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ORGANISATION DE LA

SÉCURITÉ ET GESTION
DU RISQUE INCENDIE
( PREVENTION INCENDIE)

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SOMMAIRE

I ORGANISATION DE LA SÉCURITÉ

II ORGANISATION DES INTERVENTIONS ET DES


TRAVAUX

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I L'ORGANISATION DE LA SÉCURITÉ

1. LA MAÎTRISE DU RISQUE INCENDIE

L'entreprise est un ensemble complexe de ressources de différentes natures (Humaine,


Technique, Financière, Environnementale).Dans un certain nombre de cas, son
fonctionnement l'expose à des évènements qui sont susceptibles de lui faire perdre une ou
plusieurs d'entre elles (immeuble, équipement, stock, matières premières, énergie, hommes...)
et l'amène à ne plus pouvoir satisfaire ses objectifs - notamment économiques. Ces
évènements sont appelés les risques purs.

La maîtrise des risques dans l'entreprise consiste à dérouler un processus qui comporte
plusieurs étapes :

- le diagnostic ;
- la réduction par un plan de traitement constitué d'outils de prévention et/ou
de protection ;
- le transfert à l'assurance.

Le diagnostic

Il permet de situer le niveau initial du risque incendie dans l'entreprise et ceci, compte tenu
des caractéristiques propres de celle-ci, en termes de stratégie et d'enjeux.

L'analyse proprement dite conduit à identifier et pondérer :

- des points névralgiques : éléments de l'entreprise dont la défaillance ou la


destruction aurait des répercussions pour celle-ci (exemple : machine de
production unique, dossier important...) ;
- des points dangereux : éléments de l'entreprise ou situations capables
d'engendrer un incendie entraînant des perturbations graves au sein de
l'entreprise (exemple : présence de liquides inflammables, situation regroupant
pouvoir calorifique et énergie d'activation) ;

pour déterminer :

- les points vulnérables qui résultent des effets engendrés par un point
dangereux sur un point névralgique. Ces effets peuvent être négligeables ou
dramatiques, c'est la raison pour laquelle on hiérarchise leur importance. Ce
sont sur ces points vulnérables que vont se focaliser en priorité les mesures de
réduction.

Réduction du risque - plan de traitement

Pour préserver au mieux les ressources névralgiques, on met en place des mesures :

- de prévention destinées à réduire à la survenance d'un incendie. Elles sont


essentiellement de nature opérationnelle (permis de feu, interdiction de fumer,

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rondes, formation des équipiers de première intervention) mais peuvent
également faire appel à des équipements : détection d'incendie ;
- de protection dont l'objet est de réduire la gravité de l'incendie s'il survient :
alimentation en eau d'extinction, extincteurs, robinets d'incendie armés,
sprinkleurs, séparation par une porte coupe-feu, désenfumage, plan de survie,
etc.
La qualité d'un programme optimal réside dans son efficacité et son
adéquation aux capacités économiques de l'entreprise.

Transfert du risque à l'assurance

Une fois qu'elle aura réduit de façon significative son exposition au risque incendie,
l'entreprise sera alors dans une position favorable pour transférer le risque « résiduel » à
l'assurance et profiter ainsi des meilleures conditions du marché.

Il s'agit alors, dans ce dispositif, de recourir à un principe indemnitaire qui viendra combler
une partie des pertes si l'incendie survient.

Management de la sécurité

Mener à bien et entretenir ce processus relève du rôle de l'ingénieur de sécurité dans


l'entreprise.

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2. LES ACTEURS DE LA PRÉVENTION

Les interlocuteurs du chef d'établissement

En matière de sécurité, le chef d'établissement dispose d'interlocuteurs externes et internes à


l'entreprise. Parmi ces interlocuteurs, certains ont une mission de contrôle, d'autres ont une
mission de conseil, ces deux rôles étant parfois associés. Par ailleurs, le chef d'établissement
ou son chargé de sécurité incendie pourra recueillir les informations nécessaires au respect de
la réglementation et les informations techniques destinées à l'aider dans sa tâche auprès
d'organismes spécialisés.

Le chef d'entreprise trouvera conseils et informations auprès :

- de l'inspection du travail ;
- de la caisse régionale d'assurance maladie ;
- de l'inspection des installations classées ;
- des fournisseurs, qui éditent des fiches de sécurité donnant les informations
sur les mesures de sécurité à prendre pour la mise en œuvre des produits
dangereux ;
- des organisations professionnelles et les organismes de sécurité, qui publient
des recommandations pour faire face aux risques liés aux activités exercées
(Union des Industries Chimiques, Union des Industries Pétrolières,) ;
- des organismes de contrôle, qui, outre leur rôle premier, exercent également
une activité de conseil (Socotec, Véritas, Apave...) ;
- des sociétés d'assurances, qui assument un rôle de conseil en prévention ;
- des services d'incendie et de secours, qu'il aura tout intérêt à contacter pour
s'assurer que les mesures prises contre l'incendie sont suffisantes et se préparer
judicieusement à l'éventualité d'une intervention des secours en fonction des
moyens disponibles de part et d'autre ;
- et, au sein même de l'entreprise, du comité d'hygiène, de sécurité et des
conditions de travail (CHSCT).

Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT)

Tel qu'il ressort des textes (art. L. 4612-1 et suivants du Code du travail), la constitution de
CHSCT est obligatoire dans tous les établissements occupant au moins 50 salariés (ou moins,
sur décision de la Direction départementale du travail). A défaut de CHSCT (carence de
candidatures) et dans les établissements de moins de 50 salariés, ses attributions sont dévolues
aux délégués du personnel.

Le CHSCT a pour mission de contribuer à la protection de la santé et de la sécurité des


salariés de l'établissement et de ceux mis à sa disposition par une entreprise extérieure, y
compris les travailleurs temporaires, ainsi qu'à l'amélioration des conditions de travail. Il
veille à l'observation des prescriptions législatives et réglementaires en matière d'hygiène, de
sécurité et des conditions de travail. Le comité reçoit du chef d'établissement les informations
qui lui sont nécessaires. II procède, à intervalles réguliers, à des inspections dans l'exercice de
sa mission ; les représentants du personnel au sein du CHSCT peuvent présenter leurs
observations à l'inspecteur ou au contrôleur du travail lors de leurs visites. En cas de danger
grave et imminent, s'il y a désaccord entre l'employeur et la majorité du CHSCT sur les

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mesures à prendre et leurs conditions d'exécution, l'employeur ou son représentant doit saisir
immédiatement l'inspecteur du travail.

Le comité est informé par son président (le chef d'établissement ou son représentant) des
observations de l'inspecteur du travail et des agents de prévention des organismes de sécurité
sociale et ses membres ont accès au registre sur lequel ces observations sont portées.

Le CHSCT est consulté sur le programme annuel de prévention présenté par le chef
d'établissement. En outre, il est obligatoirement associé à la formation à la sécurité des
salariés et veille à la mise en œuvre effective des programmes arrêtés. L'une de ses missions
est donc de s'assurer de l'organisation et de l'instruction des équipes chargées de la sécurité
incendie et de veiller à l'observation des consignes formulées.

Dans le cadre des installations classées, l'intervention des avis du CHSCT est précisée à
l'article 4612-15. Le comité est consulté par l'exploitant sur la demande d'autorisation, dès
l'ouverture de l'enquête, ainsi que sur le plan d'opération interne ; il donne également son avis
sur la teneur des informations transmises au préfet.

3 LES RESPONSABILITÉS

Tout type de bâtiment ou d'établissement hébergeant en permanence ou occasionnellement


des personnes doit disposer de moyens permettant leur sauvetage en cas de sinistre. Imposés
par la réglementation, recommandés par les assureurs ou découlant des obligations qui
s'appliquent à chaque citoyen, ces moyens et leur mise en œuvre ne souffrent pas
l'improvisation. Les responsables de l'organisation de la sécurité doivent en répondre devant
ceux qui sont chargés de la contrôler ou d'en sanctionner les manquements.

La sécurité est l'affaire de tous. La responsabilité pénale frappe aussi bien les personnes
physiques que les personnes morales. Le droit civil régit les règles des citoyens entre eux
tandis que le droit répressif (pénal) concerne les fautes commises à l'encontre des citoyens.
Constitue un délit, ainsi que le stipule la partie législative du code pénal, la « mise en danger
délibérée de la personne d'autrui », y compris « en cas de faute, d'imprudence, de
négligence ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la
loi ou le règlement, s'il est établi que l'auteur des faits n'a pas accompli les diligences
normales compte tenu, le cas échéant, de la nature de ses missions ou de ses fonctions, de
ses compétences ainsi que du pouvoir et des moyens dont il disposait » (art. 121-3). En cas
de victimes, la mort d'autrui causée « par maladresse, imprudence, inattention, négligence
ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le
règlement», constitue un homicide involontaire passible des sanctions prévues à l'article 221-
6, ces sanctions étant aggravées « en cas de violation manifestement délibérée d'une
obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement ».

Extrait de l'article 221-6 du code pénal :

« Le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l'article 121-3, par
maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité
ou de prudence imposée par la loi ou le règlement, la mort d'autrui constitue un homicide
involontaire puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende.

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En cas de violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité ou
de prudence imposée par la loi ou le règlement, les peines encourues sont portées à cinq
ans d'emprisonnement et à 75 000 € d'amende. »

En outre, indépendamment des peines encourues au titre de la responsabilité pénale, la


réparation d'un préjudice subi par une personne peut être demandée au titre de la
responsabilité civile qui règle les rapports des citoyens les uns envers les autres. Elle est
retenue lorsqu'il est établi qu'une faute a causé un dommage, à charge pour la victime de le
prouver. S'agissant d'un immeuble dans lequel un incendie a pris naissance, celui qui détient à
un titre quelconque tout ou partie de l'immeuble ne sera responsable vis-à-vis des tiers des
dommages causés par cet incendie, que s'il est prouvé qu'il doit être attribué à sa faute ou à la
faute des personnes dont il est responsable (art. 1384 du Code civil).

Ainsi, dans le cas d'un incendie ayant provoqué des blessures et des morts, la justice
recherchera tous ceux qui ont concouru à la faute. S'il n'y a pas de victimes, il y a
recherche de responsabilité, ne serait-ce qu'au niveau de ceux qui sont chargés de
réparer financièrement le sinistre.

La responsabilité est définie dans les articles 1382 à 1384 du code civil.

 Extrait de l'article 1382 : « Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui
un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer. »
 Extrait de l'article 1383 : « Chacun est responsable du dommage qu'il a causé
non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son
imprudence. »

4 L'ORGANISATION DE LA SÉCURITÉ DANS LES LIEUX DE TRAVAIL

I L'INFORMATION DU PERSONNEL

Les articles L. 4111-1 à L. 4111-3 du code du travail imposent de donner à tout salarié, dès
son arrivée dans l'établissement, les informations, enseignements et instructions nécessaires
qui concernent les conditions de circulation dans l'entreprise, l'exécution de son travail et les
dispositions qu'il doit prendre en cas d'accident ou de sinistre. En fonction des risques à
prévenir, l'utilité des mesures de sécurité prescrites doit lui être expliquée. Il y a lieu
également de lui préciser les issues et dégagements de secours et de lui donner, si la
nature des activités le justifie, des instructions d'évacuation pour les cas d'explosion ou
de dégagement de gaz ou liquides inflammables ou toxiques (R. 231-32 à R. 231-45 du
code du travail). Une partie de cette information peut être dispensée par l'intermédiaire du
livret d'accueil.

Obligation du chef d'établissement

L'article R. 232-12-17 du code du travail précise :

 « Les chefs d'établissement doivent prendre les mesures nécessaires pour que
tout commencement d'incendie puisse être rapidement et efficacement
combattu dans l'intérêt du sauvetage du personnel. »
 Signalisation des moyens de protection

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En dehors des mesures de protection détaillées dans la suite de l'article (nombre et quantité
d'extincteurs, par exemple) :

« toutes [l]es installations [de protection] doivent faire l'objet d'une signalisation durable,
apposée aux endroits appropriés. »

Les consignes (art. R. 232-12-20, code trav.)

« Dans les établissements mentionnés à l'article R. 232-12-18 [Les établissements où peuvent


se trouver occupées ou réunies habituellement plus de cinquante personnes, ainsi que ceux,
quelle que soit leur importance, où sont manipulées et mises en œuvre des matières
inflammables], une consigne est établie et affichée d'une manière très apparente :

a) Dans chaque local pour les locaux dont l'effectif est supérieur à cinq
personnes et pour les locaux visés à l'article R. 232-12-15 [« locaux où sont
manipulés ou mis en œuvre des produits ou des liquides inflammables et/ ou
explosives »] ;

b) Dans chaque local ou dans chaque dégagement desservant un groupe de


locaux dans les autres cas.

Cette consigne indique le matériel d'extinction et de secours qui se trouve dans le local ou à
ses abords. Elle désigne le personnel chargé de mettre ce matériel en action.

Elle désigne de même, pour chaque local, les personnes chargées de diriger l'évacuation du
personnel et, éventuellement, du public, et, le cas échéant, précise les mesures spécifiques
liées à la présence de handicapés.

Elle indique les moyens d'alerte et désigne les personnes chargées d'aviser les sapeurs-
pompiers dès le début d'un incendie. L'adresse et le numéro d'appel téléphonique du service
de secours de premier appel y sont portés en caractères apparents.

Elle indique que toute personne apercevant un début d'incendie doit donner l'alarme et mettre
en œuvre les moyens de premier secours, sans attendre l'arrivée du personnel spécialement
désigné. »

Les essais, les contrôles et les exercices (art. R. 232-12-21 à 22, code trav.)

 Essais du signal sonore de l'alarme générale

« La consigne doit prévoir des essais et visites périodiques du matériel et des exercices au
cours desquels le personnel apprend à reconnaître les caractéristiques du signal sonore
d'alarme générale, à se servir des moyens de premier secours et à exécuter les diverses
manœuvres nécessaires. »

 Périodicité des exercices et registre de sécurité

« Ces exercices et essais périodiques doivent avoir lieu au moins tous les six mois. Leur date
et les observations auxquelles ils peuvent avoir donné lieu sont consignées sur un registre tenu
à la disposition de l'inspecteur du travail. »

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« La consigne pour le cas d'incendie doit être communiquée à l'inspecteur du travail. »

La signalisation

Les dispositions relatives à la signalisation de sécurité et de santé au travail, qui concernent à


la fois les signaux visuels et les signaux acoustiques d'alarme, sont définies dans l'arrêté du
4 novembre 1993 modifié.

II LA FORMATION DU PERSONNEL À LA SÉCURITÉ

Mise en œuvre de la formation

 Mise en œuvre de la formation à la sécurité (art. R. 231-32 et 33, code trav.)

« La formation à la sécurité (...) concourt, dans les établissements (...), à la prévention


des risques professionnels ; elle constitue l'un des éléments du programme annuel de
prévention des risques professionnels (...).

Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail coopère à la préparation des


actions de formation menées à ce titre et veille à leur mise en œuvre effective.

Le comité d'entreprise ou, à son défaut, les délégués du personnel sont obligatoirement
consultés sur les conditions générales d'organisation, et notamment les programmes, et sur les
modalités d'exécution des actions de formation.

(...) Dans les branches d'activité où existe un organisme professionnel d'hygiène et de sécurité,
au sens de l'article L. 4111-6 du code du travail, celui-ci est chargé de promouvoir la
formation à la sécurité et d'apporter notamment son concours technique pour sa mise en
œuvre. »

 Objet de la formation (art. R. 231-34, code trav.)

« La formation à la sécurité a pour objet d'instruire le salarié des précautions à prendre pour
assurer sa propre sécurité et, le cas échéant, celle des autres personnes occupées dans
l'établissement. (...)

En fonction des risques à prévenir, l'utilité des mesures de sécurité prescrites par l'employeur
lui est expliquée. »

 Organisation de la formation (art. R. 231-44, code trav.)

