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Résumé:
Le livre de Pascal Chossat, Les symétries brisées, contient en appendice le portrait de phase d'un
système différentiel de Lotka-Volterra, issu de la biomathématique. Il nous a semblé intéressant
d'étudier le comportement des solutions par des méthodes élémentaires. On en a profité pour
introduire quelques notions utiles et variées relatives à l'étude qualitative et à la stabilité des
systèmes dynamiques.
Notes
... Munoz1
Agrégé de mathématiques, professeur au lycée Raspail, Paris.
z INTRODUCTION
z Partie I
RÉSULTATS GÉNÉRAUX
z Partie II
z Partie III
z Bibliographie
INTRODUCTION
Le système que nous désirons étudier est le suivant :
Il a été introduit, sous une forme bien plus générale, par Lotka et Volterra dans le but d'étudier
des systèmes proies-prédateurs. Ici quantifie en nombre ou bien en densité, selon les auteurs,
une population de proies et une population de prédateurs se nourrissant des individus-proies.
mesure le taux de rencontre entre ces deux populations.
Nous allons montrer que le modèle choisi évolue vers deux situations asymptotiques possibles.
Soit, lorsque tend vers , tend vers et tend vers , il y a extinction de la population
des prédateurs, soit et tendent respectivement vers et . La figure du livre de
Chossat correspond à cette dernière situation.
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Nos compétences en écologie et biologie étant des plus modestes, notre but n'est pas de juger de
la validité de ce modèle mais de profiter de l'occasion pour faire des mathématiques. Le lecteur
soucieux de plus d'information biomathématique pourra consulter : Hofbauer et Sigmund, Hirsch
et Smale, Volterra (cf. bibliographie en fin d'article).
Partie I
RÉSULTATS GÉNÉRAUX
Théorème 1 (Bendixon)
Soit une fonction définie et continue sur , à valeurs dans ,
Preuve
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donc une orbite du système différentiel . Soit une détermination continue de l'angle
devient alors :
Nous ne rencontrerons que des systèmes de type à solutions globales i.e. définies sur .
(En fait définies sur , mais nous n'étudierons que le « futur » d'une solution.)
Théorème 2 Faisons l'hypothèse que n'est pas identiquement nulle. Si tend vers
lorsque tend vers alors possède lorsque tend vers , soit une limite finie qui est
un zéro de soit une limite infinie.
Preuve
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La continuité de entraîne l'existence d'une troisième suite telle que pour tout entier naturel
suffisamment grand, que est du signe de pour tout assez grand ce qui est
impossible. Le fait que la limite si elle est finie est un zéro de est une conséquence du
théorème 1 et aussi bien de la preuve du théorème 2.
Remarque
Le problème réciproque pour un système très général reste ouvert. On connaît des exemples
où est zéro de multiplicité paire de et zéro de multiplicité impaire de pour lesquels
n'existe pas d'orbite telle que et . (Hartman)
Nous supposerons que , seul cas (hormis le cas qui fera l'objet d'un
traitement spécifique) qui nous sera utile dans l'étude du système de Lotka-Volterra.
sont deux réels strictement positifs suffisamment petits pour que soit le seul zéro de
dans l'intervalle ce qui est possible car les zéros de sont isolés et soit
Ces deux égalités montrent d'une part que si tend vers lorsque tend vers alors l'angle
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que fait la tangente à la trajectoire avec le premier vecteur de la base tend aussi vers , et d'autre
part que la position du champ de vecteur par rapport à la frontière du secteur peut être étudiée
par un développement limité au voisinage de de la fonction .
Le champ est rentrant. Il est clair qu'une trajectoire qui pénètre dans ce secteur circulaire ne
pourra plus le quitter. Nous serons toujours dans le cas où tend vers . Il résultera du
(II) Si et . (Hartman).
Ici la situation est moins claire. On suppose que tend vers lorsque tend vers .
