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30/11/2023 11:58 A-t-on le droit de se taire quand on connaît la vérité ?

- SAMABAC

A-t-on le droit de se taire quand on connaît la vérité ?


5 mai 2020

A-t-on le droit de se taire quand on connaît la vérité ?

Analyse du sujet
Les mots du sujet
Se taire, c’est évidemment ne pas dire. Connaître la vérité, c’est savoir. Se taire quand on connaît la
vérité constitue ce qu’on appelle en morale le mensonge par omission. Il s’agit donc de s’interroger
sur un cas particulier de mensonge.

Le sens du problème
La question posée est celle du « droit » c’est à dire de la légitimité. Est-il légitime de mentir par
omission ? Est-ce moral, sinon toujours au moins parfois ? La question est donc de savoir s’il y a
vraiment un devoir de vérité (et en ce cas il est sans exception car tout devoir est absolu) ou si, au
contraire, il est parfois moral de ne pas dire. La question est celle de la véracité. Faut-il toujours être
vérace ou a-t-on parfois le droit de s’abstenir et alors quand ce droit existe-t-il ?

Présupposé de la question
Ici il n’y en a pas.

Réponse spontanée
Le mensonge par omission est un mensonge. Spontanément nous le condamnons. La réponse
spontanée est donc négative.

Plan rédigé
Introduction.
Toute une tradition fait de la vérité un devoir : le christianisme considère que tout mensonge, y
compris celui par omission, est un pêché. Quant au philosophe, n’est-il pas celui qui aime et se doit
d’enseigner (donc de dire) la vérité ? Pourtant, en même temps, il nous arrive d’affirmer que toute
vérité n’est pas bonne à dire et il existe des circonstances où je sais pertinemment que dire la vérité
nuira à autrui. Que faut-il alors en penser : Y a-t-il un devoir absolu de vérité ou est-il parfois moral de
taire ce qu’on sait ? L’enjeu de cette question est celui de nos devoirs envers autrui, s’il est vrai que la
parole est un acte social. Il est clair qu’il existe des circonstances où ne pas dire la vérité est une
lâcheté mais faut-il en conclure que la véracité est un devoir c’est à dire un impératif universel ? Si on
peut légitimer le mensonge par omission, alors en quelles circonstances et selon quels critères est-
ce possible et quelles en sont les conséquences sur la morale ?

I Le devoir de vérité.
1) Il est des vérités qu’on n’a pas le droit de taire.

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Il existe des vérités pour lesquelles ce serait une faute que de se taire. Comment appelle-t-on la vertu
qui consiste à dire la vérité quand on la connaît ? André Comte-Sponville l’appelle la bonne foi.
L’homme de bonne foi dit ce qu’il pense être vrai (à tort ou à raison) et pense vrai ce qu’il dit. C’est
l’homme sincère.
Or, on oppose ordinairement la sincérité à l’hypocrisie et au mensonge, termes qui ont une
connotation négative au plan moral. S’il est vrai que la philosophie est l’amour de la vérité, cette
vertu semble être la vertu philosophique par excellence.
Il est clair qu’il est des cas où ne pas dire la vérité est une lâcheté et la dire une forme de courage.
C’est ce que souligne Sartre. Présentant la revue Les Temps Modernes, Sartre souligne le devoir de
vérité de l’écrivain qui se doit de dénoncer tout scandale qu’il connaît au point que le silence est une
sorte de complicité du crime : » L’écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des
retentissements. Chaque silence aussi. Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la
répression qui suivit la Commune parce qu’ils n’ont pas écrit une ligne pour l’empêcher. Ce n’était
pas leur affaire dira-t-on ? Mais le procès de Calas, était-ce l’affaire de Voltaire ? La condamnation de
Dreyfus, était-ce l’affaire de Zola ? L’administration du Congo, était-ce l’affaire de Gide ? Chacun de
ces auteurs, en une circonstance particulière de sa vie, a mesuré sa responsabilité d’écrivain. »
(Situations, II) Ainsi, la responsabilité de l’écrivain est de dire la vérité quand il la connaît.
Dans bien des circonstances, nous reprochons aux hommes d’avoir tu quand ils savaient. Quand les
responsables d’EDF ont tu la vérité sur le nuage radioactif issu de l’accident de Tchernobyl survolant
le territoire français, nous avons crié au scandale. Le mensonge d’État (fût-il par omission) nous
révolte et quand la vérité éclate notre conscience morale est heurtée par tout ce qu’on nous a caché.
Nous attendons de nos dirigeants qu’ils nous disent la vérité même, et surtout, si elle n’est pas
« bonne à entendre ». Il nous semble ici que le proverbe ment : toute vérité est bonne à dire si notre
vie ou l’exercice de notre citoyenneté sont en cause. Il y va de l’exercice de la démocratie.
De même, il nous semble y avoir un devoir de vérité en histoire. Celui qui a vécu les drames de
l’histoire se doit de témoigner par respect envers les victimes. Quant aux témoins dans un procès, il
est de leur devoir de dire toute la vérité. De la personne qui sait pertinemment que l’enfant de son
voisin est battu et qui n’alerte personne, on dira qu’elle est coupable de non-assistance à personne
en danger. Les exemples abondent.
Il y a donc bien des vérités qu’on n’a pas le droit de taire. Mais faut-il en conclure que ce serait le cas
de quelques vérités (mais alors lesquelles ? Selon quels critères les déterminer ?) ou notre devoir de
dire est-il universel ? Du reste un devoir est universel ou n’est pas. C’est en tout cas ce que pense
Kant.

