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NOUVELLES NORMES COMPTABLES :

ASPECTS JURIDIQUES
ASPECTS ECONOMIQUES

Mercredi 13 décembre 2006

Lycée Suzanne Valadon jacques Pruvost


1
Première partie

ASPECTS JURIDIQUES

Comment naissent les normes comptables ?

2
A - La nécessité d’une régulation comptable

L’information comptable constitue un bien collectif.

Définition : les biens publics ou collectifs sont des biens, services


ou ressources qui bénéficient à tous, et se caractérisent par la
non-rivalité (la consommation du bien par un individu n'empêche
pas sa consommation par un autre), et la non-exclusion
(personne ne peut être exclu de la consommation de ce bien).

3
Deux justifications pour une régulation en matière comptable [1 / 2]

1.Un problème central : les destinataires de l’information comptable

 Le règlement des litiges entre commerçants (fonction juridique)

 Servir de base à l’assiette de certains impôts (TVA, BIC, IS)

 Source d’informations statistiques des États

 Les créanciers veulent apprécier la solvabilité de l’entreprise

 Les investisseurs veulent apprécier la qualité de leur placement


4
 Pour les dirigeants, un outil de gestion

 Pour les salariés, apprécier la pérennité de l’emploi

 Pour l’individu « lambda »

5
Deux justifications d’une régulation en matière comptable [2 / 2]
2. Un deuxième problème central : la question de l’harmonisation

 Pour que les états financiers soient compris, la comptabilité doit être
tenue dans une seule « langue ». Les états financiers doivent être
comparables.

Une harmonisation qui s’est faite progressivement :


- dans un cadre national : le Conseil national de la comptabilité (CNC)
et le Plan comptable général (PCG)
- puis dans un cadre régional : directives de l’union européenne
- et dans un cadre mondial : normes IAS / IFRS

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B - Éléments de vocabulaire (Bernard Colasse)
1. Norme, convention, règle, convention, avis
 Une norme est une obligation plus ou moins contraignante
imposée par la pratique comptable. 
 Toutes les conventions comptables n’ont pas le statut de
normes.
 La règle a un caractère toujours obligatoire. Toutes les
règles sont des normes mais l’inverse n’est pas vrai .
 Les règlements du CRC ont un caractère impératif.
 Les avis du CNC sont des normes dont l’application est plus
ou moins facultative. 7
2. Régulation comptable
« Processus de production, de mise en œuvre et de contrôle
de l’application des normes comptables »
Trois aspects :
 la production des normes (le normalisateur)
 l’application des normes
 la vérification que les normes sont appliquées

8
3. Harmonisation comptable
L’harmonisation peut être définie comme un « processus institutionnel
ayant pour objet de mettre en convergence les normes et les pratiques
comptables nationales et par conséquent de faciliter la comparaison des
états comptables produits par les différents pays » (colasse)

L’harmonisation peut être définie comme un « processus politique visant à


réduire les différences de pratiques comptables à travers le monde afin
d’accroître leur compatibilité et leur comparabilité.» (Hoarau)

De l’harmonisation à la normalisation
 harmonisation = forme atténuée de la normalisation
normalisation = n’autorise pas la diversité des pratiques
comptables 9
C- Les formes types ou pures de la régulation
La régulation par l’état : (la réglementation)
Intervention aux trois stades de la régulation (production des
normes, textes les rendant obligatoires, contrôle par le
judiciaire).
Mais compétences techniques ;
Réactivité face aux évolutions rapides de l’économie.

La régulation professionnelle (ou autorégulation)


Mais quid des intérêts des autres acteurs économiques et
sociaux ?
La régulation par un organisme indépendant
Conception démocratique
Conception technocratique 10
D. Les formes concrètes de la normalisation
État (réglementation)

Organisme
Profession
(autorégulation)
indépendant
Classification de NOBES (1992)
qui distingue selon que l’état intervient ou non au stade de
l’élaboration et de la mise en œuvre des normes
11
Degré d’intervention de l’État

- +
USA France
GB
Australie Allemagne
Pays-Bas
Nouvelle – Zélande Canada
12
La régulation nationale

13
D’une manière générale 2 questions centrales

Qui est présent dans les organes de décisions ?

Qui finance ?

14
La situation des États-unis
 La normalisation est assurée par un organisme indépendant de type
technocratique (FASB) (Financial Accounting Standards Board)
Ses 7 membres sont choisis en raison de leurs compétences par les
15 membres d’une fondation (FAF = Financial accounting foundation)
sensée représentée les intérêts des utilisateurs de l’information
financière.

 Le FASB exerce son activité sous le contrôle de la SEC (Securities


and Exchange Commission). Ses normes sont soumises à
l’approbation de la SEC.

15
La situation de la France [1 /4]
Avant 1983 – des sources comptables dispersées
Des sources publiques : Code de commerce ; PCG 47 puis 57
Plans comptables professionnels, décret sur les sociétés 1967, le
CGI, la jurisprudence judiciaire et administrative et fiscale.

