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Fiche de lecture 

: « Incendies » de W. Mouwad

1- Nawal Marwan vient de décéder et lors de la lecture de son testament, elle révèle à ses deux
enfants jumeaux l’existence de leur frère et de leur père qu’ils croyaient mort. Leur mère leur
demande de partir chacun à la recherche d’eux pour leur remettre une lettre. A travers cette quête,
ils vont découvrir le passé traumatisant de leur mère et que leur père et leur frère ne sont en réalité
qu’une seule personne : un bourreau sanguinaire…

2- Nihad est le personnage de la pièce le moins appréciable selon moi, je pourrais éprouver de la
compassion pour lui, en raison du fait qu’il ait été abandonné par sa famille et qu’il ait du grandir seul
dans un pays dur et cruel mais aucun sentiment ne me vient. On ne subit jamais sa vie, si on veut
changer les choses on le peut, nous sommes maître de notre vie. Nihas, lui, a décidé de la subir et de
prendre le mauvais chemin sans voir les autres possibles. Il devient tireur à gage et photographie ses
victimes par simple plaisir. La souffrance est devenue son partenaire de vie. Lorsqu’il aura la chance
de pouvoir recommencer sa vie avec un nouveau nom et avec un nouveau métier, il va décider de
traiter les femmes de sa prison comme des animaux, en les nommant par des numéros. Il cherche à
faire payer toutes les femmes pour l’acte d’abandon d’une seule femme, sa mère. Il va les torturer et
les violer en y prenant un malin plaisir. Je ne comprendrais jamais comment un homme peut avoir
une âme aussi noire pour violer mais avec ce personnage, j’ignore même s’il a une âme. Quelques
années plus tard lorsqu’il sera jugé, ce personnage ne réalisera même pas la gravité de ses actes,
pour lui, ce procès n’est qu’un divertissement qu’il juge ennuyant comme le montre la citation
suivante « le procès que vous m’avez fait fut ennuyant, endormant, mortel. ». Il avoue dans ce
procès qu’il considère sa vie comme un spectacle et pour le montrer, il utilise le seul objet laissé par
sa mère, un nez de clown, comme le prouve cet extrait du livre «Ma dignité à moi est une grimace
laissée par celle qui m’a donné la vie ». Tout cela me renvoie de la colère face à Nihad qui n’a rien
compris. Il a été l’enfant de deux âmes-sœurs et ce nez qu’il prend comme une grimace était en
réalité l’union d’amour de ces parents. Sa vie n’est que malentendu et c’est lui seul qui en a décidé
ainsi. Pour ma part, j’aime trouver un sens et une beauté dans chacun des gestes des gens mais dans
les siens je n’en trouve aucun, c’est donc la raison de mon choix pour cette question, voici d’ailleurs
une image qui illustre la folie et la haine de ce personnage :
3- Le passage que j’ai trouvé trop long pour son contenu est à la scène 3 «  Théorie des graphes,
vision périphérique ». Dans cette scène, c’est la première fois qu’on entend Jeanne parler. Durant la
scène précédente, le notaire lisait le testament de Nawal Marwan et on n’entend que la réaction de
Simon mais jamais celle de sa sœur. A ce passage, la jumelle, s’adressant à ses élèves, utilise une
métaphore avec un polygone pour exprimer sa situation, cependant cette image qu’elle emploie
reste très floue, j’ai été déçue que le personnage ne soit pas plus explicite avec ses sentiments. Par
ailleurs, dans la scène suivante, elle décide de partir à la recherche de son père en retournant au
pays natal de sa mère et la scène 3 qui devait nous éclaircir pour ce choix soudain ne le fait pas. Pour
moi, l’auteur aurait dû mettre une autre mise en scène où Jeanne serait avec des proches à elle et où
elle se serait exprimée plus intimement pour nous faire ressentir chaque pensée et émotion qu’elle
éprouvait.
Par exemple, j’aurai aimé lire un dialogue entre Jeanne et Simon à la sortie du rendez-vous chez le
notaire, où ils auraient pu débattre sur leur position face au testament. Ce dialogue aurait pu
permettre de surligner les différences de tempérament entre les deux jumeaux : Jeanne, très
intellectuelle et réfléchie, qui apporte des arguments favorables à la demande de leur mère,
contrairement à Simon qui reste très impulsif, sanguin et en colère et qui refuse de respecter les
dernières volontés de sa mère.

