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Potié · Le Couvent Sainte Marie de La Tourette /

The Monastery of Sainte Marie de La Tourette


Philippe Potié

Le Corbusier:
Le Couvent Sainte Marie de La Tourette
The Monastery of Sainte Marie de La Tourette

Fondation Le Corbusier, Paris


Birkhäuser Publishers Basel · Boston · Berlin
Translation from French into English: Sarah Parsons, Paris Contents1 Sommaire1
Introduction 7 Introduction 7
Orientation Guide 8 Parcours de visite 8
· Promenade architecturale 10 · Promenade architecturale 10
· The Site 26 · Situation 26
· The Living Quarters: 30 · Habiter: 30
Entrance 30 L'entrée 30
Roof Terrace 32 Le toit terrasse 32
Monastic Cells 34 Les cellules 34
Communal Living Space 40 Les espaces communautaires 40
Circulation Zones 44 Les circulations 44
The Pilotis 46 Les pilotis 46
· Prayer Quarters: 46 · Prier: 46
The Oratory, Sacristy, Church L'oratoire, la sacristie,
and Side Chapel 46 les cryptes, l'église 46
Tour of the Grounds 48 Parcours extérieur 48
Tour of the Interior 52 Parcours intérieur 52

History of the Project 58 Histoire du projet 58


· The Client: Father Marie-Alain · Le commanditaire:
Couturier 60 le Père Marie-Alain Couturier 60
· Co-ordinating Architects: Iannis · Les collaborateurs: Iannis
Xenakis and André Wogenscky 63 Xenakis et André Wogenscky 63
· The Design Phase (1953–1956) 64 · Histoire du projet: 1953–1956 64

History of the Construction Process Histoire du chantier 78


78 · Les entrepreneurs 80
A CIP catalogue record for this book is available from the Library of Congress, Washington D.C.,
· The Contracting Firm 80 · La structure 83
USA.
· The Structural Frame 83 · Les trois ailes 84
Deutsche Bibliothek Cataloging-in-Publication Data · The Three Wings 84 · Le chantier: 1956–1960 86
· The Construction Phase
[LeCorbusier: le Couvent Sainte Marie de la Tourette] LeCorbusier: le Couvent Sainte Marie de la
Tourette, the Monastery of Sainte Marie de la Tourette / Fondation LeCorbusier. Philippe Potié. (1956–1960) 86 Les leçons du couvent 90
[Transl. from French into Engl.: Sarah Parsons]. - Boston ; Basel ; Berlin : Birkhäuser, 2001 · Les références: 92
ISBN 3-7643-6298-7 The Lesson of the Monastery 90 De la Chartreuse d'Ema aux
· Points of Reference: 92 Unités d'Habitation 92
This work is subject to copyright. All rights are reserved, whether the whole or part of the mate-
rial is concerned, specifically the rights of translation, reprinting, re-use of illustrations, recita- From the Charterhouse of Ema De l’abbaye du Thoronet au
tion, broadcasting, reproduction on microfilms or in other ways, and storage in data banks. For to the Unités d’Habitation 92 monastère du mont Athos 95
any kind of use, permission of the copyright owner must be obtained. Thoronet Abbey and the Pilotis, toit terasse, rampe 96
Monastery of Mt. Athos 95 Pilotis: le jardin ouvert 99
© 2001 Birkhäuser – Publishers for Architecture, P.O. Box 133, CH-4010 Basel, Switzerland.
© 2001 Fondation Le Corbusier, Paris, pour l’ensemble de l’œuvre de Le Corbusier Pilotis, Roof Terrace and Ramp 96 Le toit terrasse:
Pilotis: An Open Garden 99 jardin de méditation 99
Printed on acid-free paper produced from chlorine-free pulp. TCF ∞ The Roof Terrace: La rampe 100
Printed in Germany
A Garden of Meditation 99 · Matière et mise en œuvre 102
ISBN 3-7643-6298-7 The Ramp 100 Matière: le béton 102
· Materials and Their Application 102 Au-delà du rationalisme:
987654321 http://www.birkhauser.ch Concrete 102 «Hiératisme» 107
Beyond Rationalism: “Hieratism” 107 Trace, motif, empreinte 108 Introduction Introduction
Marks, Motifs and Imprints 108 · Machine et rationalité:
· The Machine and Rationality: l'ingénieur 110 “Create a silent dwelling place for one «Loger cent corps et cent cœurs dans
The Engineer 112 · Arbitraire: l'architecte 114 hundred bodies and one hundred le silence», telle fut la prière adressée
· Arbitrary Forms: The Architect 114 · Modénature 114 hearts”. Such was the prayer that Fa­ par le père Marie-Alain Couturier à ce­
· Profiling 114 · Le dessin: tracer 115 ther Marie-Alain Couturier offered up lui qu'il considérait comme le «plus
· Sketching the Outline 115 · Le nombre: mesurer 116 to Le Corbusier, whom he regarded grand architecte vivant». Pour Le Cor-
· Measurements and Proportions 116 · La musique des nombres 120 as “the greatest living architect”. On busier, alors âgé de 66 ans, le souvenir
· The Music of Numbers 120 · Le plasticien 126 hearing these words, the 66-year old de la Chartreuse d'Ema s'impose. Dès
· The Sculptor 126 Le Corbusier immediately thought of ses premiers écrits, il avait érigé ce mo­
Notes 130 the Carthusian monastery of Ema he nastère découvert lors de son voyage
Notes 130 Bibliographie 134 had visited during his trip to Italy in en Italie au rang d'archétype. Aussi,
Bibliography 134 1907, and which he had henceforth lorsque le père Couturier lui adresse ce
lauded as an archetype in his writings. programme, le projet de se confronter
With Father Couturier’s commission, he avec ce modèle se présente-t-il inévita­
would now be able to fashion his own blement à son esprit; il allait pouvoir
interpretation of the monastic model. donner son interprétation du modèle
However, it was a challenge that conventuel. Ce «défi» ouvre, avec le
raised one essential question: would temps du projet, l'espace d'un doute à
the built work be the product of a la mesure de l'enjeu: cette architecture
“criminal or worthy act”? It was with sera-t-elle «criminelle ou valable»?
this question in mind that Le Corbusier C'est en ces termes que Le Corbusier
travelled down to the site on 4 May s'interroge en se rendant le 4 mai
1953; there, on a hill in Eveux, he 1953 sur la colline d'Eveux où, prenant
breathed in the ambience of the sur- la mesure des lieux, il décidera, carnet
roundings and, sketchbook in hand, à la main, des caractères distinctifs du
started to compose the shapes and couvent.
forms of the monastery.
Site of the monastery

Le site du couvent

6 7
Orientation Guide
Parcours de visite
Promenade architecturale

10 11
3

4 6

12 13
7

14 15
9

8 10

16 17
11

13

12 14

18 19
15 17

16

18

20 21
19

22 23
1 West facade 11 Loggia of a cell
Façade ouest Loggia d’une cellule

2 South facade 12 Atrium (interior)


Façade sud Atrium – Intérieur

3 East facade – belfry and light cannon 13 Inside the monastery – church and
Façade est – Clocher et canon à lumière sacristy
Intérieur du couvent – Eglise, sacristie
4 South facade – sacristy
Façade sud – Sacristie 14 North facade
Façade nord
5 Inside the monastery – circulation zones
Intérieur du couvent – Circulation 15 Oratory
Oratoire
6 Inside the monastery – comb-shaped
pilotis and spiral staircase 16 Inside the monastery – atrium and
Intérieur du couvent – Pilotis en peigne corridor leading to the church
et escalier en colimaçon Intérieur du couvent – Atrium et
circulation vers l’église
7 Crypt and altar
Crypte et autel 17 Living quarters –H and Z panels
Ailes d’habitation – Panneaux H et Z
8 Gargoyle on the spiral staircase
Gargouille de l’escalier en colimaçon 18 View down into the monastery
Vue sur l’intérieur du couvent
9 Church (interior)
Eglise – Intérieur 19 Nave
Nef
10 Church (interior)
Eglise – Intérieur 20 Interior circulation zones
Circulation intérieure

20

24 25
The Site Situation
As of the thirteenth century, Domini­ La formation intellectuelle des pères
can monasteries became famed as dominicains présida à la fondation, dès
Meccas for theological and philosophi- le XIIIe siècle, des premiers couvents
cal thought2, but were nonetheless lo­ qui devinrent de hauts lieux de la ré­
cated close to towns and cities given flexion théologique et philosophique2.
that the Order’s initial vocation was to La vocation initiale de cet ordre prê-
awaken spirituality in people. Continu­- cheur le destinait à se rapprocher des
ing this tradition, the Provincial Do- villes pour aider à l'éveil spirituel des
minican Council for the Lyons region populations. Fidèle à cette tradition,
decided after the Second World War to après la seconde guerre mondiale, le
commission a local monastery for the conseil provincial des Dominicains pour
purpose of training friars. la région de Lyon décide d'édifier un
couvent afin d'encadrer la formation
By 1960 the construction was practi- des frères.
cally completed and young friars
would travel 25 kilometres by train À partir de 1960, le couvent presque
from Lyons, getting off at L’Arbresle achevé, le jeune frère venant de Lyon si­
which is snuggled in a valley just be­ tué à 25 km faisait escale à L'Arbresle
low the monastery. If they had no dans la vallée encaissée en contrebas du
means of transport other than their couvent. S'il ne trouvait pas de moyen
own two feet, then they would have de transport, il lui fallait ensuite gravir
to start the long climb up from the un long chemin depuis la gare. La décli-
station. The Massif Central foothills vité de ces contreforts du Massif Central
are fairly steep, and the site is at the est assez forte et le couvent se trouvant
top of a hill so it is like scaling a huge placé au sommet d'une colline, la route
ramp, with the hilly region slowly un- devient une grande rampe d'où l'on dé­
folding before one’s eyes. The actual couvre progressivement les monts du
physical effort required in accessing Lyonnais. L'accès au couvent se mérite
the monastery begets the sensation of et construit, par l'effort physique de­
private retreat. The building remains mandé, son isolement. Arrivé au bout de
elusively hidden along the uphill climb, ce parcours, sans avoir pu véritablement
its facades slipping out of sight, and découvrir les bâtiments dont les façades
then, once at the top, the wall of the se dérobent à la vue, la paroi sombre de
north-east entrance looms starkly in l'entrée nord-est se présente, masquant
front yet concealing all the wonders encore, avec l'intérieur du couvent, l'ori-
within. ginalité de son parti.

Perched on the slope of a steep hill, Sur un flanc de colline en forte déclivité
four hefty structures mark out a rec- quatre corps de bâtiment délimitent une
tangular precinct that frames a central enceinte rectangulaire encadrant un
“cloister”. The very simplicity of this «cloître» central. Ce plan rigoureux évo­
strict plan mirrors ancient monasteries que dans sa simplicité les premiers cou­ Aerial views of the monastery
and medieval abbeys yet the ensuing vents et abbayes médiévales. Cette so­
Vues aériennes du couvent
sobriety is offset by a complex inter­ briété est cependant contredite par un
play of pilotis, stairs, ramps and “con­ jeu complexe de pilotis, d'escaliers, de

26 27
duits” that contradict the initial static rampes et de «conduits qui» vont désta­ Plans and cross-section
order. The buildings reach down from biliser cette statique initiale. Conçus à (FLC 1047, FLC 1051, FLC
1078)
the “horizontal top line” of the roof partir de «l'horizontale au sommet» du
terrace, each of them touching the toit-terrasse, les bâtiments «rejoignent» Plans et coupe du couvent
ground in different ways: the church, le sol de manière différenciée. Si l'église, (FLC 1047, FLC 1051, FLC
the crypt-like side chapel and the sac- la crypte et la sacristie ancre la masse 1078)

risty are all anchored to the hillside, imposante de leur mur dans la roche,
whereas the three wings of living les trois ailes d'habitations comme les
­quarters hover above the ground, rest- «conduits» s'appuient sur de légers pi­
ing on spindly pilotis of myriad shapes lotis aux tailles et aux formes les plus
and forms. These unlock glimpses of variées. De ce fait, le vide central du
the central void containing the en- «cloître», fermé dans son plan, est ainsi
closed “cloister” whose form bears réouvert par les espacements ménagers
none of the features of traditional par le jeu des pilotis verticaux. Dans le
­cloisters; instead, one follows an inter- même temps, les lieux de vie conven-
nal “promenade” intricately interwo­ tuels sont mis en sustentation, flottant
ven with diverse components contrast- enquelque sorte au-dessus du sol de­
ing sharply with the underlying sim- venu inaccessible dès lors qu'on entre
plicity of the plan. A number of struc- dans le couvent. La référence au cloître
tures further enrich this marriage of traditionnel disparaît alors au profit
openings and enclosed space while d'une promenade intérieure dont la
­setting out a game of geometry – the ­complexité des entrelacs contredit la
pyramid shape of the oratory for simplicité initiale du plan. Pour enrichir
example, or the billowing wall of the ces jeux d'ouvertures et d'obturation
side chapel, the spiralling outdoor spatiale, de nombreux édicules viennent
staircase of the atrium and the three animer cette volumétrie déjà fortement
cylindrical “light cannons” that take articulée. La pyramide de l'oratoire, l'on-
up their place in a fenestration design dulation du mur de la crypte, la spirale
orchestrated by multiple variants of de l'escalier extérieur de l'atrium comme
the “fenêtre à longueur” [strip win- les cylindres des «canons à lumière»
dow]. viennent prendre place dans une scéno­
graphie orchestrée par les multiples ver-
The monastery is accessed from its sions imaginées à partir de la «fenêtre
least eloquent side and at the top – en longueur».
the wrong way round as it were. The
imposing mass of the north wall of the On accède au couvent par son sommet
church suddenly rises up against the et par sa face la moins présente, à re­
sunlight, recalling images of ancient bours en quelque sorte. La masse impo-
walled abbeys. Several meters on, the sante et en contre jour de la face nord
wall stops, and through the gap there de l'église émerge brusquement, évo-
can be glimpsed a host of forms and quant les images des anciennes abbayes
volumes that set the scene in the cen- fortifiées. Quelques mètres plus loin la
tral cloister area. Looking down on to muraille s'interrompt pour révéler, dans
this space, one gains some insight into une faille taillée dans le mur d'enceinte,
the underlying design principles. It is la diversité des formes et des volumes
here that the volumes are raised from qui animent l'espace central du cloître.
the ground, seeming to hang oddly in La vue plongeante sur cet espace décou­

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mid-air, although in truth they are vre le principe qui ordonne le projet. La
moored to the banks of the hills by a sustentation des volumes au-dessus du
forest of pilotis planted in the earth. sol apparaît à ce moment, donnant l'im­
By introducing this aspect of architec- pression étrange que les bâtiments flot­
tural levitation right from the moment tent, simplement amarrés au rivage des
one approaches the building, the self-­ collines par une forêt de pilotis plantés
sufficient nature of monastic life is un­ en terre. L'autarcie du mode de vie mo­
derscored. In addition, Le Corbusier’s nacal se donne à lire dès l'entrée dans
beloved reference to ocean liners can cette lévitation des formes architectura­
be seen in one of its most literal forms les. La référence au modèle du paquebot
here. From the very outset therefore, transatlantique, cher à Le Corbusier,
one’s relationship with the site hinges trouve ici l'une de ses formalisations les
purely and simply on the visual spaces plus littérales. Après être entré dans le
created by skilful framing. couvent, le rapport au site ne se cons­
truit plus alors que par la composition
Starting from this upper point, the visi- des espaces visuels que l'architecture de
tor follows a downward path of “con- l'édifice règle selon des cadrages sa-
duits” and stairs that lead to the vari- vants.
ous buildings, discovering the secrets
of the monastery along the way. Partant de ce point haut, le couvent se
découvre donc en suivant la déclivité
des conduits et escaliers desservant les
The Living Quarters bâtiments. C'est ce parcours descendant Interior view “Still Life”, 1957 (FLC 19)
qui guide le promeneur.
Vue sur l’espace intérieur du couvent «Nature morte», 1957 (FLC 19)
Entrance

In 1955, Le Corbusier drew a sketch Habiter


for “Still Life”,3 a sculpture that plays
on a tense pull generated by an L'entrée
­orthogonal frame containing a series
of shapes that curve in both an orderly En 1955, Le Corbusier compose «Na­
and random fashion. This tension is ture-morte»3. Cette sculpture joue sur
heightened by a palette of bright col­ ­l'opposition d'un cadre orthogonal met-
ours, and the whole work seems to tant en scène des surfaces et des volu­
float above a “natural floor”, which in mes aux courbes réglées ou aléatoires
fact is the plinth. que renforce le traitement de plages co­
lorées. L'ensemble paraît flotter au-des-
The monastery entrance offers up this sus d'un «sol naturel» qui forme le so-
same play on sculptural syntax and cle.
can be read as a prelude of sorts. The
area is entirely open plan, as if there L'espace d'entrée qui accueille le visi-
were no limits – there is not even a teur retrouve ce même jeu d'écriture
guard rail. As for the porch (composed plastique et s'offre comme prélude à la
of a single portico), this acts as a découverte de l'œuvre. Le plan libre de
frame, calling to mind the arguments la dalle affirme initialement son indé­
Entrance – bench and mound
set forth by Le Corbusier in his debate pendance, aucun élément ne venant
with Perret on the strip window which ­masquer sa limite, Le Corbusier allant Portail d’entrée banc et monticule

30 31
were to feed his philosophy on using même jusqu'à se dispenser de garde-
fenestration to frame vistas. The overall corps. Le simple portique qui constitue le
result is thus a rational space stamped porche vient ensuite rappeler la fonction
with vertical and horizontal planes in de cadrage visuel affecté au traitement
which sculptural objects take up their de la «paroi» verticale. Ce «rappel» évo­
respective positions. A reception ­office que les premières prises de position qui
sits in the foreground, composed of l'opposèrent à Perret dans le débat sur
polylobed curves that sweep and la fenêtre en longueur et qui donnèrent
swerve in glorious freedom. Here, Le lieu par la suite aux développements de
Corbusier was repeating Phidias’ les­ sa philosophie de la «fenêtre» comme
son of the Parthenon: “It is in his con­ cadre visuel. Dans l'espace «rationnel»
tours that we can trace the plastic art­ défini par l'articulation de ces deux
ist; the engineer is effaced and the plans horizontaux et verticaux, l'objet
sculptor comes to life”4. The visitor’s plastique vient dans un troisième temps
eye is then drawn to a bizarre looking prendre sa place. Au premier plan, les
mound that leads on from a bench in courbes polylobées du local d’accueil af­
front of the office, marking a horizon- firment la liberté qui préside à leur tracé.
tal line. There are reports (of rather Le Corbusier reprend la leçon de ­Phidias
questionable reliability) that this con- au Parthénon: «A la modénature, on re­
tains debris from the building site, connaît le plasticien, l'ingénieur s'efface,
which was supposedly covered with le sculpteur travaille.»4 À l'arrière-plan,
concrete screed. Whether this be true dans le prolongement de la barre hori­ Polylobed walls of the reception office

or not, the shapeless knoll does serve zontale du banc, la volumétrie ­aléatoire Parois polylobées du local d’accueil
to enigmatically close off the taut d’un monticule attire le regard. À «l'in­
­sightline through the porch. The near- quiétante étrangeté» de cette forme, des
brutal rationality of the floor slabs récits apocryphes ont répondu en affir­
contrasts with the capricious nature of mant qu'il s'agissait là des restes du
the sculptural curving planes: “We can chantier coulés sous une chape de ci­
see that it is no longer a question of ment… L'informe du monticule clôt par
customary use nor of tradition, nor of son énigme la rigoureuse perspective
constructional methods, nor of adapta- ouverte par le cadre du porche. À la ra­
tion to utilitarian needs. It is a ques­ tionalité presque brutale de la dalle
tion of pure invention, so personal s'oppose l’arbitraire plastique qui pré-
that it may be called that of one side au dessin des surfaces incurvées:
man”5. Indeed, the whole design con- «On mesure qu'il ne s'agit plus d'usage
cept of the monastery is grounded in ni de traditions, ni de procédés construc-
this duality of shape and shapeless­- tifs, ni d'adaptations à des besoins utili­
ness. taires. Il s'agit de l'invention pure, per­
sonnelle au point qu'elle est celle d'un
Roof Terrace homme…»5. Cette dualité de la forme
et de l'informe sert d'exergue à la lec-
The roof terrace was originally de- ture du couvent tout entier.
signed to accommodate the c­ loister –
Le Corbusier envisioned monks at Le toit terrasse
prayer walking round and round the
flat roof beneath arches that were Le toit terrasse devait originellement ac­
supposed to have crowned the edifice. cueillir le cloître. Sous des arcades qui

32 33
Although this design solution never auraient couronné l'édifice, Le Corbusier
saw the light of day, the area is none- imaginait les moines en prière circulant
theless very much a place for strolling sur le pourtour des toits terrasses. Bien
and meditating. A wall measuring que ce programme n'ait pu être réalisé,
1.83m (the height of a man) was put cet espace est resté cependant un lieu
up to prevent the monks from gazing de méditation, un promenoir. Pour favo-
out to the maze of surrounding hills, riser cet état de concentration spirituelle,
thus ensuring that they concentrate on un mur à hauteur d’homme a été dressé
the spiritual task at hand. In return, à 1,83 m pour empêcher que le regard
though, the mysterious volumes of the aille se perdre dans le dédale des colli­
architecture provide abundant food for nes avoisinantes. En contrepartie, l’ar­ 1
metaphysical thought: there is the chitecture offre à la démarche contem-
prism of zenithal light created by the plative des volumes énigmatiques où la 1 Rooftop promenade
Promenade du toit-terrasse
church, the abstract sculptural forms réflexion métaphysique peut trouver ré­-
engendered by the belfry, the broken confort et stimulation: prisme d’éclaire­ 2 Skylight (access staircase)
line of the steps, the simple shape of a ment zénithal de l’église, sculpture abs­ Lanterne d’éclairage de l’escalier d’accès
planted hillock, and the geometric de­ traite du clocher, ligne brisée de 3 Corridor leading to the cells
sign of the staircase rooflight. Such ­l’emmarchement, simplicité d'une butte Couloir desservant les cellules
plain vocabulary can be said to ­mirror végétale, dessin géométrique de la lan­
4 View through the chink-like openings
Cistercian art and lifestyle, which Fa­ terne de l’escalier. Cette sobriété de lan­
Vue depuis la fente lumineuse
ther Couturier had encouraged Le gage fait écho à l’art et au mode de vie
­Corbusier to use as a model. cisterciens donnés en modèles par le
Père Couturier à Le Corbusier.
The Monastic Cells 2
Les cellules
There are two floors of cells, linked by
three steep flights of stairs ­requiring Trois escaliers relient les deux niveaux
careful footwork. Having passed this de cellules en exigeant du visiteur une
test, one arrives in a corridor that runs attention particulière compte tenu de la
along the three wings of living quar- raideur de leur pente. Cette épreuve
ters leading to all the cells. These ac­ ­passée, on accède au corridor qui des-
cess corridors, whose squared section sert les cellules sur toute la longueur des
measures 2.26m, are lit by thin hori­ trois ailes d'habitation. Ces couloirs de
zontal slits offering visitors long zoom- section carrée de 2,26 mètres sont éclai-
like views of the building’s interior rés par une fente lumineuse qui permet
shapes. The theme of the strip window également de découvrir dans un long
is afforded a cinematic dimension travelling les volumes animant l'­intérieur
3
here, serving as a backdrop to the ar­ de l'espace du bâtiment. Le thème de la
chitectural narrative of the cloister as fenêtre en longueur prend ici une di­
it unravels like a ribbon. Whereas the mension cinématique en faisant défiler
structural staging of the monastery is ce ruban qui déroule le récit de l'archi­
screened on the roof terrace by a wall, tecture intérieure du cloître. Alors que le
in the corridors it is unveiled by the mur du toit terrasse cachait au regard le
slits which are placed at a height of spectacle du couvent, la fente du ­couloir
1.42m; the vistas are tightly framed, le lui révèle en cadrant strictement l'an­
though, as each chink only measures gle de vue. La fente placée à 1,42 m ne
33cm high. mesure que 33 cm de haut. 4

34 35
At either end of the corridors, i.e. at À chaque extrémité des couloirs, sur le
the end of each wing, one’s gaze falls pignon de chaque aile, le regard se con­
upon a rather ambiguous shape – a fronte à la figure ambiguë d'une ouver­
square opening pierced into the wall ture carrée pratiquée dans le mur
to which a sculptural object called “a ­s'ouvrant et se fermant à la fois sur un
concrete flower” is attached. It com- objet-sculpture qui reçut le nom de
prises a single slab of concrete angled «fleur de béton». Simple plaque de bé­
so as to reflect the light, all the while ton inclinée de manière à réfléchir la
masking views of the surrounding lu­mière tout en masquant la vue sur le
­landscape. The aim of this window and ­paysage environnant, ce dispositif n'a
its attachment is not to serve as an pas de fonction si ce n'est de mettre en
opening and closing device, but rather scène ce jeu sans fin d'ouverture et
as an instrument for staging a scene d'obturation qui de l'œil jusqu'à la mé­
that produces a mechanical, photo- canique photographique fait naître le re­
graphic effect. Just like the monstrous gard. Telles les figures monstrueuses qui
figures on medieval capitals, these ornaient les chapiteaux médiévaux, ces
“concrete flowers” spy on people «fleurs de béton» épient le promeneur
­walking by and render them unsure of pour mettre en doute les certitudes de
what they are actually seeing. son regard.

Given their role as places of medita- Autre lieu de méditation, la cellule mo­ Wardrobe and bed (FLC K3-19-166) Plan of a cell (FLC 1075)
tion, the monastic cells were accorded nacale fait l’objet d’un traitement parti­
Perspective sur l’ensemble armoire et lit Plan de la cellule (FLC 1075)
special treatment in the design proc- culier, mais sur un registre différent.
(FLC K3-19-166)
ess, but in a different way to the roof Pour Le Corbusier, la cellule est une fi­-
terrace. In addition, since Le Corbusier gure exemplaire d’espace fonctionnel.
perceived cells as the exemplar of L’unité qui relie l’homme, son activité et
functional space, the element of unity la forme spatiale doit pouvoir s’exprimer
that links man with the activities he ici avec plus de clarté qu'ailleurs. Pour
performs and the space surrounding cette raison aussi, le module de la cel-
him had to be expressed more clearly lule servira d’étalon à la composition du
here than anywhere else. projet tout entier.