« L'employeur organise, dans les conditions fixées à l'article R. 231-32, les actions de
formation à la sécurité répondant aux dispositions des articles R. 231-35 à R. 231-37.

Le médecin du travail et l'agent de sécurité, s'il existe, sont associés par l'employeur à
l'élaboration de ces actions. Le médecin du travail définit les actions spécifiques prévues à
l'article R. 231-39.

Les formations dispensées tiennent compte de la formation, de la qualification, de l'expérience


professionnelles et de la langue parlée ou lue des salariés appelés à en bénéficier.

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Le temps passé à ces formations est considéré comme temps de travail ; elles s'effectuent
pendant l'horaire normal de travail. »

La formation à la circulation

« Sans préjudice des articles R. 233-39 et R. 233-40, la formation à la sécurité relative à la


circulation des personnes a pour objet d'informer le salarié, à partir des risques auxquels il est
exposé, des règles de circulation des véhicules et engins de toute nature sur les lieux de travail
et dans l'établissement, de lui montrer les chemins d'accès aux lieux dans lesquels il sera
appelé à travailler et aux locaux sociaux, de lui préciser les issues et dégagements de secours à
utiliser pour le cas de sinistre et de lui donner, si la nature des activités exercées le justifie, des
instructions d'évacuation pour les cas notamment d'explosion, de dégagement accidentel de
gaz ou liquides inflammables ou toxiques.

Cette formation est dispensée dans l'établissement, lors de l'embauche ou chaque fois que
nécessaire (...) » (art. R. 231-35, code trav.).

« En cas de modification des conditions habituelles de circulation sur les lieux de travail ou
dans l'établissement ou modification des conditions d'exploitation présentant notamment des
risques d'intoxication, d'incendie ou d'explosion, l'employeur procède, après avoir pris toutes
mesures pour satisfaire aux dispositions des articles L. 232-1 et L. 233-1 et des règlements
pris pour leur application, à l'analyse des nouvelles conditions de circulation et d'exploitation.
Après avis du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, il organise, le cas
échéant, au bénéfice des salariés concernés, une formation à la sécurité répondant aux
dispositions de l'article R. 231-35 » (art. R. 231-40, code trav.).

La formation à l'exécution du travail

« La formation à la sécurité relative à l'exécution du travail a pour objet d'enseigner au salarié,


à partir des risques auxquels il est exposé, les comportements et les gestes les plus sûrs en
ayant recours, si possible, à des démonstrations, de lui expliquer les modes opératoires retenus
s'ils ont une incidence sur sa sécurité ou celle des autres salariés, de lui montrer le
fonctionnement des dispositifs de protection et de secours et de lui expliquer les motifs de leur
emploi » (art. R. 231-36, code trav.).

« Cette formation doit s'intégrer dans la formation ou les instructions professionnelles que
reçoit le salarié ; elle est dispensée sur les lieux du travail ou, à défaut, dans les conditions
équivalentes » (art. R. 231-36, code trav.).

« En cas de création ou modification d'un poste de travail ou de technique exposant à des


risques nouveaux et comprenant, pour tout ou partie, des tâches définies à l'article R. 231-38
(alinéa 2), l'employeur procède, après avoir pris toutes mesures pour satisfaire aux
dispositions de l'article L. 4221-1 et des règlements pris pour leur application, à l'analyse des
nouvelles conditions de travail. Après avis du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions
de travail, il organise, le cas échéant, au bénéfice des salariés concernés, une formation à la
sécurité répondant aux dispositions des articles R. 231-36 et R. 231-37 » (art. R. 231-41, code
trav.).

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L'assistance aux victimes

« La formation à la sécurité a également pour objet de préparer le salarié sur la conduite à


tenir lorsqu'une personne est victime d'un accident ou d'une intoxication sur les lieux du
travail. Cette formation est dispensée dans le mois qui suit l'affectation du salarié à son
emploi » (art. R. 231-37, code trav.).

La formation des nouveaux salariés

« Les salariés embauchés (...) bénéficient d'une formation à la sécurité répondant aux
dispositions de l'article R. 231-35.

Indépendamment des dispositions de l'alinéa 1er, les salariés visés à cet alinéa et affectés à
des tâches comportant, pour tout ou partie, l'emploi de machines, portatives ou non, des
manipulations ou utilisations de produits chimiques, des opérations de manutention, des
travaux d'entretien des matériels et des installations de l'établissement, la conduite de
véhicules, d'appareils de levage ou d'engins de toute nature, des travaux mettant en contact
avec des animaux dangereux, les opérations portant sur les échafaudages énumérées à l'article
R. 233-13-31, l'utilisation des techniques d'accès et de positionnement au moyen de cordes
visée à l'article R. 233-13-37, bénéficient d'une formation à la sécurité répondant aux
dispositions des articles R. 231-36 et R. 231-37 » (art. R. 231-38, code trav.).

Le changement de poste de travail

« Les salariés qui changent de poste de travail ou de technique et qui sont ainsi exposés à des
risques nouveaux, ou qui sont affectés, pour tout ou partie, à des tâches définies à l'alinéa 2
bénéficient d'une formation à la sécurité répondant aux dispositions de l'article R. 231-36 et R.
231-37 complétée, s'il y a modification du lieu de travail, par une formation répondant aux
dispositions de l'article R. 231-35 » (art. R. 231-38, code trav.).

La formation après un arrêt de travail

« Des formations à la sécurité appropriées répondant aux dispositions des articles R. 231-35,
R. 231-36 et R. 231-37 ou spécifiques sont organisées à la demande du médecin du travail,
dans les conditions définies à l'article R. 231-44, au profit des salariés qui reprennent leur
activité après un arrêt de travail d'une durée d'au moins vingt et un jours » (art. R. 231-39,
code trav.).

« En cas d'accident du travail grave ou de maladie professionnelle ou à caractère


professionnel grave au sens de l'article R. 231-5 (2º), l'employeur procède, après avoir pris
toutes mesures pour satisfaire aux dispositions de l'article L. 4221-1 et des règlements pris
pour leur application, à l'analyse des conditions de circulation ou de travail. Après avis du
comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, il organise, le cas échéant, au
bénéfice des salariés concernés, des formations à la sécurité appropriées répondant aux
dispositions des articles R. 231-35, R. 231-36 et R. 231-37.

Il en est de même en cas d'accident du travail ou de maladie professionnelle ou à caractère


professionnel n'entrant pas dans les prévisions de l'alinéa précédent mais présentant un
caractère répété à un même poste de travail ou à des postes de travail similaires ou dans une
même fonction ou des fonctions similaires » (art. R. 231-42, code trav.).

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Les secouristes

« Dans chaque atelier où sont effectués des travaux dangereux, dans chaque chantier
occupant vingt personnes au moins pendant plus de quinze jours où sont effectués des
travaux dangereux, un membre du personnel doit avoir reçu obligatoirement
l'instruction nécessaire pour donner les premiers secours en cas d'urgence. Les salariés
ainsi formés ne peuvent pas être considérés comme tenant lieu des infirmières ou
infirmiers (...) » (art. R. 241-39, code trav.).

« Sans préjudice des dispositions prévues par l'article R. 232-1-6, en l'absence d'infirmières ou
d'infirmiers, ou lorsque leur nombre, calculé conformément aux dispositions de l'article
R. 241-35, ne permet pas d'assurer une présence permanente de ce personnel, l'employeur
prend, après avis du médecin du travail, les dispositions nécessaires pour assurer les premiers
secours aux accidentés et aux malades. Ces dispositions qui sont prises en liaison notamment
avec les services de secours d'urgence extérieurs à l'entreprise sont adaptées à la nature des
risques. Ces dispositions sont consignées dans un document tenu à la disposition de
l'inspecteur du travail » (art. R. 241-40, code trav.).

5 L'ORGANISATION DE LA SÉCURITÉ DANS LES ERP

Plans et consignes

L'article MS 47 du règlement ERP prévoit la présence de consignes dans l'établissement :

« Des consignes précises, conformes à la norme NF S 60-303 relative aux plans et consignes
de protection contre l'incendie, destinées aux personnels de l'établissement, constamment
mises à jour, et affichées sur supports fixes et inaltérables doivent indiquer :

- les modalités d'alerte des sapeurs-pompiers ;

- les dispositions à prendre pour assurer la sécurité du public et du personnel ;

- la mise en œuvre des moyens de secours de l'établissement ;

- l'accueil et le guidage des sapeurs-pompiers. »

Des consignes spéciales doivent être établies dans certains types d'établissements,
notamment :

- les restaurants (manipulation des chiffons, des matières grasses...) [art. N 20] ;

- les hôpitaux (distribution et utilisation des gaz médicaux) [art. U 62] ;

- les salles d'exposition (élimination des emballages, déchets...) [art. T 52] ;

- dans les hôtels, une consigne, rédigée dans les langues parlées par les usagers
habituels et suivant un modèle très précis figurant en annexe des dispositions
particulières applicables aux hôtels, doit être affichée dans chaque chambre. A
cette consigne doit être ajouté un plan d'évacuation selon la norme NF S 60-
303 (art. O 24).

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Dans les établissements de 5e catégorie, des consignes précises et bien en vue doivent, au
minimum, indiquer : le numéro d'appel des sapeurs-pompiers et l'adresse du centre de secours
de premier appel, ainsi que les dispositions immédiates à prendre en cas de sinistre. Dans les
locaux à sommeil, une consigne doit être affichée dans chaque chambre, en français et dans
les langues pratiquées par les occupants ou clients habituels. Cette consigne doit préciser
l'interdiction qui est faite aux personnes valides d'utiliser les ascenseurs (art. PE 33).

En outre, les articles MS 41 et PE 27 imposent l'affichage du plan de l'établissement, à l'entrée


de chaque bâtiment, afin de faciliter l'intervention des sapeurs-pompiers. Le plan doit avoir
les caractéristiques des plans d'intervention définies à la norme NF S 60-303 relative aux
plans et consignes de protection contre l'incendie. Il doit représenter au minimum le sous-sol,
le rez-de-chaussée, chaque étage ou l'étage courant de l'établissement. Doit figurer notamment
sur ce plan, outre les dégagements et les cloisonnements principaux, l'emplacement :

- des divers locaux techniques et autres locaux à risques particuliers ;

- des dispositifs et commandes de sécurité ;

- des organes de coupure des fluides et des sources d'énergie ;

- des moyens d'extinction fixes et d'alarme.

Dans les locaux à sommeil des établissements de 5e catégorie, outre le plan évoqué ci-dessus,
un plan simplifié doit être affiché à chaque étage près de l'accès aux escaliers et, dans chaque
chambre, un plan sommaire de repérage de la chambre par rapport aux dégagements doit être
apposé (art. PE 35).

La formation du personnel

Dans les établissements recevant du public, pour l'ensemble du personnel, l'article MS 51 du


règlement de sécurité dispose que :

« Des exercices d'instruction du personnel doivent être organisés sous la responsabilité de


l'exploitant. La date de ceux-ci doit être portée sur le registre de sécurité de l'établissement. »

Cette instruction sur la conduite à tenir ainsi que l'entraînement à la manœuvre des moyens de
secours est également requise pour les établissements de 5e catégorie (art. PE 27) :

 « Un membre du personnel ou un responsable au moins doit être présent en


permanence lorsque l'établissement est ouvert au public.

Toutefois, cette disposition n'est pas applicable aux établissements recevant moins de vingt
personnes et ne comportant pas de locaux à sommeil.

Tous les établissements doivent être équipés d'un système d'alarme selon les modalités
définies ci-dessous :

- l'alarme générale doit être donnée par établissement recevant du public et par
bâtiment si l'établissement comporte plusieurs bâtiments ;

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- le signal sonore d'alarme générale ne doit pas permettre la confusion avec
d'autres signalisations utilisées dans l'établissement. Il doit être audible de tout
point du bâtiment pendant le temps nécessaire à l'évacuation ;

- le personnel de l'établissement doit être informé de la caractéristique du


signal sonore d'alarme générale. Cette information peut être complétée par des
exercices périodiques d'évacuation ;

- le choix du matériel d'alarme est laissé à l'initiative du chef d'établissement


qui devra s'assurer de son efficacité ;

- le système d'alarme doit être maintenu en bon état de fonctionnement.

La liaison avec les sapeurs-pompiers doit être réalisée par téléphone urbain
dans tous les établissements. Toutefois, dans les cas d'occupation épisodique
ou très momentanée de l'établissement, cette liaison n'est pas exigée.

Des consignes précises, affichées bien en vue, doivent indiquer :

- le numéro d'appel des sapeurs-pompiers ;

- l'adresse du centre de secours de premier appel ;

- les dispositions immédiates à prendre en cas de sinistre.

Le personnel doit être instruit sur la conduite à tenir en cas d'incendie


et être entraîné à la manœuvre des moyens de secours.

Dans les établissements implantés en étage ou en sous-sol, un plan schématique, conforme


aux normes (...), sous forme d'une pancarte indestructible, doit être apposé à l'entrée, pour
faciliter l'intervention des sapeurs-pompiers. Ce plan comporte l'emplacement des locaux
techniques, des stockages dangereux, des dispositifs de coupure des fluides et des commandes
des équipements de sécurité. »

6 LE SERVICE DE SÉCURITÉ INCENDIE

L'arrêté du 2 mai 2005 modifié relatif aux missions, à l'emploi et à la qualification du


personnel permanent des services de sécurité incendie des établissements recevant du public
et des immeubles de grande hauteur « précise les missions du service de sécurité incendie, les
conditions d'emploi et la qualification des personnels qui le composent et les conditions
d'agrément des centres chargés de leur formation. » (art. 1).

Extraits :

« Les personnels des services de sécurité incendie ont pour mission d'assurer la sécurité des
personnes et la sécurité incendie des biens » (art. 2).

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 14


L'AGENT DU SERVICE DE SÉCURITÉ INCENDIE

Sa mission (art. 2)

« Les agents des services de sécurité incendie ont pour missions :

- la prévention des incendies ;

- la sensibilisation des employés en matière de sécurité contre l'incendie et


dans le cadre de l'assistance à personnes ;

- l'entretien élémentaire des moyens concourant à la sécurité incendie ;

- l'alerte et l'accueil des secours ;

- l'évacuation du public ;

- l'intervention précoce face aux incendies ;

- l'assistance à personnes au sein des établissements où ils exercent ;

- l'exploitation du PC de sécurité incendie. »

LE CHEF D'ÉQUIPE DU SERVICE DE SÉCURITÉ INCENDIE

Sa mission (art. 2)

« Les chefs d'équipes des services de sécurité incendie ont pour missions :

- le respect de l'hygiène et de la sécurité du travail en matière de sécurité incendie ;

- le management de l'équipe de sécurité ;

- la formation du personnel en matière de sécurité contre l'incendie ;

- la prévision technique encadrée par les règlements de sécurité (lecture et


manipulation des tableaux de signalisation, délivrance des permis feux...) ;

- l'entretien élémentaire des moyens concourant à la sécurité incendie ;

- l'assistance à personnes au sein des établissements où ils exercent ;

- la direction du poste de sécurité lors des sinistres. »

LE CHEF DE SERVICE DE SÉCURITÉ INCENDIE

Sa mission (art. 2)

« Les chefs de services de sécurité incendie ont pour missions :

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 15


- le management du service de sécurité ;

- le conseil du chef d'établissement en matière de sécurité incendie ;

- l'assistance à personnes au sein des établissements où ils exercent ;

- le suivi des obligations de contrôle et d'entretien (tenue des registres et de divers


documents administratifs concourant à ce service). »

7 LA RÈGLE APSAD R6 : LE SERVICE DE SÉCURITÉ INCENDIE

Domaine d'application

La règle APSAD R6 définit l'organisation d'un service de sécurité incendie dans une
entreprise. Celui-ci doit être mis en place de façon complémentaire au service de surveillance
des risques d'une entreprise organisé selon la règle APSAD R8.

