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HYDROMORPHIE ANCIENNE ET
HYDROMORPHIE ACTUELLE.
SIGNIFICATION ET MANIFESTATIONS
Présenté par :
Promotion AMBIOKA
PLAN
Introduction
I- Typologie de l’hydromorphie
1- Définition
2- Signification
3- Classes d’hydromorphie
a. Aucune ou rares taches de décoloration
b. Présence de décoloration diffuse en taches floues
c. Matrice entièrement décolorée
4- Types d’hydromorphie
a. Pour les sols à plus de 50% de cailloux en volume
b. Pour les sols très sableux
II- Conditions de formation
1- Conditions de formation de l’hydromorphie ancienne
a. Blocage ou verrouillage de l’exutoire par des éruptions volcaniques
b. Accidents tectoniques par des failles avec des gauchissements
2- Conditions de formation de l’hydromorphie actuelle
a. Topographie
b. Climat
c. Roche-mère
d. Végétation
e. Actions anthropiques
III- Manifestations de l’hydromorphie dans les sols aménagés
1- Sols de flanc de bas-fonds et de bas de pente
2- Sols des parties basses des bas-fonds
IV- Effets de l’hydromorphie
1- Effets sur la distribution du fer
2- Effets sur la quantité et la composition de fraction organique des sols
3- Effets pédologiques de l’hydromorphie
a. Formation de la kaolinite
b. Accumulation de silice et cristallisation du quartz
c. Mouvement des hydroxydes
V- Importance de l’étude sur l’hydromorphie
1- Du point de vue pédogénétique et agronomique
2- Intérêts des sols hydromorphes des bas-fonds fonds
a. Epuration par dénitrification
b. Interception des ruissellements
VI- Etude de cas : les sols hydromorphes des bas- du Moyen Ouest malgache
1- Sols de flanc de bas-fond et de bas de pente
2- Sols des parties basses des bas-fonds
Conclusion
Annexes
Références bibliographique
Les terres de Madagascar, surtout celles des Hauts-plateaux, sont caractérisées par la densité
remarquable des bas-fonds plats et des plaines alluviales. Ces plaines ont les particularités des sols
hydromorphes par leur saturation en eau, généralement en hiver. La genèse de ces sols est dominée par
un excès d’eau saturant la totalité des pores, de façon permanente ou temporaire sur la totalité ou la
plus grande partie du profil. Il est donc important d’en savoir plus sur l’hydromorphie anciennne et
actuelle, sa signification et ses manifestations. Pour une étude plus approfondie, les thèmes développés
seront : la typologie de l’hydromorphie, les conditions de formation de l’hydromorphie, les
manifestations de l’hydromorphie dans les sols aménagés, les effets de l’hydromorphie, l’importance
de l’étude sur l’hydromorphie et l’étude du cas du Moyen Ouest Malgache.
I- TYPOLOGIE DE L’HYDROMORPHIE
1- Définition
L’hydromorphie est une qualité d’un sol. Un sol est dit hydromorphe lorsqu’il est régulièrement
saturé d’eau (généralement en hiver).
Une zone hydromorphe se repère d’abord en fonction du paysage. Elle est située généralement sur
les points topographiques bas ou aux abords des cours d’eau, des fossés. Une végétation caractéristique
des zones hydromorphes permet généralement de les repérer (cannes, phragmites, roseaux…).
L’imperméabilité des horizons minéraux peut conduire à une saturation totale par l’eau de pluie
des pores du sol, notamment en période humide. Le milieu dépourvu d’air devient asphyxiant et
réducteur ; le fer passant essentiellement à l’état ferreux, les sols ou horizons, gorgés d’eau, prennent
des propriétés particulières, ils sont dits hydromorphes. On peut distinguer deux cas d’hydromorphie
temporaire due à l’imperméabilité, à savoir l’hydromorphie de surface et l’hydromorphie de
profondeur.
a. Hydromorphie de surface
C’est l’hydromorphie sans nappe résultant d’un engorgement des horizons superficiels lorsqu’ils
sont imperméables. Seuls existent les pores fins qui se remplissent, non par gravité, mais par
progression lente de l’eau capillaire vers les profondeurs.
b. Hydromorphie de profondeur
Elle caractérise les sols présentant deux horizons superposés : un horizon de surface et un horizon
de profondeur.