2) Le devoir de vérité est absolu.


Dans l’opuscule Sur un prétendu droit de mentir par humanité, Kant défend l’universalité du devoir
de vérité.
Il part de l’examen d’un exemple extrême, mais c’est justement son caractère extrême qui le rend
exemplaire. Supposons que quelque criminel me somme de dire quelque chose qui met ma vie ou
celle d’un autre en danger. Par exemple il me force à avouer où se cache mon ami pour le tuer. Ai-je le
droit de me taire (voire de mentir) ou dois-je quand même dire la vérité ?
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Kant répond que la véracité dans ses déclarations est un devoir absolu de l’homme envers chacun, si
grave soit le préjudice qui peut en résulter pour lui. Si, en ne disant pas la vérité, je ne commets,
certes, aucune injustice à l’égard du criminel qui me force à parler, j’en commets néanmoins une
envers la morale c’est à dire envers l’humanité. C’est en effet la grandeur de l’homme que de pouvoir
fonder une morale puisque celle-ci est l’œuvre de la raison, faculté qui nous distingue de l’animal.
Agir contre la morale c’est donc porter atteinte à l’humanité elle-même. Dès lors il est faux de dire
que la vérité puisse nuire aux hommes. C’est au contraire le mensonge (même par omission) qui nuit
à l’humanité et donc à autrui. Même si se taire ne nuit pas à un individu en particulier, cela nuit à
l’humanité toute entière. Il faut bien voir, en effet, qu’admettre même une seule infraction à la
morale, c’est créer un précédent qui conduit à admettre toutes les infractions. Il n’y a plus de limite.
La morale s’écroule et, puisqu’elle nous distinguait de la bête, ce qui en résulte est un retour de
l’homme à l’animalité.
Kant ajoute que le mensonge par bonté d’âme peut même, par accident, tomber sous le coup de la
loi civile. Or, ce qui n’échappe à la sanction que par accident est injuste. Le droit a valeur universelle.
Une action ne saurait être juste dans certains cas et injuste dans d’autres.
Si, par mensonge, on empêche quelqu’un d’agir alors qu’il s’apprête à commettre un meurtre on est
alors juridiquement responsable de toutes les conséquences qui pourraient en découler. En revanche,
si l’on s’en tient à la stricte vérité, la justice publique ne peut s’en prendre à nous, quelles que
puissent être les conséquences imprévues qui en résultent. Dans notre exemple, le meurtrier seul est
responsable. Il est possible qu’après avoir répondu loyalement par l’affirmative au meurtrier qui
demande si mon ami est dans ma maison, ce dernier en soit sorti sans qu’on le remarque et que le
forfait n’ait pas lieu. Mais si, faute d’avoir dit la vérité, le meurtrier rencontre par hasard mon ami,
alors c’est moi qui suis responsable du crime. En effet, si j’avais dit la vérité, peut-être le meurtrier
aurait pu être arrêté par un voisin accouru et le crime aurait alors pu être empêché. Celui qui ment,
même avec générosité, doit répondre des conséquences de son mensonge même devant les
tribunaux civils. La véracité est un devoir et si on admet la moindre infraction au devoir, celui-ci
s’effondre.
Dans une nouvelle intitulée Le Mur, Sartre raconte une histoire qui ressemble à l’exemple kantien. Un
résistant est arrêté et ses bourreaux le forcent à dire, sous peine de mort, où sont cachés ses amis. Le
résistant donne une fausse adresse. Par malheur, entre temps ses amis ont changé de cachette et se
trouvent justement à l’adresse donnée aux bourreaux. Ils sont arrêtés. Selon Sartre, le héros de cette
histoire a fait preuve de mauvaise foi. Il a voulu se donner un délai. Il a refusé sa mort. Il ne devait pas
mentir. Pour Sartre, du reste, il ne devait pas non plus dire la vérité. Il devait justement se taire. Kant
va beaucoup plus loin. Nous n’avons pas le droit de nous taire car se taire est encore mensonge. Le
commandement de la raison qui implique de toujours dire la vérité est sacré et ne peut être limité par
aucune convenance. Il faut toujours être véridique. Si cela nuit, c’est par accident et cela pourrait
donc être autrement.
Exiger d’autrui qu’il mente pour nous être utile manifeste une prétention contraire à toute légalité.
Tout homme a, non seulement le droit mais aussi le devoir le plus strict d’être véridique. La vérité
n’est pas un bien dont on serait propriétaire et sur lequel on pourrait reconnaître un droit à l’un
tandis qu’on le refuserait aux autres. Le devoir de véracité ne fait aucune différence entre les
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personnes envers lesquels il serait possible de s’en excepter. Un principe moral reconnu vrai ne doit
jamais être abandonné quels que soient les dangers apparents. Le danger de nuire accidentellement
est en effet un danger moins important que celui de commettre une injustice en général, de
commettre une infraction à la morale universelle.
Ainsi, il semble que nous n’ayons pas le droit de nous taire. Pourtant, le rigorisme kantien ne
constitue-t-il pas une vision finalement très abstraite de la morale ? Peut-on la figer dans cet absolu
formel ? Contrairement à ce que dit Kant, n’y a-t-il pas bel et bien des exceptions à la règle de la
vérité ?