Nous allons montrer qu'il existe au moins une demi-trajectoire (si désigne une solution du
système , nous dirons que les arcs , sont des demi-
trajectoires) qui reste dans le secteur . Une telle trajectoire vérifiera nécessairement (encore le
théorème 2), .
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D'où :
Puisque l'arc est compact, la suite possède une valeur d'adhérence . On supposera, sans
que cela nuise à la généralité du raisonnement, que tend vers . Soit la solution du
positive (i.e. l'ensemble des pour positif) ne reste pas dans . Il existe alors tel
On montre aisément que l'existence d'un tel contredit la convergence uniforme sur tout
compact de de la suite vers . La demi-trajectoire positive issue de reste donc dans .
tend nécessairement vers .
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On suppose que tend vers lorsque tend vers . Nous allons montrer qu'il existe
une infinité de demi-trajectoires positives qui restent dans le secteur .
On peut donc inverser la relation pour assez grand et former l'équation différentielle :
borné.
Écrivons : .
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A. Soit une solution de (1) définie sur contenant . Alors et sont définies.
(1) implique . Par dérivation de (1) (on peut montrer que toute solution de (1) définie
au voisinage de est analytique réelle sur un voisinage de ) on obtient :
Ainsi, lorsque , et si , .
est donc finie, mais alors on peut prolonger la solution en . En itérant ce qui précède,
on voit que est définie sur . La croissante de entraîne que la limite en de existe
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et l'hypothèse .
tel que et , .
On a montré que : .
On aura remarqué que les techniques présentées ici s'appliquent à des systèmes beaucoup
plus généraux que celui que nous étudions.
Partie II
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Nous allons montrer que chaque trajectoire issue d'un point de coordonnées
tend, lorsque tend vers , vers un point donné. Autrement dit, le système ne possède, dans
ce premier quadrant, que des attracteurs ponctuels dont le bassin d'attraction est l'intérieur du
premier quadrant.
, puis que toutes les solutions du système qui restent dans sont globales. (Nous
ne nous intéresserons pas aux autres.)
Proposition 1 Toute trajectoire de dont un point est dans est entièrement dans .
Preuve
Preuve
Soit une solution de définie sur l'intervalle avec les données initiales
et . D'après la proposition 1,
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que l'on peut expliciter, est définie sur , donc aussi. Par ailleurs :
Traitons d'abord le cas qui ne rentre pas dans le cadre des résultats généraux
traités plus haut.
Preuve
Il est impossible qu'une trajectoire reste dans la région (I). Remarquons que
Si la solution issue de dans (I) devait rester dans (I), alors serait croissante sur
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Or il est impossible que , qui est strictement positive, tende en croissant vers , donc
.
ait .
De la même façon une trajectoire ne peut pas rester dans la région (II).
Ainsi, nous aboutissons à la conclusion selon laquelle toute trajectoire parvient à la région (III).
Dans cette région et sont monotones et bornées donc convergent lorsque tend vers .
Comme croît, sa limite est nécessairement , celle de est .
Examinons la tangente avec laquelle une trajectoire arrive sur son attracteur .
Preuve
système différentiel en :
Puisque dans la région (III) est bornée, admet à l'infini une limite finie qui est solution de
l'équation
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et dans l'intervalle .
Montrons que ne peut pas tendre vers lorsque tend vers . Puisque la trajectoire reste
dans , on a : pour tout .
faisons tendre vers l'infini et supposons que tende vers . Il vient . serait
Théorème 5 Toute trajectoire issue d'un point de tend vers le point de coordonnées
lorsque vers .
Preuve
Définissions les régions (I), (II) et (III) de par, respectivement, les inégalités :
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Par un raisonnement tout à fait analogue à celui du théorème 3, on voit qu'aucune trajectoire ne
peut rester dans (I) et qu'elle tend vers le point de coordonnées soit en restant dans (II) soit
depuis la région (III).
Comme ne peut pas tendre vers l'infini, il doit tendre vers un zéro de
Preuve
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. . , ou . Supposons que
Si est suffisamment grand sera positif, or ne peut pas croître vers tout en restant dans
l'intervalle .