Des sources para-publiques : le CNC (1957)qui émet des avis,


des recommandations et des notes d’information ; la COB (1968)

Des recommandations des organismes professionnels à l’égard


de leurs membres :
L’OECCA (ordre des experts comptables et des comptables agréés)
La CNCC (compagnie nationale des commissaires aux comptes) 16
La situation de la France [2 / 4]
1983 – 1998 – l’émergence d’un droit comptable : des
lois et décrets hiérarchisent le droit comptable
LE PCG 1982 (appliqué en 1984) : l’harmonisation du droit des
sociétés au niveau européen comportait un volet comptable qui a
pris la forme de deux directives (une pour les comptes sociaux
(1978), une pour les comptes de groupes (1983)).
La loi du 30 avril 1983 (loi comptable) a transposé au plan
national la 4ème directive de 1978 et la loi du 3 janvier 1985 a
transposé la 7ème directive de 1983.
Ces lois furent suivi chacune d’un décret d’application apportant
les précisions nécessaires à l’application des lois comptables.
17
La situation de la France [ 3 / 4]
Faits marquants depuis 1998
La création du CRC en 1998(comité de la réglementation
comptable) qui détient le pouvoir de dire le droit.
Les avis du CNC qui font l’objet de règlements de la part du CRC
sont d’application obligatoires après homologation par arrêté
ministériel.
Conséquence : un recul de l’état : plus de lois ni décrets mais des
avis, recommandations, règlements, arrêtés.
L’harmonisation comptable internationale et la consécration de
.
l’IASB
Un règlement européen du 19 juillet 2002 sous-traite l’élaboration
des normes de l’UE à l’IASC-IASB. 18
La situation de la France [4 / 4]
 Une régulation partenariale
Le CNC a pour mission d’émettre des avis et recommandations.
Ses 58 membres représentent les différentes parties concernées par le
domaine comptable.

 Sous la tutelle de l’État


L’État fixe par décret la composition du CNC
L’État contrôle le CRC (comité de la réglementation comptable). Sur
ses 15 membres, il y a 8 représentants de l’État au sens large.
Le CRC transforme certains des avis du CNC en réglements. Ils ont
dès lors un caractère obligatoire une fois approuvés par un arrêté
conjoint du ministre de la justice, de l’économie et du budget.
[homologation publique]
19
La régulation régionale

20
1. L’harmonisation européenne par voie de directives
 La notion de directive en droit communautaire

selon l'article 189 du Traité de Rome (instituant la Communauté


économique européenne), « la directive lie tout État membre
destinataire quant au résultat à atteindre tout en laissant aux instances
nationales la compétence quant à la forme et aux moyens ».
La directive a pour objectif l'harmonisation du droit des États membres.
La directive UE émane du Conseil de l'Union européenne ou de la
Commission. En général, le Conseil arrête les directives sur proposition
de la Commission.
Les directives ensuite doivent être transposées en droit national.

21
 L’harmonisation comptable s’inscrit dans le cadre de l’UE
en vue de créer un marché unique concurrentiel.

 4ème directive du 25 juillet 1978 relative à la


présentation des comptes annuels.

 7ème directive du 13 juin 1983 relative à la présentation


des comptes consolidés.

 8ème directive du 10 avril 1984 relative à l’agrément


des personnes chargées du contrôle légal des comptes
annuels.
22
2. L’abandon par l’UE de son pouvoir de normalisation dans les
années 90
Les causes
 Lenteur des procédures (notamment consensus des états-membres)
 Rythme rapide des innovations financières
 Nombreuses options autorisées par les directives.
 De grands groupes européens se tournent vers l’IASC voire les
normes américaines (US-GAAP)

En 1995 soutien officiel des travaux de l’IASC ,l’UE « sous-


traite » la normalisation comptable.
Un règlement du parlement et du conseil européens du 19 juillet
2002 adopte l’intégralité des normes de l’IASB. 23
La régulation internationale

24
1973 - création du comité international pour les normes comptables
(I.A.S.C.) International Accounting Standards Committee
Création à Londres à l’initiative de 10 pays dont la France afin de promouvoir
des normes comptables internationales [IAS]. [International accounting
standards)

2001 – L’IASC qui devient IASB [International Accounting Standards


Board] sur le modèle du FASB américain.

Création d’une fondation de droit privé située aux USA : l’IASCF (International
Accounting Standards Committee Foundation).
L'IASCF est composée de 22 membres appelés "Trustees" qui ont pour fonction
d'assurer la direction de l‘IASB ainsi que des entités associées (notamment le
SAC et l‘IFRIC). Respect d’un certain équilibre professionnel
Il est chargé d’assurer le financement et la désignation des membres de l’IASB
25
L’IASB (successeur de l’IASC) est un organisme de normalisation
comptable international privé et indépendant.dont le siège est établi à
Londres. C’est une filiale à 100 % de l’IASCF.
•Composition : 14 membres dont au moins cinq experts-comptables, trois
financiers d’entreprises, trois investisseurs et un universitaire parmi les
quatorze membres de l’IASB (dont deux à mi-temps). Les douze membres à
temps plein du Board doivent cesser toute relation avec leur ancienne actvité.
(France : Gilbert Gélard et philippe Danjou).
10 membres sur 14 proviennent des USA et des pays du Commonwealth.
•L'IASB a pour objectifs principaux :
d'élaborer les normes comptables internationales appelées IFRS
(International Financial Reporting Standards) depuis le 1er avril 2001 ; celles
publiées avant cette date sont intitulées IAS
d'approuver les interprétations préparées par l‘IFRIC (International Financial
Reporting Interpretations Committee) appelées SIC ou IFRIC.
26
Deuxième partie

ASPECTS ECONOMIQUES ET COMPTABLES :


LA CONSTRUCTION DE LA COMPTABILITÉ

La comptabilité repose sur des choix

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A - La construction d’un référentiel comptable

2 approches pour construire un référentiel comptable

 Méthode déductive : on assigne à la comptabilité un cadre


conceptuel qui servira de référence à la rédaction des
normes.