II Faut-il vraiment toujours dire la vérité ?


1) Les circonstances du droit de se taire.
La position de Kant, comme le souligne André Comte- Sponville dans son Petit traité des grandes
vertus, nous semble aujourd’hui insoutenable. Sous la seconde guerre mondiale, celui qui cachait un
juif ou un résistant dans son grenier se devait-il d’en aviser la Gestapo ? Tout homme de devoir se
sentira ici non seulement dans son droit en se taisant mais considèrera même que c’est son devoir.
De même quand le prisonnier torturé par la police nazie refuse de livrer ses amis et se tait sous la
torture, nous ne dirons pas qu’il commet une injustice. Nous éprouverons au contraire du respect
pour celui qui même dans une situation intolérable a su faire son devoir. Or cet exemple n’est guère
différent de l’exemple kantien. Certes, comme Kant, nous admettons que mentir, au sens d’énoncer
quelque chose de faux, n’est pas moral. Mais personne ne peut me forcer à parler. Se taire, c’est
affronter la torture, la mort mais c’est aussi ne pas se faire complice du crime. N’est-il pas clair ici que
le sacrifice d’un homme en empêche beaucoup d’autres ?
Il est, du reste, des professions où l’obligation de se taire est présentée comme un devoir absolu
auquel on ne saurait déroger. Que penser d’un médecin qui trahit le secret médical ou d’un prêtre qui
ne respecte pas le secret de la confession (même si on lui avoue un crime) ?
Reste enfin le cas d’école qu’on évoque toujours, à savoir le cas de conscience du médecin qui sait
que son malade va mourir. La question ici n’est pas simple et, justement, n’est-ce pas la simplifier à
l’extrême que de dire : « il faut dire la vérité » ? Alors que Kant affirme qu’il faut dire la vérité,
Yankelevitch rétorque que ce serait, sans raison, infliger la torture du désespoir.
En fait, nous savons bien que tout dépend des circonstances et que la règle morale appliquée
universellement, ici le serait aveuglément. Dire la vérité au mourant qui la réclame et qui est capable
de la supporter, c’est sans aucun doute l’aider à mourir dans la lucidité (lui mentir n’est-ce pas lui
voler sa mort ?), dans la paix, la dignité et non dans l’illusion ou la dénégation. Que reste-t-il au
mourant sinon le droit à une mort digne ? Parfois, du reste, la vérité prolonge la vie. Pensons au cas
du cancéreux qui lutte lucidement et courageusement contre la maladie et guérit. Comme le fait
remarquer Comte-Sponville aurait-on pu cacher la vérité au Christ, à Socrate, à Épicure ou Spinoza
s’ils s’étaient trouvés dans de telles circonstances ? La réponse est bien sûr négative. Mais en même
temps, nous ne sommes pas le Christ ou Socrate et si l’autre ne peut pas supporter la vérité, si c’est
l’illusion qui le fait vivre, s’il ne veut pas savoir, faut-il lui imposer la vérité ? Il serait imbécile et lâche,
souligne Comte-Sponville » d’imposer aux autres un courage dont on n’est pas sûr d’être soi-même
capable. » Au mourant de décider s’il faut ou non tout lui dire et nul n’a le droit de le faire à sa place.
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Mais c’est dire qu’ici il n’est pas de règle absolue. Reste alors cette question fondamentale :
comment discriminer ce qui est ici juste ou non (quels sont les critères ?) et quelles sont les
conséquences sur la morale ?

