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ANALYSES & RÉFLEXIONS
Interview de Madame Simona FRANKEL
CONSUL GENERAL D’ISRAEL A MARSEILLE
Cyril Amar
A la veille du soixante-deuxième anniversaire de l’Etat d’Israël, Simona Frankel, Consul général d’Israël à Marseille,
a reçu le journal Haboné pour faire le bilan à mi-parcours de son mandat et analyser l’actualité d’Israël ainsi que
les perspectives d’avenir de l’Etat hébreu.
Cyril Amar : Vous étiez Consul général adjoint à New York où
vit l’une des plus grands communautés juives du monde. Quel
regard posez-vous sur celle de Marseille ?
Simona Frankel : « Les deux communautés sont très différentes.
La communauté marseillaise est beaucoup plus homogène
que la communauté new yorkaise. Des ultras orthodoxes aux
ultras libéraux, vous pouvez trouver à New York une vaste
palette d'identités juives. A Marseille au contraire, les Juifs se
situent au centre, entre tradition et modernité. Les Juifs marseillais
sont également très proches d’Israël. Il est en effet très rare
de rencontrer un Juif marseillais qui n'a jamais visité Israël,
ce que l'on peut aisément trouver aux Etats-Unis. Les jeunes
français sont très attachés à Israël alors que la jeune génération
américaine peut parfois en être très éloignée. Pour ce qui est
du rapport à la religion, il est rare de rencontrer un Juif marseillais
qui ne fréquente pas la synagogue au moins pour les grandes
fêtes ou pour la Bar Mitzva. A New York, ce n’est pas si rare.
J’aime cette diversité dans la Diaspora (Simona Frankel a
été Deuxième Secrétaire à la Direction des Relations avec
les communautés juives du ministère israélien des Affaires étran-
gères, voir encadré). Quoi qu’il en soit, l’accueil qui m’a été
fait à Marseille est un souvenir impérissable. Je me suis tout
de suite sentie chez moi dans cette ville. La vraie différence
entre Marseille et New York, c’est qu’ici il y a « une » communauté
juive tandis qu’à New York il y a « des » communautés juives.
Chaque synagogue représente à elle seule une communauté
dans la communauté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
le titre de président de la communauté new yorkaise n’existe pas,
contrairement à Marseille. »
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En entrant dans les bureaux de Simona Frankel, on est
d’abord frappé par l’absence de protocole. Ici, pas de forma-
lités superflues mais une atmosphère israélienne qui vous met
tout de suite à vos aises. En patientant au secrétariat, je
constate que la porte du bureau de Madame le Consul est
entrebâillée. « C’est une règle d’or », me dit-on, « Simona étu-
die toujours ses dossiers la porte ouverte », sans doute un
signe supplémentaire de l’accessibilité qui la caractérise et
que ses collaborateurs n’ont aucun mal à lui reconnaitre. Une
décontraction inversement proportionnelle au talent de cette
avocate de formation qui avoue avoir intégré l’école de
diplomates « sans vraiment savoir ce que cela signifiait » mais
plutôt parce qu’elle avait été « d’emblée séduite par l’idée de
servir son pays ». Un projet qu’elle prétend « ne jamais avoir
regretté » et qui 25 ans plus tard, de Genève à New York, aura
mené la diplomate israélienne à servir Israël dans les plus
grandes métropoles.
« Je veux révéler aux Marseillais
d’autres facettes d’Israël »
C.A. : On est donc forcément plus anonyme à New York
qu'à Marseille, où les prérogatives du consulat sont hautement
politiques...
S.F. : « Absolument. Ma carrière a toujours était politique et c'est
ainsi que je la remplie à Marseille en tant que Consul général.
Je suis venue ici pour représenter l'Etat d'Israël auprès des
autorités locales et pour essayer de consolider les liens entre les
deux pays et surtout entre les deux peuples. Je cherche à déve-
lopper des partenariats dans les domaines de la culture, de
l'économie, du commerce car cela me semble primordial pour
modifier l’image d'Israël en tentant, autant que faire se peut, de
ne pas parler que de politique. Je veux révéler aux Marseillais
d’autres facettes d’Israël. C’était mon rôle à New York dans une
ville qui est au cœur du jeu politico-médiatique des Etats-Unis.
C’est ce que je m’efforce de faire aussi à Marseille en commu-
niquant toujours davantage dans les médias régionaux, notam-
ment dans les colonnes de « La Provence » où mes communiqués
et mes opinions ont la part belle ces dernières années. »
C.A. : On l'aura compris, vous êtes plutôt active que réactive.
Les Marseillais ont encore en mémoire les festivités du soixan-
tième anniversaire de l'État d'Israël au Parc Borély dans
l'organisation desquelles vous avez pesé de toute votre
influence. Pensez-vous avoir atteint votre objectif de communi-
cation avec cet événement ?
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ANALYSES & RÉFLEXIONS
S.F. : « Absolument. Je crois qu'on a réussi à toucher le grand
public marseillais. Il me semble important que l'Indépendance
de l’Etat d’Israël ne soit pas seulement célébrée par la commu-
nauté et en présence de mes collègues les Consuls généraux
en poste à Marseille. Je crois au contraire que cet événement
doit être fêté avec tous les Marseillais comme ce fut le cas
en 2008. Ce moment magique a été bénéfique pour Israël et
a donné un tout autre tour à ma mission ici en réaffirmant
la place prépondérante qu’occupe mon pays dans le Sud
de la France. En outre, le bénéfice de l’événement s’est fait
ressentir lors de l’opération israélienne « Plomb durci » dans
la bande de Gaza en janvier 2009. En effet, alors que l’on