Les missions de prévention du service de sécurité incendie

Sous la responsabilité du chef d'établissement, le Service de Sécurité Incendie doit :

- procéder à l'analyse des risques dans l'entreprise ;

- prévoir et faire prendre les mesures destinées à limiter :


• les risques de feu,
• les possibilités de propagation d'un début d'incendie,
• les atteintes à l'environnement (par exemple par les eaux d'extinction) ;

- promouvoir l'information ;

- élaborer les consignes d'incendie et veiller à leur application ;

- assurer ou faire assurer des inspections mensuelles (au minimum) de sécurité,


formalisées et consignées ;

- appliquer et entretenir un programme de formation du personnel et des


équipes d'intervention. Pour respecter l'ensemble de ces conditions, il est
nécessaire de procéder à des inspections.

Les missions d'intervention du service de sécurité incendie

Sous la responsabilité du chef d'établissement, le service de sécurité incendie doit organiser :

 La première intervention

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 16


Elle a pour mission :

- de donner l'alarme pour déclencher les secours intérieurs et prévenir le poste


de surveillance (qui alertera les secours extérieurs) ;

- d'intervenir immédiatement dans la zone de travail, avec les moyens


disponibles sur place (extincteurs mobiles...).

Elle est réalisée par les équipiers de première intervention (EPI).

 La seconde intervention

Elle a pour mission de renforcer la première intervention avec, le cas échéant, des moyens
complémentaires, en attendant l'arrivée des secours extérieurs. Elle est réalisée par les
équipiers de seconde intervention (ESI).

Par ailleurs, il est nécessaire de pouvoir disposer d'équipes d'intervention technique


(EIT). Celles-ci ont pour mission d'effectuer les coupures et/ou les mises en sécurité des
énergies et fluides (électricité, gaz, ventilation, réseau hydraulique, arrêt des machines, etc.).

La règle APSAD R6 pour l'organisation d'un service de sécurité incendie précise que
l'ensemble du personnel doit recevoir une information concernant :

- les risques de son entreprise ;

- la connaissance des consignes (alarme, intervention, évacuation) ;

- le matériel de première intervention.

Les équipiers de première intervention (EPI) et les équipiers de seconde intervention (ESI)
doivent recevoir une formation théorique et pratique ; ils doivent notamment :

- avoir une connaissance approfondie de l'établissement et de ses risques ;

- connaître parfaitement les consignes d'incendie (alarme, intervention,


évacuation) ;

- avoir connaissance de tous les moyens de lutte contre l'incendie dont dispose
l'établissement et savoir les mettre en œuvre ;

- connaître les mesures concernant la sécurité des travaux par point


chaud définies par le « permis de feu » édité par le CNPP.

Les séances d'entraînement ont lieu au moins une fois une fois par an pour les EPI et tous les
6 mois pour les ESI. Elles doivent comprendre :

- des exercices d'extinction sur feux réels avec les différents types d'appareils ;

- des manœuvres d'intervention à l'intérieur de l'entreprise ;

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 17


- la mise en œuvre des équipements spéciaux de lutte existant dans l'entreprise
qu’ils peuvent être amenés à utiliser.

L'organisation en fonction des périodes d'activité de l'entreprise

Le risque incendie n'est pas seulement lié aux périodes d'activité de l'établissement. En
présence du personnel, la découverte rapide du feu permettra une intervention rapide, limitant
les conséquences du sinistre. En revanche, lors d'opérations de nettoyage ou d'entretien et en
période d'inactivité, les conséquences de l'éclosion d'un incendie seront généralement très
graves. Le chef d'entreprise aura donc toujours intérêt à adopter pour son équipe de sécurité
incendie une organisation articulée selon trois modes d'intervention : protection localisée,
protection étendue pendant les heures de travail et protection générale en dehors des
heures de travail.

Le chef d'entreprise aura soin de mettre en œuvre une double organisation portant sur la
surveillance et sur l'intervention.

8 LA RÈGLE APSAD R8 : SURVEILLANCE DES RISQUES D'UNE ENTREPRISE

La règle APSAD R8 concerne l'organisation de la surveillance d'un établissement à l'égard de


tous les événements pouvant porter atteinte à son intégrité (incendie, malveillance, incidents
techniques...) par du personnel présent sur le site pendant les périodes d'activité et d'inactivité
de l'entreprise. Elle établit des recommandations quant aux moyens humains et techniques à
mettre en œuvre pour assurer la meilleure prévention possible et pour intervenir efficacement
en cas de sinistre.

Elle définit notamment le rôle et la mission des agents de surveillance, les moyens d'alarme et
d'alerte à mettre en place, l'organisation des rondes. La formation des agents est détaillée dans
l'annexe.

La surveillance du site peut être assurée par un service de surveillance des risques organisé
selon la règle. Il assure deux missions, en tous lieux et pendant toutes périodes d'absence
d'activité totale ou partielle du personnel travaillant dans l'entreprise :

- une mission de prévention, qui consiste à surveiller les locaux et installations,


appliquer les consignes de gardiennage, et chercher à éviter les actes de
malveillance ;

- une mission consistant à donner l'alarme et l'alerte, afin de prévenir les


secours intérieurs et/ou extérieurs en cas d'accident ou de sinistre.

Le nombre d'agents de surveillance sera déterminé en fonction de l'étendue de l'entreprise et


de la gravité du risque. Les agents peuvent être dotés d'une assistance électronique,
éventuellement reliée à une entreprise titulaire de la certification APSAD de service de
télésurveillance. Dans tous les cas, la présence d'un seul agent sur le site ne doit être
envisagée que si un système de Protection du Travailleur Isolé est mis en place.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 18


Pendant les périodes d'inactivité (partielle ou totale), des rondes sont organisées :

- immédiatement après la cessation du travail ou la fin du nettoyage si cette


opération suit l'arrêt de travail. Dans le cas contraire, prévoir une ronde
immédiatement après la cessation du travail et une autre à la fin du nettoyage ;

- une heure après le départ de tout le personnel ;

- toutes les trois heures ensuite.

Cette dernière condition peut ne pas être exigée par les sociétés d'assurances si l'établissement
est équipé d'une installation de détection automatique conforme à la règle APSAD R7 et si
l'effectif de surveillance comprend au minimum 2 personnes en permanence.

Il est également recommandé de former les agents aux instructions impératives de sécurité
concernant les travaux par points chauds et de porter à leur connaissance les permis de feu
établis dans la journée.

9 LA CONSIGNE INCENDIE

En tous lieux, y compris dans les bâtiments d'habitation, la réglementation impose


l'élaboration de consignes en cas d'incendie. En fonction de l'activité de l'établissement, en
plus de la consigne générale, il faut afficher : des consignes particulières et des consignes
spéciales, des plans d'évacuation et des plans destinés à faciliter l'intervention des
sapeurs-pompiers.

Les consignes doivent être :

- adaptées aux conditions particulières de chaque établissement,

- tenues à jour,

- diffusées et affichées visiblement et en nombre suffisant pour informer la


totalité du personnel (veiller tout particulièrement à la clarté du texte et aux
aspects linguistiques),

- signées par le chef d'établissement et diffusées à l'inspection du travail.

Les consignes et leur contenu varient selon les bâtiments, les établissements ou leurs locaux.

I LES DIFFÉRENTS TYPES DE CONSIGNES

La consigne générale

La consigne générale concerne la totalité de l'établissement et est applicable à l'ensemble du


personnel, y compris les stagiaires, les intérimaires et les visiteurs. A la consigne générale
peuvent s'ajouter des consignes particulières et des consignes spéciales.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 19


Les consignes particulières

Des consignes particulières d'incendie spécifiques à certains travaux ou certains locaux


peuvent s'ajouter à la consigne générale. Elles n'intéressent qu'un personnel spécialisé et
désigné : personnel effectuant des travaux par point chaud, laboratoires, ateliers et entrepôts
contenant des matières inflammables, chaufferie, etc.

Les consignes spéciales

Les consignes spéciales sont destinées à des personnes déterminées et auprès desquelles elles
doivent être diffusées nommément, leur indiquant précisément les modalités d'exécution des
missions qui leur incombent en cas d'incendie :

équipiers de première et de seconde intervention, membres du service de surveillance et de


gardiennage, standardistes, personnes chargées de l'orientation des sapeurs- pompiers,
chargées de l'évacuation, secouristes, personnes devant assurer des manœuvres particulières
(fermeture de vannes, coupures de circuits, mise en sécurité d'installations, etc.).

II MODÈLE DE CONSIGNE GÉNÉRALE DE SÉCURITÉ INCENDIE

La consigne générale de sécurité incendie doit comporter :

- la désignation du matériel d'extinction et de secours qui se trouve dans le


local ou à ses abords ;

- la désignation du personnel chargé de mettre ce matériel en action ;

- pour chaque local la désignation des personnes chargées de diriger


l'évacuation du personnel et éventuellement du public, ainsi que des précisions
sur les mesures spécifiques liées à la présence de handicapés ;

- l'indication des moyens d'alerte ;

- la désignation des personnes chargées d'aviser les sapeurs-pompiers dès le


début de l'incendie ;

- l'adresse et le numéro téléphonique d'appel du service de secours du premier


appel (en gros caractère) ;

- l'indication suivante : « toute personne apercevant un début d'incendie doit


donner l'alarme et mettre en œuvre les moyens de premiers secours, sans
attendre l'arrivée du personnel spécialement désigné ».

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 20


EXEMPLE DE CONSIGNE DE SÉCURITÉ INCENDIE

Secours extérieurs les plus


- 180
proches :
Gardez votre calme,
déclenchez l'alarme et - Numéro interne
téléphoner au :
Lors de votre appel,
indiquez l'endroit où vous Adresse, étage, local...
vous trouvez :
Fumée, odeur suspecte,
- Numéro interne
téléphonez au :
- Conservez libres les dégagements

- N'encombrez pas les extincteurs

- Fermez les portes ou fenêtres en quittant votre lieu de


travail

En cas d'incendie :

- toute personne apercevant un début d'incendie doit


Quelques principes : donner l'alarme et mettre en œuvre les moyens de
premiers secours, sans attendre l'arrivée du personnel
spécialement désigné,

- attaquez le foyer au moyen d'extincteurs, sans prendre


de risques,

- si vous êtes bloqué dans la fumée, baissez-vous, l'air


est près du sol,

- n'utilisez pas les ascenseurs ou monte-charge pour


évacuer,

- fermez les portes ou fenêtres en quittant votre lieu de


travail
M. ou Mme Nom
Personnels de première
intervention :
M. ou Mme Nom
M. ou Mme Nom
Guides d'évacuation :
M. ou Mme Nom

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 21


ÉVACUATION
Evacuez dès l'ordre
d'évacuation ou à Signalisation (sirène, message enregistré...)
l'audition du signal :
- Suivez les indications du guide d'évacuation

- N'utilisez pas les ascenseurs ou les monte-charge


Consignes :
- Ne revenez jamais en arrière sauf si vous y êtes invité
par les secours
Zone de rassemblement Adresse, indication du lieu de rassemblement prévu

III LES NORMES APPLICABLES

La norme NF S 60-303 (« Plans et consignes affichés ») définit les principales caractéristiques


auxquelles doivent répondre les consignes et plans de sécurité incendie affichés. Elle
s'applique quels que soient les types de locaux et la destination des établissements
(habitations, locaux de travail, ERP, IGH, parcs de stationnement couverts).

Cette norme indique notamment :

- les caractéristiques des plans de sécurité-incendie affichés (plans d'évacuation et


plans d'intervention) ;

- les consignes générales en cas d'incendie pour les habitations ;

- les consignes à afficher dans les hôtels (non IGH) ;

- les consignes destinées au public dans les ERP ;

- les éléments devant figurer sur les plans d'évacuation ;

- les éléments devant figurer sur les plans d'intervention ;

- les caractéristiques graphiques et les procédés de reproduction recommandés et


interdits;

- les emplacements à respecter pour l'affichage des consignes et des plans.

Les symboles graphiques à employer pour indiquer l'emplacement et répertorier les


équipements de protection et de lutte contre l'incendie et les moyens d'évacuation font l'objet
de la norme NF ISO 6790.

Le plan d'évacuation indique les cheminements vers la sortie, l'emplacement des issues
de secours et du matériel de première intervention contre l'incendie (alarme,
extincteurs, robinets d'incendie armés, commandes de désenfumage...). Il doit être
apposé à chaque niveau, à proximité des portes, escaliers et ascenseurs. On veillera à ce
qu'il soit bien orienté par rapport au lecteur.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 22


Les éléments devant figurer sur le plan d'intervention, destiné aux équipes de secours,
dépendent essentiellement de la nature des locaux et devront, si nécessaire, être étudiés en
liaison avec les services d'incendie et de secours.

La consigne générale et le plan d'intervention peuvent figurer sur le même panneau.

10 LE REGISTRE DE SÉCURITÉ

La tenue de registres de sécurité constitue une obligation générale. Ils constituent la mémoire
de la sécurité et le « carnet de santé » des mesures de prévention et de moyens de protection.
Suivant la nature de l'établissement, plusieurs registres se rapportant à la sécurité peuvent
coexister. Dans tous les cas, ils doivent comporter un minimum de renseignements
obligatoires.

I DANS LES LIEUX DE TRAVAIL

Conformément aux articles L. 4711-1 et suivants, les attestations, consignes, résultats et


rapports relatifs aux vérifications et contrôles mis à la charge des employeurs au titre de
l'hygiène et de la sécurité doivent être conservés. Les inspecteurs du travail et les agents de la
CNPS peuvent demander ces documents au cours de leurs visites.

Cette mesure concerne notamment :

- les essais et visites périodiques du matériel de sécurité incendie qui doivent être
consignés sur un registre. Doivent figurer sur ce registre, les dates des essais et
exercices, ainsi que les observations auxquelles ils peuvent avoir donné lieu (art. R.
232-12-21, code trav.). De leur côté, les sociétés d'assurances demandent que soit
consigné sur ce registre le compte rendu des séances d'entraînement des EPI et des ESI
(règle APSAD R6), qu'y soit intégré ou annexé le registre d'installation de détection
automatique d'incendie (règle APSAD R7) ;
- le résultat des vérifications périodiques auxquelles sont soumis certains équipements
de travail destinées à déceler en temps utile toute détérioration susceptible de créer des
dangers (art. R. 233-11, code trav.). A noter que, pour certains équipements de travail,
la tenue d'un carnet de maintenance est également requise (art. R. 233-12, code trav.) ;
- le résultat des vérifications périodiques auxquelles sont soumis certains équipements
de protection individuelle (art. R. 233-42-2, code trav.) ;
- les contrôles périodiques et les interventions relatifs aux installations et dispositifs
techniques et de sécurité des lieux de travail prévus à l'article R. 232-1-12. Ce dossier
regroupe également la consigne d'utilisation et les documents relatifs au contrôle des
installations de ventilation, au contrôle de l'exposition au bruit et les règles d'entretien
périodique du matériel d'éclairage. Il est, le cas échéant, annexé au dossier de
maintenance ;
- les installations électriques, qui doivent, ainsi que le prévoit l'article 55 du
décret n° 88-1056 du 14 novembre 1988 relatif à la protection des travailleurs
dans les établissements qui mettent en œuvre des courants électriques, faire
l'objet d'un dossier comportant, outre des plans de situation, les rapports des
vérifications et les justifications des travaux, un registre où sont consignés par
ordre chronologique les dates et la nature des vérifications et contrôles ainsi que
l'identité des intervenants.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 23


L'article L. 4711-5 du code du travail précise que, dans le cas où il est prévu que les
informations relatives aux vérifications et contrôles mis à la charge des employeurs au titre de
l'hygiène et de la sécurité doivent figurer dans des registres distincts, « les employeurs sont de
plein droit autorisés à réunir ces informations dans un registre unique lorsque cette mesure est
de nature à faciliter la conservation et la consultation de ces informations ». La circulaire
DRT du 27 juillet 1990 relative aux registres et affiches obligatoires précise la portée de cette
facilité et rappelle qu'il ne s'agit pas d'une obligation « tant les contrôles qui pourraient être
répertoriés dans un tel registre sont divers », que ce soit dans leur objet, leur contenu ou leur
périodicité. En outre, devraient être regardés comme ne répondant pas à l'exigence
d'amélioration de la conservation et de la consultation, « les modes de regroupement qui ne
présenteraient aucune cohérence thématique et surtout chronologique ».