Dans les sols hydromorphes temporaires, les racines ne peuvent en général pénétrer très
profondément dans les horizons trop compacts : elles sont donc soumises alternativement à des
conditions asphyxiantes (en période de saturation par l’eau) et desséchantes (en période de
dessiccation du profil).
L’hydromorphie est un processus secondaire qui se surimpose sur n’importe quelle morpho-
pédologique préexistante. Deux cas peuvent ainsi se présenter :
si l’hydromorphie est forte et permanente, elle efface la morphologie préexistante. C’est le cas
des horizons gley dont la morphologie résulte d’un excès d’eau presque permanent.
Sa couleur peut être :
gris
vert
bleu
si l’hydromorphie n’est pas dominante, la morphologie est simplement marquée par des traits
d’hydromorphie dont des taches, des nodules, des concrétions…. C’est le cas des pseudogley
dont la morphologie résulte d’un excès d’eau temporaire.
2- Signification
Il semble nécessaire de redonner quelques précisions relatives à la définition et au diagnostic de
l’hydromorphie sur le terrain :
- l’hydromorphie est une manifestation morphologique témoignant de la présence d’une nappe
d’eau stagnante dans le sol à certaines périodes de l’année (engorgement temporaire) ;
- elle se traduit par des taches gris clair, des taches ocre (dues à la concentration de fer) ou des
couleurs uniformément gris clair, que l’on retrouvera dans les horizons engorgés. Dans le
dernier cas, elle ne doit pas être confondue avec la podzolisation : la couleur gris clair est
associée avec la présence probable de petites taches ocre plus profondément et non, comme
dans la podzolisation, avec un horizon brun noir profond (dû à la migration de matières
organiques de mauvaise « qualité » et de fer) ;
- la profondeur d’apparition de l’hydromorphie témoigne de la profondeur atteinte par la nappe.
On distingue ci-dessous des sols à hydromorphie forte dans lesquels la nappe arrive à moins de
25cm environ de la surface à certaines périodes de l’année (parfois en surface), et des sols à
hydromorphie profonde où elle n’apparaît qu’entre 25et 50cm de profondeur ;
- plus la nappe sera proche de la surface, plus elle représentera une contrainte forte pour la
végétation et plus elle augmentera la fragilité physique des sols ;
- des hydromorphies fortes sont témoignées souvent par une végétation particulière : couverture
de molinie, de crin végétal, par exemple. La présence de jonc ne témoigne que des tassements
et des stagnations superficiels d’eau liés à des dégradations antérieures.
3- Classes d’hydromorphie
4- Types d’hydromorphie
a. Pour les sols à plus de 50% de cailloux en volume
Remarque : des teneurs moindres (25 à 50%) diminuent probablement la sensibilité par rapport aux
sols non caillouteux traités aux rubriques suivantes.
* Hydromorphie forte : taches grises ou ocres, ou couleur grise uniforme, apparaissant à moins de
25cm de profondeur
- Sensibilité au tassement et à l’érosion : risque de dégradation si des interventions ont lieu en
période d’engorgement, l’ensemble du sol pouvant prendre en masse après ressuyage ; risque
d’autant plus fort que la texture est plus limoneuse
- Précaution : interventions possibles sur sols secs ou légèrement humides mais sans nappe, sans
précaution particulière
- Travail du sol et restauration : impossible
- Très fortes contraintes d’excès d’eau hivernal et de sécheresse estivale ; assainissement peu
rentable si > 50% de cailloux ; éviter les coupes rases sur de grandes surfaces.
