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LE PLOMB

ET LE SATURNISME
De la recherche aux actions de réduction
des expositions

Ministère de la santé, 29 janvier 2015

Résumé des
interventions
SOMMAIRE

Les effets du plomb sur la santé : des fortes aux faibles doses ............................................. 3
Les objectifs des projets Saturn’inf, Saturnin et Plomb-Habitat .............................................. 4
La plombémie infantile en France .......................................................................................... 6
Les méthodes de mesure développées pour le projet Plomb-habitat ..................................... 7
La contamination au plomb des logements français .............................................................. 8
Les déterminants environnementaux des plombémies .......................................................... 9
L’apport des ratios isotopiques à la recherche des sources ..................................................10
L’alimentation, une autre source d’exposition au plomb : résultats de l’étude de l’alimentation
totale 2 .................................................................................................................................11
Exposition au plomb : contributions relatives des médias d’exposition .................................12
L’activité de dépistage du saturnisme en France et ses résultats, 1995-2013 ......................13
Dépistage du saturnisme : évaluation des critères actuels et proposition d’une nouvelle
combinaison .........................................................................................................................15
Détermination de nouveaux objectifs de gestion des expositions au plomb ..........................16

2
Les effets du plomb sur la santé : des fortes aux faibles doses
Robert Garnier
Centre antipoison de Paris, Hôpitaux universitaires Lariboisière-St-Louis-Fernand-Widal-
APHP – Université Paris-Diderot ; robert.garnier@lrb.aphp.fr

Le meilleur indicateur de de l’exposition au plomb et lorsque cette dernière est stable, de la dose
interne du métal est la plombémie. De très nombreuses publications documentent les relations dose-
effet du plomb, en utilisant ce paramètre. Le dépassement du seuil de 100 µg/L de plombémie définit
réglementairement le saturnisme infantile, en France. Cependant, au cours des deux dernières
décennies, les preuves épidémiologiques d’effets du plomb sur la santé à des niveaux plus faibles se
sont accumulées. Le plus anciennement et le plus abondamment documenté de ces effets est
l’altération des performances cognitives des jeunes enfants (une élévation de 100 µg/L de la
plombémie s’accompagne d’une perte de 5 à 6 points de QI entre 0 et 100 µg/L, de 2-3 points au-delà
de 100 µg/L).
Plus récemment, on a également montré, en deçà de 100 µg/L :
 chez les enfants : des excès de risque de troubles de l’attention et de comportements
délictueux ou antisociaux, une baisse de l’acuité auditive, un retard du développement staturo-
pondéral et de la maturation sexuelle ;
 chez les adolescents et les adultes : une augmentation des risques de néphropathie chronique
et de maladie hypertensive, une baisse du débit de filtration glomérulaire, une augmentation
dose-dépendante de la pression artérielle, un risque de petit poids de naissance en cas
d’exposition pendant la grossesse.
Ces données nouvelles viennent d’être évaluées par divers organismes nationaux ou internationaux
qui ont préconisé d’utiliser de nouvelles valeurs toxicologiques de référence (VTR) pour l’évaluation
des risques associés à l’exposition au plomb :

1
En 2010, l’Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (Efsa) a considéré que les
effets critiques du plomb étaient sa neurotoxicité chez le jeune enfant, ses effets rénaux et
cardiovasculaires chez l’adulte et a proposé des VTR de 12 µg/L (BMDL01 correspondant à la
perte d’un point de QI), 15-16 µg/L (BMDL10 pour l’excès de risque de maladie rénale
chronique) et 36 µg/L (augmentation de 1,2 mm Hg de la pression artérielle systolique).
 En France :
2
- en 2013, l’Anses a retenu pour effets critiques du plomb, sa neurotoxicité chez l’enfant
et sa néphrotoxicité, chez l’adulte. Ses experts ont estimé que les effets neurotoxiques
n’étaient pas pertinents et proposé d’utiliser les effets rénaux pour fixer une VTR
utilisable pour l’ensemble de la population. Le seuil retenu est celui proposé par l’Efsa
pour cet effet (15 µg/L) ;
3
- en juillet 2014, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a considéré que la
neurotoxicité du plomb était l’effet critique pertinent chez le jeune enfant et a préconisé
de retenir la BMDL01 identifiée par l’Efsa : 12 µg/L.
C’est sur ces bases que le HCSP a proposé de nouveaux objectifs de gestion des expositions au
plomb.

1
Efsa. Scientific opinion on lead in food. EFSA Journal 2010; 8: 1570 (147 p)
2
Anses. Avis et rapport d’expertise collective relatif aux expositions au plomb : effets sur la santé associés à des
plombémies inférieures à 100 µg/L. Anses, Maisons-Alfort, 2013 : 137 p.
3
HCSP. Expositions au plomb : détermination de nouveaux objectifs de gestion. HCSP, Paris : 99 p.

