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IEUNESSE TURQUE Par ABDUL-HAQ

Comme partout dans le monde en c€ moment, la Jeunesse Les confrériesfurent supprimées,mais elles ont résisté trans
turqu€ est divisée en deux groupes principaux : L une petlte la clandestinitéaux assautade l'anti-islamlsme. L'alphabetarabe
miJlorité presque athée et agissante; 2. l'lmmene€ majorlté fut aboli pour la langue turque, mals deux considératlonsont
croyante qui souffre de multiples difficultés pour vivre à ea voulu qu'on I'enseigne,de façon restrelnte, certes, aux Jeunes:
guise. pour pouvoir réciter le Coran, on autorlsaaux lmâms deg mos-
Baitue certes dans la première guerre mondiale,par sulte quées de l'enseignerà ceux qul le déslreralenti parml les unl'
do la défaite allemande,la Turqule est presque le seul pays versitaires,les étudiants de l'hlstolre turque et de la littéra-
musulmandans le monde qui n'ait pas été colonlsé par I'occl- turo turque étalent obligés de I'apprendrepour se servir des
dent chrélien démoralisant. documents de l'époque pré-latine. Dans les dernlèrer annéer
Après avolr enlevé à I'empire ottoman ses provinceg à malo- dr, ga vie. Kemal Atatirk avalt recommenc{ à ôcrlre les décl-
ritê chrétienne,comme I'Autriche-Hongrie, les Balkans,etc., la clonc eu:'les doselerr offlclell en caractàrei arabes. On n'est
croigade découvrit, il y a plus d'un siècle, un nouveau moyen pas sÛr de ce qu'il désirait, et ll mourut avant de décider quel-
pour faire une brèche dans le bloc solide de I'empireottoman que chose de nouveau à ce ProPos.
comporlant les régions musulmanes,Abusant de I'hospltallté f'ai appris d'une source diplomatlque que I'enseignement
et Bous le saint nom du service humanitaire, elle ouvrit par- religieux recommença en Turqule gur la recommandatlonamé-
tout des écoles dirigées par les mlsslonnalres.Dans les pro- ricatne. car on avait constaté quê le communlsme faisait des
vinees turcophones, on y inculqualt que la race turque est la conquêtes parmi la jeunesso qul ne recevait absolumentaucun
plus glorieusedu monde; dans les provincesarabes : la race enselgnement religieux dans les lycées et les unlversltés.
lrobc est la meilleure; on faisalt de même des races kurde, Mais d'autres faits sont plus connus.
berbère. persane et ainsi de suite. Quel peuple ne seralt Pour gagner des voteg. comme ll parait, le défunt partl
llstlé pâr de tels complimentsvenant des étrangera ? Au début démocrate (d'Adnan Menderes) avalt promls I'enseignement
on ne s'aperçut pas du mal. Mals le Jour où un Indlvldu se ieligieux dans les écoles. Venu au pouvolr, le présidentde la
cru: d'abord un membrede telle race et ensuiteun mugulman, Républlque. Celal Bayar (prononçez : Dialâl Bâyâr) héslta. ll
il perdrt le droit de gouverner même les coréligionnalresd'une voulut 6'en débarraaser,tout en gardant la bonne grâce auprès
aulre race. C'était là d'ailleure l'idole que l'lslam étalt vonu des électeurs. Le gouvernementeut recours à un référendum
bri8.r -. car appartenir à une race, peu importê llnguistiqug, auprès des parents d'élàverj et I'on croyalt que les grandes
ethnique.chromatiqueou géographique,n'est qu'une fatalité vlltes - évoluées r, coftltl€ lstanbul et Ankara voteralent
où l indrvrdun'a aucun choix, et où sa race ne dépassolamals contre la rélntroductlon de la religion dans les programmeg
une poignée d'humanité - pour enseigner une autre notlon scolalres. Mais quand envlron 90 % à letanbul et 95 /6 à
olur noble de solidarité et de cohésion. où non seulement châ- Ankara votèrent pour I'instruction relilgeuse, le gouvernement
cun a lc faculté du choix et de I'autodleposltion,mals qul est ne put plus se dérober. D'abord les écoles primalres, plus
cn même temps capable d'englober la totalité des humalns. tard les écoles secondaires ont inclu cà suJet dans leurs pro-
ll c.'ngitde la . nationalité' basée sur l'ldéologtecommune, grammes. Au début, il y ovait évldemment des abus par
ou-dessusde la communautéde la langue,de la couleur,de la manquetotal de cadres.
oeau, du lieu de naissance. Un autre fait bien provldentlel : un Jour les lournaux publlè-
