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Nations Unies Aumrewoapnois Assemblée générale Dist. générale 7 Mai 2015, Original: fangais Conseil des droits de Phomme Groupe de travail sur la détention arbitraire VERSION NON EDITEE, Avis adoptés par le Groupe de travail sur la détention arbitraire a sa soixante-douziéme session du 20 au 29 avril 2015, . N° 4/2015 (Sénégal) ‘Communication adressée au Gouvernement le 25 juin 2014 Coneernant M. Karim Wade Le Gouvernement n’a pas répondu dans les dél impartis A la ‘communication, Littat est partie politiques depuis le 13 février 1978, Pacte international relatif aux droits civils et 1. Le Groupe de travail sur la détention arbitrate a été cr8é par la résolution 199142 de Ia Commission des droits de thomme. Son manda « été précisé et renouvelé par la Commission dans sa résolution 1997/50. Le Conseil des droits de I"homme a assumé le ‘mandat dans sa décision 2006/102 et 1’a prolongé d'une période de trois ans par la ‘isolution 15/8 du Conseil, en date du 30 septembre 2010, Le mandat a té prolongé dune ‘nouvelle période de trois ans par la résolution 24/7 du Conseil, en date dui 26 septembre 2013. Conformément a ses méthodes de travail (A/HRC/I6/47, annexe), le Groupe de travail a transmis la communication susmentionnée au Gouvernement 2. Le Groupe de travail eonsidére que la privation de liberté est arbitraire dans les cas suivants: 8) —Lorsquil est manifestement impossible d'invoquer une base Iégale quelconque qui la justfie (comme le maintien en detention dune personne au-dela de Fexécution de la peine ou malgré une loi d’amanistic qui lui serait applicable) (catégorie 1); ) _Lorsque la privation de liberté résuite de Pexercice de droits ou de libertés proclamés dans les articles 7, 13, 14, 18, 19, 20 et 21 de la Déelaration universollo des droits de Phomme et, en outre, en ce qui concerae Jes Btats parties, dans les articles 12, 18, ix Toove imemiaiionai relat aux droits civils ot (catégorie 1); GELS. politiques ere a reyen S VERSION NON KDITEE, AJIRCAVGAD MOIS, ©) Lomsque I'inobservation, totale ou partiolle, des normes internationales relatives au droit & un procts équitable, établies dans Ia Déclaration universelle des droits de homme et dans les instruments’ internationaux pertinents scoeptés per les Etats ‘concemés, est d'une gravité (elle qu’elle confiro a la privation de liberté un caractire arbitrare (catégorie I); 4) —_Lorsque des demandeurs d’asile, des immigrants ou des réfugiés font objet d'une rétention edministrative prolongée; sans possibilité de réexamen ou de recours ‘administratif ou judiciaire (catégorie TV); ©) __Lorsque la privation de Liberté constitue une violation du droit international pour des raisons de discrimination fondées sur la naissance, V'erigine national, ethnique ou sociale, Ia langue, a religion, la situation économique, opinion politique ou autre, le sexe, VVorientation sexuelle, le handicap ou toate autre situation, et qui tend ou peut conduire & ignorer le principe de I'égalité des droits de homme (catégorie V). Informations resues Communication de la source 3. Monsieur Karim Wade, né le 1% soptombre 1968 & Paris, est un citoyen de nationalité sénégalaise, domicilié & Dakar, Sénégal. De 2002 & 2012, ila successivement ‘occupé les fonctions de conseiller spécial du Président de la République du Sénégal, Président du Conseil de surveillance de I’Agence nationale de Yorganisation de la ‘conférence islamique et de Ministre d"Etat, 4. Selon les informativins repues, le 2 Octobre 2012, le Procureur Spécial prés de la Cour de Répression de Venrichissement illcite (CRED, juridietion sénégalaise exception ayant vocation & connaitre de faits d’enrichissement illicite, a ouvert une enquéte préliminaire & Vencontre de Karim Wade sur le fonderent de l'article $ de la Loi n°81-54 «du 10 juillet 1981.1! lu est reproché de deteni un patrimoine sans rapport avec les revenus légaux qu'il aurait pergu au titre de sos fonctions officielles. 5. Apres cloture de enquéte préliminaire le 8 mars 2013, le Procureur spécial de la CREI aurait convoqué Karim Wade le 1$ mars 2013 alin de le mettre en demeure de Justifer, dans um délai d’un mois, Porigine licte de son patrimoine alors estimé par leit Procurcur et Jes gendarmes chargés de lenquéte préliminaire & 693.946.390.174 Francs CPA, soit environ I millisrd deuros et peétendument constiué de la propriété de 15 socisess, 6. Selon ia source, Karim Wade a produit un mémoire en réponse & eetts mise en demeure démontrant qu'il n'éait ni propria, ni bénéficiire Goonomique direct ou Indirect, ni etionaire de ces socités, comme ce aut et confirms parle vérables propriate, cirigeants statutes et actionnaires. La source afrme qu'aueun élément do proave n'aurit apport par le Procureur qui a néanmoins ordomi arrestin et le placement en garde & vue de Karim Wade le 15 avril 201. Ce derier a ensuite été fied devant Ja Commission d’ Instruction de la CREI sur la base d’un réquisitoire introductif aux fins inepation pis lo mée jour parle Procrear spiel pour des fits 'erichisoment ilies commis dans Vexerelce dese fonction. 