Les documents visés aux articles L. 4711-1 et suivants sont présentés au CHSCT au cours de
la réunion qui suit leur réception par l'employeur (art. R. 236-13), cette présentation devant
s'entendre, ainsi que le précise la circulaire précitée, « comme une analyse détaillée à partir de
laquelle peut s'instaurer un échange ».

À noter que, dans certains cas, dans des conditions et limites fixées par décrets, certains
registres peuvent être tenus en ayant recours à d'autres moyens, notamment informatiques,
après consultation des délégués du personnel ou du CHSCT s'ils sont concernés.

Un registre spécial coté doit être ouvert au timbre du Comité d'hygiène, de sécurité et des
conditions de travail, sur lequel doivent être consignés les avis relatifs aux causes de danger
grave et imminent. Ce dossier doit être tenu sous la responsabilité du chef d'établissement, en
son bureau ou au bureau de la personne qu'il désigne, à la disposition des représentants du
Comité (R. 236-9). La circulaire DRT du 27 juillet 1990 précitée précise que ce registre ne
doit pas être intégré, le cas échéant, au registre unique.

Le dossier de maintenance des lieux de travail prévu à l'article R. 235-5 est obligatoire pour
les locaux construits ou modifiés après le 31 décembre 1992. Celui-ci est remis par le maître
d'ouvrage aux utilisateurs des locaux, dans le but de leur présenter les dispositions prises pour
faciliter la maintenance. Outre les dispositions prises pour les travaux ultérieurs nécessaires à
l'entretien des lieux de travail, ce dossier doit comprendre :

le document du maître d'ouvrage sur les installations d'éclairage (art. R. 235-2-3), la notice
d'instruction du maître d'ouvrage sur les installations d'aération (art. R. 235-3-5) et le dossier
technique du maître d'ouvrage concernant les installations électriques (art. R. 235-3-5).
Lorsque l'entreprise quitte les locaux, le chef d'établissement doit restituer ce document au
propriétaire ou le transmettre à l'occupant suivant (art. R. 232-1-11).

Enfin, bien que le document ne soit pas identifié comme un « registre », tout employeur a
obligation de transcrire les résultats de l'évaluation des risques pour la sécurité à la santé des
travailleurs dans un « document unique » mis à jour au moins chaque année (art. R. 230-1,
code trav.).

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 24


II DANS LES ERP

Dans les établissements recevant du public, l'article R. 123-51 du Code de la construction et


de l'habitation stipule qu'un registre de sécurité doit être tenu :

« sur lequel sont reportés les renseignements indispensables à la bonne marche du service de
sécurité et, en particulier :

- l'état du personnel chargé du service d'incendie ;

- les diverses consignes, générales et particulières, établies en cas d'incendie ;

- les dates des divers contrôles et vérifications ainsi que les observations auxquelles
ceux-ci ont donné lieu ;

- les dates des travaux d'aménagement et de transformation, leur nature, les noms du
ou des entrepreneurs et, s'il y a lieu, de l'architecte ou du technicien chargé de
surveiller les travaux ».

Le règlement de sécurité précise, en outre, que soient portés sur le registre de sécurité ou
annexés à celui-ci un certain nombre d'informations et documents, notamment :

- la date des exercices d'instruction organisés pour l'ensemble du personnel


(art. MS 51) ;

- le contrat d'entretien et la notice descriptive des conditions d'entretien et de


fonctionnement du système de détection d'incendie (art. MS 58) ;

- la preuve de l'existence du contrat d'entretien ou des consignes écrites concernant les


systèmes de sécurité incendie des catégories A et B (art. MS 68) ;

- le livret d'entretien des installations de gaz, avec mention des dates des vérifications
et opérations d'entretien des appareils et de leurs accessoires (art. GZ 30) ;

- le livret d'entretien de l'installation de filtration d'air, avec mention des visites,


mesures, nettoyages ou changements de filtres (art. CH 39) ;

- le registre sur lequel sont portés les résultats des vérifications et les opérations de
maintenance des installations électriques (art. EL 18) ;

- le registre technique relatif aux ascenseurs, escaliers mécaniques et trottoirs roulants,


qui comprend un exemplaire du rapport des examens et essais avant la mise en service
ainsi que tous documents, rapports et attestations concernant les examens ou
interventions sur ces appareils (art. AS 11).

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 25


III DANS LES IGH (Immeuble de Grande Hauteur)

L'article R.122-29 du CCH impose aux propriétaires d'IGH la tenue d'un registre de sécurité :

« sur lequel sont portés les renseignements indispensables au contrôle de la sécurité, en


particulier :

- les diverses consignes établies en cas d'incendie ;

- l'état nominatif et hiérarchique des personnes appartenant au service de sécurité de


l'immeuble ;

- l'état et les plans de situation des moyens mis à la disposition de ce service ;

- les dates des exercices de sécurité ;

- les dates des diverses vérifications et contrôles ainsi que les observations ou rapports
auxquels ils ont donné lieu ».

Ce registre doit être présenté lors des contrôles administratifs et soumis chaque année au visa
du maire, accompagné des deux derniers rapports de vérifications techniques des installations,
équipements et dispositifs visés à l'article GH 59, notamment : les ascenseurs et monte-
charge, les moyens de secours, les portes et volets résistant au feu, les systèmes de détection,
les équipements de désenfumage, les installations électriques, les paratonnerres, etc.
(art. GH 4).

II L'ORGANISATION DES INTERVENTIONS ET DES


TRAVAUX

I LES PRINCIPES DE LA COMBUSTION

Le combustible

Est combustible toute substance susceptible de brûler, c'est-à-dire de constituer un aliment au


feu. Tous les corps susceptibles de s'oxyder sont dits combustibles. On peut
schématiquement dire que tout corps contenant du carbone et de l'hydrogène peut être
oxydé, donc est combustible. De nombreux corps ont cette propriété mais les uns ne brûlent
pas aussi facilement et aussi vite que les autres. Cela dépend de leur nature et de leur état de
division. La combustion est d'autant plus vive que le combustible est divisé. En outre, les
solides et les liquides ne brûlent pas en tant que tels. Ce sont les gaz et les vapeurs qu'ils
émettent qui brûlent.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 26


Le comburant

En pratique, le principal comburant est l'oxygène. Cet oxygène peut se trouver soit à l'état pur,
soit en mélange avec d'autres gaz, soit provenir de la décomposition de certains produits
chimiques (acide nitrique, nitrates, chlorates, peroxydes...).

À l'état pur, l'oxygène est utilisé, par exemple, dans le cas du chalumeau oxyacétylénique. La
combustion de l'acétylène se fait dans un flux d'oxygène pur. La température dégagée est alors
plus importante que si on fournissait uniquement de l'air. De même, un fer chauffé au rouge
que l'on trempe dans un récipient contenant de l'oxygène « brûle » en dégageant des
étincelles. C'est le principe des lances à oxygène.

Dans la plupart des cas, le comburant est l'oxygène de l'air. L'air contient, en volume, environ
21 % d'oxygène et 78 % d'azote, en moyenne. Dans certains cas, la teneur en oxygène peut
être inférieure. Pour que l'air soit un comburant efficace pour les combustibles courants, il
faut qu'il contienne plus de 15 % d'oxygène. L'oxygène présente une grande affinité pour de
très nombreux corps. Au cours de la réaction, il oxyde le combustible en émettant des produits
de combustion.

Les corps halogénés (fluor, chlore, brome, iode) sont également considérés comme des
comburants.

L'énergie d'activation

Pour déclencher le phénomène de combustion, un apport d'énergie (appelée énergie


d'activation) est nécessaire. Il peut s'agir d'une flamme nue, d'une étincelle, d'une source
de chaleur, d'une augmentation de la pression. C'est la quantité de chaleur dégagée par
cet apport d'énergie qui est à l'origine de la combustion, mais la chaleur n'est en fait
qu'une manifestation de l'énergie. Une énergie de forme quelconque : mécanique,
chimique, électrique, etc. peut être l'objet d'une transformation. L'énergie calorifique étant le
résultat de la transformation d'une autre énergie, il convient donc d'utiliser de façon générale
le terme d'énergie, et, pour le cas particulier de l'étude de la combustion, l'expression
« énergie d'activation ».

Ensuite, cette transformation libère à son tour de l'énergie et le phénomène de combustion


s'entretient de lui-même en raison de la quantité de chaleur que dégage cette réaction.

L'énergie d'activation dépend de la barrière d'activation.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 27


Cinq facteurs influencent la barrière d'activation, il s'agit :

- de la pression ;
- de la température ;
- de la nature du combustible ;
- de l'état de division du combustible ;
- et de la présence d'éléments étrangers.

Certains éléments étrangers à la combustion, ni combustibles, ni comburants, peuvent, par


leur simple présence, parfois en quantité infime, jouer un rôle d'activateurs ou d'inhibiteurs de
la réaction, sans y participer eux-mêmes chimiquement. Ainsi, des « catalyseurs », comme par
exemple la mousse de platine pour la combustion de l'hydrogène, abaissent l'énergie
d'activation (et donc la température d'auto-inflammation) à tel point que la réaction peut
devenir spontanée à température ambiante. C'est ainsi qu'autrefois les réverbères s'allumaient
tout seuls dès que le gaz était ouvert. Inversement, des inhibiteurs rendent la réaction difficile
et peuvent rendre l'inflammation très difficile ou arrêter la combustion. C'est ainsi
qu'agissent les poudres extinctrices et certains gaz d'extinction. Ce principe est également
mis à profit pour l'ignifugation des matériaux.

Sur le plan de la prévention, il convient donc, pour éviter la naissance des incendies :

- de séparer les combustibles des comburants ;

- d'écarter les sources d'énergie.

L'inflammation

Lorsque le mélange gazeux est en proportions convenables, pour qu'il s'enflamme et que la
flamme persiste, il faut qu'une source d'allumage soit en mesure de porter un volume suffisant
du mélange à une température minimale en un temps suffisamment court. La flamme se
propage ensuite d'elle-même dans le mélange frais, grâce à un échange à la fois thermique et
diffusionnel de radicaux libres avec les couches de gaz en combustion.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 28


La valeur de cette énergie minimale est fonction de la nature du gaz et du temps pendant
lequel elle est libérée. Libérée en un temps très bref, elle peut être très faible : de quelques
dixièmes de milli joules à quelques micro joules. Une source d'énergie aussi faible qu'une
étincelle d'électricité statique est suffisante pour déclencher l'inflammation d'un mélange
gazeux combustible/air situé dans le domaine d'inflammabilité.

Le triangle du feu

Les trois éléments indispensables à l'éclosion du feu et à sa continuité sont donc le


combustible, le comburant et la source d'énergie. Ces trois éléments sont généralement
représentés par un schéma triangulaire, appelé « triangle du feu ».

Le bilan réactionnel et énergétique de la combustion peut être décrit par le schéma suivant :

On estime que pour un foyer bien amorcé, 90% de l'énergie sont évacués et 10% sont
nécessaires à l'entretien de la combustion sous forme d'énergie d'activation (ces chiffres ne
sont qu'approximatifs).

Les transferts thermiques

Le feu se transmet de proche en proche sous l'action des échanges par transfert de chaleur :
rayonnement, conduction et convection, qui opèrent simultanément ou séparément.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 29


Pour schématiser ces processus de transfert de chaleur à l'échelle du quotidien, on peut dire
qu'un rôti cuit dans un four par rayonnement, un radiateur soufflant chauffe l'air par
convection et un steak cuit dans une poêle par conduction.

Toutefois, la complexité des phénomènes intervenant dans un processus de combustion et leur


interaction ne permettent pas de déterminer la quantité de chaleur diffusée par le
rayonnement, la convection ou la conduction. Dans la réalité d'un incendie ces trois formes du
transfert de l'énergie calorifique coexistent, interfèrent et agissent les unes sur les autres ou
conjointement. Selon les circonstances de l'incendie, l'un de ces trois modes de transfert
pourra paraître prédominer à un moment ou un autre du développement du feu.

Si l'on ajoute à ces incertitudes les paramètres liés à l'environnement, on comprend aisément
la difficulté qu'il y a à prévoir l'évolution d'un incendie, celui-ci se développant dans un
système mettant en jeu un grand nombre d'éléments.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 30


II LA FLAMME

La caractéristique principale des flammes est l'émission de lumière ; c'est la partie visible des
réactions d'oxydation vive en phase gazeuse. C'est cette propriété qui est principalement
utilisée dans l'étude des flammes. Suivant la nature des gaz de combustion, la lumière diffère
en quantité et en qualité. Certaines flammes, telles celles émises par la combustion de
l'hydrogène dans de l'air pur peuvent n'être pratiquement pas lumineuses.

Une autre caractéristique essentielle des flammes est l'élévation rapide de température qu'elles
génèrent : souvent au-delà de 1 000 °C, elles atteignent 2 500 °C pour un mélange hydrogène-
oxygène. Là encore, la température diffère suivant la nature des gaz inflammables. Certains
hydrocarbures donnent, dans certaines conditions de température et de pression, des
« flammes froides ». Pour des mélanges proches de la limite inférieure d'inflammabilité, la
température la plus élevée se situe vers le bas et dans l'axe de la flamme ; pour des mélanges
proches de la limite supérieure, les températures les plus élevées sont atteintes au pourtour de
la flamme, là où le mélange se combine avec l'air.

LA PROPAGATION DE LA FLAMME

Le mécanisme de la propagation de la flamme résulte à la fois de l'échange thermique entre la


zone de réaction et les gaz frais et de la diffusion d'une partie des radicaux libres présents
dans le front de flamme vers le mélange de gaz frais. La propagation de la flamme constitue, à
la manière d'une onde, l'entrée en réaction chimique successive des couches de gaz frais.

Pour que la flamme puisse se propager de façon autonome, il faut que la vitesse
d'accroissement de volume du front de flamme reste inférieure à celle de l'accroissement de
volume des produits de combustion.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 31


La vitesse d'une flamme dépend notamment de la richesse du mélange, du degré de dilution,
de la pression et de la température initiale des gaz frais. La vitesse « fondamentale » d'une
flamme est maximale aux environs de la stœchiométrie ; elle décroît vers les compositions
riches et pauvres du mélange. La température initiale du mélange a une influence considérable
sur la vitesse normale de propagation de la flamme. Dans le cas, par exemple, d'un mélange
air-méthane, elle passe de 30 cm par seconde à température ambiante à environ 340 cm/s si le
mélange est chauffé à 1 000 °C. La présence de gaz inertes en dilution dans le mélange
diminue la vitesse de la flamme.

Les vitesses normales de déflagration sont de l'ordre de quelques dizaines à quelques


centaines de centimètres par seconde. Si la flamme est fixe, il est possible de mesurer sa
surface et le débit du mélange gazeux. La vitesse est donnée par l'équation : vitesse = débit /
surface.

Dans le cas d'un front de flamme parfaitement perpendiculaire au sens de la propagation, la


vitesse de propagation de la flamme sera égale à la vitesse « fondamentale » (ou « normale »)
de la flamme.

Dans le cas de turbulences existant au sein du mélange, la vitesse de propagation de la flamme


sera généralement augmentée. Si l'on considère les cas extrêmes, un accroissement important
du débit du mélange peut conduire à l'extinction (soufflage de la flamme).

Une réduction de la vitesse d'écoulement ramène la flamme au point d'entrée de l'air et


provoque un retour de flamme.

III LES DIFFÉRENTS TYPES DE FLAMMES

On distingue deux sortes de flammes : la flamme de pré-mélange et la flamme de diffusion.