The guiding threads used in ­weaving Les réflexions développées autour de la


the design of the cellular spaces were conception d'un système de mesures
spun from the famous Modulor, a har­ ­harmoniques basé sur le nombre d'or
monic measure to the human scale qu'il rendra célèbre sous le nom de Mo-
based on the golden section. This dulor, servent de fils conducteurs au des­
­translates into the height of a man sin de cet espace. Ainsi la hauteur est-
standing with his arm raised, i.e. elle celle de l’homme la main levée, soit
2.26m. The same measure was a­ pplied 2, 26 m. La même mesure est donnée à
to the width of the fathers’ cells la largeur pour la cellule des pères (1,
(those of the friars are only 1.83m 83 m seulement pour celle des frères).
wide). All the cells measure 5.92m La longueur de 5, 92 m reprend une
long, representing another Modulor autre valeur du Modulor. Le Modulor, ici
proportion. The aim of the Modulor is partout présent, tend à mettre en accord
Sketch of a cell (FLC K3-19 171)
to provide a harmonious link between l’homme et son espace, par la force du
man and his surrounding space on the nombre et de la mesure dans l'espoir de Esquisse de la cellule (FLC K3-19 171)

36 37
strength of numerical proportions; the créer cette unité fonctionnelle et archi-
fact that it is omnipresent in the mo- tecturale dont Le Corbusier avait établi
nastic cells of La Tourette reveals the le programme.
extent to which Le Corbusier was
­seeking functional and architectural Les valeurs du Modulor aident de la
unity. même manière au dimensionnement des
diverses ouvertures: la loggia et les huis­
The various openings in the cells are series des fenêtres en reprennent les co­
equally designed to Modulor propor- tes. Les frères consacrant une grande
tions, as is evidenced in the measure- partie de la journée à étudier dans leur
ments of the loggias and window cellule, Le Corbusier a particulièrement
frames. Also, as the friars would be de­ étudié l'espace de travail qui joue sur
voting a large part of their day to l'articulation des espaces intérieurs et
studying in their cells, Le Corbusier extérieurs. Le dispositif repose sur la
paid careful attention to the work mise en relation de l'espace constitué
area, playing on interior and exterior par le bureau avec celui de la loggia par
space. Here, the design concept is l'entremise de la paroi vitrée qui forme
grounded in a dialectical relationship la charnière par laquelle le regard as­
between the desk and the loggia, with semble les deux lieux. Un simple enduit
glazing acting as a hinge that visually blanc projeté recouvre les murs à la ma-
connects the two spaces. The walls are nière du lait de chaux dont la pauvreté
finished with sprayed plaster, resem- revêtait pour Le Corbusier une valeur South facade Façade sud
bling whitewash, which Le Corbusier spirituelle liée à l'ascétisme qu'il évo-
felt evoked the spiritual aspect of as­ que.
ceticism.
À l'extérieur, les deux niveaux ­supérieurs
The cells of the monks run around the de cellules couronnent le bâtiment en
top two floors on the exterior rim of the ­définissant cette «horizontale au som­
building, hence forming the “horizontal met» dont Le Corbusier énonça le prin­
top line” sketched by Le Corbusier on cipe dès sa première visite du terrain.
his very first visit to the site. Since it was Puisqu'il s'agissait «de faire habiter des
a question of “housing men” on these hommes» ces deux niveaux devaient
two floors, it was decided that the same être traités à la manière des Unités
procedure should be adopted as the d’Habitation de Marseille ou de Rezé-
one used for the Unités d’Habitation in les-Nantes. Constructivement, le même
Marseilles and Rezé-les-Nantes. The fa­ travail des façades est repris avec l’utili­
cades are thus made of ­prefabricated sation d’éléments préfabriqués en béton
pebble-dashed concrete, and the dans lequel affleurent des galets. Les
moulds designed for Rezé-les-Nantes moules mis au point pour Rezé-les-­Nan-
were even transported to the monas- ­tes furent pour cela transportés au cou-
tery, with the wall panels being cast on vent et les panneaux coulés sur place.
site. Secular and lay housing come to­ Habitats séculier et régulier sont ainsi
gether here then, seated in the design conçus dans une perspective commune
logic of the Charterhouse of Ema that découverte par Le Corbusier à l’aube
Le Corbusier had discovered at the de sa carrière avec la Chartreuse d’Ema
dawn of his career and which became dont il fit son modèle de vie collective.
his model for collective living space. East facade Façade est

38 39
Communal Living Space Les espaces communautaires

The first three floors are ­dedicated to Les trois niveaux inférieurs sont ­destinés
communal ­areas. ­Given that the mon­ à la vie communautaire. Le couvent
astery was built as a ­teaching ­institu­- étant dédié à la formation des novices,
tion for novices, the library and class­ la bibliothèque et les salles de cours oc­
rooms occupy all three wings of the cupent la totalité des trois ailes du troi-
third storey. The second storey of the sième niveau. Le second niveau avec ces
west wing, which is arranged around a conduits et son atrium central, reçoit le
central atrium and impressive shaft- réfectoire et la salle du chapitre de la
like columns, is given over to the re­ seule aile ouest (les deux autres ailes re-
fectory and the chapter house; it is to posant à ce niveau au sol ou sur pilotis).
be noted that there is no other wing Les cuisines forment le premier niveau,
on this level as the south wing is le seul aisément accessible aux livrai-
borne up on pilotis at this point and sons. Fidèles au principe de distinction
the east wing touches the ground due entre éléments porteurs et parois, ces
to the drop in land level. The kitchens espaces se composent autour des deux
are on the floor below. All these public piliers placés à 2,20 m de la façade. Les
spaces are arranged around two pillars parois, les cloisons comme les éléments
placed 2.2m away from the facade, de façade marquent par leur traitement
thus falling in line with the principle différencié leur seule fonction d’écran.
of separating load-bearing elements Aussi c’est par la qualité propre des Prestressed pillars and beams in the Piliers et poutres précontraintes
refectory du réfectoire
and inner walls. The outer and inner parois de façades que chaque espace
walls feature a specific screen-like trouve son caractère. Le dessin des pan­
design ­solution characterized by H neaux préfabriqués (baptisés H et Z6 en
and Z ­panels6 on one side (so-called référence à leur dessin) réservés aux fa­
due to their form) and “pans de verre çades intérieures d’une part, les «pans
­ondulatoires” [undulating glazing] on de verre ondulatoires» d’autre part dé­
the other side. terminent la composition.

The H and Z panels were the ­outcome Ces panneaux représentent l'aboutisse­


of research into standardized wall ment, exposé dans les chapitres du Mo­
­components as described in Le dulor, d’une recherche sur la réalisation
­Corbusier’s publication on the d’éléments de paroi standardisés. L’ob­
­Modulor, and were supposed to jectif d'une production industrielle,
­project the rationality of mass produc- énoncé dès les années 20, marque ainsi
tion. However, they ended up being de ses accents rationalistes le dessin des
cast in-situ; they were also produced façades. Les panneaux H et Z sont en
in different sizes, due to the skewed l'occurrence simplement coulés à plat
grid pattern of the load-bearing struc- sur le chantier même, avant d'être mis
ture. And so the dreams of mass pro- en place. De plus, les contraintes de
duction fell by the wayside. Although dimensionnement liées à la trame irré­
early versions of the curtain wall were gulière de la structure porteuse ont né­
being produced around this time, the cessité la création de variantes nom-
facade panels of La Tourette more breuses qui ont fait oublier les rêves de
closely resemble the system of “respi­ production en série. Alors que se déve­ H and Z prefabricated panels inside the Panneaux préfabriqués H et Z de l’intérieur
ration exacte” [so-called by Le loppent dans la même période les pre­ refectory du réfectoire

40 41
­ orbusier to denote a double-skin sys­
C mières versions de murs-rideaux, ces
tem] which was first used in the Cité panneaux témoignent d'une vision ap­
de Refuge project. parue dès le projet de la Cité de Refuge.
Le concept de «respiration exacte» est
This modular system was originally in­ d’ailleurs toujours présent tout comme
tended to cover all the facades, but la séparation des fonctions d'éclaire-
­during the design phase another con- ment et de ventilation, cette dernière
cept came to light whereby the étant assurée par des panneaux pivo-
Modulor was accorded a totally differ- tant au profil d'aile d'avion. Ces aéra-
ent use. It was decided to juxtapose teurs qui courent sur la hauteur d’étage
­reinforced concrete mullions with ­­ s'intercalent entre les panneaux.
floor-to-ceiling glazing of varying
width, with the walls of the facade Ce système modulaire aurait dû couvrir
­being clad in the glazing, and the l’ensemble des façades si, au cours de
opaque mullions placed at varying in­ l’étude, un nouveau concept ne s’était
tervals along these walls. The rippling fait jour. Basés sur la simple juxtaposi­
­effect produced by these “ondulatoires” tion de potelets en béton armé et de
is central to the overall scheme and verre de largeur variée, les pans de verre
as a result, the static H and Z panels font du Modulor un usage bien différent.
adopt more of a backseat role. In Ils revêtent les façades extérieures alors
­addition, the functions of lighting que les panneaux ne sont plus réservés
and ventilation are divorced; ventila­ qu'aux façades intérieures. Le caractère Undulating glazing in the refectory Pans de verre «ondulatoires» du réfectoire
tors are slotted between the mullions dynamique des ondulatoires, qui sera
and are composed of pivoting panels souvent repris, est l’un des éléments dé-
shaped like aeroplane wings. terminants du projet et relègue à un rôle
secondaire la conception plus statique
The refectory can be read as a synthe­ des panneaux H et Z.
sis of the mass production theme that
prevails in the monastery’s three func­ Le grand réfectoire offre l'image synthé­
tional wings, with the raw logic of the tique du processus de composition sé­
free plan exposed in the strapping rielle qui prévaut dans la conception des
structural frame of bare, pre-stressed trois ailes fonctionnelles du ­couvent. La
concrete. The substructure speaks out, logique première du plan libre s'affirme
offering up a face wiped clean of dans l'imposante structure de béton pré­
make-up and composed of the materi- contraint livré brut de décoffrage. L'in­
als of the times. With regards to the frastructure parle, offrant le visage sans
notion of mass production, this is con­ fard des matériaux mis en œuvre selon
veyed in the manufactured aspect of le mode de production dominant de
the wall panels, which clearly distin­ l'époque. La production sérielle s'énonce
guishes them from the structural quant à elle dans l'accrochage des pan­
frame. Yet despite a striving for uni- neaux dont le mode de fabrication se
formity, the frame, the H and Z panels ­distingue clairement de celui de l'ossa-
and the “ondulatoires” all betray the ture. Contre toute volonté de continuité,
singular inventiveness that went into l'ossature, les panneaux H et Z et les on­
their creation. The fact that they are dulatoires revendiquent le principe d'in­
Swivel ventilator H prefabricated panels
brought together in this one place dépendance qui préside à leur création.
would seem almost fortuitous, for un- Leur rapprochement en ce lieu paraît Aérateur pivotant Panneaux préfabriqués H

42 43
like the sculptural approach that domi- formellement presque fortuit. À l'inverse 1 “Undulating” glazing
nates the chapel at Ronchamp ration­ de la démarche plastique qui domine à «Pan de verre ondulatoire»

ality is the ruling element here. Col- Ronchamp, c'est pour ce lieu et ce pro­ 2 Conduits and atrium
lage and juxtaposition reign, engen­ gramme spécifiques la pensée rationa- Conduits et atrium
dering segmentations and divisions as liste qui distribue les rôles. La composi- 3 Conduit leading to the church
well as uniformity. The combination of tion procède par collage et juxtaposition, Conduit menant à l’église
these elements, along with the shaft- privilégiant les effets de rupture, de
like columns, make the refectory an segmentation, de sérialisation. Le réfec­
important lesson in rational style, the toire avec son réseau de conduits consti­
foundations of which were laid by Le tue une des grandes leçons de cette
Corbusier. écriture rationaliste dont Le Corbusier a
jeté les fondements.
Circulation Zones
Les circulations
To connect the various spaces, Le
­Corbusier inverted the traditional Pour relier ces différents lieux, plutôt que
1
model of a square cloister and instead de recourir au plan classique du cloître
designed a cruciform shape composed ­circonscrivant un carré, Le ­Corbusier in-
of what he termed two “conduits” verse le modèle et dessine ce qu'il ap­
­[corridors] supported by pilotis. The pelle deux «conduits» posés sur pilotis
church, classrooms and atriums are formant une croix. L’église, les salles de
linked via these conduits which com- cours et l’atrium sont mis en connexion
prise a blank side and a glazed side par ces «conduits» composés d'une face
crinkling with “ondulatoires”. Once aveugle et d'une face vitrée rythmée par
again, the cinematic effect comes into l'ondulation des pans de verre. La qualité
play. Along the whole “promenade”, de ces espaces voués au déplacement
not only are we steeped in the dual tient encore une fois à leur traitement ci­
sensation of hovering and fast-motion, nématique. Une double sensation de sus­
but we also become physically aware tentation et «d'accélération» domine
of the void severing the building from cette «promenade» et c'est en parcou­
the ground. It is like walking on a rant ces conduits que l'on prend physi-
­sheltered deck, setting in motion a po­ quement conscience du vide qui sépare le
2
etic experience of sorts. The u­ ndulating bâtiment du sol naturel. L'impression de
movement of the floor-to-ceiling glaz­ circuler sur un pont abrité prédomine,
ing adds to the dramatic effect, char­ conférant à ces lieux leur poésie. À cet
acterized by a pattern of “compres- équilibre particulier du pont se joint la dy­
sions” and “decompressions” that namique propre du mouvement «ondula­
seems to match one’s own breathing toire» des pans de verre dont la succes-
while walking along. This sensation sion des «compressions» et des «décom-
reaches its apotheosis at the 9° incline pressions» semble suivre les respirations
of the ramp leading to the church. Al­ propres de la marche. Cette sensation est
together then, the “promenade portée à son point culminant lorsque s'y
­architecturale” showcased here pro- ajoute la forte déclivité (9%) de la rampe
vides a fine illustration of the theme of du conduit menant à l'église. La prome­
kinetic art that runs through the mon- nade architecturale n'est pas sans évo­
astery. quer ici les expérimentations de l'art ciné­
tique contemporain du couvent. 3

44 45
The Pilotis Les pilotis

A forest of pilotis of varying types and Une forêt de pilotis de genres et d’espè­
species carries the weight of the mon- ces variés soutient cet ensemble don­
astery, breeding unexpected sculptural nant lieu à des jeux plastiques inatten-
combinations. Taut cylindrical columns dus. À la rigueur des piliers cylindriques
and the rigid pillar-like west wall act et du mur pilier ouest s’oppose la fantai­
as a foil to the fanciful “comb” struc- sie du «peigne» portant l’atrium ou la
ture supporting the atrium, as well as croix servant d’assise à l'oratoire pyra-
to the cross holding up the pyramid- midal. La promenade des pilotis comme
shaped oratory. As with the roof ter- celle du toit terrasse laisse libre cours à
race, walking among the pilotis stokes l’arbitraire plastique volontairement re­
one’s sculptural imagination, in con- fusé à l’intérieur des espaces fonction-
trast to the interior functional spaces nels gérés par le Modulor. La pente na­ Atrium Atrium

of the monastery which are regulated turelle du terrain vient compléter ce dis­-
by the Modulor. The natural slope of positif en créant un espace ambigu voir
the terrain adds to the ambiguity, or étrange. Ouvert sur le paysage environ­
strangeness even, of this area posi- nant dans le sens de la déclivité, cet es­
tioned commandingly above the sur- pace se referme jusqu'à empêcher tout
rounding landscape and which is so passage lorsque l'on remonte cette
closed in on itself that visitors climbing pente enfermant le promeneur dans la
up the slope become entangled in a toile des conduits et des pilotis.
web of shafts and pilotis.

Prier:
Prayer Quarters:
L'oratoire, la sacristie, les cryptes,
The Oratory, Sacristy, Church and l'église
Side Chapel “Combs” supporting the atrium «Peignes» soutenant l’atrium
Les lieux de prière scandent les temps
The places dedicated to prayer mark forts du projet, chacun d’eux offrant
the strong musical beats of the com­ l’opportunité d’hypothèses formelles ra-
position, each one conveying a radi- dicalement différentes. Le brutalisme du
cally different tempo. The mass of the corps de l’église, l’étrange courbure de
main body of the church, the strange la chapelle, l’enchâssement pyramidal
curve of the side chapel, the pyramid de l’oratoire, les mystérieuses mitrailleu­
over the oratory and the mysterious ses de la sacristie pointées vers le ciel
machine gun shapes of the sacristy déclinent avec lyrisme la liberté de con­
pointed up to the sky all lyrically con- ception que Le Corbusier s’est octroyée
vey the design freedom Le Corbusier sans pour autant renier le fond rationa­
allowed himself. Yet he never turned liste de sa démarche. Faisant des contra-
his back on rationality, that life-giving dictions une force expressive, il pousse à
source of his whole conceptual ap- leurs extrêmes les jeux qu’elles lui per­
proach. He moulded each contradiction mettent. Une impression de grande séré­
into a vehicle of poetic expression, nité en émane qui donne à cette œuvre
pushing each play on contrast to its son aura particulière. Renonçant aux tra­
utmost limit. The result is a soothing cés régulateurs des premières années du South wing pilotis Pilotis de l’aile sud

46 47
sensation of serenity that emanates «Purisme», c’est l’expérience du sculp­
throughout, endowing the monastery teur qui se manifeste dans des associa­
with its own particular aura of peace. tions plastiques dont le paradoxe et la
The regulating lines of the early Purist surprise semblent être les règles domi-
years have gone, yielding their place to nantes.
the experienced hand of the sculptor
whose ruling principle was clearly to Parcours extérieur
combine the notions of paradox and
surprise. La visite du couvent par l'extérieur fait
découvrir, derrière les rangées de sculp-
Tour of the Grounds tures pilotis, les événements architectu-
raux de l'oratoire, de la sacristie et des
Wandering past the rows of pilotis chapelles que domine le monolithe de
sculptures, the visitor will come upon l'église.
some genuine examples of architec­
tural wizardry – the oratory, the sac­ L'oratoire propose la juxtaposition de
risty and the side chapel that is trois volumes. Une croix porte un cube
­grafted onto the monolithic block of qui lui-même supporte une pyramide7
the church. dont l’axe est légèrement décentré. Pour
introduire la lumière à l’intérieur de cet
The oratory translates into three juxta­ ensemble, un prisme de béton vient se
posed volumes. A cross bears the ficher dans le corps de la pyramide. La
weight of a cube which in turn sup- simplicité du vocabulaire contraste avec
ports a pyramid with a slightly off-cen- la violence de la syntaxe. Là encore, le
tre axis7. A concrete prism is wedged peintre puriste est présent dans ce tra-
into the main body of this pyramid, to vail de construction et de déconstruction
channel light down into the oratory. qui déstabilise en même temps qu’il fas­
The vocabulary is simple but the syn- cine le regard.
tax is violently complex. Here it is the
hand of the Purist artist at work, con- La sacristie plaquée contre la paroi écra-
structing and deconstructing in a way sante de l’église semble pareillement
that throws one’s gaze off balance, yet ­sortir d’un tableau puriste. À la
at the same time rivets it to the object ­frontalité des murs, les deux rangées de
being contemplated. «mitraillettes» répondent par un
­désaxement paradoxal, à la manière des
Colliding with the crushing mass of plans rabattus brutalement sur la sur-
the church wall, the sacristy equally face du tableau cubiste. Leur section tra­-
seems to have stepped straight out of pézoïdale ajoute à la confusion perspec-
a Purist painting. The two rows of tive et l’œil hésite devant cette déforma­
“machine guns” are pardoxically set tion anamorphique. A la manière des
off axis, creating an opposing pull corps platoniciens offerts à la médita-
with the head-on effect of the walls. tion des humanistes de la Renaissance,
Equally, it is not unlike a Cubist tab- ces objets provoquent l’interrogation. La
leau in which planar surfaces are bru- glose trouverait dans l'orientation de ces
tally folded back. The trapezoid section prismes qui suivent l’axe du solstice
of the “guns” adds to the dimensional d'été, l'occasion d'un nouveau commen-
confusion and the visitor’s eye wavers taire et pourrait apparenter ces prismes Sacristy and “machine guns” La sacristie et ses «mitraillettes»

48 49
at the sight of such anamorphic defor- à des gnomons. On trouvera dans cet Curved crypt
mation. These prisms are objects that ensemble la transcription architecturale wall

incite questions, just as the Platonic de l'intérêt manifesté par Le Corbusier La paroi
Solids nurtured the minds of Renais- pour la pensée alchimiste qui préside à incurvée de la
sance humanists. They might even be la rédaction du «Poème de l'Angle crypte
likened to gnomons, for they face the Droit».
summer solstice. What is unquestion-
able about this ensemble, though, is Avec la crypte accrochée à la face nord
that it is an architectural transcription de l'église, l’hypothèse reste la même
of Le Corbusier’s interest in alchemy mais par symétrie inverse, la courbe se
which prevails throughout the “Poème substitue au plan. Sur le fond de la paroi
de l’angle droit”. de béton brut de l'église, le mur de la
crypte s’incurve tel un ruban tandis que
Clamped to the north bare concrete les canons pointent leurs fûts tronqués
wall of the church, the side chapel fea­ vers le ciel. Le terme de voile de béton
tures a similar design solution but one est en quelque sorte pris à la lettre. Sa
which is rooted in curves rather than géométrie aléatoire renforce la «poésie
planes. Its wall curls round like a rib- de l’angle droit» de la grande muraille
bon, while the light cannons aim their qui lui sert de fond. Les canons à lu­
truncated barrels at the sky, twisting mière qui tendent de manière désordon-
and turning unavailingly towards the née leur forme conique à la recherche
sun. In a way, the term “concrete d’un impossible soleil ajoutent au para­
shell” was applied literally here. The doxe de cette scène. Un dialogue du
haphazard geometry of the overall même ordre était déjà entretenu à Ron-
structure reinforces the “poetic right champ entre la paroi de la chapelle et la
angle” of the large back wall, and the vasque destinée à recevoir l'eau de
unruly conic cannons add to the un­ pluie. On y retrouve en particulier le
derlying paradox of the scene. This is a thème récurrent de la paroi inclinée et
similar dialogue to the one struck up incurvée.
in Ronchamp between the chapel fa­
cade and the rainwater basin, not La grande masse de béton brut de
least due to the repeated theme of a l’église constitue le point d’orgue de la
curved, sloping wall. composition. Elle lui donne sa mesure,
tout comme «l’homme le bras levé»
The bare concrete mass of the church donnait la sienne à l’espace d’habita-
serves as a pause in the musical score. tion. Tous les édicules prennent leur sens
It sets the beat, just as the “man with en rapport à cette masse dépourvue en
his arm raised” does in the living quar- elle-même de caractère propre, si ce
ters. Every structure in the composition n’est d’en donner un à tous les autres.
acts out its script in relation to this Ancrée au sol, elle évoque une origine
huge bulk, which by itself plays no ­chtonienne. Sorte de mégalithe mo-
character – instead, it hands out roles derne, sa présence rappelle les construc-
to the buildings around it. Firmly an- tions des premières civilisations, pylônes
chored to the ground, it seems to have égyptiens, fortifications; Le Corbusier
chthonian origins. It might be a mod- avait lui-même évoqué les forteresses
ern megalith or a descendent of struc­ ­assyriennes. De fait, c’est la dimension
tures built by early civilizations, such paysagère qui se trouve révélée, la paroi The church L’église

50 51
as Egyptian pylons or ancient city de béton opérant à une échelle territo-
walls; even Le Corbusier himself com- riale. L’espace environnant est mis en
pared it with an Assyrian fortress. It scène par ce rectangle gris qui distribue
is certainly true that the impregnable autour de lui aussi bien les volumes ar­-
­concrete wall sets a territorial tone, chitecturaux que l’espace naturel. «L’ho­
both with respect to the surrounding rizontale» du sommet, en fait légère-
landscape and to the architectural vol- ment inclinée, donne ainsi à la déclivité
umes orchestrated by the rectangular du terrain naturel une place dans un dis­
grey mass. In addition, the sloping positif culturel où elle rejoint et affronte
ground, which encounters and con- chaque événement architectural ou
fronts each architectural and sculptural sculptural.
incident, is afforded the perfect dra-
matic setting by the “horizontal top Ce volume dépourvu d'ouverture re­
line” (which is not truly horizontal as prend le thème de la «boîte à miracle»
it slants slightly). que Le Corbusier réutilise encore quel­
ques années plus tard pour les projets
Stripped of all openings, the church des musées de Tokyo et d'Erlenbach. La
­design is a “miracle box” – a theme «boîte» devait accueillir «conférences
that Le Corbusier had designed for the ­audiovisuelles, musique, danse, théâtre,
Pavillon des Temps Nouveau in 1937 jeux électroniques». Avec La Tourette la
and would draw on again later in «boîte à miracle» retrouve son pro-
his museum designs for Tokyo and gramme littéral dans le mystère renou­
­Erlenbach. This box was initially cre- velé de l'eucharistie dont la liturgie met
ated to host “audio-visual conferences, en scène le rituel. L'accès à ce vaste vo­
music, dance and electronic games”, lume cubique de toile, voué au culte de
and entrance to the Pavilion, like to la société moderne, s'ouvrait également
the church of La Tourette, was via a par une grande porte sur pivot profilé en
large revolving door shaped like an aile d'avion8. Le pavillon de l'­exposition
­aeroplane wing8. However, in La de 1937 et l'église de La Tourette
­Tourette, the miracle box is endowed échangent leurs concepts en inversant
with its primary meaning, especially at simplement leur polarité: les ­matériaux
each Eucharist, when it becomes sont tout à la fois archaïques et
shrouded in all the mysterious ritual «d'avant garde», l'évocation religieuse
procedures of the liturgy. In sum, then, latente dans un cas devenant patente
the Pavilion and the church share par­ dans l'autre.
allel concepts: their materials are both
archaic and avant garde, and the la- Parcours intérieur
tent reference to religion in the former
scheme becomes patent in the latter. La dimension chtonienne est ­redoublée
par le parcours intérieur de ces espaces.
Tour of the Interior Depuis l’atrium central il faut descendre
la rampe jusqu’à la grande porte pivo-
The chthonian element becomes even tante noire qui donne accès à l’église ou
more pronounced inside the aforemen­ bien tourner sur la droite pour descen­
tioned spaces. A ramp leads from dre dans un dédale souterrain passant
the central atrium up to the huge dark sous le transept et aboutissant aux cha­
swivel door that opens onto the pelles où les moines chaque matin de- Altar lit by a “light cannon” Autel éclairé par un «canon à lumière»

52 53
church. Otherwise one can turn right, vaient individuellement célébrer la
down into an underground labyrinth messe. Sept autels y sont disposés qui
that passes beneath the transept and suivent par palier la pente du terrain. La
comes out into the side chapel, in- courbe du mur enveloppe l’officiant qui
tended for the monks to individually reçoit des canons à lumière une lueur
celebrate morning mass. There are ­zénithale colorée se détachant du pla­
seven side altars in all, stepped in line fond bleu dont le poids semble celui
with the sloping land. A curved wall is d’une pierre tombale; les accents ex­
wrapped around these altars and light pressionnistes des volumes de la crypte
is funnelled down from the cannons magnifient le mystère quotidien de
above, which emit a coloured hue re­ l’eucharistie.
flecting the blue ceiling whose heavy
mass resembles a tombstone. The Passée la porte monumentale, le volume
whole chapel is imbued with expres- de l’église impose sa puissance. La forte
sionist tones that magnify the daily présence des parois de béton est renfor­
mystery of the Eucharist. cée par le masquage des dispositifs
d’éclairement. Alors qu’à l’extérieur les
Once through the monumental door, the organes dispensateurs de lumière sont
visitor reels at the sheer force of the volontairement exhibés, ils ne se tradui­
church. Concrete is omnipresent, gener- sent à l’intérieur que par des fentes lu­
ating a chilling effect that is heightened mineuses qui se dérobent pour laisser
by the lighting devices – whereas the s’exprimer le volume pur de la nef.
light-giving sources are on full view out-
Nave viewed from the main altar Organ case
side the church, inside they become Le corps de l'église développe vers l'ex­
mere slits that seem to have been térieur les membres qui lui permettent La nef vue depuis l’autel central Buffet d’orgue
tucked discreetly away so as to focus de capter la lumière ou d'émettre des
fully on the pure space of the nave. sons. La sacristie, les cryptes comme le
buffet d'orgue9 forment des excroissan­
The sacristy, side chapel and organ ces développées depuis les parois de la
case9 – the parts that enable light to nef centrale. Au lieu de leur naissance, la
be captured and sound to resonate – paroi est simplement découpée, une in­
develop outward from the church, pro­ cision franche l'évidant sans ménager de
truding from the walls of the main transition formelle. Cette découpe sans
nave. No formal transition space was complaisance laisse des marques osten­
designed for the points where these sibles. Ainsi dans la perspective sur les
protrusions are attached; instead, the chapelles un simple «poteau mur» as­
wall was simply hollowed out and cut sume-t-il l'absence de toute transition
away by means of quick incisions, plastique qui aurait «justifié» son isole­
leaving a conspicuous mark each time. ment. Derrière l'autel, une fente verti-
For instance, looking towards the side cale créée dans l'angle droit replie la pa-
altars, a lone “stud wall” can be seen, roi vers l'extérieur de l'édifice pour lais­
shouldering the blame for its lack of ser filtrer la lumière sur toute la hauteur.
artistic features which might have jus­ Dans l'une de ces découpes, la grande
tified it standing on its own. A vertical porte pivotante inscrit sa surface noire
slot is inserted into the corner of the dépourvue d'huisserie. Ce jeu de décou­
wall behind the main altar, in effect pes brutalistes renforce l'orthogonalité
folding this wall back on the outside du volume et la boîte de béton paraît Vertical slot of light in the apse Fente lumineuse verticale de l’abside

