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Le 18 Juillet 2010

N° 2010 – 94
NOTE DE SYNTHESE

Extending social security to all: A guide

through challenges and options

Extending social security to all: A guide through challenges and


options, rapport publié par le département Protection Sociale de l’OIT
en 2010 peut servir de complément au World Social Security Report
2010/11 : Providing coverage in times of crisis and beyond.

Tandis que le second était essentiellement un état des lieux des


lacunes de la protection sociale dans le monde, ce « Guide » aborde la
mise en œuvre du socle de protection sociale à travers les défis qu’elle
pose et les options existantes. Ces défis concernent le contenu du socle
de protection sociale et la définition de la feuille de route et des
moyens nécessaires à sa mise en œuvre. Une revue des conclusions de
80 études menées sur les programmes de transferts sociaux établis,
depuis une décennie, dans une trentaine de pays en développement
permet d’identifier les options disponibles.

Selon les estimations de l’OIT, ces programmes permettent non


seulement de lutter contre la pauvreté mais aussi d’améliorer la
participation sur le marché du travail, la productivité, la nutrition,
l’accès aux soins de santé, l’éducation, la consommation des ménages
et l’inclusion sociale. Des tableaux récapitulatifs des principaux
programmes étudiés sont disponibles en annexe.

Ce « Guide » permet, enfin, de mettre en évidence trois aspects


essentiels de la protection sociale. Le premier est que protection
sociale est nécessaire et abordable à tout niveau de développement. Le
second aspect est que les investissements en protection sociale sont
des investissements dans « l’infrastructure humaine » aussi importants
que ceux en capitaux ou en infrastructures physiques. Enfin, la
protection sociale est un escalier, dont le socle de protection sociale
n’est que la première marche.
I) Cadre d’action pour l’extension de la protection sociale
Les situations des individus face aux risques et aux imprévus sont différentes, de même que
leurs besoins en protection sociale et les réponses que doivent apporter les régimes de
protection sociale. Même au sein d’un groupe supposé homogène tel que celui des
« personnes très vulnérables », il existe de grandes disparités. Ainsi, enfants et personnes
âgées d’un côté, « personnes chroniquement pauvres » de l’autre ou même « travailleurs
agricoles », quoique tous « très vulnérables », auront des besoins différents (pensions,
allocations familiales, assistance sociale, programmes de travaux publics etc.)

Cette diversité des situations est l’une des multiples difficultés rencontrées dans
l’établissement et l’extension des systèmes de protection sociale. Dans cette première partie,
sont analysés quelques principes de base et d’action qui doivent régir la conception et
l’évolution des régimes de protection sociale, ainsi que les principaux défis à surmonter.

A. Principes de base de l’extension de la sécurité sociale

• Universalité de l’accès

L’universalité de l’accès à la protection sociale est l’objectif à terme de la campagne pour


l’extension de la protection sociale lancée par l’OIT. Il s’agit de progresser vers cette
universalité, en accordant une attention spéciale :

- Aux prestations familiales qui facilitent l’accès à l’éducation et permettent de briser le


cercle de la pauvreté

- À l’accès aux soins de santé qui permettent aux familles de rester au dessus du seuil
de pauvreté en les soulageant du poids financier des soins médicaux

- À apporter un support financier suffisant pour éviter la pauvreté et créer les conditions
de sécurité dont les personnes ont besoin pour prendre des risques et investir dans
leurs propres capacités productives.

• Progressivité

Un système de protection sociale est un édifice à plusieurs étages. Sa construction ne peut


s’arrêter au « rez-de-chaussée ». En fonction de leur niveau de développement, certains pays
font de la mise en place d’un ensemble élémentaire de prestations sociales, la priorité de leur
action. Cet ensemble basique ne représente qu’une étape, l’objectif à long terme devra être
d’offrir de plus hauts niveaux de protection sociale au plus grand nombre de personnes
possible, à mesure que leur développement économique le permet. La composition de ces
prestations et leur financement seront le résultat d’un consensus national et seront fonction
des conditions du pays.

• Pluralisme

Universalité ne signifie point uniformité de l’accès à la protection sociale. Il existe une infinité
de façons de mettre en place des garanties élémentaires de protection sociale : assurance et
assistance sociale, assurance sociale uniquement et subventions pour les plus pauvres,
régimes universels financés par l’impôt, etc.

Il n’y a pas de « modèle » de fourniture de protection sociale et sanitaire. Toutefois, un


principe élémentaire en ce qui concerne les dispositions financières est que le fonds de
protection sociale soit maintenu et comptabilisé en dehors du budget du gouvernement. L’OIT
a d’ailleurs mis en place les Standardized Social Protection Expenditure and Performance
Reviews (SPERS) en vue de soutenir la transparence en matière de gestion des systèmes de
protection sociale.

• Des politiques axées sur les résultats


Les dispositifs techniques de la protection sociale sont nombreux, de conceptions et de
mérites différents. Le choix de ceux à utiliser dans la mise en place d’un système de
protection sociale est difficile. Néanmoins, le plus urgent doit être de se concentrer
principalement sur les résultats (nombre de personnes ayant accès à la protection sociale,
niveau des prestations sociales, adéquations de celles-ci aux besoins des bénéficiaires,
effectivité de la couverture, etc.) plutôt que sur les débats techniques et académiques autour
des vertus de ces différents mécanismes.

Porter une attention spéciale aux cinq règles suivantes permet de ne pas perdre de vue cet
objectif:

- Assurer à tous un accès aux soins de santé et un paquet de base de transferts sociaux
pour garantir un revenu suffisant

- Les prestations sociales et la protection contre la pauvreté sont des droits

- Garantie actuarielle collective quant aux niveaux des prestations obtenues par rapport
aux contributions

- financement sain (viabilité et durabilité du financement du système national comme


des régimes individuels de protection sociale)

- responsabilité du gouvernement, celui-ci devant être le garant ultime des droits à la


protection sociale

B. Le paradigme du développement de la sécurité sociale


La campagne pour l’extension de la couverture en protection sociale peut être vue de façon
bidimensionnelle: extension horizontale et extension verticale.

- La première renvoie à l’extension d’un niveau basique de sécurité du revenu et


d’accès aux soins de santé, fussent-ils des plus modestes, à toute la population.

- La seconde dimension concerne la fourniture d’une plus grande sécurité du revenu


et l’accès à des soins de santé de meilleure qualité, de façon à protéger le niveau de
vie des personnes et de leurs familles vis-à-vis d’aléas tels que le chômage, la
maladie, l’invalidité, la perte du soutien de famille et la vieillesse.