* Hydromorphie profonde : taches grises ou ocre, ou couleur grise uniforme, apparaissant entre 25
et 50 cm de profondeur
- Sensibilité au tassement et à l’érosion : risques plus faibles, les horizons supérieurs caillouteux
protègent les couches profondes de la déstructuration.
- Précaution : interventions possibles sur sols secs ou humides mais sans nappe, sans précaution
particulière. En période de présence de nappe, éviter les interventions ou préférer des
interventions légères.
- Travail du sol et restauration : impossible.
- Contraintes d’excès d’eau hivernal et de sécheresse estivale ; assainissement peu rentable si >
50% de cailloux ; éviter les coupes rases sur de grandes surfaces.
* Pas d’hydromorphie ou apparaissant à plus de 50 cm de profondeur
- Sensibilité au tassement et à l’érosion : sol très résistant.
- Précaution : aucune
- Travail du sol et restauration : impossible.
- Gestion forestière et potentialités : sols secs à faibles potentialités si la profondeur est limitée
(< 1 m à 1,50 m).
* Hydromorphie profonde : taches grises ou ocres, ou couleur grise uniforme, apparaissant entre 25
et 50 cm de profondeur
- Sensibilité au tassement et à l’érosion : les horizons engorgés (> 25 cm) restent sensibles à la
prise en masse, ce qui limiterait les possibilités d’enracinement profond.
- Précaution : éviter les interventions en période d’engorgement ou prendre des précautions :
types d’engins, cloisonnements.
- Travail du sol et restauration : à éviter en période d’engorgement à cause des horizons
profonds, risques de dégradations supérieures aux améliorations ; tous travaux possibles en
absence de nappe ; restauration naturelle possible seulement si bonne activité biologique
(mull), ce qui est rare dans ces milieux.
- Gestion forestière et potentialités : contrainte moyenne d’excès d’eau hivernal ; la sécheresse
estivale dépend des possibilités de prospection des racines au-delà du niveau de la nappe, en
particulier dans le « plancher argileux » ; assainissement par fossés non indispensable pour
assurer la réussite des plantations ; éviter les coupes rases sur de grandes surfaces.
L’hydromorphie ancienne se caractérise par une désorganisation du système hydraulique due, soit
au blocage ou au verrouillage de l’exutoire par des éruptions volcaniques, soit à des accidents
tectoniques par des failles avec des gauchisssements.
Le bassin du Lac Itasy a probablement une origine volcano-tectonique. Il est logé dans une
dépression du socle qui pourrait correspondre à un effondrement fin tertiaire ou quaternaire ancien. Au
quaternaire récent, les accidents du socle ont servi de passage à des émissions basaltiques sous la
forme d’une multitude de cônes de scories, de grandes coulées de lave et de champs de projection
(cendres et scories). Les accumulations volcaniques se sont surimposées en massifs résiduels, horsts,
dépressions, vallées alluviales, bassins à surface d’aplanissement, fin-tertiaire ou quaternaire ancien,
tel le bassin du Lac Itasy actuel qui n’existait pas encore car il était ouvert vers l’Ouest. L’alvéole du
Lac Itasy actuel a été fermé à l’Ouest par le barrage volcanique. Une vaste étendue lacustre s’est alors
formée à l’amont ennoyant le modelé préexistant formé de collines basses. Peu à peu, les alluvions
fluvio-lacustres résultant de l’érosion des reliefs périphériques très accidentés ont remblayé le fond et
les parties latérales du lac, relevant l’altitude du bassin et du niveau du lac. Celui-ci a fini par trouver
un exutoire au niveau d’Ampefy. Les eaux de vidange ont entaillé les accumulations volcaniques et le
socle en individualisant la rivière Lily, très récente qui se jette à l’Ouest dans la Sakay.
