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L’ÉCRIVAIN

I. FICHE DE LECTURE

AUTEUR: Yasmina Khadra

TITRE: L’Écrivain

MAISON D’ÉDITION: Julliard, Paris 2001

COUVERTURE: Photographie des archives de l’auteur

L’INCIPIT: L’histoire commence à Oran, Algérie, en automne 1964. Le narrateur, un


garçon préadolescent de son prénom Mohammed, est amené par son père, officier de
l’armée algérienne, à une école militaire appelée El Mechouar. C’est la première
rencontre du garçon avec la tristesse, car il tient beaucoup à son père et il ne s’est
jamais séparé de lui. Avec son cousin, il découvrira un nouveau monde de discipline,
châtiment et isolement où il faudra chercher de la consolation chez les copains. La
planète adulte deviendra, soudain, hostile et froide: les parents ne sont plus là, même
quand le dimanche arrive et beaucoup de cadets reçoivent la visite de leurs familles, et
les moniteurs sont des ennemis prêts à punir. Mais Mohammed devra encore subir le
désenchantement et la trahison quand il apprendra que son père s’est séparé de sa
mère et qu’il a envoyé des soldats pour l’expulser de la maison avec leurs enfants.

LA CLôTURE: Seront la solitude et le malheur qui feront découvrir à Mohammed les


livres et la pulsion d’écrire comme refuge contre la laideur et la stupidité de l’existence,
d’abord en arabe et puis en français, langue qu’il fera sienne pour le reste de sa vie.
Mais en plus des doutes, l’insécurité et les faux pas habituels en tout artiste, le jeune
homme trouvera aussi des autres obstacles pour se consacrer au métier de ses rêves:
la discipline militaire souvent regarde la créativité avec méfiance et l’armée veut des
officiers à la main de fer, pas de poètes. En dernier ressort, Mohammed devra décider
si le métier des lettres est compatible avec celui de l’épée et s'il va décevoir son père
après s’avoir senti aussi trahi par lui.

RELATION AU TEMPS ET À L'HISTOIRE: La narration se déroule pendant les années


60 et 70. Tout commence en 1964, deux ans après la déclaration d'indépendance de
l'Algérie. Ayant sorti d'une guerre de huit ans contre la France colonialiste, le pays est
gouverné par un régime militaire et sa situation économique est minable. Mohammed,
né en 1955 en pleine guerre, a 9 ans au début du livre et il sera témoin d'un moment
de crise et militarisation de la société; pourtant, seront les écoles militaires, avec leur
discipline de fer, qui donneront à beaucoup d'enfants l'occasion d'avoir une bonne
éducation et un avenir éloigné de la misère.

RELATION À L'ESPACE ET À LA GÉOGRAPHIE: L'histoire a lieu en Algérie et les


deux endroits clef dans le roman sont les académies militaires d'El Mechouar et Koléa.
La première est l'école primaire, où Mohammed fera connaissance de la solitude et de
la déception, et la seconde, celle des futurs officiers, où le jeune homme découvrira sa
véritable passion. Il y a aussi Oran, ville natale du narrateur, décrite comme théâtre de
bonheur et détente, et les différentes banlieues où sa mère et ses frères sont exilés.

NARRATEURS: La narration est toujours faite à la première personne, celle de


Mohammed Moulessehoul.

PERSONNAGES ET ACTANTS: Les personnages remarquables dans le roman sont,


en plus de Mohammed, son père, sa mère, son oncle Tayeb (qui, en sa apparition
brève mais importante, lui demandera de ne pas garder rancune à son père) et ses
frères. Et hors de sa famille, ses moniteurs et professeurs (soyant Mme. Jarosz la plus
importante puisque c'est elle qui fera voir à Mohammed les tares de ses ouvrages
littéraires) et ses copains et amis (notamment Ghalmi, qui sera son critique littéraire et
son guide à travers les mirages du chemin créatif).

II. OPINION PERSONNELLE

Je ne suis pas complètement sûr si je recommanderais ce livre ou pas. Il y a des


éléments qui m'ont plu, comme la peu habituelle crudité d'expression à certains
moments ou les hésitations du narrateur devant la voie littéraire et sa lutte intérieur,
mais j'ai détesté la pédanterie et la lourdeur du langage. On ne peut qu'être d'accord
avec Mme. Jarosz lorsqu'elle dit au narrateur "votre texte suffoque, monsieur
Moulessehoul" et quand son ami Ghalmi lui reproche que "tu cherches à intimider. Un
écrivain n'intimide pas; il impressionne".

À mon avis, une bonne oeuvre d'art, soit un roman, soit un tableau, doit pouvoir
s'emparer du spectateur; celui-ci doit se voir subjugué sans pouvoir expliquer pourquoi
d'une façon rationnelle. Mais quand il y a des obstacles pour la contemplation de
l'oeuvre (comme la sonnerie d'un téléphone portable dans un musée), l'expérience
s'appauvrit, et dans ce cas, l'obstacle provient de l'oeuvre même: il s'agit du langage.
La forme travaille au détriment du fond ici, et cela est particulièrement grave dans ce
livre, puisque le fond parle de la forme (c'est de la littérature qui parle de la littérature).
C'est dommage qu'une bonne idée soit déparée par son exécution.

ENRIC CUÉLLAR

INTERMÉDIAIRE 1

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