Figure 1 : Les deux dimensions de la couverture en protection sociale

À partir de cette approche, il découle que la couverture en protection sociale doit être
considérée comme un escalier dont la première marche correspondrait au socle de
protection sociale, la seconde étant constituée des régimes obligatoires d’assurance et de
sécurité sociale et la troisième composée des régimes volontaires d’assurance sociale :

Figure 2 : Escalier de la protection sociale

L’organisation et la mise en œuvre de ce paradigme ne peuvent raisonnablement pas être


déterminées sur une base internationale et dépendent inévitablement du contexte national.
L’objectif étant néanmoins que tout le monde aient accès à un certain niveau de protection
sociale et que celle-ci s’améliore à mesure que le pays se développe.

 Accessibilité et financement du socle de protection sociale

Une estimation du coût de l’établissement d’un socle de protection sociale dans 12 PED
montre que celui-ci serait compris entre 2.2 et 5.7% du PIB. L’instauration d’un régime de
base de pension de vieillesse et coûterait entre 0.6 et 1.5% du PIB.

Figure 3 : estimation du coût (en % du PIB) de l’établissement d’un socle de protection sociale dans 12 PED

Comme indiqué dans le WSSR 2010, la volonté politique et la réallocation efficiente des
ressources financières et administratives disponibles sont des conditions essentielles à la
mise en place du socle de protection sociale. L’exemple du programme Bolsa Familia1 montre
que cela est possible (46 millions de personnes couvertes pour un coût estimé à 0.4% du PIB).
En Afrique subsaharienne, la part des recettes publiques dans le PIB a augmenté de 4 points

1
Développé plus longuement dans la seconde partie de cette note et dans l’annexe 3.
entre 2002 et 2007, l’introduction progressive sur dix ans d’un ensemble modeste de
prestations sociales n’aurait qu’un coût net de 4% du PIB – ce qui est loin d’être inabordable.

Selon l’OIT, à la question « la sécurité sociale est-elle abordable partout », il est


désormais possible de répondre : «aucun pays ne peut se permettre de ne pas faire
cet investissement.»

C. Défis de l’établissement des régimes de protection sociale

 Combiner protection effective et flexibilité organisationnelle


Il n’existe pas d’approches « prêtes-à-l’emploi » lorsqu’il s’agit d’organiser des régimes de
protection sociale, que celle-ci soit élémentaire ou de très haut niveau. Chaque stratégie a
ses avantages et inconvénients. Elle dépendra des besoins spécifiques du pays, des ses
expériences passées tout comme des valeurs (ou préférences) nationales.

 Construire un ensemble cohérent de systèmes nationaux de protection


sociale

Un autre défi sera de construire un système interactif global de protection sociale par la
combinaison de divers sous-systèmes, piliers et niveaux de protection de façon à obtenir une
couverture universelle efficiente, en évitant les cumuls de prestations et les incitations
négatives.

 Créer « l’espace fiscal » nécessaire


Pour maximiser l’espace fiscal réservé à la mise en place des programmes de protection
sociale, une attention accrue doit être portée à l’effectivité des mécanismes nationaux
d’imposition et de collecte des contributions. Il conviendra également de réformer ces
mécanismes afin d’augmenter les ressources disponibles, d’augmenter graduellement la part
des dépenses de santé tant dans le total des dépenses publiques que dans le PIB ; de
concentrer les dépenses sociales d’abord vers les besoins les plus urgents.

Le graphique suivant montre les parts respectives du PIB consacrées aux dépenses de
protection sociale, selon les régions. Il apparaît clairement qu’il est possible dans la plupart
des pays en développement d’accroître graduellement la part des ressources allouées aux
dépenses de protection sociale :
Figure 4 : parts respectives du PIB consacrées aux dépenses de protection sociale, selon les régions

II) Éléments du débat sur la mise en place des systèmes de


protection sociale
Comme indiqué plus haut, il n’existe pas de « modèle » de système de protection sociale, les
instruments, les mécanismes, les critères même autour desquels elle est bâtie diffèrent selon
les pays, et font l’objet de débat, à l’heure actuelle. Cette seconde partie traite des
problématiques majeures que soulève la conception des systèmes de protection sociale, en
ce qui concerne l’accès aux soins, la sécurité des revenus, la conditionnalité des transferts
sociaux et la fonction de l’assistance sociale.

A. Questions liées à l’accès aux soins

 Prestations en soins de santé inclues dans les régimes de protection


Les régimes de protection en soin de santé même les plus élémentaires doivent, dans leur
conception, viser l’équité et l’accessibilité, tout en assurant un accès effectif et adéquat en
soins de santé et en protection financière. Ces objectifs sont mis à l’épreuve à trois niveaux.

• Au niveau des individus et des ménages : les besoins et les priorités divergent selon
l’âge, la pauvreté, la vulnérabilité, l’emploi, le lieu de résidence et le groupe ethnique
des bénéficiaires.

• Au niveau des régimes et systèmes établis : l’accès aux prestations dépend de la


disponibilité des services et de personnels de qualité. Or celle-ci varie selon les pays, la
« densité » de professionnels de santé qualifiés, la qualité et la quantité des services
proposés.

• Au niveau mondial : certaines interventions de santé qui par leur spécificité et leur
impact peuvent être considérées comme des biens publics globaux, ainsi que
l’agenda du développement international (les OMD notamment,) peuvent avoir un
impact sur l’allocation des ressources consacrées aux dépenses de santé et les
priorités définies à l’échelle nationale.

Surmonter ses contraintes passe d'abord par la « définition » de prestations élémentaires en


soins de santé qui ne soient pas limités aux interventions les plus basiques et modestes. Dans
un second temps, au-delà de la définition de ces prestations, leur mise en œuvre doit
répondre aux pré-requis suivants :

• Au niveau des régimes et systèmes établis :

 Créer l’espace fiscal nécessaire et générer des fonds domestiques


nécessaires à l’allocation de ressources suffisantes

 Consolider la demande en donnant plus de pouvoir aux pauvres et aux


personnes vulnérables (bons, transferts conditionnels en espèces, etc.)

 Établir les contributions de chacun en fonction de sa capacité à payer

 Utiliser, de façon coordonnée, tous les mécanismes de financement


disponibles

 Maintenir le dialogue social et national, l’information et la participation


afin de donner plus de pouvoir aux différentes composantes de la société
civile

 Créer des mécanismes de support à l’amélioration de la qualité

• Au niveau mondial:

 Soutien et alignement des fonds de la coopération internationale avec des


activités de soutien technique et de formation dans des approches qui
tiennent plus en compte des nécessités et priorités des pays bénéficiaires.

