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Variabilité pluviométrique dans le parc national de

Khénifra
Rachida Ikkou¹ et Youssef Benbrahim²

1: Etudiante chercheure, équipe de recherche milieux naturels : Aménagement et dynamiques socio-


spatiales, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines à sais, Fès

2: Enseignant chercheur, équipe de recherche milieux naturels : Aménagement et dynamiques socio-


spatiales, faculté des Lettres et des Sciences Humaines à Sais, Fès

Résumé
Le parc national de Khénifra constitue un potentiel forestier très important, connu par sa
diversité biologique et écologique, il se caractérise par un climat méditerranéen du type
montagnard, qui enregistre des quantités pluviométriques importantes qui varient entre 800 et
1300 mm/an à la station d’Ouiuane. La répartition spatiotemporelle des pluies annuelles est
caractérisée par une forte variabilité interannuelle, l'utilisation de l'indice standardisé de
précipitations et la répartition spatio-temporelle des isohyètes nous ont permis de suivre
l'évolution de cette variabilité pluviométrique. Elle est manifestée par l'alternance des
périodes sèches de longue durée, c'est le cas de la période sèche qui a duré onze ans (de
1975/76 à 1987/88). Par contre les périodes humides se manifestent par une tendance
pluviométrique vers la baisse.

Mots clés : Parc National de Khénifra, variabilité pluviométrique, indice climatique, tendance
pluviométrique, migration des isohyètes.

‫ملخص‬

‫يشكل المنتزه الوطني لخنيفرة نموذجا للتنوع البيولوجي و اإليكولوجي و سط مناخ متوسطي ذو‬
‫ ملم في السنة بمحطة الرصد‬1300‫ و‬800 ‫خصائص جبلية يتميز بتساقطات مطرية مهمة تتراوح ما بين‬
‫ يظهر التوزيع الزمكاني للتساقطات المطرية السنوية تغايرية مطرية بيسنوية قوية‬.‫الجوي ببحيرة ويوان‬
.‫بعد استعمالنا المؤشر الموحد للتساقطات المطرية و التوزيع الزمني و المكاني لخطوط تساوي االمطار‬
‫ التي تجلت في تعاقب الفترات الجافة المطيرة‬. ‫و التي مكنتنا من تتبع تطور هذه التغايرية المطرية‬
‫) بينما تتميز الفترات‬88/1978 ‫ الى‬76/1975 ‫ سنة (من‬12 ‫ مثال الفترة الجافة التي دامت‬، ‫الطويلة‬
.‫الرطبة بنزعة في اتجاه التراجع‬

،‫ منحى النزعة المطرية‬،‫ المؤشر المناخي‬،‫ التغايرية المطرية‬،‫ المنتزه الوطني لخنيفرة‬:‫كلمات المفاتيح‬
.‫التوزيع الزمني و المكاني لخطوط تساوي االمطار‬

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1. Introduction
Le Parc National de Khénifra appartient au Moyen Atlas Central, il se caractérise par
un relief montagneux sous forme de causse (Moyen Atlas Tabulaire) au Nord et sous formes
des anticlinales et synclinales au Sud (Moyen Atlas Plissé), il s’individualise par une richesse
hydrologique, faunistique et floristique et par un climat méditerranéen du type montagnard
dont les précipitations sont pluvieuses et neigeuses pendant l’hiver et les saisons transitoires.
Au cours de dernières décennies, les singes d'une variation climatique intense sont
largement remarquables à la zone d'étude en particulier et au Maroc en général.
Une forte variabilité pluviométrique est de plus en plus franche trace le nouveau
visage du climat du PKN et de ses principaux aspects, alors quelles sont les caractéristiques
typiques de cette variabilité pluviométrique? Quels sont les indices utilisés afin de monter,
mesurer et prévoir l’impact climatique de cette variabilité pluviométrique ?

2. Présentation du PNK
Créé en avril 2008, le PNK occupe une superficie de 93 500ha, dominant
l'espace de douze Communes Rurales (Figure N°1) où le domaine forestier constitue
78%.