Les sols formés sont généralement des sols hydromorphes minéraux à gley, peu profond pour
les colluvo-alluvions mixtes basalto-granitiques (à peu près 50cm) et profond (vers 50 à 70cm) dans
les grandes vallées alluviales du Lac Itasy.
b. Accidents tectoniques par des failles avec des gauchissements conduisant à un changement
du système hydraulique : cas du bassin de l’Onive (région d’Ambatolampy-
Ambohimandroso-Antsampandrano)
Des accidents tectoniques importants ont accompagné et suivi les épisodes volcaniques ;
l’effondrement du bassin d’Antsirabe s’est alors produit à l’Ouest de la grande faille de Betampona. Le
bloc oriental, quant à lui, s’est légèrement soulevé, élevant en altitude le socle raboté par
l’aplanissement anté-tertiaire. La faille de Betampona, qui borde également l’Est de la plaine de
Sambaina est à l’origine de la formation de ce bassin fluvio-lacustre endoréïque.
Les alluvions anciennes présentent des sols fearralitiques rouges à ocre-jaune fortement désaturés.
De larges zones légèrement dépressionnaires contiennent une nappe perchée sub-affleurente en saison
des pluies, les sols deviennent alors jaunes puis gris hydromorphes lavés et pseudo-podzoliques. En
même temps, ils sont également plus organiques.
Les alluvions récentes des plaines alluviales de taille moyenne sur socle présentent des sols
toujours tachetés jusque vers 60cm, au dessous ils se gleyifient et deviennent gris, beiges uniformes ou
bleutés. Celles des plaines alluviales de taille moyenne dominées par des basaltes se caractérisent par
des sols peu marqués par l’hydromorphie. La vallée de l’Onive présente des sols hydromorphes non
organiques à gley, de couleur brun grisâtre tacheté tandis que les bas fonds présentent des sols à gley
lessivés ou des sols ferralitiques hydromorphes.
2- Conditions de formation de l’hydromorphie actuelle
L’horizon tacheté n’est pas un horizon constant d’un sol ferralitique. II ne se forme que dans
certaines conditions de topographie, climat, roche-mère, végétation particulières, et même actions
anthropiques. II faut réaliser, pendant une période plus ou moins longue de l’année, les conditions qui
permettent à l’infiltration d’être inférieure aux précipitations et aux apports obliques.
a. Topographie
Pour le dernier cas des observations au Congo et au Cameroun ont montré que l’hydromorphie
pouvait s’installer même sur des pentes relativement fortes, sans qu’il soit possible de donner une
explication satisfaisante du phénomène.
b. Climat
L’influence du climat pourrait être mise en évidence par des mesures physiques, en particulier par
l’étude de profils hydriques profonds : les difficultés matérielles de telles mesures n’ont pas permis de
les entreprendre.
On peut cependant penser que le climat a une action essentiellement par l’intermédiaire de la
pluviométrie : les éléments de celle-ci qui peuvent être mis en cause sont le total pluviométrique
annuel, la concentration de la pluviométrie pendant une partie de la saison pluvieuse, la quantité d’eau
tombée depuis le début de la saison pluvieuse. C’est ainsi qu’on peut penser que les phénomènes
d’hydromorphie sont particulièrement marqués a la fin de la première saison des pluies très pluvieuse
en basse Côte d’lvoire et pendant la deuxième saison des pluies, la plus pluvieuse, au sud du
Cameroun et dans le sud de la République Centrafricaine.
c. Roche-mère
La roche-mère peut intervenir par sa texture en donnant des matériaux plus ou moins argileux et
plus ou moins perméables. Tous les facteurs qui jouent sur la perméabilité peuvent avoir une action sur
l’apparition d’un horizon tacheté. Ainsi, LEVEQUE (1966) en Guyane, note souvent des horizons
tachetés sur roche granitique pauvre en fer : la faible quantité d’hydroxydes donne une mauvaise
structure qui diminue la perméabilité.
d. Végétation
En Côte d’lvoire, la présence d’horizon tacheté est très fréquente en forêt, tandis qu’au Cameroun,
les observations sont plus nombreuses en savane : on ne peut conclure sur ce point.
e. Actions anthropiques
L’excès d’eau a des origines et des causes variées. Il peut être dû à des actions anthropiques :
aménagements hydro-agricoles avec aplanissement, mise en terrasse, irrigation.