 Si on ne dispose pas de cadre conceptuel explicite, les


problèmes seront davantage résolus « au cas par cas ».

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Normes fondées sur des principes ou sur des règles

Normes fondées sur des principes [« principle-based »]


Les règles sont plus concises. Leur application peut demander réflexion.
On pourra être amené à se réfèrer au cadre conceptuel.

Normes fondées sur des règles précises [« rule-based »]


Les règles expliquent par le menu comment faire. (méthode US)

29
Comment construire un référentiel comptable ?

1. On définit un cadre conceptuel

2. Qui est ensuite utilisé par les normalisateurs pour


écrire les normes

30
Définition d’un cadre conceptuel
Le cadre conceptuel définit les objectifs, les principes, les
concepts assignés a priori à la comptabilité.
L’objet premier d’un cadre conceptuel est de constituer un guide
pour les rédacteurs de normes (les normalisateurs). C’est l’outil du
normalisateur. C’est le cahier des charges.
« instrument intellectuel qui sert de guide pour produire par déduction des
normes » (collasse)

Exemple : référentiel IFRS - Article 1 :« Le présent cadre définit les


concepts qui sont à la base de la préparation et de la présentation
des états financiers à l’usage des utilisateurs externes. »
31
Le rôle capital du cadre conceptuel
 Les normes comptables résultent des choix effectués au
sein du cadre conceptuel.

 Ces choix limitent les pratiques comptables et permettent de


rendre les états financiers comparables.

 De ces choix résultera une image particulière de l’entreprise. La


comptabilité traduit une facette de la réalité.

 En conséquence, la comptabilité a un caractère relatif.


 les normes comptables sont socialement déterminées, elles
résultent de choix culturels, économiques et sociaux.  32
Au départ un ensemble de conventions

[C1 ; C2 ; C3 ; …….; Ck ; …………………….. C n-1 ; C n]

Sans choix explicites, les états financiers ne sont pas comparables

Choix 1 : [C1 ; C3 ; C8 ; Ck ; C k+2 ; C n]

Choix 2 : [C1 ; C2 ; C8 ; Ck+1 ; C k+2 ; C n-1]

Mais ces choix ne sont pas neutres

33
Contenu d’un cadre conceptuel

 Les destinataires de l’information financière

 Des objectifs assignés aux informations financières produites

 Des principes comptables

 Des définitions conceptuelles : actifs, passifs, charges, produits

 Des règles d’évaluation

 Des états financiers à produire 34


1.Les utilisateurs et leurs besoins d’information [1 / 2]

Article 9 du cadre conceptuel de l’IASB


Les utilisateurs des états financiers comprennent les
investisseurs actuels et potentiels, les membres du
personnel, les prêteurs, les fournisseurs et autres
créanciers, les clients, les États et leurs organismes publics,
le public.

35
Les utilisateurs et leurs besoins d’information [2 / 2]
Article 10 du cadre conceptuel de l’IASB
Bien que tous les besoins d’information de ces
utilisateurs ne puissent pas être satisfaits par des états
financiers, il y a des besoins qui sont communs à tous
les utilisateurs. Comme les investisseurs sont les
apporteurs de capitaux à risque de l’entreprise, la
fourniture d’états financiers qui répondent à leurs
besoins répondra également à la plupart des besoins
des autres utilisateurs susceptibles d’être satisfaits par
des états financiers.
36
 Dans le référentiel international, les investisseurs en fonds
propres sont la partie prenante privilégiée.

 Le PCG qui ne comprend pas de cadre conceptuel ne fait pas


mention des destinataires de l’information comptable.

C’est à travers les états financiers produits et les principes


comptables retenus que l’on peut supputer ou en déduire les
destinataires privilégiés.

37
Si dans le cadre conceptuel, d’autres choix avaient été faits quant
aux destinataires privilégiées, d’autres informations auraient été
produites.

Créanciers Bilan financier

Dirigeants Bilan fonctionnel

Salariés Bilan social

Société Bilan sociétal

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exemple : le bilan social
Obligatoire pour les établissements dont l’effectif est supérieur à 300.

Le bilan social comporte sept chapitres :


- l’emploi
– la rémunération
– l’hygiène et la sécurité
– les conditions de travail
– la formation
– les relations professionnelles
– les conditions de vie dans l’entreprise

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exemple : le bilan sociétal

Mis au point par le CJDES (Centre des jeunes dirigeants et des acteurs de
l’économie sociale).

1. Activité
2. Citoyenneté interne
3. Citoyenneté locale et économique
4. Compétitivité
5. Convivialité
6. Créativité et Esthétique
7. Efficacité et Efficience 40
8. Employabilité et développement des compétences
9. Éthique
10. Respect de l'environnement
11. Satisfaction
12. Sécurité-Santé
13. Solidarité
14. Utilités sociale et collective
15. Viabilité

41
2. L’objectif des états financiers
Il est de fournir une information sur :
 la situation financière (structure financière, sa liquidité et sa solvabilité).
L’information est principalement fournie par le bilan.

 sur la performance réalisée par l’entreprise (notamment la rentabilité)


L’information est principalement fournie par le compte de résultat.

 sur la variation de la situation financière (apprécier les activités


d’investissement, de financement et opérationnelles de l’exercice
L’information est principalement fournie par le Tableau des flux de trésorerie .

