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Thème : Le Mariage et les

successions
14 ème séance de méthodologie
Droit international privé
Collège Universitaire Français de
Moscou
Par Matthieu Escande

1) Vous répondrez aux questions découlant du cas pratique de manière


structurée.

2) Vous réaliserez les fiches d’arrêt des arrêts ci-dessous.

1
Cas pratique

M. Lafleur, Français domicilié au Brésil, y épouse Mlle Margarita Paz, Brésilienne également
domiciliée au Brésil. Le couple s’installe à Buenos Aires, où naissent deux enfants. L’entente entre
les deux époux se détériore cependant.
Lors de vacances en France, M. Lafleur vous consulte pour savoir s’il pourrait obtenir un jugement de
divorce en France.

QUESTION 1 : La situation est-elle internationale ?

QUESTION 2 : Le juge français se reconnaîtra compétent sur le fondement ?

- du règlement communautaire 2201/2003


- de l’article 1070 CPC.
- de l’article 14 Cciv

QUESTION 3 : Sachant que Mme Lafleur vient elle-même de saisir le juge brésilien, le juge
français est-il susceptible de se reconnaître compétent malgré tout ?

- Le juge doit se désister au profit du juge argentin


- Le juge français ne peut pas se désister au profit du juge argentin
- Le juge français a la simple faculté de se désister au profit du juge brésilien

Faits supplémentaires :

M. Kruger, oncle de M. Lafleur, est argentin quoique domicilié à Rennes. Il décède en laissant un fils
unique, Horace, qu’il désigne comme exécuteur testamentaire. Incidemment, M. Lafleur apprend que
son oncle lui a légué une tabatière en or. Son cousin ne semble cependant pas avoir l’intention
d’honorer la volonté du défunt à ce sujet. M. Lafleur souhaite intenter une action contre son cousin, et
vous demande si le juge français est susceptible de se reconnaître compétent pour en connaître.

QUESTION 4 : Le juge français se reconnaîtra-t-il compétent ?

- Oui, il se reconnaîtra compétent


- Non, il ne se reconnaîtra pas compétent

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Cour de cassation
1re chambre civile
Rejet.
13 octobre 1992
N° 90-19.903
Bulletin 1992 I N° 246 p. 162

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

Attendu que les époux X..., alors tous deux de nationalité sénégalaise, se sont mariés au Sénégal
en 1971 puis se sont installés en France où le mari, seul, s'est fait naturaliser Français tout en
conservant sa nationalité d'origine ; qu'en 1989, le juge aux affaires matrimoniales du tribunal de
grande instance de Rouen, saisi d'une demande en divorce par Mme X... contre son mari, qui
n'avait plus son domicile en France, s'est reconnu compétent sur le fondement de l'article 15 du
Code civil et a déclaré la loi française applicable ; que l'arrêt confirmatif attaqué (Rouen, 5 juin
1990) a confirmé ces décisions ;

Sur la recevabilité du pourvoi contestée par la défense :

Attendu qu'il est soutenu que le pourvoi est irrecevable pour être formé contre un arrêt, rendu sur
appel d'ordonnances du juge aux affaires matrimoniales, qui s'est borné à statuer sur des
exceptions de procédure et sur des mesures provisoires sans mettre fin à l'instance ;

Mais attendu qu'en décidant de la loi applicable au divorce, la cour d'appel a tranché, dans son
dispositif, une partie du principal, de sorte que le pourvoi immédiat est recevable ;

Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :

Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt d'avoir décidé l'application de la loi française conformément
à l'article 310, troisième tiret, du Code civil, alors, selon le moyen, d'une part, que si la loi
étrangère se reconnaît compétence pour le divorce de ses ressortissants, il convient, si l'un des
époux est binational, de rechercher dans cette loi et non dans la loi du for quelle nationalité
prendre en compte ; qu'en l'espèce, en relevant que la loi sénégalaise acceptait sa compétence à
condition que les deux époux soient sénégalais et en décidant que tel n'était pas le cas parce que
le juge français ne pouvait tenir compte que de la nationalité française du mari, la cour d'appel a
violé l'article 310 du Code civil ; alors, d'autre part, qu'elle a, aussi, violé les principes régissant les
conflits de nationalité qui imposent au juge français de tenir compte de la nationalité étrangère du
Français quand sa fonction est de déterminer si la loi étrangère accepte sa compétence ;