54 55
of the building so that a long strip of plus rude. Sur le sol, mais soumis aux
light can stream in. Another cut-out chiffres du Modulor, ce même jeu se re­
shape is the swivel door stripped of a trouve dans la fragmentation de dalles
frame. This play on Brutalist cut-outs irrégulières de schistes noirs qui portent
underscores the orthogonal shape of l'autel.
the structure and makes the concrete
seem even harsher. A similar design Cette rigueur de l'angle droit qui préside
device can be seen in the fragmented au dessin du corps de l'église, contraste
uneven shapes of the black shale floor avec l'exubérance des organes qui y
slabs that carry the weight of the altar. prennent naissance. Cônes, voûte para­
Here, though, the slabs comply with bolique, prismes sortent du ventre de
Stud wall in the nave Choir stall and chink-like opening
Modulor proportions. l'église pour mettre à mal son savant
équilibre. Couverts de couleurs vives, ces Mur pilier de la nef Stalle et fente lumineuse
Rigid right angles may dominate the volumes composent une sorte de fres­
main body of the church, but these are que qui anime l'église de ses récits; ré­
sharply contrasted by a riot of protrud- cits abstraits à la manière des sculptures
ing limbs: cones, prisms and a parabolic ou des tapisseries que Le Corbusier réa-
roof jut out from the church’s belly, all lise pendant cette même période.
undermining the careful balance. These
brightly coloured shapes make up a sort Au dispositif de récepteur de lumière Le
of fresco that breathes life into the Corbusier avait adjoint un dispositif
church through narrative – a narrative émetteur de sonorité. Sur le toit de
that similarly features in the sculptures l'église avait été imaginée une vaste
and tapestries Le Corbusier was produc- conque acoustique chargée de trans-
ing around the same period. mettre dans la vallée les chants liturgi­
ques. Le Corbusier reprenait une idée
In addition to lighting devices, Le qu'il avait proposée à Ronchamp et que
Corbusier also provided for sound lui avait refusée le clergé. Il s'agissait de
­emission, designing a large acoustic construire «des machines sonores desti-
conch for the church roof that would nées à réaliser un nouveau style d'émis-
transmit liturgical chants down the sion électronique»10. La programmation
valley. Here, he was picking up on a en avait été étudiée par Edgar Varèse.
similar idea that he had wanted to put
in place in Ronchamp, but which had Finalement, tout comme pour le projet
been refused by the clergy. It was all a de Ronchamp, il fallut se contenter
question of making “sonorous ma- d'un clocher. Cet élément fut le dernier
chines producing a new style of elec­ auquel œuvra Le Corbusier. Son travail
tronic broadcast”.10 The musical pro­ de sculpteur remplaça celui du composi­
gramming was devised by Edgar teur.
Varèse. As it turned out, though, the
project was rejected just as it had
been for Ronchamp, and they had to
make do with a belfry – the last com-
ponent of the scheme that Le Corbusier Design study for the choir stalls (FLC 31750)

designed, demonstrating how his role Etude pour les stalles (FLC 31750)
as a composer was taken over by that
of sculptor.

56 57
History of the Project
Histoire du projet
The Client: Father Marie- Le commanditaire: le Père This encounter between a Dominican La rencontre du père dominicain avec
Alain Couturier Marie-Alain Couturier father and a man who had chosen his celui qui prit comme pseudonyme le
pseudonym after one of his Languedoc nom d'ancêtres languedociens laisse de­
Father Marie-Alain Couturier had Le Révérend Père Marie-Alain Coutu­ ancestors must surely have been rather viner quelque accent sulfureux. Le
trained in the plastic arts and even rier avait suivi une formation artisti­ heated. Le Corbusier was extremely ­Corbusier était très fier de ses origines
made a number of frescoes and que. Son talent lui valut d'ailleurs proud of his Mediterranean origins for, mé­diterranéennes qui, selon le récit
stained-glass windows. Above all, d'être l'auteur de vitraux et de fres­ according to family history, he was re­ familial, avaient pour souche les Cathares
though, he campaigned for the revival ques. Mais son rôle déterminant fut lated to the Cathars who had been chassés et exterminés au XIIIe siècle. A
of religious art. In 1936, he and Father d'abord celui d'un militant du renou- hunted down in the 13th century. It cette époque, la famille Jeanneret aurait
Régamey took over the editorship of a veau de l'art religieux. Avec le père was at this time that the Jeanneret immigré. Dans «Croisade ou le Crépus-
journal called “Art Sacré”, which was Régamey, il reprit en 1936 la revue family emigrated, so the family history cule des Académies»11, il commente
the propaganda vehicle for reformist «Art Sacré» qui fut l'organe de propa- goes. In “Croisade ou le Crépuscule avec orgueil cette généalogie qui fait de
opinions in the realm of Church art. gande du mouvement du même nom. des académies”11, Le Corbusier com- lui, sinon un «hérétique», tout au moins
Right from the outset, Father Couturier À l'origine de cet engagement, on ments proudly on his ancestry, saying un réfractaire à tous les modes de pen­
firmly stated that, “It would of course trouve la conviction du Père Couturier how this made him a “heretic”, or at sée dominants et en l'occurrence acadé­
be ideal if Christian art could be re- «…que pour la renaissance de l’art the very least someone who did not miques. On sait que sa bibliothèque con-
vived by men who are both geniuses chrétien l’idéal serait toujours d’avoir ­follow mainstream thought nor, by way tenait des ouvrages consacrés à ce sujet.
and saints. However, if such men do des génies qui soient en même temps of extension, academic ­tendencies. Et que dire de cette étrange occurrence
not exist, we believe that it would be des saints. Mais dans les circonstances There were even whole works dedi- historique, sans doute connue de Le
much safer in the present circum­ présentes, si de tels hommes n’existent cated to the subject on his book­ ­Corbusier et qui veut que ce soit Saint-
stances to commission geniuses with pas, nous pensons en effet que pour shelves. And then there is the rather Dominique12, fondateur de l'ordre, qui fut
no faith to bring about this renais­ provoquer cette renaissance, cette ré­ strange historic coincidence (of which chargé par le Pape Innocent III de rame-
sance, this resurrection, rather than surrection, il est plus sûr de s’adresser Le Corbusier was doubtlessly aware) ner la foi catholique en terre cathare?
­believers with no talent”. He accord- à des génies sans la foi qu’à des that Saint Dominic12 – founder of the D'une certaine manière, sept siècles
ingly commissioned Matisse, Rouault, croyants sans talent.» En accord avec Order – was bidden by Pope Innocent après, la confrontation a de nouveau
Léger, and Lipchitz to work on the ce principe, il fit travailler Matisse, III to bring Catholic faith back into the lieu, réitérant la scène primitive du prê­
churches of Vence, Assy and Rouault, Léger, Lipchitz dans les égli­ Cathar lands. In one way or another, it cheur dominicain invitant l'hérétique à
Audincourt and which all feature in ses de Vence, Assy et Audincourt qui was as if history were repeating itself faire acte de foi. On a pu, dans cette
“Art Sacré”. fournirent l'une des sources des publi- seven centuries later, with a Dominican perspective, évoquer à propos du cou­
cations de «L'Art Sacré». preacher asking the heretic to carry vent l'utilisation d'une symbolique d'ins­
Father Couturier undoubtedly had out an act of faith. In this regard, the piration cathare et manichéiste. Comme
much less difficulty convincing Le Le Père Couturier eut sans doute moins monastery of La Tourette can be said la publication du «Poème de l'Angle
­Corbusier (a resolute atheist) to design de difficulté à convaincre Le Corbusier, to portray a combined symbol of Droit» le fait sentir, il est indéniable que
a religious building than he did getting bien qu'athée, de se consacrer à une ­Catharism and Manicheism, as does all ce mode de pensée parcourt l'œuvre de
the Provincial Council of Dominicans architecture religieuse, qu'à faire accep- of Le Corbusier’s work to some extent; Le Corbusier et en particulier celle du
to accept such a controversial archi- ter au conseil provincial des dominicains it is even made paramount in the couvent; mais il faut replacer cette in-
tect. The two men first met in 1948, la personnalité de cet architecte contro- “Poème de l’angle droit”. However, it fluence dans une vision plus globale
during the Sainte Baume project. Then versé. Leur rencontre date de 1948, lors is a symbol that should be viewed in a mêlant la croyance en des forces archaï­
came the success of Ronchamp, fol- du projet de la Sainte Baume. Le projet wider context, namely as a mix be- ques à celle d'un culte de la nature. Cet
lowed by other commission requests, de Ronchamp suivit. Et le succès de cette tween a belief in archaic forces and an athéisme aux accents proto-religieux13
which Le Corbusier turned down, say- œuvre valut à son auteur d’autres de- ode to nature. It is a form of a­ theism permet en tout cas de mieux situer la
ing “I can’t build churches for men mandes qu’il refusa en expliquant: «je ne that might even be described as proto- communauté de pensée où les deux
who don’t live there”. So when Father peux pas construire des églises pour des religious,13 but which served as a hommes finissent par se retrouver dans
Couturier offered him the project of a gens que je ne loge pas». Aussi en 1952, thread for weaving a pattern of under­ une perspective spirituelle où les
monastery he could hardly refuse. lorsque le Père Couturier lui propose standing between the two men, ena- oppo­sés finalement tissent les rappro-
l’édification d’un couvent ne peut- bling them to reach common spiritual chements essentiels. Au-delà des dis-
il qu’accepter. ground. In fact, aside from the clear semblances certaines qui le distinguent

60 61
differences that distinguished Father du Père Couturier, Le Corbusier en évo­ The Co-ordinating Les collaborateurs:
Couturier from Le Corbusier, by evok- quant cette filiation cathare, se place de Architects: Iannis Xenakis Iannis Xenakis et André
ing his Cathar connections Le Corbusier fait comme un homme d'une certaine
and André Wogenscky Wogenscky
was admitting to a particular faith. foi; une foi particulière, celle manichéiste
Particular in a Manichean sense, donnant un poids égal au bien et au In 1953, Le Corbusier was at the En 1953 Le Corbusier est au faîte de sa
giving equal weight to the good and mal et pour laquelle la purification et height of his career. His time was carrière. Il doit suivre un grand nombre
the bad, and adopting purification de l'ascèse sont la règle. Au soir de sa spent overseeing a multitude of de projets: la série des Unités d’Habita-
and asceticism as a rule of thumb. To­ vie, le Père Couturier porte cet ultime schemes, including the Unités in tion de Rezé-les-Nantes et de Berlin, la
wards the dusk of his life, Father Cou­ témoignage: «Nous disions que non Rezé-les-Nantes and Berlin, the final fin du chantier de Ronchamp, les villas
turier uttered this final testimony: “We ­seulement nous tenions Le Corbusier construction phase of Ronchamp Jaoul, Shodan et Sarabhai. Mais c’est
used to say that not only did we be- pour le plus grand architecte vivant, and three private houses – the Jaoul, surtout l’expérience de Chandigarh qui
lieve that Le Corbusier was the grea­ mais encore pour celui en qui le sens Shodan and Sarabhai villas. Above va le retenir pendant cette période. Les
test living architect, but also that his spontané du sacré est le plus authenti­ all, though, he was tied up with voyages en Inde l’éloigneront ­souvent
spontaneous perception of the sacral que et le plus fort. »14 ­Chandigarh. His trips to India often du projet de La Tourette et cette ab­
world was the strongest and most au- led him away from the La Tourette sence est lisible à travers les docu-
thentic of anyone we knew”14. La communauté de pensée qui rappro­ ­pro­ject, as is evidenced in his corre- ments, les carnets évoquant à peine le
che les deux hommes pour le projet de spondence and sketchbooks in which projet du couvent. Dans les courriers,
The line of thought shared by the two La Tourette apparaît dans un article paru there is scarcely any mention of the esquisses ou plans conservés, ressort
men concerning the La Tourette project dans «L'Art Sacré»15 en 1950. Intitulé monastery. In all the surviving let- nettement le travail de ses collabora-
was expounded in an article published «Magnificence de la pauvreté», ces pa­ ters, sketches and plans relating to teurs. André Wogenscky y occupe une
in “Art Sacré” in 195015. Entitled “The ges retrouvent, sous la plume du père the project, it is the names and work place privilégiée puisqu'en l'absence du
Magnificence of Poverty”, it was writ- dominicain, les principes de pureté et de of his co-­ordinating architects that maître, il lui incombe de veiller sur le
ten by Father Couturier and sets out dénuement avancés par Le Corbusier et come up most. André Wogenscky held bon déroulement des activités de l'Ate­
the principles of purity and starkness dressent en même temps un descriptif a particu­larly privileged position, for lier de la rue de Sèvres. De fait, la ges-
advocated by Le Corbusier. The a­ rticle de l'église idéale qui pourrait être lu he was di­rectly responsible for the ­tion des opérations se trouve directe-
also paints a picture of the ideal comme le programme de l'église de La Atelier while the master was away and ment sous sa responsabilité et c'est à
church, which could be interpreted Tourette: «Aujourd'hui une église pour consequently oversaw all the working lui qu'incombe la production de l'en­
as the program for the church of La être vraie ne devrait être qu'un plafond drawings. The ever-faithful Fernand semble des dessins d'exécution. La
­Tourette: “Today, in order for a church plat sur quatre murs. Mais leurs propor- Gardien was appointed site supervisor liaison avec le chantier est assurée par
to be a “real” church, it should be tions réciproques, leur volume, la répar­ and he would travel down to Arbresle le fidèle Fernand Gardien qui multiplie
nothing other than a flat ceiling sup- tition de la lumière et des ombres pour- on numerous occasions to iron out the les voyages pour pallier les inévitables
ported by four walls. However, inside raient y être d'une telle pureté, d'une inevitable hitches that always crop up dysfonctionnements qui caractérisent la
there would be such pure and intense telle intensité que chacun, en y entrant, in a project. vie d'un projet.
use of correlative proportions, spatial en sentirait la dignité spirituelle et la so­
volumes and distribution of light and lennité.»16 Les illustrations choisies Having put “Wog” in charge of the Si la gestion des opérations repose sur
shadow that one would be instantly sont tout aussi révélatrices. Les photo- ­operational side, Le Corbusier chose les épaules de «Wog» c'est à Iannis Xe­
struck by its solemnity and spiritual graphies des églises de Saint Romain Iannis Xenakis to see through the nakis que Le Corbusier confie le déve-
dignity”16. The accompanying illustra- et de Jobourg présentent de grandes ­design of the scheme that he had loppement du projet qu'il a rapidement
tions are just as revealing. They com- surface murales sans ouvertures qui, si hastily sketched before leaving for esquissé avant son départ pour Chandi­
prise photographs of the churches of Le ­Corbusier en eut connaissance, ne ­Chandigarh. Iannis Xenakis was thirty- garh.
Saint Romain and Jobourg, showing furent pas sans influence sur son parti one at the time, and it was his very
vast walled surfaces with no ­openings architectural. first architectural job. He had gradu- Iannis Xenakis a trente et un ans lors­
which bear more than a passing re- ated in engineering from Athens Poly­ qu’il prend en charge cette étude archi­
semblance to Le Corbusier’s monastic technic before joining the Resistance tecturale, la première de sa carrière.
design. in which he fought first against the Jeune ingénieur formé à l'École Poly­
Germans then against the English. In technique d’Athènes, il avait intégré la
1947, he was forced to flee Greece for ­résistance pour lutter contre les Alle-

62 63
France, where a friend suggested that mands dans un premier temps, contre
he contact Vladimir Bodiansky and Le les Anglais dans un second, ce qui l’avait
Corbusier, as they were looking for an amené à quitter la Grèce précipitam-
engineer to work on the Marseilles ment pour débarquer en France en
­project17. Iannis Xenakis was not famil­ 1947. L'AT. BAT. («Atelier de ­Bâtisseurs»
iar with Le Corbusier’s work, but he mis en place par Le Corbusier pour sui­
swiftly seized the opportunity being of­ vre la réalisation de projets importants)
fered him. One day, he plucked up his et la rue de Sèvres avaient justement be­
courage and asked Le Corbusier if he soin d’un ingénieur et un camarade lui
would give him a project to work on. conseilla de prendre contact avec Vladi­
“As it happens, I’ve got a new project mir Bodiansky et Le Corbusier dans le
that will suit you perfectly” the master cadre du projet de Marseille.17 Iannis Xe­
is reported to have replied18. This deci- nakis ignorait l’œuvre de Le Corbusier,
sion was to have a major impact on La mais saisit rapidement l'opportunité qui
Tourette. As Iannis Xenakis himself re­ se présentait à lui. Aussi osa-t-il un jour
counts, Le Corbusier gave his team demander à Le Corbusier s’il acceptait
free rein, provided they shared his un- de lui confier un projet. «J’ai un nou-
derlying conceptual logic: “At the time veau projet qui vous conviendra parfai-
the monastery was being designed, tement; il faut que ce soit géométrique»
there was a large degree of complicity lui aurait-il répondu18. Cette décision
between the five or six of us ­working sera d’une grande importance pour La
with Le Corbusier. We clicked, and Tourette. Comme le relate Iannis Xena­
from then on Le Corbusier was open kis, Le Corbusier offrait à ses collabora­
to all suggestions”.19 teurs une liberté importante qui parti-
cipait de sa philosophie du projet: «À
l'époque de la conception du couvent, il
The Design Phase y avait une grande complicité entre tous
ceux, peu nombreux (quatre ou cinq) qui
1953 travaillaient avec Le Corbusier. Le cou­ Sketch drawn by Le Corbusier during his visit
rant passait… Le Corbusier était alors to the site on 4 May 1953 (FLC K3-19-179)
Le Corbusier went to Arbresle for the ouvert à toutes propositions.»19
Esquisse de Le Corbusier lors du voyage du 4
first time on 4 May 1953. He jotted mai 53 (FLC K3-19-179)
down comments about the site in his
sketchbook and drew a rough outline Histoire du projet
of the scheme, in which the quadran­
gular shape can already be clearly 1953
made out. It could be argued that it
reflects the design of Thoronet, which Le Corbusier se rend pour la première fois
Le Corbusier had recently visited on à l'Arbresle le 4 mai 1953. Les carnets
the advice of Father Couturier; never- ­portent témoignage de cette découverte
theless, Corbusian theory would leave des lieux en même temps que des pre-
its indelible stamp, turning the page in mières hypothèses de projet. La volumé-
monastic architecture. Pilotis form the trie quadrangulaire apparaît, reprenant
connecting point with the ground, peut-être le modèle du Thoronet visité
while an outdoor ramp links the lower peu de temps auparavant sur les conseils
level with the roof garden promenade. du Père Couturier, commanditaire de
A second sketch dated September l'ouvrage. Mais la théorie corbuséenne va

64 65
1953 reveals an even more explicit réécrire à sa manière cette page d’archi-
leaning towards this theme of a ramp tecture. Les pilotis marquent la liaison au
hyphenating the ground and roof ter- sol alors qu’une «rampe extérieure» joint
race, but it would gradually fade as le niveau bas à la «promenade toit jar-
the project progressed. The ramps din». Une seconde esquisse de septembre
seem to occupy the largest part of the 1953 montre l’attachement à ce thème
plan, clearly demonstrating that Le de la rampe reliant le sol au toit terrasse
­Corbusier had originally centred his et que l’évolution du projet fera peu à
­design on this idea. It can also be peu disparaître. Les rampes semblent oc­
­noted how the arches on the roof ter- cuper la plus grande partie du plan, mon­
race cloister (resembling the ones in trant clairement que c'est autour de ce
the Roq and Rob schemes20) that were thème que Le Corbusier a initialement
introduced into the first sketch are construit son projet. On remarque égale-
still there in the second one. Here ment que le couronnement du cloître toit Plan showing arched rooftop cloister (FLC
1156)
it is important to point out that the terrasse par un couvrement en voûtes à la
“mégaron” model with its system manière des projets Roq et Rob20, déjà Projet avec couronnement par un cloître voûté
of ­Mediterranean-type arches that présentes dans l'esquisse précédente, est (FLC 1156)
Le C ­ orbusier used in his work from maintenu. Le modèle du «mégaron» et
the Monol house in 1919 up until de son système de voûte caractéristique
the Jaoul villas, would have strongly de la Méditerranée, qui parcourt l'œuvre
marked the architecture of La Tourette de Le Corbusier depuis la maison Monol
had the budget not been slashed. The de 1919 jusqu'aux maisons Jaoul, aurait
fact that these two key design compo­ fortement marqué l'architecture de La
nents – the ramp and the arches – Tourette si des considérations budgétai­
were dropped led to a radical change res n'avaient remis en question sa réali­
in the original shape of the overall sation. Deux éléments fondateurs, la
scheme. rampe et les voûtes, vont donc disparaître
du projet de départ, modifiant considéra-
Another principle theme also emerges blement l'aspect initial de l'ensemble.
in the initial sketch, namely the shapes
and volumes engendered by using the Un autre thème est lisible, qui détermi­
horizontal line of the top floor as a nera la volumétrie en posant l’horizon­
starting point in the design. Visiting tale du dernier niveau comme base de
the monastery ten years later, Le travail. Le Corbusier témoigne, lors
Corbusier spoke of the concepts out- d’une visite au couvent dix années plus
lined in his early drawing: “Here, on tard, des principes esquissés dans ce
this site that was so mobile, so eva- ­premier dessin: «Ici, dans ce terrain qui
sive, sloping and flowing, I said: I était si mobile, si fuyant, descendant,
won’t place the base on the ground coulant, j’ai dit: je ne vais pas prendre
because it will be hidden. Instead let’s l’assiette par terre puisqu’elle se dé­
place it up high, along the top line of robe…. Prenons l’assiette en haut à
the building, blending it with the hori- l’horizontale du bâtiment au sommet,
zon. And we will use this horizontal laquelle composera avec l’horizon. Et à
top line as our point of departure, partir de cette horizontale au sommet,
reaching the ground as and when”.21 on mesurera toute chose depuis là et on
atteindra le sol au moment où on le tou­
chera»21.

66 67
The design phase did not really get L'étude du projet commence réellement
into full swing until the autumn, as is au cours de l’automne. La correspon-
borne out by letters sent between Le dance avec le Père Couturier, déjà sé­
Corbusier and Father Couturier, who rieusement malade, atteste de ce démar­
was already seriously ill by then. The rage des réflexions. Les nouvelles ne
news was not good. They were being sont cependant pas excellentes. Les fi­
refused the state funding they had nancements d'État escomptés viennent
been counting on,22 which resulted in d’être refusés22. Les Dominicains ren­-
the Dominicans having to struggle contreront tout au long du projet des
throughout the whole project to actu- difficultés considérables pour achever
ally get the work completed. In fact, l’ouvrage. Ainsi l’église ne sera-t-elle ja­
the church never was totally finished.23 mais totalement achevée23. Il faudra
Initial ideas were constantly having to régulièrement revoir à la baisse les ambi-
be ruled out, and this affected many tions initiales et le projet s’en ressentira
of the integral elements, such as the sur de nombreux points importants:
number of floors, the design of the nombre d’étages, traitement des parois
Sketch by Le Corbusier featuring the church
church walls, the cloister and so forth. de l'église, cloître, etc. with “aerial paths” and arched rooftop
cloister (FLC 1149)
1954 1954
Esquisse de Le Corbusier montrant l’église
avec ses «sentiers aériens» et son cloître
After a lapse, the project got back on En mars 1954, le projet reprend et voûté au sommet (FLC 1149)
track again in March 1954, with ­Iannis ­Iannis Xenakis en est responsable. C’est
Xenakis at the tiller. It is through par ses dessins laborieusement ­tracés à
­Xenakis’ drawings, laboriously traced la règle que l’on voit l’œuvre prendre
out using a ruler, that we can see how forme. Le plan en U fermé par le quadri­
the scheme really started taking shape. latère de l’église apparaît dès l’origine.
Right from the start, these plans show a Le dimensionnement général est déter-
U shape closed off by the quadrilateral miné par le nombre de cellules. Les 94
form of the church. The overall size and cellules réparties sur deux niveaux
volume was determined by the number fixent, avec le nombre d'habitants, la vo­
of residents and cells, which numbered lumétrie. Mais les principales réflexions
94 in total spread out over two floors. tournent autour de la question de la
The central design issue, though, was rampe menant au cloître du toit jardin.
the ramp leading to the roof cloister. Reprenant une esquisse de Le Corbusier,
Using a sketch by Le Corbusier, Iannis Iannis Xenakis produit une axonométrie
Xenakis produced an axonometry based qui présente le «système des sentiers
on a “system of aerial paths” which in­ aériens» auquel vient d’être adjoint le
cluded the cruciform conduits enabling plan en croix des conduits permettant
the monks to walk from one wing to de circuler d’une aile à l’autre. Cepen-
another. However, Father Belaud raised dant, le père Belaud qui se rend à l’Ate-
some objections to such a scheme, lier en avril exprime quelques réserves. Il
which he voiced in person at the Atelier fait remarquer que la disposition du cloî­
in the April. He argued that the layout tre n’est guère adaptée à la vie conven-
was hardly suited to monastic life, since tuelle qui fait de ce dernier un espace de
it turned the cloisters into a place for communication en même temps que de
communicating as well as contemplat­ contemplation. Par ailleurs, l’autel placé
ing, and he also made it clear that he au sommet d’une sorte de pyramide à

68 69
disapproved of the altar being placed at degrés à l’intérieur de l’église ne re­ Axonometry by I. Xénakis (FLC
the top of a sort of a stepped pyramid cueille pas non plus son assentiment. 1244)

­inside the church. This arrangement, Sans doute reprise du modèle réalisé à Axonométrie de I. Xénakis (FLC
which is undoubtedly a conceptual Ronchamp mais associée ici à l'autel, 1244)
cousin of the outdoor altar at Ronchamp, cette disposition évoque avec les tem­
evokes both Aztec temples and the ples aztèques la barbarie des cérémo-
barbarity of the sacrificial altar. However, nies sacrificielles auxquelles ils étaient
whereas the altar of Ronchamp stands voués. À Ronchamp, l'autel extérieur, sé­
apart from a pyramid erected in tribute paré de la pyramide dédiée au sacrifice
to French resistance members shot on des résistants morts sur cette colline
that hilly site (thus clearly separating ­pendant la seconde guerre mondiale, Altar design, set on an “Aztec
the two components) in La Tourette, scinde les deux notions. On comprend pyramid”. The crypt is not the piano
they would have been fused together. que le Père Belaud se soit chargé de shape it would eventual-
ly be. Drawing by I. Xénakis (FLC
No wonder then that Father Belaud faire disparaître cette forme hérétique.
1329)
was so intent on ridding the scheme
of such a “heretic” form. À ce stade de l'étude, on remarque la Projet d’autel sur une «pyramide
présence sur les parois de «diamants aztèque».
La forme de la crypte n’est pas
It is at this stage in the project that acoustiques» devant améliorer la sono-
encore celle du «piano» final.
“acoustic diamonds” first feature on the rité de la nef. Ce choix renvoie d'une
Dessin I. Xénakis (FLC 1329)
design of the church walls, intended to part à cette recherche de forme acousti­
improve the sound in the nave. This so­ que travaillée par Le Corbusier dans sa
lution was rooted partly in Le ­Corbusier’s sculpture comme dans son architecture
study of acoustics in his work as sculp- et d'autre part au parti constructif Design for the
tor and architect, and partly in the metal ­adopté pour le corps de l'église d'une inner wall with
frame planned for the main body of structure métallique. La chapelle nord “acoustic
the church. The north-facing chapel was n'est encore qu'un simple parallélépi­ diamonds”
still just a simple box shape, and none pède et aucun des éléments distinctifs (FLC 1064)

of the later distinctive features such tels que l'oratoire, l'escalier cylindrique Projet de paroi
as the ­oratory, spiral staircase or light ou les canons à lumière et mitraillettes avec «diamants
cannons and machine gun shapes had ne sont étudiés. Les panneaux de façade acoustiques»
been designed yet. The facade panels sont tous conçus sur le principe du dé­ (FLC 1064)

were all conceived in line with the har- coupage harmonique présenté dans le
monic proportions of the Modulor, as Modulor. Les quatre niveaux de façades
were the facades of the four-storey west (le couvent possède alors six niveaux) de H glazed section
wing (the plans show the monastery l'aile ouest reçoivent ce même traite- (FLC 1095)

reaching six storeys high at the time). ment. Pan de verre H


(FLC 1095)
A 1/50 model was eventually presented Finalement, une maquette au 1/50 est
in the latter part of 1954 to the Council présentée fin 1954 au conseil de direc-
of Dominicans and the design ­principles tion des Dominicains qui en accueille
were accordingly approved. André fa­vorablement les principes. André
­Wogenscky contacted Séchaud and Metz Wogenscky prend alors contact avec le
– a structural engineering firm – who cabinet d’ingénieurs Séchaud et Metz,
sent in an initial quote of 172 million et une première estimation du coût
old French francs, 52 million of which est ­chiffrée, 172 millions de francs de
were allotted to building the church. l'époque (dont 52 millions pour l’église).