3
Les objectifs des projets Saturn’inf, Saturnin et Plomb-Habitat
Philippe Bretin
Institut de veille sanitaire, puis Direction générale de la santé ; philippe.bretin@sante.gouv.fr

L’enquête nationale de prévalence du saturnisme chez l’enfant « Saturn-Inf »


En 2006, les connaissances sur l’imprégnation par le plomb de la population française étaient issues
d’une enquête nationale Inserm/Réseau national de santé publique menée en 1995 et 1996. Cette
enquête avait estimé à 2,1 % la prévalence des plombémies supérieures à 100 μg/L. dans la classe
d’âge de 1 à 6 ans ce qui correspondait à 84 000 enfants sur l’ensemble du territoire. Toutefois,
l’activité de dépistage ne permettait d’identifier que 500 cas par an environ, ce qui mettait en question
tant son volume que son ciblage géographique et individuel. D’un autre côté, la baisse progressive du
rendement du dépistage et la diminution connue de certaines sources d’exposition laissaient penser
que la prévalence de l’intoxication avait baissé. Il est donc apparu nécessaire de lancer une nouvelle
enquête, et ce d’autant plus qu’il fallait vérifier l’atteinte de l’objectif de division par 2 de la prévalence
du saturnisme chez l’enfant défini par la loi de santé publique du 9 août 2004. Une nouvelle enquête a
donc été réalisée par l’InVS en 2008-2009, élargie à la tranche d’âge 6 mois-6 ans. Les objectifs en
étaient les suivants :
 estimer la prévalence nationale du saturnisme chez les enfants de 6 mois à 6 ans ;
 estimer la distribution des plombémies par région administrative ;
 mettre à jour les connaissances sur les déterminants de la plombémie ;
 valider des indicateurs permettant de caractériser des zones à risque. Pour des raisons de
mutualisation des coûts organisationnels, une enquête de séroprévalence des maladies
infectieuses a été associée à l’enquête sur le saturnisme, ce qui explique le nom de l’enquête.

L’enquête « Plomb-Habitat »
Les fortes intoxications par le plomb chez l’enfant mises en évidence en France à partir du milieu des
années 1980 avaient comme source principale les peintures dégradées de l’habitat ancien, ce qui a
entrainé la mise en place de dispositifs de lutte contre l’exposition au plomb dans l’habitat. En 2006,
une connaissance plus précise du rôle de l’habitat dans l’imprégnation de la population générale
d’enfants apparaissait nécessaire. De plus on ne disposait d’aucunes données statistiques sur la
contamination dans l’habitat français. L’InVS a donc proposé au Centre Scientifique et Technique du
Bâtiment (CSTB) de piloter une enquête environnementale à domicile sur un sous-échantillon
aléatoire d’environ 500 familles dont l’enfant aurait participé à l’enquête nationale de prévalence. Le
CSTB a mis en place cette enquête dans le cadre d’un consortium scientifique réunissant l’InVS,
l’Ecole des hautes études en santé publique, le Laboratoire de toxicologie de l’Hôpital Lariboisière et
l’Institut supérieur d’agronomie de Lille. Les objectifs ont été les suivants :
 améliorer les connaissances sur les déterminants des plombémies ;
 identifier les sources et compartiments environnementaux responsables de surexpositions ;
 comparer la pertinence des analyses de plomb total et de plomb acido-soluble comme
éléments explicatifs et/ou prédictifs des plombémies ;
 établir un modèle empirique de prédiction des plombémies en fonction des concentrations en
plomb dans l’environnement domestique ;
 fournir un premier panorama de la présence de plomb dans le parc de logements français
accueillant des enfants ;
 identifier les déterminants de la contamination en plomb des poussières ;
 estimer la proportion de cas de surexposition pour laquelle l’analyse des ratios isotopiques du
plomb dans le sang et l’environnement apporte une plus-value pour identifier la source.

4
Le projet « Saturnin »
Un objectif complémentaire a été poursuivi à partir des données de l’enquête Saturn-Inf, dans le cadre
du projet « Saturnin » piloté par l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset -
Inserm UMR 1085) et cofinancé par la Région Bretagne et la DGS : évaluer la performance des
critères actuels de dépistage du saturnisme et proposer de nouveaux critères individuels ou
populationnels.

5
La plombémie infantile en France
Anne Etchevers
Institut de Veille Sanitaire (InVS), puis Irset-Inserm UMR 1085 ; anne.etchevers@inserm.fr

Contexte
En 2008, une enquête nationale de prévalence du saturnisme chez l’enfant a été lancée en France
par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) dans le but d’actualiser les données d’imprégnation. Les
objectifs de cette nouvelle enquête étaient principalement d’estimer la prévalence du saturnisme chez
les enfants de 6 mois à 6 ans en France en 2008-2009 et de décrire les niveaux d’imprégnation au
plomb des enfants dans chaque région.

Méthodes
Une enquête transversale, réalisée dans 143 hôpitaux en métropole, aux Antilles et sur l’Ile de la
Réunion, a inclus 3 831 enfants. Le plan de sondage comprenait deux degrés et une stratification au
premier degré sur la région administrative et sur le risque d’exposition au plomb dans l’habitat, estimé
pour le bassin d’attraction de chaque hôpital. La plombémie de chaque enfant a été mesurée. Les
caractéristiques sociodémographiques de la famille et les sources d’exposition au plomb ont été
renseignées par questionnaire.

Résultats
Chez les enfants de 6 mois à 6 ans, la prévalence du saturnisme est estimée à 0,09% (IC95%= [0,03-
0,16]), ce qui représente 4 705 enfants pour l’ensemble de la France. La moyenne géométrique des
plombémies est de 14,9 µg/L (IC95%= [14,5-15,4]) ; elle est légèrement supérieure chez les garçons
et ne varie pas significativement avec l’âge. L’imprégnation des enfants présente de légères disparités
régionales.