42
3. Des principes comptables
HYPOTHÈSES DE BASE
Comptabilité d’engagement / Continuité de l’exploitation
CARACTÉRISTIQUES QUALITATIVES DES ÉTATS FINANCIERS

Intelligibilité / Pertinence notamment Importance relative / Fiabilité


[Image fidèle / Prééminence de la substance sur la forme / Neutralité /
Prudence / Exhaustivité ] Comparabilité

Contraintes à respecter pour que l’information soit pertinente et


fiable [Célérité / Rapport coût – avantage]

Image fidèle / présentation fidèle


43
LES ÉLÉMENTS DES ÉTATS FINANCIERS et leur
comptabilisation
Liés à l’évaluation de la Situation financière : Actifs /
Passifs /Capitaux propres
Liés à l’évaluation de la Performance : Produits / Charges
Ajustements de maintien du capital : liés à la réestimation des
actifs ou des passifs
ÉVALUATION DES ÉLÉMENTS DES ÉTATS FINANCIERS
(différentes conventions d’évaluation)

44
B - Des spécificités du cadre conceptuel de l’IASB
 Présentation du compte de résultat

 La place accordée au principe de prudence

 L’évaluation des actifs

 Le principe de la prééminence de la réalité économique sur


l’apparence juridique « subtsance over form »

45
1. Présentation du compte de résultat
 Normes internationales (IAS1)
 ”Une entité doit présenter une analyse des charges en utilisant une classification
reposant :
•soit sur la nature des charges,
•soit sur leur fonction au sein de l’entité,
en choisissant la méthode qui fournit des informations fiables et plus pertinentes.”

Une présentation par fonction fait apparaître des coûts de production, des coûts
commerciaux, des coûts administratifs mais plus les charges de personnel.

PCG : présentation du compte de résultat


Les charges et produits sont présentés par nature et permettent le calcul de
46
soldes intermédiaires de gestion (exemple : la valeur ajoutée).
2. La place accordée au principe de prudence
 Normes internationales (cadre conceptuel) :
« §37.La prudence est la prise en compte d’un certain degré de précaution
dans l’exercice des jugements nécessaires pour préparer les estimations
dans des conditions d’incertitude, pour faire en sorte que les actifs ou les
produits ne soient pas surévalués et que les passifs ou les charges ne
soient pas sous-évalués. Cependant l’exercice de la prudence ne permet
pas, par exemple, la création de réserves occultes ou de provisions
excessives, la sous-évaluation délibérée des actifs ou des produits, ou la
surévaluation délibérée des passifs ou des charges, parce que les états
financiers ne seraient pas neutres, et, en conséquence, ne posséderaient
pas la qualité de fiabilité. »

47
 Plan comptable général
120-3. - La comptabilité est établie sur la base d’appréciations
prudentes, pour éviter le risque de transfert, sur des périodes à
venir, d'incertitudes présentes susceptibles de grever le
patrimoine et le résultat de l'entité.
Il s’agit du premier principe comptable cité par le PCG.

La conception de la prudence est différente de celle de l’IASB.

322-2. –  1 - La plus-value constatée entre la valeur actuelle d’un bien et sa


valeur d’entrée n’est pas comptabilisée…

48
3. L’évaluation des actifs : coût historique ou valeur

 Coût historique : le bien figure au bilan pour son coût d’acquisition


ou de production et y demeure

Variante 1 : coût non amorti

Variante 2 : coût amorti

 Valeur : le bien figure au bilan pour sa valeur

Valeur d’usage

Valeur d’échange 49
Le coût historique et la valeur renvoient à deux fonctions de la
comptabilité :
 L’enregistrement d’opérations
 L’évaluation

Coût Valeur
Historique

PCG Normes IFRS

50
La valeur : classifications
On peut distinguer :
 Les valeurs réalisées ou avérées qui ont passé l’épreuve du
marché.
 Les valeurs qui reposent sur des conjectures au sein desquelles on
peut distinguer :

 Les valeurs substituées (market to market). On cherche l’actif qui a


un prix de marché qui pourrait être réalisable [valeur de marché].
 Les valeurs supputées (marked to model). Il n’existe pas de
marché, on utilise des modèles. [valeur d’usage].

51
Deux variantes fondamentales
Prise en compte des plus ou moins values potentielles

Valeur
de marché Prise en compte des seules moins values potentielles
[principe du plus bas du coût ou du marché].

Prise en compte des plus ou moins values potentielles

Valeur Prise en compte des seules moins values potentielles


d’usage [principe du plus bas du coût ou du marché]
52
Une « panoplie » de valeurs

Solution 1 : coût historique non amorti


Solution 2 : coût historique amorti
Solution 3 : valeur de marché
Solution 4 : Min [coût amorti ; valeur de marché]
Solution 5 : Valeur d’usage
Solution 6 : Min [coût amorti ; valeur d’usage]

53
Immobilisation corporelle acquise début an 1 : 114 000 € ; durée
d’utilisation 10 ans.
Cash-flow annuel : 18 000 €
Valeur de marché fin an 1 : 120 000 €
Valeur d’usage fin an 1 : 110 000 €[18 000 x [1 – (1,10)^-9 /0,1] + 14 000 x (1,1)^-9]
Valeur résiduelle fin 10 : 14 000 € - taux d’actualisation : 10 %.