2) Les critères du droit de se taire.


Si la véracité n’est pas un devoir aussi absolu qu’il y paraissait d’abord, c’est qu’il existe des valeurs
au-dessus d’elle.
La seconde formulation de l’impératif catégorique kantien précise qu’il faut prendre l’humanité, dans
sa personne comme dans celle d’autrui, toujours en même temps comme une fin et jamais seulement
comme un moyen.
Si le médecin se tait par compassion envers celui qui ne veut pas savoir, il prend son malade comme
fin (comme d’ailleurs lorsqu’il dit la vérité à qui la réclame). Quand le torturé refuse de livrer ses amis,
il les prend comme une fin, alors même que le bourreau, lui, l’utilise comme un moyen. En fin de
compte, la valeur reste l’homme et le respect qu’on lui doit. Il faut mettre l’homme au-dessus de la
vérité.
Il existe bien des valeurs supérieures à la vérité comme, par exemple, l’assistance à personne en
danger. Nous donnions l’exemple des voisins qui savent qu’un enfant est battu. Il leur faut alors
parler. Mais inversement quand celui qu’on torture se tait devant ses bourreaux, c’est qu’il pense que
parler mettra ses amis en danger. Et pour l’ami dont un meurtrier me demande où il se trouve n’en
est-il pas de même ? Il est en danger. Il faut que je me taise. Quant à asséner la vérité à celui qui en
sera écrasé, ce n’est pas bonne foi mais violence, brutalité, insensibilité. Prendre l’homme comme fin
reste le principe.
Nous dirons qu’il faut dire la vérité quand on ne manque pas par-là à quelque vertu plus haute et plus
urgente. Comme l’écrit Yankelevitch : » Malheur à ceux qui mettent au-dessus de l’amour la vérité
criminelle de la délation ! Malheur aux brutes qui disent toujours la vérité ! » (Traité des vertus, la
sincérité.)
Quoi qu’il en soit, se taire par intérêt n’est jamais moral puisque alors on se sert des autres. C’est
l’égoïsme. À cet égard, le cas du mensonge politique est éclairant. De qui refuse de dire la vérité
parce qu’il a peur de perdre des voix aux élections, nous dirons qu’il se sert des autres et est donc
immoral. Mais celui qui tait la vérité parce qu’il vise une cité plus juste et plus raisonnable prend
l’humanité comme fin et nous ne saurions le lui reprocher.
Au fond, tout est question de cas particuliers et il semble bien que la véracité ne relève pas d’une loi
universelle. À la manière d’Aristote, il nous faut distinguer le juste et l’équitable. Même si une règle
est juste, elle ne sera équitable qu’à la condition de savoir l’adapter aux cas particuliers. La morale
est-elle affaire de généralité ? Comment mettre en œuvre une morale abstraite hors de toute
détermination sociale, historique et psychologique ? Qu’on ne se trompe pas ! C’est le principe
même de la morale que nous mettons ici en cause car une morale non universelle n’est plus une
morale mais du moralisme. Mais peut-être effectivement n’existe-t-il que du moralisme. Ceci étant
dit, dire qu’il existe des cas particuliers, des exceptions à la règle de véracité, ce n’est pas nier
l’existence de la règle. S’il y a des cas de conscience, tout n’est pas sujet à cas de conscience.
Comme l’écrit Montaigne : » Il ne faut pas toujours dire tout, car ce serait sottise ; mais ce qu’on dit,
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il faut qu’il soit tel qu’on le pense, autrement c’est méchanceté. « . C’est dire que le droit de se taire
n’est bien sûr pas un droit universel et n’est pas non plus le droit de dire ce qu’on sait être faux.

Conclusion
Il est parfois permis de se taire quand on connaît la vérité. Il n’en reste pas moins vrai que les
circonstances de ce droit restent exceptionnelles. L’idéal reste une société où la vérité est une valeur.
Mais, justement, cela reste un idéal et, en fin de compte, le suprême mensonge n’est-il pas de croire
que la vérité est toujours possible. L’idéal de transparence entre les hommes est-il un idéal sérieux ?
Ne portons-nous pas tous des masques sociaux, ne jouons-nous pas toujours des rôles que les
contraintes sociales nous imposent et qui sont en fin de compte des mensonges ? Sartre soulignait
que l’homme qui se présente comme absolument sincère est en fait de mauvaise foi. Il n’est pas
sincère, il a à l’être, ce qui est différent. Car s’il est parfois permis de taire aux autres ce que je sais, il
n’est pas permis de se mentir à soi-même. En ce qui me concerne, je dois chercher la vérité c’est à
dire philosopher, car la philosophie est l’amour de la vérité.

sosphilosophie

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