Conclusion
Chez les enfants de 1 à 6 ans, la prévalence du saturnisme est passée de 2,1% (IC95% = [1,6-2,6])
en 1995-1996 à 0,1% (IC95% = [0,03-0,16]) en 2008-2009. Cette baisse témoigne d’une forte
diminution de l’exposition des enfants depuis 15 ans en France, comme cela est constaté aux Etats-
Unis et dans d’autres pays européens. L’actualisation de la prévalence du saturnisme a ainsi permis
de vérifier l’atteinte de l’objectif de la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, de «
réduire de 50 % la prévalence des enfants ayant une plombémie >100 µg/L : passer de 2 % en 1996 à
1 % en 2008 ».

Publications associées aux travaux :


 Etchevers A, Bretin P. 2008. Enquête Saturn-Inf 2008-2009. Protocole. St Maurice (France).
 Etchevers A, Lecoffre C, Le Tertre A, Le Strat Y, Groupe investigations Saturn-Inf, De Launay
C, Bérat B, Bidondo B, Pascal M, Fréry N, De Crouy-Chanel P, Stempfeler M, Salomez JL,
Bretin P. Imprégnation des enfants par le plomb en France en 2008-2009. BEHWeb 2010 (2) :
1-8
 Etchevers A, Bretin P, Le Tertre A, Lecoffre C. Imprégnation des enfants français par le plomb
en 2008-2009. Enquête Saturn-Inf 2008-2009. Enquête nationale de prévalence du
saturnisme chez les enfants de 6 mois à 6 ans. Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice 2013
: 51 p.
 Etchevers, A., Bretin, P., Lecoffre, C., Bidondo, M.L., Le Strat, Y., Glorennec, P., et al.,
2014.Blood lead levels and risk factors in young children in France, 2008–2009. Int J Hyg
Environ Health 217, 528-537.

6
Les méthodes de mesure développées pour le projet Plomb-habitat
Barbara Le Bot
Laboratoire d’étude et recherche en environnement et santé (LERES), Ecole des Hautes
Etudes en Santé Publique (EHESP), Irset-Inserm UMR 1085 ; barbara.lebot@ehesp.fr

Le projet Plomb-habitat, campagne d’investigation du plomb dans les logements de 484 enfants
recrutés dans la cohorte Saturn’inf, a été l’occasion de développer de nouveaux outils de mesure du
plomb et tester à grande échelle l’utilisation des ratios isotopiques comme méthode d’identification des
sources de contamination.
Une analyse spécifique a été développée pour doser simultanément le plomb acido-soluble et le
plomb total dans la même prise d’essai de poussière domestique. Le prélèvement de poussière est
réalisé par l’utilisation d’une seule lingette humide selon la norme NF X-46-032. Après minéralisation
en deux étapes successives (minéralisation acido-soluble, puis totale), les échantillons sont analysés
par ICP-MS. La quantification du plomb acido-soluble permet une comparaison des données aux
autres mesures réalisées réglementairement en France ; les concentrations en plomb total permettent
une comparaison des données aux mesures réglementaires réalisées au niveau international. Les
performances de la méthode préparation de l’échantillon et du dosage par ICP/MS ont été évaluées et
accréditées par le Comité Français d’Accréditation (COFRAC).
La méthode de détermination des ratios isotopiques du plomb a été développée sur un ICP-MS simple
quadripôle pour les échantillons environnementaux et biologiques, pour des concentrations
respectivement suffisantes pour être à l’origine des intoxications et supérieures à 25µg/l pour le sang.
Après une inter-calibration des laboratoires, des sources d’exposition ont été identifiées par simple
comparaison des ratios isotopiques du plomb dans les matrices environnementales et le sang de
l’enfant.

Publications associées aux travaux :


 Ibanez Y., Le Bot B., Glorennec P. (2010) House dust metal content and bioaccessibility: a
review, European journal of mineralogy, 22, 629-637.
 Le Bot B., Gilles E., Durand S., Glorennec P. (2010) Bioaccessible and quasi-total metals in
soil and indoor dust. European journal of mineralogy, 22: 651-657.
 Oulhote Y., Le Bot B., Deguen S., Glorennec P. (2011) Using and interpreting isotope data for
source identification: A review, Trends of Analytical Chemistry, Volume 30, Issue 2, 302-312.
 Le Bot B., Arcelin C., Briand E., Glorennec P. (2011) Sequential digestion for measuring total
and leachable lead in a single sample of dust or paint chips. Journal of Environmental Science
and Health, Part A. Jan;46 (1):63-69.

7
La contamination au plomb des logements français
Jean-Paul Lucas
Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), puis Laboratoire de Mathématiques
de Bretagne Atlantique, UMR 6205, Université Bretagne Sud ; jean-paul.lucas@univ-ubs.fr