Sol 1 : coût historique non amorti Sol 3 : Valeur de marché

IC : 114 000 R : 18 000


IC : 120 000 R : 24 000
[18 + 6]

Sol 2 : Coût historique amorti Sol 4 : Min[coût amorti ; valeur de


marché] Min[114 – (100/10) ; 120]
IC : 104 000 R : 8 000
[18 – 10 (am)] IC : 104 000 R : 8 000
54
Sol 5 : Valeur d’usage

IC : 110 000 R : 14 000


[18 - 4]

Sol 6 : Min [coût amorti ; valeur d’usage] Min[104 ; 110]

IC : 104 000 R : 8 000

55
4. Le principe « substance over form »
« Un contrat de location-financement est un contrat de location ayant pour effet de
transférer au preneur la quasi totalité des risques et des avantages inhérents à la
propriété d’un actif. Le transfert de propriété peut intervenir ou non, in fine » (IAS
17 § 4) »

« Q’un contrat de location soit un contrat de location-financement ou un contrat de


location simple dépend de la réalité de la transaction plutôt que de la forme du
contrat (IAS 17 §10 )

Les contrats de location financement sont comptabilisés comme des acquisitions


d’immobilisations financées intégralement par emprunt.

56
C - Approche historique – Les trois stades du capitalisme
comptable – (J. Richard). [I]
1. Le stade « statique » (1800 – 1900)
 Contexte : un financement de l’économie surtout par des dettes ;
actionnaires ou entrepreneurs ont une vision industrielle à long terme.

 Évaluation : Les actifs doivent être évalués à leur « cours » soit à la valeur
de marché. Seules les valeurs cotées sur un marché actif sont jugées
objectives. Principe de « mort » [différent de la continuité de l’exploitation]

 Objectif : la valeur de marché a pour but de protéger les intérêts des


créanciers et des investisseurs à long terme. Le bilan permet de déterminer
la somme des valeurs récupérables pour rembourser les dettes. Vers 1860 :
variante prudente, seules les moins-values potentielles sont prises en
compte.
57
Approche historique – Les trois stades du capitalisme
comptable – (J. Richard). [II]
2. Le stade « dynamique » (1900 – 2000)
Contexte : stade « statique » trop favorable aux créanciers pas assez aux
actionnaires.
Évaluation : mettre en avant le principe de continuité par rapport au principe « de
mort » des statiques.
- 1ère variante : les immobilisations sont maintenues au bilan (après amort.)
sans aucune dépréciation pour tenir compte des valeurs de marché ou
d’usage.
- 2ème variante : les immobilisations sont valorisées au plus bas de leur coût
amorti et de leur valeur d’usage. (SIMON)
Objectif : éviter les inconvénients de la valeur de marché :
- l’apparition de lourdes pertes en début de cycle des investissements afin
d’obtenir des dividendes plus réguliers.
- contrecarrer l’instabilité des marchés boursiers.
58
Approche historique – Les trois stades du capitalisme
comptable – (J. Richard). [III]
3. Le stade « actuariel» ? (2000 – …)
Contexte : montée en puissance des marchés financiers et des « actionnaires
professionnels » qui recherchent des dividendes à court terme.

Évaluation : l’aboutissement est une comptabilité actuarielle pure qui valorise les
actifs à leur valeur de marché mais aussi d’usage et qui retient aussi bien les
gains potentiels que les pertes potentielles.

Objectif : faire apparaître les résultats plus tôt - en début de cycle


d’investissement - permettant d’anticiper la distribution de dividendes. Un
« capitalisme pressé » (J. Richard).

59
D - Des exemples au sein du PCG et du référentiel IASB
1. Le PCG aujourd’hui
Le référentiel propose une comptabilité mixte : coût historique amorti,
valeur de marché, valeur d’usage. Exemples :
 Immobilisations financières :
« …les titres de participation … sont évalués à leur valeur d’utilité
représentant ce que l’entité accepterait de décaisser pour obtenir la
participation si elle avait à l’acquérir ».
322-2. «  La plus-value constatée entre la valeur actuelle d’un bien et sa
valeur d’entrée n’est pas comptabilisée… ».

Pour les titres de participation, on retient la valeur d’usage


limitée aux pertes potentielles. 60
«  A la clôture de chaque exercice, la valeur actuelle des titres
immobilisés, autres que les titres de participation et les titres immobilisés
de l'activité de portefeuille (T.I.A.P.), est estimée :
• pour les titres cotés, au cours moyen du dernier mois ;
• pour les titres non cotés, à leur valeur probable de négociation. »

Pour les autres titres immobilisés (et les VMP) on retient le


minimum de valeur de marché et du coût historique.
I mmobilisations incorporelles et corporelles :
« 4. La dépréciation d’un actif est la constatation que sa valeur actuelle
est devenue inférieure à sa valeur nette comptable.
- La valeur actuelle est la valeur la plus élevée de la valeur vénale ou de
la valeur d’usage ….
- La valeur d’usage d’un actif est la valeur des avantages économiques
futurs attendus de son utilisation et de sa sortie.
Pour les immo incorporelles et corporelles, on retient le plus bas du coût
61
(amorti le cas échéant) et de la valeur actuelle.
Remarque : pour les immobilisations amortissables, la valeur comptable ne peut
jamais devenir supérieure à celle résultant du plan d’amortissement initial.

 Les stocks :

« A la date de clôture de l’exercice, les stocks et les productions en cours sont
évalués selon les règles générales d’évaluation énoncées aux articles 322-1 et
322-2 » c’est à dire une comparaison de la valeur comptable et de la valeur
actuelle en l’occurrence la valeur vénale.
322-1 « …- La valeur vénale est le montant qui pourrait être obtenu, à la date
de clôture, de la vente d’un actif lors d’une transaction conclue à des conditions
normales de marché, net des coûts de sortie ».