Du point de vue géologique la quasi-totalité du PNK est constituée de


formations géologiques jurassiques notamment les calcaires et les dolomies, les
formations géologiques calcaires et dolomites ont favorisé l’apparition d’un grand
nombre de sources et lacs, cette abondance d’eau est liée directement au type du climat
dominant (climat du type montagnard), il se caractérise par des précipitations
pluviométriques importantes concentrées pendant l’Hiver. Elles peuvent atteindre un
moyen annuel maximal de 1000 mm/an à la zone d’Ouiuane, c’est le cas de l’année
2009/10. Elles sont aussi présentées en été sous formes des orages, la fonte de neige
au Printemps et les températures modérées en Eté jouent un rôle non négligeable dans
cette richesse hydrologique.

3. Méthodologie

Notre méthodologie d’étude est basée essentiellement sur l’analyse des séries
pluviométriques à travers des indices climatiques pour évaluer la variabilité des
précipitations dans le PNK.

3.1 Donnés pluviométriques utilisées

Les séries pluviométriques issues de la station d’Aguelmmame sidi Ali et de la station


d’Ouiuane, entre 1975/76 et 2015/16 constituent la base de données dans l’étude et
l’analyse de la variabilité pluviométrique au niveau du PKN.

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Figure 1 : situation géographique et administrative du PNK

3.2 Indice standardisé des précipitations (SPI)

C’est une moyenne des cumuls pluviométriques annuels centrés et réduits, calculés dans
chaque station disponible pour une saison donnée (Sebbar: 2011). Cet indice permet de
déterminer les années sèches et humides et de les classer selon l’intensité de la sécheresse ou
des excédents pluviométriques (tableau1).

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Tableau 1 : les classes de l’indice standardisé des précipitations

La classe d’SPI Degré de sécheresse ou humidité


<-2 Extrêmement sèche
-2 / -1,49 Très sèche
-1,49 / -0,99 sèche
-099 / 0, 99 Proche à la normale
0,99 / 1,49 humide
1,49/ 2 Très humide
>2 extrêmement humide

SPI sera calculé à partir de l’équation suivante :

SPI =(X - )/ σ

Avec :

X = la quantité de précipitations pour une année donnée

= la moyenne des précipitations pour la période étudiée.

σ = L’Ecart type

3.2 La migration historique des isohyètes

C’une méthode d’étude de la variation spatio-temporelle de la pluviométrie, en utilisant


les différentes données des stations pluviométriques qui couvrent la zone du PNK. La période
a été subdivisée en trois décennies (1985 – 1995) ; (1995 – 2005) ; (2005 - 2015) .La base
de données obtenue a été traitée sous logiciel Arc Gis dont le but est pour élaborer les
cartes des isohyètes pour chaque dix ans.

4 Résultat et discussion
4.1 Indice standardisé des précipitations
Les valeurs fluctuantes du SPI montrent que la variabilité pluviométrique dans cette
zone est très forte et marquée essentiellement par la succession des périodes humides et des
périodes sèches. Nous distinguons quatre grandes périodes pluviométriques au niveau des
deux stations: la première (de 1975/76 à 1987/88) marquée par la récurrence notable des
années sèches qui présentent 61% de la période en question, la deuxième (de 1988/89 à
1997/98) manifestée par la prédominance perceptible des années humides qui couvre 70% de
deuxième période, la troisième période (de 1998/99 à 2007/08) est prédominée aussi par les
années sèches qui couvre70% et enfin la quatrième période (de 2008/09 à 2015/16) est
marquée par 60 % des années humides.

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147
quoique les deux stations (Aguelmmame Sidi Ali et Ouiuane) aient connu les mêmes
périodes sèches et humides, mais elles sont dissemblables au niveau de la répartition
temporelle que ça soit pour les périodes sèches ou pour les périodes humides, c'est le cas de la
première période sèche (de 1975/76 à 1987/88) marquée par l'alternance des années sèches (8
ans) et humides (5 ans) à la station d'Aguelmmame, tandis que cette période est caractérisée
par l'installation d'une période sèche de 8 ans après une courte période humide de 5 ans à la
station d'Ouiuane .

La période des années quatre-vingt a été fortement déficitaire (la station d’Ouiuane a
enregistré 8 années sèches et celle d’Aguelmmame sidi Ali a enregistré 6 années sèches
durant une période de 10 ans (1980/81 à 1990/91). À partir de l’année 2007 les pluies
annuelles sont manifestées par une légère tendance vers une nouvelle période humide (de
2009/08 à 2015/16), dont l’année 2009/2010 est considérée comme l'excédentaire année de la
série pluviométrique étudiée.