 Financement des systèmes de santé, protection financière et interventions ciblées


Le reste à charge est un des facteurs principaux provoquant l’appauvrissement. Ceci
explique pourquoi de nombreux pays mettent en place des mécanismes fondés sur le
prépaiement des services de santé – avec le plus souvent des exemptions pour les
personnes les plus pauvres et vulnérables. L’une des tendances émergentes au cours de la
dernière décennie a été l’usage de systèmes pluralistes de financement des régimes de
santé, qui permettent d’asseoir ceux-ci sur différentes sources et mécanismes de
financement, agissant simultanément et en coordination. Une autre tendance croissante
est celle des interventions ciblées qui consistent à fournir certaines prestations de santé
bien déterminées aux populations les plus démunies. Ce ciblage peut aussi concerner des
maladies ou des catégories encore plus précises de population.

B. Questions liées au ciblage

 Ciblage basé sur la richesse et les revenus personnels

Les arguments en faveur du ciblage des bénéficiaires pointent l’abordabilité, l’efficacité et


l’équité de ces mécanismes. Les programmes d’interventions ciblées concerneraient moins de
bénéficiaires, coûteraient moins chers et seraient plus soutenables (à long terme) que les
régimes universels, le ciblage permettant plus de précision, pour plus d’efficacité dans la
réduction de la pauvreté et pour un coût moindre.

Pourtant, les arguments en faveur d’approches plus universelles ne manquent pas. En


premier lieu : les systèmes universels seraient plus égalitaires. Selon les études reprises par
l’OIT, les niveaux d’égalité sont plus importants dans les sociétés qui ont mis en place des
politiques universelles que dans celles qui ont introduit de la sélectivité dans leurs régimes de
protection sociale. Il existerait ainsi un paradoxe de la redistribution2, plus les interventions
cibles les plus pauvres, seulement, plus on cherche à créer l’égalité à travers des transferts
publics, moins il est probable que la pauvreté et les inégalités soient réduites.

Deuxièmement, les interventions ciblées à destination des populations les plus pauvres, ne
tiennent pas compte du caractère dynamique de la pauvreté. Comme le montre le graphique
suivant, de larges proportions de la population « tombent » et sortent de la pauvreté à tout
moment.

Figure 5 : Pourcentage des ménages qui sont : toujours pauvres, parfois pauvres, jamais pauvres

Les interventions ciblées concernent les personnes déjà pauvres et ne préviennent pas
l’appauvrissement. Le caractère dynamique de la pauvreté, fait qu’à tout moment, le nombre
de personnes pauvres (initialement ou qui le seraient devenues après l’introduction de ces
régimes) est beaucoup difficile à prévoir, anticiper et surtout gérer que dans les régimes
universels.

Troisièmement, toutes les méthodes de ciblage ne sont pas adaptées à tous les types de
prestations, ni n’ont la même efficacité en ce qui concerne les erreurs d’inclusion et
d’exclusion. Les ressources administratives et statistiques sont différentes, les coûts du
ciblage également. Ces derniers peuvent représenter une part substantielle des programmes.

Finalement, les bénéficiaires aussi sont amenés à supporter les coûts liés au ciblage. La
nécessité pour eux de trouver et fournir la documentation nécessaire, la stigmatisation
possible, l’érosion de l’estime personnelle et de la cohésion sociale, les coûts de transport, le
coût d’opportunité du temps utilisé pour réaliser ces différentes démarches, les frais à payer
(et parfois, les pots-de-vin) sont autant de dépenses supplémentaires à la charge du
bénéficiaire. Et cela sans mentionner les possibles effets d’exclusion (il est parfois difficile de
prouver son appartenance à la catégorie ciblée). Le ciblage n’est qu’un outil, un mécanisme,
avec ses avantages et ses inconvénients.

C. Conditionnalité des transferts sociaux

 Conditionnalité et droits de l’homme

La sécurité sociale étant généralement considérée comme un droit fondamental, l’idée même
d’introduire des conditions à la jouissance ou à l’accès à ces droits, pour certains, représente
un déni de droit. De plus, l’obligation de remplir les conditions nécessaires à l’accès aux
transferts sociaux, ne dépend pas toujours exclusivement des bénéficiaires, mais aussi de la
disponibilité et de la qualité des services sociaux ; cette obligation représente des coûts
2
Voir Korpi, W; Palme, J. 1998:“The paradox of redistribution and strategies of equality: Welfare State institutions, inequality
and poverty in the western countries”, in American Sociological Review, Vol. 63, No. 5, pp. 661–687. (Cité en p.49 du “Guide”)
d’opportunité que les plus vulnérables peuvent ne pas pouvoir supporter. Finalement, la
conditionnalité implique que l’accès aux transferts est de la seule responsabilité des
bénéficiaires, ce qui laisse à penser qu’il existerait des pauvres « méritants » ou « non-
méritants ».

D’un autre côté, les transferts sociaux conditionnels en espèces représentent une façon de
combler l’écart entre l’existence légale de droits et leur matérialisation. La conditionnalité
implique, de facto, que les bénéficiaires sont informés de l’existence de leurs droits et de la
possibilité d’en bénéficier. Du reste, les transferts sociaux conditionnels en espèces peuvent
avoir une influence positive sur le comportement des non-bénéficiaires en même temps que
la difficulté de remplir les conditions fixées peut servir de révélateur de vulnérabilités qui
n’avaient pas été prises en compte. L’impact de la conditionnalité dépendra de la volonté et
de la façon dont les autorités publiques utilisent les modalités d’accès aux transferts.

Par ailleurs, l’existence de ces critères d’accessibilité peut servir à accroître le pouvoir de
négociation de certains membres de la famille (femmes et enfants notamment) ainsi que leur
statut à l’intérieur de celle-ci. Finalement, la conditionnalité peut, paradoxalement, servir de
garantie contre les décisions que certains ménages pauvres pourraient prendre au détriment
de leur propre développement humain ou de l’intérêt de certains membres de la famille (non-
scolarisation ou travail des enfants etc.)