se souvient de la virulence des défilés anti-israéliens dans
d'autres villes de France, Marseille a vu marcher dans ses rues
une manifestation de soutien à Israël. Pour moi, c’est une
différence de taille directement imputable à notre travail
de communication. »
« Israël ne doit pas faire le sale travail
pour la communauté internationale »
C.A. : Lors de sa visite au sommet à Damas, Mahmud
Ahmedinijad a réitéré sa volonté d'annihiler Israël. Jusqu'à
quand selon vous l'Etat d'Israël va-t-il laisser la diplomatie
suivre son cours ?
S.F. : « Je ne sais pas mais je suis convaincue qu'il faut laisser
la diplomatie tout essayer pour stopper la puissance nucléaire
iranienne. Je ne suis pas persuadée qu'Israël doive faire le sale
travail pour la communauté internationale. Il faut rappeler
et répéter que le problème iranien n'est pas exclusivement
l’affaire d’Israël mais celle de tous les pays démocrates et libéraux,
y compris de certains pays arabes modérés. Si l’Iran parvient
à ses fins, de nombreux pays seront dans le collimateur de
Téhéran.
« Il faut négocier le plus tôt possible »
C.A. : L'émissaire américain George Mitchell et son vice-prési-
dent Joe Biden se sont succédés en Israël au mois de mars ;
Les chefs de la diplomatie arabe ont apporté leur bénédiction
aux négociations indirectes par le truchement de Washington.
Sur le papier, le climat est plutôt à l'optimisme. Pourtant jamais
l'Autorité palestinienne n'est apparue aussi faible et le Hamas
aussi fort. Un rapport interne de votre ministère cité par le quo-
tidien israélien Haaretz estime même que l'administration
Obama n'entend pas se surinvestir dans le dossier Proche-
oriental. Quelle est votre analyse ?
S.F. : « Pour que les négociations reprennent, il faut d’abord que
les Palestiniens en expriment le souhait sans exiger de préalables.
Tel n’était pas le cas jusqu’à présent. Si nous ne négociions pas,
c’est tout simplement car les Palestiniens le refusaient alors qu’ils
Habone
avaient été conviés à maintes reprises à la table des pourparlers.
Évidemment les choses ne sont pas simples et n’iront pas en
se simplifiant. C'est pourquoi je crois qu’il faut commencer
à négocier le plus tôt possible car personne ne peut prédire
de quoi demain sera fait. Il ne faut pas attendre pour se réunir
et tenter de calmer les tensions, notamment les différentes
émeutes qui éclatent ci et là dans les Territoires… »
C.A. : …attisées disons-le par la récente décision du Premier
ministre israélien Nétanyahou d’inscrire au patrimoine israélien
le caveau des Patriarches et le Tombeau de Rachel à
un moment que certains éditorialistes israéliens jugent pour
le moins inopportun...
S.F. : « Je ne crois pas que ces émeutes ont été déclenchées par
les déclarations de Netanyahou. Ceux qui les ont commanditées
ont cherché un prétexte pour provoquer ces violences.
Qu’Abou Mazen (Mahmoud Abbas, ndlr) prouve qu'il exerce
une réelle autorité dans les Territoires en réprimant les échauf-
fourées pour montrer qu’il est le seul dirigeant. Aussi longtemps
qu’il ne s’y appliquera pas, on est en droit de craindre une version
cisjordanienne du coup d’état du Hamas à Gaza. Ce scénario
serait avant tout dommageable pour le peuple palestinien.
Savez-vous par exemple que depuis qu’il n’y a plus d’attentats
en provenance de la Cisjordanie, la situation économique
des citoyens de ce territoire a beaucoup évolué ? Israël n'est
pas le seul à le constater. La Banque mondiale, le FMI ainsi que
de nombreuses organisations internationales ont également
fait l’heureux constat de ce changement radical. Tandis que
de nombreux pays sont affectés par la crise, les Territoires pales-
tiniens voient au contraire leur économie prospérer avec une
croissance inédite. Cette situation aurait été inimaginable si
des actes terroristes étaient perpétrés depuis ce territoire. Quant
à l’inscription au patrimoine de plusieurs sites historiques, il n’y a
là rien de choquant et cela ne préjuge en rien de l’issue
des négociations entre les parties. Cette décision ne modifie
en effet aucunement le statu quo entre les autorités israéliennes
et le Waqf (office des biens musulmans, ndlr). Qui peut nier
que ces deux sites appartiennent au patrimoine juif ? Israël
a toujours maintenu la liberté de cultes pour toutes les religions.
Quel pays au monde peut s’enorgueillir d’en faire autant ? »
C.A. : Si le processus s'enrayait, Israël ne s'exposerait-il pas au
pire : l'abandon par les Palestiniens de la solution de deux États
au profit d'un Etat binational où juifs et Arabes jouiraient des
mêmes droits. Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent
au sein de l'intelligentsia palestinienne en faveur de cette
démarche. Le démographe israélien Arnon Sofer n'a-t-il pas
prédit que d'ici 2020 il y aurait plus d'Arabes que de Juifs entre
la mer Méditerranée et le Jourdain ? Ce serait la fin de l'Etat juif !
S.F. : « Je suis d'accord mais je le répète : Israël ne freine pas les
négociations. Ce n'est pas Israël qui stoppe le processus de paix
mais les Palestiniens qui posent des préalables. Vous avez raison,
un Etat binational serait un grand malheur pour le sionisme et
pour moi qui suis née en Israël et qui suis désireuse de vivre dans
un Etat à caractère juif même si je ne suis pas pratiquante. Je
veux vivre dans un Etat juif, composé majoritairement de Juifs
tout en accordant tous les droits aux minorités. Celles-ci doivent
toutefois garder en mémoire qu'Israël est le Foyer national du
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ANALYSES & RÉFLEXIONS