La flamme de pré mélange

Le gaz arrive mélangé de comburant dans des proportions plus ou moins voisines de la
concentration stœchiométrique. La flamme obtenue est sensiblement neutre. Sa dimension se
stabilise de telle sorte que la vitesse d'écoulement du gaz est égale à la propagation du front de
flamme. La flamme semble quasiment immobile. C'est la flamme du bec Bunsen ou des
appareils de cuisson à gaz. La flamme obtenue a une forme conique et donne une lumière
bleutée.

La flamme de diffusion

Le combustible et le comburant n'étant pas mélangés au préalable, la propagation des flammes


est gouvernée essentiellement par des phénomènes d'inter-diffusion de chaleur et de radicaux
libres. La combustion se poursuit au fur et à mesure du mélange du gaz combustible avec l'air
dont la richesse passe d'une valeur très élevée au niveau du front de flamme à une valeur très
faible. Le combustible est souvent décomposé par la chaleur avant de se mélanger à l'oxygène
et ils se trouvent séparés par des produits de combustion intermédiaires au sommet de la
flamme. L'oxygène et le gaz auront tendance à augmenter leurs concentrations au-delà de la
valeur stœchiométrique, puis, instantanément à les ramener à l'équilibre. La vitesse de la
réaction étant nettement supérieure à celle du phénomène de diffusion, l'équilibre sera
maintenu sur le front de flamme.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 32


La zone de réaction d'une flamme de diffusion est plus épaisse que celle d'une flamme de pré
mélange et sa température est rapidement très proche du maximum. La flamme de diffusion a
une forme moins bien définie que la flamme produite au moyen d'un combustible et d'un
comburant mélangés préalablement. L'exemple le plus courant d'une flamme de diffusion est
celle produite par une bougie.

En pratique, dans les incendies, les flammes sont essentiellement des flammes de diffusion,
mais on distingue souvent, à la base, des flammes bleutées de pré mélange. Ceci est d'autant
plus vrai que la flamme est en régime turbulent.

Suivant la taille, la combustion d'aérosols peut donner des flammes de pré mélange ou de
diffusion.

IV LE RAYONNEMENT (ÉMISSION DE LUMIÈRE)

Les flammes émettent des radiations, visibles et invisibles, provenant d'un double
processus : l'énergie calorifique, d'une part, et la chimiluminescence, d'autre part, les deux
phénomènes étant le plus souvent mêlés.

Tout corps chauffé émet des radiations dont la puissance et la longueur d'onde sont fonction
de la température. Si la production de lumière visible (incandescence) n'apparaît qu'à une
certaine température (à partir de 500 °C, donnant une lumière rouge, la lumière blanche
apparaissant aux alentours de 1 300 °C), des radiations infrarouges (caractéristiques des feux
de braises) sont émises dès les basses températures (en-dessous de 400 °C) et des
rayonnements ultra-violets à partir de 2 000 °C.

Le rayonnement est émis par les composés présents dans la flamme et portés à haute
température.

Les gaz CO, CO2 et H2O émettent du rayonnement infrarouge. Le radical OH· émet un
rayonnement visible bleuté. Seules les particules de suie se comportent comme un corps noir
et émettent un rayonnement dont la gamme de longueur d'ondes est fonction de la température
à laquelle se trouvent les suies.

L'émission lumineuse de flammes jaunes est due à un spectre continu provenant de fines
particules de suie contenues dans les gaz brûlés. Les premières particules de suie émises sont
à l'état radicalaire, puis elles se regroupent pour former, par polymérisation ou condensation,
des particules de carbone-suie dont le poids moléculaire varie en fonction du temps. Quelle
que soit la nature du combustible, la suie est essentiellement composée de carbone (elle
contient aussi de un à quelques pour cent d'hydrogène en poids - ce qui est loin d'être
négligeable - et une infime quantité d'autres éléments tels que soufre, azote...). La quantité de
suie produite est d'autant plus importante que le mélange est riche en combustible, et que ce
dernier est riche en carbone.

Pour des petites flammes, la zone bleue est à l'extérieur de la zone carbonée et atteint le
sommet de la flamme. Pour des flammes plus grandes, cette zone bleue n'apparaît que dans la
moitié inférieure, laissant la zone carbonée exposée à l'air. Pour des très grandes flammes, le
centre de la flamme peut refroidir jusqu'à une température à laquelle l'oxydation des particules
de carbone diminue, ces particules formant la fumée.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 33


D'autres phénomènes engendrés par les flammes tels la chimionisation (réaction chimique
donnant naissance à des espèces électriquement chargées) ou l'émission de sons ne sont pas
actuellement utilisés pour la détection d'incendies, mais existent dans certaines conditions.

V LES EFFLUENTS DU FEU

A) LES FUMÉES

Les fumées sont constituées d'un mélange de gaz et de particules solides.

Les fumées sont constituées :

- de gaz de combustion : CO2, H2O ;

- d'air entraîné ;

- de gaz uni brûlés : CO, hydrocarbures ;

- de gaz toxiques : HCl, HCN, NOx, SO2, etc. selon la composition des
matériaux en feu ;

- de suies (souvent de l'ordre de 10 % de la masse du matériau brûlé) ;

- de particules liquides en suspension et de goudrons ;

- d'« envols » (cokes volants, cendres volantes, escarbilles).

La quantité et la composition des fumées dépendent du combustible, de la température de


combustion, de l'apport en oxygène et éventuellement de la pression. Un incendie de moyenne
importance émet en moyenne quelques kilogrammes par seconde de gaz chauds et fumées à
des températures de l'ordre de 800 °C.

La couleur et l'odeur des fumées peuvent donner une indication sur la nature du combustible :

- des fumées épaisses et noires, révélatrices de nombreuses particules de


carbone, sont produites par des combustibles tels que hydrocarbures,
caoutchoucs, polymères de synthèse... ;

- des fumées brunâtres ou rougeâtres indiquent la présence d'oxydes d'azote ;

- des fumées gris-jaunâtres sont caractéristiques de la présence de nombreux


imbrûlés et d'oxyde de carbone ;

- des fumées blanches sont constituées principalement d'aérosols.

La présence d'aérosols et de suies confère aux fumées leur opacité, effet majeur qui altère la
visibilité. L'opacité des fumées est très variable, en fonction de la nature du combustible et
des conditions environnantes. Des essais sur les fumées produites lors d'incendies
d'habitations ont permis de considérer qu'une seule masse de 0,5 kg d'un matériau fournirait
assez de fumée pour réduire la visibilité à 3 m dans un volume de 400 m3.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 34


En outre, plus les fumées sont noires et plus elles absorbent, donc restituent la chaleur, par
rayonnement. Si la température est de 30°C au sol, elle peut être de 300 °C à hauteur de tête et
brûler les poumons.

Pratiquement tous les matériaux en cause dans les incendies ont un point commun : ils
contiennent majoritairement du carbone et de l'hydrogène. Il se produit donc en grande
quantité du gaz carbonique (CO2) et de la vapeur d' eau. L'importance de la masse de gaz
carbonique formée s'explique par la réaction avec l'oxygène de l'air qui augmente la masse
des fumées.

La proportion d'oxygène diminuant au fur et à mesure de l'évolution de la combustion, si la


quantité d'oxygène n'est pas suffisante pour assurer l'oxydation totale du carbone, la seconde
oxydation ne sera que partielle, et les fumées contiendront du monoxyde de carbone (CO).

Dans un incendie, la combustion étant toujours incomplète, il se forme des fumées dont la
composition est complexe. Outre la vapeur d'eau, le gaz carbonique, l'oxyde de carbone et le
carbone sous forme de suies, elles comprennent une multitude de substances dont beaucoup
contiennent un noyau benzénique, comme le benzène, le toluène.

Les produits de condensation, tels que ceux présents dans les fumées provenant des matières
cellulosiques en combustion (acides organiques, aldéhydes), ou celles provenant de la
combustion de graisses (dégagement d'acroléine) peuvent avoir un effet extrêmement irritant.

A1)LES DANGERS DES FUMÉES

Les fumées présentent plusieurs types de dangers qui agissent directement sur la sécurité des
personnes et des biens : leur opacité, leur toxicité, leur température et leur corrosivité.

En raison de leur faible masse volumique, les fumées chaudes ayant tendance à s'élever, le
salut se trouve, dans la plupart des cas, près du sol, là où les températures sont les plus basses
et l'air le moins toxique et le plus riche en oxygène.

Opacité

Le manque de visibilité peut, d'une part, contrarier et même empêcher l'évacuation en faisant
perdre aux occupants leurs points de repère et, d'autre part, retarder l'intervention des services
de secours.

Toxicité

Parmi les gaz émis par les matières en combustion lors d'un incendie, les plus dangereux
sont : le monoxyde de carbone (CO), les hydrocarbures, les oxydes d'azote (NOx), l'acide
cyanhydrique (HCN), les composés SO2 et SO3, ainsi que H2S, HCl gazeux... En outre,
quelques minutes peuvent suffire pour réduire la concentration en oxygène, entraînant les
victimes vers la syncope, voire la mort.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 35


Température

Les fumées sont un facteur important de propagation de l'incendie en raison de leur


température qui facilite la pyrolyse et l'inflammation des matériaux combustibles et de leur
composition qui comprend de nombreux imbrûlés gazeux.

Corrosivité

Certains imbrûlés gazeux acides (HCl, H2SO4 par exemple) représentent un danger aussi bien
pour l'organisme que pour les éléments du bâtiment ou les biens situés dans le local
(structures métalliques, composants électroniques...).

A2) LE COMPORTEMENT DES FUMÉES

L'un des effets majeurs de la combustion est la production de fumées. Ce sont elles, plus que
les flammes elles-mêmes, qui sont le plus souvent à l'origine des pertes humaines dans les
incendies. C'est la raison pour laquelle les différentes législations imposent le désenfumage
dans la plupart des bâtiments. Les assureurs ont également établi une règle de conception et
d'installation de systèmes de désenfumage qui vient en complément des prescriptions
réglementaires.

Le débit et le volume des fumées

Le débit des fumées correspond grossièrement à la quantité d'air entraînée dans le panache de
flammes et de gaz chauds. Il est possible de calculer le temps mis par les fumées pour envahir
un local. La vitesse horizontale d'un front étant de l'ordre de 0,20 m/s à 1 m/s, une distance de
40 m peut être parcourue en moins de quatre minutes.

Les fumées ayant tendance à occuper le maximum de volume, la surpression dans un local en
feu s'explique suivant la loi des gaz parfaits : PV/T = Constante, dans laquelle P représente la
pression dans le local (N/m ou Pa), V le volume des gaz du local (m3), T la température
absolue de ces gaz (K). L'application de cette loi peut se faire à volume constant. Dans ce cas,
on a une augmentation de la pression ; ce serait le cas d'un volume hermétiquement clos. Elle
peut également se faire à pression constante et provoque alors une augmentation du volume.
En pratique, les locaux n'étant pas étanches, le phénomène est une combinaison des deux cas.
Aussi existe-t-il une légère surpression (5 à 40 Pa) du local incendié relativement aux locaux
adjacents et une forte expansion en volume des fumées.

Le tirage thermique

À ce phénomène, vient s'ajouter un phénomène vertical, le tirage thermique, qui favorise la


migration des fumées vers le haut. Dans un local incendié muni d'une seule ouverture donnant
sur l'extérieur, il s'établit, de part et d'autre d'un plan horizontal neutre, un équilibre
aéraulique : au-dessus de ce plan, le local est en surpression par rapport à l'extérieur, et en
dépression au-dessous. Ceci se traduit par l'entrée d'air frais au-dessous du plan neutre et la
sortie de gaz de combustion, au-dessus de ce plan. L'effet moteur de ce phénomène est la
différence de température, donc de masse volumique, existant entre deux atmosphères mises
en communication à des niveaux différents. Ce phénomène est particulièrement sensible vers
les étages supérieurs par l'intermédiaire des cheminements verticaux que constituent les
conduits, les gaines et les trémies.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 36


B) LES GAZ DE COMBUSTION

Les principaux gaz toxiques, asphyxiants, corrosifs et parfois inflammables générés par les
phénomènes de combustion sont les suivants :

- le monoxyde de carbone (CO), toxique majeur, toujours présent dans les


fumées d'incendie. Résultant de la combustion incomplète de pratiquement
tous les matériaux naturels ou synthétiques, sa formation est particulièrement
importante dans les feux couvrants. Il est mortel à une concentration de 0,3 %
en volume dans l'air, provoquant des réactions irréversibles sur le sang. Ce gaz
incolore et inodore est le principal responsable des asphyxies lors des
incendies ;
- le dioxyde de carbone ou gaz carbonique (CO2), produit normal de toute
combustion, est présent même dans les feux sans fumée. Il n'est pas
directement toxique mais, en accélérant le rythme respiratoire, il facilite
l'inhalation des gaz toxiques présents. Toutefois, des concentrations de l'ordre
de 10 à 12 % peuvent entraîner rapidement la mort par paralysie des centres
respiratoires ;
- l'acide chlorhydrique gazeux (HCl), est essentiellement produit par la
combustion des PVC (polychlorures de vinyle), matériaux de plus en plus
présents dans notre environnement (câbles électriques, tuyauteries, revêtements
muraux), et des matériaux ignifugés. L'acide chlorhydrique est irritant, toxique
et extrêmement corrosif ; son seuil d'irritation étant bien plus bas que son seuil
de toxicité, il est heureusement détecté très rapidement ;
- l'acide cyanhydrique gazeux (HCN), issu des matériaux renfermant des
composés azotés (laine, soie, polyuréthane, nylon), à l'odeur caractéristique
d'amande amère, est émis en début d'incendie ; son dégagement est maximum
entre 500 et 600°C. Particulièrement toxique, il perturbe les mécanismes
respiratoires et peut entraîner la mort ;
- les oxydes d'azote ou vapeurs nitreuses, NOx (NO et NO2), également issus
des matériaux azotés, ou formés à partir de l'azote atmosphérique selon des
mécanismes complexes. Le plus fréquent et le plus toxique est le peroxyde
d'azote, NO2, caractérisé par son aspect (vapeurs rousses) ;
- l'anhydride sulfureux (SO2), toxique, qui s'oxyde ensuite en anhydride
sulfurique (SO3), corrosif, qui, à son tour, au contact de l'air humide, donne de
l'acide sulfurique. Il provient essentiellement de combustibles soufrés (fioul,
caoutchouc, etc.) ;
- l'acroléine (C3H4O), formée lors de la combustion de graisses, huiles (feux de
friteuse)... provoque une irritation des muqueuses en quelques minutes ;
- le phosgène, l'ammoniac, le styrène, l'acide acétique gazeux, le formol, les
aldéhydes...

Lors d'un incendie, la plupart de ces gaz se trouvent mélangés, ce qui, par des effets de
synergie, renforce encore leur toxicité intrinsèque.

En outre, le volume d'air consommé par la combustion étant souvent à peu près du même
ordre de grandeur que le volume des fumées produites, le déficit en oxygène est lui-même
responsable d'effets handicapants sur l'organisme.

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VI) LES PHASES DE L'INCENDIE

Dans le déroulement d'un incendie sur lequel on n'entreprendrait aucune action volontaire
visant à en réduire les effets, on peut distinguer cinq phases successives, caractérisées par
l'élévation de la température en fonction du temps. Il s'agit évidemment d'une représentation
tout à fait arbitraire, car si l'on peut à peu près estimer l'évolution des températures en
fonction de paramètres connus, il est pratiquement impossible d'évaluer le temps de
déroulement de chaque phase.

Phase d'initiation

Sous l'action de sources de chaleur de nature variées (cigarette, étincelle, échauffement


électrique ou mécanique...), il y a début de combustion. Il n'y a pas encore de flammes, mais
de la fumée peut être produite. L'élévation de température du local est quasiment nulle.

La durée de cette phase est très variable : une fraction de seconde, quelques minutes, quelques
heures, voire plusieurs jours (à l'intérieur de balles de foin par exemple).

Phase de croissance

La première flamme bénéficie généralement d'une quantité suffisante d'oxygène pour se


développer régulièrement. Si la masse de combustible est suffisante, la combustion s'étend. Si
le feu se développe dans un local fermé, il pourra s'éteindre de lui-même par manque d'air.