7. La source rapporte que la Commission d"Tnstruction a procédé a son interrogatoire de comparution initiale, 'a placé sous mandat de éépét le 17 avril 2013 sur le fondement es articles 10 et 11 de la loi susmentionnée du 10 juillet 1981 et rejeté exception d'incompétence que Karim Wade avait soulevé, Depuis le 17 avril 2013, Karim Wade est détenu 2 la maison darrét et de correction de Rebeuss & Dakar, et serait dans limpossibilité derecevoir des visites, mis & part celle de sa mere. VERSION NON EDITEE, ‘AIRCIWGAD/2015 8. A Fexpiration de ce premier mandat de dépét dune durée de 6 mois maximum cconformément aux dispositions de ls loi précitge ot de Particle 127 bis de la Loi n°99-06 du 29 janvier 1999, soit lo 17 octobre 2013, la Commission d'Instruction de la CRET lui aurait ‘noliié une seconde mise en demeure et délivré & son encontre un deuxibme mandat de épét visant les mémes fais alors que, toujours selon la souree, les commissions rogatoires internationales et le rapport d'expert désigné par la Commission d’ Instruction de la CRE Drouvaient que ces sociétés n'appartenaient pas & Karim Wade, Pour la source, il s'agirait «d'un détourtement de provédure visant & contourner la restriction gale de six mois. 9, La Commission d'Instruction a ensuite, & Tissue de ce deuxiéme mandat de dép6t, pris In décision, le 16 avril 2014, de renvoyer Karim Wade devant la juridiction de Jugement. Selon la source, conformément & l'article 14 de la loi susmentionné du (0 juillet 1981, le jugement de la CREI doit intervenir dans les deux mois qui suivent. Or la source informe que la date du jugement est prévue pour lo 31 juillet 2014, cest-d-dire trois mois et demi aprés que 'ordonnanee portant renvoi devant Ia juridietion de jugement fut délivrée. 10. Selon la souree, Karim Wade serait done maintenu en détention de maniére arbitraire-puisque cette détention ne répondrait & aucun fondement juridique et reléverait de ce fait de la categorie Ides catSgories applicables par le groupe de travail. 11, La source expose que Ia privation de liberté de Karim Wade revét un caractére arbitrate relevant également ce la catégorie It des catéyories applicables par le groupe de ‘travail. La source prétend qu'il s’agirait plus particuliérement de la violation du droit & un procés équitable violant les normes internationales suivants : les articles 8, 9 et 11 de lt Declaration Universelle des Droits de I'Homme (DUDE), les articles 2, 91), 9(4), 14(1), 142), 14G)(g) du Pacte International relatif uux droits civils et politiques (PIDCP), les Principes 2, 9, 32 et 36 de «'ensemble des principes pour Ia protection de toutes les personnes soumises a une forme queleonque de détention ou demprisonnement », et les article 6 et 7 de la Charte alricaine des droits de homme et des peuples. La source ‘souligne que la Rencontre Aftictine pour la Défense des Droits de P'Homme a, lors de la '55°™ session o de la Commission Aficaine des Droits do Homme et des Peuples, dans sa déciaration de Luanda (avri-mai 2014), relové la piupazt des violations du droit 8 un proces équitable engenéré par les régles de procédures de Ia CRE, 12, _Ainsi, selon la source, la CREI aurait 66 maintonyo en dépit de son abrogation (Cotte juridiction d’exception créée par la Loi n°81-54 du 10 juillet 1981 pour connaitre des faits d'enrichissement illcite aurat &6 implicitement abrogée par la Loi n°R4-19 du 12 fevrier 1984 car n'y étant pas mentionnée. Une telleinterprétalion est également retenue par Pavocat et ancien Garde des Seeanx Doudou Ndoye comme on peut le lire dans un article du 14 avril 2014 publié dans le joumal sénégalais Wail'adiri. La source rapporte Ggalement que selon l'aticle 67 de la Constitution sénégalaise, seule une loi peut réinstaurer une tellejuridction, ce qui n’aurait pas é%6 le cas puisqu’un décret présidentil du 12 mai 2012, puis aprés retait, un autre décret du 6 juillet 2012 Paurait réactivé, De Pavis de la souree, cette juridiction n'aurat done pas existence légale et les deux mandats de dépét seraient en conséquence entachés de nulit 13, Subsidiairement, Ia source rapporte que la CREI serait incompétente pour juget Karim Wade puisque les faits en cause se sont déroulés alors que Karim Wade exergait des Tonctions offcielles de Ministre de la République de sorte qu'il bénéficie d'un privilége de Juridietion, comme en dispose l'article 101 alinga 2 de la Constitution, D'autre part, la ‘Source souligne