peuple juif tel que l'a stipulé la déclaration Balfour. Le peuple

juif, tout comme n'importe quel autre peuple, a le droit de vivre
dans sa patrie et de décider du modus vivendi qui régit la
vie de ses citoyens. Savoir à quoi ressembleront les frontières de
demain entre Israéliens et Palestiniens est une question d’ordre
politique. Ce que nous souhaitons c'est avoir une patrie où
les Juifs puissent vivre en toute sécurité sans craindre que
des roquettes tombent sur la tête de leurs enfants. On ne
demande qu’à vivre paisiblement sur notre terre. »

« Pour peser au Proche-Orient,

l’Europe doit être plus objective »

C.A. : D'abord ultra-actif dans le dossier proche-oriental au

lendemain de son élection, Barack Obama a semble-t-il été
refroidi par le refus israélien d’obtempérer à son exigence
de geler la construction dans les territoires. Pensez-vous
que l'Europe et la France soient en mesure de s’engouffrer
dans cette tiédeur américaine ?

S.F. : « Je ne pense pas qu'il y ait de vide laissé par les

Américains. Quoi qu’il en soit, l'Europe et la France on toujours
un rôle à jouer au Proche-Orient. Cela ne tient qu’à elles.
En effet, pour prétendre à l’influence au Proche-Orient, il faut
porter un regard objectif, consentir des mesures de confiance,
non pas avec le gouvernement mais avec le peuple israélien
qui se méfie parfois des réactions européennes qui ne
condamnent qu’Israël sans toujours voir le revers de la médaille.
Le rôle de l’Europe et de la France doit être constructif et pour
cela il leur faut tisser des liens de confiance, notamment avec
la société civile israélienne. »
C.A. : Vous avez été scolarisé avec le navigateur israélien,
Ron Arad, capturé au Liban sud en 1986. La captivité de Guilad
Shalit ne vous laisse donc pas insensible. Qu'attend le gouver-
nement Netanyahou pour conclure sa libération face au
Hamas ?
S.F. : « Je voudrais appréhender votre question sous deux axes
différents. Il est évident que comme n’importe quel citoyen
et n’importe quelle mère en Israël, je souhaite de tout cœur que
Guilad soit libéré à n’importe quel prix. Mais j’ignore pour
quelles raisons les preneurs de décision israéliens n’accèdent
pas aux demandes du Hamas. Je suis convaincue que le
gouvernement d'Israël et ceux qui décideront de la libération
des terroristes palestiniens incarcérés en Israël , font le maximum
pour que la libération de Guilad n'engendre pas de nouvelles
pertes de vie et d'autres familles endeuillées. Il est indispensable
de tout mettre en œuvre pour libérer un soldat captif, ça c’est
un premier axe. Mais le second axe, c’est que le terme « à n’im-
porte quel prix » ne fait pas partie du lexique des leaders qui
dirigent mon pays. Car que signifie « à n’importe quel prix » ?
Au prix d’Israéliens qui demain seront les victimes ou les captifs
des prisonniers palestiniens libérés ? Comment réagirons-nous
alors ? Il s’agit d’un slogan vide de sens même si je m’identifie
pleinement avec les parents et avec les proches de Guilad. »
C.A. : La couverture médiatique de l'opération « Plomb durci »
et le retentissement de la publication du rapport Goldstone
ont planté un dernier clou dans le cercueil de la bienveillance
de l'opinion publique européenne à l'égard d'Israël. David
a décidément du mal à se débarrasser de son image de
Goliath. Un vrai travail de Sisyphe pour un diplomate, non ?
S.F. : « Même si elles expriment quelquefois des critiques à son
encontre, Israël considère la France et les pays européens
comme des amies de longue date Pour parvenir à un accord
de paix avec ses voisins, Israël a toujours pris position en faveur
de négociations directes sans avoir recours à une médiation
américaine ou européenne. Toutefois, puisqu'il s'agit d'une
réelle amitié, toute contribution américaine, française ou
européenne pouvant promouvoir la paix sera la bienvenue
Pour ce qui est de l'image d'Israël, ma situation est un peu diffé-
rente de celle des autres diplomates israéliens en poste dans
le monde. La perception d'Israël dans le Sud de la France
est bien meilleure qu'ailleurs. Peut-être que les gens ici lisent
davantage les médias régionaux que nationaux (rires). La situa-
tion à Marseille est plus aisée pour un diplomate. Ce qui me
parait primordial, c'est que les dirigeants européens réaffirment
haut et fort la légitimité de l'État juif. Se taire ou ne parler que
de la lutte contre l'antisémitisme ne suffit pas. Le statut définitif
des frontières peut attendre. Il faut d’abord se prononcer sans
aucune ambiguïté pour la légitimité d'Israël. A mon grand
regret, les dirigeants européens ne se font pas assez entendre
sur ce sujet. Le climat entre Israël et l’Europe en sortirait
radicalement modifié. »

