilité
de l’emploi • Suivi des obligations
de contrôle et d’entretien
des installations techniques
de sécurité Recyclage tous
les deux ans
en matière de
• Management de l’équipe secourisme
• Titulaire SSIAP 1 de sécurité
ou équivalent • Compte-rendu
• Équivalences aux autorités hiérarchiques
Chef d’équipe
pour sapeurs- des services • Chef du PCS
pompiers et pom- de sécurité en situation de crise
piers militaires incendie • Instruction des agents
• Avoir exercé (SSIAP 2) Niveau 1 et contrôle
l’emploi SSIAP 1 des connaissances
durant les deux • Accompagnement de la
dernières années commission de sécurité Pratique minimum
incendie et d’accessibilité d’au moins 1607
heures d’activité
de la fonction
• Entretien et vérifications SSIAP durant les
des installations et 3 dernières années
équipements de sécurité
• Équivalences • Manipulation des tableaux
pour sapeurs- de signalisation
pompiers et Agent des • Rondes de sécurité
pompiers militaires services de et surveillance des travaux Si dispositions non
• Évaluation sécurité respectées, remise
incendie • Surveillance du PC
de la capacité à niveau obligatoire
à retranscrire (SSIAP 1) • Appel et réception des
des anomalies sur services publics de secours
la main courante • Assistance à personnes
• Mise en œuvre des
moyens de secours
et de mise en sécurité
Prérequis communs :
• Avoir suivi la formation • L’habilitation électrique nécessaire sur les sites
• Soit AFPS ou PSC1 acquis depuis moins de 2 ans d’exercice de l’emploi
soit PSE1 ou SST en cours de validité • Aptitude médicale (SSIAP 1 et 2)

35
Formation SSIAP 3 : chef >Tendre vers une gestion effi-
de service de sécurité incendie ciente de ses risques
Les titulaires du SSIAP 3, aptes à tra- Les moyens organisationnels et tech-
vailler avec la commission de sécurité niques sont bien sûr indispensables
d’un établissement, ont vocation à dans une démarche de sécurisation
diriger le service de sécurité incendie de ses activités, cependant l’élément
et à gérer son budget. permettant de coordonner, animer et
vérifier cet ensemble est le facteur
>Dans les ERT humain. En fonction du périmètre à
couvrir, du type d’activités et des en-
Quelles obligations ? jeux présents, la sensibilité au risque
Le Code du travail impose à l’em- va être différente. Dans tous les cas,
ployeur de prendre les mesures né- il faut pourtant attacher une impor-
cessaires pour que tout commen- tance particulière à ce qu’on peut ap-
cement d’incendie puisse être peler ‘’l’organigramme des acteurs
rapidement et efficacement combat- de la gestion des risques’’ où cha-
tu dans l’intérêt du sauvetage des tra- cun peut s’identifier. Des référents
vailleurs (article R4227-28 du Code techniques chargés du contrôle et du
du travail). Afin d’assurer un entraî- suivi des vérifications périodiques,
nement des différents personnels sur des procédures, des superviseurs et
les conduites à tenir en cas d’événe- des projets structurants et motivants
ments graves (incendie, explosion, sont le cœur d’une politique réussie
autres...) il est important de réaliser et d’une démarche d’amélioration
périodiquement des exercices d’in- continue.
tervention et d’évacuation. Ces exer-
cices doivent faire systématiquement Le référentiel APSAD R6
l’objet d’un compte rendu et être ins- Pour aller plus loin, le référentiel
crits dans le registre de sécurité (cf. APSAD R6 « Maîtrise du risque incen-
page 29 Le registre de sécurité). die – Organisation et système de

36> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
management » définit deux niveaux Pour la seconde intervention :
d’intervention, la première et seconde. • renforcer la première intervention
Il définit comme mission pour la pre- avec, le cas échéant, des moyens
mière intervention : complémentaires, en attendant l’ar-
• de donner l’alarme pour déclencher rivée des secours extérieurs.
les secours intérieurs et prévenir le Ces notions d’équipiers de première
poste de surveillance (qui alertera et de seconde intervention ne figurent
les secours extérieurs) ; pas dans la réglementation des lieux
• d’intervenir immédiatement dans de travail, en revanche elles sont évo-
la zone de travail, avec les moyens quées dans le cadre de la réglemen-
disponibles sur place. tation des ICPE.

37
Prévention SMACL Assurances
à vos côtés

Fort de retours d’expériences, votre SMACL Assurances et nos parte-


assureur mutualiste et ses parte- naires peuvent vous accompagner
naires peuvent vous accompagner, afin de cibler les actions prioritaires à
vous conseiller et vous apporter une mener et ainsi pouvoir envisager des
aide technique dans le domaine de améliorations concrètes.
la prévention des risques incendies.
La seconde étape consiste à définir
La prise en compte de cette typologie et à mettre en œuvre un plan de sécu-
de risque dans un établissement pu- risation incendie, cohérent et adapté
blic ou privé, nécessite d’agir le plus aux besoins. Là encore, SMACL
en amont possible, dès sa concep- Assurances apporte conseils et aide
tion. Il ne faut pas oublier pour autant technique à ses sociétaires. Plan de
d’assurer la pérennité des bâtiments sécurisation et plan d’assurance vont
existants par des entretiens et des en effet de pair... le premier générant
mises à niveau nécessaires. automatiquement des économies
sur le second. La réduction de votre
Organiser une démarche de préven- sinistralité incendie passe par une
tion du risque incendie passe, dans démarche de prévention maîtrisée.
un premier temps, par la réalisation Votre mutuelle d’assurances ne peut
d’un audit ou diagnostic de sécurité. qu’y être sensible !
Les experts du pôle Prévention de

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38> Le risque Incendie dans les ERP et ERT - Septembre 2018 (2e édition)
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réalisé en partenariat
avec l’Association des Petites
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SMACL Assurances vous
propose un tour d’horizon de
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destinés à gérer au mieux
le risque Malveillance, ainsi
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