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légor Reznikoff
Université Paris Ouest Nanterre La Defrnse
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1 I. Reznikott, «Le Chant des Gaules sous les Carolingiens», dans M. Sot (dirj, HautMayenÂge,
culture, éducotion et société. Études offertes à Pierre Riché, Nanterre, Publidix, 1990,
p. 3 23-341.
2 Amalaire de Metz, Prolagus de ordine antiphonarii, 3 et 5, éd. J. Hanssens,AmalariiEpiscapi
Opera Liturgico Omnio, Cittâ del Vaticano, Biblioteca apostolica vaticana, cou. « Studi e
Testi e, 130-140,1948,3 vol., t. I, p. 361.
3 I. Reznikoff, <t Le chant grégorien et le chant des Gaules t>, dans D. Buschinger, A. Crépin (dir.),
Musique, littérature et société au Moyen Âge, Paris, Champion, 1981, p. 75-84 et id.,
«Transmission orale, transmission écrite: le chant chrétien antique e, Vivre et transmettre la
tradition, Connaissance des Religions, 69-70, Paris, 2003, p. 191-210.
4 Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, V, 29, éd. et trad. M. Casevitz, Paris, Les Belles
Lettres, 1972.
5 Ibid.,V,~i.
6 Jules César, Lo Guerre des Gaules,Vl, itt, trad. M. Rat, Paris, Garnier Flammarion, 1964.
~ M. Dillon, N. K. Chadwick, Les Royaumes celtiques, trad. de Ch.-l. Guyonvarc’h, Paris, Fayard,
1974; J. Markale, Les Grands bardes gallois, Paris, Falaize, 1956.
instant, au milieu de la nuit, la communauté des fidèles réunie emplit l’église E...]
alors ont éclaté des choeurs en langues différentes »~. Les femmes, naturellement,
chantent tout aussi bien ; ainsi, autour de sainte Radegonde « les religieuses se
rassemblèrent avec un grand choeur de chanteuses »~° ou à Faremoutiers11, comme
toutes les soeurs des monastères ; sainte Geneviève, revenant d’Arcis-sur-Aube
avec les barques chargées de grains, chante au rythme des rameurs pour apaiser la
tempête selon sa première Vita. Au vIe siècle, Grégoire de Tours témoigne d’une
1f~j4~vitalité du chant u~t.-~u marquabl~ ; il y a dans l’Histoire des Francs plus de j
soixante occurrences de termes musicaux ou de chants, dont certaines dans des
passages remarquables. En 584, le roi Gontran est accueilli à Orléans par les
louanges de tout le peuple Syriens, juifs, Latins ; plus tard, au cours du repas,
z
Gontran ordonne a Gregoire de faire chanter un de ses diacres puis il demande C’
à tous les évêquesprésents occasion pour eux de se réhabiliter de chanter u de
faire chanter leur diacre c’est aussi un témoignage sur le chant soliste ; à la suite
de quoi, le roi demande à ces évêques de prier pour son fils Childebertl2.
richesse de cette tradition des Gaules est due, justement, à la liberté de création
qu’elle accorde. Nous avons vu, par exemple, que, dès le xv~ siècle, apparaissent
dans le chant liturgique des textes relatifs à la vie des saints. La liturgie de Rome
.1~ - -. - -
~ 20 L auteur du present article est specialiste des questions d echos et de resonance (voir note
Ï—_
21 Amalaire, Liberde Ordine antiphonarii, 57,2 et 58, 2,J. Hanssens, 3, éd. cit., p. 94,99 voir
aussi I. Reznikoff, « Le Chant des Gaules », art. cit., p. 335.
22 melodiae artis magistros, MGH, Epist. V, p. 307-309 voir aussi I. Reznikoff, « Le Chant des
Gaules », art. cit., p. 339.
23 C. Vogel, « Saint Chrodegang et les débuts de la romanisation du culte en pays franc», dans
Saint Chrodegang, colloque tenu à Metz à l’occasion du douzième centenaire de sa mort,
Metz, Le Lorrain, 1967, p. 104.
ÉLÉMENTS DE COMPARAISON
Dans les comparaisons des chants des Gaules avec ceux de Rome, sur
les manuscrits du Ixc au xw siècle mais ceux de Rome sont du xIc et du
xnc siècle24 — on peut classer les chants en quatre catégories principales: r) les
chants identiques de texte et de musique, 2) les chants identiques de texte et
616 apparentés musicalement, 3) ceux identiques de texte mais tout—à--fait différents
musicalement, 4) les chants différents de texte et différents musicalement.
Dans la première catégorie, il n’y a que les chants des manuscrits carolingiens
des Gaules franques qui figurent tels quels dans les manuscrits romains ; il
y en a peu et c’est, sans doute, un emprunt tardif. En revanche, la situation
inverse n’existe pas : il n)’ a jamais un chant de style proprement romain dans les
manuscrits du Nord, carolingiens ou postérieurs. Il y a à cela deux explications
premièrement, les Carolingiens voulaient unifier la liturgie ; faire figurer des
~,, ~w-a-~’ chants différents aurait créé une confusion ; le style musical est le leur, c’est celui
~ qu’a adopté le Palais impérial et qui sera dit romain au sens général d’occidental;
en dehors des questions d’ordre liturgique, les réformateurs ne s’intéressent
pas au chant de Rome. Deuxièmement, il n’y avait alors aucune notation du
chant romain. Les manuscrits notés romains sont beaucoup plus tardifs que les
manuscrits carolingiens 25~
La catégorie z) est la plus représentée, c’est le résultat de l’unification de l’ordo
et d’une parenté modale (Un chant musicalement est d’abord défini par un
mode.), parenté que nous précisons plus loin.
Ce sont les catégories 3) et 4) qui nous intéressent surtout et qui vont nous
permettre de repérer les chants issus de la tradition des Gaules. Il est clair, les
26 Respectivement la Troisième lettre à Bassulo Xl, 6 et 9; XI, 15 et XI, 21, éd.]. Fontaine, Paris,
SC, 133,1967, P. 336,338,342 et 344. Ces chants se trouvent dans les manuscrits aquitains,
par exemple dans le manuscrit de Paris, BnF~ lat. 776.
27 MGH, EE, 3, p. 330.