70 71
1955 1955

Once the layout had been agreed on Le projet architectural peut alors entrer
and the plans approved, the second dans une seconde phase et s'émanciper
phase got underway. Two concepts de la volumétrie essentiellement distri-
that were as complementary as they butive qui a permis d'obtenir un accord
were contradictory were henceforth de principe. Deux processus complémen­
pitted against one another: on the one taires et opposés vont désormais pou­
hand, crisp right angles continued to voir se disputer l'énoncé du projet:
frame the main body of the scheme, d’une part la rectitude de l’angle droit
carving out the functional spaces ac- va continuer à cadrer les grandes mas­
cording to Modulor proportions, while ses du projet en découpant selon les va­
on the other hand, several highly indi­ leurs du Modulor les espaces fonction­
vidualized “objects” were grafted onto nels; d’autre part, sur cette trame vont
the grid pattern with a view to throw- se greffer des «objets» fortement singu­
ing the pure orthogonal volumes off larisés qui chercheront à déstabiliser la
balance. The whole strength of the pureté des volumes orthogonaux. La
scheme resides in this play on antago- force du projet tient à ce jeu d'antago-
nism, for which Le Corbusier was to nismes dont Le Corbusier va imaginer
dream up a range of scenarios. des scénarios variés.

Thanks to Iannis Xenakis being given Laissant libre cours à l’imagination de


carte blanche, several lighting devices Iannis Xenakis, plusieurs dispositifs
such as the machine guns in the sac- d’éclairement tels que les mitraillettes
risty and the light cannons in the side de la sacristie puis les canons à lumière
chapel came into being. Most notably, des cryptes font leur apparition. Mais
though, a highly original floor-to-ceil­ c’est surtout la conception novatrice des
ing window scheme was devised. Le pans de verre qui voit le jour. Le ­Corbusier
Corbusier had mentioned that on the avait remarqué que sur le chantier indien
Chandigarh site they were inserting on disposait les verres directement
the glass directly into the concrete dans des montants en béton et il invita
mullions and he suggested that ­Iannis Iannis Xenakis à développer ce principe.
Xenakis work on developing the same S’appuyant sur sa pratique musicale,
principle. Applying his musical knowl- ce dernier va donner corps à une figure
edge, Iannis Xenakis composed an ar­ marquante de ce projet en modifiant
rangement that would mark the beat l’aspect des façades et renouvelant
of the scheme: he modified the ap­ l’aspect de cette technique de panneaux.
pearance of the facades by unevenly En retour, ce principe d'ondulatoires
spacing the mullions, creating an va se retrouver sur le chantier indien
undulating glazed rhythm, or “ondu­ comme dans beaucoup d'ouvrage
latoires”. Interestingly, this principle de la même période.
was taken up in Chandigarh as well
as in many other works of the same C'est à ce moment que l’espace sonore
period. fait l’objet d'un traitement particulier.
Après les diamants acoustiques inté-
From then on, sound became key, with rieurs, Iannis Xenakis développe le thème Esquisses de «conques acoustiques» Sketches of “acoustic conches” (FLC 1312,
Iannis Xenakis developing an “acoustic d'une «conque acoustique». Transfor- (FLC 1312, FLC 1280, FLC 1237) FLC 1280, FLC 1237)

72 73
conch” on the heels of the acoustic mant l’église en immense instrument de
diamonds. He designed a huge pavil­ musique, il dessine un grand pavillon
ion for transmitting the sound of elec­ chargé de retransmettre dans la vallée le
tronic bells down the valley, literally son de cloches électroniques.
transforming the church into one huge
musical instrument. However, the prac­ Plus pragmatiquement, il s'agira six ans
tical considerations of the church plus tard de se soucier de l'acoustique
acoustics were not addressed until six de l'église sur la demande pressante des
years later, in response to ­increasing Dominicains. L'étude fait apparaître un
pressure brought to bear by the Do­ temps de réverbération de sept secon­
minicans. Studies revealed that it took des alors qu'une bonne acoustique ré­
seven seconds for the sound to re- clame un temps de 1"4. Les entreprises
verberate, whereas 1"4 is the time proposeront de recouvrir les parois de
required for acoustics to be of good la nef, mais Le Corbusier refusera cette
quality. The contracting firm suggested solution24. Les Dominicains estimeront
covering the walls of the nave, but Le finalement l'acoustique globalement
Corbusier turned this down flatly24. At satisfaisante.
the end of the day, the Dominicans
claimed they were generally satisfied Le Corbusier reprend le dessin des pilo­-
with the sound, so nothing was ever tis de l’atrium en leur donnant leur
done. ­forme sculpturale, se référant à un des­
sin déjà utilisé pour un escalier du toit
Le Corbusier reworked the design for de l'Unité de Rezé-les-Nantes. Il ajoute
the pilotis in the atrium, borrowing l’escalier en colimaçon de l’aile ouest re­
aspects from a design he had already liant aux salles de cours l'atrium. Il tra­
used for a roof stair in the Unité at vaille également à cette période aux
Rezé-les-Nantes. He also added a spi- premiers dessins du clocher.
ral staircase in the west wing, linking
the atrium with the classrooms. And Pendant que naissent ces formes, André
he began working on the design of Wogenscky consulte les entreprises, plus
the belfry. In the meantime, while all d'une trentaine.
these forms were taking shape, André
Wogenscky was doing the rounds of 1956
the contracting firms, which numbered
over thirty in total. En janvier 1956, lorsque les premiers
devis arrivent, la déconvenue est dou-
1956 loureuse. Les dépassements de prix avoi­
sinent les 30% et les tensions entre les
In January 1956, the first quotes auteurs du projet se font jour. Iannis
­started coming in, sparking disappoint- ­Xenakis envoie alors une première note à
ment and frustration – they overshot Le Corbusier, se faisant fort de résoudre
the budget by around 30%. Friction les principaux problèmes. André Wogens­
between the project members cky, qui depuis quelques mois avait
mounted and Iannis Xenakis sent the pris son indépendance en ­installant sa
first memo of many to Le Corbusier, propre agence rue Flandrin et qui sui­vait
explaining how he was sure the ­major le projet par fidélité à ses engagements Spiral staircase linking the atrium with the Escalier en colimaçon reliant l’atrium aux
problems could be solved. André auprès de Le Corbusier, se trouvait dans classrooms. salles de cours

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Wogenscky, who had set up his own une position difficile. Il était responsable lier: “I am convinced that the people in but d’atténuer ce défaut, cette m ­ aladie
practice several months previously in auprès du client de la bonne conduite your team are working too slowly and de votre équipe.» De plus, André
Rue Flandrin but was tracking the du projet et avait promis de ne pas that they are not taking enough time Wogenscky n’apprécie pas le dévelop-
project out of loyalty to Le Corbusier, dépasser un montant de 190 millions de in the design process to think of the pement qu’a pris le projet: «Il pouvait
found himself in rather a dilemma. He francs. Pour autant, il n’avait pas la maî- construction price. A two-year design être plus simple, plus épuré. Il contient
was responsible for making sure the trise du projet dont Iannis Xenakis était phase is too long… especially when à mon sens certains éléments trop dé­
project would be carried out in accord­ chargé. Le Corbusier quant à lui ne te- the budget is overrun by 40 million. I coratifs»26.
ance with the requirements of the cli- nait pas à trancher ce débat des respon- have drawn up a new organizational
ent, to whom he had promised not to sabilités ni à transiger sur son architec- plan in the aim of curing the disease Le Corbusier consentira à certaines mo­
go over 190 million francs. However, ture: «J’ai lu la note dont Iannis Xenakis that has afflicted your team”. More­ difications. Ainsi la hauteur générale du
he was not Iannis Xenakis’ boss. As for vous a envoyé un double… Il me semble over, André Wogenscky did not much bâtiment sera-t-elle abaissée. La perte
Le Corbusier, he did not want to take que son raisonnement se tient parfaite- care for the way the scheme was de­ d'un niveau en constituera donc l’élé-
sides in this power struggle, nor did he ment et que les modalités de réalisation veloping: “It could be plainer and ment le plus saillant avec le changement
want to compromise his own architec- vont être trouvées par vous et lui, et vos purer. To my mind it contains too many de mode constructif de l’église; l’ossa-
tural design: “I have read the memo collaborateurs naturellement, en famille. decorative features”.26 ture métallique initiale de l’église sera
sent by Iannis Xenakis, of which you Concernant le projet lui-même, j’ai fait en effet remplacée par une option béton
have received a copy. His argument la révision totale avec les simplifications Le Corbusier agreed to certain banché.
seems totally reasonable to me and I que le projet peut supporter. Je ne peux ­changes, two of which were crucial.
am sure that you and he will put your pas me livrer à d’autres suppressions First, the overall height of the ­building
heads together with the rest of the et je ne peux pas consentir à d’autres was lowered by one storey, and sec-
team, just like a family, and work out ­changements. Vous excuserez mon man­ ond, the metal frame that had origi­
an appropriate solution. Concerning que de modestie, mais j’aime ce projet; nally been decided on for the church
the scheme itself, I have revised and je le trouve bien fait et je voudrais le voir was replaced by shuttered concrete.
simplified it as much as can be feasi­ exécuter tel qu’il est là. Dites-vous bien
bly done. I cannot assent to any fur­ une chose: je n’ai pas à 68 ans à faire
ther deletions, nor can I allow any une démonstration d’architecture pas
other changes. Pray forgive my lack of chère. La marge des prix qu’il faut com-
modesty but I like this scheme. I find it primer est compressible: … je ne veux
well designed and I would like to see pas supprimer le parapet de terrasse. Je
it built just the way it is. Bear in mind ne veux pas supprimer les loggias, qui
one thing: at 68 years old I do not sont au point de vue moine la clef même
have to prove that I can make inex­ qui a inspiré toute mon architecture do­
pensive architecture. Those prices that mestique à partir de 1907 à la Char-
have to be cut can be cut (…). I do treuse d’Ema en Toscane.»25
not want to take out the roof terrace
parapet nor do I want to take out the André Wogenscky, visiblement affecté
loggias, for these have been central par cette position qui le met en porte-à-
to all of my domestic architecture faux par rapport au client qu’il défend,
projects since I came across them in donne quelques précisions sur les dys-
1907 at the Charterhouse of Ema in fonctionnements de l’Atelier: «je reste
Tuscany”.25 persuadé qu’on travaille trop lentement
dans votre équipe et sans s’occuper suf­
André Wogenscky was clearly troubled fisamment en cours d’étude du prix de
by this situation, which put him at la construction. Deux ans d’études c’est
odds with the client, for he responded trop,…, trop pour arriver à un dépasse-
by frankly setting out a few issues ment de 40 millions… . Je vous ai pro-
relating to the poor running of the Ate­ posé une nouvelle organisation dans le

76 77
History of the Construction
Process
Histoire du chantier
The Contracting Firm Les entrepreneurs
It was eventually the contractors Ce seront finalement les entrepreneurs
(­Sud-Est Travaux et Construction – qui apporteront la solution au problème
SETC) who came up with an answer en reprenant le projet de construction
to the money problem, by reworking sur des bases nouvelles. Le savoir faire
the construction concept. This firm de l'entreprise Sud-Est Travaux et Cons­
was highly specialized, due both to truction est particulier et tient à la fois à
its own specific history and to the son histoire propre et à celle plus géné-
more general developments that were rale du développement des techniques
taking place in the building industry de mise en œuvre du béton. Dans la ré­
regarding the use of concrete. In the gion lyonnaise, le béton brut n’avait été
area around Lyons, bare concrete employé en architecture à cette époque
had been very rarely used up until que de manière exceptionnelle. Seul
then in architecture. In fact, there René Gagès avait réussi à imposer cette
was just one person who had been technique en même temps que l'entre­
able to get it accepted: René Gagès, prise G.F.C. 27, seule capable de m­ aîtriser
who built a low-rent housing block in alors cette technique, lors de la réalisa­
954 in association with the contractor tion, en 1954, d'une HLM. Il est intéres­
G.F.C.27 (it is interesting to note that sant de noter que P. Favre, futur direc­
Pierre Favre, the future site ­architect teur du chantier de La Tourette, travailla
of La Tourette, was working with dans cette entreprise. Le couvent de La
G.F.C. at the time). The truth is that Tourette sera ainsi l’un des premiers
bare concrete was essentially a civil chantiers à mettre en œuvre ce ­matériau
engineering technique, with standard et cette technique. Le béton brut est es­
formwork and continuous flows of sentiellement une technique de travaux
ce­ment only being used for building publics. Coffrages réguliers et coulées
dams in the Alps. It just so happened continues ne sont guère utilisés à l’épo­
that the contractors who were as- que si ce n'est dans la construction des
signed the La Tourette project (Favre, barrages alpins. Or, les entrepreneurs Fa­
Burdin and Vallade) all had civil vre, Burdin et Vallade, qui vont prendre
engineering backgrounds, and work- en charge le projet, sont tous issus des
ing ­under the banner of SETC, they travaux publics et vont faire bénéficier le
applied their know-how to the monas- couvent de cette expérience. L’entreprise
tery, making it one of the first exam- Sud-Est Travaux et Construction qui va
ples of bare concrete architecture. les regrouper porte ce savoir-faire et
cette culture qu'elle va transférer dans le
SETC was set up on 7 August 1956 domaine du bâtiment.
specifically for the monastery project.
It was the fruit of a merger between Créée, le 7 août 1956 (pour répondre à
two companies based in Chambéry in la commande du couvent qui sera de ce
the French Alps: Pegaz and Pugeat fait son premier ouvrage), SETC est le
and Burdin-Peratone. The former was fruit de la fusion de deux entreprises de
experienced in constructing hydraulic Chambéry: Pegaz et Pugeat et Burdin-
dams, and since this particular market Peratone. La première, présente sur les
segment was in decline, it was seek- chantiers des barrages hydrauliques,
ing to expand into the building sector. cherchait à diversifier son activité dans Photos of the building site Photos de chantier

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As for Burdin – a young and dynamic le secteur du bâtiment en prévision de la real masterpiece of prestressing that trouve l'arrivée des câbles auxquels a
contractor – he had initially been disparition de ce type de marché. Par has been handed down to us in été appliquée une tension spécifique en
called on about the flooring, but he ailleurs, Burdin, jeune et dynamique en­ pho­tos of the construction site, and fonction de la charge que chacun devait
seized the opportunity, first by asking trepreneur, qui avait été consulté initia­ which can only be perceived in recevoir. Dans le cas de la chapelle, cette
Pegaz and Pugeat if they wanted to lement pour le lot «traitement de sol» the built work through the strange technique fut employée pour la réalisa-
go into partnership, then by ­sending saisit l'opportunité pour proposer d'une outgrowths that crown the wall, tion de la dalle de toiture qui devait sup-
in a quote for the overall project. part une association avec Pegaz et stigmatizing the strain of each tautly porter le poids considérable des canons
Thanks to their expertise, SETC were ­Pugeat et de l'autre un devis aux archi­ tensioned cable. à lumière. L’opération invita à réaliser un
able to bring down the costs substan­ tectes du couvent de La Tourette. Repen­ petit chef-d’œuvre de précontrainte
tially, which made the Atelier sit up sant l’ensemble du projet à partir de leur dont témoignent les photos de ­chantier
straightaway, and very quickly they savoir-faire, SETC aboutit à des réduc- The Structural Frame et dont on ne perçoit plus que les étran­
were offered the job. Their first step tions substantielles qui intéressent im­ ges excroissances qui couronnent le mur,
at the helm of the construction pro- médiatement les maîtres d'œuvre. Et Nowhere is the raw c­ onstructional es- stigmatisant l’effort de chaque câble au
cess was to replace Séchaud and très rapidement le principe consistant à sence of the monastery better ex­ travail.
Metz (the structural engineers) by their leur confier la direction des opérations posed than in the ensemble made up
own engineer – T. Jean-Bloch from s'impose. Leur première décision consis- of the church, the chapel and the sac-
Omnium Technique des Constructions tera à remplacer le bureau d'ingénieurs risty. Having discarded the metal La structure
(OTC). Séchaud et Metz par T. Jean-Bloch de frame, the project team set about
l’OTC, Omnium Technique des Construc- erecting a bare concrete wall – one of L'ensemble constitué par l'église, la cha­
SETC impacted the architecture of tions, leur ingénieur. Ce changement the earliest in the history of architec­ pelle et la sacristie représente le mo­
La Tourette in two major ways. First, symbolisera la prise de direction de la ture. Nonetheless, the shuttered con­ ment de vérité constructive du couvent.
the quality design of the wall construction par les entrepreneurs. crete does come across as slightly ar­ L'abandon du système d'ossature métal­
­shuttering. Vallade hired ­formworkers chaic; for instance, several courses of lique a permis de mettre en œuvre l'une
he had used for the dams and set Leur apport déterminant du point de vue concrete were applied and there are des premières parois de béton brut de
up a workshop on site, which ­attests de l’architecture réside d'une part dans multiple joins owing to the small l'histoire de l'architecture. Cependant, le
to how much the church and chapel la qualité des banchages et d'autre part ­shuttering panels used. It is a tech- béton banché utilisé reste marqué par
walls owe their outstanding quality dans l’emploi de la précontrainte. Pour nique that goes back as far as clay un certain archaïsme: les banches étant
to civil engineering skills. Second, maîtriser les techniques de coffrage, and adobe architecture, and was par- de petites dimensions, les raccords s'en
and even more determining, was Vallade engage des coffreurs qu’il a con­ ticularly popular in and around Lyon.28 trouvent en effet multipliés comme le
their prestressing technique. By em- nus sur les barrages et installe l’atelier This technique was then adapted nombre d'assises successives à mettre
ploying this method, the contractors sur le chantier de La Tourette. La réalisa­ using clinker concrete, and was again en œuvre. L'origine de cette technique
were able to considerably reduce the tion des parois de l’église ou de la cha- widely employed in the region. In remonte en fait à l'architecture de terre
height of the 3m-long girders and of pelle doit sa qualité assez exceptionnelle short, then, local construction prac- et au pisé pour lequel fut mis au point le
the 2.2m overhangs crossing the pour l’époque à ce savoir faire forgé sur tices and large-scale civil engineering système des banches que la ville de
wings of the building, which pleased les ouvrages de travaux publics. Plus dé- techniques were brought together, Lyon28 et sa région ont privilégié. Cette
Le Corbusier both from an architec- terminante encore sera l’utilisation de la giving rise to a visionary architectural technique de banche donnait lieu à la
tural and financial perspective. The précontrainte. Grâce à cette technique, design that can be heralded as a flag- même époque à une adaptation très ré­
technique left scars on the facades, la hauteur des poutres longues de trois ship of modernity. The roof was built pandue dans la région, utilisant un bé-
in the form of six points delineated mètres, comme des porte à faux de using prestressing techniques, while ton de mâchefer. Ainsi les grands chan­
by a rectangle at spandrel level; it is 2,20 m qui traversent les ailes du bâti­ the church walls bear the weight of tiers de génie civil et les procédés de
here that the cabling is run in, with ment, peut être considérablement ré­ sixty-two prestressed and butt-jointed construction vernaculaires se retrou­
each cable being tensioned in line duite, ce qui donne satisfaction à Le Cor- girders that were covered first in ce- vent-ils associés pour donner naissance
with the load assigned to it. The busier tant du point de vue architec­tural ment screed then in earth. Prefabri­ à un projet d'architecture symbole de la
same technique was also applied to que budgétaire. Cette technique laisse cated “sabla” slabs were hung from modernité. Quant au couvrement, il est
the roof slab of the chapel, given ses traces sur la façade en imprimant à these girders to constitute the ceiling. assuré par le recours aux techniques de
that it was to bear the heavy weight la hauteur des allèges six points circons- And lastly, the side chapel was précontrainte. Les murs de l'église sup-
of the light cannons. The result is a crits par un rectangle. À cet endroit se ­treated to a complex slab system portent soixante-deux poutres précon-

82 83
c­ omprising a “grid” of tensioned ca­ traintes jointives qui seront recouvertes
bles. d'une chape de ciment puis d'un sol na­
turel. Des dalles préfabriquées «sabla»
sont suspendues à ces poutres pour
The Three Wings constituer le plafond. La crypte, elle, re­
çoit une dalle complexe formée d'une
The construction principle u­ nderlying «trame» de câbles précontraints.
the structural frame of the three wings
is more complex than that of the
church. It was decided to use a con- Les trois ailes
crete frame, filled with bricks and rub-
ble, which meant spraying on plaster Le parti constructif qui préside à l'orga­
and thus concealing the construction nisation structurelle des trois ailes ne
system. Conversely, the structural inde­ possède ni la lisibilité ni la simplicité
pendence of the three wings can be rencontrées dans la lecture du projet de
clearly seen in the marked contrast be­ l'église. Le choix d'une ossature de bé­
tween the facades and the ends of ton, associée à un remplissage de hour­
Brutalist effect on the wall resulting from
each wing, creating a duality that dis et de briques, nécessite l'emploi d'un marks left by the shuttering
forms the mainspring of the composi- enduit projeté qui ne permet plus de sai­
tion. By adopting this radical s­ olution, sir le système constructif. Inversement, Les traces laissées par les banches créées
une modénature brutaliste qui donne à la
Le Corbusier also neatly created a re­ l'indépendance constructive des trois
paroi son caractère
turn corner for the three identical ailes se lit clairement dans l'opposition
wings. The smooth blank surfaces of affirmée entre pignon et façade. Cette
the ends, scarified solely by a few dualité constitue l'argument de la com­
“concrete flowers” and a gargoyle, position. De manière remarquable la
play the role traditionally accorded to succession façade pignon se donne à lire
corner pillars. frontalement sur chaque «face» du bâti­
ment. C'est par ce choix radical que Le
The size of the frame was based on Corbusier résoud la question du traite­
the width of the cells (1.83m and ment de l'angle et le problème du «re­
Frieze crowning the crypt, created by the tips
2.26m). These units, which were ad­ tournement» de trois ailes identiques. La
of the prestressed cables
joined in twos, threes or fours depend- face lisse et aveugle du pignon, mar-
ing on the function of each one, mark quée des seules scarifications des Les embouts des câbles de précontrainte
dessinent une frise qui couronne la crypte
out an uneven grid that bows to the «fleurs de béton» et d'une gargouille,
many irregularities engendered by the joue le rôle dévolu classiquement à la
plan. Post-and-beam partitioning was colonne d'angle.
used for the top two floors of cells,
whereas the lower floors contain a La conception de la structure repose du
system of prestressed girders and point de vue dimensionnel sur la largeur
string courses placed lengthways and de la cellule, 1,83 m et 2,26 m. Ces uni­
crosswise, making up the base of the tés répétées deux, trois ou quatre fois
upper storeys. These girders are sup- selon des besoins d'ordre fonctionnel,
ported by central portal frames (with déterminent une trame irrégulière qui se
hefty cantilevers attached) that serve plie aux nombreuses exceptions engen­
to clear space along the facade. This drées par le plan. La partition des po-
design principle was adjusted to the teaux et poutres des étages de cellules Juxtaposition of the west and south wings, Juxtaposition des ailes ouest et sud mettant
function of each space, breeding some est reprise au niveau inférieur par un highlighting the blank end wall. en évidence le pignon