Prise en compte de la valeur de marché.

62
2. Les normes IAS / IFRS
 Les immeubles de placement

IAS-40. « …, une entité doit choisir comme méthode comptable soit le
modèle de la juste valeur décrit aux paragraphes 35 à 57, soit le modèle
du coût décrit au paragraphe 56, et doit appliquer cette méthode à tous
ses immeubles de placement.»
Si le choix de la juste valeur a été fait, les immeubles de placement
devront être inscrits chaque année à leur valeur de marché et à défaut de
marché disponible, le bien sera évalué à partir d’une actualisation de flux
futurs que l’on attend de l’immeuble.

On retient la juste valeur (moins-values mais aussi plus-values)

63
 Les immobilisations corporelles [IAS 16]
29. Une entité doit choisir pour méthode comptable soit le modèle du coût
décrit au paragraphe 30, soit le modèle de la réévaluation décrit au
paragraphe 31; …
Modèle du coût
30. Après sa comptabilisation en tant qu’actif, une immobilisation corporelle
doit être comptabilisée à son coût diminué du cumul des amortissements et du
cumul des pertes de valeur.
Modèle de la réévaluation
31. Après sa comptabilisation en tant qu’actif, une immobilisation corporelle
dont la juste valeur peut être évaluée de manière fiable doit être comptabilisée
à son montant réévalué, à savoir sa juste valeur à la date de la réévaluation,
diminuée du cumul des amortissements ultérieurs et du cumul de pertes de
valeur ultérieures. Les réévaluations doivent être effectuées avec une
régularité suffisante… » 64
Troisième partie

ASPECTS ECONOMIQUES ET COMPTABLES

La comptabilité, reflet de l’économie


Les normes comptables, miroir du capitalisme

65
UNE APPROCHE MICRO-ÉCONOMIQUE

Derrière les normes comptables, une conception de


l’entreprise sous-jacente.

66
Deux conceptions de l’entreprise [1 / 5 ]

1. Une approche institutionnelle de l’entreprise

« l’entreprise se donne à voir comme la réunion de compétences stratégiques,


cognitives et financières qui assurent le développement et la compétitivité de
l’entité ainsi constituée. Le pouvoir central revient à la direction et aux
administrateurs, chargés d’assurer la mise en mouvement dans le temps de
cette force productive. Cependant ce pouvoir doit être finalisé, c’est à dire
exercé au nom de l’intérêt de l’entité qui tout à la fois synthétise et dépasse
l’intérêt de ses principales parties prenantes.  » (michel Aglietta)

67
Deux conceptions de l’entreprise [2 / 5]

2. Une approche contractuelle de l’entreprise ou approche par


les parties prenantes
Première variante : la théorie des parties prenantes (stakeholders)
L’entreprise est considérée comme un lieu où se nouent des contrats entre des
agents économiques individuels. L’entreprise est un « nœud » de contrats.
La firme est ramenée à un ensemble de relations interindividuelles.
La fonction principale du management est de tenir compte et d’arbitrer entre les
demandes des stakeholders. (valeur partenariale).
« la notion de stakeholder désigne les individus qui ont un enjeu, une requête ou
un intérêt dans les activités ou les décisions de l’entreprise. » (Caroll 1991).
68
Deux conceptions de l’entreprise [3 / 5 ]
Deuxième variante : Une version particulière de la théorie des
parties prenantes : la théorie de l’agence.
Une des parties prenantes doit être privilégiée : les actionnaires.
L’entreprise au service des actionnaires (shareholder value)

Les justifications traditionnelles


L’argument du profit : l’objectif de l’entreprise est de maximiser le profit qui
rémunère les fonds propres.

L’argument du risque : c’est parce que les actionnaires assument le risque


[la rémunération des actionnaires n’est pas spécifiée ex ante] que le contrat
qui les lie à la société doit être privilégié.
69
Deux conceptions de l’entreprise [4 / 5 ]
L’approche par la théorie des contrats incomplets

« l’hypothèse d’incomplétude contractuelle est au cœur de la


théorie de la firme contemporaine «  (Aglietta)
Certains contrats sont incomplets car certains des éléments décisifs de la
relation ne peuvent être contractés au départ laissant au moment de
l’engagement de la relation une forme d’indétermination.
•Exemple de contrat complet : la relation client / fournisseur
•Exemple de contrat incomplet : le contrat « d’action »

Ces contrats par leur nature présentent des risques particuliers. Ils
doivent faire l’objet d’une sécurisation.
70
Deux conceptions de l’entreprise [5 / 5 ]
Une relation d’agence
Les théoriciens de l’agence focalisent leur attention sur la relation
actionnaires/dirigeants considérée comme source potentielle des
conflits d’intérêt les plus importants.
 Une relation d'agence est «un contrat par lequel une ou plusieurs
personnes (le principal) engage une autre personne (l'agent) pour exécuter
en son nom une tâche quelconque qui implique une délégation d'un certain
pouvoir de décision à l'agent» (Jensen et Meckling, 1976).

 Le principal (l’actionnaire) va confier l’usus de son droit de propriété à un


agent (le dirigeant), à charge pour ce dernier de gérer conformément aux
intérêts de son principal.
La relation d’agence s’accompagne d’une délégation de pouvoir. 71
« Qualifier la relation entre actionnaires et gestionnaires de relation d’agence,
c’est penser qu’il est du devoir des seconds de répondre aux désirs des
premiers ; c’est donc penser que l’équipe dirigeante est embauchée par les
actionnaires avec pour mission première de servir leurs intérêts ». (Aglietta).