« Prairie flottante »
Canal d’irrigation
Fossés de drainage
a. Pour les horizons superficiels poreux, appelés aussi Gley subissant une saturation de durée
moyenne ou prolongée avec des mouvements d’eau, ils se caractérisent d’un appauvrissement
de fer mais qui peut être compensé partiellement ou totalement par un apport de fer dans les
eaux d’inondation. L’évolution des Gley est dominée par les processus de mobilisation du fer
qui maintient une certaine homogénéité de la répartition du fer.
b. Pour les horizons subsuperficiels poreux à pseudogleys subissant une saturation prolongée ou
moyenne, ils ont un léger appauvrissement en fer avec un mouvement d’eau.
c. Enfin, les pseudogleys poreux subissant une saturation prolongée et continue sont enrichis en
fer mais avec des mouvements d’eau limités par la forte compacité et ils sont rapidement
desséchés à la fin de la saison humide. Dans les cas des pseudogleys, leur évolution est
dominée par les processus d’immobilisation. L’effet cumulé des immobilisations à l’intérieur
des agrégats accroît l’hétérogénéité de la répartition du fer et conduit à la formation
d’accumulations durables, sous formes de taches, nodules ou concrétions visibles.
Puisque les sols de flanc de bas-fonds et de bas de pente aménagés sont inondés pendant environ 5
mois, ils ont ainsi des horizons humifères plus épais avec une matière organique de 2 à 4 fois plus forte
que les sols qui ne subissent pas d’excès d’eau.
En effet, la saturation du sol par l’eau influence l’évolution de sa fraction organique, cela se traduit
par des quantités de matière organique différentes suivant la durée de saturation. Cette évolution
particulière contribue à modifier l’organisation des constituants du sol (augmentation de la fraction
organique par rapport à la fraction minérale) et leur nature (produits humifiés peu polymérisés).
Hydromorphie croissante
Sols dont les Sols dont les Sols dont les horizons
horizons superficiels horizons superficiels superficiels subissent un
ne subissent pas subissent un excès excès d’eau permanent
d’excès d’eau. d’eau temporaire
Dessèchement du sol en saison sèche Pas de dessèchement
-Sols aménagés de
flanc de bas-fonds Sols des parties basses :
Sols des bas-fonds Sols de flanc de bas- irrigués « prairie flottante »
-Sols des parties
malgaches fond
basses aménagées
drainées
Les conditions d’hydromorphie, qui règnent dans l’horizon tacheté, en empêchant des
substances d’être évacuées ou en arrêtant des substances venant du haut du profil, entrainent des
possibilités de réarrangements minéraux ou de mouvements d’hydroxydes.
a. Formation de la kaolinite
DELVIGNE (1965), en Côte d’lvoire, observe que la kaolinite se forme essentiellement dans
l’horizon tacheté supérieur où les conditions de mauvais drainage permettent le réarrangement de la
silice et des gels d’hydroxydes libérés par l’altération ferralitique. Les profils, étudiés sur roche
basique, sont toujours des profils d’altération peu épais (faible épaisseur de roche altérée) et l’on
trouve dans l’horizon tacheté, très proche de la zone d’altération ferralitique tous les éléments
nécessaires à la formation de la kaolinite non encore transformée irréversiblement. Sur roche acide et
en milieu bien drainé, LENEUF (1959) note la présence de minéraux kaoliniques dès la roche altérée,
mais ceux ci ne deviennent souvent bien cristallisés que dans l’horizon tacheté. Cependant, le
phénomène n’est pas absolument général car on note, de la kaolinite bien cristallisée dans les horizons
d’altération épais d’Afrique centrale et de Madagascar. Ceci n’exclut pas que pour la formation de la
kaolinite un mauvais drainage relatif est nécessaire, mais il n’est pas nécessaire que le phénomène se
passe dans un horizon tacheté typique.
L’accumulation de silice dans l’horizon tacheté a été observée par différents auteurs.