38 Habone
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ANALYSES & RÉFLEXIONS
Dates clés
Naissance à Tel Aviv
1982 :
Licence de Droit à l’université de Jérusalem
1983-1985 :
École de diplomates du Ministère israélien des Affaires étrangères
1985.1987 :
Deuxième Secrétaire - Direction des Relations avec les communautés
juives
1987.1989 :
Deuxième Secrétaire – Ambassade d’Israël à La Haye : Porte-parole et
Chargée de l’information
1989.1991 :
Premier Secrétaire – Direction de l’Asie Afrique Océanie, Adjointe du
Directeur Conseiller politique – Mission d’Israël auprès de l’ONU à
Genève
1996.1998 :
Conseiller – Direction des Affaires juridiques
1996.1999 :
Directrice du département des relations avec la Knesset
2001.2005 :
Consul Général Adjoint Consulat d’Israël à New York
2005.2007 :
Ministre – Conseiller – Direction des Organisations Internationales
Aout 2007 :
Consul général d’Israël à Marseille
C.A. : La France et l'Europe ont pourtant toujours affirmé leur
soutien à l'existence de l'Etat juif même si dans un même souffle
ils affirment que sa sécurité passe par la paix.
S.F. : « Il faut le répéter sans relâche et réaffirmer qu'il faut tout
faire pour assurer la sécurité d'un État qui représente le Foyer
national du peuple juif. Ceci doit être indépendant du processus
de paix car le gouvernement s'est prononcé à plusieurs reprises
en faveur de l’établissement d'un Etat palestinien aux côtés
d'Israël. »
« Shimon Peres sera l’invité du
président Sarkozy au mois d’avril »
C.A. : Les actes antisémites, comme la récente profanation
du cimetière juif de Strasbourg, sont relayés de manière
récurrente dans les médias israéliens. Cela attise sans doute
la méfiance israélienne vis-à-vis de l'Europe.
S.F. : « Disons d’abord sans ambages que la France n'est pas
un pays antisémite et que les Français sont les amis d'Israël. Les
actes antisémites sont menés par des extrémistes qui entachent
la société française mais les autorités françaises font tout
pour punir ces exactions. Ces extrémistes cherchent des boucs
émissaires qui peuvent être juifs, musulmans ou autres. Je
ne pense pas que ces actes visent directement Israël. Le
rapprochement entre les deux pays est de plus en plus
Habone
pregnant. Celui-ci se manifeste ces dernières années dans
la façon dont les dirigeants français sont accueillis en Israël
et vice versa. Je vous annonce à ce propos qu’au mois d'avril,
le président Shimon Peres sera l'invité du président Sarkozy
à Paris pour participer à l’inauguration de l’esplanade
parisienne qui portera le nom de David Ben Gourion. Ces actes
bilatéraux montrent l'ouverture entre les deux pays. De plus
en plus de touristes français visitent Israël et l’essor
des échanges culturels, économiques et commerciaux sont
à même de modifier l’image d’Israël. »
C.A. : Parlons justement de culture. On connait le dynamisme
du service culturel du Consulat et les programmations qui
mettent Israël à l'honneur dans le sud de la France. Comment
expliquez-vous ce contraste entre d’une part excédent de
sympathie à l'égard de la culture israélienne et déficience
de l'image politique de votre pays ?
S.F. : « Nous avons beaucoup à offrir en ce moment. Le cinéma,
la danse, la musique, la littérature. Note culture est très bien
accueillie. Nous sommes actuellement en négociation avec
les dirigeants de Marseille 2013 pour qu'ils puissent se rendent
en Israël et choisissent eux-mêmes les artistes qui représenteront
Israël en 2013. En ce moment se déroule le festival du film israélien
à Nice que j'ai moi même initié il y a trois ans. Nous avons signé
un partenariat avec la municipalité de Nice et le succès est
tel que d’une année à l’autre, il nous faut trouver des salles
plus grandes pour accueillir un public qui afflue en masse. »
C.A. : Permettez-moi de conclure sur une note personnelle.
Vous êtes mère de trois enfants. Comment parvient-on à concilier
une vie de famille et une carrière aussi intense ?
S.F. : On y parvient pas justement ! (rires). Je paie le prix fort
des deux côtés car je ne crois pas à la femme superwoman.
Je ne vis pas ma carrière comme je l’aurais vécu si je n’avais
pas dû gérer une famille et je ne gère pas ma famille comme
j’aurais pu la gérer si je n’avais pas mener ma carrière de
diplomate. J'essaie néanmoins de trouver le bon compromis
en essayant de ne pas commettre de fautes trop lourdes dans
les deux domaines.
Simona Frankel, merci et H’ag H’érout Saméah’
Merci à vous. H’ag Saméah à toutes les lectrices et lecteurs
d’Haboné.
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ANALYSES & RÉFLEXIONS
Spécial dossier Pessah :
Le retour des exilés à Jérusalem
ou la fin d’un mythe
Sandra Hanna Elgrabli de Jérusalem
Crédit photos ASSOCIATION SHAVEI ISRAEL
Le mythe des tribus perdues tend chaque jour à se concrétiser, à prendre forme dans la réalité grâce aux
recherches d’organismes israéliens tel que le Technion de Haïfa, les travaux personnels du rabbin Amichav ou
encore l’association Shavei Israël. A tel point que le monde juif serait sur le point de goûter réellement au sens de
la prière qui clôture la lecture de la Haggadah de Pessah : l’an prochain à Jérusalem.
L’association Shavei Israël
(www.shavei.org) œuvre depuis dix ans
afin d’aider les Juifs à retourner sur la
terre de leurs ancêtres. Des juifs qui ont
cette particularité d’appartenir à l’une
des dix tribus perdues ou tout simplement
de chercher à retourner aux sources du
judaïsme au terme de plusieurs siècles
de conversions forcées.
Les Juifs de l'Amazonie
Au cœur de la forêt amazonienne, des
familles entières au physique d’indien
portent le nom de juifs marocains : ils ne
nomment Cohen, Ben Zaken ou Ben
Chimon. Ils ont conservé avec soin leur
nom de famille qui prouve leur ascen-
dance juive. Certains ont décidé de
prendre mieux connaissance de leur
héritage et finalement se sont convertis et
ont fait leur alya récemment. Leur histoire
remonte au 19ème siècle. Le boom du
caoutchouc en Amérique du Sud a trans-
formé le visage social et économique de
la région amazonienne. Un millier d'immi-
grants en provenance de l'autre côté de
l'Atlantique, y compris de nombreux
jeunes Juifs marocains, ont fait leur che-
min jusqu'en Amérique du Sud à la
recherche d’opportunités de travail. Au
départ, ils n'avaient pas l'intention de res-
40
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ter, mais beaucoup d'entre eux ont fini
par épouser des femmes autochtones et
se sont installés dans la région.
Néanmoins, les Juifs marocains ont tenu
à transmettre à leurs descendants leurs
racines juives
Les Juifs incas
Il y a plus de cinq siècles, au nord du
Pérou, dans la ville de Cajamarca, deux
frères, Alvaro et Segundo Villanueva
Correa ont commencé un voyage spiri-
tuel qui a emporté leurs vies et celles de
centaines d’autres vers Israël. En 1958, ils
ont formé une communauté dont les
membres observaient strictement le
Chabbath, les fêtes juives et les lois de la
cacherout. Le groupe connu sous le nom
des "Bnei Moshe" - les enfants de Moïse –
n’ont pas d'ascendance juive, mais ils ont
trouvé leur vérité spirituelle au sein du
judaïsme et ont décidé de se joindre au
peuple juif. Ils se sont installées dans la
ville de Trujillo et ont continué à pratiquer
fidèlement la Torah. Par la suite, la plupart
de ces familles incas ont été converties
par le grand Rabbinat d'Israël et fait leur
aliya, en partie grâce à l’association
Shavei Israël.
Habone
Vie et société
San Nicandro, histoire d’une
conversion italienne
L'histoire unique des Juifs de San
Nicandro petite ville d’Italie, remonte à la
fin de la Première Guerre mondiale,
quand un soldat grièvement blessé,
nommé Donato Manduzio rentre du front.
Dans la vie civile, Manduzio est un pay-
san illettré qui, désormais confiné dans
son lit, a décidé d'apprendre à lire. Il
avance rapidement dans ses études,
dévore romans et œuvres littéraires puis
se tourne vers la bible. Il découvre alors le
judaïsme, s’y intéresse à tel point qu’il
commence à respecter certaines lois.
Mais l’histoire s’emballe. Il est rejoint dans
sa quête spirituelle par ses voisins et au
total, 80 personnes tentent de pratiquer la
Torah mais privée des précieuses explica-
tions issues de la loi orale. En clair, ils ont
ainsi respecté la loi dans son sens le plus
littéral : le Chabbath ils n’allumaient pas
de feu dans leur demeure, et sacrifié véri-
tablement l’agneau pascal, le 14ème
jour de Nissan ! Vers la fin de la Seconde
Guerre mondiale, après que les forces
alliées aient envahi l'Italie, les membres
de la Brigade juive ont traversé le village,
avec des étoiles de
David ornant leur
jeep. Manduzio leur
demande de plai-
der leur cause en
Israël. En 1946, la
plupart de la com-
munauté de
Manduzio réussit à
se convertir au
judaïsme, et la grande majorité d'entre
eux fait son alya en 1949. Aujourd'hui, il y
a encore une trentaine de membres de
la communauté de San Nicandro qui
vivent une vie juive sans s’être convertis
de manière formel. La plupart sont des
femmes qui se retrouvent ensemble pour
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Vie et société ANALYSES & RÉFLEXIONS