Dans le cadre du projet Plomb-Habitat, 484 logements ont été investigués afin d’estimer les niveaux de
contamination par le plomb de différents médias résidentiels. La population décrite est celle des résidences
principales abritant au moins un enfant âgé de 6 mois à 6 ans en France métropolitaine (N = 3 581 991).
Dans chaque logement, l’eau au robinet a été prélevée ; des mesures des revêtements et des
prélèvements de poussière au sol ont été réalisés jusqu’à 5 pièces (1 834 pièces investiguées au total),
ainsi que dans les parties communes le cas échéant. Si l’enfant jouait à l’extérieur, un prélèvement de son
aire de jeu a été réalisé.
Environ 58% des logements possèdent une concentration en plomb dans l’eau inférieure à 1 µg/L ;
approximativement 2,9% d’entre eux dépassent la valeur réglementaire européenne de 10 µg/L.
Le niveau en plomb dans la poussière à l’intérieur des logements est d’environ 6,9 µg/m² (plomb acido-
soluble). Ce niveau est d’environ 27,5 µg/m² dans les parties communes. En l’absence de seuil
réglementaire en France, le seuil américain égal à 430 µg/m² en plomb total est utilisé ; il est dépassé dans
environ 0,21% des logements et 4,1% des parties communes.
Concernant les revêtements, 24,5% des logements possèdent au moins une surface dont la charge
dépasse 1 mg/cm² ; cette prévalence est de 34,2% en parties communes. De telles surfaces, à l’état
dégradé, sont présentent dans 4,7% des logements et dans 7,1% des parties communes.
En se limitant uniquement aux supports non métalliques afin d’isoler les peintures à base de céruse autant
que possible, la prévalence de logements possédant au moins une surface dont la charge en plomb est ≥ 1
mg/cm² par période de construction est de : 50,2% pour les logements construits avant 1949 ; 31,9% pour
ceux construits dans la période 1946-61 ; 18,3% pour ceux construits dans la période 1962-74 ; 1,8% pour
ceux construits dans la période 1975-93 et 0,1% pour les logements construits à partir de 1994.
Si l’on considère non plus le seuil de 1 mais de 2 mg/cm² afin d’éliminer autant que possible les peintures
contenant des siccatifs, et que l’on analyse les logements possédant non plus au moins 1, mais au moins 2
surfaces dont la charge dépasse ce seuil, ces mêmes prévalences deviennent égales à : 23,1%, 7,7%,
2,1%, 0% et 0% respectivement. Ces chiffrent indiquent que les logements construits après 1949 peuvent
posséder des surfaces contenant du plomb de manière résiduelle et à des teneurs plus faibles que celles
dans les logements construits avant 1949.
En ce qui concerne les aires de jeu extérieures, la concentration en plomb acido-soluble des aires de jeu
sur sol meuble est de 21,7 mg/kg ; 1,4% des aires dépassent le seuil américain de 400 mg/kg en plomb
total. La charge surfacique en plomb acido-soluble des aires de jeu sur sol dur est de 36,9 µg/m², soit un
niveau 3,2 fois plus élevé que dans les poussières intérieures.
Enfin, concernant la fraction de plomb acido-soluble, elle est de 82% (en médiane) pour la poussière
intérieure, 88% pour la poussière des parties communes, 85% pour les poussières extérieures (aires de
jeu), 69% pour les sols meubles des aires de jeu extérieures et 66% pour les écailles de peinture. Ces
chiffres indiquent des rapports plomb acido-soluble/plomb total bien supérieurs à la valeur moyenne de
50% jusqu’alors considérée.
Ainsi pour la première fois en France un état de la contamination en milieu résidentiel en France a été
réalisé et servira de référence pour les futures études évaluant les niveaux de contamination par le plomb
en France.
Publications associées aux travaux :
 Lucas J.-P. (2013). Contamination des logements par le plomb : prévalences des logements à
risque et identification des déterminants de la contamination. Thèse de doctorat.
https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-00946167/.
 Lucas, J.-P., Le Bot, B., Glorennec, P., Etchevers, A., Bretin, P., Douay, F., Sébille, V., Bellanger,
L., & Mandin, C. (2012). Lead contamination in French children's homes and environment.
Environmental Research, 116(0), 58-65.

8
Les déterminants environnementaux des plombémies
Alain Le Tertre
Institut de veille sanitaire (InVS) ; a.letertre@invs.sante.fr

Les niveaux de plombémie dans le sang ont fortement diminué, notamment en France au cours des
dernières décennies. Néanmoins, le plomb étant considéré comme un toxique sans seuil, réduire son
exposition reste un objectif de santé publique. Dans cet objectif, il convient d’estimer les différents
facteurs de risque associés aux niveaux de plombémie rencontrés aujourd’hui. L’objectif de cette
étude est de fournir ces estimations pour l’ensemble de la population des enfants mais également
pour les enfants fortement ou faiblement contaminés.
L’étude a porté sur un sous-échantillon de 484 enfants issus de l’enquête de prévalence Saturn’inf
réalisée en 2008-2009. Nous avons mesuré les concentrations de plomb à la fois dans le sang et
dans différents milieux environnementaux (eau, sols, poussières, peintures, cosmétiques et plats
traditionnels). Nous avons construit un modèle reliant la plombémie moyenne attendue à ces
différents facteurs. Le même modèle a ensuite été appliqué à différents quantiles attendus (10, 25, 50,
75, 90) afin de déterminer leurs rôles respectifs selon le niveau de contamination des enfants.
La moyenne géométrique de la plombémie était de 13.8 μg/L et son quantile 90 de 25.7 μg/L. Les
poussières de la maison et des parties communes des immeubles, l’eau du robinet, les peintures
intérieures, les plats en céramique traditionnels, les cosmétiques, les sols des aires de jeux
extérieures, ainsi que le tabagisme passif étaient associés à la plombémie moyenne. Si les poussières
de maison et la consommation d’eau du robinet étaient les plus forts contributeurs du niveau moyen et
du quantile 90 de la plombémie, ces mêmes poussières étaient corrélées avec l’ensemble des
quantiles.
Les actions de prévention devraient privilégier la réduction de l’exposition en ciblant les poussières de
maison et l’eau du robinet. L’utilisation de cosmétiques traditionnels devrait être évitée et les plats en
céramiques traditionnels limités à un usage décoratif.