HARRISON (1933) en Guyane en particulier, pense qu’il peut y avoir accumulation de silice et
cristallisation du quartz.
LEVEQUE (1966) a observé une telle accumulation de silice en bas de pente, dans un horizon
tacheté. Sur sols volcaniques (Indonésie, Australie, Ouest-Cameroun), on observe des accumulations
de silice, qui donnent naissance à des produits plus ou moins bien cristallisés : la présence de ces
produits est rare dans l’horizon tacheté et on les trouve le plus souvent dans les sols hydromorphes de
bas de pente ou dans l’horizon d’altération qui peut être cimenté par la silice.
Les hydroxydes de fer sont pratiquement seuls intéressés par suite de leur grande mobilité, due
à la double valence du fer, par rapport aux hydroxydes d’aluminium et de leur grande importance
relative. Divers phénomènes peuvent s’observer :
- simple ségrégation sans apport extérieur : le fer plus ou moins réduit pendant la période d’imbibition
(simple action physique du potentiel redox et du pH et action de la matière organique de
décomposition des racines) va migrer vers les zones qui se dessèchent les premières (zones rouges) et
rester a l’état hydraté ou ferreux dans les zones de passage d’eau (zones jaunes, blanches et grises). II
est possible que des micro-organismes interviennent aussi bien dans la réduction que dans l’oxydation,
en plus des simples questions physiques (Eh et pH).
- apport de fer verticalement ou obliquement : l’horizon tacheté joue le rôle d’arrêt du fer qui migre.
Les mêmes problèmes que précédemment se posent : fer transporté sous forme de complexes ou
chélates, puis fixation, quand les conditions physico-chimiques changent.
- apport de fer à partir des horizons inférieurs par action d’une nappe fluctuante.
Le problème a été étudié au laboratoire par DEMOLON et BASTISSE (1944 a et b), puis
BACHELIER (1959). En Australie, BEADLE et BURGESS (1953) ont observé une “pallid zone ”
entre l’horizon tacheté et la zone d’altération de profils ferralitiques le phénomène serait ancien. II y a
peu d’observations et de résultats analytiques sur une telle action actuelle et généralisée.
Les paramètres qui sont favorables à la dénitrification sont (Henault C. 1993, Rismondo L. 1993) :
La comparaison entre le volume d’eau susceptible d’être affecté par les propriétés dénitrifiantes des
sols hydromorphes explique pourquoi, dans une problématique environnementale, on cherche à
identifier l’extension géographique des sols hydromorphes en délaissant les sols hydromorphes de
versant et de haut de topographie.
La dénitrification est un processus bénéfique sur le plan environnemental dans la mesure où elle se
traduit par une perte en azote nitrique et où elle conduit à des émanations d’azote gazeux sous forme
de N.
Les sols hydromorphes de bas-fonds sont le siège d’alternances de conditions d’oxydation et de
réduction.
Le potentiel d’oxydoréduction qui est atteint dans les sols hydromorphes permet d’atteindre le
potentiel du couple Fe3+/Fe2+. Ce potentiel est inférieur au potentiel du couple N03/N2. Les sols
hydromorphes peuvent donc être le siège de processus de dénitrification, dans le cas où :
Le potentiel d’oxydoréduction atteint la valeur du couple N03/ N2, sans atteindre celle du couple
Fe3+/ Fe2+.
Il existe un substrat carboné important dans les sols, qui est nécessaire au développement des
micro-organismes dénitrifiants.
Les sols hydromorphes sont justement des sols riches en matière organique, plus riches de
quelques pourcents que les sols sains des mêmes bassins-versants
Pour que les choses se produisent comme cela vient d’être décrit, il faut qu’il n’y ait pas de courts-
circuits qui risquent de conduire l’eau rapidement vers le réseau hydrographique sans qu’elle traverse
les zones hydromorphes de bas-fonds.
Il faut aussi que le temps de résidence de l’eau dans cette zone hydromorphe de bas-fond soit
suffisant pour les processus d’épuration aient lieu.