4- Le personnage qui a marqué mon esprit est Simon. C’est celui où tout le long de la pièce on va voir
son cheminement. Sa première réaction face au testament de sa mère est de la colère, il lui en veut
d’avoir gardée le silence pendant ces longues années et d’avoir attendue la mort pour commencer à
lui parler. Aucune larme ne sort de son corps seulement de la rancœur. Il méprise sa mère, pour lui,
elle n’a aucun mérite. Il n’a même pas l’intention de partir à la recherche de son frère contrairement
à sa sœur qui elle va retourner au pays natal de sa mère pour le faire. Celle-ci va raconter à son frère
le passé tourmenté de leur mère et tous les sacrifices qu’elle a du faire. Simon sera encore dans le
dénis mais il se laisse prendre dans la quête, il devient de plus en plus ouvert et acteur, on peut
même apercevoir une certaine admiration qu’il a auprès de sa mère, qui grandit peu à peu en
découvrant la vérité. C’est Simon, épaulé par le notaire, qui va comprendre la clé de l’histoire. J’ai été
sensible à ce personnage qui cache sa souffrance par la colère, je m’identifie à lui dans sa réaction
face à la mort. Il en voulait à sa mère de ne pas avoir été toujours là pour lui, de ne pas avoir été
proche mais c’est lors de sa mort et de la découverte de son histoire qu’il s’est senti le plus intime
avec elle. A la fin de la pièce, Simon décide pour la première fois d’écouter une cassette de silence de
sa mère avec Jeanne, ce choix qu’il fait montre l’acceptation. Tout le long, le lecteur voit le parcours
de Simon qui ne cesse d’avancer vers l’apaisement, il voit la transformation de la colère en de la
tristesse et de l’amour. Je trouve que pouvoir observer un personnage grandir est magnifique et
émouvant.

5- Le livre « Incendies » me fait penser au film «  Les hirondelles de Kaboul » sorti récemment.
Chaque histoire se déroule dans un pays arabo-musulman où il y a très peu de liberté : le Liban pour
la pièce de théâtre et l’Afghanistan pour le film.
Dans «  Les hirondelles de Kaboul », c’est l’histoire d’une jeune femme, Zunaira, et de son mari qui
auparavant étaient professeurs d’art et de littérature mais depuis peu, leur ville est dirigée par des
Talibans qui oppriment les habitants et interdisent les enseignements culturels. Lors d’une dispute,
Zunaira tue son mari accidentellement. Elle est alors enfermée dans une prison pour femme en
attendant son exécution. Grâce à l’aide de personnes comme elle, rêvant de retrouver leur liberté,
elle va pouvoir s’enfuir et reprendre l’enseignement des enfants en secret. Ce film évoque la violence
qu’ont les hommes envers les femmes, l’ambiance de terreur qui s’installe dans le pays par les
talibans et le manque de liberté. Les sujets de ce film sont en lien avec « Incendies ». Dans le livre,
Nawal devra tuer le chef des milices pour retrouver cette liberté d’aimer. Elle va se retrouver en
prison où elle sera violentée par un homme, le chef de la prison et elle va, elle aussi, réussir tout de
même à s’en sortir.
Dans ces deux histoires, les personnages mènent un combat contre leur propre pays, guidés par
l’Amour, comme dit Nawal à Sawda dans la scène 25 «  Pourquoi on fait tout ça ? Pour se venger ?
Non. Parce qu’on veut encore aimer avec passion. ». Ils se rebellent au nom de leur liberté. Dans le
film, le gardien de la prison dit à Zunaira «  Ils te tueront Zunaira ! », ce à quoi elle répond « Ne
sommes-nous pas tous déjà morts depuis longtemps ?». Cette réponse montre que le peuple est
enfermé, et ce film, comme le livre, dénonce l’oppression des peuples qui sont privés de tout et
montre que certains ont l’envie de changer les choses pour retrouver la joie de vivre.

Voici quelques images du film « Les hirondelles de Kaboul » qui montrent la soumission des femmes,
le manque de liberté et la violence :

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