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unexpected compromises such as in système de poutres et bandeaux longi-
the library where the expansion joint tudinaux et transversaux précontraints
cleaves the posts all the way down. qui constituent le socle des étages supé­
rieurs. Ces poutres sont soutenues par
Occasionally, the sculptural show des portiques centraux auxquels sont
seems to get the upper hand over con- adjointes de puissantes consoles. Ces
structional rationale. For example, the portiques dégagent la façade.
long white inside walls running along
the access corridors to the monks’ Ce principe s'adapte ensuite aux besoins
cells seem to be carrying the weight of fonctionnels en donnant lieu à des com-
the building, resting merely on small promis surprenants comme dans la bi-
concrete boxes shaped like sugar bliothèque où le joint de dilatation «sec-
cubes. This purely sculptural effect in tionne» les poteaux dans leur hauteur.
fact camouflages a totally different
scenario: it is the posts positioned on Parfois le jeu plastique semble l'empor-
the right of the “sugar cubes” that act ter sur la vérité constructive. Ainsi sur les
as the load-bearing structure, with the façades intérieures il semble que les
plaster concealing not only the hollow longs murs blancs à la hauteur des cou­
brick infill but also the posts them- loirs des étages des cellules portent le
selves. The concrete boxes are thus bâtiment en s'appuyant sur de petits pa­
nothing more than a somewhat mis- rallélépipèdes de béton en forme de su­
leading protrusion. cres. L'effet purement plastique masque
en réalité une structure constructive
d'une toute autre nature: ce sont les po­
The Construction Phase teaux situés au droit des «sucres» qui
(1956–1960) constituent la structure porteuse, le rem-
plissage de brique creuse disparaissant
Having seen to all the preliminaries, derrière l'enduit avec le poteau, le bloc
construction could finally get underway de béton n'étant qu'une excroissance
and 12 September 1956 saw the first trompeuse.
block of concrete being cast. Pierre
Favre was busy overseeing the building
site, while Jean-Bloch from OTC and Le chantier: 1956–1960
the project architects were feverishly
fleshing out the last working ­drawings. Après les travaux de sondage et d’instal-
Many important decisions had still not lation de chantier, le 12 septembre 1956
been made, let alone set down on pa- a enfin lieu la première coulée de béton.
per, such as the roof plan, the shape Parallèlement, une intense activité lie
of the “combs”, the building system Pierre Favre sur le chantier de La Tourette,
for the church, the layout of the floor- T. Jean-Bloch à l’OTC et les architectes
to-ceiling glazing and so forth. Delays autour de la définition des derniers
in handing over the plans were a plans d’exécution. Un grand nombre
source of constant conflict, and Pierre de décisions ne sont pas encore prises,
Favre even threatened to halt all build- et encore moins dessinées, concernant
ing work. Fernand Gardien (the site des points importants tels que le mode
supervisor) left memo upon memo to de construction de l’église, le plan de End wall of the south wing with “concrete Pignon de l’aile sud avec ses «fleurs de
try and speed up the process: “Memo toiture, la forme des «peignes», la ré­ flowers”. béton»

86 87
to the attention of Mr. Le Corbusier: partition des pans de verre, etc. Le re­ Gardien. It is these moments that are tion du couvent. Lors de son allocution,
­inexcusable delays in delivering the tard dans la production des plans archi- the most joyful in our tough business; Le Corbusier a pour les entrepreneurs
plans. List of plans to be finalized at tectes sera une source de conflits perma- the moments when we become friends ces mots de reconnaissance: «Nous
Rue de Sèvres: ventilation components, nents. Pierre Favre qui dirige l’entreprise with people who know what they are avons rencontré, et c’est Gardien qui
wiring and electrical appliances […] menace même d’arrêter les travaux. speaking about, that is, with those m’en est le fidèle rapporteur, une convic-
choir stalls based on sketches by Le ­Fernand Gardien qui, pour l'Atelier de who actually carry out the work. For tion magnifique chez les exécutants.
Corbusier and the fathers, light can- la rue de Sèvres, suit le chantier, laisse there are so many enemies out there C’est là un des moments de joie de no­
nons (we are at mock-up stage), note sur note pour essayer de compen- who are quick to put a spoke in the tre rude métier: trouver ses amis chez
church basement (plans already given ser le retard: «note à l’attention de M. wheel of progress, whatever its form, ceux qui savent de quoi ils parlent, c'est-
to Bloch) and organs”. Le Corbusier: retard inadmissible des without even knowing what it’s about, à-dire chez ceux qui exécutent, alors que
plans. Liste des plans à terminer rue without ever having seen anything, tant d’ennemis se mettent en travers de
Despite all the hold-ups, the ground de Sèvres: fleurs de ventilation, installa- without knowing anything at all!” Le tout progrès, quel qu’il soit, sans même
floor slab was nonetheless completed tion électrique et appareils en fonction Corbusier then ended with: “Well, I savoir de quoi il s’agit, sans avoir rien
by spring 1957, followed by a proto- du marché; … stalles d’après croquis have to admit that I never heard a vu, sans savoir rien du tout!» et finale-
type cell in the September. However, des pères et de Le Corbusier, canons word about our La Tourette contrac- ment «eh bien je l’avoue, je n’ai jamais
the delays kept building up and work à lumière (nous en sommes au bidon); tors, which means that working with entendu parler de nos entrepreneurs
had not even begun on the church. On sous-sol église, plans remis à Bloch, them was an easy ride!”30 de La Tourette, ce qui veut dire que tout
top of this, André Wogenscky pulled ­orgues.» allait tout seul!»30
out on 1st January 1958 and the
project was entrusted to an architect Le Printemps 1957 voit malgré tout
named G. M. Présenté, to whom s’achever le premier niveau de plancher
­Fernand Gardien passed on all the et en septembre une cellule prototype est
files. A clash occurred over a spate of achevée. Les retards s’accumulent cepen-
errors in the plans, notably concerning dant et l’église n’est pas commencée.
the pockets in the atrium girders, as De plus, au premier janvier 1958 André
can be seen in a letter sent by G. M. Wogenscky ne suit plus le projet qui est
Présenté to the Atelier: “SETC have désormais confié au cabinet G. M. Pré-
shown themselves to be be far too pli- senté où Fernand Gardien vient poser ses
able from the very outset of the build- dossiers. Des séries d’erreurs de plans con­-
ing works, which are being handled cernant notamment des réservations
very short-sightedly […] Your insinua­ dans les poutres de l’Atrium finissent par
tions are most disagreeable, for we exaspérer l’entreprise: «SETC n’a fait
believe that we are doing a good job preuve que de trop de souplesse depuis le
in spite of the many difficulties we début de ce chantier, qui est mené du
have encountered, including a lack of point de vue de la coordination à la petite
plans and specifications”.29 semaine… vos insinuations sont assez
déplaisantes. Nous avons d’ailleurs la
In July 1958, SETC finally finished the prétention de faire une exécution cor-
living quarters and started on the recte malgré de nombreuses difficultés
church, which took a whole year’s que nous avons eues: manque de plans
work. Then at long last came the et de précisions. »29
­opening ceremony, on 19 October
1960. During his speech, Le Corbusier En juillet 1958, SETC quitte enfin les
warmly thanked the contractors: “The ailes d’habitation pour entreprendre
contracting team had an incredible l’église qui demandera une année
sense of conviction, which has been entière de travail. Le 19 octobre 1960 Le
most faithfully conveyed to me by Corbusier pourra assister à la consécra-

88 89
The Lesson of the Monastery
Les leçons du couvent
The monastery of La Tourette is a late Le couvent de La Tourette fait partie des
work, built at a stage of maturity in Le œuvres de la maturité. L’époque des ex­-
Corbusier’s career. The experimental périmentations et des manifestes est
phase was far behind him, and the déjà loin. L’enjeu réside désormais dans
main challenge at hand was to exer- l'exercice d'une liberté d’expression
cise a freedom of expression that had longtemps contestée. N’ayant plus rien à
long been a bone of contention. Hav- démontrer, il lui reste plus simplement à
ing nothing left to prove, all he had to montrer. La Tourette est l’expression de
do was show. La Tourette provided cette liberté de langage conquise par
him with the channel for phrasing this des années d’exercice patient. L’aura de
free language that had been mastered cette œuvre qui a marqué les architectes
only after years of patient search. The de cette période, réside sans doute dans
aura that emanates from the work, cet élan expressif émancipé de toute vo-
and which struck architects at the lonté théoricienne. La poésie de l’œuvre
time, stems undoubtedly from an ex­ tient à cette écriture distanciée des rè­
pressive sensation of momentum re- gles mêmes que le maître s’est impo-
leased from all theorizing fetters. The sées. Oppositions fortes, contradictions
monastery is poetic precisely because sans concession, hasards volontaires sont
it slips through the net of rules that autant de jeux auxquels Le Corbusier The Charterhouse of Ema

the master himself imposed on it. The ­entend se livrer. Le couvent peut ainsi La Chartreuse d’Ema
sharp contrasts, unyielding contradic- faire l’objet de multiples interpréta-
tions and deliberate coincidences were tions et d’aucune tout à la fois. L’œuvre
all traps laid by Le Corbusier with the n’est pas un manifeste mais une
firm intention of falling into them. The vaste épopée offerte à la méditation
building can thus be interpreted in any architecturale.
number of ways, and yet at the same
time there can be no single interpreta-
tion. This work is no manifesto, but Les références:
rather a vast architectural epic offering
much to mull over. De la Chartreuse d’Ema aux Unités
d'Habitation

Points of Reference: «En pleine Toscane, la Chartreuse


d'Ema couronnant une colline laisse
From the Charterhouse of Ema to voir les créneaux formés par chacune
the Unités d’Habitation des cellules de moines à pic sur un
immense mur de château fort.»31
“Set right in the heart of Tuscany,
the Charterhouse of Ema sits atop Afin de mieux saisir la dynamique de
a hill, revealing the crenelations l’écriture architecturale, il n'est pas sans
formed by each of the monks’ cells intérêt de repérer les modèles convo­
placed at the peak of a huge qués par Le Corbusier. En suivant une
stronghold wall”.31 trame chronologique on citera en pre-
mier lieu la Chartreuse d’Ema dont il
At this juncture it is worth noting the rappelle la découverte en 1907. Le plan
models adopted by Le Corbusier, so as de la Chartreuse fut une révélation pour
to better grasp all the intricacies of the Le Corbusier à la recherche d’une unité

92 93
scheme. From a chronological perspec- fonctionnelle associant temps de travail gated it by retorting to the commis- dans lequel il ne pouvait pas loger des
tive, the first point of reference is the et de repos, vie collective et individuelle. sioners of religious architecture that he individus…»
Charterhouse of Ema, which he visited L’association de la cellule d’habitation could not design a building “for men
in 1907. The building made a huge im­ avec son espace extérieur de jardin déli- who don’t live there”? De l'abbaye du Thoronet au
pact on him, particularly as he was mité par un mur sera reprise de manière monastère du mont Athos
seeking a functional unity that would récurrente dans les programmes de lo­ Thoronet Abbey and the Monas-
combine working time with leisure as gement. Ce modèle d'habitat minimum tery of Mt. Athos Sur le conseil du Père Couturier, Le Cor­
well as community life with private deviendra la figure symbolique expri- busier visita l’abbaye du Thoronet. Cer­
life, and he would constantly return to mant la liaison entre espaces intérieur et Acting on the advice of Father Coutu­ tains critiques estiment que cette archi­
the prototype of a cell overlooking a extérieur. La cellule en longueur associée rier, Le Corbusier visited Thoronet Ab- tecture eut une influence importante sur
walled garden. It constituted a model à une loggia constitue un modèle sur le­ bey, which some critics have argued son projet. La déclivité commune aux
of minimum housing, composed of a quel on a vu Le Corbusier refuser toute greatly influenced the scheme for La deux terrains aurait par exemple orienté
long deep cell with a loggia, and be- remise en cause. Cet élément de syntaxe Tourette. Their main supporting evi- Le Corbusier dans ses choix, mais rien
came a figurehead for linking indoor est ici doublement appelé par le pro- dence is that both buildings stand on ne permet d’attester ce rapprochement.
and outdoor space that Le Corbusier gramme du couvent puisqu’il s’agit d’un sloping sites, which may have played a On peut plus certainement et plus sim-
staunchly refused to compromise over. bâtiment d’habitation et qui plus est de determining role in the choice of de­ plement considérer qu’il reprend aux ab­
This syntactic element is doubly poign- celle de moines. La Chartreuse d'Ema sign solutions. However, there are no bayes médiévales le thème du plan carré
ant in La Tourette, for not only is it a fait ici retour dans l’expérience de Le solid grounds for believing this. Al- enserrant par des bâtiments rectilignes
dwelling place, it is a dwelling place Corbusier, 50 ans après l’expérience ini- though some specific connections can une cour et son cloître. Certains traits
for monks. The circle had come full tiatique de Toscane. be noted, such as the prism over the particuliers peuvent cependant être évo-
course – fifty years after Le Corbusier’s fountain at Thoronet and the one that qués comme celui du prisme couvrant la
initiating experience in Tuscany, the La parenté avec le concept d’unité d’ha­ tops the oratory at La Tourette, along fontaine du Thoronet et qui coiffe aussi
Charterhouse of Ema had crossed his bitation est quant à elle désignée par with the play on curving planes that l’oratoire de La Tourette, ou le jeu des
path again. une citation architecturale directe. Les follow the lie of the land, it would be plans inclinés qui suivent le mouvement
moules des panneaux préfabriqués des difficult to be more conclusive. What is du sol, mais on ne saurait aller au-delà.
A rather more direct architectural rela­ loggias sont ceux-là mêmes qui ser- certain, though, is that Le Corbusier
tionship is established in the kinship virent pour l’unité de Rezé-les-Nantes. used the square plan of medieval ab- Plus certainement, c'est le souvenir du
between the monastery and the con- Espaces sacré et profane retrouvent beys, enclosing a courtyard and cloister voyage d'Orient en 1911 avec la décou-
cept of a Unité d’Habitation inasmuch ainsi à La Tourette le lien originaire que within the space marked out by recti­ verte du monastère Simono Petra du
as the prefabricated panel moulds for «l’athéisme» de Le Corbusier avait linear buildings. mont Athos qui marque initialement le
the loggias were the selfsame ones disjoint afin de répondre à la question projet. L'esquisse du 7 mai 54 intitulée
used for the Unité in Rezé-les-Nantes. de l’habitation moderne. Par un mouve- It is also incontestable that the design «couvent» montre en même temps le
Thus, the originating link connecting ment à rebours le lien rompu en 1907 was initially influenced by the monas- projet de La Tourette sur le haut de la
profane and secular spaces that had est en quelque sorte renoué à l'occasion tery of Simono Petra on Mt. Athos vis- page et un dessin qui est la reprise de
been severed by Le Corbusier in an du programme du couvent, et l'on peut ited by Le Corbusier during his “Journey celui du mont Athos réalisé en 191132.
“atheist” attempt to resolve the issue imaginer combien cette évocation de la to the East” in 1911. A sketch dated 7 On retrouve ici une méthode de travail
of modern housing was tied together Chartreuse d'Ema, si souvent citée, dut May 1954 entitled “monastery” shows propre à Le Corbusier consistant à met­
again. By moving backwards, the être pour Le Corbusier un moment fort a scheme for La Tourette at the top of tre directement en rapport l'ensemble
thread that had been broken in 1907 de son engagement dans le projet. On the page with a drawing below, which constitué par une architecture historique
was mended in a way, and it is not peut même estimer que la mémoire de is a reproduction of the one sketched et son site tel que le carnet de voyage
­difficult to imagine how emotional it la Chartreuse d'Ema fut la raison pre- on Mt. Athos back in 1911.32 This work- en garde la mémoire graphique, avec le
must have been for Le Corbusier to be mière qui lui fit accepter l’offre du Père ing procedure is very recognizably Le projet en cours d'étude. Ainsi un ­dessin
commissioned with a project that so Couturier. N’avait-il pas d'une certaine ­Corbusier: he would set up a direct de 193433 met-il en parallèle de la
closely resembled the Charterhouse of manière provoqué cette demande en ré­ relationship between the project he was même manière le projet pour le Palais
Ema. Perhaps it was even the main torquant aux commanditaires d’archi- working on with a piece of historical ar­ des Soviets avec l'ensemble pisan des­
­reason why he accepted Father Coutu­ tecture religieuse: «qu’il ne pouvait pas chitecture and its respective site that he siné lors des voyages de 1907 et 1911.
rier’s offer. Had he perhaps even insti­ concevoir un programme d’art sacré had drawn in his travel log. The same Le dessin pour le couvent de 1954 ren­

94 95
procedure can be found in a drawing seigne ainsi sur deux aspects du projet.
dated 1934,33 in which he drew a paral- Tout d'abord la vision globale des bâti­
lel between the scheme for the Palace ments est indissociable du site dans le-
of the Soviets and a Pisan building that quel ils vont s'inscrire. On remarque en­
he had sketched on his travels between suite que cette vision trouve sa figure
1907 and 1911. The 1954 drawing of dans la référence à un «paysage» déjà
the monastery thus casts light on two visité et plus encore déjà dessiné. D'une
­aspects of the scheme. First and fore- certaine manière, on pourrait dire que le
most, the general design of the build- projet du couvent est «redessiné» à par-
ings is intimately connected with the tir d'une première esquisse réalisée non
site. Second, this design reflects a “land- pas en 1954 mais bien en 1911. Pour le
scape” that had already been visited Corbusier, le «paysage» est la mémoire
and, more importantly, already sketched. d'un autre paysage.
To some extent, it could even be said
that the monastery scheme is a reworked Si l'on regarde plus précisément les dé­
version of the first sketch drawn not in tails du dessin du mont Athos, on remar­
1954 but in 1911. que également que l'édifice, tel qu'il est
dessiné, préfigure le couvent dans cette
Looking more closely at the details of opposition qui le caractérise entre une
the Mt. Athos sketch, it can also be assise pleine et un couronnement de
noted that the building as it is drawn quelques niveaux de «cellules d'habita­
plays on a similar contrast of a solid tion». Si la Chartreuse d'Ema fut le mo­
section and several floors of cells. dèle fonctionnel du couvent, le mont
Hence, while the Charterhouse of Ema Athos fut bien celui de son architecture
may have served as a functional model et de son inscription dans le site. Sketch dated 7 May 1954 (FLC 1234)
for the monastery, Mt. Athos certainly
Esquisse du 7 mai 54 (FLC 1234)
holds the key to its architectural design Il convient également de faire référence
and positioning. au témoignage de Iannis Xenakis qui
se souvient d'une discussion avec Le
Mention should also be made here of ­Cor­busier où le modèle d'une église visi­-
an account by Iannis Xenakis who re- tée près de Moscou avait été évoqué
members Le Corbusier telling him about pour la manière dont le volume de la nef
a church he had visited near Moscow, jouait avec un système de rampe34. Mais,
and how the nave played on a ramp en l'absence d'autres précisions, il est dif-
system.34 However, it is difficult to as- ficile de mesurer l'influence de ce modèle.
sess just how influential this model was,
given the lack of specific detail. Pilotis, toit terrasse, rampe

Pilotis, Roof Terrace and Ramp Le dessin du 4 mai 1953 évoque quant à
lui, la reprise par Le Corbusier des mo­
The sketch dated 4 May 1953 clearly dèles de sa propre architecture. En trois
depicts the references Le Corbusier traits aussi rapides que la décision qui
used from his own architecture. In les a vu naître, les pilotis, le toit terrasse
three swift strokes – as swift as the et la rampe qui les joint sont mis en
idea that sired their creation – he set place. L'esquisse valide simplement les
out the pilotis and the roof terrace, résultats d'une expérience construite de
linking them via a ramp. Basically, this longue date. Ce schéma dessine donc

96 97
sketch is the fruit of many years of ex­ moins une volumétrie qu’un protocole Pilotis: An Open Garden Pilotis: le jardin ouvert
perience, for it was not shapes and de projet. Comment pilotis, rampes et
forms that were being laid out here toit terrasse peuvent-ils s’inscrire dans le The pilotis were accorded a whole La question du pilotis avait reçu des ré­
but rather a design protocol. More site et répondre au programme fonction- gamut of responses, ranging from the ponses nombreuses allant des fins pi­
questions than answers seem to be nel d'un couvent ?: tel semble être le slender columns of the Villa Savoye to liers cylindriques de la villa Savoye aux
­being raised in the drawing, namely sens de ce tracé qui pose plus de ques- the sturdy V shaped stacks of Mar- voiles massifs en V à Marseille. Avec La
how the pilotis, ramps and roof terrace tions qu’il ne donne de réponses. seilles. The theme itself was reworked Tourette, ce thème voit un traitement re­-
could be inscribed in the site while though, with each load-bearing pillar nouvelé, chaque pilier porteur étant
at the same time meet the functional La première réponse sera celle apportée being designed individually. Not one of considéré comme un événement indé­
needs of a monastery. par les souvenirs du mont Athos et de la them has a twin; there is the structural pendant. Chacun prend une forme pro­
Chartreuse d'Ema. Une seconde peut rectangular stack of the west wing, pre, voile rectangulaire porteur de l’aile
Le Corbusier would draw the first re­ être dérivée d'expériences plus propre- the cylindrical column of the east ouest, pilier cylindrique de l’aile est,
sponse from his memories of Mt. ment urbanistiques. Le parallèle avec le wing, the comb design under the «peigne» sous l’atrium, pilier cruciforme
Athos and the Charterhouse of Ema, projet «Plan Obus» pour Alger de 1930 atrium and the cruciform pillar of the de l’oratoire. Le Corbusier tenait forte­
while the second perhaps derived from peut éclairer la démarche qui préside à oratory. Le Corbusier was clearly ment à cette diversification puisqu’il re­
a more urban experience, namely the l'élaboration du couvent. Bien qu'à une ­greatly attached to such a tableau of fusa de simplifier ce projet lors de l’arbi-
Obus plan designed in 1930 for Algiers. échelle différente, un certain nombre de diversification for he refused to sim- trage budgétaire.
Comparing this with La Tourette, both composants du projet pour La Tourette plify this part of the scheme during the
schemes would appear to have sev- se trouvent avancés à l'occasion de ce wrangles over the budget. La promenade des pilotis n’est plus la
eral points in common. In the Algiers plan d'urbanisme. On peut penser que la halle couverte de Marseille dont l’es-
plan not only does the site slope, but déclivité du terrain associée au parti The area under the pilotis does not re­ pace est tramé par une série de piles ré­
there is also a “horizontal top line” d'une circulation «horizontale au som- semble the covered hall-like space in pétitives mais un jardin ouvert sur un
given over to circulation and housing. met» des bâtiments d'habitation dési­ Marseilles with its gridded repetitive paysage. Les caprices des mouvements
More importantly, though, it includes gne une parenté initiale. Plus avant, à pattern of stacks; instead, it is a gar- naturels du terrain jouent avec les for­
the principle of a secondary circula- Alger se greffe sur ce principe un sys- den overlooking the surrounding land- mes arbitraires des piliers. Le hasard des
tion system comprising a ramp and tème secondaire de rampe et de con­ scape. The dips and turns of the formes naturelles semble répondre à ce­
conduits laid on pilotis, thus prefigur- duits posés sur pilotis qui découvre déjà ground play capriciously with the lui, culturel, des «totems» qui portent
ing the concept of elevated spaces cette sustentation des espaces propres whimsical shapes of the columns, so l’édifice35.
that characterize La Tourette. Even à La Tourette. Le dessin des pilotis eux- that the arbitrary forms of nature seem
the very drawings of the pilotis are a mêmes préfigure les dessins de 1954 to be conversing with the “totem Le toit terrasse: jardin de
precursor to the 1954 sketches, for avec l'apparition de formes diversifiées. poles” supporting the edifice.35 ­méditation
they are ­displayed in various shapes
and sizes. Alors que le mont Athos renseignait sur The Roof Terrace: A Garden of «Si, en construisant sur pilotis, on ré-
la composition paysagère du projet, le Meditation cupère en jardin la presque totalité du
In sum then, whereas the drawing of plan «Obus» pour Alger informe sur la terrain couvert par la construction, on
Mt. Athos offers insight into the way démarche «urbanistique» sous-jacente. “By constructing on pilotis, one can double de plus cette superficie de jardin
the site is landscaped at La Tourette, La dimension «urbaine» du projet de free almost the entire area usually cov­ en faisant le toit terrasse»36.
the Obus plan for Algiers enlightens La Tourette doit ainsi être soulignée ered by the building; this area is then
us on the underlying “urbanistic” pour lire l'œuvre dans la diversité de ses doubled again by including a roof ter- Il y a deux jardins dans l’architecture de
approach. The urban element of the échelles. Le couvent est pour Le Corbusier race”.36 Le Corbusier, celui du bas, ouvert et celui
­monastery must therefore be under- une «ville», une petite cité à laquelle du haut, fermé.
scored in order for the work to be il affecte sa démarche et sa sensibilité There are always two gardens in Le
grasped in its full diversity. For Le d'urbaniste. Corbusier’s architecture – an open one Le toit-terrasse a souvent été le lieu de
Corbusier, the monastery was a below and an enclosed one above. In «folies» architecturales. Dans l’apparte­
“town”, a small city which he fash- addition, he often used the roof ter- ment de M. de Beistegui (1930) la che-
ioned using the tools and strategies he race for experimenting with architec- minée surréaliste de la terrasse marquait
had acquired as an urban planner. tural “follies”, as was the case even as déjà ce goût pour l’irrévérence. À la ri-

98 99
early as 1930, in the apartment com- gueur géométrique qui initie ses projets,
missioned by Monsieur de Beistegui Le Corbusier a régulièrement opposé le
which features a surrealist fireplace on contrepoint ironique de formes libres. Le
the roof garden. Throughout his ­career, toit de Marseille offre ainsi un bestiaire
Le Corbusier contrasted stern ­geometry étonnant et vivifiant de cheminées coni­
with playful counteraction of free ques et de voûtes paraboliques mêlées à
forms. The rooftop of the Unité in Mar­ des prismes sévères et réguliers.
seilles is a case in point, offering as
it does a dramatic spectacle of conic Le toit terrasse est également traité
fireplaces and parabolic arches blend- comme un jardin propre à la méditation.
ed with tautly even prisms. Le Corbusier préfère fermer, ou tout au
moins restreindre les perspectives trop
The roof terrace is also intended as a vastes où, selon lui, l’esprit se perd. À la
place for meditating. Le Corbusier pre­ villa Savoye, il avait construit un cadre. À
ferred to channel views, for he felt La Tourette, alors que le principe du cloî­
that one’s mind can become engulfed tre avait été depuis longtemps aban­ Ramp theme (FLC 1212)

if there is too wide a vista. His solu- donné, il reste intransigeant sur la hau­ Esquisse autour du thème de la rampe
tion for the Villa Savoye was to con- teur (onéreuse) de l’acrotère fixée à (FLC 1212)
struct a frame. In La Tourette, although 1,83 mètre. Les frères doivent jouir de
the idea of a cloister had been cet anti-jardin comme d’un lieu de pure
dropped some time previously, he re­ méditation. L’étrange abstraction des
mained inflexible over the (costly) con­ formes qui s’y rencontrent ne devant
cept of having a high parapet wall que renforcer la recherche mystique. Ce
reaching 1.83 meters. This anti-garden caractère «d’inquiétante étrangeté» fut
had to be a place where the friars recherché dans la composition de cer­
could lock themselves into deep con- tains jardins. Ainsi, la Renaissance
templative thought, shrouded in a avaient-elle placé les «grotesques» au
­mystical aura emanating from the centre de leur composition en y asso-
strange abstract shapes around them. ciant une connotation ésotérique. Dans
This “disturbing sense of ­strangeness” le même registre, on ne peut éviter
has always been deliberately sought l’évocation de la promenade le long des
after in some garden designs. For in­ toits des cathédrales où les gargouilles
stance, in the Renaissance the gro- viennent éveiller la conscience endormie
tesque elements were placed at the des pêcheurs.
centre of the scheme in rather an eso-
teric gesture; and then of course there La rampe
is the promenade space along cathe­
dral roofs, where gargoyles gleefully La rampe plutôt que l’escalier. La fonc-
awaken the dormant conscience of tion monumentale de l’escalier à la fran­
sinners. çaise est tenue, dans le vocabulaire
corbuséen, par la rampe. Elle donne au
The Ramp thème de la «promenade architecturale»
l'un de ses outils les plus déterminants
A ramp rather than a staircase. In en proposant une lecture cinétique de
Corbusian vocabulary, the monumental l'ensemble architectural offert au regard
function of the staircase is translated en mouvement. À l’intérieur, dans la villa
by a ramp. It serves as a vital tool La Roche, en terrasse à la villa Savoye,

