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Géothermie

NOTES DE COURS

La géothermie (« géo » pour terre, « thermie » pour chaleur) est en quelque sorte
l’utilisation du sol et de l’eau qu’il contient comme réservoir thermique (de chaleur ou
de froid). C’est probablement l’une des formes d’énergie renouvelable dont on entend le
plus parler à l’heure actuelle. Tester et al. notent une augmentation de la puissance
installée (géothermique) de 8.5 % par année au cours des dernières années. Ces notes de
cours présentent les concepts de base de la géothermie. La puissance installée dans les
55 pays qui déclaraient utiliser directement cette source en 2000 est estimée à 15 GW et
l’énergie utilisée à 53 TWh/an, ce qui équivaut à 1% de la consommation d'énergie
mondiale. Les principaux pays producteurs sont le Japon, la Chine, l’ex-URSS, les pays
d’Europe centrale et orientale et les États-Unis [1].

1. Structure du globe

La terre est une grosse boule un peu aplatie dont le diamètre moyen est de 12 740 km.
Bien que les observations directes de l’intérieur de terre n’ait guerre dépassé les premiers
10 km, on réussit de manière indirecte à savoir à peu près ce qui se passe plus
profondément, notamment grâce à l’étude de la propagation des ondes sismiques.

La terre est constituée de trois couches principales, comme montré à la figure 1. Au


centre, le noyau représente 17% du volume total de la terre et est composé
essentiellement de fer et de nickel. Il a une grande densité. Le rayon du noyau est de
3470 km. Les températures y dépasseraient 4000ºC. La seconde conche est le manteau,
qui constitue le gros du volume terrestre avec 81%, dans lequel la température varie de
3000 à 1000ºC. D’une épaisseur de 2900 km, le manteau est riche en silicate de fer
(Fe2SiO3) et en magnésium. C’est dans le manteau que se trouve la « lave » (en
mouvement) que l’on voit parfois jaillir à la surface de la terre dans les volcans.
Finalement, la zone qui nous intéressera davantage est l’écorce terrestre (2 % du volume
seulement) ou la croute terrestre dont l’épaisseur varie de 30 à 70 km dans les zones
continentales (la croute moins épaisse dans les zones océaniques). À titre de
comparaison, on dit que les puits les plus profonds que l’on creuse actuellement
atteignent ~10 km.

L’écorce est constituée de « plaques » flottant sur le manteau. Une frontière divergente
entre deux plaques est appelée une dorsale. Dans ces régions l’écorce peut être encore

1
plus mince (quelques kilomètres seulement). Les régions à la frontière des

Figure 1 : Représentation de la structure interne de la terre.

plaques tectoniques présentent donc un intérêt particulier pour la géothermie à cause de


la présence rapprochée du manteau (très chaud), d’où l’apparition par exemple des
geysers ou des sources thermales. Cependant, il n’y pas de tel potentiel à espérer au
Québec. Le Québec se trouve au beau milieu de la plaque tectonique « Amérique du
nord », qui englobe toute l’Amérique du nord, en plus d’une partie de l’Islande (voir
encadré), de la Russie et du Japon, ainsi que des océans Atlantique, Pacifique et
Arctique.

En Islande…
Le premier réseau moderne de chauffage par géothermie a été installé en 1930 à
Reykjavik en Islande. Aujourd'hui 95% des habitations de l'ile sont chauffées au moyen
de 700 km de conduites isolées qui transportent l'eau chaude. Une dorsale traverse le
l’Islande ce qui offre un potentiel certain en terme de géothermie. [1]

2. Température près de la surface du sol (non-perturbé)

La température du sol près de la surface est affectée par les conditions climatiques : vent,
présence de neige ou de couvert végétal, rayonnement solaire, etc. On dit que
l’épaisseur de la zone d’influence des conditions externes ne dépasse pas quelques
mètres de profondeur (disons de 3 à 10 m de profondeur). Au-delà de cette distance, on
ne ressent plus l’effet thermique des variations de conditions à la surface. Cependant, il
est clair que les 10 premiers mètres de sol, le profil de température dépend de différentes

2
échelles de temps (jour versus nuit, été versus hiver, période de glaciation versus période
de réchauffement).