célébrer la nuit du Seder de Pessah. Elles

se disent juives, ayant grandi comme des
juives mais sont mariés à des Italiens non
juifs.

Les Juifs de Chine retournent aux

sources

1000 ans auparavant, des marchands

juifs originaires de Perse débarquent
dans la cité de Kaifeng, située sur les
berges du fleuve jaune, alors capitale de
la Chine : ses membres fondent une com-
munauté prospère qui trouve son apo-
gée au Moyen âge puisqu’elle compte 5
000 membres, de nombreuses syna-
gogues et instituions juives. Peu à peu
l’assimilation balaie toute trace de
judaïsme. Le dernier rabbin de Kaifeng
est décédé deux siècles auparavant et
au milieu du 19e siècle, la communauté
est forcée de vendre la synagogue, ses
meubles et les rouleaux de la Torah ! Un
millier de membres chinois, conscients de
leur racine juive, ont cherché à revenir à
leur source. Une dizaine d’entre eux ont
décidé de se convertir et ont été invité en
Israël, par le biais de l’association Shavei
Israël : « Je suis bouleversée me voilà
enfin en Terre Sainte", a déclaré Yaakov
Wang, l’un des participants. «C'est
quelque chose que mes ancêtres ont
rêvé depuis des générations, et mainte-
nant, je remercie D.ieu, j'ai enfin réussi."
Wang espère devenir à terme rabbin,
afin de pouvoir aider d'autres descen-
dants juifs de Kaïfeng à se rapprocher du
judaïsme. «Nous avons reçu des permis

spéciaux délivrés par le ministère de

l'Intérieur israélien afin que ces « juifs chi-
nois » puissent rester une année, période
pendant laquelle ils se préparent à leur
conversion. Ils recevront ensuite la
citoyenneté israélienne et seront considé-
rés comme des nouveaux immigrants,"
explique le président de Shavei Israel
Michael Freund, "Le groupe est logé au
Kibboutz Sde Eliyahu, près de Beit Shéan,
où ils vont étudier l’hébreu."