que conformément a article 7 de la Loi n°81-54 du 10 juillet 1981, en cas de faits consttutifs d’enrichissement illicite visant une personne bénéficiant d'une ‘immunité ow d'un privilege de juridiction, le dossier doit ve transmis & autortéjudiciaire compétente au stade des poursuites judicisires. Karim Wade aurait donc dl etre jugé par la ‘Haute Cour de Justice et non pas par la CRET, comme cola a été souligné par la Cour de ‘VERSION NON EDITEE. A/HRCAWGAD/2015 Justice de la Communauté Economique des Etats de I’Afrique de Ouest (CEDEAO) dans son a€t du 22 février 2013, 14, Ein effet, la source relate quan stade de Penquéte préliminaie, les avocats de Karim, Wade et d'autres anciens ministres de ta République du Sénégal visés par I rnéme pprocédure ont saisi la CEDEAO qui a jugé, par un arét du 22 fevrier 2013, que toutes ‘Poursuites qui pourraient étre exereées a Vencontre de Karim Wade incombuient la Haute ‘Cour de Justice. La source rapporte que I"Btat du Sénégal ne s'est jamais exéeuté et cela en pit dune notification officielle de Vazrét qui selon Particle 62 du roglement de Ia Cour a force obligatoire dés son prononcé, d'une lettre du 25 mars 2013 du Président de la Commission de la CEDEAO et d'un nowvol arvét rendu le 19 juillet 2013 rappelant quo Vexévution des décisions de la Cour n'est pas une faculté. mais une obligation ‘conformément a l'article 15(4) du traits révisé par la Cour de Justice de la CEDEAO, 15. _D'autre part, selon les informations reques, article 13(1) de la Loi n°81-54 du 10juilet 1981 écarte toute possibilité de recours sauf lorsqu’un art de non-lien est prononeé, puisqu'll peut étre fappé eappel devant la CREL par Ie Procureur Spécial. Lasoureo informe que ls demande de recours excreés par’ Karim Wade devant la ‘Commission d'Instructon a de ce fit rejetée ot que la sasine du greffier en chef de Ia CCREI en date du 22 avril 2013 cn vue d'une demande d'entepistrement d'un pourvoi en cassation conte la décision du 17 avil 2013 de la Commission dInsrution de la CREI a elle aussi 64 refusée par procés-verbal dy 23 avail 2013, 16, La source rapporte que Karim Wade avait saisi le Président de la CREI Fequéte en date du 19 avril 2013 afin d’enjoindre au groffier «’inserite le pourvoi, ce qui a ‘également 616 refusé par ordonnance de rejet rendve le 23 avril 2013. Karim Wade a alors saisi Ja Cour Supréme du Sénégal quia déciaré recevable par un arrét du 6 février 2014 le ‘ecours contre cette décision et a envoyé la procédure au Conseil Constitutionnel afin qu'il statue sur l'exception d'inconstitutionnalité de cette loi. Mais ce dernier a alors rejeté le 3 ‘mars 2014 l'exception d’inconsttutionnalits alors que Ia souree rappelie que absence de double degré de juriiction va a I'encontre des conventions intcmnationales négulitrement ratifiées par le Sénégal. La source informe que le procureur de la CREI a demandé a ia Cour Supréme le 6 juin 2014 d’annuler la derniére décision de la Cour eupréme en date dt 6 fevrier 2014, 17. Karim Wade avait également saisi la Chambre d'accusttion de Dakar de ‘Pannulation de la procédure intentée par la CREI mais celle-ci s'est déclarée incompétente Je 21 novembre 2013. Selon la source, Karim Wade serait donc privé de la possiblié de ‘out recours, doublé dune rupture de égalité des armes. La source informe qu'un avant- projet de loi abrogeant la CREI et la remplagant par la CRIEF introduirait le double degré de juridiction au stade de Pinstruction et sur le déclaration de eulpabilits. 18. Selon la source, il ressort des articles 3 bis (2) de la Loi n°81-$3 du 10 jullet 1981, de article 6 (4) et (6) de la Loi n°81-54 que Ia personne est présumée coupable a défaut de justifier de manitre suffisante de lorigine licite de V'enrichissement dans le teraps imparti parle Procureur Spécial. La source rapporte que Karim Wade a rapporté & maintes reprises Ja prouve qu'il n'ai pas & la tte de ces sociétés mais cela a &¢ complotement ignoré par Je Procureur puisque la Commission d'Instruction 'a néanmoins renvoyé pour fire jugé pour de fats d’enrichissement illicite. Il ressort également des informations regues que leit Procureur aurait dans sa conférence de presse du 9 novembre 2012, avant méme l'ouverture de enquéte, violé cette présomption innocence, 19. _Diautre part, la source dénonce le fat que cette violation du droit la présomption ¢ awit 8 sate stittioanel de Ie République du Séubyat dans un arét du 3 mars 2014, estimant que lo requérant pouvait se défendre en apportant la prewve contraire. Or la source informe que selon l'article 3 de la loi n°81-53 du 10 juillet ‘VERSION NON EDITEE, AIHRCWGAD 2015 1981, 1a seulo preuve d'une iibéralité ne suffit pas A justiier Porigine licite des biens,

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