. . Résolvons
l'équation et . On trouve , , .
Remarquons que , toute trajectoire finit par arriver dans la région (III)
. Supposons maintenant ,
On peut donc appliquer l'étude locale de la première partie et conclure. Il serait intéressant
d'étudier les séparatrices du portrait de phase, c'est-à-direles courbes délimitant les différents
types de comportement de l'angle polaire d'une orbite arrivant sur son attracteur. C'est sans doute
un problème délicat.
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Théorème 7 Toute trajectoire de issue d'un point de tend, lorsque tend vers ,
Preuve
Multiplions la première ligne par et la deuxième par puis sommons les deux
lignes.
Il vient : .
minorées par un réel strictement positif sur en vertu du fait que et sont
strictement positifs.
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Soit :
et restant bornées sur , l'est aussi. Il existe tel que pour tout ,
.
D'où .
. On obtient :
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Posons
Remarque
Dès que nous aurons à considérer un zéro de , il suffira de vérifier que est inversible,
pour nous assurer que est différent de zéro.
Preuve
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Il existe un réel strictement positif , un réel tel que pour tout supérieur ou égal à on ait :
orbites issues d'un point de arrive sur tangentiellement aux directions ou bien
Preuve
On obtient ici un point singulier du type foyer stable ou encore point spirale. (C'est le vortex des
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anglo-saxons.)
Les deux autres cas sont des conséquences de l'étude locale menée dans la partie I.
Partie III
On ne peut passer sous silence le rapport étroit (établi par Poincaré et Liapounov)
qu'entretiennent les résultats obtenus ci-dessus avec la nature de la différentielle prise
au point singulier considéré.
Supposons que l'origine soit un point critique isolé. On sait que si est un point hyperbolique,
c'est-à-direque les valeurs propres de la matrice :
ne sont pas imaginaires pures alors le comportement des solutions du système non linéaire au
voisinage de l'origine se déduit de celui des solutions du système linéarisé en . En gros, les
portraits de phase se ressemblent, le système non linéaire pouvant être considéré comme une
perturbation stable du système linéarisé. Pour les preuves, on peut consulter moult ouvrages
intéressants comme par exemple Coddington et Levinson, Hartman ou bien Lefschetz. Les
points critiques non hyperboliques sont d'étude plus délicate : problème du centre lorsqu'il y a
deux valeurs propres imaginaires pures (donnant lieu soit à des foyers soit à des orbites
fermées autour du point , ces orbites fermées correspondent à des solutions périodiques), ou
bien lorsque l'une des valeurs propres est nulle. Le premier cas n'intervient pas ici, le deuxième a
été rencontré en lorsque .
Si , .
Cette matrice est inversible. On dit que le point singulier est simple (l'inversibilité de la
matrice entraîne que le zéro est isolé).
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Si , soit le point .
Cette matrice possède soit deux valeurs propres réelles distinctes et négatives, soit une valeur
propre double négative. C'est encore un n ud stable.
Si , .
L'équilibre n'est pas hyperbolique, il s'agit tout de même d'une singularité isolée. Le point
est appelé un n ud-selle.
Le fait qu'aucune trajectoire du système , issue d'un point de , ne tende vers est
lié à l'existence d'une valeur propre positive de la matrice . Idem pour lorsque
.
Bibliographie
1 Bendixon Ivar, Sur les courbes définies par des équations différentielles, Acta
Mathematica 24,1-88 (1901).
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5 Hirsch Morris et Smale Stephen, Differential equations, dynamical systems and linear
algebra, Academic Press, (1974).
6 Hofbauer Josef et Sigmund Karl, The theory of evolution and dynamical systems,
Cambridge University Press, (1988).
9 Poincaré Henri, Mémoire sur les courbes définies par une équation différentielle, Gabay,
(1993).
10 Volterra Vito, Leçons sur la théorie mathématique de la lutte pour la vie, Gabay, (1990).
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