 Efficacité et avantage comparatif de la conditionnalité

Si les transferts sociaux conditionnels en espèces ont un impact positif avéré sur les
investissements en santé, en éducation et en nutrition faits par les familles (voir annexe 3 –
« Bolsa Familia » et « Progresa »), les transferts sociaux non-conditionnels en espèces, en
ont également. L’étude des régimes de pensions de vieillesse au Brésil et en Namibie
montrent qu’une partie des fonds reçus a été investie en éducation, malgré l’inexistence de
conditions. De fait, la conditionnalité n’est pas indispensable à la réalisation de progrès en
développement humain.

Pourtant, l’existence de conditions préalables à l’accès aux transferts sociaux peut accroître
leur acceptabilité politique et sociale, les conditions reflétant l’exigence sociale de réciprocité,
même si elle a de nombreux autres inconvénients, comme l’éventualité qu’une famille ayant
échoué à remplir une condition (en matière de santé par exemple) perd l’accès aux autres
prestations sociales inclues dans le programme.

 Transferts sociaux conditionnels : paternalisme ou soutien à la participation des


pauvres

Les transferts sociaux conditionnels en espèces ont certes des impacts positifs, comme
indiqué plus haut, mais par leur existence même, ils pourraient indiquer une sorte de
paternalisme, de défiance envers la capacité des pauvres à prendre les meilleures décisions
et faire les choix les plus rationnels pour eux-mêmes et leurs familles.

 Reproductibilité des CCT

La plupart des programmes de transferts sociaux conditionnels en espèces ont été


développés en Amérique Latine, dans de grands pays à revenu intermédiaire. La question
de leur reproductibilité dans des pays à faibles revenu, où les infrastructures administratives
et le personnel qualifié manquent, reste posée, tout comme celle de savoir si les ressources
consacrées à la gestion et au suivi du respect des conditions ne pourraient pas être plus
utilement allouées à l’amélioration des services existant déjà.

D. Fonction de l’assistance sociale : de la redistribution à l’inclusion sociale

Traditionnellement conçue comme un filet de protection, l’assistance sociale a et continue de


remplir une fonction essentielle d’atténuation des effets de la pauvreté, à court terme, tout
comme un rôle redistributeur à long terme par la fourniture d’une sécurité de revenu aux
personnes « tombées » temporairement dans la pauvreté en attendant leur réintégration sur
le marché du travail et par le rôle de « plancher » qu’elle joue en permettant aux familles des
bénéficiaires d’accéder à certains actifs sociaux (éducation, santé par exemple) et d’améliorer
ainsi leur résilience face à la pauvreté. Malgré cela, l’assistance sociale n’a joué qu’un rôle
mineur dans la lutte, à long terme, contre la pauvreté.

Au cours des deux dernières décennies des programmes d’assistance sociale ont été mis en
place pour lutter, plus spécifiquement, contre certains éléments sous-jacents de la pauvreté,
transformant ainsi l’assistance sociale de simple outil de redistribution à un mécanisme
d’inclusion sociale qui permette, à long terme, de sortir de la pauvreté.

Ces transformations incluent la mise en place de régimes facilitant l’accès à la santé et à


l’éducation, la formation professionnelle, la fourniture d’emplois (via programmes de travaux
publics ou accès au microcrédit, à la formation technique, aux prêts)3 avec des résultats
satisfaisants.

Ces évolutions ont créé de nouveaux défis à l’assistance sociale : premièrement, la


disponibilité des services et des prestations et dans un second temps l’adéquation de ceux-ci,
non seulement en quantité mais en qualité. Des prestations sociales liées par exemple à la
scolarisation des enfants, mal adaptées, insuffisantes et qui ne soient pas accompagnées de
programmes d’insertion professionnelle ne servent pas l’objectif de long terme qui est la
réduction du taux d’abandon de scolarité et d’échec scolaire. La mutation des missions de
l’assistance sociale doit être intégrée à une structure plus large et globale de développement.

3
La partie III et les annexes de ce document reprennent plus longuement et en détail, la plupart de ces programmes.
III) Effets des transferts sociaux dans les PED : un aperçu
La dernière décennie a vu la création dans de nombreux pays en développement – le plus
souvent, dans des pays à revenu intermédiaire – de systèmes de transferts sociaux. Ces
transferts permettent d’atteindre des résultats très satisfaisants en termes de
développement humain à des coûts relativement bas (en % du PIB).

Selon les estimations de l’OIT, étendre la couverture sociale aux personnes âgées, aux
enfants et aux handicapés est possible dans la plupart des pays. Ainsi, le financement
d’un régime basique de pension ne représenterait que 1% du PIB, la mise en place
de programmes de prestations familiales à peine 2% du PIB, l’instauration d’un
régime élémentaire de protection sanitaire entre 2 et 3% du PIB. À titre d’exemple,
l’ensemble des transferts conditionnels en espèces développés en Amérique Latine
a un coût inférieur à 1% du PIB.

Plus important encore, l’impact de ces investissements en protection sociale sur le


développement humain, économique et social, est considérable. Dans cette partie, sont
présentées les conclusions des études menées sur ces programmes et reprises dans le
rapport de l’OIT.

A. Soutenir le développement humain

L’éducation et la santé sont essentielles au processus d’accumulation de capital et au progrès


économique, car elles augmentent la productivité et les capacités à tirer profit des
opportunités. La figure suivante montre le cercle vicieux de la transmission
intergénérationnelle de la pauvreté (pauvreté, faibles investissements en capital humain –
éducation et santé des enfants -, productivité faible, revenus et salaires faibles, pauvreté) :

Figure 6 : cercle vicieux de la transmission intergénérationnelle de la pauvreté (p.123)

Les transferts sociaux peuvent servir à briser ce cercle en contribuant à une amélioration de
la nutrition, de la santé, de l’éducation et en éliminant le travail des enfants. Ce qui à terme
revient à augmenter leur capital humain de départ et rompre la chaîne de transmission. Les
effets de ces investissements sont considérables que le développement humain soit l’objectif
explicite du programme ou qu’il s’agisse de programmes de « transferts purs » qui
poursuivent d’autres buts, qu’il s’agisse de pays à faibles revenu ou à revenu intermédiaires.

- Nutrition et santé

L’étude des transferts sociaux dans une grande variété de pays (Zambie, Bangladesh,
Colombie, Équateur, Mexique, Afrique du Sud) met en évidence un lien clair et fort entre la
mise en place de ces programmes et l’amélioration de la nutrition de la population (adultes
comme enfants). À titre d’exemple, le nombre de ménages ne pouvant s’offrir qu’un seul
repas par jour est passé, grâce aux transferts sociaux, de 19.3 à 13.3% parmi les participants
au Kalomo District Pilot Social Cash Transfer Scheme en Zambie.