À la surface terrestre, la température du sol est aussi influencée par le flux radiatif. Le
jour, une partie du rayonnement est absorbé par le sol. En moyenne environ 50% du
rayonnement solaire serait absorbé par le sol. C’est évidemment une moyenne, la valeur
précise variant en fonction du couvert de surface, certaines surfaces étant plus
réfléchissantes que d’autres. Par exemple, la neige réfléchit davantage que l’asphalte.
Dans le bilan d’énergie on doit évidemment tenir compte des pertes convectives et
radiatives à la surface, et de l’accumulation de chaleur dans le sol (stockage).

Pendant l’été, de la chaleur s’emmagasine tranquillement dans le sol et pendant l’hiver,


cette chaleur est dissipée petit à petit. À cause de sa grande inertie thermique, le sol
réagit lentement aux variations thermiques et les amortit. Considérons un modèle très
simplifié pour nous aider à comprendre ce qui se passe. On suppose que la température à
la surface du sol varie de manière sinusoïdale avec une fréquence ω [s –1] et une
amplitude ∆T, c’est-à-dire T (z = 0, t ) = T + ∆T sin ωt . En résolvant l’équation de
conduction pour un milieu semi infini aux propriétés uniformes et constantes, on trouve
le profil de température suivant (voir Incropera et al., p. 299) :

 ω   ω 
T (z, t ) = T + ∆T exp − z  sin  ωt − z
 

 (1)
 2 α   2 α 

Une information utile est la profondeur d’influence de la condition aux limites. Pour z >
δ, avec

δ=4 α ω (2)

le profil de température est amorti à 90%. Autrement dit, on ne ressent presque plus
l’effet de la condition aux limites, soit les modifications de température en surface. En
considérant la fréquence appropriée, on montre que les perturbations thermiques dues
aux changements quotidiens (ωjour = 2π/(24 heures × 3600s)) sont atténués sur une
vingtaine de cm, alors que les changements annuels (ωan = 2π/(365 jours × 24 heures ×
3600s)) sont atténués sur un peu plus de 3 mètres. À la figure 2, on montre l’évolution
de température moyenne du sol pendant une année versus l’évolution de température de
l’air. Le phénomène d’amortissement y est bien mis en évidence. À la figure 3,
l’enveloppe à l’intérieur de laquelle le profil de température typique évolue (profil
trompette) est montrée. L’hiver, le sol est plus chaud que l’air ambiant, et l’été, le sol est
plus frais que l’air ambiant. La température des eaux souterraines quant à elle demeure à
peu près constante à longueur d’années à partir d’une certaine profondeur. Évidemment,
la composition du sol modifie considérablement son comportement thermique. Le
modèle de l’équation (1) est simplifié pour plusieurs raisons, notamment : i) les
propriétés sont rarement uniformes dans le sol qui est plutôt constitué de diverses
« couches »; ii) le modèle ne prend par en considération le gel et le dégel qui peuvent se
produire et la chaleur latente qui y est associée; iii) le profil de température à la surface

3
du sol n’est pas un « beau » sinus, mais comporte des effets associés au rayonnement, à
la présence de neige, etc.

On lit souvent sur des sites web : à partir d’une profondeur de X mètres, la température
du sol est constante à Y degrés Celsius tout au long de l’année. On verra plus bas que ce
n’est pas vraiment le cas, le sol plus en profondeur étant soumis à un gradient thermique.
De plus, si on retire beaucoup de chaleur du sol, il est clair que la température du sol
finira par diminuer. (L’inverse est aussi vrai en été : si on en envoie beaucoup de
chaleur dans le sol, celui-ci finira par se réchauffer, menant à une baisse de performance
du système). En d’autres mots, il est vrai que le sol présente une grande inertie
thermique, mais cette inertie n’est pas non plus infinie. Nous reviendrons sur ces idées
plus loin afin de tenter de répondre à la question : est-ce que la géothermie est vraiment
une énergie renouvelable?

25
20
15
10
T (deg C)

Temp. Air
5
Temp. Sol
0
-5
-10
-15
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Ja

Figure 2 : Évolution temporelle de la température moyenne du sol à une profondeur


donnée et de l’air.