Mais attendu, d'abord, que l'arrêt a constaté que M. X... avait acquis la nationalité française ; que,
dès lors, cette nationalité pouvait seule être prise en compte par le juge français, saisi directement
d'une demande en divorce, qui a d'ailleurs fondé sa compétence internationale sur la nationalité
française du défendeur ; qu'ainsi la cour d'appel, dans la recherche du point de savoir si la loi
sénégalaise se reconnaissait compétence, a, sans encourir les griefs du pourvoi, retenu que les
époux X... n'avaient pas de loi nationale commune mais relevaient de lois différentes ;

Attendu ensuite que c'est par une interprétation souveraine de la loi sénégalaise dont elle a
déterminé la règle de conflit, que la cour d'appel a admis que celle-ci renvoyait en l'espèce à la loi
de la juridiction saisie, d'où il résultait que la loi sénégalaise ne se reconnaissait pas compétence
pour régler le divorce des époux X... ;

D'où il suit que le moyen, qui ne peut être accueilli en sa première branche, n'est pas fondé en sa
seconde ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi

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Cour de cassation
1re chambre civile
Cassation sans renvoi
12 décembre 2000
N° 99-10.553
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

LA COUR DE CASSATION, PREMIERE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Sur le pourvoi formé par Mme Maria X... Y... de Kutz, demeurant ...,

en cassation d'un arrêt rendu le 29 octobre 1998 par la cour d'appel de Pau (2e Chambre civile I),
au profit de M. Manuel X... Y..., demeurant ..., (Espagne),

défendeur à la cassation ;

En présence de :

- la Société générale, dont le siège est avenue du 11, Novembre, 64100 Bayonne,

La Société générale a formé un pourvoi provoqué contre le même arrêt ;

La demanderesse au pourvoi principal invoque, à l'appui de son recours, un moyen unique de


cassation annexé au présent arrêt

La demanderesse au pourvoi provoqué invoque, à l'appui de son recours, un moyen unique de


cassation également annexé au présent arrêt ;

LA COUR, en l'audience publique du 7 novembre 2000, où étaient présents : M. Lemontey,


président, Mme Cassuto-Teytaud, conseiller référendaire rapporteur, MM. Renard-Payen, Ancel,
Durieux, Mme Bénas, MM. Guérin, Sempère, Bargue, Gridel, conseillers, Mmes Barberot, Catry,
conseillers référendaires, Mme Petit, avocat général, Mme Aydalot, greffier de chambre ;

Sur le rapport de Mme Cassuto-Teytaud, conseiller référendaire, les observations de la SCP Ancel
et Couturier-Heller, avocat de Mme Elgorriaga Y... de Kutz, de la SCP Célice, Blancpain et Soltner,
avocat de la Société générale, de Me Foussard, avocat de M. Elgorriaga Y..., les conclusions de
Mme Petit, avocat général, et après en avoir délibéré conformément à la loi ;

Attendu que M. Manuel X... Y... a fait assigner sa soeur, Mme Maria X... Y... de Krutz, et la Société
générale, agence de Biarritz, en représentation de diverses sommes correspondant au montant
des avoirs détenus par cette agence au nom de sa mère décédée en Espagne et gérés par Mme
Maria X... Y... de Krutz ;

Sur le moyen unique du pourvoi principal, pris en sa première branche et sur le moyen unique du
pourvoi provoqué, pris en sa première branche :

Vu l'article 4 du nouveau Code de procédure civile ;

Attendu que l'arrêt attaqué a estimé qu'aux termes de son assignation devant le Tribunal, M.
Manuel X... Y... recherchait la responsabilité contractuelle tant de Mme Elgorriaga Y... de Krutz que
de la Société générale ;

Attendu qu'en statuant ainsi alors qu'il ressortait de l'ensemble des écritures des parties que M.
Manuel X... Y..., qui ne pouvait agir qu'en qualité d'héritier de sa mère, demandait à sa soeur,
cohéritière et à la banque de la défunte, la représentation d'avoirs dépendant de la succession, la
cour d'appel a méconnu l'objet du litige ;

4
Et sur le moyen unique du pourvoi provoqué, pris en sa troisième branche :

Vu les règles relatives à la compétence judiciaire internationale ;

Attendu que l'action, inexactement qualifiée de contractuelle par l'arrêt attaqué, était exercée par
M. Manuel X... Y..., agissant en qualité d'héritier de sa mère et tendait à la représentation d'avoirs
successoraux à caractère mobilier ;