Gouvernement d’entreprise
Anglais : Corporate governance
Organisation du pouvoir au sein d'une société ou d'une entreprise visant à
un meilleur équilibre enter les instances de direction, les instances de
contrôle et les actionnaires ou sociétaires. Ce système de gestion des
entreprises d’origine américaine a pour objectif de redonner le pouvoir aux
actionnaires, par rapport aux conseils d’administration et aux dirigeants.
72
Des conflits d’intérêts
Une relation d’agence peut générer des conflits d’intérêt entre les
actionnaires et les dirigeants. Une problématique de la dépossession.
Le contrôle échappe aux actionnaires.

Déjà Adam Smith (1776) « Les directeurs de ces sortes de compagnies (les
sociétés par actions) étant les régisseurs de l'argent d'autrui plutôt que de
leur propre argent, on ne peut guère s'attendre à ce qu'ils y apportent cette
vigilance exacte et soucieuse que des associés apportent souvent dans le
maniement de leurs fonds…. »

A. Berle et G. Means (1932) montrent que la séparation entre la propriété et le


contrôle conduit à une situation où la divergence des intérêts entre propriétaires
et dirigeants est problématique. En effet, les grandes entreprises modernes
seraient dirigées par des managers qui n'auraient aucune raison d'avoir les
mêmes objectifs que les propriétaires du capital.
73
Comment récupérer le contrôle perdu ?
Des mécanismes de contrôle et d’incitation pour contrecarrer les
« tentations opportunistes » des dirigeants. Exemples :
Mise en place des stocks-options (asymétrie de l’information entre
les dirigeants et les actionnaires) ;
En demandant une information comptable plus efficiente pour les
actionnaires (réduire l’asymétrie de l’information) ;
que la comptabilité produise des informations permettant de juger
de la gestion des dirigeants ;
que la comptabilité permette aux actionnaires de prendre des
décisions.
Contrôler les auditeurs

74
Les coûts d ’agence

Il est impossible pour les actionnaires de s ’assurer à coût nul que
les dirigeants prendront les décisions optimales. ).

Par exemple, les actionnaires doivent supporter le coût d’une information


comptable pertinente, fiable, transparente et comparable.

Les coûts engendrés par la dispersion des parts sociales [et la perte
de contrôle qui l’accompagne] sont qualifiés de « coûts d’agence ».

75
ASPECTS ÉCONOMIQUES
La montée de la valeur actionnariale : une approche
macro-économique.

76
A. Approche macroéconomique – les deux capitalismes
1. Michel ALBERT : Capitalisme rhénan et capitalisme anglosaxon.
Capitalisme « anglosaxon » - primauté donnée :
aux règles du marché ;
aux actionnaires (corporate governance) ;
aux facteurs de rentabilité et de réussite ;
à l ’individu (conception individualiste) ;
L ’état constitue une « nuisance nécessaire ».
Capitalisme « rhénan » : allier efficacité économique et équité sociale (économie
sociale de marché).
importance du rôle des banques ;
gouvernance partenariale : recherche d ’un consensus dans l’intérêt général
(participation / cogestion) ;
 importance de la participation / des règles sociales / de la protection des
personnes ;
Répartition des fruits de la croissance ;
77
Salaires fixés dans le cadre de conventions collectives.
2. Rajan et Zingales:capitalisme relationnel et capitalisme contractuel

Capitalisme contractuel : dans lequel les relations personnelles ne sont pas


déterminantes et où les décisions se prennent de manière « anonyme  »
Capitalisme basé sur des règles explicites , vérifiables par les tribunaux et
permettent à des acteurs qui ne se connaissent pas d’effectuer des
transactions.

Capitalisme relationnel : dans lequel les relations entre individus forgées par
exemple au gré d’études communes ou de proximité sociales ou politiques,
jouent un rôle prépondérant dans l’allocation des financements externes de
l’entreprise.
Les normes de l’IASB : reflet d’un capitalisme contractuel ou anglosaxon.
78
B - Approche macroéconomique – un capitalisme à la fois
désintermédié et institutionnalisé
1. D’un modèle de capitalisme réduit à l’économie réelle
Le marché commande les échanges de biens et services réels.
 Mais la finance dont la fonction est d’alimenter les entreprises en capitaux
est intermédié (institutionnalisée, réglementée et contrôlée par la puissance
publique).
Les épargnants confient leurs économies qu’ils souhaitent liquides et sûres
à des institutions qui à partir des dépôts constitués apportent à leurs risques
et périls prêts et fonds propres aux entreprises.
Le système bancaire a pour vocation de gérer le risque pour l’ensemble de
la collectivité.
79
2. À un capitalisme financier

Le fonctionnement de l’économie de marché s’étend au delà de


l’économie réelle et concerne aussi le financement de l’économie.

Sur un marché mondialement intégré, les entreprises trouvent


directement auprès des ménages ou d’autres entreprises, actionnaires ou
prêteurs ou auprès d’institutions (gestionnaires d’actifs) les fonds dont
elles ont besoin.

Des gestionnaires d’actifs transparents qui ne prennent aucun risque pour


eux-mêmes, et n’assurent pas de véritable fonction d’intermédiation. Les
gains et pertes sont répercutés sur leurs mandants.