Publications associées aux travaux :


 Etchevers A, Bretin P, Lecoffre C, Bidondo ML, Le Strat Y, Glorennec P, et al. 2014. Blood
lead levels and risk factors in young children in France, 2008-2009. Int J Hyg Environ Health
217: 528-537.
 Etchevers A, Le Tertre A, Lucas JP, Bretin P, Oulhote Y, LeBot B, et al. 2015. Environmental
determinants of different blood lead levels in children: A quantile analysis from a nationwide
survey. Environ Int 74: 152-159.

9
L’apport des ratios isotopiques à la recherche des sources
Youssef Oulhote
École des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP), puis Université de Montréal ;
youssef.oulhote@umontreal.ca

La comparaison des ratios isotopiques (RI) du sang des enfants et des sources environnementales
(peintures, poussière domestiques, sol, eau du robinet, etc.) peut permettre d’identifier la source
principale d’intoxication au plomb. L’utilité des RI a été évaluée sur un échantillon (N=122) de
population représentative des enfants de 6 mois à 6 ans en France dont la plombémie est supérieure
ou égale à 25 µg/L. Ces enfants ont fait l’objet de prélèvements de sang, et leurs logements de
prélèvements environnementaux aux fins de mesurages isotopiques en complément de leurs
concentrations en ICP-MS. La distribution des RI pour chaque matrice a été établie.
Cette étude a permis d’identifier les RI les plus informatifs, et donc à utiliser préférentiellement en
France : 207/206, 206/204 puis 208/204, qui suffisent dans la majeure partie des cas. Sur une
population d’enfants de 6 mois à 6 ans avec plombémie supérieure ou égale à 25 µg/L représentant
de 428 à 742 milliers d’enfants, 78 % auraient dans leur environnement résidentiel une source
potentielle de surexposition au plomb, pour lesquels la pertinence d’une analyse isotopique se pose
donc. Du fait des difficultés techniques d’analyse des RI dans le sang et de la variabilité des RI des
sources par rapport à la précision des mesures par ICP-MS, les RI sont susceptibles d’être utiles pour
57 % des enfants. Les RI permettent d’éliminer d’autres sources, en complément de celles éliminées
du fait de leurs faibles teneurs en plomb. Ils permettent d’éliminer au moins une source potentielle
pour 30 % des enfants. Au total, concentrations et RI aboutissent à une seule source compatible
isotopiquement pour 32 % des enfants. Pour ces cas, la source unique suspectée pouvait être
peinture, poussière, sol, eau ou une source dite « inhabituelle » (cosmétique, plat traditionnel).

Publications associées aux travaux :


 Oulhote Y, Le Bot B, Poupon J, Lucas JP, Mandin C, Etchevers A, Zmirou-Navier D,
Glorennec P. 2011. Identification of sources of lead exposure in French children by lead
isotope analysis: a cross-sectional study. Environmental Health 10:75.
 Oulhote Y, Le Bot B, Deguen S, Glorennec P. 2011. Using and interpreting isotopic data for
source identification. Trac-Trends Anal Chem 30:302-12.
 Glorennec P, Peyr C, Poupon J, Oulhote Y, Le Bot B. 2010. Identifying sources of lead
exposure for children, with lead concentrations and isotope ratios. J Occup Environ Hyg
7:253-60.

10
L’alimentation, une autre source d’exposition au plomb :
résultats de l’étude de l’alimentation totale 2
Nawel Bemrah
Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ; nawel.bemrah@anses.fr

Aliments analysés dans le cadre de l’EAT2


ème
Les données concernant l’alimentation courante proviennent de la 2 étude de l’alimentation totale
(EAT2). Cette étude s’appuie sur les données de consommations alimentaires de l’étude INCA2. Un
échantillonnage alimentaire a été réalisé au début de l’EAT2, à partir des données de l’étude de
consommation INCA2. Deux critères principaux ont été considérés : (i) les aliments les plus
consommés et (ii) des aliments peu consommés mais susceptibles d’être fortement contaminés. En
tout, 212 types d’aliments différents ont ainsi été sélectionnés, couvrant environ 90% de la
consommation alimentaire des adultes et des enfants.
Les achats ont été réalisés tout au long de l’année, de juin 2007 à janvier 2009, permettant de couvrir
les variations saisonnières de l’offre alimentaire. Au final, ce sont environ 20 000 aliments qui ont été
échantillonnés. Pour chaque aliment, seule la partie comestible a été utilisée, puis les aliments ont été
préparés « tels que consommés ». Les aliments ont ensuite été mixés en 1 319 échantillons
composites représentatifs des paniers de consommations et d’achats des consommateurs pour les
huit inter-régions enquêtées, et analysés par des laboratoires accrédités dans le cadre de l’EAT2.
Ainsi, un échantillon est un composite de 15 sous-échantillons du même aliment et de même masse.
-1
La limite de quantification pour le plomb a été définie à 0,005 mg.kg .

Résultats
Parmi les échantillons analysés, 54 % présentent une teneur en plomb inférieure à la limite de
détection ou à la limite de quantification. Les plus fortes teneurs moyennes sont retrouvées dans les
crustacés et mollusques (0,113 mg/kg), dans le chocolat (0,023 mg/kg), les autres groupes d’aliments
présentant tous des concentrations inférieures ou égales à 0,02 mg/kg. De façon générale, les
niveaux de plomb retrouvés dans les aliments sont équivalents ou inférieurs aux niveaux relevés lors
de l’EAT 1.
L’exposition moyenne de la population française au plomb est estimée à 0,20 μg/kg pc/jour chez les
ème
adultes (0,17-0,29) et 0,27 μg/kg pc/jour chez les enfants (0,21-0,43). Au 95 percentile, l’exposition
est estimée à 0,35 μg/kg pc/jour chez les adultes (0,28-0,48) et 0,57 μg/kg pc/jour chez les enfants
(0,38-0,99). Ces expositions sont plus faibles, de 35 % que celles relevées dans l’EAT 1.
Chez les adultes, les contributeurs majoritaires à l’exposition au plomb sont les boissons alcoolisées
(14 %) et les pains et produits de panification (13 %) et l’eau (11 %). Chez les enfants, le lait apparaît
être le contributeur majoritaire (11 %) avec l’eau (11 %) et les boissons rafraîchissantes sans alcool
(10 %).