Habone 41
Habone 160:Mise en page 1 17/03/10 16:20
ANALYSES & RÉFLEXIONS
Les Subbotniks ou les juifs cachés
de Russie
Sous le régime tsariste, des paysans du
sud de la Russie de confession chré-
tienne ont décidé pour une raison igno-
rée, de se convertir au judaïsme, deux
siècles auparavant. Ils ont été surnommés
Subbotniks en raison de leur amour pour
le Chabbath qui se dit Subbot en russe !
Au début du 19ème siècle, le tsar
Alexandre 1er connu pour sa haine des
juifs, déporte le groupe aux confins de
l’empire. Tout au long de l’histoire de la
Russie, ils sont impitoyablement persécu-
tés par les hordes bolchéviques, torturés
par les communistes et des milliers d’en-
tre eux sont assassinés par les Allemands
après l'invasion nazie de l'Union sovié-
tique au cours de la Seconde Guerre
mondiale. Aujourd’hui, environ 10.000
Subbotnik vivent principalement dans le
sud de la Russie et en Sibérie, la plupart
souhaite revenir officiellement aux tradi-
tions de leurs ancêtres et émigrer en
Israël : ils observent le Chabbath, pra-
tique la circoncision, s'abstiennent de
manger du porc : A 700 kilomètres au sud
de Moscou, se dresse un village du nom
de Vysoki. On y arrive après 12 heures de
voyage en train et 3 heures de bus. Les
maisons sont en pierre et le toit en alumi-
nium, les cours sont spacieuses et les che-
mins boueux… Les hommes sont au chô-
mage pour la plupart, d’autres tirent un
maigre revenu de la culture de leur jar-
din .On est ici à la fin du monde. Derrière
le village se trouve un cimetière et les
pierres tombales portent une étoile de
David. Les Vieux enveloppés de châles
de prière prient encore min’ha ! Sur les
linteaux des portes de quelques maisons
sont fixés des mézouzot qui contiennent
de très vieux parchemins. Les hommes
sont circoncis. Nous sommes dans un vil-
lage où vivent des Subbotniks. L’un d’eux
témoigne de la façon dont ils célébraient
Pessah : Eliezer Yakovlevich rappelle
42
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comment, enfant, il regardait ses parents
cuire au four la matza pendant la Pâque
juive. « Aujourd'hui, ils en importent mais à
l'époque nous prenions un seau spécial
pour la Pâque et le soir nous la remplis-
sions d’eau d'un puit. Dans la matinée,
après que l'eau soit restée toute la nuit,
mon oncle formait des matzot sur une
plaque spéciale réservée pour Pâque.
Deux hommes pétrissaient une grande
quantité de pâte, puis une femme pre-
nait un rouleau afin de l’aplatir. Le grand
four était nettoyé des restes de pain et
nous brûlions ce qui restait, à l’intérieur.
Puis, en utilisant une cuillère en bois large
que nous avions gardé spécialement
pour la Pâque, nous plaçions la pâte à
l'intérieur du four. Tout devait être terminé
dans les 18 minutes. Une fois le matzot
cuites, nous les enfermions dans des sacs
conservés dans un endroit spécial utilisés
que la Pâque. La maison était pleine de
Matsa ». Zoya Zaitzva se souvient de la
nourriture spéciale qu'ils consommaient
pour la Pâque. «Ma mère voulait manger
de la nourriture que nous n'avions pas
tous les jours. Nous avions droit au raifort,
aux oeufs et aux pommes de terre, on
trempait la Matsa dans la soupe de pou-
let ».
La loi du retour refusée aux Subbotniks !
Israël a reconnu la judaïté des résidents
de Vysoki il y a de nombreuses années.
Au fil des ans, des centaines d'entre eux
ont fait leur aliya, et beaucoup se sont ins-
tallés en dans la ville de Bet Shemesh, qui
est devenu connu comme une petite
« Vysoki". Quelques centaines de Juifs
sont restés au village, nombre d'entre eux
se sont mariés à des russes des villes et vil-
lages voisins. Actuellement, Israël refuse à
ceux qui se sont marié à des non juifs, de
faire leur aliya. Cette décision a déchiré
des dizaines de familles, car dans de
nombreux cas, l'Etat a permis aux parents
de monter en Israël et a rejeté la
demande des enfants qui avaient
épousé des non-Juifs. Il a été demandé à
Habone
la Cour suprême israélienne de statuer
sur le cas de certains subbotniks. En 2005,
les parents d’une certaine Lubov, Rosa et
Vassili Shishilianikov, ont fait l'aliya, en
vertu de la loi du retour. Ils ont été recon-
nus comme Juifs par le grand rabbinat.
Toutefois, le consulat d'Israël à Moscou a
refusé d'autoriser Lubov et son mari à
faire mon aliya car elle avait perdu le
droit de faire son aliya en épousant un
non juif ! En Février 2008, le ministre de
l'Intérieur Meir Shétrit décidait que le
Subbotniks n’étaient pas Juifs, se basant
sur l’avis du Grand Rabbin séfarade
Shlomo Amar qui s’est appuyé lui-même,
sur le rapport faisant suite à une visite
d’une délégation de rabbins, à Vysoki
afin de déterminer si les habitants du vil-
lage étaient Juifs. Lubov et son mari
vivent tout de même en Israël, sans statut
juridique et sans prestations sociales, ni
permis de travail. « Au fil des années,
nous avons conservé notre judéité mal-
gré des difficultés extrêmes, et nous
avons pensé que nous étions juifs.
Maintenant, ils nous appellent les
Subbotniks et l'État d'Israël ne reconnaît
pas notre judaïsme ", se lamente Lubov,
qui est représenté par son avocat, le pro-
fesseur Michael Corinaldi." Comment est-
il possible que ma défunte mère et mon
père sont inscrits dans les documents offi-
ciels de l'État d'Israël en tant que Juifs, et
je ne suis pas reconnue comme juive ?
Je me considère bien plus juive que
beaucoup de ces "soi-disant » juifs venus
de Russie. Qui a le droit de jeter le doute
sur ma judéité? Lubov Yakovlevna
Grindeeva, dont les enfants et petits-
enfants résident en Israël, a du mal à
comprendre pourquoi l'État ne reconnaît
pas la judéité d'habitants de Vysok :
«Israël attire des milliers de nouveaux
immigrants en Israël en provenance de
Russie, car ils ont un grand-père juif, et ils
n'ont absolument aucun lien avec le
judaïsme. Mais nous, qui pendant des
années ont vécu comme une commu-
nauté fermée et qui ont tant sacrifié afin
de préserver notre judéité, sommes reje-
tés ", conclut-elle.
La science de l’ADN au service des
tribus perdues
Des scientifiques britanniques ont sem-
ble-t-il, réussi à prouver que la tribu
Lemba, des noirs Africains vivant au
Zimbabwe, ont des ancêtres juifs. Ils
auraient effectués des tests ADN sur un
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ANALYSES & RÉFLEXIONS