De même, et comme indiqué dans les tableaux récapitulatifs en annexe, l’accès aux soins
élémentaires de santé des bénéficiaires des programmes de transferts sociaux a progressé.
Suite au programme « Familias en Acción » développé en Colombie, le pourcentage
d’enfants de moins de 24 mois participant aux visites de santé de routine est passé de 17.2 à
40%. S’assurer que les enfants aient une bonne santé dès leurs premières années est
essentiel pour leurs performances scolaires en plus de contribuer à atteindre l’OMD n°4
(réduction de la mortalité infantile).

Enfin, l’étude de Progresa (Mexique) montre une augmentation de 8% des soins prénataux
durant les trois premiers mois de la grossesse. Il en est de même en Afrique du Sud, où l’état
de santé des bénéficiaires des régimes de pensions et de leurs proches, s’est amélioré.

- Éducation

Dans les pays à faible revenu comme dans ceux de revenu intermédiaire, les taux de
scolarisation et d’assiduité se sont accrus avec l’instauration de régimes conditionnels – mais
aussi non-conditionnels – de transferts sociaux en nature ou en espèce. En Équateur par
exemple, l’instauration du Bono de Desarollo Humano, la scolarisation des enfants de 6 à 17
ans a augmenté de 10 points, tandis qu’au Mexique la participation au programme
Progresa/oportunidades est associé à une baisse des redoublements, de l’abandon des études
et une augmentation de 85% du nombre d’enfants admis au collège. Ces transferts ont
également l’avantage de réduire l’écart de scolarisation entre filles et garçons (exemple du
Bangladesh).

De plus, des « effets de démonstration » (ou d’émulation) ont été mis en évidence. Ainsi, au
Mexique, dans les communautés où le programme Progresa/Oportunidades a été mis en
œuvre, les participations aux visites médicales et le taux de scolarisation parmi les ménages
non-bénéficiaires ont augmenté.

- Travail des enfants

Les effets des transferts sociaux sur le travail des enfants sont ambigus, en partie parce que
les motivations économiques du travail des enfants vont au-delà du simple facteur
« revenus » et sont liées à la vulnérabilité4 des ménages les plus pauvres. Leur impact semble
significatif sur le travail des enfants de 10 à 13 ans au Nicaragua (Red de Protección social –
réseau de protection sociale) ou en Colombie (Familias en acción), mais le plus souvent faible
dans les autres pays (Afrique du Sud, Bangladesh, Costa Rica) voire inexistant en ce qui
concerne les 16-17 ans (Mexique).

B. Encourager l’utilisation complète des capacités de production

La plupart des études de l’impact des transferts sociaux sur les incitations au travail, à
l’épargne et à l’accumulation d’actifs dans les pays à revenu faible ou intermédiaire montrent
clairement que ces transferts améliorent les allocations de ressources dans les ménages les
plus pauvres et créent peu de désincitations au travail. Le contexte macroéconomique et
politique joue néanmoins un rôle crucial dans l’effectivité de ces transferts. Ces programmes
auront peu d’effet si la croissance économique est modeste ou inégalement distribuée et que
le contexte politique ne s’y prête pas.

- Emploi et participation au marché du travail

Les transferts sociaux, lorsqu’ils sont réguliers ont des impacts complexes sur l’allocation des
ressources des ménages et la participation au marché du travail. Les études reprises par l’OIT
montrent que, globalement, si la participation au marché du travail des seniors et des enfants
baisse, elle est plus que compensée par l’accroissement de l’emploi des adultes en âge de
travailler. De plus, ces transferts ont des effets positifs sur les probabilités d’emploi des 15-50
ans appartenant aux ménages bénéficiaires de ces prestations (3.2% plus grandes en Afrique
du Sud).

Ces transferts stimulent également le micro-entreprenariat et le petit commerce. Ils


permettent, lorsqu’ils sont bien conçus et leurs cibles bien identifiées, de réduire le chômage
et de minimiser les possibles désincitations. Enfin, les études montrent que les attitudes à
4
Notion non explicitée dans le rapport
l’égard de l’emploi changent parmi les membres des ménages bénéficiaires de ces transferts.
Ainsi, la participation aux programmes de formation et de réinsertion professionnelle a
augmenté de 30% en zone urbaine, parmi les bénéficiaires du programme Chile Solidario
(Chili Solidaire).

- Transferts sociaux et activités productives

Les transferts sociaux réguliers peuvent permettre de surmonter les barrières au crédit et aux
prêts des ménages les plus pauvres. Premièrement, leur régularité et leur sécurité
encouragent épargne et investissements à petite échelle (à condition que leur montant soit
adéquat). Dans un second temps, combinés à d’autres programmes sociaux, ils permettent
d’accéder au crédit. Ceci peut renforcer les activités de production de petite échelle et
l’emploi parmi les ménages bénéficiaires. Ces résultats sont confirmés par les études, autant
au Mexique (Procampo, destiné aux petits et moyens exploitants agricoles) qu’en Bolivie
(Bonosol, régime de pension) ou au Brésil (Previdência rural).

C. Support et stabilisation de la consommation

Par leur régularité et leur prédictibilité, ils assurent les ménages contre les imprévus et les
dangers. L’insécurité poussent les ménages les plus pauvres à n’opter que pour des cultures à
risques faibles et revenus faibles, à détenir peu d’actifs productifs et à retirer leurs enfants de
l’école en temps de crise. Les transferts sociaux peuvent contribuer à améliorer la sécurité
des ménages en stabilisant et protégeant leur consommation, ce qui permet à terme de lever
les barrières à l’investissement.

- Augmenter la consommation des ménages


Les études montrent que la consommation des ménages participant au programme
« familias en acción » en Colombie, a augmenté de 19.5% en zones urbaines. Les dépenses
alimentaires des familles bénéficiaires du « Bono de Desarrollo Humano » ont augmenté
de 25%. Les revenus des participants à l’Expanded Public Works Programme en Afrique
du Sud (destiné aux « ultra-pauvres ») ont augmenté de 63%. Deux ans après la mise en
place de Progresa au Mexique, l’indice volumétrique de pauvreté a baissé de 30%. Des
résultats similaires sont mis en évidence en Mongolie, au brésil, au Chili ou en Argentine.