11
Exposition au plomb : contributions relatives des médias
d’exposition
Philippe Glorennec
Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), Irset-Inserm UMR 1085 ;
philippe.glorennec@ehesp.fr

Dans le cadre de Plomb-Habitat, la comparaison des signatures isotopiques entre le sang et les
sources, ainsi que les corrélations entre plombémie et sources environnementales ont montré
l’implication de différents médias et sources d’exposition au plomb (eau du robinet, peintures au
plomb, poussières, etc.), et ce pour différentes niveaux de plombémie des enfants de 6 mois à 6 ans.
En complément, les données de contamination de l’environnement générées par le projet Plomb-
Habitat ont été utilisées pour actualiser une estimation (Glorennec et al. 2007. Environ. Int. 937-945)
de la part relative des différents médias d’exposition : aliments, eau du robinet, sol, poussière. Les
principales données utilisées pour cette actualisation ont été : les données de contamination (eau du
robinet, poussière intérieure déposée, sol extérieur) de Plomb-Habitat, des données disponibles sur la
contamination de l’air (Base de données de la qualité de l’air) et des aliments (Etudes de
l’Alimentation Totale, Anses). Les données relatives aux consommations alimentaires étaient issues
des enquêtes individuelles et nationales des consommations alimentaires tandis que les données
utilisées concernant les volumes respirés et les quantités de poussière et de sol ingérées étaient issus
des recommandations de l’Agence américaine de protection de l’environnement (U.S. E.P.A.). Les
données ont été combinées par simulations Monte-Carlo.
Pour les plus jeunes enfants (de 6 mois à 3 ans), les aliments, la poussière et l'ingestion de sol
contribuaient à parts équivalentes à la dose totale médiane, tandis que la poussière et le sol étaient
les plus contributeurs pour les plus exposés (centile 90). Pour les enfants de 3-6 ans, l'ingestion
d'aliments contribuait à la moitié de la dose totale médiane, tandis que la poussière et le sol
expliquaient l'autre moitié. La situation était différente pour les plus exposés (centile 90), le sol et en
particulier l'ingestion de poussières devenant les principaux contributeurs à l’exposition, avec une
variance élevée.
Par sa méthodologie, cette étude a vocation à estimer les expositions « habituelles » et repose sur
des données représentatives de la contamination des principaux milieux d’exposition. Elle ne prend
cependant pas en compte toutes les expositions (hors domicile notamment, ou celles résultant de
l’utilisation d’objets ou produits contenant du plomb). Elle repose sur certains paramètres incertains
comme les quantités de sols et de poussière ingérées. Elle ne considère pas non plus une
biodisponibilité différente selon le milieu. Une modélisation toxicocinétique a montré que les
plombémies estimées à partir de ces doses sont très proches de celles observées lors de l’enquête
nationale d’imprégnation au plomb sur cette même population.
Il ressort des différentes approches que l’alimentation constitue une source d’exposition de base, qui
est majoritaire pour les moins exposés des enfants. S’y ajoute une exposition par ingestion de sol et
poussières dont la part augmente, voire devient majoritaire pour les plus exposés.

Publication associée aux travaux :


 Haut Conseil de la santé publique (2014). Expositions au plomb : détermination de nouveaux
objectifs de gestion. Annexe 6.

12
L’activité de dépistage du saturnisme en France et ses résultats,
1995-2013
Camille Lecoffre
Institut de Veille Sanitaire (InVS) ; c.lecoffre@invs.sante.fr

Introduction
La surveillance des plombémies prescrites chez l’enfant dans le cadre d’un dépistage permet depuis
1995 de décrire l’activité de dépistage du saturnisme et les cas identifiés.

Matériel et méthodes
Le système national de surveillance des plombémies chez l’enfant (SNSPE) repose à l’heure actuelle
sur le renseignement d’une fiche standardisée pour toute plombémie prescrite chez un sujet de moins
de 18 ans, quel qu’en soit le résultat. Il s’appuie sur les médecins prescripteurs, les laboratoires de
biologie médicale, les Centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) ainsi que sur les Agences
ère
régionales de santé (ARS), le saturnisme chez l’enfant (1 plombémie ≥100 µg/L) étant une maladie
à déclaration obligatoire (DO). Les données, y compris les cas de saturnisme signalés dans le cadre
de la DO, sont enregistrées dans une base de données nationale à l’Institut de veille sanitaire (InVS).