large échantillon de la population
Lemba, qui confirment ses origines
sémites datant de plus de 2000 ans. Les
membres Lemba possède dans le code
génétique un élément qui a été décelé
seulement chez les Cohen. « C’est vrai-
ment incroyable, s’exclame le professeur
Tudor Parfitt de l’Université de Londres ».
Aujourd’hui, plus de 80 000 Africains de la
tribu Lemba s’abstiennent de manger du
porc, pratique les règles de l’abatage
rituel juif, et des étoiles de David sont gra-
vées sur les pierres tombales. Ils prati-
quent également la circoncision. Les
Lemba parlent un dialecte qui conjugue
l’hébreu et l’arabe et qui pourrait indi-
quer qu’ils auraient des racines en Israël
et au Yémen. Ils disent détenir une
réplique de l’arche sainte connu sous le
nom de ngoma lungundu, qu’ils affir-
ment avoir été fait par Moïse lui-même !
En dépit de leurs racines juives, nombreux
sont ceux qui sont aujourd’hui chrétiens
ou musulmans.
Au pays des Talibans, les
Pashtounes seraient juifs !
conversion à l’Islam, les Pachtounes res-
pectent des coutumes qui ne sont pro-
pres qu’aux juifs : les femmes Pathan por-
tent des amulettes où s’inscrit le Shéma
Israël, elles allument des bougies avant la
tombée de la nuit le vendredi. La tribu
séparent le lait de la viande, la circonci-
sion est effectuée le huitième jour, ils por-
tent des vêtements appelés Kafan, qui
ressemblent au talit katan ! Les pach-
tounes racontent une légende : Balkh,
l’une des premières cités fondées en
Afghanistan fut construites par Cabul et
Abul c’est-à-dire Caïn et Abel.
D’autres écrits laissent entendre qu’après
la destruction du Royaume du Nord de
Judée, en 722 avant notre ère, des juifs
issus des dix tribus perdues, échouèrent à
Gozan, que d’autres interprètent comme
Ghazni, le nom de l’une des principales
villes d’Afghanistan. Les Pachtounes ou
Pathan ont toujours clamé haut et fort
leurs origines juives alors qu’ils vivent dans
l’un de pays les plus islamisé du monde,
fief du terrorisme mondial. Ils affirment
être des fils de Pashtu, qui signifie « fils
d’Israël ». Sur le plan étymologique,
« Pathan » peut être dérivé de Piton, le
petit fils de Jonathan, fils du Roi Saül.
Certains chefs de la tribu Pathan, les
clans Yosufzais et Durrani, affirment qu’ils
sont les descendants de Afghana, le fils
de Yirmiah, le fils de Mélik Talut - le roi
Shaül - et qu’au temps de la captivité
babylonienne, en 586 avant notre ère, les
tribus Afghana et Assaf - Assaf étant le
plus jeune frère de Afghana - étaient
conduites par Buktanasar
(Nabuchodonosor) dans les régions
montagneuses de Kohistan-i-Ghor,
aujourd’hui connues sous le nom de
Hazarajat au centre de l’Aghanistan.
Selon la tradition locale, ils vivaient
comme des Juifs jusqu’un émissaire de
Mahomet vint les convertir à l’Islam.
Aujourd’hui, ils représentent 40% de la
population afghane et parlent un dia-
lecte perse et comble de l’ironie, cultivent
avec soin… leur haine pour Israël.

Le Technion de Haifa finance actuelle-

ment une étude qui porte sur le code
génétique de l’une des principales eth-
nies afghanes, les Pachtounes, installée
en Afghanistan et au nord du Pakistan à
la frontière de l’Inde. Les recherches
scientifiques seraient à même de prouver
qu’il existe bien un lien entre les tribus per-
dues d’Israël et cette peuplade. Shahnaz
Ali, chercheur à l’Institut national d’immu-
nologie à Bombay a prélevé des échan-
tillons de sang des membres de la tribu
des Pachtounes Afridi qui vivent à
Malihabad au nord de l’Inde et a été
invité à poursuivre ses recherches sur
l’ADN au Technion, l’Institut de sciences,
le plus réputé d’Israël, size à Haïfa.

