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Le château de Landerneau : mythe ou réalité

Par Régis le Gall-Tanguy

Y avait-il un château à Landerneau ? La question pourrait sembler curieuse, mais nous


savons que de nombreuses agglomérations médiévales sont nées à l’ombre d’une forteresse. Il
ne serait pas surprenant que Landerneau, principale ville de la seigneurie de Léon, ait été dans
ce cas. Plusieurs érudits ont cru à l’existence d’une place-forte dans la cité, mais la preuve
irréfutable leur manquait. La découverte récente, par l’historien P. Kernévez, d’un document
de 1434-1435 évoquant une « rue du chastel » est venue confirmer leurs soupçons1. Si l’une
des artères de Landerneau portait un tel nom, c’est forcément qu’un château s’y élevait ou s’y
était élevé. Mais où était-il exactement ? Le texte indique que la « rue du chastel » se situait
près des halles, qui occupaient l’actuelle place du Général de Gaulle. La forteresse se tenait
donc sur la rive droite de L’Elorn. L’analyse du premier cadastre, daté de 1827, permet, peut-
être, d’être plus précis encore. On remarque que la rue des Boucheries, la rue traverse des
Boucheries, la rue de la Fontaine Blanche, et la place du marché détermine une forme
circulaire. C’est peut-être l’emplacement de la citadelle. On peut toutefois envisager une autre
solution en prolongeant ce tracé par une limite qui traverse les îlots bornés par les rues Amiral
Defossés et du chanoine Kerbrat. L’enclos restitué serait plus vaste. Le tracé hémicirculaire de
deux venelles plus à l’est pourrait même le compléter. Elles conservent peut-être le souvenir
d’une haute-cour. Tout cela n’est cependant qu’hypothèse. Une seule chose est certaine au
sujet du château : son existence fut brève. Il n’apparait pas lors du pillage de la ville en 12942.
Il est donc probable que le seigneur de Léon l’abandonna rapidement au profit de la Joyeuse-
Garde et de la Roche-Maurice. C’est d’ailleurs cette dernière place qui assurait la protection
de la ville au XVe siècle et cela au grand dam des Landernéens qui devaient payer le droit de
guet3…


Article paru (sans les notes) dans Le Tambour. An Taboulin (Magazine de la ville de Landerneau), n° 71, mars
2009, p. 10.
1
Arch. dép. Finistère, 1 H 742, f° 1 r : « « hostel assis en ladite ville de Landerneau, en ladite paroisse,
aboutissant sur la place de la Cohue d’icelle ville et costiee a la rue du Chastel, o ses courtilz, relaix, largesses et
apartenances ». Ce document a été transcrit par J. Kerhervé. Nous remercions P. Kernévez de nous avoir fait
parvenir le travail de ce dernier.
2
A. DE LA BORDERIE, « Nouveau recueil d’actes inédits des ducs de Bretagne », Bulletin de la société
archéologique d’Ille-et-Vilaine, t. XXII, 1893, n°XVIII, p. 152-162.
3
En février 1493 il y a procès entre les bourgeois de Landerneau et le capitaine de la Roche-Maurice au sujet du
du droit de guet, Arch.dép. Morbihan, fonds de Kerguéhénnec, 20 J 224, n° 11, pièce n° 1, f° 2 v° - 3 r° (copie
1696), P. KERNEVEZ, Rapport sur l’histoire du château de la Roche-Maurice, 2 vol., Document Final de Synthèse,
S.R.A. Bretagne, 2005, p. 110-111.

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