Résultats
Le nombre d’enfants ayant fait l’objet d’un primodépistage (premier dosage de plombémie), maximal
en 2004 avec 10 060 enfants testés, décroît depuis cette date ; le primodépistage ayant ainsi
concerné 5 058 enfants en 2011 et environ 4 500 enfants en 2012 et en 2013. La majorité de ces
enfants (62 % en 2008-2011) vivaient en Île-de-France. Ces dernières années, des plombémies ont
été prescrites dans des populations jusqu’alors peu dépistées (populations issues de certains
quartiers de Marseille, de La Réunion, de Guyane, ou bien des enfants adoptés).
Parmi les primodépistés en 2008-2011 (hors adoptions internationales), la moyenne géométrique de
la plombémie s’élevait à 21 µg/L (59 µg/L en 1995). Une plombémie supérieure ou égale à 50 µg/L
et 100 µg/L a été mesurée respectivement chez 12,8 % et 3,4 % d’entre eux (contre 24,3 %
supérieurs 100 µg/L en 1995). Ainsi, en 2011, 592 enfants avaient une plombémie supérieure ou
égale à 50 µg/L, dont 225 avec une plombémie supérieure ou égale à 100 µg/L.
Chez les enfants adoptés à l’étranger, la plombémie moyenne était de 33 µg/L. Au cours de la période
2008-2011, une plombémie supérieure à 50 µg/L et 100 µg/L a été mise en évidence respectivement
chez 31,1 % et 10,6 % d’entre eux. En 2011, 93 enfants avaient une plombémie supérieure ou égale à
50 µg/L, dont 31 avec une plombémie supérieure ou égale à 100 µg/L.
Depuis 2009, le nombre annuel de cas incidents de saturnisme (100 µg/L dépassé au primodépistage
ou lors d’un suivi) est inférieur à 300 (enfants adoptés inclus), soit trois fois moins important qu’en
1995 et deux fois moins qu’en 2004. En 2011, 288 nouveaux cas de saturnisme ont été recensés,
dont 32 enfants adoptés. Le nombre total de cas serait d’environ 180 cas pour 2012 et 230 pour 2013
(données non consolidées).

Discussion / Conclusion
Ces diminutions observées à l’échelle nationale suggèrent une certaine efficacité des mesures de
prévention environnementale, et peut-être aussi la mise en œuvre de dépistages au sein de
populations moins fortement exposées que celles ciblées par le dépistage dans les années 1990.
Elles sont cohérentes avec la baisse de l’imprégnation par le plomb observée en population générale
(enfant et adulte).

13
Malgré l’exhaustivité élevée du SNSPE, des plombémies peuvent ne pas y être enregistrées, ce qui
entraine une incertitude autour des résultats présentés, notamment à l’échelle locale. De plus, il s’agit
d’une incidence apparente du saturnisme, liée à l’activité de dépistage, qui ne touche qu’un nombre
limité d’enfants, avec une hétérogénéité géographique très importante. L’élargissement récent du
dépistage vers de nouvelles populations a mis en évidence la présence d’enfants intoxiqués par le
plomb. L’interprétation des tendances spatio-temporelles régionales est limitée par le poids de
campagnes de dépistage locales.
Au vu des effets sanitaires du plomb constatés pour des valeurs de plombémies inférieures à
100 µg/L, le Haut Conseil de la Santé Publique a émis en juin 2014 de nouvelles recommandations et
notamment celle de fixer un niveau d’intervention rapide équivalent à 50 µg/L. Si l’abaissement du
seuil pour la définition du saturnisme chez l’enfant (de 100 µg/L à 50 µg/L) avait été effectif sur la
période 2008-2011, chaque année, entre 2 et 4 fois plus de cas de saturnisme auraient été
dénombrés. Toutefois, si l’abaissement du seuil augmenterait le nombre de cas de saturnisme
immédiatement après la promulgation du nouveau seuil, à moyen terme, il est attendu que la
diminution du nombre de cas se poursuive, en lien avec les projections de la plombémie en population
générale pour 2017 : plombémie moyenne (géométrique) attendue de 12 µg/L et 98% de la population
avec une plombémie inférieure à 40 µg/L.

Publication associée aux travaux :


 Lecoffre C, Ménard E. Saturnisme chez l’enfant. France 2008-2011, résultats. Saint-Maurice :
Institut de veille sanitaire ; 2014. 51p. Rapport et synthèse disponibles à partir de l’URL :
http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Environnement-et-sante/Saturnisme-chez-l-
enfant

14
Dépistage du saturnisme : évaluation des critères actuels et
proposition d’une nouvelle combinaison
Anne Etchevers
Institut de Veille Sanitaire, puis Irset-Inserm UMR 1085 ; anne.etchevers@inserm.fr