Tair ≈ Tsol

hiver été

4
Figure 3 : Enveloppe du profil de température typique en fonction de la saison
(profil trompette).

5
3. Température du sol en profondeur (non-perturbé)

Plus en profondeur, la température du sol, en moyenne, augmente de 3,3°C par 100 m de


profondeur. Dans les zones géologiques plus « instables », le gradient peut être
beaucoup plus élevé, jusqu’à 30°C par 100 m de profondeur.) En considérant la
conductivité moyenne du sol à ces profondeurs (quelques W/mK), on trouve un flux
moyen de l’ordre de 60 mW/m2 . Cette valeur varie selon le milieu géologique, mais en
comparaison avec le flux radiatif provenant du rayonnement solaire (~1000 W/m2), c’est
bien peu!

On a commencé à mesurer au XIXe siècle la température du sol dans des mines


profondes. On s’est aperçu alors que la température augmentait d’à peu près 3 degrés
par 100 m de profondeur, c’est-à-dire que plus on avançait vers le cœur de la terre, plus
le sol se réchauffait. On croyait à l’époque que la chaleur emmagasinée au centre de la
terre était issue de la formation de la terre (c’est en bonne partie vrai!), et que par
conséquent, le flux de chaleur qu’on observait correspondait à cette énergie initiale qui
s’échappait petit à petit de la terre. Comme le transport de chaleur de l’intérieur de la
terre vers l’extérieur est lent, la terre perd aujourd’hui de la chaleur qui a été produite
dans le passé. Lord Kelvin avait d’ailleurs estimé l’âge de la terre à partir de ces
données, mais la date de formation de la terre qu’il obtenait de cette manière ne collait
pas avec les autres données géologiques. Ce n’est qu’avec la découverte de la
radioactivité en 1896 par Henri Becquerel qu’on a compris qu’en plus de la chaleur
initiale, des éléments radioactifs se désintégraient en générant de la chaleur au sein de la
croute terrestre. Autrement dit, il y a une faible source de chaleur (d’origine nucléaire)
dans la terre, et c’est aussi en partie de là que proviennent les fameux 60 mW/m2. La
question de savoir quelle est la source principale du gradient géothermique (cœur chaud
de la terre versus réactions nucléaires) ne fait pas unanimité dans la littérature.

Un bilan d’énergie plus précis nous apprend qu’en fait la terre laisse échapper plus de
chaleur qu’elle n’en reçoit. Globalement, la terre se refroidit donc, mais à un rythme lent
de… 0,13 degrés par millions d’années. Autrement dit, à l’échelle d’une vie humaine (et
même à l’échelle de notre espèce : apparition des homos sapiens sapiens il y a 100 000
ans!), c’est tout à fait négligeable.

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4 Différentes températures… différentes applications!

Tout dépendant de l’endroit où on se trouve sur le globe (dorsale? type de sol?


profondeur accessible?), on peut avoir accès à des réservoirs thermiques à différentes
températures. Vous avez vu en thermodynamique que plus la température du réservoir
est élevée, plus l’énergie disponible est de « haut niveau » (notions d’exergie). Je
reprends ici la classification des ressources géothermiques décrites dans [1] :

i) Géothermie haute énergie (T > 150ºC) : Ces ressources se situent généralement à des
profondeurs très élevées (1.5-3 km) dans des zones au fort gradient thermique (régions
volcaniques, frontières entre deux plaques) telles que la « ceinture de feu » du Pacifique,
l’arc des petites Antilles, l’arc méditerranéen ou encore le grand rift africain. Avec de
telles températures, on peut carrément produire de l’électricité.

ii) Géothermie moyenne énergie (90ºC < T < 150ºC) : Ces réservoirs se situent dans les
mêmes zones que celles à haute énergie, mais à une profondeur moindre (1 km). On
peut, par exemple, utiliser la géothermie moyenne énergie pour des applications visant le
séchage de produit ou la réfrigération (notamment via les cycles à absorption que nous
avons vus dans le chapitre sur l’énergie solaire). On retrouve également cette ressource
dans des zones très localisées où se situent des discontinuités dans la roche.

iii) Géothermie basse énergie (30ºC < T < 90ºC) : Présente dans de nombreuses régions
(notamment, le bassin de l'Amazone et du Rio Plata en Amérique du Sud, la région de
Boise (Idaho) et le bassin du Mississipi-Missouri aux USA, les Bassins parisien et
aquitain en France, le Bassin artésien en Australie, la région de Pékin, etc.), ces
réservoirs permettent des applications de type préchauffage, protection contre le gel,
pisciculture, serres et chauffage urbain.

iv) Géothermie très basse énergie (T < 30ºC) : Finalement, partout sur le globe, on peut
récupérer la chaleur emmagasinée dans les couches superficielles du sol et la transformer
avec un pompe à chaleur, soit pour le chauffage ou la climatisation. C’est généralement
à ce type d’applications que l’on réfère au Québec lorsqu’on parle de géothermie.