100 101
within the “promenade architecturale” traversant le Carpenter Visual Arts
for generating kinetic views of the ar­ Center, elle prendra une échelle urbaine
chitectural ensemble. As illustrated in à Chandigarh. Comme le montre les cro­
Le Corbusier’s sketches, it sews the quis de Le Corbusier, la rampe est l’or­
two “gardens” together37 and can gane de liaison entre les deux «jar-
run inside, such as in the Villa Roche, dins»37. Elle relie le sol au toit terrasse
or outside, as in the Villa Savoye. It en traversant tout l’édifice. Le second
can likewise be seen weaving through dessin semble être entièrement tourné
the Carpenter Visual Arts Center, as sur cette question d’une rampe monu-
well as in Chandigarh, where it takes mentale. Avec les dessins de I. Xenakis38,
on a more urban scale. It links the la rampe rectiligne mais démesurée s’est
ground with the roof terrace by snak- lovée autour du corps de l’église comme
ing through the whole building. Le de la chapelle, tout comme dans les pro­
Corbusier’s second sketch of La jets pour la tour d'aération de Chandi­
Ramp theme (FLC 1158)
­Tourette appears to be entirely focused garh. On raconte que Le Corbusier ima­
on the notion of a monumental ramp, ginait les moines en une longue proces- Développement autour du thème de la
while in Xenakis’ drawings,38 an enor- sion psalmodiant les chants jusqu’au rampe (FLC 1158)

mous rectilinear ramp is coiled around cloître. La rampe permettait une mise en
the chapel and the main body of the scène grandiose de la vie liturgique.
church, as in the plans for the ventila- Mais il fallut renoncer à ce grand projet
tion tower in Chandigarh. It is said et il ne reste plus aujourd’hui que la
that Le Corbusier had visions of monks pente du grand conduit pour rappeler ce
filing along the ramp, chanting psalms thème qui mobilisa longtemps l’atten-
right up to the cloister in a spectacular tion de Le Corbusier.
staging of liturgical life. However he
had to forgo this grandiose concept Matière et mise en œuvre
and all that can be seen of it today is
the slope of the main conduit, remind- Matière: le béton
ing us of the motif that fascinated Le
Corbusier for so many years. «J'ai employé du béton brut. Résultat:
une fidélité totale, une exactitude par­
Materials and Their Application faite au moulage. Le béton est un maté­
riau qui ne triche pas; il remplace, il sup­
Concrete prime l'enduit qui trahit; le béton brut
dit: je suis le béton.»39
“I have used ‘béton brut’. The result:
total fidelity to the model, a perfect Le nom de Le Corbusier est associé au
reproduction of the mould. Concrete is béton qui fut l'un de ses matériaux d'ex-
a material that does not cheat; it pression privilégiés. Cette prédilection
replaces, it cuts out the need for that pour un matériau emblématique de la
trickster – coating. ‘Béton brut’ says: I modernité mais également synonyme
am concrete”.39 d'une urbanisation cristallisant les désil-
lusions d'une époque, a inévitablement
The name of Le Corbusier is inextrica- donné lieu à des jugements hâtifs et par
bly associated with concrete – one of là même à des interprétations erronées.
his favourite building materials. This Il est de fait nécessaire de resituer le
partiality for a material that is em­ choix du béton40 dans la démarche glo­

102 103
blematic of modernity but which is bale de Le Corbusier. L'acier, le pisé, le pinecone motif etched using an old ­ androt de 1930 construite «dans
M
also synonymous with an urban form moellon de pierre, la toile, le rondin de fresco technique.42 Le Corbusier would cette belle pierre de Provence». Le Cor-
epitomizing all the disillusions of an bois tout comme le béton forment la pa­ remain true to his early design phi­ busier va encore plus loin avec le pro-
epoch has obviously given rise to hasty lette polymorphe à laquelle il aura re­ losophy, as is evidenced by a large jet de la maison Errazuriz, de la même
judgements, and even misinterpreta- cours au long de sa carrière. L'emploi de number of schemes in which he em- époque, au Chili, pour lequel il propose
tions at times. It would therefore l'un ou de l'autre renvoie souvent à des ployed local materials if he thought une architecture basée sur les deux
be useful at this juncture to put Le choix plus opportunistes que dogmati­ they were relevant to the context. matériaux qui lui semblent correspon­
Corbusier’s general use of concrete40 ques, comme le rappelle le «mur diplo- Such is the case with the Villa de dre à l'économie du pays: moellons et
back in context. His polymorphous ar­ matique» des villas Loucheur édifiées en ­Mandrot built in 1930 “of handsome troncs de bois. Il doit dissiper à cette
chitectural palette included not only moellons pour satisfaire aux traditions Provençal stone”. Le Corbusier went occasion un malentendu survenu avec
concrete, but also steel, adobe, rubble locales. La décision relève toujours even further with the project for the son client qui, ayant commandé une
stone, canvas and logs. His decision to d'une négociation avec le lieu et le mo­ Errazuriz house, constructed around maison de style «moderne», s'atten-
choose one material rather than an- ment dans une perspective plus huma- the same time but in Chile, for which dait à voir mettre en œuvre un maté-
other often stemmed from choices that niste qu'idéologique. he used two materials – rubble stone riau symbolique de la modernité. Face
were not dogmatic but expedient. An and thick logs – since he considered à la pénurie d'acier et de ciment de la
apt example is the “diplomatic wall” La conception que se forge le jeune these best reflected the country’s his­ guerre, Le Corbusier retrouvera cette
of the Loucheur houses that was built ­Jeanneret du rapport que doivent entre­ tory and economy. His client was même volonté d'associer le choix du
in rubble stone in keeping with local tenir l'architecte et le matériau se cons­ rather taken aback though, as he had matériau au contexte historique et
tradition. He always took into account truit avec les leçons de son maître à commissioned a house of “modern” ­géographique. «Les Constructions
the surroundings and the context of l'école d'Art de la Chaux-de-Fonds, style and so expected to see building Murondins»43 sont destinées à répon­
the program in a way that was more Charles L'Eplattenier41. Cet enseigne­ materials that symbolized modernity. dre au besoin d'habitats d'urgence et
humanist than ideological. ment se trouve au carrefour des préoc­ During the war, lack of steel and ce- proposent ainsi d'associer la construc-
cupations de l'époque, mariant le culte ment prompted Le Corbusier to adopt tion de murs en pisé (ancêtre du bé­
As a young boy, Charles-Edouard de la nature de l'Art Nouveau avec les this same strategy of matching materi- ton) à une charpente de troncs non
­Jeanneret (alias Le Corbusier) learnt soucis du mouvement de «l'Art and als with the economic backdrop. For équarris.
about the essential relationship be- Crafts» de s'adapter aux mutations qui example, the “Murondin” buildings43
tween an architect and his materials s'opèrent avec la révolution de l'indus- were designed to respond to a chronic Le choix des matériaux est donc dicté
from Charles L’Eplattenier, his art pro­ trie dans le cadre des métiers. housing shortage by combining walls par le contexte. Cet état d'esprit lui of­
fessor in Chaux-de-Fonds.41 The ap- made of adobe (the forerunner of con­ frira une grande liberté d'adaptation en
proach taught by L’Eplattenier was a Les promenades alpestres étaient les crete) with a structural frame of même temps qu'il le laissera toujours
crossbreed of the preoccupations occasions de dessiner sur le vif des for­ ­rough-hewn logs. ­curieux de découvrir de nouveaux procé­
of the time in that it married Art mes qui deviendront autant de motifs dés. La technique du béton projeté, utili­
­Nouveau’s ode to nature with con- décoratifs pour agrémenter les boîtiers Clearly then, Le Corbusier’s choice of sée à Pessac, fait partie de ces découver­
cerns set out by the Arts and Crafts de montres ou tout autre objet. Les materials was dictated by the context. tes et se retrouve à La Tourette où elle
movement, which aimed to bring premières œuvres architecturales aux- It was an approach that offered a revêt les cloisons de parpaings de leur
the crafts more in line with changes quelles il participe témoigne de cet large degree of conceptual freedom enduit. Le «bulgomme», pareillement
­taking place in industry. ­enracinement premier dans la culture while opening avenues to new build- ­expérimenté dans les années 30, cou-
vernaculaire. La villa Fallet de 1905 évo­- ing practices. This can be seen in the vrira le sol des trois ailes d'habitation.
Jeanneret would take long Alpine que le génie jurassien et pour elle il spray-gun technique used for applying Loin d'être préconçus, les choix de Le
walks, drawing real-life scenes that he n'hésite pas à travailler sur le motif de concrete in Pessac, and which was de­ Corbusier correspondent bien plutôt à
would then use as decorative motifs la pomme de pin en réutilisant une ployed again in La Tourette. Equally, une attitude pragmatique.
for watch boxes and the like. The earli­ technique ancienne de fresque.42 Cette the “bulgomme” technique, which Le
est architectural projects he partici- attitude première ne fléchira pas, Corbusier had experimented with in De ce point de vue, on comprend que le
pated in testify to this anchorage in comme en témoignent de nombreux the 1930s, was used for the flooring in ciment, que la France a privilégié dans le
the local vernacular, such as the Fallet projets où le contexte économique ren­ the three wings of living quarters. It secteur du bâtiment, vienne prendre une
House built in 1905 which is loaded dait pertinent l'emploi de matériaux lo­ should be noted, however, that these place prépondérante dans son travail. La
with Jurassic emblems, notably a caux. C'est le cas avec la villa de choices were not so much precon­ difficulté pour les architectes de cette

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ceived solutions as pragmatic responses période consista à en prendre acte non metal and cement became the natural voir» a le devoir de révéler cet espace-
to the situation at hand. comme fait constructif, ce qui s'imposait, materials of new architecture, just as temps par le choix de ce matériau et
mais comme fait plastique. La grande wood and adobe were for Chile. Each de sa mise en forme. Restait à en dé­
In view of the above, it is easy to see force de Le Corbusier fut de transmuer material was perceived as being the couvrir la forme…
how cement – heavily promoted by une culture constructive existante en memory of a site and of a period –
the French building industry – played a une culture architecturale jusque-là réti- ­however reversible this memory might À cette époque correspond pour Le Cor­
dominating role in Le Corbusier’s cente et son nom restera attaché à cet be – should war or any other cataclysm busier une période de doute où les con­
work. The challenge facing architects acte fondateur. inflect the course of civilization. The tradictions l'emportent. Le passage à
of the time was for them to put this duty of architects, whose “eyes can see” Paris dans l'atelier des Frères Perret où il
material to sculptural work rather than L'autre versant de la formation de is to highlight this relationship between s'initie pourtant aux possibilités offertes
perceiving it merely as a prescribed Ch. Ed. Jeanneret préparait à ce geste. space and time through the materials par le béton ne semble pas lui avoir ap­
construction component. In other L'intérêt pour les mouvements qui agi­ they choose and the shapes they accord porté la leçon architecturale espérée. Les
words, it was all a matter of transpos- taient artistes et industriels autour du them. The choice had been made. All réponses qui définiront sa modernité, il
ing an established building practice Werkbund avait atteint la Chaux-de- that was needed was a shape. les découvrira ailleurs et paradoxale-
into the realm of architecture. This is Fonds. Aussi L'Eplattenier, désireux ment en contemplant le Parthénon lors
precisely what Le Corbusier did, in a d'être informé des dernière orienta­ This period in Le Corbusier’s life was de son «voyage d'Orient» et parallèle-
simple founding gesture that earned tions prises par les maîtres du Wer- one of inner doubt and conflict. A stint ment en entreprenant une carrière de
him a place in history. kbund, missionna-t-il son élève pour in the Perret brothers’ practice in Paris peintre. Le Parthénon lui offre la vision
­enquêter en Allemagne. De son had opened his eyes to the various initiatrice d'un «standard culturel» tan­
Another aspect of Ch. Ed. Jeanneret’s voyage de 1910, Jeanneret ramènera uses of concrete, but apparently had dis que le Cubisme lui permet de formu­
formative years contributed to his un rapport, «Étude sur le Mouvement not taught him the architectural lesson ler une esthétique émancipée du natura­
choice of materials, namely an interest d'Art Décoratif en Allemagne»44, qui he was hoping for. He was to find the lisme auquel il était encore attaché. Il
in the Deutscher Werkbund group which tout en restant encore distant de la answers he was seeking elsewhere, aura fallu cette double échappée du ca­
hit the artistic and industrial scenes in la machine allemande sera obligé de faire and it was these that would define his dre technique pour que le matériau
Chaux-de-Fonds. L’Eplattenier was ea- le constat d'un monde en mutation ir­ vision of modernity. The Parthenon, for trouve enfin avec sa forme sa place.
ger to find out about the latest trends réversible. Il visite à cette occasion la instance, which he visited on his “Jour-
being set by the masters of the Werk- deuxième Exposition des industries du ney to the East” had a profound im- Au-delà du rationalisme:
bund, and so in 1910 sent his pupil ciment à Berlin qui servait également pact on him, as did his experience as a «­Hiératisme»
on a quest to Germany. Jeanneret wrote de support à l'assemblée annuelle du painter: on the Acropolis he was
a report during this trip entitled “Étude Deutscher Werkbund45. Matériaux et taught a valuable lesson in “establish- «L'hiératisme … est l'heure de pleine
sur le mouvement d’art décoratif en procédés nouveaux font désormais par­ ing standards to achieve perfection”, connaissance, de propriété de tous les
­Allemagne” [a study on the German tie de l'environnement quotidien et while his encounters with Cubism ena­ moyens, qui est précisément l'heure du
­applied arts]44 in which he noted the ir­- c'est avec eux qu'il faudra composer le bled him to extricate himself from choix, l'heure d'abandon du superflu,
reversible changes that were taking paysage de l'architecture à venir. Dès ­naturalism. It took this dual act of l'heure d'abnégation, moment élevé par
place, yet at the same time distanced lors, ce contexte de la machine indus- breaking away from the technical excellence, plate-forme du grand art, de
himself (for the time being) from the trielle reconnu comme mode dominant framework for Le Corbusier to find the l'œuvre d'art, immense et simple, dé­
“production-site” element of Germany. de la civilisation européenne, le métal right shape and place for his materials. pouillée mais bourrée de richesses inté-
He also visited the second exhibition of ou le ciment devenaient les matériaux rieures…»46
cement industries in Berlin, which was naturels de la nouvelle architecture au Beyond Rationalism: “Hieratism”
much referred to in the Werkbund an- même titre que le bois et l'adobe pour Le matériau doit exprimer le caractère
nual congress.45 New materials and le Chili de cette période. Chaque maté- “Hieratism, which is the hour of full- de l'architecture. La manière de le tra­
techniques were being spawned every riau est perçu comme le témoin et la knowledge, of mastery over means, the vailler devra révéler cet esprit enfoui
day, and it was clear that these would mémoire d'un lieu et d'un temps, au exact hour of choice, of rejection of dans la matière. Pour arriver à cette fin,
be shaping the architectural landscape demeurant réversibles, pour peu que la the superfluous, of concentration, of l'hypothèse moderne de Le Corbusier
of the future. From then on, industrial guerre ou tout autre cataclysme vien­ abnegation, the supreme moment of propose un retour aux valeurs premières.
machinery – an established tool govern- nent en inverser le cours civilisateur. exaltation, the platform of great art – Contre les styles et les académies, la re­
ing European civilization – allied with L'architecte dont les «yeux savent of the work of art, both immense and cherche engage une quête spirituelle

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simple, stripped down but crammed dont l'ascétisme est le moyen. Dans
with inner richness”. 46 «L'Art Décoratif d'Aujourd'hui» il dresse
le programme de cette morale nouvelle
Construction materials should express qui doit épurer la pensée esthétique.
the character of a building. That is, the Contre toute tentation de sophistication
way in which the material is worked est prôné le lait de chaux comme base
should reveal the concept behind it. Le du langage décoratif: une autre version
Corbusier’s modernizing method of en quelque sorte du «less is more» de
achieving such a goal was to wipe the Mies van der Rohe. Le matériau doit être
slate clean, returning to the begin- présenté dans sa plus grande pauvreté
nings in a spiritual quest for asceticism pour apparaître dans sa plus grande pu­
that bore no trace of academic pre- reté. Moins le matériau sera retravaillé,
cepts. In “L’Art décoratif d'aujourd’hui” plus son expression sera forte. Ce primi­
he sets out the program for this new tivisme n'exclut pas une forme de vio­
doctrine which is geared to purging lence que le terme de brutalisme résume
aesthetic thought. Whitewash is ad- assez justement. Le renoncement à l'or­
vocated as a basis for decorative lan- nement dont Le Corbusier avait affirmé
guage, stripped of all sophistication; qu'il était un crime, est posé comme une
in a way it can be perceived as a vari- règle morale, une contrainte, un interdit
ation on Mies van der Rohe’s theme qui doit guider l'artiste dans sa quête
of “less is more”. Materials must be du bien et peut-être du beau. Le béton
displayed in all their poverty in order traité «brut de décoffrage» répond exac-
for them to appear in all their purity. tement à cette attente. La brutalité de sa
The less a material is worked, the more mise en œuvre avec les traces qui en
expressive it will be. However, this ­scarifient la surface sont les gages de
form of primitivism does not rule out a son authenticité. Le béton de La Tourette
certain element of violence which the est pur parce qu'il est rude.
term Brutalism sums up very neatly. Le
Corbusier’s rejection of ornamentation Trace, motif, empreinte
(in his eyes it was a crime to ladle on
decorative features), acts as a moral La technique convoquée pour travailler
code, a constraint, a prohibition that le matériau doit signer dans l'œuvre
guides the artist in his pursuit of good même cette recherche de simplicité et
and perhaps beautiful architecture. d'authenticité. La trace laissée sur le
“Bare” concrete is the perfect answer. matériau par l'outil qui le façonne doit
Its brutal application and the marks prolonger cette volonté d'épuration
that scar its surface are proof of its alors même que la culture technique en­
­authenticity. The concrete in La Tourette gagée signe la rupture avec l'ordre natu-
is pure because it is crude. rel. La brutalité incisive de l'outil devra
en quelque sorte faire écho à la brutalité
Marks, Motifs and Imprints de la matière.

This search for simplicity and genuine- La banche de coffrage constitue le pre­
ness has to be engraved in the very mier de ces outils. L'Atelier de la rue de
Marks left by prestressing components
building itself when working the mate- Sèvres a donné de nombreuses prescrip-
rial. In other words, the scars furrowed tions concernant les plans de coffrage. Marques des ancrages des éléments de
into the material by the tool that carves La banche de 1,40 m de haut «standar­ précontrainte

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it must reflect the striving for purity disée» va par sa répétition déterminer Trapezoid opening due to bad workmanship
even though the technical method be- une sorte de «motif»47 qui donne à
ing employed signals a break with natu- l'église en particulier une trame et une Malfaçon donnant lieu à une ouverture
ral order. The incisive brutality of the texture. Les aspérités des planches hori­ trapezoïdale
tool should in some way mirror the bru- zontales et les raccords de banche ren­
tal aspect of the material. forcent cette technique du «brut de dé­
coffrage» qui tisse la peau de l'édifice.
Formwork was one such tool used in La
Tourette. The Atelier in Rue de Sèvres La technique de précontrainte repré-
set out numerous specifications regard- sente une seconde occurrence de stig-
ing the formwork plans. These show matisation de la matière. Si les câbles
1.4m-high “standardized” shuttering sont invisibles, leur ancrage en façade
which was duplicated repeatedly, thus marque de ses «triglyphes» l'acrotère
creating a sort of motif48 that yielded a des chapelles ou les allèges des corps de
pattern and texture, notably for the bâtiment.
church. The harsh edges of the hori­
zontal boards and the joins of the Le chantier également laisse des traces,
­shuttering are reinforced by the as- mais sur un autre mode, celui des acci-
struck effect of the building’s fabric. dents, des erreurs et des malfaçons.
Ainsi le coffrage de la fenêtre de l'esca-
The prestressing technique also stig­ lier sud insuffisamment renforcé céda et
matized the construction ­material. laissa apparaître un trapèze imprévu lors
For example, although the cables du décoffrage. L'entreprise proposa im-
are hid­den from view, the way they médiatement de corriger le défaut, mais
are an­chored to the facade creates Le Corbusier aurait rétorqué que tout au
“triglyphs” protruding both from the contraire il fallait inscrire à cet emplace­
top of the wall that hugs the side ment: «Par ici la main de l'homme est
chapel as well as from the spandrels passée». On retrouve cette main gravée
in the main parts of the building. dans la matière à Chandigarh. Figure en
négatif de la célèbre Main Ouverte qui
The actual building work itself likewise clôt la perspective du Capitole, elle sym­
left its mark, but differently – through bolise la générosité qui préside à l'orga­
accidents, mistakes and bad workman- nisation de la cité comme à la produc-
ship. For instance, the casing of the tion des œuvres. Cette main dessinée et
south staircase window was not strong sculptée parcourt toute l'œuvre de Le
enough and gave way, leaving a trape­ Corbusier, reformulant à chaque fois
zium imprint when the formwork was cette prière: «Pleine main j'ai reçu,
­removed. The contracting firm imme- pleine main je donne».
diately offered to put it right, but Le
Corbusier allegedly retorted that on the Machine et rationalité: l'ingénieur
contrary, on that very spot they should
inscribe: “here has passed the hand of La machine, douée d'une r­ ationalité
man”. This same notion of a hand en- sans faille, est regardée comme un guide
graved in the material can be found in spirituel. Sévère, exigeante, elle ne par­
Chandigarh. It incarnates the humane donne pas les excès et épure la démar­
element that went into making the city che. Le Corbusier donnait l'évolution de “The open hand” engraved into the concrete «Main ouverte» gravée dans le béton de
and reads as the negative of the famous l'avion de combat de la guerre de 1914 in Chandigarh Chandigarh

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Open Hand that closes off the sightline comme exemple de sélection, regrettant
towards the Capitol. Whether drawn or que l'architecture ne soit pas soumise à
sculpted, the hand is a symbol that ap- cette rigueur définitive. Se faire violence
pears in all of Le Corbusier’s work, with fait partie de la démarche initiatique. La
the same prayer being uttered each leçon de l'industrie et de ses machines
time but in diverse ways: “Freely have I réside dans les «exercices spirituels»
received. Freely have I given”. qu'elle dicte. L'œuvre écrite de Le Cor­
busier, celle de la première période plus
The Machine and Rationality: particulièrement, est marquée par cette
The Engineer volonté de maîtrise qui n'est pas sans
rappeler la rigueur de la discipline reli-
Le Corbusier regarded the machine as gieuse. Dans ce dispositif, l'ingénieur fait
a spiritual guide. It is faultlessly rational figure de guide spirituel et il est de fait
and thus pitiless, for it allows no ­excess que, tout au long de sa carrière, Le Cor-
and purges the design process. Le busier multipliera les modes d'associa­
Corbusier used to cite the example of tion susceptibles de favoriser leur colla-
aircraft in the First World War, saying boration.
how the development of this machine
as a weapon had given rise to a sort of L'ASCORAL (Association des Construc-
selection method, and he regretted that teurs pour la Rénovation Architecturale)
architecture had not been subjected to qu'il avait fondée en 1943 plaçait, dans
a similar type of precision. Inflicting vio­ un schéma célèbre, l'architecte et l'ingé-
lence on oneself forms part of the initia- nieur en position de symétrie et de com-
tion rite, he said, and hence the lesson plémentarité. La période de La Tourette
of industry, complete with its machines, correspond à la fin de cet autre organe
resides in the “spiritual exercises” it dic- de collaboration avec l'ingénieur
tates. Le Corbusier’s written works (es- qu'était l'AT.BAT. (Atelier de bâtisseurs)
pecially the early ones) are loaded with dirigé par Vladimir Bodiansky et dont
such zeal for restraint and control, Iannis Xenakis est un transfuge.
which is not incomparable to the ­rigour
of religious discipline. Within this frame­ Cette confiance, cette foi dans la démar­
work, the engineer plays the role of che purificatrice de l'ingénieur sont ma­
spiritual mentor, which explains why Le nifestes dans le projet de La Tourette.
Corbusier was always seeking new ways Ainsi, lorsque les «ingénieurs» de Sud-
in which they could work together. Est Travaux lui proposent de prendre en
­ASCORAL (a research affiliate of CIAM charge le projet en utilisant leur techno­
founded by Le Corbusier in 1943) re­ logie issue des travaux publics, Le Cor-
flected this preoccupation with the en­ busier donne-t-il un accord immédiat,
gineering trade, for in a famous dia­ prévoyant sans doute la possibilité que
gram, the architect and engineer are s'exprime une nouvelle forme de ratio­
Diagram displaying the association between
placed side by side, mirroring and com- nalité. Plus encore, la confiance accor-
architects and engineers
plementing one another. And, of course, dée au jeune ingénieur de son agence,
there was AT. BAT., which likewise fos- Iannis Xenakis48, en lui déléguant le pro- Schéma symbolisant l’association entre
tered co-operation with engineers.47 jet de La Tourette, est-elle révélatrice. La architectes et ingénieurs

réponse de Le Corbusier à la demande


This faith-like trust in the purifying ap- de Iannis Xenakis est significative: «…
proach of the engineer is explicit in the j'ai un projet qui vous convient très bien,