80
Finance intermédiée

Épargne ----------- des Institutions financières --------- Entreprises


qui assument des risques

Finance désintermédiée (directe) mais institutionnalisée


Épargne --------------------------------------------------------------------Entreprises

Épargne---------------gestionnaires d’actifs-----------------------Entreprises
transparents
81
C - Approche macroéconomique – le financement des retraites

Les fonds de pension et les autres investisseurs institutionnels sont


devenus les acteurs majeurs de la finance de marché globale.

La détention indirecte d’actions au profit d’investisseurs institutionnels


(fonds de pension, fonds mutuels, compagnies d’assurances) qui gère
l’épargne des ménages devient dominante.

82
1. Les systèmes de retraite [1/2]
 Les systèmes par répartition : les actifs cotisent pour financer les
retraites des inactifs. L’évolution démographique et l’allongement de la
durée de vie rend difficile la situation financière des régimes de retraite par
répartition.

 Les systèmes par capitalisation


La gestion individuelle : plans d’épargne individuelle (détention directe d’actions)
La gestion collective : 3 types de fonds de pension
Fonds de pension (USA : 401 K) : les capitaux des salariés sont investis
en actions dans les entreprises où ils travaillent.
Les fonds de pension à prestations définies (bénéfice défini) avec en
général une garantie de l’entreprise.
Les fonds à bénéfice défini, gérés de façon globale et ne donnent pas lieu à
détention individuelle de titres ont vu leur nombre diminuer (volonté de
83
désengagement de l’entreprise).
1. Les systèmes de retraite [2/2]
Les fonds de pension à contributions (ou cotisations) définies où le financement
et le risque sont transférés sur le salarié. On assiste depuis 20 ans à une
montée en puissance spectaculaire des fonds de pension à contribution définie
(individualisation croissante de l’effort d’épargne en faveur de la retraite).

Les fonds à cotisations définies représentent les 2/3 de l’ensemble


des fonds de pension US.

Le salarié place ses fonds à travers diverses structures de gestion pour
comptes de tiers. Les fonds de pension US gèrent près de 10 000 milliards de
dollars dont la moitié en actions. En 1950, les fonds de pension possédaient
moins de 3 % de wall-street contre 40 % à la fin des années 90.

84
2. Quelques statistiques
Capitalisme de grand large (Australie, Canada, États-Unis, GB, Pays-Bas)

Le financement des retraites par capitalisation fait que les fonds de


pension et Cies d’assurance représentent autour de 50 % de la
capitalisation boursière (65 % en GB)
Capitalisme continental (Allemagne, France, Italie, Japon).
Le taux de détention indirecte des ménages à travers les investisseurs
institutionnels y sont plus faibles : autour de 30 – 40 %.

 Fonds de pension US : ils gèrent près de 10 000 milliards de dollars dont


la moitié en actions. En 1950, les fonds de pension possédaient moins de 3
% de wall-street contre 40 % à la fin des années 90. Aux USA, les
citoyens de plus de 50 ans représentent les 2/3 des actionnaires et
détiennent les ¾ des actions
Fin 2005, 46,4 % du CAC40 est détenu par des investisseurs étrangers. 85
3. la montée en puissance des gestionnaires de portefeuille pour le
compte de tiers [1 / 3]
« Le capitalisme moderne est constitué en une gigantesque SA…
Trois cents millions de propriétaires en forment la base. Ils
préparent leur retraite en capitalisant leur épargne. Une bonne
partie est confiée à des milliers de gestionnaires d’actifs,
professionnels pour faire prospérer leurs économies.
Forts des munitions dont ils disposent (15 000 milliards de $), ils
imposent leurs vues aux dirigeants de quelques milliers
d’entreprises cotées qui ne sont plus que les serviteurs dévoués
d’une machinerie irrésistible et censurent les rebelles. En peu de
temps, les principes du corporate governance auront partout
triomphés.» Jean Peyrelevade (le capitalisme total – octobre
2005)
86
3. la montée en puissance des gestionnaires de portefeuille pour le
compte de tiers [2 / 3].

Fonds de pension : leur objectif : maximiser le rendement de l’épargne


de leurs mandants compte tenu du niveau de risque qu’ils assument. Ils
posent de nouvelles exigences.
Maximiser le rendement de l’épargne
l’objectif des dirigeants doit être la maximisation de la valeur de
l’entreprise pour ses actionnaires, donc de la rentabilité des fonds
propres. Optique court-termiste pour des raisons de concurrence.

87
3. la montée en puissance des gestionnaires de portefeuille pour le
compte de tiers [3 /3 ].
Réduction du risque :
Information comptable ;
Transparence ;
Annoncer et justifier les stratégies ;
Contrôle des dirigeants ;
 Mise en place de « stock-options »
Intervention sur l’organisation interne de l’entreprise.
Exemple : stratégie de recentrage sur le cœur de métier
« La révolution des années 80 changent les principes d’organisation des
firmes. Un actionnaire n’a nullement besoin qu’une entreprise fabrique à
la fois des maillots de bain et des parapluies. Il lui suffit pour diversifier
son risque de détenir une action de l’une et de l’autre. » (Daniel Cohen –
Trois leçons sur la société post-industrielle)
88
Conclusion :
« Le capitalisme et la comptabilité en parties doubles ne
peuvent absolument pas être dissociés ; ils se
comportent l’un vis-à-vis de l’autre, comme la forme et le
contenu ».
Werner Sombart (1916)

Économiste et sociologue allemand (1863 – 1941).

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