Qu'ayant constaté que la succession litigieuse était ouverte en Espagne où les opérations de
partage étaient en cours, l'arrêt attaqué, qui a, néanmoins, déclaré la juridiction française
compétente pour en connaître, a violé le texte susvisé ;

Et attendu qu'il y a lieu, en application de l'article 627, alinéa 2, du nouveau Code de procédure
civile, de casser sans renvoi, la Cour de Cassation pouvant mettre fin au litige en appliquant la
règle de droit appropriée ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il soit besoin de statuer sur les autres branches du pourvoi principal
et du pourvoi provoqué :

CASSE ET ANNULE

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Cour de cassation
chambre civile 1
Audience publique du mardi 22 mai 2007
N° de pourvoi: 05-20953
Publié au bulletin Rejet

M. Ancel , président
Mme Monéger, conseiller rapporteur
M. Domingo, avocat général
SCP Choucroy, Gadiou et Chevallier, SCP Delaporte, Briard et Trichet, avocat(s)

REPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Sur le moyen unique :

Attendu que M. Moussa X...X... et Mme Saadia Y..., de nationalité marocaine, se sont mariés au
consulat du Maroc à Paris le 18 mars 1981 ; qu'ils ont toujours résidé et travaillé en France où
leurs enfants sont nés ; qu'ils ont acquis la nationalité française en 1996 et qu'ils ont divorcé
devant une juridiction française en 1999 ;

Attendu que M. X...X... fait grief à l'arrêt attaqué (Paris,15 juin 2005) d'avoir dit que le régime
matrimonial des époux était celui de la communauté légale des biens du code civil français, alors,
selon le moyen, que l'adoption par des époux marocains de leur loi personnelle comme loi du
mariage, et leur soumission au statut personnel de droit coranique, implique la volonté au moment
du mariage d'adopter le régime de séparation de biens, qui régit légalement le mariage en droit
marocain, et renverse donc la présomption simple pouvant résulter de la fixation du premier
domicile conjugal, hors particulièrement de tout autre élément de nature à impliquer l'adoption au
jour du mariage du régime légal français ; qu'ainsi, dès lors qu'il résultait de ses propres
constatations que les époux X...-Y...s'étaient mariés au Consulat général du Maroc, en adoptant la
loi marocaine comme loi du mariage et en se soumettant au statut personnel coranique, avec
versement d'une dot, il en résultait, hors de toute manifestation contraire, la volonté des époux
d'opter pour le régime de la séparation de biens, dont l'application, comme le mentionnait le
certificat de coutume annexé à l'acte de mariage, résultait légalement au regard de la loi du
mariage choisie de l'adoption de la loi marocaine et du statut personnel coranique, si bien que la
cour d'appel n'a pas tiré les conséquences de ses propres constatations au regard des articles 3 et
1134 du code civil ;

Mais attendu que la détermination de la loi applicable au régime matrimonial d'époux mariés sans
contrat avant l'entrée en vigueur de la Convention de La Haye du 14 mars 1978 sur la loi
applicable aux régimes matrimoniaux, doit être faite en considération, principalement, de la
fixation de leur premier domicile matrimonial ; qu'ayant retenu que le mariage au consulat du
Maroc des époux alors de nationalité marocaine, selon les préceptes musulmans imposant une dot
au mari, ne constitue pas à lui seul, une option expresse des époux pour le régime matrimonial
marocain, et relevé que les époux qui étaient déjà résidents réguliers en France dès avant leur
mariage s'y étaient installés définitivement dès le commencement de leur vie maritale et y avaient
investi leurs intérêts pécuniaires et professionnels, la cour d'appel en a souverainement déduit
qu'ils avaient manifesté leur volonté de soumettre leur régime matrimonial au régime légal
français de la communauté et a légalement justifié sa décision ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

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Cour de cassation
1re chambre civile
Rejet
22 mai 2007N° 04-14.716