112 113
La Tourette project, as is demonstrated un projet géométrique.»49 ­L'architecture tect; in dealing with them he is forced vertus qui sont inscrites dans les géomé-
by two situations. First, when the engi- du couvent doit beaucoup à cette con­ to decided whether he will be a plastic tries de la modénature...»
neers of Sud-Est Travaux put themselves fiance placée en la figure de «l'ingé- artist or not”.52 Profiling yields a form
forward for the job, promoting their civil nieur». Rappelons que le mur courbe de that is both rigorous and free, disclos- Le dessin de l'astragale du Parthénon
engineering background, Le Corbusier la chapelle ou les pans de verre aléatoi­ ing the maker’s self-expression. “Then comme celui des volumes du couvent de
took them up on their offer straighta- res, pour ne prendre que les traits les comes the moment when he must La Tourrette posent le problème, placé
way, plainly foreseeing how this would plus saillants du projet, sont directement carve the lineaments of the outward par Le Corbusier au centre de la démar­
inject a new type of rationalism into the issus de cette décision première. aspect […] Profile and contour have che architecturale, de l'arbitraire qui pré­
scheme. And second, the fact that he entered in, and they are free of all side au tracé de la forme. La maîtrise de
put Xenakis in charge of La Tourette, Arbitraire: l'architecte constraint; they are a pure invention”. l'art résiderait bien dans la capacité à
even though he was only a young engi­ Profiling adds a whimsical flavour to assumer cet arbitraire en créant les pro­
neer at the time,49 shows just how much Modénature the scheme: “It is a question of pure cédures d'énonciation aptes à le trans-
trust he placed in him and in his profes- invention, so personal that it may be cender.
sion. “I have a project that will suit you Pour Le Corbusier, la démarche de l'in­ called that of one man; Phidias made
perfectly; it is pure geometry”,50 Le génieur n'introduit cependant qu'à un the Parthenon […] Passion, generosity Le dessin: tracer
Corbusier said in response to Xenakis’ premier stade de maîtrise de l'architec- and magnanimity are so many virtues
request to work with him personally. In­ ture. Pour saisir pleinement la teneur du written into the geometry of the han- «On a avec un charbon tracé l'angle
deed, the entire architectural design of geste architectural, il faut choisir ensuite dling of the contour”. droit, le signe, il est la réponse et le
the monastery owes much to the pri­ un autre guide: l'architecte et plus guide, le fait, une réponse, un choix. Il
mary role played by the “engineer”, as encore le «plasticien» dont «Vers une As in the design of the astragal in the est simple et nu….Mais la conscience
is borne out by the curved wall of the Architecture» faisait de Michel-Ange et Parthenon, the shapes and combina- en fait un signe.»52
chapel, the undulating glazing and the Phidias50 les figures emblématiques. tions of La Tourette exemplify how
projecting shapes that emboss the strict forms can be moulded by the Lors d'une visite au couvent en 1960, Le
­building. Assez étrangement, c'est le tracé de la whim of the architect. The whole art of Corbusier s'entretenant librement avec
«modénature» qui est présenté comme architecture lies in mastering the im­ les religieux retraça l'histoire du projet.
Arbitrary Forms: The Architect le moment de vérité distinguant l'archi- pact of these arbitrary features by cre­ Ce récit, heureusement enregistré, resti­
tecte du «simple ingénieur». Ce choix de ating vehicles of expression to tran- tue l'esprit dans lequel Le Corbusier tra­
Profiling la modénature, la moulure, peut paraître scend them. vailla et le jugement qu'il portait sur son
paradoxal sous la plume de celui qui œuvre. Le premier temps qui revient à sa
Despite the importance Le Corbusier pourfendait l'ornementation, mais il s'en Sketching the Outline mémoire est celui du dessin: «J'étais
lent to the engineer’s input he only explique: «La modénature est la pierre venu ici. J'ai pris mon carnet de dessin
saw it as the first step in the process. de touche de l'architecture: avec la “With a charcoal crayon we have comme d'habitude. J'ai dessiné les hori-
To endow the architectural work with modénature, il (l'architecte) est mis au marked out the right angle, the sym- zons, j'ai mis l'orientation du soleil, j'ai
true meaning there has to be another pied du mur: être plasticien ou ne pas bol; it is the answer and the guide, the reniflé la topographie. J'ai décidé la
guide: the architect, or more precisely l'être.»51 La modénature est cette forme fact, a response and a choice. It is sim- place où ce serait, car la place n'était
the “plastician”, emblematically por- à la fois rigoureuse et libre qui engage ple and bare (…) But our awareness pas fixée du tout. En choisissant je com­
trayed in “Vers une architecture” by le libre-arbitre du concepteur; «Alors est of it makes it a symbol”.53 mettais l'acte criminel ou valable. Le
Phidias51 and Michaelangelo. venu ce moment où il fallait graver les ­premier geste à faire, c'est le choix.»53
traits du visage.... La modénature est in­ During a visit to the monastery in
Somewhat strangely, it is the p­ rofiling tervenue. Et la modénature est libre de 1960, Le Corbusier talked openly with Choisir, dessiner, décider. Le premier sen­
of the building that represents the mo­ toute contrainte; elle est une invention the monks about the history of the timent émergeant de la mémoire est
ment of truth. Le Corbusier’s decision totale...» La modénature est le moment ­project. Through this account, which donc celui de la tension, de l'angoisse
to create profiles and mouldings might de l'arbitraire dans le tracé du projet: «Il was fortunately recorded, we can see ­devant les choix à effectuer. Les mots
seem paradoxical coming from some- s'agit de l'invention pure, personnelle au how he tackled the design process. sont forts: «acte criminel ou valable». La
one who lambasted ornamentation, point qu'elle est celle d'un homme; Phi- The first step he mentions is when he réalité psychologique dans laquelle œu­
but as he himself elucidates: “Con- dias a fait le Parthénon... La passion, la initially sketched the site: “I came here vra Le Corbusier fut donc cette ­difficulté
tours are the touchstone of the archi- générosité, la grandeur d'âme, autant de and got out my sketchbook, as usual. I morale à produire des choix. Il faut pren­-

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drew the horizons, I noted the course dre la mesure de ce que, pour lui, le regulating line is an assurance against dans les publications de Matila C. Ghyka
of the sun and I got a feel for the lie quotidien du projet consistait à gérer capriciousness: it is a means of verifi­ et n'était pas le seul. Leur succès tient à
of the land. I picked out the site, for cette tension. Sa méthode s'organisait cation which can ratify all work cre- l'absence de signification intrinsèque
this had not yet been done. In so do- ainsi autour de ce fait et il cite immédia­ ated in a fervour, the schoolboy’s rule propre à toute loi mathématique. Les rè­
ing I was performing either a criminal tement le dessin comme le moyen de se of nine, the Q.E.D. of the mathemati- gles d'association ou de ­correspondance
or worthy act. The first step is to confronter et de dépasser, à défaut de le cian”.55 numérique appellent par ce vide une in­
choose”.54 résoudre, ce conflit d'ordre moral. Par la terprétation, un supplément de sens. De
médiation du trait une décision peut He may have discarded regulating plus, les lois régissant les séries numéri­
Choose, draw and decide. The very first prendre corps. La manipulation du lines, but it was only to substitute ques, possèdent une caractéristique les
sensation is thus that of tension and crayon, le rituel du carnet forment le them for a kindred practice based on destinant plus particulièrement à l'en-
anguish in the face of choices that ­premier niveau d'une appropriation des numbers. The spaces in La Tourette are gouement des amateurs: la simplicité de
needed to be made. The words are enjeux du projet, le premier dépasse­ not intertwined with lines, as in the leurs règles. Le néophyte peut aisément
strong: “a criminal or worthy act”, of- ment de l'angoisse. Les dessins du car­ Villa Stein built in 1927, but instead découvrir dans cette magie des concor-
fering insight into Le Corbusier’s moral net restituent ces moments où la gra- bristle with figures. Le Corbusier was dances numériques la révélation d'une
dilemma of having to choose. Chan­ phie inscrit dans le paysage la certitude fascinated by the laws of numeric se­ vérité cachée, la réponse à une attente,
nelling the ensuing tension was inte- de l'horizontale, de la rampe, des pilotis ries he had come across in Matila C. à une angoisse. La Renaissance, férue
gral to his design process, and draw- en même temps que les souvenirs du Ghyka’s works, and he was by no d'ésotérisme, avait déjà abondamment
ing he says, was a means for him to mont Athos et de la Chartreuse d'Ema. means the only one. The reason for exploré ce terrain comme le constate
confront and deal with this, though their success hinges on their lack of d'ailleurs le Corbusier lors d'une exposi­
not necessarily to resolve it. Decisions Le nombre: mesurer intrinsic meaning proper to any math- tion de traités d'architecture à Venise.
can take shape with the help of a ematical law, for the void that exists Les Modernes n'en feront pas le même
sketchpad. For Le Corbusier, the initial À l'époque du couvent, Le Corbusier n'a in the rules of numerical correlation usage: là où l'humaniste surinvestit le
ritual drawing was the first step in plus recours à une pratique qui eut un needs to be filled by interpretation, by nombre de la présence des dieux, Le
getting to grips with the challenges of succès certain auprès des architectes: les supplemental meaning. Moreover, the ­Corbusier placera l'Homme.
the project, and the first step too in tracés régulateurs. Basés sur la concor- laws governing these series contain
overcoming his doubts and fears. The dance de lignes et d'angles, ces tracés one essential characteristic that en- Donner la mesure aux choses, décider de
drawings in the sketchbook are a kind étaient censés révéler les règles d'har­ snares amateurs: their rules are simple. la hauteur d'un bâtiment, dimensionner
of replay of these moments, showing monie qui avaient permis le tracé des By dipping into their magic, a novice la taille d'une ouverture constituent le
the quick firm stroke of the horizontal plus beaux monuments. Le Corbusier fut can easily uncover the hidden truth, travail quotidien de l'architecte. De la
top line, the ramp and the pilotis, min- très réceptif à ce type de raisonnement à finding the answers to his questions corrélation de ces mesures dépend une
gled with memories of Mt. Athos and la limite de l'ésotérisme et la fonction and the cure for his fears. This ter- partie de la beauté de l'œuvre. Depuis
the Charthouse of Ema. qu'il assigne à ces systèmes de tracé est ritory had already been thoroughly l'origine, les architectes ont tenté de
révélatrice du rôle qu'il attribue au des- explored in the Renaissance – a time comprendre sur quelles règles reposait
Measurements and Proportions sin: «Un tracé régulateur est une assu- that was bathed in esotericism – as l'harmonie de certains lieux. Chaque
rance contre l'arbitraire: c'est l'opération Le Corbusier himself stated during an culture a voulu s'accaparer cette magie
At the time of the commission, Le de vérification qui approuve tout travail, exhibition on architectural treaties in des formes, avec le secret espoir de met­
­Corbusier was no longer using the créé dans l'ardeur, la preuve par neuf de Venice. It was just that the Moderns tre à jour la «divine proportion» qui ga­
fairly popular practice of regulating l'écolier, le CQFD du mathématicien.»54 did not put it to the same use; whereas rantirait la beauté.
lines. Based on the synchronization of the Humanists invested their numbers
lines and angles, these were ­supposed S'il abandonne les tracés régulateurs, in Gods, Le ­Corbusier invested his in Le nombre d'or fait ainsi rêver Le Corbu­
to unlock the harmonic rules of meas- c'est pour leur substituer une pratique mankind. sier, qui construit autour de lui un vaste
urement used in our finest historic voisine basée cette fois sur le nombre. système de correspondances entre rè­
buildings. It was a line of reasoning Les espaces de La Tourette ne sont pas Measuring each object, deciding on gles arithmétiques et géométriques et
that bordered on esotericism, and one entrelacés de lignes comme l'était la the height of a building or proportion- proportions du corps humain. Le Modu-
which Le Corbusier greatly favoured, villa Stein de 1927, mais criblés de chif­ ing the size of an opening all forms lor qui résulte de cette combinatoire re­
as is corroborated by the importance fres. Le Corbusier était fasciné par les part of the architect’s daily work. In- pose sur la création d'une série numéri­
he placed on drawing the plan: “A lois des séries numériques découvertes deed, the beauty of the building de- que ayant pour facteur le nombre d'or et

116 117
pends to a large degree on correlating pour mesure initiale la taille d'un Having placed mankind back at the programme auquel Le Corbusier veut
these measures. Architects have always homme le bras levé. Le Corbusier génère heart of choices pertaining to propor- s'affronter. On comprend un peu mieux
tried to understand what rules under- ainsi un hybride issu du croisement tion, it became easier to strike the alors de quelle manière le Modulor, par
pin the harmony of certain sites. Every d'une puissance humaine avec la ratio- right balance between “performing a la charge spirituelle dont il est le vecteur,
culture in the world has attempted to nalité numérique. Chacune des valeurs criminal or worthy act”. The ­Modulor constitue une aide au geste de la con­
capture the essence of these forms, se- du Modulor qui servira à donner mesure serves as a kind of gauge of the archi­ ception. Le projet prend du sens en se
cretly hoping to unveil the “divine pro- au couvent est chargée de cette double tect’s whims, or at least of the “crimi- lestant du travail accompli lors de la
portion” that guarantees beauty. Thus connotation. Par cette procédure, Le nal influence” they may have. Two construction du Modulor. Si les choix ne
it was that the golden section nour- Corbusier réintègre symboliquement symbolic places were notably put to sont pas justifiés, au moins sont-ils déli-
ished Le Corbusier’s dreams, enticing l'homme dans la démarche rationnelle the test: the altar and the fathers’ vrés de l'absurdité d'un choix arbitraire
him to build up an extensive correla- de la construction. À la rencontre de ces cells. A cell represents both functional, et du non-sens d'un «module» qui
tive system between arithmetic and deux mondes se fait jour l'esquisse d'un human unity and, thanks to the har- n'aurait que le standard fonctionnel
geometric rules and the proportions of «standard humain» qui répondrait au mony that reigns there, divine unity56. comme horizon.
the human body. The result of these désenchantement du monde machinique “Men, architecture and drama”: these
combinations was the Modulor – the sorti du ventre de l'industrie. Replacer words might aptly define the program Aussi Le Corbusier s'élève-t-il contre
creation of a numerical series whose l'homme au centre de la problématique Le Corbusier set himself. Given the role ceux, dans son atelier même, qui pour
initial measurement equals the size of productive constitue le projet de fond played by the Modulor as a channel of justifier un projet mal conçu lui rétorque
a man standing with his arm raised, qui soutend la création ambiguë du spiritual expression then, one can bet- «mais c'est au Modulor». La plupart des
which is then subdivided according Modulor. Le couvent se trouve par ce ter understand how it contributed to malentendus concernant les thèses de
to the golden section. Le Corbusier biais entièrement travaillé par cette pro­ the genesis of the scheme. In fact, the Le Corbusier reposent sur l'incompré­
there­fore generated a hybrid by cross- blé­matique qui ne pouvait trouver dans whole work takes on its full meaning hension de la dimension transcendan-
breeding human strength with nume­ ses murs qu'un écho renforcé par la dé­ through the Modulor. Granted, not all tale qui parcourt ses écrits. L'éloge du
ric rationality. Each proportion of the marche religieuse qu'elle était chargée the solutions may be justified but at standard pouvait, il est vrai, porter à
Modulor that was used to work out d'abriter. Encore une fois, Le Corbusier least they do not project the absurdity confusion, ne laissant apparaître que la
the measurements of the monastery is formule sur le registre séculier une inter- of capricious choice nor do they reflect seule thèse rationaliste. Ses propres élè­
loaded with this double connotation. rogation au fondement de la démarche the nonsense of a module based solely ves s'y sont trompés.
By adopting such a process, Le religieuse. Au-delà des nombreuses con­ on functional standards.
­Corbusier symbolically reintegrated tradictions dont le Modulor est porteur, La cellule est l'habitation des hommes,
mankind into the rational logic of the il faut retenir cette quête d'une humani­ Above and beyond the many contra- l'autel sanctifié est le domaine de Dieu.
building, fusing two different worlds. sation de la mesure dont Le Corbusier dictions bred by the Modulor, what A partir de l'autel se déploient les dalles
The embryo of a “human standard” is redoute qu'elle ne devienne l'instrument is important to remember is that it de granit du sol taillées selon les valeurs
spawned from this encounter, provid­ froid d'une standardisation sans âme. was meant to be “a harmonic meas- du Modulor. Au cours de son dialogue
ing a response to mankind’s disen- ure to the human scale”. In fact Le avec les moines, cité plus haut, le dis-
chantment with the machine world Une fois l'homme replacé au cœur du ­Corbusier’s greatest fear was that it cours de Le Corbusier subit un renverse­
that has emerged from the belly of in­ dispositif des choix dimensionnels, il de­ would be coldly used as a soulless ment de perspective remarquable: ce
dustry. The whole aim underlying the vient plus facile de faire le partage entre standardizing instrument and he never n'est plus lui qui, doutant de ses dessins,
ambiguous creation of the Modulor re­ «l'acte criminel ou valable». Le Modulor hesitated to rule it out if need be, est énonciateur mais l'architecture de
sided in placing mankind back in the opère en quelque sorte une levée de growing furious if anyone in his atelier l'église elle-même: «C'est avec les
centre again. It is an aim that is fully l'arbitraire ou tout au moins des risques tried to champion a badly designed autels que le centre de gravité sera mar­
expressed in the monastery, conform- «criminogènes» dont ce dernier est por- scheme on the grounds that it was qué ainsi que la valeur, la hiérarchie des
ing as it does to Modulor numerology, teur. Deux lieux symboliques vont focali­ “Modulor”. As it is, most of the choses. Il y a en musique une clé, un dia­
and as a result somewhat contradicts ser ce travail: la cellule des pères et mis­understandings concerning Le pason, un accord. C'est l'autel, lieu sa­-
the religious purpose for which the l'autel. La cellule est la monade à la fois Corbusier’s doctrines are seated in cré par excellence qui donne cette note-­
building was intended. Once again fonctionnelle, humaine et, grâce à l'har- incomprehension of the transcendental là, qui doit déclencher le rayonnement
then, Le Corbusier was raising ques- monie des espaces, transcendantale55. dimension of his writings. However, it de l'œuvre. Cela est préparé par les pro­
tions of a religious nature, but using a «Un homme, une architecture un is not difficult to see why his celebra- portions. La proportion est une chose
layman’s register. drame»: ces mots pourraient définir le tory praise of standards might be mis- ineffable. Je suis l'inventeur de l'expres-

118 119
read, for after all even his own pupils sion ‹l'espace indicible›: les lieux se met­-
made that very mistake. tent à rayonner… Ils déterminent ce que
j'appelle ‹l'espace indicible›, c'est-­à-dire
The monastic cells are a dwelling place un choc.»56 L'espace indicible de l'église
for men, whereas the sanctified altar is vient en quelque sorte valider la démar­
the domain of God. Granite floor slabs che, faisant du projet un «acte valable».
hewn according to Modulor propor- Le Corbusier revit d'une certaine ma­
tions unfurl from the altar. In his dis- nière l'émotion déterminante qui fut la
cussion with the monks (referred to sienne en découvrant le Parthénon cin-
above), Le Corbusier’s way of speaking quante ans auparavant et qu'il relatait
takes rather a remarkable turn; it is no en des termes presque semblables: «Si
longer he who is talking, doubtful of l'on s'arrête devant le Parthénon, c'est
his design, but rather the actual archi- qu'à sa vue la corde interne sonne; l'axe
tecture of the church itself: “The altars est touché.» Mais cet espace indicible
mark the centre of gravity, as well as dont il a créé la notion a pour première
the value and hierarchy of everything. caractéristique de ne pouvoir dire.
In music there are keys, ranges and ­Frappé de mutisme, il rayonne. La preuve
chords. An altar is “par excellence” par neuf réside finalement dans l'œuvre.
the hallowed place that sets the tone,
that has to trigger the radiance of the La musique des nombres
work. This is made possible by propor-
tions. Proportion is an ineffable thing. I L'utilisation la plus visible du Modulor
invented the term ‘ineffable space’: réside dans la composition des façades
places start to radiate and they gener- dont il détermine le dimensionnement
ate an ‘ineffable space’ – a shock”.57 des ouvertures. Il s'agit encore une fois
The ineffable space of the church d'associer la production d'un standard à
­validates this approach, making the une valeur humaine qui le transcende.
design a “worthy act”. In a fashion, Le Le Corbusier avait déjà exposé dans ses
Corbusier was reliving the same vivid écrits la manière dont le Modulor pou-
emotion he had felt on seeing the Par­ vait aider à calibrer le dessin d'un pan­
thenon fifty years earlier, and which he neau standard. Les panneaux H et Z
related in practically the same way: “If sont l'application de ce modèle. Mais Altar, photographed during a church service
we are brought up short by the Par- comme il le souhaitait, cette application L’autel lors d’un office réligieux
thenon, it is because a chord inside us n'est pas stricte. Ainsi les valeurs du
is struck when we see it; the axis is Modulor ne sont-elles retenues que pour
touched”. However, the primary char­ les espacements horizontaux, la tripar-
acteristic of this notion of ineffable tition verticale ne les retrouvant pas et
space is that it cannot express itself. se contentant de découper le panneau
Struck dumb, it can but shine forth. So en trois parties égales.
at the end of the day then, the school-
boy’s rule of nine resides in the build- Iannis Xenakis a saisi alors l'esprit du
ing itself. Modulor et va donner à la pensée de
Le Corbusier un prolongement qui en
The Music of Numbers éclaire une autre face. En dehors des
heures passées à la rue de Sèvres, il
The most visible use of the Modulor participe au groupe de travail réuni
can be perceived in the facades since autour de Pierre Boulez et réfléchit à

120 121
it served to calculate the measure- une composition qui reposerait sur une
ments of the openings. Once again, it valeur élastique du temps musical, soit
was all about combining standards de la mesure. Une anecdote illustre à
with human values that transcend ce propos la découverte de cette flexi-
those standards. In his writings, Le bilité du temps musical. Iannis Xenakis
Corbusier had already expounded avait ainsi remarqué que le fait de dé­
how the Modulor could help calibrate clencher ou d'arrêter l'enregistrement
the design of a standard panel; the H sur son magnétophone donnait à
and Z panels are thus an example of l'écoute un bruit d'impact. S'amusant à
how his theory was applied, yet flex- appuyer à intervalles aléatoires sur la
ibly so, just as he wished. This ex- touche, il bricola une composition pré­
plains why Modulor proportions were figurant les glissendi de violon que l'on
only deployed for the horizontal retrouvera dans Métastaseis, sa pre-
­spacings – they did not work for the mière œuvre composée en 1954. Par­
vertical tripartitioning, so the panels tant du principe selon lequel les inter­
were merely cut into three equal valles pouvaient varier, il lui restait à
parts. leur affecter malgré tout une valeur.
Devant ce choix qui rappelle les doutes Design of the undulating glazing along the
Iannis Xenakis grasped the thrust of de Le Corbusier, il décida d'utiliser la west facade (FLC 2546)
the Modulor and even uncovered an­ gamme du Modulor. Les nombres pré­
Composition des ondulatoires de la façade
other side of it. When he was not vus pour définir des espaces vont ryth- ouest (FLC 2546)
working at Rue de Sèvres, he used to mer le temps. Si l'architecture apporte
take part in a work group set up by sa contribution à la musique, la réci-
Pierre Boulez in the aim of creating a proque va être encore plus vraie.
musical composition based on an elas-
tic value of musical beat, i.e. measure- Lorsque Le Corbusier lui demanda de
ment. There is an interesting anecdote ­travailler sur le principe de potelets en
about this discovery of flexible beat: béton supports de vitrages, Iannis Xena-
Iannis Xenakis had noted that ­starting kis reprit ce principe d'intervalles irrégu-
or stopping the sound on his tape re­ liers qu'il affecta à l'espacement entre
corder resulted in a noise generated by lesdits potelets. Il baptisa ce procédé
impact. By pressing the button at ran­ «pan de verre ondulatoire». Le Corbusier,
dom intervals, he cobbled together a pour qui le modèle venait du travail
composition that prefigured the violin musical de Iannis Xenakis, retint le terme
glissandi in Metastaseis, his first musi- «d'écran de verre musicaux».57
cal piece dated 1954. Although he had
established the principle that the inter­ Dans un premier projet, Iannis Xenakis
vals could be varied, he nonetheless fit≈varier les ondulations de manière in-
had to assign them a sequence. Like dépendante sur les trois niveaux de la
Le Corbusier, he had to make a choice, façade ouest. Puis, selon un procédé de
so he decided on the Modulor range, composition musicale, il donna un
using the numbers to define the thème commun aux trois niveaux qu'il
­spaces that would set the tempo. In situa au premier tiers de la «portée»,
sum then, while Iannis Xenakis’ archi- laissant les variations se développer dif­
tecture contributed to his music, the féremment sur les trois registres. La fa­
­reverse was also true, perhaps even çade peut ainsi se lire comme une parti-
truer. tion musicale pour trois instruments.

122 123
When Le Corbusier asked him to work Les développements donnés par Iannis
up a design for the concrete mullions, Xenakis à son principe mettent en relief
Iannis Xenakis put into practice the les propres préoccupations de Le Corbu-
principle of irregular intervals, ­applying sier dans sa quête de méthodes de com-
them to the spacing between the mul- position. Au lieu d'affecter les nombres
lions. He called this technique “pan de préétablis du Modulor, Iannis Xenakis va
verre ondulatoire” [undulating glaz- franchir une étape supplémentaire en
ing], although Le Corbusier, who saw laissant cette variation se développer de
the model as a product of Iannis manière aléatoire. Ce procédé sera
­Xenakis’ musical work, opted for the rendu célèbre sous le nom de musique
term “musical glazed rhythms”.58 stocchastique où la série numérique ba-
sée sur le nombre d'or est remplacée par
In Iannis Xenakis’ first project, the une loi de probabilité. Admettre que la
spacing followed a different tempo in maîtrise du projet musical comme archi­
all three storeys of the west wing. He tectural puisse être «abandonnée» aux
then decided to set a common theme lois du hasard marque une rupture
for the three levels which he placed d'avec les règles de composition classi­
along the first third of the “span”, as que. Si Le Corbusier n'a pas formulé en
if composing a piece of music, while ces termes sa propre recherche, l'inté­
freely arranging the rest of the spac- gration de la dimension aléatoire dans
ing but based on the three initial reg­ la démarche architecturale rend cepen-
isters. The facade can hence be inter- dant compte d'une partie de sa mé-
preted as a score of music for three thode.
instruments.
La libre association des volumes caracté­
The changes Iannis Xenakis made to ristique de l'œuvre rend manifeste cette
his design principle foreground Le présence du hasard. Les associations
Corbusier’s own preoccupations with ­auxquelles se livre Le Corbusier pour-
composition methods: rather than sim­ raient presque être qualifiées de surréa­
ply using the Modulor’s pre-selected listes. Le collage des éléments entre eux
numbers, Iannis Xenakis went a step participe d'une sorte d'écriture automa-
further by allowing his variation to tique qui donne toute sa force plastique
branch out randomly. This process et critique à cette architecture. Ce re­
would later become famous under the noncement à une partie du contrôle de
name of Stochastic music in which the la forme transparaît avec plus d'évi­
sequence based on the golden section dence encore dans les sculptures dont Le
is replaced by a law of probability. In Corbusier laisse à Joseph Savina une
admitting that music, like architecture, part de l'interprétation. «La ­cathédrale»58
can be “abandoned” to the laws of de 1964 dont le vocabulaire comme
hazard, the conventional rules of com­ la syntaxe retrouvent celle du cou-
position were broken. Although Le vent montre de quelle manière cette
Corbusier may not have formulated his volonté d'association libre préside à
own research in these exact terms, the la recherche de jeux d'opposition, de
act of incorporating hazard into the dis­sonances, d'imprévus propres à sur-
architectural process was nonetheless prendre la raison.
“The Cathedral”, 1964 (FLC 43)
intrinsic to his approach.
«La cathédrale» 1964 (FLC 43)

