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Cinéma et Opéra en Chine

RÉTROSPECTIVE
fonctionnaire intègre de la dynastie Ming, La Destitution de Hai Rui, (Hai Rui aux provinces périphériques un genre théâtral à part entière à l’image des
baguan), qui servit de détonateur à la Révolution culturelle (1966-1976). Durant théâtres traditionnels. Les opéras du Jilin (Jiju) ou du Guizhou (Qianju) sont
cette période, le théâtre traditionnel fut interdit et remplacé par des pièces apparus dans les années cinquante du XXe siècle, dans le cadre d’une politique
révolutionnaires « modèles », avant d’être réhabilité à partir de 1977. privilégiant la tradition nationale, tout comme le Quju, forme popularisée
d’opéra pékinois. Plusieurs dizaines de formes rustiques sont constituées à
Opéras locaux partir des airs traditionnellement chantés lors du repiquage du riz (Yangge)
Les théâtres chantés locaux (difangxi ou xiqu juzhong) forment, aux côtés de ou de la cueillette du thé (Caichaxi), ainsi que des ballades accompagnées au
l’opéra de Pékin, la large palette des formes dramatiques chinoises. Dans un tambourin (Huaguxi). Aux formes religieuses archaïques à masques, comme
pays unifié depuis deux millénaires, les théâtres locaux attestent de la diversité le théâtre rituel (Nuoxi) joué dans l’Anhui, ou le « théâtre du terroir » (dixi), au
des traditions locales : un recensement des années quatre-vingts site le Guizhou, viennent s’ajouter plusieurs dizaines d’opéras régionaux chantés en
chiffre de trois cent dix-sept genres régionaux, dont une cinquantaine sont dialecte local, pouvant inclure des dialogues en mandarin réservés à certains
aujourd’hui régulièrement jouées. Chaque province possède ses opéras locaux, rôles. Parmi les genres anciens, citons l’opéra de Puxian et Xianyou (Puxianxi) et
caractérisés par des pièces originales, au sein d’un vaste répertoire commun à le théâtre du Jardin des poiriers (Liyuanxi) au Fujian, qui perpétuent la tradition
l’ensemble des théâtres traditionnels. Les opéras locaux se différencient d’un ancienne des airs poétiques chantés en vers irréguliers.
genre à l’autre par leur style musical et leur forme propre, liée à la teinte des
costumes et aux variations dans l’emploi des maquillages réservés aux rôles de La dynastie sino-mandchoue des Qing constitua un véritable âge d’or pour les
visages peints. Les opéras locaux possèdent souvent une vivacité et une alacrité théâtres locaux, généralement construits sur des mélodies en vers réguliers.
qui détonnent avec le style quelque peu hiératique et compassé de l’opéra de Parmi les grands genres, la province du Sichuan possède plusieurs formes
Pékin. L’intensité émotive et la puissance vocale à l’œuvre dans les « opéras à d’opéras (Chuanju), caractérisées par leur truculence et l’importance accordée
cliquettes » (bangzi) du Shaanxi (Qinqiang), du Shanxi (Jinqiang) ou du Hebei aux intrigues familiales et aux rôles comiques. La Chine du Centre, avec le Yuju
(Hebei bangzi) contrastent avec la douceur efféminée et le maniérisme des du Henan et le Hanju du Hubei, possède un répertoire théâtral riche de plusieurs
théâtres du Sud. Mieux que tout discours, cette opposition illustre les variations milliers de pièces. L’opéra cantonais (Yueju), né au début du XXe siècle, reste
mentalités, imprimées par les contrastes géographiques et climatiques du pays. aujourd’hui une des formes populaires les plus vivantes, tout comme l’opéra en
Malgré leur diversité, les opéras locaux relèvent cependant tout du théâtre dialecte taiwanais (Gezaixi), à Taiwan. La survie de ces opéras est aujourd’hui
chinois classique au sens large, caractérisé par une forme stylisée, éminemment menacée par l’évolution des mentalités et par la concurrence de la télévision.
maîtrisée par l’acteur, ne laissant aucune place à l’improvisation et au « jeu Même le vénérable opéra de Kunshan, le Kunqu, hérité de la dynastie Ming, fait
hystérique ». L’alternance de chants et de parties parlées, l’emploi systématique depuis 2001 l’objet de mesures particulières dans le cadre de la préservation
de conventions gestuelles ainsi que la division des personnages en rôles-types, du patrimoine immatériel de l’Unesco.
font également partie du fonds commun à tous ces théâtres.
Roger DARROBERS
On distingue les genres anciens, apparus pendant les dynasties Ming (1348- Auteur, traducteur et professeur de Chinois à l’université de Paris X Nanterre.
1644) et Qing (1644-1911), des opéras récents, créés dans le but d’offrir Il a publié L’opéra chinois (bleu du ciel, 1998), Le théâtre chinois (Que sais-je)

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