- Protéger la consommation des ménages

La plupart des programmes de transferts sociaux sont à destination des personnes déjà
pauvres, ils ne peuvent donc prévenir la pauvreté autant que les régimes d’assurance sociale
le pourraient. Ils sont, en plus, très peu élastiques et adaptables aux situations de crises.
Néanmoins, des programmes de garanties d’emploi tels que le Maharastra Employment
Guarantee Scheme en Inde ont permis de réduire la malnutrition saisonnière et la sévérité
de la pauvreté parmi les bénéficiaires. Consolider l’aspect « assurance sociale » de ces
régimes de transferts est indispensable.

- Inégalités

Les transferts sociaux peuvent avoir un impact sur la réduction des inégalités parmi les plus
pauvres. Mais la faible ampleur de ces programmes (par rapport au produit national, par
exemple) et le faible niveau des prestations expliquent qu’ils n’aient qu’un impact très relatif
sur le niveau global des inégalités, bien que selon certaines études, des programmes de
transferts sociaux (notamment au Brésil – Bolsa Familia, voir annexe 3 – au Chili et au
Mexique) ont des impacts non-négligeables sur les inégalités au niveau national.

D. Faciliter la cohésion et l’inclusion sociale

Les dynamiques internes aux ménages, la communauté et les conditions sociales sont des
facteurs déterminants de l’effectivité et de l’impact des transferts sociaux. Inversement, ces
derniers peuvent avoir un impact sur l’inclusion et la cohésion sociale, et in fine sur le
renforcement et l’évolution des contrats sociaux existants.

- Renforcement de l’autonomie et Genre


L’étude du Challenging The frontiers of Poverty reduction/Targeting the Ultra Poor
au Bangladesh montre que ce programme marque une rupture avec les anciens modèles de
patronage dans ces sociétés. Les femmes « ultra pauvres » qui auparavant n’avaient aucun
accès aux services sociaux de leurs communautés ont dorénavant la possibilité de faire valoir
leurs droits. L’auto-estime, la confiance et le contrôle sur les ressources du ménage des
femmes participant à Progresa (Mexique) ont augmenté.

Les programmes de transferts sociaux ont aussi un impact sur la reconnaissance du statut
social et de la « dignité » des personnes âgées qui, grâce à leurs pensions, ne sont plus
considérées comme de simples fardeaux financiers et peuvent aussi participer aux dépenses
de la famille.

- Cohésion sociale

Le Challenging The Frontiers of Poverty Reduction/Targeting the Ultra Poor a permis


une amélioration de l’inclusion des personnes pauvres au sein de la communauté, une
réduction des risques et atteintes à leurs biens. Des études montrent qu’au Mexique, des
femmes bénéficiant du programme Progresa s’organisent collectivement contre la violence et
les abus dont elles sont victimes.
1. Accès aux soins de santé essentiels

Pays Thaïlande Ghana Mongolie

Program 3 programmes Un système national d’assurance sociale Un système d’assurance maladie existe (certaines
• Régime de santé publique pour (National Health Insurance Scheme - NHIS) catégories de population sont subventionnées afin d’y
mes les fonctionnaires subdivisé en trois grands types souscrire) et un ensemble de services de santé dont l’accès
• Assurance santé via le Social d’assurance : gratuit est financé par l’impôt
Health Insurance destiné aux • District Mutual Health Insurance ;
employés de l’économie ouvert à tous les résidents du district,
formelle financé par l’État
• Régime universel de soins de • Private Commercial Health
santé instauré en 2001 « UC Insurance Schemes : Régimes
scheme » « ou «30 bath privés d’assurance pouvant opérer sur
scheme » accès ouvert à tous les l’ensemble du territoire, ouverts à tous
thaïlandais n’étant pas couverts les résidents
par les autres régimes • Private Mutual Health Insurance
(travailleurs autonomes, etc.) Scheme : mutuelle de santé privée,
ouverte aux membres de certains
groupes spécifiques (clubs, églises,
etc.)
Spécificit • Approche « pluraliste » via le • Les plus pauvres, les personnes âges La loi a établit une assez longue liste de services de santé
développement coordonné de (70+) et les enfants mineurs des dont l’accès doit être gratuit et financé par l’État, parmi
é régimes spécifiques à certaines assurés sont couverts gratuitement lesquels : soins d’urgence, ambulances, tuberculose,
catégories de la population en • Les contributions sont d’environ 5$US cancer, maladies mentales, grossesse, naissances et soins
même temps qu’un régime par mois pour les employés de post-nataux.
universel l’économie informelle
• Diversification des sources de • Les employés de l’économie formelle
financements doivent être affiliés au NHIS, 2.5% de
• Coopération entre les différents leurs salaires sont prélevés comme
régimes pour la gestion des contribution au régime de protection-
systèmes d’information, des santé
standards de services et
installations de santé
• Maîtrise des coûts
Impact • 97% de la population couverte • 12,5 Millions de Ghanéen affiliés au 77.3 % de la population couverte
• 75% via le programme universel NHIS (61% de la population du pays).
• Selon la loi, 95% de tous les besoins
sanitaires essentiels et des problèmes
de santé ordinaires des Ghanéens
seraient couverts
Question • Le reste à charge représente une • La part du reste à charge dans les • Manque de coordination entre les différentes parties
part très élevée des dépenses de dépenses totales de santé reste prenantes (employeurs privés, secteurs publiques et
s en santé privées (74.8%) élevée (70%) professionnels de la santé
suspens • Vieillissement de la population et • Le déficit d’accès effectif aux services • Qualité des services critiquée
prise en charge des soins de de santé (lié au nombre de • Part du reste à charge très importante (33% dans les
longue durée peu anticipés professionnels de santé disponible) est dépenses totales de santé et 91.1% des dépenses
élevé, environ 66% privées)
• Qualité des services
2. Sécurité du revenu : vieillesse