124 125
The free composition of shapes and L'arbitraire tant redouté fait par là which I started in 1918 and have kept voyages en Europe. L’école germanique
forms in La Tourette underscores the même retour dans l'œuvre, marquant fi­ up regularly, every day (…). The secret lui a fait comprendre l’apport rationnel
random aspect. It might even be called nalement un renoncement à une tenta- to my conceptual and intellectual out­ de la machine mais ne le convainc pas
surrealist. It is a collage, generating a tive de maîtrise absolue du processus de put lies in my continued practice of de sa plasticité. La longue période de
sort of automatic writing that lends a création. Après avoir introduit dans son painting”. At the time of La Tourette, doute qui l’achemine finalement à Paris
strongly sculptural and discursive projet le standard et sa mesure, puis Le Corbusier was devoting each morn- s’achève avec la compréhension du mou-
sense to the architecture. This gesture l'homme et ses proportions, finalement ing to painting and sculpting, which vement artistique qui de Matisse au
of partly relinquishing control of form c'est le hasard, l'arbitraire présidant à obviously had an important impact on Cubisme a renouvelé l’appréhension de
is even more apparent in the sculp- toute destinée qui vient mettre un peu the monastery design. la forme et de l’espace. Amédée Ozenfant
tures Le Corbusier worked on in asso­- de désordre dans un processus trop bien n’est pas étranger à cette découverte,
ciation with Joseph Savina. For exam­ réglé. At Chaux-de Fonds, Le Corbusier had somme toute tardive, qui engage le futur
ple, the syntax and lexical range of been initiated by L’Eplattenier – his Le Corbusier dans la «recherche pa­
“The Cathedral”59 (1964) closely re- Le plasticien professor and mentor – in Art ­Nouveau tiente» qui ne le quittera plus. Cette dé­
semble the monastery’s vocabulary, re­- forms. However, in the letters he couverte, Le Corbusier la résume en ces
vealing how a striving for free compo­ À son arrivée à Paris en 1916, Le Corbu- wrote to L’Eplattenier on his travels mots: «des faits rigoureux, des figura­
sition formed the bedrock of a quest sier entreprend une carrière de peintre around Europe, Le Corbusier expresses tions rigoureuses, des architectures ri­
for contrast, dissonance and unex- qui prendra une importance croissante his ­dissatisfaction not only with Art goureuses, formelles, aussi purement et
pected elements that might take rea- dans son travail et que viendront ­Nouveau in general but with every- simplement que sont les machines.»59 La
son and logic unawares. ­compléter ses travaux de sculpture et thing on offer in the European arena. relecture «puriste» de la modernité pic­
de ta­pisserie. Il avait créé avec Amédée The Germanic school was one notable turale apparaît littéralement dans ses
So capriciousness finally won the day. ­Ozenfant un mouvement artistique, le example, for it taught him how ma- œuvres. Le rationalisme de la machine a
After Le Corbusier had introduced ­Purisme, dont les thèses seront exposées chines could instil rationality but he en quelque sorte épuré les volumes en
standards and measurements into his en 1918 dans un ouvrage commun, found the artistic element rather lack- soulignant les contours, cadrant l’espace,
scheme, followed by human propor- «Après le Cubisme». C’est bien dans son ing. This long period of inner search- tramant la composition. À l’éclatement
tions and considerations, he eventually travail de peintre que Le ­Corbusier a ing, which eventually led him to Paris, et l’enchevêtrement cubistes Charles-
let chance and hazard have their way, puisé ses premières certitudes: «En vé­ ended when he came to grips with Edouard Jeanneret (Le Corbusier) oppose
resulting in seeds of disorder being rité, dit-il en 1960, la clef de ma créa­ art movements ranging from Fauvism une volonté de clarification par la sépa-
sown within an over-regulated design tion artistique est mon œuvre picturale to Cubism in which the issue of form ration des plages colorées et la segmen-
process. entreprise en 1918 et poursuivie réguliè­ and space was reassessed. Amédée tation des formes. La force expressive de
rement chaque jour… le fond de ma re­- Ozenfant helped Le Corbusier find his l’œuvre est recherchée dans une quête
The Sculptor cherche et de ma production intellec- way in this new world he had come to d’épuration permettant d’accéder à une
tuelle a son secret dans la pratique inin­ a little late in the day and which was ascèse spirituelle: «Résumons-nous, sen-
On moving to Paris in 1916, Le terrompue de la peinture.» C'est dans to be the springboard of his lifelong sations brutes, couleurs et formes pures:
­Corbusier undertook a painting ­career; cette continuité de la recherche plasti­ “patient search”. Le Corbusier summed art supérieur.»60 Cette recherche le con­
this grew increasingly important for que, qui occupe à cette époque les mati­ up the universe he had discovered: duit à la découverte des principes qui
him and he later took it a stage fur- nées de l'architecte, que doit se com- “precise facts, precise figurations, vont marquer son architecture: le choix
ther by working on sculptures and tap­ prendre le projet de La Tourette. ­precise and formal architecture, as de matériaux bruts, la décomposition en
estries. He set up an art movement pure and simple as a machine”.60 volumes simples, la définition d'une pa­
with Amédée Ozenfant, which they La formation reçue à la Chaux-­de-Fonds The “purist” vision of modernity as lette de couleurs naturelles.
called Purism and gave an exhibition l’avait initié à la découverte de la forme portrayed in his paintings also appears
in 1918, producing a joint catalogue à travers les développements de l’Art literally in his architectural works. Cette palette reposait sur deux gammes:
entitled “Après le Cubisme” [After Nouveau dont son maître L'­Eplattenier The rationality of the machine strips les couleurs primaires d'une part, les ter­
Cubism]. It was very much through his était l'un des héritiers. Dans leurs échan­ the ­volumes down by outlining their res d'autre part. Dans l'église, seul élé­
painting that Le Corbusier was able to ges épistolaires, Le Corbusier exprime contours, framing the surrounding ment recevant un véritable traitement
“find himself” artistically, as he at- son insatisfaction à l’égard non seule- space and weaving the composition. coloré, Le Corbusier a restreint son choix
tested in 1960: “In fact, the key to my ment de cette leçon mais de l’ensemble In contrast to the tangled explosion of aux couleurs primaires. Distribuées en
artistic creation is my pictorial work des propositions rencontrées lors de ses colour in Cubist art, Charles-Edouard aplats, elles contrastent violemment avec

126 127
J­eanneret (Le Corbusier) clearly divided le gris du béton ou les couleurs voi- and “The curve of the spine makes as
the coloured surfaces and segmented sines. La couleur n’est pas convoquée much sense as that of a large explo­
the shapes. The poetic force of the pour séduire mais pour épurer la ­lecture sive shell”. Furthermore, contrast be-
œuvre is achieved through a quest for des volumes. Elle déconstruit les volu­ tween the verb and the noun yields
purity that paves the way to spiritual mes, distingue les plans. Le gris du bé­ particular sensations in sculpture and
asceticism: “Let us resume: violent ton comme le blanc du lait de chaux ne painting, which explains why the ten-
­sensations and pure forms and col- doivent pas être aseptisés par leur ho­ sion created between the bare con-
ours – art of a higher order in other mogénéité. Leur brutalité initiale leur est crete wall of the church and the bold
words”.61 Le Corbusier’s explorations restituée par la couleur qui leur fait vio­ red of the sacristy lend the space such
and discoveries stamp his architectural lence. poetic force.
pieces, as is manifested in his use of
untreated materials, simple volumes L'utilisation de la couleur parachève un In short, the Monastery of La Tourette
and a palette of natural colours. travail d'individuation des objets plasti­ pulls together and sets at odds con-
ques déjà fortement caractérisés par cepts that can be found in the Unité
His palette contained two ranges: pri­ l'opposition de leurs formes. L'œuvre de d’Habitation in Marseilles and the
mary colours and earth colours. The Le Corbusier se saisit dans la découverte chapel at Ronchamp, for it displays not
church in La Tourette (the part of the d'une pensée duelle qui ne cesse de se only the profane rationality of the ma-
monastery that is the most splashed nourrir des «contradictions» qu'elle met chine for living but also the spirituality
with colour) is clad in primary tones. en scène. À propos des écrits théoriques, of the Dominican Order. It is a vehicle
They were applied boldly, clashing la critique a ainsi évoqué la figure rhéto­ for expressing a constantly evolving
with one another and contrasting rique du paradoxisme pour tenter de imaginative world, deriving its creative
sharply with the grey concrete. ­Colour ­qualifier cette démarche cultivant l'anti- strength from a criss-cross of conflicts
is not intended as a seduction device thèse et qui donnait lieu à des formules that weaves the web of society at
here but as a way of purging the telles que «l'art décoratif n'a pas de dé­ large.
shapes. It actually deconstructs the cor» ou «la courbe de l'échine est aussi
­volumes and picks out the planar sur­ raisonnable que celle d'un gros obus».
faces, the aim being to prevent the La contradiction propre à l'espace du
grey concrete and the whitewash from verbe et du concept n'opère pas de la
seeming too sterile. Their initial brute même manière dans le champ plastique.
force is thus accentuated via the col- La tension née du rapport entre la paroi
our that wages war against them. de béton brut de l'église et la parabole
rouge de la sacristie introduit plutôt à
Such use of colour puts a finishing une dimension de l'espace qui ressort
touch to the act of individualizing d'une «poétique». Le couvent de La
sculptural objects, which are already Tourette où se rencontrent et s'affron­
strongly characterized due to their tent l'Unité d'Habitation de Marseille et
contrasting shapes. Le Corbusier’s la Chapelle de Ronchamp, la rationalité
work therefore has to be understood profane de la machine à habiter et la
as a dual thought-process which con­ spiritualité de la mission dominicaine,
stantly feeds the contradictions it participe de cet imaginaire en perpé-
stages. Critics commenting on his tuelle transformation puisant sa force
theoretical writings have even drawn créatrice dans des conflits dont les en­
on the rhetorical figure of paradox in trelacs tissent la vie des sociétés.
an attempt to describe his approach,
claiming that it cultivated antithesis
and generated such sayings as: “Mod-
ern decorative art is not decorated”

128 129
Notes Notes (13) “Le poème de l’angle droit” contains métaux – tolérez des alchimies…»
(1) This publication is the outcome of re­ (1) Ce travail est issu d'une recherche me­ passages that evoke religious thought: p. 114 «Les cathédrales modernes se
search undertaken by Dessin Chantier née par le laboratoire Dessin ­chantier “Within the pannier of its skin, prepare construiront sur cet alignement des
(S. Ferro, C. Kebbal, Ph. Potié and C. (S. Ferro, C. Kebbal, Ph. Potié, C. one’s affairs and thank the Creator” poissons, des chevaux, des amazones,
Simonnet) funded by the Bureau de la ­Simonnet) et financée par le Bureau de p. 92; “Let the metals merge – tolerate la constance la droiture, la patience,
Recherche Architecturale. la recherche architecturale. alchemies (…)” p. 114; “Modern cathe­ l'attente le désir et la vigilance. Appa-
(2) The Monastery of La Tourette remains (2) Fidèle à cette tradition, le couvent de drals shall be built on this alignment of raîtront je le sens la splendeur du bé­
faithful to this tradition for it has La Tourette a accueilli le mouvement fish, horses, Amazons, constancy, up­ ton brut et la grandeur qu'il y aura eu
hosted meetings of the “Economie et «Economie et humanisme» et reçoit rightness, patience, expectation, (…) à penser le mariage des lignes, à peser
humanisme” movement and is cur­ aujourd'hui le «Centre Thomas More». desire and vigilance. The splendor of les formes» p. 138, «Qui est donc en
rently home to the Thomas More (3) Cette sculpture réalisée en 1957 par J. bare concrete shall, I feel, shine forth, définitive Belzébuth?…» p. 74.
Centre. Savina, reprend un dessin de Le Corbu­ as shall the greatness of marrying lines (14) «Le Corbusier», dernier article du RP
(3) This sculpture was made in 1957 by sier de 1955. Le Corbusier écrit à ce and weighing forms” p.138, “Who, Couturier, «L'Art sacré» n° 7–8, mars
J. Savina, based on a drawing by Le propos à J. Savina «Voici une indica­ then, is Belzebuth?” p.74. avril 54, pp. 9–10.
­Corbusier dated 1955. Le Corbusier tion. Vous demeurez libre», nous ren­ (14) “Le Corbusier” – last article written by (15) Je dois à Antoine Lion l'indication de
wrote to J. Savina, saying: “Here are seignant ainsi sur sa conception de la RP Couturier in “L’Art Sacré” No. 7–8, cet article qui éclaire la commande du
some guidelines, but do whatever you division du travail, (citée dans «Le Cor- March/April 1954, pp. 9–10. couvent.
wish”, which offers insight into how he busier, Savina, Sculptures», Ed. Ph. Sers, (15) I wish to thank Antoine Lion who (16) M.A. Couturier, «Magnificence de la
went about delegating work (quoted in Paris 1984. ­pointed out this article to me, for it pauvreté», «L'Art sacré», 1950, p. 8.
“Le Corbusier, Savina, Sculptures”, Ed. (4) «Vers une architecture», Le Corbusier, sheds invaluable light on the commis- (17) Il rejoindra L'atelier de la rue Sèvres
Ph. Sers, Paris 1984. Flammarion, Paris 1995, p. 178. sion of La Tourette. lors de la scission de l'AT.BAT.
(4) Le Corbusier, “Vers une architecture”, (5) Ibid. p. 179. (16) M.A. Couturier, “Magnificence de la (18) Entretien avec Iannis Xenakis, novembre
Flammarion, Paris 1995, p 178; trans- (6) Le choix de cette terminologie tient aux pauvreté”, L’Art Sacré, 1950, p. 8. 1984.
lated into English by Frederich Etchells dessins formés par les ouvertures qui (17) Xenakis joined the atelier in rue de (19) Iannis Xenakis, in «Le Corbusier, le
as “Towards a New Architecture”, rappellent ces deux lettres. Sèvres just as it was being divided into ­Couvent de La Tourette», Ed. Parenthè­
­Architectural Press (1987), p.218. (7) On retrouvera cette pyramide décen­ a design office (Rue de Sèves) with Le ses, Marseille 1987, préface.
(5) Id., p.179. trée sur le toit de l'Assemblée de Corbusier at the helm, and an opera- (20) Ce projet d'habitation est caractérisé
(6) Their name derives from the shapes ­Chandigarh tional office (AT.BAT.), led by Vladimir par un couvrement constitué d'une série
­created by the openings, which recall (8) A l'intérieur on découvrait déjà une Bodiansky and headquartered in Rue de petites voûtes.
these two letters. «conque acoustique». des Augustins. (21) Entretien de Le Corbusier avec la com-
(7) The same kind of off-centre pyramid (9) La place du buffet d'orgues n'avait pas (18) Interview with I. Xenakis, November munauté dominicaine en octobre 1960,
can be found on the roof of the Parlia- était traitée dans un premier temps. Ce 1984. publié dans «Le Couvent Sainte-Marie
ment building in Chandigarh. dernier fut ajouté lors d'une étude plus (19) Iannis Xenakis, in “Le Corbusier , le de La Tourette construit par Le Corbu-
(8) The Pavilion also sported an early précise, sur l'extérieur du volume en Couvent de La Tourette”, Parenthèses, sier» «L’Art sacré», n° 7–8 mars avril,
­version of the “acoustic conch”. prenant initialement une forme cylin- Marseilles 1987, foreword. Paris 1960.
(9) The organ case was not initially in­ drique plus tard remplacée par la (20) The roof of this housing scheme is pat- (22) Les Dominicains comptaient sur les
cluded in the design but was added as forme rectangulaire qu'on lui connaît. terned by small arches. aides provenant des destructions de
part of a more detailed design study. Sur le petit muret qui sépare la nef du (21) Le Corbusier interviewed by the Do­ guerre, mais ils découvrirent un peu
Originally cylindrical, it was later re- buffet Le Corbusier voulait faire figurer minican monks in October 1960; pub- tard que ces subventions étaient réser-
placed by the rectangular shape we des symboles de l'ordre dominicain et lished in “Le Couvent Sainte-Marie de vées aux bâtiments d'habitation.
can see today. Le Corbusier wanted to il demanda qu'on lui fît parvenir les dif­ La Tourette construit par Le Corbusier”, (23) La grande porte pivotante ne date que
place symbols of the Dominican Order férents dessins de ces symboles. L’Art Sacré, Paris, No. 7–8 March/April de 1985, la porte nord de 1993. La
along the small low wall that separates (10) Citée par Danièle Pauly, guide «Le 1960. porte sud n'est toujours pas réalisée.
the nave from the organ case, asking Corbusier: La chapelle de Ronchamp», (22) The Dominicans were counting on (24) Une note de Fernand Gardien du 21
for various designs to be drawn up and p. 123, Ed. Birkhäuser, Basel Boston post-war reconstruction funds, but they avril 1961 précise «Le Corbusier envi-
sent to him. Berlin 1997. discovered a little late in the day that sagerait l'acoustique par le plafond en
(10) Quoted by Danièle Pauly in “Le (11) Le Corbusier «Croisade ou le Crépus- these were reserved for housing. laissant les murs en béton banché.»
­Corbusier: La chapelle de Ronchamp; cule des académies», Ed. Crès, Paris, (23) For instance, the large swivel door was (25) Note de Le Corbusier à André
The Chapel at Ronchamp”, p. 122, 1933. only built in 1985, and the north door ­Wogenscky, 13 mars 1956.
Birkhäuser – Publishers for Architec- (12) Le Père Couturier posa en 1948 in 1993. The south door still has to be (26) André Wogenscky à Le Corbusier,
ture, Basel Boston Berlin 1997. comme modèle pour un Saint Domini­ built. 21 mars 1956.
(11) Le Corbusier, “Croisade ou le que à la demande de Matisse qui réuti­ (24) Memo from Fernand Gardien dated (27) René Gagès avait dû s'opposer aux
­Crépuscule des académies”, Ed. Crès, lisa ce dessin pour la céramique de 21 April 1961, stating: “Le ­Corbusier pressions diverses qui tendaient à im-
Paris, 1933. Vence. ­wishes the ceiling to be used for poser les entreprises régionales Pitence
(12) In 1948 Couturier had posed as Saint (13) «Le poème de l'angle droit» contient ­soundproofing and the walls to be left et l'Avenir qui ne maîtrisaient pas cette
Dominic for Matisse, who used the des phrases évocatrices de cette pen- in shuttered concrete”. technique.
drawing for his ceramic design at sée religieuse «Dans le sac de sa peau, (25) Memo from Le Corbusier to André (28) Un grand nombre d'immeubles de plu­
Vence. faire ses affaires à soi et dire merci au ­Wogenscky, 13 March 1956. sieurs étages du centre de Lyon sont
Créateur.» p. 92 «Laisser fusionner les construits sur ce principe, mais la tech-

130 131
(26) André Wogenscky to Le Corbusier, nique est surtout visible dans la cons­ (42) Jeanneret and his young colleagues (45) A cette occasion Théodor Fisher et Karl
21 March 1956. truction des ensembles agricoles du worked on this project under the tute­ Ernst Osthaus présentent et dévelop­
(27) René Gagès must have held out nord Isère. lage of L’Eplattenier and Chapallaz. pent le thème «Matériau et style».
against pressure usually applied in the (29) FLC K3–17–135. They notably used a fresco painting (46) Le Corbusier, «L'art décoratif
region to use Pitence et l’Avenir – local (30) Inauguration du couvent de La technique that had recently been re­ ­d'aujourd'hui», Ed. Crès, Paris, 1925,
contractors who did not know how to ­Tourette, allocution de Le Corbusier re­ introduced into Switzerland by p. 24.
work with bare concrete. produite dans Jean Petit, «Un couvent ­Gottfried Semper. (47) Le Corbusier fut très sensible aux motifs
(28) A large number of multistorey build- de Le Corbusier», Forces Vives, Paris, (43) “Les Constructions Murondins”, Paris/ de la céramique traditionnelle d'Europe
ings in central Lyons were built using 1961. Clermont-Ferrand, Ed. Chiron 1942. Centrale au cours de ses premiers
this system, but the most striking (31) Le Corbusier «Unités d'habitation de (44) “Étude sur le mouvement d’art voyages.
ex­ample can be found in the farm build- grandeur conforme», avril 1957. FLC ­décoratif en Allemagne” was published (48) Ce dernier était entré initialement à
ings constructed in the north of Isère. A3–1. in 1912. l'AT.BAT. avant de dépendre directe-
(29) FLC K3-17-135. (32) In J. Petit, «Le Corbusier par lui-même», (45) This event included a presentation by ment de Le Corbusier.
(30) Opening ceremony of the Monastery of p. 40 et plan FLC 1234. Théodor Fisher and Karl Ernst on (49) Entretien avec Iannis Xenakis, novem­
La Tourette; speech by Le Corbusier (33) In: Le Corbusier «Œœuvre complète» “­Materials and style”. bre 1984.
published in Jean Petit, “Un couvent de 1929–34, p. 132, Birkhäuser – Editions (46) Le Corbusier, “Lart décoratif (50) La modénature du Parthénon est ainsi
Le Corbusier”, Forces Vives, Paris, d’Architecture. aujourd’hui”, p. 24, translated into présentée dans le dernier chapitre de
1961. (34) Présentation du couvent dans l'édition English by James Dunnett as “The Deco- «Vers une architecture» comme l'inter-
(31) Le Corbusier “Unités d’habitation de «Garland Archives». rative Art of Today”, Architectural Press vention spécifique de Phidias (sculpteur
grandeur conforme”, April 1957. FLC (35) «J’ai tant étudié la question des jar- (1987), p. 122. et plasticien) alors que la production
A3-1. dins, et j’en ai tant vu partout, que je (47) See note 17 for information on AT.BAT. du temple et la définition de son
(32) In J. Petit, “Le Corbusier par lui- suis navré de voir commettre des er- (48) Le Corbusier had been struck by tradi- ­«standard» ne pouvait être que le tra­
même”, p. 40 and plan FLC 1234. reurs capables de nuire si fortement à tional ceramic motifs that he had come vail des «ingénieurs» (Ictinos et
(33) In Le Corbusier, Œuvre complète 1929– l’ensemble». (Lettre de Charles across in Central Europe during his ­Callicrate).
34, p. 132, Birkhäuser – Publishers for Edouard Jeanneret à Mme Anatole early travels. (51) Le Corbusier, «Vers une architecture»,
Architecture. Schwob, le 30 septembre 1917. La (49) Xenakis had initally joined AT.BAT., be- Ed. Crès, Paris, 1923, p. 178–179.
(34) Description of the monastery in Chaux-de-Fonds, Bibliothèque de la fore reporting directly to Le Corbusier. (52) Le Corbusier, «Le poème de l'angle
“­Garland Archives”. ville, Le Corbusier ms 111). (50) Interview with Iannis Xenakis, Novem- droit», Ed. Tériade, Paris, 1955, p. 150.
(35) “I have studied the issue of gardens at (36) «L’Architecture vivante», automne-hiver ber 1984. (53) Le Corbusier, «entretien avec la com­
length. I have seen so many, in so 1927. (51) The profiling of the Parthenon is pre- munauté» op. cit.
many places and it pains me to see er- (37) Plan FLC 1212. sented in “Vers une architecture” as an (54) Le Corbusier, «Vers une architecture»,
rors that can damage the overall work (38) Plan FLC 1303. invention by the sculptor Phidias, while Ed. Crès, Paris, p. 57.
so greatly”. (Letter from Charles (39) «Cinq question à Le Corbusier», Zodiac the “standard” building of the temple (55) Rappelons que cette conjonction fut
Edouard Jeanneret to Mme Anatole n° 7, 1960, p. 50. was clearly the work of “engineers” découverte à la Chartreuse d'Ema.
Schwob, 30 September 1917. La (40) Concernant l'histoire du béton armé, (Ictinos and Callicrate). (56) Le Corbusier entretien avec la commu-
­Chaux-de-Fonds public library, Le on consultera Gwenael Delhumeau, (52) Le Corbusier, “Towards a New Archi­ nauté op. cit.
Corbusier ms 111). «L'invention du béton armé» Norma, tecture”, p. 218 (57) N. Matossian, «Iannis Xenakis», Fayard,
(36) “L’Architecture vivante”, autumn/winter 1999, Paris, et Cyrille Simonnet (53) Le Corbusier, “Le poème de l’angle 1981, p. 79.
issue 1927. ­«Histoire d'un matériau, le béton», droit”, Ed. Tériade, Paris 1955, p. 150. (58) «Le Corbusier, Savina, Sculptures», Ed.
(37) Plan FLC 1212. Ed. Parenthèses, Marseille 2000. (54) Le Corbusier interviewed by the Ph. Sers, Paris 1984, p. 85.
(38) Plan FLC 1303. (41) Charles L'Eplattenier (1874–1946), ­Dominican monks, op. cit. (59) Le Corbusier, «Après le cubisme», Ed.
(39) “Cinq questions à Le Corbusier”, «Jusqu'en 1907, dans ma ville natale, (55) “Towards a New Architecture”, p. 75. des commentaires, Paris 1918, p. 34.
Zodiac No. 7, 1960, p. 50. j'ai eu le bonheur d'avoir un maître, (56) Le Corbusier first encountered this at (60) Le Corbusier, «Après le cubisme», Ed.
(40) Concerning the history of reinforced L'Eplattenier, qui fut un pédagogue the Charterhouse of Ema. des commentaires, Paris 1918, p. 19.
concrete, see Gwenael Delhumeau, ­captivant, c'est lui qui m'a ouvert les (57) Le Corbusier interviewed by the
“L’invention du béton armé”, Norma, portes de l'art.» Le Corbusier, Œuvre ­Dominican monks, op. cit.
1999, Paris, and Cyrille Simonnet, Complète, 1910–1929 p. 8. (58) N. Matossian, “Iannis Xenakis”, Fayard,
“Histoire d’un matériau, le béton”, (42) C'est sous la direction de L'Eplattenier 1981, p. 79.
Parenthèses, Marseilles 2000. et de Chapallaz que Jeanneret et (59) “Le Corbusier, Savina, Sculptures”, Ph.
(41) Charles L’Eplattenier (1874–1946): “Up ses jeunes confrères entreprennent Sers, Paris 1984, p. 85.
to 1907 I had, in my native town, the cette œuvre qui utilise notamment (60) Le Corbusier, “Après le cubisme”, Ed.
good fortune to have a master worthy une ­technique de peinture à fresque des commentaires, Paris, 1918, p. 34.
of the name. ‘L’Epplatenier’ as we ­réintroduite en Suisse par Gottfried (61) Le Corbusier, “Après le cubisme”, Ed.
called him, was a fascinating teacher. Semper. des commentaires, Paris, 1918, p. 19.
He it was who first opened the gates of (43) «Les Constructions Murondins», Paris/
art to me”. Le Corbusier Œuvre Clermont-Ferrand, Ed. Chiron 1942.
­Complète, 1910–1929, p. 11. (44) «Étude sur le mouvement d'art décora-
tif en Allemagne» sera publié dès
1912.

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Bibliography/Bibliographie L’Œuvre de Le Corbusier chez Birkhäuser V/A
Sergio Ferro, Cherif Kebbal, Philippe Potié et
The Works of Le Corbusier published by Birkhäuser V/A
Cyrille Simonnet : Le Corbusier, le cou-
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Marseille 1987.
Le Corbusier, une encyclopédie, éd. du centre Le Corbusier Le Corbusier
Pompidou/CCI, Paris 1987. Œuvre complète/Complete Works Une petite maison
Jean Petit : Un couvent de Le Corbusier, Forces 8 volumes Textes et mise en page par Le Corbusier/­
Vives, Paris 1961. Français/English/Deutsch written and designed by Le Curbusier.
Le Corbusier : Entretien sur le couvent de La ­Français/English/Deutsch. 84 pages, 72 b/w
Tourette, L'Art sacré, n° 7/8, 1er trimes­ Volume 1: 1910–1929 illustrations. Brochure/softcover
tre, Paris 1960. W. Boesiger, O. Stonorov (Ed.). 216 pages, ISBN 978-3-7643-5512-8
W. Boesiger : Le Corbusier, Œuvre complète 600 illustrations. Relié/hardcover,
1952–57 et 1957–65, Birkhäuser – ISBN 978-3-7643-5503-6 Le Corbusier
­Editions d’Architecture, Basel Boston Willy Boesiger (Ed.). Français/Deutsch.
Berlin. Volume 2: 1929–1934 260 pages, 525 illustrations. Brochure/
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Flammarion, Paris 1995 550 illustrations. Relié/hardcover, ISBN 978-3-7643-5930-0
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Volume 3: 1934–1938 Le Corbusier/
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been taken from the Archives of the Volume 5: 1946–1952 Le Corbusier:
Fondation Le Corbusier, Paris. W. Boesiger (Ed.). 244 pages, 428 illustrations. Les Villas La Roche-Jeanneret/
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