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Réseau Musicologie médiévale

http://gregorian-chant.ning.com/forum/topics/les-syllabes-hypermetriques

Les syllabes hypermétriques dans les hymnes


• Publié par Dominique Crochu le 7 Janvier 2010 à 17 47
Un décret de la Sacrée Congrégation des Rites autorise la suppression des syllabes "hypermétriques" pour
"sauvegarder le rythme musical" pour le chant des hymnes...
Qu'en penser?
Etait-ce une pratique médiévale?
Voici le texte en question:
http://books.google.fr/books?id=eg3HCEqhV-8C&pg=PA178&lpg=P...

D'après la dizaine d'hymnaires que j'ai consultés, les syllabes hypermétriques sont notées (je parle des hymnes
iambiques).

Per malien Réponse de Ricossa le 9 Janvier 2010 à 6 08

ce qui ne dit pas si et comment elles étaient chantées

Per malien Réponse de Dominique Crochu le 9 Janvier 2010 à 19 21

Affaire à suivre, donc

Per malien Réponse de Ricossa le 9 Janvier 2010 à 20 23

pour ma part je suis convaincu que les syllabes «hypermétriques» devraient être élidées aussi dans les antiennes
(les metrici cantus de Guido)

Per malien Réponse de Dominique Crochu le 13 Janvier 2010 à 20 40

Intéressant....Des exemples?

Per malien Réponse de Ricossa le 14 Janvier 2010 à 6 06

Un exemple parmi tant d'autres, l'antienne Ecce iam venit (veniet). Si on lit le texte de manière rythmique, on
obtient le schéma suivant :
qui est confirmé par les neumes, sauf pour le mot «filius». Les hésitations dans la transmission de ce mot dont
témoigne la mauvaise transcription de l'AM (p. 213) qui ne tient pas compte du «levare» sur la première note, me
font proposer la transcription suivante :

Dans l'antiphonaire ROM de St Pierre on a plusieurs cas, comme l'antienne Filii hominum, qui a trois notes sur Filii
lorsque l'antienne est notée en entier au folio 178, mais deux seulement dans l'incipit du folio 32.
Au folio 37 on a «veniet» bi-syllabique (ligne 5), et mirabilium en quatre syllabes (161v) et les exemples pourraient
encore se multiplier.
J'ajoute le répertoire des Laude qui, entre Cortona et Firenze, notent tantôt oui et tantôt non ces syllabes dites
faussement hypermétriques (car la métrique les prévoit justement comme devant être élidées !). Lisez n'importe
quel texte de Virgile, et vous y trouverez des tonnes de syllabes à élider, parfaitement logées dans le flux
métrique. Je ne vois pas comment des poètes médiévaux, parfaitement capables d'écrire des textes en poésie
métrique et rythmique scanderaient leurs textes différemment selon qu'ils les lisent ou qu'ils les chantent. Le
problème vient de l'usage moderne de lire la poésie latine ecclésiastique comme si elle était en prose.
Pourquoi on note ces syllabes alors ? Par souci de précision, comme on écrit des lettres qui ne se prononcent pas
(essayez de prononcer toutes les lettres d'un texte français!)

PS J'ai oublié le bécarre probable sur «filius» ! Veuillez m'en excuser

Per malien Réponse de Dominique Crochu le 14 Janvier 2010 à 20 26

Intéressant!
Merci.

Quelques petis détails concernant cette transcription...


à "in QUO misit" : une seule note, sol (dom Saulnier met un la dans son antiphonaire..et l'unisson sur DO à
"Filium".). et à "JAM" un cephalicus, donc avec un la en liquescence ....diminutive. Ce qui laisse supposer une
grande souplesse dans l'application des règles: transcrivant une note qui ne devrait pas être chantée et "liquéfiant"
une note qui devrait l'être (cf l'Ant suivante dans AM Haurietis aquas, de même facture globale...).
Par contre, plus de consensus en ce qui concerne les valeurs des notes dans les Hymnes du type UT queant
laxis....
Per malien Réponse de Ricossa le 15 Janvier 2010 à 5 39

sur «quo» n'y a-t-il pas un pes ? (je n'ai pas vérifié, mais c'est ce que j'avais copié dans mon antiphonaire)
La liquescence sur «Iam» est évidemment là, mais je ne l'ai pas transcrite pour faire plus vite. Prenez simplement
la deuxième note et faites-la plus petite ! Vous savez bien que le cephalicus peut être soit rapide soit lent et que la
notation de St Gall ne le précise que rarement.
Quant aux hymnes du type Un queant, ce sont des saphiques, dont la structure métrique avait, dès l'antiquité, un
caractère très lyrique du fait de la régularité des vers et de la place des accents. On en a fait au moyen-âge des
vers rythmiques avec le schéma :

/ . . / / . . . . / /
/ . . / / . . . . / /

/ . . / / . . . . / /

/ . . / /

Per malien Réponse de Dominique Crochu le 15 Janvier 2010 à 21 32

Ricossa a dit :
sur «quo» n'y a-t-il pas un pes ? (je n'ai pas vérifié, mais c'est ce que j'avais copié dans mon antiphonaire)

Non, pas de pes à "quo", juste une virga, d'ailleurs surmontée d'un "mediocriter" , suivie d'une clinis plus un
sursum, dans Quedlinburg (14v), donc forte présomption pour (SOL)-(LA SOL).