Bulletin 2007, I, N° 195

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

Attendu que la société française Fercométal a livré à la société algérienne COPROS, 4900 tonnes
de ronds à béton, chargés à Odessa (Ukraine) sur le navire M/V Rentov à destination d'Alger ; que
la première partie de la livraison a été payée, mais que la seconde partie d'une valeur de 612
751,36 USD, arrivée au port d'Alger le 2 février 1999 a été déchargée, dédouanée et enlevée sans
que le prix en ait été payé ; qu'estimant que la Banque de développement local (BDL), banque
domiciliataire algérienne de l'opération d'importation, avait commis une faute, la société
Fercométal l'a assignée le 15 mai 2000 devant le tribunal de commerce de Paris en responsabilité
et indemnisation de son préjudice ; que la société défenderesse a soulevé une exception
d'incompétence ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la société BDL fait grief à l'arrêt attaqué (Paris, 28 janvier 2004) d'avoir rejeté
l'exception d'incompétence des juridictions françaises pour statuer sur le moyen tiré du non-
respect de la réglementation algérienne applicable aux opérations d'importation, alors, selon le
moyen, que la cour d'appel ne pouvait écarter l'exception d'incompétence des tribunaux français
soulevée par la BDL, sans expliquer en quoi cette banque pouvait encourir une quelconque
responsabilité, fut-elle délictuelle, à l'égard de la société Fercométal, exportateur étranger, en
raison des prétendues fautes dans l'exécution de sa mission d'intermédiaire agrée, instituée et
régie par les dispositions de la réglementation algérienne exclusivement édictées pour assurer le
respect de la réglementation algérienne du commerce extérieur et des changes, en organisant des
rapports entre la banque intermédiaire agréée et l'importateur résidant ; dès lors la décision
manque de base légale au regard de l'article 14 du code civil ;

Mais attendu que l'article 14 du code civil n'ouvre au demandeur français qu'une simple faculté et
n'édicte pas à son profit une compétence impérative, exclusive de la compétence indirecte d'un
tribunal étranger déjà saisi et dont le choix n'est pas frauduleux ; que dès lors qu'il résultait de ses
constatations que la société Fercométal était française et qu'aucune juridiction étrangère n'était
saisie, la cour d'appel a décidé à bon droit que la juridiction française était compétente par
application de l'article précité ; que le moyen n'est pas fondé ;

Sur le second moyen, pris en ses cinq branches :

Attendu que la société BDL fait encore grief à l'arrêt de l'avoir condamnée à payer à la société
Fercométal une certaine d'argent ;

Attendu que c'est hors dénaturation, par une interprétation, que la combinaison des différents
textes et documents produits, rendait nécessaire en raison de leur imprécision et manque de
clarté, que la cour d'appel, qui n'avait pas à entrer dans le détail de l'argumentation des parties et
à s'expliquer sur la note du 15 février 1995 qu'elle a écartée, a estimé souverainement, par une
décision motivée, que le visa de domiciliation apposé sur la facture définitive valait attestation de
paiement permettant le dédouanement des marchandises ; que le moyen ne peut être accueilli ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

7
Cour de cassation
1re chambre civile
Cassation
1 juillet 2009
N° 08-15.955

Publié au bulletin
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Sur le moyen unique, pris en ses trois branches :

Vu l'article 14 du code civil ;

Attendu que ce texte énonce une règle de compétence directe, qui, sauf renonciation ou traité
international, permet à un demandeur français de saisir un tribunal français, lorsqu'aucun critère
ordinaire de compétence territoriale n'est réalisé en France et qu' un tribunal étranger n'a pas été
préalablement saisi ;

Attendu que la société française Valavia a acheté en 2000 un avion construit en 1983 par la
société américaine Cessna Aircraf Company (CESSNA) ; qu'elle a confié la maintenance de
l'appareil à la société française Cessna Citation European Service Center (CCESC) ; qu'en 2004,
cette société a établi un devis en vue d'une inspection réglementaire ; que la société Valavia a
sollicité pour cette inspection, la société américaine Garret Aviation qui l'a informée que le
constructeur de l'avion n'avait pas installé un train avant correspondant au modèle agréé ;
qu'après expertise ordonnée en référé, la société CCESC a assigné la société Valavia en paiement
de factures impayées ; que cette dernière a appelé en la cause, la société CESSNA, en réparation
du préjudice causé par l'installation d'un train d'atterrissage non conforme ; que la société CESSNA
a soulevé l'incompétence du tribunal de commerce de Paris ;

Attendu que pour déclarer ce tribunal incompétent, la cour d'appel a relevé que la société Valavia
avait renoncé sans équivoque à se prévaloir de l'article 14 du code civil en annonçant à l'expert
judiciaire qu'elle intenterait une action aux Etats-Unis et que l'existence de liens caractérisés du
litige avec la France n'était pas démontrée ;

Qu'en statuant ainsi, alors, d'une part, qu'un tribunal étranger n'avait pas été préalablement saisi,
d'autre part, qu'une déclaration d'intention ne peut valoir renonciation au bénéfice de l'article 14
du code civil, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE

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