Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Extrait3 97
Extrait3 97
STIGMATE
LE LIVRE Quand un monstre fascinant et obscène prend la parole et
surgit à nouveau face à ses anciennes victimes, elles n’ont
pour seules issues que la fuite, la mort… ou les « voies
Il y a 15 ans, deux enfants s’échappaient des geôles du plus de l’ombre », le système implacable d’un criminel qui leur
dangereux des criminels qui disparaissait après avoir mis la dévoile en chuchotant les secrets de sa folie.
« J’ai de l’amour pour mes chiens d’attaque.
France à feu et à sang. Certains il a fallu les tabasser, d’autres pas.
Clara et Louis sont aujourd’hui adultes mais le vernis de leur Il n’y a pas de règles.
C’est ça l’extraordinaire chimie de la nature humaine.
existence se fissure. L’emprise de Kurtz a profondément gangréné C’est passionnant.
Approche-toi, ami voyeur. Et n’aie pas honte de ton vice.
leurs esprits. Viens pénétrer le monde d’un artiste du crime.
Il est temps que je me présente et que j’offre ma réfl exion
à la multitude. »
LES AUTEURS
Jérôme Camut et Nathalie Hug, respectivement nés en 1968 et
1970, se rencontrent fin 2004 à travers Malhorne de J. Camut,
la série culte qui a renouvelé le fantastique. La magie opère INSTINCT
Et s’il suffisait de 25 tueurs pour plonger la France dans
immédiatement. le chaos ?
Depuis, ils se sont mariés et consacrent leur vie à l’écriture à quatre Une meute sans visage dressée par un pervers de génie
pour frapper leurs cibles avec une perfection terrifiante…
mains. Et s’il suffisait d’un seul homme ?
Pour que nous nous mettions tous à douter…
www.jeromecamut.com Après Prédation et Stigmate, un nouveau thriller de
Nathalie Hug et Jérôme Camut, plus dérangeant encore.
Je vais mourir. Ce n’est qu’une question de temps. C’est étrange, Ma petite fille.
ça ne me fait pas peur, et pourtant… Avoir attendu autant d’années, Elle était pourtant bien installée. Nos hôtes n’ont pas lésiné sur le
avoir convoité si longtemps ces instants, tout ça pour en arriver là, confort. Ils nous ont attribué un étage entier de cet immeuble,
à ces jours qui précèdent le point de bascule, l’endroit où tout s’annule, 800 mètres carrés avec terrasse et vue sur la mer.
où les souvenirs s’évanouissent, où plus rien n’a d’importance. J’ai dû la droguer au début, pour qu’elle reste tranquille, pour qu’elle
L’oncologue n’y est pas allé par quatre chemins : un cancer de ce n’ait pas peur.
type, ça laisse tout juste le temps de mettre ses papiers en ordre. Quand elle était calme, nous faisions des puzzles, d’abord vingt
Elle dort à quelques pas de moi. Je viens de remonter de la fosse pièces, puis cinquante et cent. Elle y arrivait toute seule, son sourire
où je la tiens cachée, je voulais lui donner de l’eau fraîche, ici il fait était ourlé de mousse blanche, elle avait tout le temps soif, ses mains
si chaud. Je voulais lui tendre la main, la serrer contre moi. tremblaient. Ses yeux m’aimaient, noyés dans les vapeurs de la
Aujourd’hui, elle a vomi ses comprimés, puis elle s’est barbouillée camisole que je lui imposais.
avec ses déjections et le contenu de son pot de chambre. Les mains Mais je m’aperçois que je suis incapable de la dompter.
et les joues souillées, elle pleurait au milieu du désordre de ses draps Ma petite fille.
trempés. J’ai tant espéré de nos retrouvailles, rêvé qu’un jour, elle pourrait me
Elle a voulu dessiner un éléphant. Je le sais parce que c’est ce qu’elle pardonner. Mais depuis que je l’ai récupérée errant dans une maison
aimait dessiner quand elle avait encore droit à ses crayons, quand vide, elle n’a plus rien d’humain.
elle pouvait écrire, lire, s’occuper en attendant des jours meilleurs. Moi qui suis passé par là, je peux affirmer qu’il existe un territoire
Mais elle a failli plusieurs fois se crever les yeux. Je ne pouvais pas psychique où la notion du rien prend tout son sens. Le néant existe,
tolérer ça. quelque part au-delà des pensées, dans cet espace où rares sont les
Ma petite fille. aventuriers.
Je ne lui ferai pas de mal, elle devrait le savoir. Les premiers mots de ma fille ont été sans ambiguïté, témoins du retour
Dans une enveloppe, j’ai conservé quelques mèches de ses cheveux, de son acuité intellectuelle. Je m’en souviens si bien, j’étais en train
récoltés juste après la tonte. J’ai dû la menacer de recommencer les de la laver lorsqu’elle les a murmurés, le cri du nourrisson, son retour
piqûres et de la laisser des jours entiers dans le noir pour qu’elle se à la vie.
taise, pour qu’elle cesse enfin de hurler comme un animal blessé. Peu importe l’idée, l’essentiel était qu’ils jaillissent.
J’ai dû la décrasser au jet, pendant qu’elle pleurait et que devant mes « Sale enculé. »
yeux s’incarnait mon propre désespoir, alors qu’à ses cris d’horreur De l’amour à l’état pur.
se mêlait l’écho des miens, quand c’était moi qui grelottais sous la
violence d’un jet glacé.
“
On s’est rencontrés, reconnus, aimés.
L’écriture à quatre mains est devenue une évidence, comme la vie
à deux, d’ailleurs.