Per malien Réponse de Ricossa le 16 Janvier 2010 à 5 30

bien, ce qui ne change rien à mon discours

Per malien Réponse de Dominique Crochu le 17 Janvier 2010 à 18 12

Ce n'était pas mon intention

Per malien Réponse de Etienne STOFFEL le 22 Janvier 2010 à 17 10

Ricossa a dit :
Quant aux hymnes du type Un queant, ce sont des saphiques, dont la structure métrique avait, dès l'antiquité, un
caractère très lyrique du fait de la régularité des vers et de la place des accents. On en a fait au moyen-âge des
vers rythmiques avec le schéma ... / ... :

Si je peux me permettre, ça serait intéressant, pour les très mauvais latinistes comme moi (surtout en métrique),
de proposer quelques exemples correctement rythmés de quelques premières strophes d'hymnes, non seulement
ut queant mais quelques autres souvent chantées. Ça permettrait de les chanter avec le bon rythme tout en
évitant de faire des contresens ...

Excusez-moi de faire une digression hors sujet et un peu polémique, mais vraiment, ça me démange !!!
A défaut d'avoir une réponse solide à la question de savoir si la suppression des syllabes dites "hypermétriques"
dans le chant des hymnes était ou non une pratique médiévale, je peux au moins me réjouir que la Sacrée
Congrégation des Rites ne se mêle plus de légiférer sur ces questions, car là-bas, il n'y a pas grand monde qui s'y
connaisse assez. Or quant on voit - par exemple dans les milieux tradis, qui sont actuellement les plus nombreux
à chanter en latin - des clercs imposer leurs conceptions musicales et l'accompagnement du grégorien au nom
d'un pouvoir pastoral - il est à espérer qu'on ne reverra pas de sitôt un décret nous dire de quelle manière il faut
chanter (ou ne pas chanter) ...
L'époque que nous vivons a beaucoup de défauts, mais elle a au moins un avantage : l'information et la
compétence peuvent circuler facilement, comme dans ce forum.

Per malien Réponse de Ricossa le 22 Janvier 2010 à 19 48

je souscris, et c'est là peut-être le seul côté positif de la situation

Per malien Réponse de Dominique Crochu le 22 Janvier 2010 à 20 38

Ricossa a dit :
je souscris, et c'est là peut-être le seul côté positif de la situation

Tout à fait! Ceci étant dit, les transcriptions des mss (même en notation aquitaine...) me laissent quand même un
peu perplexe ...

Per malien Réponse de Martin Morard le 27 Janvier 2010 à 16 26

Dans l'hymnaire de la liturgie dominicaine ("prototype"), copié dans les années 1254/60, les syllabes élidées du
Veni creator ont fait l'objet d'un traitement spécial :
Dexterae Dei est élidé dans le texte et ne pose pas de problème d'exécution.
En revanche pour INFUNDE AMOREM CORDIBUS la notation a été précisée en interligne (d'ailleurs sans portée)
pour chaque syllabe. On peut donc savoir comment se faisait l'exécution, au moins dans certains cas, tardif je
veux bien.
En l'occurrence la pratique n'est pas systématique : tantôt on élide, tantôt on chante chaque syllade en
aménageant la mélodie par la répétition de notes : DO DO SOL au lieu de DO SOL et LA-DO DO RE-DO... au lieu
de LA DO RE-DO...
Quant aux agacements suscités par les directives romaines, c'est bien un réflexe modern(iste) ! LOL Je le partage
mais l'historien doit comprendre la logique de chaque époque. Vous aurez remarqué que Rome n'impose rien et,
en l'occurence, laisse le choix. Loin d'imposer une interprétation, la commission rejette toute interprétation stricte
et rigoureuse.
Per malien Réponse de Dominique Crochu le 27 Janvier 2010 à 18 16

Merci beaucoup, surtout de la part d'un antiphonaire.... dominicain.


C'est vraiment significatif de voir le notateur ajouter des notes sur le passage hypermétrique "infunde amorem"...
révélant, au moins dans certains cas, une pratique positive!

Per malien Réponse de Ricossa le 28 Janvier 2010 à 6 02

ça ne dit pas encore comment on le chante. On peut très bien préserver le rythme. Ici d'ailleurs on dirait que les
deux premières notes sont à l'unisson en haut et que sur amorem il y a un pes. Voici par exemple une
interprétation possible:

Pièces jointes:
 infunde.mp3, 270 KB

Dominique Crochu a dit :


Ricossa a dit :
sur «quo» n'y a-t-il pas un pes ? (je n'ai pas vérifié, mais c'est ce que j'avais copié dans mon
antiphonaire)
Non, pas de pes à "quo", juste une virga, d'ailleurs surmontée d'un "mediocriter" , suivie d'une clinis plus
un sursum, dans Quedlinburg (14v), donc forte présomption pour (SOL)-(LA SOL).

En effet, j'avais ça aussi sur mon antiphonaire (aië, quand on cite de mémoire !). En revanche, MR a un pes, alors
on est quitte :-)

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