Pays Afrique du Sud Namibie Brésil

Programme et • Old Age Grants • Régime non-contributif • « Previdência rural »


objectifs • À partir de 60 ans ouvert à tout Namibien • Objectif : réduire la pauvreté des
• Accès sous conditions de ressources de plus de 60 ans personnes âgées vivant en milieu rural
• Régime non-contributif Financé par • Aucune autre condition n’ayant pas accès aux régimes
l’impôt d’assurance sociale
- Éliminer la pauvreté chez les • Hommes (+60) et femmes (+55 ans)
personnes âgées pouvant démontrer plus de 15 ans
d’activité dans l’agriculture, la pêche,
etc.
• Régime non-contributif financé par
l’impôt
Ampleur • En 2008 : 2.2 millions de bénéficiaires • 95% des bénéficiaires • 7.5 millions de personnes couvertures
• Coût annuel : 1.7 Mds $US soit, 1.4% potentiels perçoivent leur • Régime couvrant : prestations de
PIB pension vieillesse, de survie, de handicap, de
• Ciblage des bénéficiaires en question : • Environ 30 Euros par maternité, de maladie et d’accidents
500 000 bénéficiaires potentiels ne mois professionnels
reçoivent pas ou n’ont pas accès aux • Coût annuel : 0.8% du PIB • Indexé sur le revenu minimum qui est
prestations d’environ 200 $US
• Coût représentant 1.5% du PIB du pays
Impacts • Réduction de la vulnérabilité des • Encourage le micro- • Réduction de 21% de l’incidence de
positifs5 ménages entreprenariat pauvreté dans le ménage
• Indice volumétrique de pauvreté • Stimule le petit • Seulement 0.4% des ménages
(poverty gap) serait de 2/3 plus commerce bénéficiaires vivent dans une extrême
important sans ce programme • Effet multiplicateur des pauvreté, 8.8% sont pauvres
• Les pensions aident l’ensemble de la revenus de pensions • Stimulation de l’activité économique
famille • Statut social des • Redistribution interrégionale des
• Statut social des personnes âgées et personnes âgées richesses (réduction au niveau national
des femmes vivant en milieu rural des inégalités de revenu)
• Participation démocratique accrue

5
Peu d’impacts négatifs significatifs ont été révélés par ces études, que ce soit en ce qui concerne les désincitations au travail ou les migrations professionnelles
3. Sécurité du revenu : Allocations familiales
Pays Brésil Mexique

Objectif Bolsa Familia (2003 - ) • Progresa (programme d’éducation, de Santé et d’Alimentation) lancé
• Objectifs : en 1997 destiné aux ménages les plus pauvres en milieu rural, devenu
s et
- Réduire la pauvreté et les inégalités Oportunidades en 2002 avec son élargissement aux milieux urbains
contenu o ciblage des familles les plus pauvres • Objectifs :
du - Briser la chaîne intergénérationnelle de transmission des - Réduction et prévention de la pauvreté
program inégalités - Formation professionnelle et support au micro-entreprenariat
o Transferts conditionnés au respect de certaines • Coût : 3.6 milliards $US (0.32% PIB) et 5 millions de familles couvertes
me exigences liées au développement humain
- Couvre 11.35 millions de familles (soit 47 millions de personnes –
14% de la population totale)
- Coût annuel : 5.5 milliards $US soit 0.3% PIB
Conditio 3 exigences : • Visites médicales régulières
• Se rendre aux visites pré et post-natales • Vaccinations des enfants
ns
• Suivre les programmes de nutrition et vaccination des enfants jusqu'à • Assiduité
l’âge de sept (07) ans
• S’assurer que le taux d’assiduité des enfants de 6 à 15 ans soit d’au
moins 85% (75% pour les 16-17)
Ciblage • Les ménages dont les revenus sont inférieurs à 60 R$ (27$US) • Beaucoup d’erreurs d’inclusion et d’exclusion
reçoivent le revenu de base fixé à 62 R$ qui peut être augmenté selon - 30% des « pauvres » reçoivent des prestations mais 36% des
et
le revenu et la composition du ménage, les autres familles (revenus bénéficiaires sont considérés comme « non-pauvres »
effectivi entre 60 et 120 réais) reçoivent certaines prestations (120 R$ • 80% des transferts sont destinés aux 40% les plus pauvres
té maximum)
• 80% des prestations sont versées aux familles vivant en dessous du
seuil de pauvreté (moitié du salaire minimum par tête)
• 7% des familles ont vu, en 2009, le versement de leurs prestations
bloqué le temps d’une enquête sur le respect des conditions
Impact • Entre 20 et 25% de la réduction de la pauvreté et 16% de celle de • Budget du programme représente à peine 0.5% des revenus totaux
l’extrême pauvreté observées au Brésil ces dernières années sont dus mais 21% de la réduction des inégalités
à ce programme • Impact positif sur la santé et la croissance des enfants d’un côté, la
• Les probabilités de non-scolarisation des enfants ou d’abandon des santé et la condition physique des adultes de l’autre
études pour les familles participant au programme sont réduites de • Taux de scolarisation en hausse de 5 à 8% pour les garçons et de 11 à
3.6 et 1.6% respectivement 14% pour les filles
• Aucun impact négatif significatif : • Résultats académiques en hausse de 10%
- La participation au marché du travail est supérieure de 2.6% dans • Réduction de 4 à 10% du travail des enfants de 8 à 17 ans
les familles bénéficiaires • Aucune preuve statistique de désincitations au travail
- Celle des femmes de 4.3%
- Cet écart est 8% entres familles appartenant au décile de plus
faible revenu
Questio • La part des « non-pauvres » parmi les bénéficiaires fait l’objet de • Augmentation de la scolarisation ne signifie pas nécessairement
débat, certaines études indiquant qu’elle serait passée de 21% en augmentation de l’assiduité
ns en
2004 à 45.1% en 2006 ; d’autres estimant que 94% des transferts sont
suspens destinés aux deux quintiles les plus pauvres de la population
4. Sécurité du revenu : Autres transferts en espèces

Pays Afrique du Sud Zambie (District de Kalomo)

Objectifs et Child Support Grant Kalomo District Pilot Cash Transfer Scheme) projet
- Financé par l’État, sans pilote expérimenté dans le district de Kalomo
contenu du conditions d’éligibilité • Objectifs :
programme - Objectif : Réduire la pauvreté - Réduction de l’extrême pauvreté, de la faim et de la
des enfants vivants dans les famine
ménages pauvres • Cibles : familles en dessous d’un seuil « critique » de
- Couvre 7.5 millions d’enfants pauvreté, plus particulièrement les ménages dirigés
âgés de 0à 14 ans par des personnes âgées et ceux comptant des
- Prestations : 190 rands (ZAR) orphelins et des enfants vulnérables
environ 20$US par mois versés • Financé par l’État sans autres conditions
aux personnes s’occupant de ces - 10$US versés chaque mois au chef de famille
enfants - 1027 ménages (3856 personnes) soit 100% des
- Coût annuel : 0.7% PIB personnes ciblées (20% des « pauvres »)
- Étendre ce programme à l’ensemble du pays
devrait coûter 10 millions $US soit 0.4% du
PIB, à peine 4% des flux d’aide internationale
reçus par le pays
Impact • Hausse de 8.1% des inscriptions • Scolarisation en hausse
des enfants de 6 ans (1.8% de ceux • Baisse de l’absentéisme de 16%
de 7 ans) • Proportion des foyers pouvant s’offrir trois repas/jour
• Investissement en capital humain, passée de 17.8 à 23.7
mais aussi économique et • Investissement dans le cheptel
financier : • Création de tontines
- Gains en nutrition, en croissance • Baisse de la dette des ménages
et en alimentation
- Le taux de rendement des
investissements en nutrition
estimé entre 160 et 230%
5. Sécurité du revenu : population en âge de travailler