Ainsi, par exemple, un local de 20 m2 contenant du bois, ayant un potentiel calorifique de 10


kg/m3 (ou 170 MJ/m2) exigerait 1 200 m3 d'air (il faut en effet 6 mètres cubes d'air pour brûler
1 kg de bois) alors qu'il ne peut normalement en fournir qu'environ 60. Si ce local est
parfaitement étanche, le feu s'éteindra en quelques minutes, après de fortes émissions de
fumées.

Dans cette phase, l'échange thermique se produit d'abord par convection des gaz chauds sur
les parois environnantes, puis par rayonnement des flammes vers les éléments voisins, enfin
par conduction au sein des éléments proches du foyer.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 38


Si le foyer est alimenté en air frais, ce qui, dans un local, se produit le plus souvent par le bris
des vitres (vers 70 à 100 °C), le développement de l'incendie est brusquement accéléré. Ceci
sera d'autant plus rapide que le feu rencontrera des matériaux facilement inflammables. La
température augmente rapidement, mais l'arrivée d'air étant souvent moins rapide que
l'augmentation de l'intensité du foyer, il peut se produire une accalmie, généralement
provisoire, de l'incendie, avec forte production de fumées.

C'est dans cette période qu'un grand nombre de paramètres interviennent, notamment :

- la nature du combustible, sa masse et sa capacité d'inflammation ;


- l'alimentation en air neuf et d'une manière générale, les conditions de ventilation ;
- la position relative des éléments combustibles ;
- la géométrie du local ;
- le revêtement des parois (en particulier leur aptitude à rayonner ou non la chaleur) ;
- la force et la direction du vent ;
- la température extérieure.

De la multiplicité des paramètres, il résulte que le développement de l'incendie est


extrêmement aléatoire. Les températures varient très sensiblement en différents points du
local et la propagation du feu est discontinue. C'est au cours de cette phase que l'incendie peut
cesser de lui-même ou, au contraire, se généraliser. En outre, à ce stade, le développement de
l'incendie n'est pas absolument inéluctable ; le temps d'évolution peut être très long et les
températures peuvent rester modérées, laissant une possibilité d'extinction par des moyens
manuels.

Phase d'inflammation généralisée

L'inflammation généralisée se produit après une abondante émission de gaz de distillation qui,
en mélange avec l'air ambiant s'enflamment sous l'effet de la chaleur, la température moyenne
des gaz près du plafond étant de 600 °C. Un embrasement est susceptible de se produire dès
que le flux thermique sur toutes les surfaces combustibles atteint environ 20 kW/m2.

Cette phase intermédiaire est généralement d'une durée très courte, de l'ordre de quelques
minutes, mais c'est la plus importante car le développement de l'incendie est alors inéluctable.

La phase de feu pleinement développé

La durée de cette phase et son intensité varient, bien entendu, en fonction du potentiel
calorifique du local et de l'arrivée d'air frais par les issues.

La température s'élève très rapidement, atteignant 1 000 à 1 200 °C, suivant l'importance de la
charge calorifique. L'importance de la masse totale de produits combustibles fait que
l'incendie sera principalement influencé soit par la ventilation, soit par le combustible.

La qualité de la ventilation permet de classer les incendies en deux types :

- si la surface de l'ouverture est réduite, l'apport d'oxygène entrant dans le local sera
insuffisant pour assurer une combustion complète. Le régime de combustion dépendra
uniquement de l'apport d'air neuf. Cet apport limitant la combustion, on dit que
l'incendie est « gouverné par la ventilation » ;

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 39


- si les surfaces d'ouvrants sont importantes et d'une forme permettant un apport
correct d'air neuf (plus hautes que larges), celui-ci sera suffisant pour assurer une
combustion complète. Le régime de combustion sera lié, non plus à la ventilation,
mais au potentiel calorifique du local, notamment à la surface des matériaux
combustibles exposés au feu. On dit que l'incendie est « gouverné par le
combustible ».

Au cours de cette phase les éléments de construction tels que portes, cloisons ... fissurés ou
détruits favorisent la propagation de l'incendie au moyen de toute communication verticale ou
horizontale. La chute d'éléments en combustion, les déplacements de brandons, flammèches et
escarbilles transportés par les flammes ou les gaz bien au-delà des zones de combustion,
étendent rapidement le sinistre à l'intérieur du bâtiment. Les structures et les toitures, portées à
haute température ou déstabilisés par la destruction d'un plancher, se déforment, entraînant à
leur tour l' effondrement d'éléments. Les gaines et les escaliers sont les voies de prédilection
des fumées et gaz chauds, ces derniers pouvant achever leur combustion en s'enflammant au
contact d'air frais, loin du foyer d'origine.

La propagation de l'incendie a lieu également par les ouvertures vers l'extérieur du bâtiment.
Les flammes qui se dégagent des ouvertures suivent une trajectoire ascensionnelle, soumettant
les façades aux effets combinés du rayonnement et de la convection. Les flammes ont
tendance à se courber le long de la façade ou à jaillir en torche des fenêtres. Elles peuvent
atteindre jusqu'à 5 m de hauteur. La direction et la force du vent jouent évidemment un rôle
prédominant dans leur comportement. Un autre phénomène est l'expulsion par les ouvertures
des gaz de combustion, brûlés et imbrûlés susceptibles de transporter le feu vers les bâtiments
adjacents.

La phase de décroissance

Lorsque le combustible s'épuise, l'incendie perd de son ampleur, les flammes régressent
laissant la place aux braises. La température commence à décroître lentement, de façon
linéaire, de 7 à 10 °C par minute, suivant la durée de combustion vive. En règle générale, plus
la phase active d'un incendie a été longue, plus longue sera sa phase de décroissance.
Toutefois, on peut encore souvent constater pendant cette période la naissance de nouveaux
foyers générés par les phénomènes de conduction ou de rayonnement des braises, ainsi que la
destruction de structures entamée lors de la phase précédente.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 40


VI TRAVAUX PAR POINTS CHAUDS

A) DEFINITION ET RETOUR D’EXPERIENCE


Les travaux par points chauds sont tous ceux qui nécessitent le chauffage de pièces
métalliques, en utilisant soit un chalumeau, soit un poste de soudure électrique, soit tout autre
procédé tel que soudure par étincelage.

Les travaux par points chauds comprennent le soudage à l'arc électrique, le soudage au
chalumeau à gaz (oxyacéthylénique ou aérogaz), le soudo-brasage, l'oxycoupage (coupage des
métaux au jet d'oxygène), le dégivrage au chalumeau, le soudage au chalumeau à gaz de
bandes de bitume, le coupage et le meulage à l'aide d'outils tels que tronçonneuse, meuleuse
d'angle ou ponceuse. Ces travaux sont susceptibles, par apport de flamme, de chaleur ou
d'étincelles, de communiquer le feu au locaux.

Ces travaux nécessitent des mesures préventives et des mesures de surveillance pendant et
après les opérations. Donc, ces actions devront être renouvelées autant de fois que le travail
sera interrompu et repris. Dans de nombreux cas, un « Permis de feu » devra être établi.

Travaux par points chauds : première cause des incendies industriels

L'accidentologie montre que les travaux par points chauds sont la première cause des
incendies industriels. Une étude du Bureau d'analyse des risques et pollutions industrielles
(Barpi) portant sur une soixantaine d'accidents survenus lors d'activités de réparation et de
maintenance montre que les deux tiers comportaient des travaux par points-chauds. Dans un
cas sur deux, les produits enflammés sont ceux qui sont fabriqués, transformés ou stockés
dans l'établissement. Dans les autres, les parties d'équipements (substance isolante d'une
paroi, par exemple) ou des matières nécessaires au fonctionnement des installations
(combustibles, fluides etc.) sont en cause. Concernant les permis de feu, soit le document était
manquant, soit purement formel. Il est aussi arrivé que les intervenants aient passé outre
l'interdiction des travaux. Dans 20 % des cas, les travaux étaient réalisés par des entreprises
extérieures (source : Face au Risque, n° 401, mars 2004).

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 41


Les différents types de soudures et les températures générées

Type Risques industriels Température

Soudage à l'arc 3 000 °C à


Projection d'étincelles très violentes
électrique 5 000 °C
Chaleur apportée par une flamme
Soudage au chalumeau 1 800 °C à
résultant de la combustion d'un ou
à propane 1 925 °C
plusieurs gaz dans l'air
Variable selon
Dégivrage au Transport de chaleur incontrôlable l'utilisation.
chalumeau pour les pièces métalliques traitées
> 1 800 °C
Présence d'oxygène renforçant le risque
Oxycoupage 2 830 °C
d'incendie immédiat
Lampe à souder 1 500 °C
Soudage 2 000 °C à
Fuite ou explosion des bouteilles
Oxyacéthylénique 3 200 °C

Points de fusion des différents métaux

Métaux Potassium Sodium Etain Plomb Zinc Aluminium Laiton

Point de fusion
63 °C 98 °C 232 °C 327 °C 419 °C 660 °C 900 °C
< 1 000 °C

Fonte Fonte Acier


Métaux Cuivre Silicium Nickel Fer
blanche grise doux

Point de fusion
1 083 °C 1 100 °C 1 225 °C 1 400 °C 1 430 °C 1 455 °C 1 535 °C
> 1 000° C

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 42


Les principaux risques

 Action directe de la chaleur ou/et de la flamme

Le danger le plus visible provient de l'effet direct de la flamme ou de l'arc électrique. Les
températures atteintes dans la flamme du chalumeau sont de l'ordre de 2 000 à 3 000 °C et,
par suite de l'échauffement de l'air environnant, les températures restent importantes dans une
zone d'environ un mètre. Pour l'arc électrique, le champ dangereux est limité à une zone plus
réduite (de l'ordre de 20 cm), mais les températures varient entre 3 000 et 5 000 °C.

 L'accumulation de chaleur

La chaleur générée peut s'accumuler dans un local mal ventilé et donné lieu à un feu de type
braise. Ainsi plusieurs heures après la fin des travaux, un feu peut se déclarer.

 Le transfert de chaleur par conduction

Une pièce métallique qui subit un travail par point chaud est portée localement à des
températures très élevées pour obtenir la fusion du métal. La conductibilité des métaux est
importante et des températures dangereuses peuvent exister loin du point de travail. Ainsi la
chaleur peut être transmise de l'autre côté d'une cloison.

 Etincelles et gouttelettes incandescentes

Les travaux par point chaud produisent tout autour de la zone travaillée des projections de
gouttelettes de métal en fusion, des particules de carbone en combustion ou encore des éclats
de calamine. Lorsqu'elles touchent le sol, les gouttelettes de métal incandescentes ont une
température entre 1 000 et 2 000 °C. Elles peuvent être projetées jusqu'à 10 mètres sur un sol
lisse, se perdre dans une fente et y former un nid de braises. Sans aération, un foyer peut
couver. Chaque opération produit des centaines de milliers d'étincelles, une seule peut suffire
à déclencher un feu.

 Transfert de gaz imbrûlés

Un travail de soudure au chalumeau sur une tuyauterie peut y faire pénétrer une certaine
quantité de gaz de combustion surchauffés mais non brûlés par manque d'oxygène. S'il existe
une extrémité ouverte, ces gaz s'écoulent et, du fait de leur température et de l'apport
d'oxygène de l'air, peuvent s'enflammer à la sortie. Le même phénomène peut se produire
sous des tôles.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 43


RETOURS D'EXPÉRIENCE

Travaux d'étanchéité

Le 24 septembre 2004, des ouvriers procèdent à des travaux d'étanchéité sur la terrasse d'un
gymnase de Berck (62). Une épaisse fumée noire s'élève. Cinquante pompiers sont aussitôt
dépêchés sur les lieux, qui abritent un centre de rééducation. Dès leur arrivée, les cinquante
pompiers entendent une forte explosion : la bouteille de gaz alimentant l'appareil servant à
chauffer le goudron vient d'éclater sous l'effet de la chaleur. Les douze curistes présents dans
le gymnase sont évacués avec leurs moniteurs. L'incendie sera finalement maîtrisé.

Source : Face au Risque - L'Hebdo, n° 319, 13 décembre 2004.

Lomme (59), 24 novembre 2004. Décorations florales, bougies, bombes, aérosols... autant de
matériaux à fort potentiel calorifique, stockés dans l'entrepôt en flammes du marché d'intérêt
national. Les ouvriers, en train d'effectuer des travaux d'étanchéité, ont donné l'alerte vers
9 h 30. Les 60 sapeurs-pompiers mobilisés n'ont pu attaquer le foyer de l'intérieur, en raison
du risque d'effondrement. Ils ont déployé 10 grosses lances, une lance-canon et une petite
lance tout autour du bâtiment de 2 000 m2. L'incendie a provoqué la chute d'une bouteille de
propane, ce qui a accéléré la propagation des flammes. Une livraison de décorations de Noël
est partie en fumée.

Source : Face au Risque - L'Hebdo, n°282, 19 janvier 2004.

Le 8 avril 2003 vers 15 h 30, dans le service de reprographie du centre de gestion d'une usine
pétrolière de Pau (64). Les ouvriers préparaient des plaques de papier goudronné, qu'ils
chauffaient à l'aide de chalumeaux pour les étaler par-dessus une couche de laine de verre,
posée sur du polystyrène, lorsque l'incendie a éclaté. Le service de sécurité est intervenu
immédiatement. La cinquantaine de personnes présentes dans les bureaux a été évacuée,
suivie du personnel des bureaux voisins. Le feu s'est propagé d'un seul coup à l'ensemble du
bâtiment de 1 600 m2. Les quelque soixante pompiers mobilisés ont dû batailler pendant
plusieurs heures, d'autant plus que les trois bouteilles de gaz utilisées par les ouvriers ont
explosé l'une après l'autre. Vers 18 h 30, le sinistre était maîtrisé mais les bureaux ont été
détruits.

Source : Face au Risque - L'Hebdo, n° 261, 23 juin 2003.

Feu de type braise : des travaux par points chauds mis en cause

10 février 1998. Cornimont (88). Dans une usine de tissage, un feu se déclare à proximité des
batteries de chauffe qui produisent de l'air humidifié à 75 % nécessaire au tissage. L'incendie
prend rapidement de l'ampleur : la toiture de l'établissement s'effondre en 1/4 d'heure. Les
pompiers de plusieurs casernes interviennent. Une intense chaleur gêne leur progression.
Malgré l'importance des moyens déployés, l'usine de 6 000 m2 est détruite. 40 employés sont
en chômage technique. Bien que l'origine du sinistre ne soit pas clairement établie, des
travaux par points chauds effectués par une entreprise extérieure seraient en cause. Le feu
aurait ainsi couvé durant plusieurs heures dans une gaine d'aspiration de la poussière.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 44


Source : http://aria.ecologie.gouv.fr

Feu de toiture : une vis foreuse suspectée

20 juin 2000. Châlons-en-Champagne (51). Un feu se déclare sur la toiture d'un entrepôt
abritant les matières premières d'une usine de produits détergents. Les causes du sinistre ne
sont pas connues avec exactitude, mais des ouvriers d'une entreprise extérieure, effectuant des
travaux de rénovation et partis déjeuner au moment des faits, venaient de percer la charpente
métallique avec une vis auto-foreuse. Le point chaud généré pourrait être à l'origine de
l'inflammation de la sous-toiture en bois et laine de verre. Les équipes de 1re et de 2e
intervention du site, aidées des pompiers, maîtrisent l'incendie en 10 min. La toiture est
endommagée sur 1/3 de sa surface. La laine de verre sera remplacée par des matériaux
incombustibles et l'utilisation de systèmes auto-forant au contact de matériaux combustibles
est interdite dans l'usine.