Le piège était mortel. Seuls en ont réchappé: l. les esprits rent une petite nouvelle que dans tel vlllaqe' on dut enterrer
trèr rêfléchis dans les pays à majorité musulmane; 2. les un mort sans I'office funéraire (salât al'dlanâza), parce que
Mugulmansdes pays à majorité non-musulmane. personnedans le village ne savait diriger cette cérémonlerell-
gleuse.[.'opinionpubliquese révolta'Le gouvernementautorlss
NOUVELLETURQUIE
àlors l'établissementà lstanbul d'un lycée pour la formation
La défaite de la Turquie dans la première guerre mondlale des lmâms et des khatibs.Ce fut d'abord au nlveau du seeon-
onlrainâ.comme on le sait, la séparationdes provlnces non- daire, puls on y alouta un Institut d'études supérieureslsla-
lurques Mais la Turquie devenant purement turc ne pouvait mlques,décernantles diplômes de llcence. Cet enselgnement
pns oublier le fait tragique que les coreligionnairesnon-turcs a une grande attraction et le nlveau va de plus en plus crols-
avaren!collaboréavec I'ennemi.Ce furent malheureusement lâs sant. On y compte des milliers d'élèves.A part ces Instltuts'
Ârrbe* La haine anti-arabe.futfacllementtransformée,per I'universitéd'Ankara a toute une facultê de tholoqie lslamlque,
. .mlt - de la Ïurquie, en quelquechose d'anti-lslamique. et elle est même fréquentée par des Jeunes fllles' -A I'unlver-
Plusreursfaits ont contribuéen ce sens. Certalnsdes mlnls- slté d'lstanbulon so contente d'un Institut de recherchelsla-
tr?B les plus écoutésdu chef de I'Etat étaient des non-Musul- mique comme partle de la faculté dee lettres et des sciences
nranr (dont les ancêtresavaient adoptés les nomg lslamlques, humaineg mals ses cours attirent les étudlants de toutes les
porrr ôblenir des postes de responsabilitédans I'admlnlstra- 'rcultés.
lron. mais qui avaient gardé leur ancienne religlon dans ls Pendant longtemps, il n'y eut qu'un dlrecteur des affalree
fanrrlle)On attribuala défaite de ^laTurquie à son orlentallté: rellgieuses et de habous (Evkâf, en turc), dépendant du pre-
rl foul s'occidentaliserpour ètre aussi évolué quo I'Occldent. mier mlnistre. maie depuis 1966, ll y a un mlnlstre dans le
On abolit I'alphabetarabe, et du mème coup tout I'héritage cabinet. Cette administratlona publlé un nombre consldé-
mrllènairefut perdu, et il fallait recommencer.On montra les rable d'ouvraclesreligleux, la traduction du Coran, des ouvrage.s
bicnfartsde la tolérancereligieuseet on abollt I'enselgnement du Hadith.etc.
relrqieux des écoles étatiqu6s. La suppresslon des écoles Malqré l'interdictlon formelle, la Turqulê êst actuellemont
prrvées vint sans coup férir. Sous le prétexte qu'elles retar- inondée de missionnaireschrétleng'qul vlennent comme tou-
darent la modernisation,les confrériesspirituellesfurent éga- ristes et importent clandestinement'la littérature chrétlenne'
lement fermées. On voit ainsi que les adeptes d'Abou-Dlahl Jusqu'à maintenant,ll y a plutôt la converslon de certalns
e: d Abou-Lahabdans les pays arabes ne sont pas tout à fait touristes européens à l'lslam. Un pasteur françab a raconté à'
rnnocentsde cette détériorationislamique en Turqule. Mals un de mês amls, qu'll a passé, avec touto ea famtlle (6 per'
otrtrhons le passé et songeons à réparer le tort sublt, car sonnes),plusieursmols das les vlllages d'Anaiolie' En vacan'
Dreu merci, tout n'est pas irrémédiablement perdu. (Suite Page 13)

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JEUNESSETURroE
ees, Bè3 deux Slieo porùalentdes .shorte. Dans un vllfage, on
a ôrachâ sur elfe6. Interv€nant dane la cônversation; la mèro
Co famifle alouta : on noug a donné une bonne leçon, nous
qui étions les repréoentants de la rellglon chréiieme. Un . lour:
nol'ste j'amérlcaln rne posa ud Jour.â fstanbul la quesfion I
. Pourquoi les Turcg n'embrassent-llspas le Chrlstlanlgme? ,
A cette question toute américalne,ma réponse spontanée.fut :
. ll faut naftre chrètien pour apprendre dès I'enfance certaines
croyances ; plirs tard, c'est difficlle pour Un étrangef. ' .

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