- Conséquences :
La dénitrification s’accompagne d’une consommation du substrat carboné présent dans les sols ; on
peut estimer que pour chaque kg de nitrate dénitrifié, on consomme approximativement 3 kg de
matière organique du sol.
Si la dénitrification concerne annuellement 100 000 tonnes de nitrate par an en Bretagne, cela
s’accompagnerait d’une consommation de 300 000 tonnes de matière organique. Parallèlement, la
dénitrification étant une forme de respiration, elle s’accompagne d’une synthèse de corps microbiens.
Le bilan réel vis a vis de la matière organique reste mal connu ou inconnu.
La teneur en nitrates des sols semble être un facteur particulièrement sensible pour l’intensité des
phénomènes de dénitrification.
En effet, les bassins versants ayant une charge polluante particulièrement élevée comme le bassin
versant du Frémur (département des Côtes d’Armor) par exemple sont le siège de processus de
dénitrification assez intenses.
80% du phosphore et de l’azote ammoniacal pourraient être retenus par de larges dispositifs
enherbés (Dillaha et al. 1989, Young et al. 1980). Des expérimentations avec des bandes enherbées de
24 mètres de large, on conduit à estimer l’adsorption du 2,4D a 70% et celle de la trifluraline a 90%
(Asmussen et al., 1977 et Rhode et al., 1980).
Ces phénomènes d’adsorption et d’insolubilisation peuvent être réversibles et ils sont sans doute
limités par une capacité d’adsorption finie.
Quand des molécules de pesticides ont été adsorbées dans les horizons superficiels des sols
hydromorphes de bas-fonds, elles peuvent être ensuite métabolisées. Dans la mesure où les
métabolites ne sont pas eux mêmes des molécules toxiques, on a alors obtenu une véritable épuration.
Hadlich G. a montré en 1993 sur le sous bassin-versant du Kerouallon que les zones hydromorphes
de bas-fonds étaient le siège d’une accumulation de métaux lourds, excepté pour le plomb.
L’accumulation est notable pour le cadmium et le nickel, moins nette pour le cuivre et le zinc.
Le Moyen Ouest de Madagascar est une région bénéficiant d’une importante immigration, de
nouveaux occupants ont aménagé des bas-fonds. L’existence des aménagements transforme le sol :
- Soit d’introduire (cas de l’irrigation) les effets de l’excès d’eau sur l’évolution des profils ;
- Soit de les limiter (cas du drainage).
Les aménagements pratiqués dans les bas-fonds entrainent le drainage des parties les plus basses et
l’irrigation des sols de bas pente et de flanc de bas-fond mis en terrasse.
Avant l’aménagement, les sols des flancs de bas-fond et de bas de pente ont des cycles
d’humectation et de dessèchement qui dépendent de la fréquence et de l’intensité des précipitations.
- Saison sèche (de mai à septembre) : les pluies n’humectent que les premiers du sol ;
- Saison humide (d’octobre à avril) : les sols ne sont jamais saturés, c'est-à-dire qu’il y a
existence de forte pente, facilitant le ruissellement qui assure un bon drainage externe, l’eau qui
pénètre dans les sols draine rapidement. Ce qui fait que ces sols possèdent une bonne
perméabilité.
Avant l’aménagement, les sols des parties basses des bas-fonds sont également saturés en
permanence en raison de l’abondance des eaux recueillies et de la lenteur de l’écoulement de l’eau vers
l’aval.
- Une période de saturation continue pendant la saison des pluies, abondance des eaux recueillies
assurant l’inondation dans les rizières aménagées de cette partie des bas-fonds ;
- Une période de dessèchement des profils pendant la saison sèche, dessèchement qui est plus ou
moins accentué suivant anciennement du drainage.