Pays Inde Chili Bangladesh


Program • Indian National Rural Employment • Solidario • Challenging the Frontiers of
me et Guarantee Scheme (NREGS) Système intégré de réduction de la Poverty Reduction – Targeting the
objectifs - Régime de garantie d’emploi en pauvreté et d’ « éveil » à l’existence de Ultra-Poor
milieu rural services sociaux : - Programme multidimensionnel
• Objectifs : - Éradication de la pauvreté d’assistance sociale mené depuis
- créer des infrastructures solides, - Support aux ménages les plus pauvres 2002 par l’ONG BRAC avec le
- impulser un développement (subvention à l’éducation des enfants soutien du gouvernement et financé
économique en faveurs de pauvres et à l’approvisionnement en eau par Bangladesh Donor Consortium,
- changer les relations de pouvoir au potable et traitement des eaux usées) visant les populations rurales les
sein des communautés rurales en plus pauvres du pays
promouvant les droits des plus - Objectif : faire en sorte qu’à terme
démunis les participants puissent accéder
aux programmes de microcrédit
Contenu • Chaque ménage rural est autorisé à • Prestations limitées à 20 $US pendant • Transferts en espèces, accompagnés
et mise demander jusqu’à cent jours de travail cinq ans au maximum d’une formation technique, de soutiens
en payé par an sur des projets publics (au • 225.000 soit la totalité des ménages et conseils sociaux (violence
œuvre salaire agricole minimum officiel). Des ciblés domestiques, droit du mariage) et de
indemnités de chômage sont payées • Coût estimé à 0.02% du PIB la promotion de la santé
lorsque le travail n’est pas disponible. • Un soutien psycho-social est assuré • Coût par ménage estimé à 300 $US,
• Coût estimé6 : 11 milliards $US soit durant les six premiers mois 70000 ménages participants
1.5% du PIB (identification des besoins des ménages • 98% des participants avaient une
et objectifs à atteindre – santé, emploi, consommation alimentaire en dessous
revenus, éducation) du seuil de pauvreté
Impacts 7
• Peu de désincitations au travail8 • Effectivité de la fourniture et du ciblage • Baisse de la déficience alimentaire et
• La malnutrition saisonnière des jugés bons de la malnutrition des participants au
travailleurs est réduite de 50% chez • Participation accrue aux programmes de programme (de97 à 27%
ceux participant au programme formation ou de réinsertion en deux ans)
• Réduction de la variation des revenus professionnelle (+ 30% en zones • Accès accru au microcrédit
et de la pauvreté urbaines) • Création de revenus (pour 100$US
• Hausse de la scolarisation (4-6% en reçus en 2004, 200 $US d’actifs
maternelle, 7-9% pour les 6-15 ans) avaient été générés en 2005)
• Hausse des visites médicales de routine • Baisse de la vulnérabilité face aux
et des soins préventifs imprévus (grâce aux actifs et biens
accumulés)

6
Estimation du coût éventuel, une fois la mise en place terminée, à partir du coût actuel (2.5 milliards $US, soit 0.3% du PIB)
7
Peu d’impacts négatifs significatifs ont été révélés par ces études, que ce soit en ce qui concerne les désincitations au travail ou les migrations professionnelles
8
Conclusions basées sur une extrapolation des résultats d’un régime similaire qui sert de base à celui-ci, instauré dans l’état du Maharastra
Effets • Travaux publics réalisés plus utiles aux • Hausse du désir de participer au marché • Aucun effet négatif direct significatif
non- riches qu’aux pauvres du travail, sans effet sur l’emploi total
désirés • faible participation des femmes sans création d’opportunités de travail
et • Coûts administratifs élevés • Programme modeste, d’où le très faible
faiblesse • Efficacité et effectivité de la fourniture impact sur la réduction des inégalités
s du travail et des revenus
• Qualité et conditions de travail

6. Sécurité du revenu : travailleurs indépendants

Pays Argentine Chili Uruguay


Program Trois types de régimes : • Depuis une réforme du régime de • Trois régimes existent pour les travailleurs
me et indépendants
pension en 2008, les travailleurs
objectifs - Régime national général pour les - Régime général pour « unités
travailleurs indépendants indépendants sont peu à peu intégrés à économiques unipersonnelles »
(autónomos) : régime intégré de système à trois compartiments :
retraite couvrant les travailleurs de un régime obligatoire de pension
 Régime de pension par
plus de 18 ans, du secteur public, (volontaire auparavant), contribuant à répartition géré par la banque
privé ou indépendants, à prestations de prévoyance sociale
définies et géré par l’État leur régime de pension en remplissant
 Un régime par capitalisation
leur fiche d’impôts. géré par des entreprises privées
- Régime simplifié pour « petits  Un régime par capitalisation
contributeurs » (mono tributó) • Les travailleurs ne disposant pas de volontaire encadré par la loi
permettant aux travailleurs - Régime simplifié : établi en 2002 et
revenus déclarables (imposables)
indépendants d’accéder à un régime ciblant les très petites entreprises,
intégré et simplifié combinant impôts peuvent participer volontairement à ce permet aux travailleurs indépendants de
sur le revenu, TVA et contribution à un bénéficier de toutes les prestations
régime de pensions régime
sociales (sauf l’assurance chômage)
- Régimes pour diplômés des
universités
Au niveau régional, plusieurs fonds de
 régime à prestations définies
prévoyance sociale couvant les diplômés
couvrant la vieillesse, les
d’universités :
survivants et le handicap,
- Fonds apportant une couverture aux
contributeurs divisés en 10
professionnels non-couverts par les
catégories selon leurs « revenus
régimes nationaux (environ 76
estimés
professions concernées), environ
 Régime pour notaires
500.000 diplômés sont affiliés à ces
couvrant la retraire, les
régimes
obsèques et les arrêts-maladie,
entre autres.
Faiblesse • Accès aux allocations familiales et à la • Aucune faiblesse significative • Aucune faiblesse significative identifiée
s protection sanitaire non-couvert identifiée

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