4.2 Migration historique des isohyètes

La méthode de la migration historique des isohyètes nous a permis de suivre le


déplacement et l’évolution spatiale des isohyètes (moyennes décennales pluviométriques) au
sein de la période étudiée et de caractériser ainsi la variabilité pluviométrique dans le Parc
National de Khénifra.

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Figure N°4: carte des isohyètes (entre 1985 et 1995)

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La variabilité pluviométrique au cours des décennies 1985 – 2015, fortement
influencées par les sécheresses des années quatre-vingt, reflète la grande hétérogénéité dans la
distribution temporelle des pluies au cours de cette période. Cette hétérogénéité marquée la
répartition annuelle de pluie est le résultat de la succession récurrente des années sèches et
des années humides durant une période courte qui ne dépasse pas 30 ans (de 1985à 2015).

L’interprétation des trois figures permet de faire la synthèse suivante :

- Durant la décennie 1985 - 1995, on constate que la partie Nord du PNK reçoit une
moyenne pluviométrique qui varie entre 600 mm et 800 mm/an. On note ainsi que la
partie Sud du PKN est moins arrosée durant cette décennie, elle reçoit une quantité
des précipitations qui varie entre 200-400 mm/an.(Figure N° 4).

- La période 1995-2005 est caractérisée par une reprise de pluie vers le Nord, marquée
par la régression des isohyètes 400 mm et 600 mm vers le nord, ce qui montre
évidemment que la sécheresse était sévère (période sèche de 1998/99 à 2007/08)
durant les années quatre-vingt-dix. (FigureN°5)

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- la décennie 2005-2015 est marquée par une augmentation significative des
précipitations par rapport à la période précédente, en particulier dans la partie Ouest
du PKN Les isohyètes 400 et 600mm sont déplacées clairement vers le Sud (Figure
N°6).

Figure N° 7 : migration historique des isohyètes 600 et 400 mm (entre 1985 et 2015)

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D’une manière générale, les précipitations diminuent du nord vers le sud, sous l’effet de la
situation latitudinale, mais à l’échelle du PNK cette règle est changée par l’effet d’autres
facteurs tels que l’altitude et la continentalité. Cette dernière est constituée un facteur décisif
dans les quantités de pluies enregistrées aux stations du PKN. C’est le cas de la station
d’Aguelmmame Sidi Ali (2078 m) située au versant sud du moyen atlas qui enregistre
annuellement des quantités pluviométriques ( elles varient entre 300 et 500 mm/an ) faibles
par rapport à celles enregistrées à la station de Ouiuane située plus au moins au moyen atlas
occidental avec une altitude de 1430 m ( les quantités de pluies varient entre 700 et 1000
mm/an ). La figure N°5 montre d’une manière bien précise l'importance de la variabilité
pluviométrique au niveau de la zone du parc, par le suivi de la migration de l’isohyète 600
mm pour la partie septentrionale (moyen atlas tabulaire) et de l'isohyète 400 mm pour la
partie méridionale (Moyen atlas plissé) du secteur étudié, ces deux parties présentent des
critères topographiques différents (l'altitude et l'orientation) et subissent ainsi aux effets
distincts de la continentalité. Alors on constate que:

- Pendant la période 1985-1995, les isohyètes 600 et 400 mm représentés par


l’isohyète rouge, nous la considérons comme la première position de cet
isohyète avant son déplacement.

- Durant la période 1995-2005, les isohyètes 600 et 400 mm représentés par


l’isohyète bleue, ils ont régressé vers le nord, ce qui montre clairement la
diminution de la moyenne de la quantité de pluies de la période en question
(553 mm/an) par rapport à la période précédente (524mm/an).
- Au sein de la période 2005-2015, les isohyètes vertes ont connu une
progression remarquable vers le sud, sauf que l'isohyète 400 mm est
représentatif et il montre bien ce déplacement. donc ce déplacement est un
indicateur fort de l’installation d’une nouvelle période humide
il est important de signaler que les indicateurs d'une forte variabilité pluviométrique
sont très perceptibles aux régions qu'il traverse l'isohyète 400 mm, en effet cette situation est
liée largement à sa localisation géographique (le versant sud du moyen atlas plissé). Donc sa
position géorgique loin de la mer lui permet d'être touchée plus par les effets intenses de la
continentalité. Les régions continentales notamment le moyen atlas plissé sud sont considérés
comme des régions les plus irréguliers au niveau de la réparation de pluie, ils sont très
vulnérables aux évènements pluviométriques extrêmes (sécheresse ou inondation). Ce qui en
résulte facilement des vicissitudes pluviométriques.
Donc cette variabilité pluviométrique est liée principalement aux changements des
conditions météorologiques de la situation atmosphérique, en effet les cartes du temps
suivantes montrent les conditions météorologiques responsables de ces deux situations
climatiques contrastées (périodes sèches ou humides). La première carte du temps N° 8
présente un exemple d’une année sèche (12 Novembre 2005), l’anticyclone des Açores est
centré en plein du milieu de l’océan atlantique et l’anticyclone de l’Afrique du nord d’origine
thermique est surmonté tout le Maroc, ces anticyclones d’origine dynamique et thermique se
prolongent vers le nord, ils constituent une barrière devant l’air froide polaire humide, cette
situation se traduise par le détournement des perturbations polaires loin du Maroc et la

