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Symposium Netsuds 2009 : Proposition de Communication

Arthur DEVRIENDT

Etudiant en Master 2 Recherche « Aménagement, Urbanisme et Dynamique des Espaces »


Université Paris 1 Panthéon - Sorbonne

arthur.devriendt@gmail.com
8, avenue des archers - 59910 Bondues - France
06.17.06.05.14

Les Maliens de Montreuil, des migrants connectés ?

Thème choisi : « TIC et mobilités, diaspora, migrations »


Mots clés : TIC, Migrations, Transnationalisme, Mali, Montreuil

Notre présente proposition de communication s’inscrit dans le thème « TIC et mobilités, diaspora et
migrations » du Symposium. Il s’agit de présenter le travail de recherche que nous avons réalisé en 2008,
sous la direction du Professeur Gabriel Dupuy, dans le cadre du Master 1 de Géographie de Paris 1.

Ce travail (Devriendt, 2008) visait à approcher, par une étude de cas précise, la relation entre les
technologies de l’information et de la communication (TIC) et les migrations. En France, où cette
thématique de recherche s’est développée plus tardivement que dans le monde anglo-saxon (Glick
Schiller, 1995 ; Vertovec, 2003), un groupe de recherche s’est particulièrement intéressé à la question : le
programme TIC et Migrations de la Maison des Sciences de l’Homme à Paris, dirigé par la sociologue
Dana Diminescu.

Cette équipe part du constat suivant : l’histoire des migrations serait entrée dans un « nouvel
âge » (Diminescu, 2002) grâce au développement technologique actuel dont l’Internet et la téléphonie
mobile sont les symboles les plus éclatants. Emergerait en effet un migrant nouveau, le « migrant
connecté » (Diminescu, 2007), en lieu et place de l’immigrant déraciné. Ce nouveau migrant serait dans
la capacité d’entretenir, et ce malgré la distance physique qui l’en sépare, des rapports de proximité avec
son territoire d’origine.

Pour étudier ce nouveau paradigme du « migrant connecté », nous avons choisi Montreuil, ville de la
proche banlieue parisienne, connue pour l’importance de sa population malienne et/ou d’origine
malienne (10 000 individus selon la mairie), elle-même célèbre pour être en France une des populations
migrantes la mieux organisée sur le plan communautaire (Daum, 1998 ; Daum. C, Le Guay C., 2005 ;
Le Guay C., 2002 ; Marsaud, 2007).
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Les questions auxquelles nous avons souhaité répondre sont les suivantes : quelles TIC cette population
utilise-t-elle ? Y’a-t-il empilement ou substitution des technologies utilisées au fur et à mesure de
l’évolution technique ? Quels sont les lieux de la communication ? Les TIC et leur appropriation ont-
elles facilité le double engagement, notamment en ce qui concerne les transferts d’argent et la
dynamique associative ? L’appropriation des TIC entraîne-t-elle une modification du rapport à l’espace
et aux territoires de cette population ?

N’ayant pas la possibilité de développer davantage, nous nous limiterons dans le cadre de notre
communication, aux principaux résultats :

Premièrement, nous retracerons l’évolution des technologies utilisées par les Maliens de Montreuil.
En effet, avant les TIC modernes que sont la téléphonie, notamment mobile, et Internet, deux
autres techniques ont été mobilisées et ont connu un certain succès : la cassette audio, aujourd’hui
quasiment disparue, et la lettre, toujours utilisée. Nous montrerons ainsi que l’évolution des moyens
de communication ne s’est pas faîte sous la forme du remplacement mais sous celle de l’empilement.

Nous nous intéresserons ensuite aux associations dites « de développement », mises en place par les
migrants, et à l’utilisation des TIC au sein de ces structures. Nous mettrons ainsi en évidence les
trois dimensions de cette appropriation : les TIC comme champ d’action, les TIC comme moyen
d’action et les TIC comme vecteur d’action.

Enfin, nous interrogerons le « dédoublement des lieux de l’habiter » permis par les TIC (Dupuy,
2005) : les migrants étant souvent présentés comme des individus évoluant entre un ici et un là-bas,
on peut se demander si la culture de lien supportée par les TIC a favorisé un brassage de ces deux
référents.