En conclusion, les études réalisées sur l’hydromorphie montrent l’importance et la rapidité des
transformations déterminées par l’excès d’eau. A ces transformations qui apparaissent liées entre elles
par des relations complexes, correspondent des caractères propres aux sols évoluant sous l’effet d’un
excès d’eau. Ces caractères ont une valeur diagnostique variable du mode de saturation du sol par
l’eau. Cette valeur diagnostique dépend de la spécificité du caractère mais aussi de sa stabilité, de sa
permanence, de ses possibilités d’évolution plus ou moins rapide, voire de sa fugacité.
Annexes
Annexe 1 : Les effets de l’hydromorphie
Annexe 2 : Sol hydromorphe à pseudo-gley
- Auteur : Alain Ruellan
- Date : 3 mai 1970
- Lieu : Italie, Sardaigne
- Hydromorphie : Horizon hydromorphe
- Climat : méditerranéen subhumide
- Horizon hydromorphe (1) caractérisé par une couleur grise, tachée de brun et de rouille. Ce
type de morphologie se produit quand le volume de sol concerné connaît des excès d'eau,
permanents ou temporaires répétés. Il s'agit ici de la base d'un sol lessivé à pseudo-gley :
l'hydromorphie se développe, principalement, dans un horizon C d'altération. Le sol est très
différencié lessivé.
- Dénomination WRB : Luvisol
- Hauteur de la coupe : 100cm.
Annexe 3 : l’hydromorphie des sols bretons
L'arrêté du 24 juin 2008, dans sa version consolidée au 10 juillet 2008, précise les critères de
définition et de délimitation des zones humides. Dorénavant, un espace peut être considéré comme
zone humide, uniquement sur des critères pédologiques (dans la plupart des cas à l'aide d'une simple
tarière à main). Si des traces d'hydromorphies débutent à moins de 50centimètres de la surface du sol
(se prolongeant ou s'intensifiant avec la profondeur), le sol peut être considéré comme un horizon
superficiel caractéristique de zone humide. Il convient alors d'attirer l'attention des aménageurs sur le
fait que des terrains apparaissant de visu comme des terrains sains peuvent se révéler juridiquement
comme constitutifs de zones humides si les conditions nécessaires et suffisantes apparaissent en
profondeur.
Les sols bretons - de part leur nature sur des substrats indurés et souvent, peu perméables -
présentent souvent ces signes d'hydromorphie à relativement faible profondeur. Ils rentrent dans le
cadre de la loi même s'ils ne présentent pas pour autant l'intérêt écologique des zones humides. Leur
spécificité les pénalise, pour un gain environnemental réduit.
Mais l'application de l'arrêté oblige les aménageurs à prendre garde aux mauvaises
surprises (recours aisés contre des projets).
Ironie du sort : ces sols pourront maintenant être proposés en qualité de "mesures
compensatoires" des terrains hydromorphes mais qui n'ont absolument pas l'apparence de zones
humides. Maintenant et plus que jamais, il est fortement conseillé d'effectuer une pré-étude amont des
parcelles concernées par les projets. La recherche de suspicion de sols humides aura aussi l'avantage
d'éviter les mauvaises surprises de sols géotechniquement défavorables.
Annexe 4 : hydromorphie des sols argileux
Asséchés pendant l'été et engorgés aux autres saisons, les sols sur argile sont peu épais et mal
aérés. Les racines des plantes et des arbres n'y pénètrent pas profondément.
Les variations importantes d'humidité des sols argileux sont à l'origine des phénomènes
d'hydromorphie (sols hydromorphes appelés gley ou pseudogley).
L'aspect de ces sols le plus caractéristique et le plus facilement observable est le changement
d'état d'oxydation du fer en fonction des phases de dessiccation estivales. Sur une argile noire ou grise
comme celle de la Champagne humide, l'ouverture des fentes de dessiccation facilite, dans la partie
supérieure du sol, l'oxydation du fer et de la matière organique. Ces variations d'oxydation peuvent être
localement entretenues par l'activité biologique. Le mauvais enracinement et l'hydromorphie ont
cantonné longtemps ces terrains à l'élevage. La culture des pâtures et la stabulation ont réduit le
piétinement des sols gras par les bêtes et amélioré leur rendement avant que le drainage se généralise.
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