Source : http://aria.ecologie.gouv.fr

Soudure et poussières de textile

14 mars 2003. Un feu se déclare lors de travaux de soudure sur le réseau d'eau d'une
blanchisserie de Reims (51). Les RIA sont inutilisables au moment des faits (vanne de départ
fermée). L'intervention était effectuée à proximité du plafond de l'usine recouvert de
poussières de textile peu visibles. Au cours du soudage, une particule de métal en fusion
projetée contre le plafond a enflammé les poussières dont la combustion est devenue
incontrôlable. Le feu s'est propagé sur toutes les poutres métalliques proches. Un employé
prévient les pompiers pendant que l'ouvrier soudeur essaie de maîtriser depuis sa nacelle et à
l'aide d'un extincteur l'incendie qui commence à se déplacer sur les chemins de câbles
électriques. L'incendie est éteint à l'arrivée des pompiers, mais une fumée abondante a été
générée et une caméra infrarouge doit être utilisée pour vérifier qu'il ne reste aucun point
chaud. Un plan de prévention et un permis de feu avaient été établis, mais aucune mesure
particulière n'avait été demandée à la société extérieure effectuant les travaux (mesures
particulières de dépoussiérage ou d'arrosage préalable aux opérations de soudage et de
meulage) ; le responsable des travaux avait cependant demandé à la société sous-traitante
d'utiliser des moyens manuels pour découper la cheminée d'extraction existante pouvant
contenir une accumulation de poussières et de fournir un extincteur à eau pulvérisée. Ces
dernières recommandations avaient été respectées. A la suite de ce sinistre, la société
extérieure mentionne dans son rapport que toute intervention future sur ce site nécessitant un
permis de feu doit impérativement être précédée d'un dépoussiérage très soigneux d'une très
large zone en périphérie du chantier et d'une humidification des structures par pulvérisation si
l'absence d'installations électriques dans la zone le permet.

Source : http://aria.ecologie.gouv.fr

Un meulage provoque l'évacuation de trois immeuble

Le 27 décembre 1994, un incendie ravage les 3 étages d'une fabrique d'articles en plastique de
2 000 m2 à Aubervilliers (93). L'intervention est conduite par 130 pompiers. 3 personnes (dont
1 pompier) sont légèrement brûlées et hospitalisées. Une épaisse fumée toxique se dégage.
Cinq bouteilles d'acétylène explosent. Trois immeubles sont évacués par sécurité. Un
périmètre de sécurité de 200 m est établi. L'origine de l'accident est un dégagement

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 45


d'étincelles par une meuleuse. L'entrepôt atelier sera reconstruit. Les dommages matériels
internes s'élèvent à 1,37 M€ .

Source : http://aria.ecologie.gouv.fr

Projection d'étincelles et matières inflammables

Espaly-Saint-Marcel (43), le 13 février 2004. Appelé en milieu d'après-midi pour un début


d'incendie dans une papeterie, les sapeurs-pompiers du centre de secours principal du Puy-en-
Velay interviennent avec de gros moyens : fourgon pompe-tonne, échelle pivotante
automatique de 30 m, motopompe et groupe électrogène remorquables, dévidoir automatique
léger, véhicule tout terrain et véhicule d'assistance respiratoire. Le sinistre est d'origine
accidentelle. Il résulte de la projection d'étincelles par une meuleuse dans une fosse contenant
des copeaux et des cartons. L'extinction s'est révélée difficile en raison de problèmes
d'accessibilité mais n'a pas mis en péril l'entreprise.

Source : Face au Risque - L'Hebdo, n° 295, 26 avril 2004.

Etincelles suspectes

Le 10 novembre vers midi, un incendie se déclare dans une banque située dans le centre
commercial de Roedovre, au Danemark. Le centre, construit dans les années 70, est en cours
de réhabilitation. Les étincelles provoquées par une meuleuse seraient à l'origine du feu, qui a
pris dans le faux plafond. Les sprinkleurs se sont aussitôt mis en marche. Le feu a été
rapidement maîtrisé. Les pompiers sont intervenus pour éviter la reprise des flammes et
maîtriser la fumée.

Source : www.eurosprinker.org

Découpage : près de 6 millions de pertes

Le 4 mai 2004, Treffort-Cuisiat (01). Dans une entreprise de traitement des métaux, un feu se
déclare vers 15 h sur une ligne d'application de peinture de pièces en plastique en cours de
démontage pour être transférée sur un autre site de la société. L'incendie se propage dans un
conduit de cheminée puis à la toiture du bâtiment de 1 500 m2. Les pompiers maîtrisent le
sinistre. Des travaux par points chauds (découpage d'une pièce métallique) sont à l'origine du
sinistre (inflammation de résidus de peinture). Aucune victime n'est à déplorer. Les
dommages matériels sont importants : 800 m2 de toiture détruits, chaînes de peinture
endommagées. Selon la presse, le préjudice est estimé de 5 à 6 M€ et la reconstruction
nécessitera 6 mois de travaux.

Source : http://aria.ecologie.gouv.fr

Les incendies par points chauds au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, les gros incendies (de plus de 75 000 € ) ayant pour origine des travaux par
points chauds ont coûté environ 16,05 M€ en 2002 (pour 13 sinistres), contre 4,9 M€ en 2001
(8 sinistres). Ils représentent 5,7 % du coût total causé par les gros sinistres en 2002, contre
3,8 % en 2001. Sur la période 1998-2002, 55 gros sinistres par points chauds ont été
enregistrés, dont 25 ont pris au niveau du toit. Les établissements scolaires et les entrepôts
sont les plus touchés par ce type de sinistres.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 46


Source : Fire Prevention

TRAVAUX PAR POINTS CHAUDS


B) MESURES DE PRÉVENTION
Avant tout début d'opération

 Etablir un permis de feu. Faire signer tous les exemplaires par tous les intervenants.
 Vérifier le matériel

Le matériel doit être en parfait état de fonctionnement (tuyaux, postes oxyacéthyléniques,


câbles électriques, isolants, prises de courant...). La tension d'utilisation doit être compatible
avec la tension d'alimentation de l'installation. Les appareils doivent être convenablement
raccordés.

 Inspecter et analyser

Il faut déterminer les risques provenant du local où les travaux seront exécutés et des locaux
contigus. Surveiller l'atmosphère (solvants volatils, peinture, gaz...) et ventiler si nécessaire.

 Etablir un périmètre de sécurité d'au moins 10 mètres.

C'est dans ce périmètre de sécurité que seront appliquées toutes les consignes et
prescriptions suivantes.

 Nettoyer

Les lieux devront être propres : les cartons, chiffons, graisses, matières plastiques,
poussières et sciures évacués ; y compris celles peu visibles : en hauteur ou dans les recoins.
Pour plus de sûreté, arroser éventuellement certaines parties du local. Absorber et
récupérer les solvants, peintures et hydrocarbures.

 Sécuriser

Les matériaux et matières inflammables devront être éloignées ou protégées. En particulier,


ceux qui se trouvent derrière des cloisons ou proches du lieu de l'intervention.

Si le travail est effectué sur un volume creux (réservoirs ou canalisations), s'assurer que le
dégazage est effectif (même vide, un récipient ayant contenu des liquides inflammables peut
encore receler une atmosphère explosible).

 Protéger

Au moyen de plaques métalliques ou de bâches ignifugées tous les matériaux, installations


inflammables qui ne peuvent être éloignés (cloisons légères, faux-plafonds, planchers,

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 47


éléments de charpente), y compris ceux qui sont placés derrière les cloisons et le long du
parcours des conduites traitées, devront être couverts.

 Boucher les ouvertures

Les ouvertures, interstices, fissures et passages divers dans les planchers seront obstrués
avec des matières incombustibles, jusqu'à 10 mètres au moins du lieu de travail.

 Contrôler l'atmosphère et établir une ventilation

Créer une ventilation efficace dans les endroits où les accumulations de vapeurs explosives
sont à craindre ou les endroits confinés où l'atmosphère risque d'être surchauffée par les
travaux. Contrôler avec un explosimètre.

 Prévoir des moyens de lutte

Des moyens d'alarme et de lutte contre le feu devront être placés à portée immédiate. Ceux-
ci devront comporter au moins un extincteur à eau pulvérisée de 9 litres et un extincteur
approprié à l'extinction d'un feu naissant à proximité des travaux. Dérouler les robinets
d'incendie armés.

 Désigner un auxiliaire

L'auxiliaire devra être nommé, instruit des mesures de sécurité pour assister l'opérateur
principal. En outre, il devra être capable de mettre en œuvre les moyens de lutte contre
l'incendie.

 Repérer les téléphones ou/et les moyens d'alarme les plus proches.
 Informer

Tous les employés susceptibles d'approcher le lieu du travail ou ceux qui travaillent à
proximité devront être informés des travaux. Ils devront avoir connaissance des mesures
d'urgence : évacuation, processus d'arrêt des machines etc.

Pendant le travail

 Ne jamais quitter les lieux

Sous aucun prétexte, les lieux et les matériels ne devront être abandonnés pendant la durée
des travaux. Les travaux doivent être prévus afin de ne pas être interrompu (pause déjeuner,
fin de la journée etc.). En cas de nécessité d'interruption les recommandations « après le
travail » doivent être appliquées.

 Effectuer le travail à deux

L'auxiliaire sera chargé de surveiller les projections de particules incandescentes et prête à


intervenir en cas d'accident ou de début d'incendie.

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 48


 Eloigner les risques

Tenir les bouteilles le plus loin possible de la zone de chaleur. Veiller à ce que les tuyaux
d'arrivée des gaz soient protégés du portage sur les cornières, du passage des véhicules...

 Rester vigilant

L'opérateur et celui (ou ceux) qui l'assiste(nt) doivent être attentifs à tout incident de
fonctionnement. En cas de doute, arrêter l'appareil et vérifier. Surveiller les points de chute
des projections incandescentes, les refroidir immédiatement si nécessaire.

 Contrôler les pièces traitées

Elles ne doivent pas devenir une source d'inflammation.

 Surveiller périodiquement l'atmosphère.

Après le travail

 Nettoyer les lieux

Les braises et débris incandescents devront être étouffées et évacuées.

 Inspecter les lieux

Veiller à scrupuleusement inspecter le lieu de travail, les environs, les locaux adjacents et les
locaux voisins communicant par des gaines, canalisations, aérations...

 Refroidir

Les parties susceptibles d'accumuler de la chaleur longtemps après la fin du travail devront
être refroidies.

 Organiser des rondes

Maintenir une surveillance rigoureuse pendant deux heures au moins après la cessation du
travail. En cas de doute, charger une personne de rester sur les lieux.

 Informer

La personne habilitée devra être informée de la fin des travaux. Les employés susceptibles
d'approcher le lieu du travail ou ceux qui travaillent à proximité devront être prévenus de la
fin des travaux et alerter sur la possibilité d'un départ de feu après les travaux.

 Restituer les matériels d'intervention


 Conserver le permis de feu

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 49


LE PERMIS DE FEU

Le permis de feu est établi dans un but de prévention contre les dangers d'incendie et
d'explosion occasionnés par des travaux par points chauds (chalumeaux et arc électrique).
Aucun travail avec appareil thermique ou produisant des étincelles ne peut être entrepris sans
l'accord préalable du chef d'entreprise ou de son délégataire habilité. Le permis de feu se
présente sous la forme d'un imprimé spécial comportant trois exemplaires, l'un destiné le plus
souvent au donneur d'ordre, le deuxième au dirigeant de l'entreprise chargée des travaux, le
troisième à l'agent veillant à la sécurité de l'opération. Il doit pouvoir être présenté à toute
réquisition.

Rédaction, durée et validité

Le chef d'établissement ayant la responsabilité de la sécurité incendie (ou son


représentant dûment habilité, le responsable de la sécurité, par exemple, s'il existe)
doit remplir le permis de feu. Sa signature l'engage. Il ne s'agit pas d'une
« couverture », mais d'un document qui atteste que toutes les mesures de sécurité ont
bien été prises. Le permis de feu demeure valable tant qu'aucun de ses éléments (lieu,
nature des travaux, intervenants...) n'a changé. C'est rarement le cas au-delà de
quelques jours. La durée prévisible des travaux est de toute façon une mention
obligatoire lors de son établissement. Le permis de feu doit être conservé tant que les
travaux ne sont pas terminés et que l'installation n'a pas été faite. Au minimum, 48
heures. Mais il est conseillé de l'archiver pour servir à l'historique des travaux.

Une obligation ?

Depuis l'arrêté du 19 mars 1993 pris en application de l'article R. 237-8 du code du


travail, le permis de feu est obligatoire pour les travaux de soudage oxyacéthylénique
effectués par une entreprise extérieure.

Pour Paris et les départements de Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne,


des mesures de sécurité équivalentes sont obligatoires pour toute « opération de
soudage, de découpage par chalumeau, arc électrique ou comportant l'usage d'une
flamme qui n'est pas effectuée dans un poste permanent de travail », sans que le
document soit mentionné, depuis l'ordonnance préfectorale du 16 février 1970.

Les prescriptions applicables aux installations classées pour la protection de


l'environnement prévoient fréquemment l'établissement d'un permis de feu. Pour les
installations soumises à déclaration, cette obligation est, le cas échéant, fixée aux
points 4.5 et 4.6 (du § 4 « Risques ») des arrêtés de prescriptions générales établis
suivant le canevas-type. Elle s'applique aux travaux de réparation ou d'aménagement
conduisant à une augmentation des risques (emploi d'une flamme ou d'une source
chaude par exemple). Les mêmes prescriptions sont imposées aux installations
soumises à autorisation présentant les mêmes types de risques, comme c'est le cas, par
exemple, pour les silos (article 20 de l'arrêté du 29 juillet 1998) ou les entrepôts
couverts (article 22 de l'arrêté du 5 août 2002).

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 50


Par ailleurs, il fait partie des exigences de base d'un nombre croissant d'assureurs. Si
un incendie se déclare par suite de travaux par points chauds et si aucun permis de feu
n'a été établi, l'indemnisation pourra être réduite.

Même dans les cas où la réglementation ne l'impose pas, quelle que soit la taille de
l'entreprise, que les travaux soient exécutés par le personnel propre à l'entreprise ou
par une entreprise extérieure, qu'ils soient de courte durée ou non, le permis de feu
permet de cadrer tous les travaux par point chaud en rappelant, au moyen de la liste de
contrôle imprimée au verso, les précautions à prendre.
(voir pages suivantes le fac-similé du permis de feu CNPP recto/verso)

RETOURS D'EXPÉRIENCE

Absence de permis de feu

Le 9 octobre 2003, dans le silo de maïs et d'orge d'une coopérative de Creuilly (14) (14 680
m3), le responsable du site constate vers 8 h 30 à son arrivée un départ de feu sur un monticule
de son d'un mètre qui s'est formé à l'extrémité d'un transporteur à bande situé en partie haute
du silo. Il intervient avec un extincteur à poudre ; des particules incandescentes se répandent
dans 2 cellules sans pour autant déclencher un feu. Il prévient alors les pompiers qui
interviennent à 8 h 43 et éteignent les flammes. Redoutant la présence de points chauds
résiduels et une explosion, les secours établissent un périmètre de sécurité de 300 m autour de
l'établissement ; 200 personnes sont évacuées et des restrictions de circulation sont mises en
place sur les 2 RD longeant l'établissement. Quelques points chauds sont effectivement
repérés avec un thermomètre électronique dans les 2 cellules ; les pompiers procèdent à leur
extinction. Un représentant de la préfecture, la municipalité, la gendarmerie et les services de
GDF sont présents sur les lieux. Lors d'un point de situation avec l'exploitant, il est établi que
tout risque d'explosion peut être écarté. Le périmètre de sécurité est levé en début d'après midi
après une reconnaissance avec une caméra thermique. L'exploitant isole les 250 t de maïs
dans des boisseaux. Une nouvelle reconnaissance du site en début de soirée ne révèle aucune
anomalie, l'intervention des pompiers s'achèvent à 20 h 30. L'accident n'a pas fait de victime
ni de dommage matériel. Lors des faits, le silo était à l'arrêt et en aération permanente en
partie haute. Des travaux de maintenance effectués la veille sur le chariot déverseur seraient à
l'origine de l'incident (emploi d'une meuleuse). L'inspection constate les faits et note en
particulier : son information tardive, la réalisation de travaux sans nettoyage préalable et sans
permis de feu, l'absence de témoin d'empoussièrement et de plan des zones de sécurité de
l'établissement, l'absence de formation à la sécurité du responsable de l'exploitation du silo et
de celui de la maintenance. Un arrêté de mise en demeure a été proposé au préfet.

