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Taire, mentir, simuler, dissimuler...

un long héritage, Jean-Pierre Cavaillé

INTRODUCTION

➔ Chez les Lumières, opposition de dogmes moraux autour du secret, et la protection de l'individu et de sa vie
privée, un droit civique fondamental.

« Le secret est néfaste" La vie privée, un droit civique fondamental


- transparence toujours préférable au secret - la transparence se heurte à des zones de secrets
- illégitimité déclarée du mensonge politique légitimes.
- obstacle majeur de la démocratie - crainte et rejet de la surveillance de l'Etat
- pathologie associée aux non-dit (S. Tisseron)
- éthique de la sincérité et de l'authenticité
- confusion actuel entre secret et mensonge

➔ Rapport du mensonge au secret.


- fermement rejeté car viole le droit à la vérité
- pratique usuelle du mensonge dans de nombreux domaines (politique, commerce, médias...)
- confusion entre taire (s'abstenir de dire), dire à demi-mot ( dire sans être explicite) et mentir (dire volontairement
une vérité modifiée).
- le mensonge en plein jour : expression employée par Hannah Arendt dans son texte sur le mensonge totalitaire
« Du mensonge à la violence ». Cette expression admet un mensonge décomplexé, prononcé devant tous, pour faire
croire à une apothéose du principe de transparence.

Nobles mensonges, belles tromperies et simulations utiles


➔ Selon Platon, le mensonge est nécessaire à la guerre, il est un remède à l'égard de nos amis.
➔ Selon J. Chrysostome, une tromperie faite dans une pensée droite présente de nombreux avantages. Le
mensonge est utile aussi en temps de paix, au sein de l’État mais aussi au sein de la famille.
➔ Dans l’Église d'orient, Jérôme dit « il n'est pas surprenant que des hommes justes et vertueux aient usent de
simulation, pour leur salut et celui des autres, puisque Notre Seigneur lui-même a voulu porter l'apparence du
péché ». Dans ce cas, le mensonge utilisé dans de bonnes fins est convenable, parfois louable.

Prohibition inconditionnelle du mensonge, équivoque et restrictions mentales


➔ Le mensonge consiste à parler contre sa pensée, dans le but de tromper. Augustin contredit Jérôme : Il n'y a
pas de bons mensonges, en aucune situation, pour aucune fin, aussi louable soit-elle. L'homme pieux ne doit
avoir en aucun cas recours au mensonge, mais utiliser s'il n'a pas le choix des « expressions équivoques ».

Droit à la vérité et mensonge innocent


➔ Distinction entre simulation et dissimulation :
simulation = feindre l'existence d'une chose qui n'existe pas, mensonge par l'acte
dissimulation = maintenir une chose secrète en faisant comme si elle n'existait pas
➔ Luther ( Commentaire sur la Genèse) nie que le mensonge prononcé pour le salut en est vraiment un.
Nouvelle définition du mensonge : duplicité de l'âme et volonté vicieuse de tromperie (ex : mensonge au
malade, au soldat)
➔ Le mensonge fait au malade ou au soldat par son supérieur sur leur situation, le but étant de leur fait garder
courage n'est pas « mauvais ». Dans le cas de l'armée, un supérieur peut mentir quelque en soit la raison, sa
hiérarchie le lui autorise, c'est un droit éminent. Il en va de même pour les mensonges politiques ayant pour but
de protéger, s'il va à l'avantage du public.
➔ Pufendorf affirme que ainsi, « mieux vaut-il dire à celui à qui nous parlons, ce qui lui procurera du bien, ou du
moins ne lui fera pas de mal. »

Les Lumières : une éthique de la véracité, de la sincérité, et de la transparence


➔ La thèse de Kant s'oppose catégoriquement à celle de Benjamin Constant qui affirme que « la vérité n'est un
devoirs qu'envers ceux qui méritent la vérité, et que nul homme a le droit à la vérité qui nuit à autrui ». Il
affirme donc un devoir inconditionnel de vérité, quel que soit l'interlocuteur, y compris celui qui veut tuer votre
père.
➔ Rousseau qui veut faire triompher l'éthique de la sincérité et de la transparence, désigne la dissimulation
comme un défaut psychologique ou moral. Il admet néanmoins, contrairement à Kant l'existence de mensonge
innocent ( il raconte dans Rêveries du promeneur solitaire, avoir menti au sujet de sa main écrasé, pour protéger l'ouvrier
qui l'avait blessé sans le vouloir).

Adopter une perspective « extra-morale », mais néanmoins éthique


➔ « Le combat contre le mensonge politique est inséparable des idées républicaines modernes, (…) d'une éthique de sincérité
et de véracité, rejetant avec horreur les relations sociales fondées sur le secret.
➔ Des études contemporaines de psychologie démontre que la tromperie passive est bien plus utilisée que le mensonge pur et
simple.
➔ Nietzsche considère que la tromperie et autres mensonges constituent le premier moyen par lequel l'animal humain e
distingue et conçoit la société, il parle de « l'obligation à mentir ».

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