Depuis longtemps, des experts ont tenté

de prouver l’origine juive des Pathan ou
pachtounes, notamment parmi eux, le
rabbin Elyahou, fondateur de l’organisa-
tion Amishav (le retour de mon peuple en
hébreu) et qui fait partie des premiers
chercheurs à se consacrer aux commu-
nautés juives perdues dans le monde. Il
existe 60 groupes ethniques en
Afghanistan et les Pathan sont les seuls
que l’on peut confondre physiquement
avec la population juive a découvert le
rabbin lors de ses voyages. Il a égale-
ment constaté qu’en dépit de leur

Habone 43
Habone 160:Mise en page 1 17/03/10 16:20
ANALYSES & RÉFLEXIONS
Phosphore blanc
http://www.timesonline.co.uk/tol/comment/leading_article/article7011611.ece - du 2 février 2010
Israël est un pays ardent mais aussi
capable de rendre des comptes à
lui-même
‘Israël va devenir un pays moyen-orien-
tal’, avait prédit l’écrivain Amos Oz en
1979, en ajoutant : ‘J’espère que sa
conduite ne sera pas pire que celle d’au-
tres pays du Moyen-Orient, mais je doute
qu’elle soit meilleure’. Oz avait tort. A
l’heure actuelle, et même lorsqu’il se
conduit mal, Israël se comporte beau-
coup mieux que n’importe quel autre
pays du Moyen-Orient.
C’est le Times qui, le premier, a signalé
l’emploi d’obus au phosphore blanc lors
de l’Opération israélienne ‘Plomb durci’ à
Gaza, au début de l’année dernière.
Ayant d’abord nié l’emploi de ces obus,
puis insisté sur le fait qu’ils étaient utilisés
uniquement pour se couvrir, l’armée
israélienne a infligé un blâme à deux offi-
ciers de haut rang pour avoir ‘dépassé
leurs prérogatives d’une façon qui met-
tait en danger des vies’.
Ce blâme est directement lié au bombar-
dement du quartier général de l’ONU à
Gaza, où plus de 700 Palestiniens s’abri-
taient. Pour tous ceux qui sont intéressés
par les relations d’Israël avec le reste du
monde, deux leçons se dégagent de tout
cela. Tout d’abord, contrairement à nom-
bre de ses voisins, Israël a un puissant
désir interne de se rendre des comptes à
lui-même. Deuxièmement, dans cette
région si tendue, si complexe, une diplo-
matie condamnatoire ‘en porte-voix’ ne
fonctionne pas.
44
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Pour montrer l’inefficacité d’une telle
diplomatie ‘en porte-voix’, prenons
l’exemple du rapport du Juge Richard
Goldstone sur le conflit de Gaza. Réalisé
pour l’ONU, il fut publié en septembre
dernier. De façon aussi dangereuse que
peu raisonnable, le Juge Goldstone a
laissé entendre qu’il existerait un équiva-
lent entre les tirs de roquettes sans discri-
mination, avec lesquels le Hamas bom-
bardait Israël, et les mesures prises ulté-
rieurement par Israël pour se défendre.
Même s’il allègue que des crimes de
Israël se comporte beaucoup mieux que
n’importe quel autre pays du Moyen-Orient
guerres ont été commis des deux côtés, il
dirige surtout sa colère contre Israël, pour
son emploi ‘disproportionné’ de force et
pour avoir ‘délibérément pris pour cible’
des civils palestiniens.
Face à une partialité si provocatrice, on
peut s’attendre qu’un pays referme en
claquant ses volets et tourne le dos. Bien
au contraire, la seule démocratie opéra-
tionnelle du Moyen-Orient poursuit tran-
quillement sa propre enquête sur le
conflit, enquête dont le rapport a été
remis à l’ONU. Le blâme infligé au géné-
ral de brigade Eyal Eisenberg et au colo-
nel Ilan Malka, commandant un régi-
ment d’infanterie - premiers officiers supé-
rieurs cités comme fautifs - indique qu’il
n’est plus question d’étouffer l’affaire.
Certes, les procédés israéliens sont loin
d’être parfaits. L’emploi d’obus au phos-
Habone
phore blanc contre une zone à haute
densité de population est un acte horri-
ble. En explosant, ces obus projettent des
fragments collants et enflammés qui brû-
lent et s’enfoncent dans les vêtements et
la chair. ‘Une tape sur la main’ (pour citer
un officier israélien de haut rang) consti-
tue une punition superficielle inexcusable
à l’encontre de ces responsables.
Néanmoins, il faut la prendre pour ce
qu’elle est : Israël reconnaît ainsi claire-
ment s’être comporté, durant le conflit,
comme il n’aurait pas dû.
Pour des raisons évidentes, Israël est un
pays très mal à l’aise pour critiquer ses
propres militaires. Mais ceux qui crient
aux ‘crimes de guerre’, et cherchent à
décrire Israël comme un paria, rendent
un mauvais service à la diplomatie. Ils
rendent plus difficile, et non pas plus
facile à ce pays de se comporter
comme il le devrait. Contrairement à l’im-
pression que certains voudraient donner,
Israël n’est pas un Etat hors la loi doté
d’excellentes relations publiques, et qui,
comme le Claudius de Shakespeare, est
à la fois souriant et scélérat. Israël est une
nation responsable, démocratique, trans-
parente, et lutte pour le rester, malgré les
défis que peu d’autres nations n’ont
jamais affrontés.