Contexte
En France, la prévalence du saturnisme (plombémie ≥ 100 μg/L) a diminué, passant de 2,1% en
1995-1996 à 0,1% en 2008-2009 chez les enfants de 1 à 6 ans. En 2014, le Haut conseil de Santé
Publique a recommandé le remplacement du seuil de 100 μg/L, seuil actuel de la déclaration
obligatoire de cas, par la concentration de 50 µg/L, nouveau niveau d’intervention rapide
ème
correspondant au 98 percentile de la distribution de la plombémie chez les enfants de moins de 7
ans en 2008-2009. La baisse de l’exposition et du niveau d’intervention au plomb nous amène à nous
interroger sur la capacité des critères actuels de dépistage du saturnisme. Les objectifs de l’étude sont
d’évaluer la performance des critères actuels de dépistage à identifier les enfants ayant des
plombémies supérieures ou égales à 50 µg/L et de proposer de nouveaux critères individuels ou
populationnels du risque plomb dans l’habitat.
Méthodes
Les données de l’enquête nationale d'imprégnation au plomb, réalisée auprès de 3 831 enfants âgés
de 6 mois à 6 ans en 2008-2009 ont été utilisées. La sensibilité et la spécificité des critères actuels à
prédire une plombémie supérieure ou égale à 50 µg/L ont été évaluées. Deux modèles prédictifs de
régression logistique ayant pour but de prédire les plombémies supérieures ou égales à 44 µg/L ont
été construits : le premier intégrant les critères actuels, le second en combinant plusieurs critères,
identifiés comme facteurs de risque des plombémies modérées. Pour chaque modèle, sa performance
a été étudiée en calculant l’aire sous la courbe ROC.
Résultats
La sensibilité des critères actuels à détecter une plombémie supérieure ou égale à 50 µg/L était de
50,8% [26,2 ; 75,3] et la spécificité de 66,1% [62,1 ; 70,0]. La nouvelle combinaison de critères
comprenaient les items suivants : enfant étranger arrivé récemment en France, mère née à l’étranger,
consommation d’eau du robinet en présence de canalisations en plomb, logement construit avant
1949, période de construction du logement non connue, présence de peintures écaillées, parents
fumant dans le logement, taux d’occupation du logement, et adresse de l’enfant située dans une
section cadastrale ou commune dont plus de 6% des logements appartiennent au parc privé
potentiellement indigne antérieur à 1949. La probabilité d’avoir une plombémie supérieure ou égale à
44 µg/L était de 86% lorsque les enfants avaient au moins un critère de la nouvelle liste proposée,
contre 73% lorsqu’ils avaient au moins un des critères actuels.
Conclusion
Cette étude propose une actualisation des critères de dépistage du risque plomb dans l’habitat. Le
risque d’exposition industrielle, professionnelle et de loisir n’a pas pu être évalué mais doit être
conservé dans la liste des critères de dépistage.

Publication associée aux travaux :


 Etchevers, A., Le Tertre A, Bretin, P., Lecoffre, C., Glorennec, P., 2015. Screening for
elevated blood lead levels in children: assessment of current criteria and proposal of new ones
in France. Rédaction en cours.

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Détermination de nouveaux objectifs de gestion des expositions au
plomb
Robert Garnier
Pour le groupe de travail du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) ;
robert.garnier@lrb.aphp.fr

Actuellement, la concentration de plomb dans le sang (ou plombémie) définissant règlementairement


le saturnisme infantile, impliquant la déclaration du cas aux autorités sanitaires départementales et le
déclenchement de l’enquête environnementale, est de 100 µg/L.
Cependant, des effets nocifs du plomb sur la santé sont démontrés pour des plombémies inférieures à
100 µg/L, chez les jeunes enfants, les adolescents, les adultes et les femmes enceintes. Le HCSP
préconise une politique de réduction des expositions au plus bas niveau possible, pour tenir compte
des effets sans seuil du plomb. Par ailleurs, il recommande de cibler les actions de dépistage, de prise
en charge médicale et de prévention des intoxications sur les personnes les plus exposées.
Rappelant les facteurs de risques individuels qui doivent conduire à un dépistage chez les enfants (<7
ans) et les femmes enceintes, le HCSP propose deux niveaux de plombémie pour organiser la
prévention du saturnisme infantile:
 un niveau d’intervention rapide de 50 µg/L, impliquant la déclaration obligatoire du cas,
déclenchant une enquête environnementale et l’ensemble des mesures collectives et
individuelles actuellement mises en œuvre lorsque la plombémie est égale ou supérieure à
100 µg/L ;
 un niveau de vigilance de 25 µg/L ; son dépassement indique l’existence probable d’au
moins une source d’exposition au plomb dans l’environnement et justifie une information des
familles sur les dangers du plomb et les sources usuelles d’imprégnation, ainsi qu’une
surveillance biologique rapprochée accompagnée de conseils hygiéno-diététiques visant à
diminuer l’exposition.
ème ème
Ces nouveaux niveaux de référence, qui correspondent aux 98 et 90 percentiles de la
distribution de la plombémie chez les enfants de moins de 7 ans lors de l’enquête nationale Saturn-Inf
conduite en 2008-2009, devront être actualisés tous les 10 ans.
Des valeurs d’alerte sont également proposées pour les principales sources de plomb dans
l’environnement (sols, poussières de maisons, eau du robinet). Les valeurs de contamination des
milieux correspondant à une plombémie supérieure à 50 µg/L chez 5 % des enfants sont de :
2
300 mg/kg dans les sols, 70 µg/m dans la poussière du sol des logements et 20 µg/L dans l’eau de
boisson. Pour le niveau de vigilance de 25 µg/L de la plombémie (chez 5 % des enfants), les
concentrations correspondantes dans les sols et dans la poussière sont respectivement de 100 mg/kg
2
et 25 µg/m . Selon le seuil et le milieu concerné, le dépassement de ces valeurs implique de mesurer
la plombémie des personnes exposées et/ou une analyse approfondie du risque.
Parallèlement au dépistage des individus les plus exposés, le HCSP recommande de diminuer la
plombémie de la population générale. Pour 2017, il fixe les objectifs suivants:
 une plombémie moyenne (géométrique) attendue de 12 µg/L ;
 98 % de la population avec une plombémie inférieure à 40 µg/L.
Le HCSP préconise enfin que l’ensemble des données recueillies de manière conjointe sur la
contamination par le plomb des milieux de contact (sols, poussières de maison, eau de boisson) et
des individus (plombémie), assorties d’informations caractérisant les sujets et les conditions
d’exposition, soient enregistrées pour constituer une base de données nationale, outil de
connaissance et de gestion.

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