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sécheresse hivernale s'impose. Au contraire la deuxième carte N°9 (23 mars 2013) indique
une situation d’instabilité au Maroc. Une énorme masse d'air froid d'origine polaire se déplace
vers les latitudes subtropicales. Le jet Stream forme de grandes ondulations accompagnées de
coulées froides très profondes qui surmontent et soutiennent la dépression atlantique, cette
situation lui a permis d'atteindre les latitudes septentrionales du Maroc d'une part et
d'empêcher d'autre part l'anticyclone des Açores de se déplacer vers le nord et faire barrière
aux dépressions pluvieuses (Benbrahim: 2016). Cet air touche la façade occidentale du bassin
méditerranéen qui a déjà des températures relativement élevées, par conséquent, le temps
instable s'installe sur la façade méditerranéenne et alors les fortes quantités de pluies arrosent
le Maroc.

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Conclusion

Les signes d'une forte variabilité pluviométrique sont très visibles et clairs au Parc National
de Khénifra selon la méthode de migration des isohyètes et celle de l'indice SPI, ce qui prouve
la succession des années sèches et humides avec la dominance écrasante des périodes sèches
et une légère tendance pluviométrique vers la baisse. Cette variabilité climatique est liée
essentiellement aux changements des conditions météorologiques de la situation
atmosphérique. Généralement les deux évènements pluviométriques extrêmes (sécheresse
récurrente ou excédent pluviométrique) ont des impacts plus ou moins négatifs sur
l'environnement.

Références

 Amyay.Mohamed (2012): caractérisation des évènements pluviométriques extrêmes dans le Moyen


Atlas et ses marges; 25éme colloque de l'association international de climatologie, Grenoble 2012,
pp75-80

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 Benbrahim Youssef (2009): la neige dans la commune de Maghraoua et son pourtour (Moyen Atlas
Septentrional): présentation et interprétation des données préliminaires et potentialités du
développement local; Geomaghreb, N°5, pp 61-69.
 Benbrahim Youssef (2016): carte du temps: lecture, analyse et élaboration (application sur le climat
au Maroc).Editions Info Print, 74 pages.
 Daki Yousra (2016) : Caractérisation De La Sécheresse Climatique Du Bassin Versant D’oum Er
Rbia (Maroc) Par Le Biais De L’indice De Précipitation Standardisé (SPI) ; European Scientific
Journal, Edition vol.12, N°14, pp 198-209.
 ELBOUQDAOUI. k (2006): Evolution du régime pluviométrique et hydrométrique du bassin versant
du Srou (Moyen Atlas, Maroc); Geo-Eco-Trop; pp41-56.
 Janati Idrissi Abdlhamide (2010): situations pluviométriques extrêmes et impacts engendres au
Maroc: cas de l'Année 2008/2009; Geomaghreb , N°6, PP105-119.
 Nouaceur Zeinddine(2014): Changements climatiques en Afrique du Nord : vers des conditions plus
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l'Association Internationale de Climatologie, France, pp387-393.
 Sebbar Abdelali (2011): Etude de la variabilité du régime pluviométrique au Maroc septentrional
(1935-2004); Sècheresse vol. 22, n 8 3. Pp139-148.
 SEBBAR Abdelali (2012): Etude des variations climatique de la région centre du Maroc; 25ème
Colloque de l’Association Internationale de Climatologie, Grenoble 2012; pp709-714.
 Site internet pour carte synoptique: www.wetterzentrale.de

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