Les différentes réponses apportées nous permettront de nous tenir à distance des discours selon
lesquels hommes et machines convergeraient vers un monde où la localisation géographique n’aurait
plus aucun sens, et ce au plus grand bénéfice des migrants.

Nous sommes en réalité en présence d’individus qui s’approprient à leur rythme les TIC, qui souhaitent
garder la maîtrise de la distance et qui continuent à maintenir, pour ceux qui le peuvent, un lien
physique avec leur territoire d’origine. C’est pourquoi nous soutiendrons la thèse selon laquelle il ne
nous semble pas que les Maliens de Montreuil soient entrés dans un nouvel âge. Certes, les avancées
technologiques sont bien présentes mais elles n’ont pas, du moins pour l’instant, abouti à la formation
d’une nouvelle condition unique, stable et définitive, celle du « migrant connecté ». En réalité, les
pratiques transnationales sont des pratiques mouvantes réinventées quotidiennement ; fruit d’actions
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volontaires sans cesse renouvelées, avec une prise en compte tant des aspects positifs que négatifs des
TIC, et qui s’inscrivent dans un contexte social spécifique.

Bibliographie générale :

Daum C., Les associations de maliens en France. Migration, développement et citoyenneté, Karthala, 1998
Daum C., Le Guay C., « Le Mali, sa démocratisation et ses immigrés », Hommes & Migrations, n° 1256,
2005
Devriendt A., « Les Maliens de Montreuil, des “Quêteurs de Passerelles” », Mémoire de Master 1 de
Géographie, sous la direction de Gabriel Dupuy, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2008
Diminescu D., « Les migrations à l’âge des nouvelles technologies », Hommes & Migrations, n° 1240,
2002
Diminescu D., « Le migrant connecté, pour un manifeste épistémologique », Migrations / Société,
vol. 17, n° 102, 2007
Dupuy G. (dir.), « Réseaux et frontières : Internet aux marges », Annales de géographie, n° 645, 2005
Froment B., Bakis H., « Migrations, télécommunications et lien social : de nouveaux rapports aux
territoires ? L’exemple de la communauté réunionnaise », Annales de géographie, n°645, 2005
Glick Schiller N. et al., « From immigrant to transmigrant : theorizing transnational migrant »,
Anthropological Quaterly, vol. 68, n° 1, 1995
Gonzalez V. M., Castro L. A., « Keeping strong connections to the homeland via web-based tools :
the case of mexican migrant communities in the United States », The journal of community
informatics, vol. 3, n° 3, 2003
Kelly P., « Canadian-Asian Transnationalism », The Canadian Geographer, vol. 47, n° 3, 2006
Le Guay C., « Entre Saint-Denis et le Mali, une citoyenneté sur deux continents », Hommes &
Migrations, n° 1239, 2002
Ma Mung E. (dir.), Bilan des travaux sur la circulation migratoire, Migrinter, 1998
Marsaud O., « Diasporas, de plus en plus visibles », in « L’Etat de l’Afrique 2007 », Jeune Afrique, 2007
Richer J., Doré J.-P., « Téléboutiques. Une forme de sociabilité urbaine en émergence », Flux, vol. 4,
n°58, 2004
Scopsi C., « Représentations des TIC en milieu migrant : le cas des boutiques de communication de
Château-Rouge », Thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication, sous
la direction de Jacques Perriault, Université Paris 10, 2004
Stebig J., Deverin Y., « L’appropriation des TIC par les diasporas : analyse des répercussions
potentielles dans les pays d’origine. L’exemple d’un cybercafé du quartier “Hackney” à
Londres », NETCOM, vol. 22, n° 1-2 & NETSUDS, vol. 3, 2008
Traoré A., L’Afrique humiliée, Fayard, 2008
Symposium Netsuds 2009 : Proposition de Communication

Vertovec S., Research Programm on Transnational Communities, Programme director’s final report, Economic
and social research council (UK), 2003
Vertovec S., « Cheap calls : the social glue of migrant transnationalism », Global Networks, vol. 4, n° 2,
2006
Wilding R., « Virtual intimacies ? Families communicating across transnational contexts », Global
Networks, vol. 6, n° 2, 2006

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