Source : http://aria.ecologie.gouv.fr

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 51


INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 52
Non-respect du permis de feu lors d’une soudure à l’arc

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 53


C) TRAVAUX PAR POINTS CHAUDS : JURISPRUDENCE

LES PRINCIPAUX CAS DE FIGURE

Responsabilité

La désignation d'un responsable de la sécurité sur un permis de feu ne supprime pas la


responsabilité éventuelle de celui qui procède aux travaux visés par le permis. La procédure
de permis de feu n'exonère pas de sa responsabilité le professionnel qui procède à des
opérations par points chauds lorsque celui-ci commet des imprudences qui provoquent un
incendie (C. Cas., 1re ch., 29 mai 1996).

Source : Face au Risque n° 330, février 1997.

Responsabilité du donneur d'ordre

Les ouvriers de l'entreprise ont travaillé avec toutes les précautions nécessaires (l'un arrosant
en permanence et un second prêt à intervenir avec un extincteur) ; le client, qui a conservé la
maîtrise des travaux, en raison de la complexité de l'usine, est totalement responsable (Paris,
7e ch. B, 17 fév. 1984).

Source : Face au Risque n° 330, février 1997.

Responsabilité partagée

L'entreprise qui a commandé les travaux a fourni des appareils qui se sont révélés inefficaces
lors du sinistre ; celle qui les a exécutés n'a pas exigé le déplacement des matériaux
combustibles, les a insuffisamment protégés et n'a pas surveillé les lieux : responsabilité
partagée par moitié entre les parties (Bordeaux, 11 jan. 1984).

Source : Face au Risque n° 330, février 1997.

Défaut de permis de feu et de protection

L'entreprise a travaillé à 2,70 m de ballots de laine ; le client n'a pas délivré de permis de feu,
n'a pas assuré une protection efficace des matériaux ni surveillé les lieux : responsabilité d'un
tiers à la charge de ce dernier (Douai, 27 fév. 1981).

Source : Face au Risque n° 330, février 1997.

Nettoyage insuffisant des locaux

Le client n'a pas suffisamment nettoyé les locaux ; l'entreprise n'a pas vérifié si le nettoyage
était suffisant et son personnel n'était pas suffisamment entraîné au maniement de
l'extincteur : un tiers de responsabilité à la charge de ce dernier (Paris, 7e ch. B, 29 mars
1984).

INTELLIGENCES (ACTIVES INTACT) PREVENTION INCENDIE CSI Page 54


Source : Face au Risque n° 330, février 1997.

Mauvaise prise en compte des risques

Le client n'a prévu aucun extincteur et l'entrepreneur a déclenché des gerbes d'étincelles à
proximité d'un atelier alors qu'il avait été prévenu des risques d'incendie : un tiers à la charger
du client (Nancy, 28 juin 1983).

Source : Face au Risque n° 330, février 1997.

Prise de risque de l'entreprise effectuant les travaux

L'entreprise qui a accepté de travailler à 50 cm au dessus de la marchandise est totalement


responsable car elle aurait dû s'abstenir d'entreprendre ces travaux tant que les marchandises
n'avaient pas été enlevées (Grenoble, 18 fév. 1975).

Source : Face au Risque n° 330, février 1997.

EXEMPLES D'AFFAIRES JUDICIAIRES

Synthèses réalisées à partir de la jurisprudence de la Cour de cassation, les arrêts et jugements


des juridictions d'appel et des juridictions du premier degré.

Sa cabine de peinture brûle : l'entreprise jugée responsable

Le 2 mai 1989, une société commande des travaux de réfection sur une cabine de peinture. En
début d'intervention à la meule, un incendie, provoqué par la présence d'un produit
inflammable, détruit entièrement la cabine. La compagnie d'assurance de la société utilisatrice
assigne l'entreprise intervenante en paiement des sommes réglées.

Elle fait valoir que, conformément aux mentions du permis de feu délivré par le maître de
l'ouvrage à l'entrepreneur, il appartenait aux employés de l'entreprise intervenante, qui avaient
eux-mêmes détecté la fuite de toluène et l'avaient signalée à la société, de ne pas reprendre le
travail sans s'assurer qu'elle avait été endiguée. Selon elle, les mesures de sécurité incombent
nécessairement à l'entreprise chargée des travaux.

La Cour retient que le permis oblige, non l'entreprise chargée des travaux, mais au contraire le
maître de l'ouvrage. Ce permis met à sa charge toutes mesures de sécurité avant, pendant et
après le travail. L'employé ne devait autoriser la reprise du travail qu'après s'être assuré que la
cabine de peinture avait été correctement nettoyée. Les ouvriers de l'entreprise intervenante
étaient chargés d'un travail ponctuel en présence d'un contremaître. Ils ne connaissaient pas
les détails de l'installation. Ils devaient donc nécessairement s'en remettre à ce responsable. La
faute de la société est donc l'unique cause du dommage.

La compagnie d'assurance est condamnée à payer à l'entreprise intervenante et à son


assurance une somme de près de 1 372 € .

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Source : Cour de Cassation, Chambre civile 3, Audience publique du 10 novembre 1998.

Soudeur blessé : employeur et chargés de sécurité condamnés

Dans un milieu confiné, une tôle située en hauteur doit être découpée au chalumeau. La chute
de particules métalliques incandescentes provoque une prise de feu sur les tuyaux en
caoutchouc alimentant le chalumeau. La propagation du feu est accélérée par les poussières
accumulées sur la tôle découpée. Le soudeur, chargé des travaux, est grièvement blessé lors
de l'incendie.

Le tribunal reproche à l'employeur d'avoir causé des blessures involontaires ayant entraîné
une incapacité permanente de travail de plus de 3 mois, par maladresse, imprudence,
inattention, négligence et non-respect des règles de sécurité. Selon la Cour, il apparaît que
l'incendie est la conjonction de plusieurs négligences et d'imprudences, imputables pour partie
à chacun des responsables intervenant sur le chantier : l'employeur du soudeur, le président du
comité d'hygiène et de sécurité et le responsable de la sécurité de l'entreprise utilisatrice.

Il leur est reproché de ne pas avoir prévu l'établissement d'un permis de feu, de ne pas avoir
dépoussiéré le lieu du travail et de n'avoir pas prévu de système de secours (notamment la
présence d'une personne à proximité immédiate de l'orifice). Les trois parties sont jugées
responsables.

Source : Cour de Cassation, Chambre criminelle, Audience publique du 23 mai 2000.

L'entreprise, en retard sur les travaux, n'est pas responsable de l'incendie

Une entreprise commande la fourniture et l'installation d'un matériel d'occasion d'équarrissage


et de coupe de blocs de polystyrène. Le 30 avril 1986, les travaux de mise au point du
matériel sont effectués par deux employés de deux entreprises différentes. Les travaux, prévus
pour se terminer avant le redémarrage de l'usine, prennent du retard. L'usine rouvre ses portes
après les congés annuels et les travaux de réglage cohabitent avec l'activité de l'usine.

Des étincelles d'une disqueuse enflamment un bloc de polystyrène et provoquent un incendie


détruisant les installations de l'usine et les stocks de marchandises. L'entreprise utilisatrice
assigne les deux entreprises extérieures et leurs assureurs respectifs en réparation du préjudice
subi.

La Cour déclare l'entreprise utilisatrice seule responsable du sinistre. L'incendie a pour origine
le gaz pentane qui s'échappe des plaques de polystyrène fraîchement fabriquées et non
protégées par une bâche ignifugée. Ces plaques étaient situées à 4 m du poste de meulage. Le
service de sécurité de l'entreprise utilisatrice n'a pas critiqué l'emplacement. Il n'a pas signalé
le danger du pentane présent dans le polystyrène frais. Dans ces conditions, les employés des
entreprises extérieurs, professionnellement étrangers à la chimie du polystyrène, n'ont pas
engagé leur responsabilité en se trouvant à l'origine de l'inflammation.

L'entreprise utilisatrice reproche à l'arrêt de la Cour d'appel d'avoir mis hors de cause les
entreprises extérieures sans rechercher si le non-respect du délai contractuel de fin de travaux
ne constituait pas une faute sans laquelle le sinistre ne se serait pas produit.

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Selon la Cour, l'entreprise utilisatrice et ses assureurs n'ont pas évoqué cette hypothèse devant
la cour d'appel. La cour n'avait donc pas à procéder à une recherche qui ne lui avait pas été
demandée. La décision de la cour d'appel est confirmée par la Cour de cassation.

Source : Cour de Cassation, Chambre civile 1, Audience publique du 24 février 1998.

5 heures après son départ, l'artisan met le feu à la papeterie

Le 5 juillet 1984, un artisan chaudronnier, effectue à l'aide d'un chalumeau des travaux sur
une machine d'une papeterie. 5 heures après son intervention, un incendie se déclare dans les
locaux. Après expertise, l'entreprise utilisatrice et son assureur assignent l'artisan afin
d'obtenir indemnisation de leur préjudice. Ce dernier est condamné en appel.

Devant la cour de cassation, l'artisan reproche à la cour d'appel d'avoir exonéré le responsable
de l'entreprise utilisatrice de toute responsabilité dans l'incendie. Selon lui, elle n'a pas
recherché s'il avait satisfait aux obligations du « permis de feu », qui établissait le responsable
de l'entreprise utilisatrice comme agent chargé de la sécurité générale de l'opération.

La cour d'appel relève que le chaudronnier travaillait en permanence dans l'usine. Il exerçait
depuis 27 ans dans les papeteries et a toujours pris les précautions nécessaires pour éviter un
incendie. C'est un professionnel expérimenté qui ne pouvait ignorer les risques. Il avait alors
le devoir de prendre toutes les mesures de protection et de surveillance appropriées. Le permis
de feu ne peut en aucune façon le dispenser de telles mesures et ainsi transférer au
responsable de l'entreprise utilisatrice ses obligations.

Source : Cour de Cassation, Chambre civile 1, Audience publique du 29 mai 1996.

Le défaut de surveillance condamne la société

Le 6 mars 1984, un incendie se déclare dans l'usine d'un constructeur automobile après que
des ouvriers d'une entreprise extérieure ont procédé à des travaux de découpage de cheminées
de ventilation.

L'arrêt de la cour d'appel condamne l'entreprise extérieure à payer au constructeur automobile


143 300 € à titre de provision sur le montant de son préjudice.

Selon la Cour, il incombait à l'entreprise extérieure de vérifier si la bâche installée par le


constructeur pour isoler le chantier de l'atelier voisin (maintenu en activité) était ignifugée.

L'entreprise extérieure reproche à la Cour d'appel de n'avoir pas recherché si le constructeur


était tenue d'une obligation de renseignement propre à justifier, en cas d'inexécution, un
partage de responsabilité. Elle met ainsi à la charge de l'entreprise extérieure l'obligation de
vérifier l'ignifugation de la bâche, sans tenir compte du « devoir de coopération pesant sur le
créancier » et des consignes de sécurité annexées au contrat.

Mais l'expertise citée par la Cour de cassation constate que le feu a pour origine des particules
incandescentes qui ont été projetées involontairement dans une fosse où se trouvaient deux
cuves en matière plastique. Compte tenu notamment des consignes données aux entreprises
extérieures et contenues dans les permis de feu délivrés toutes les semaines, il ne fait aucun

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doute que l'entreprise extérieure est seule responsable du sinistre puisqu'elle avait la
responsabilité de la surveillance des lieux après les travaux.

Source : Cour de cassation, Chambre civile 1, Audience publique du 12 janvier 1988.

Entrepreneur, bailleur et locataire responsables à part égal

Une entreprise fait installer un chauffage central dans l'entrepôt qu'elle loue. Au cours des
travaux, un chalumeau manipulé par un ouvrier provoque un incendie. Une partie de
l'immeuble et des marchandises est détruite. Le bailleur et le locataire réclament à
l'entrepreneur la réparation du préjudice. En Appel, l'entrepreneur, le bailleur et le locataire
sont jugés à part égal responsables des dommages.

Selon la cour d'appel, le locataire aurait dû mettre l'entrepreneur au courant des moyens de
premiers secours contre l'incendie et aurait dû délivrer un permis de feu. Selon le locataire,
ces éléments ne suffisent pas pour établir un lien de causalité entre ses fautes et la réalisation
du dommage : c'est à l'entrepreneur d'exiger un permis de feu. La Cour retient que le locataire
avait entreposé des marchandises inflammables dans un entrepôt inachevé, irrégulièrement
construit, sans l'avis des services de secours et de lutte contre l'incendie.

Le bailleur n'a, quant à lui, pas recueilli l'avis de l'inspecteur départemental, a laissé son
locataire s'installer dans les locaux avant la délivrance d'un certificat de conformité et l'a
laissé entreposer des marchandises inflammables avant l'achèvement des travaux. Pour le
bailleur, ceci ne suffit pas à engager sa responsabilité dans la mesure où il n'y aurait aucun
lien de causalité avec le sinistre. Les locaux n'ayant joué aucun rôle dans la réalisation du
sinistre. La Cour de Cassation se base sur l'obligation de recueillir l'avis des services de
secours et lutte contre l'incendie contenue dans le permis de construire et confirme le
jugement de la cour d'appel. La responsabilité de l'incendie est partagée entre les trois parties.

Source : Cour de Cassation, Chambre civile 2, Audience publique du 30 juin 1982.

Employeur relaxé : jugement cassé

Le 19 août 1976, un ouvrier soudeur effectue des travaux de démontage et de découpage au


chalumeau d'une ancienne installation de conditionnement de siliciure de calcium. La
poussière de ce produit s'enflamme, occasionnant des brûlures et le décès de l'ouvrier. La
Cour d'appel retient que l'employeur a omis de pourvoir ses ouvriers de casques et d'habits de
protection alors même qu'un permis de feu avait été établi. Elle écarte sa responsabilité pénale
du chef d'homicide volontaire.

La mère de la victime forme un pourvoi contre l'arrêt de la cour d'appel de Chambéry qui a
relaxé l'employeur aux motifs que les blessures subies par l'ouvrier ont été l'effet du siliciure
de calcium. La cour d'appel souligne qu'il n'a pas procédé au nettoyage général de l'usine
puisque cette obligation a été prise par la direction de l'entreprise utilisatrice et qu'il n'était pas
mis au courant du risque encouru par l'effet flash du siliciure de calcium.

Par contre, un permis de feu avait été délivré et l'employeur aurait dû pourvoir ses ouvriers de
tenues particulières nécessaires à leur travail. La Cour d'appel a jugé que ces infractions
étaient sans lien avec le décès de l'ouvrier. Il s'agissait d'un flash de siliciure de calcium et non
d'un incendie.

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La mère de la victime affirme que la Cour d'appel a omis de rechercher si la faute du prévenu
était en relation avec la mort de son fils et si le port du casque et de vêtement de protection
aurait pu empêcher la mort. Le code pénal punit ceux qui par maladresse, imprudence,
inattention, négligence ou inobservation des règlements ont été involontairement la cause d'un
homicide. Selon la mère, l'employeur devrait être condamné, même si la faute n'était pas
prévisible.

De plus, en statuant, la cour d'appel a omis d'aviser la mère de la victime de la date de


l'audience. Le jugement de la cour d'appel est donc cassé. Au regard des articles du code
pénal, la relaxe de l'employeur est elle-aussi cassée. La demande de la mère concernant les
dommages et intérêt sera réexaminée. Les parties sont renvoyés devant la cour d'appel de
Lyon.

Source : Cour de Cassation, Chambre criminelle, Audience publique du 9 février 1982.

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