Nous décrirons brièvement les utilisations possibles de la géothermie de très basse


énergie, en nous attardant notamment sur les pompes à chaleur géothermiques qui
constituent l’application la plus répandue au Québec.

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5 Accès aux ressources géothermiques

Maintenant que l’on sait que le sol et l’eau qu’il contient sont des réservoirs de chaleur
ou de froid, comment faire pour aller récupérer cette chaleur ou ce froid? Il existe
plusieurs systèmes. Nous en verrons quelques uns dans cette section. Dans certains cas,
on ne va que collecter la chaleur dans le sol (ou en déposer dans le sol). Un fluide
circule alors dans une ou des boucles (par exemple, air, eau, glycol, etc.). Dans d’autres
cas, on préfère extraire l’eau du sol, en extraire la chaleur, puis rejeter l’eau plus froide
dans le sol. Voyons quelques exemples de collecteurs géothermiques.

5.1 Capteurs thermiques horizontaux

Les capteurs thermiques horizontaux sont enterrés à de faibles profondeurs et récupèrent


en hiver l’énergie stockée dans le sol. Les capteurs thermiques horizontaux sont
généralement constitués de tubes de polyéthylène (parfois de métaux gainés de
polyéthylène) enterrés à une profondeur de 1.5-2 m au Québec (parfois moins
profondément ailleurs). Plus les tubes sont enterrés profondément, plus la température
est stable et potentiellement élevée, mais les couts d’installation augmentent évidemment
avec la profondeur. De plus, certaines municipalités ou gouvernements peuvent imposer
des restrictions à la profondeur d’installation pour diverses raisons.

Traditionnellement, on creuse des tranchées dans lesquelles un ou plusieurs tubes seront


installés. Les tubes peuvent faire quelques centaines de mètres. On doit s’assurer qu’ils
sont suffisamment espacés les uns des autres. Le guide de l’ASHRAE fournit certaines
lignes directrices à cet effet. Comme règle du pouce, on peut dire que la surface sous
laquelle sont enterrés les tuyaux représente typiquement 1.5 à 2 fois la surface à
chauffer. Il faut donc disposer d’un grand terrain et il faut savoir qu’il ne sera pas
possible d’y planter d’arbres ni d’y construire sans risque d’endommager le collecteur.

Il existe également des foreuses directionnelles qui peuvent être utilisées pour placer des
tuyaux horizontaux dans le sol sans avoir à creuser de tranchées. Selon l’ampleur des
travaux et le type de terrain, ce type de forage peut être avantageux économiquement.

5.2 Échangeurs thermiques verticaux

Pour les échangeurs verticaux, on creuse généralement un trou de 12 à 15 cm de


diamètre et d’une profondeur pouvant atteindre quelques centaines de mètres. Le forage
est évidemment plus couteux que l’installation d’un capteur horizontal avec une simple
rétrocaveuse, mais il nécessitera moins de longueur de tuyaux et est plus « compact » si
on ne dispose pas d’un grand terrain vacant. De plus, le capteur vertical est moins
vulnérable aux arbres ou édifices environnants.

Tester al. proposent une corrélation approximative pour estimer le cout d’un forage
géothermique de grande profondeur (i.e., plusieurs centaines de mètres) :

cout[M$] = 0.246 exp ( 7.51× 10−4 z ) (3)

8
où Z est la profondeur de forage en mètres. Pour un forage moins profonds, on compte
quelques dizaines de $ par mètre de profondeur (~40$/m). Cependant, il est important de
comprendre que le prix précis d’un forage dépend grandement du type de sol dans lequel
on creuse. Le foreur facture généralement à l’heure et on ne peut savoir précisément quel
milieu géologique on rencontrera lors du forage. Normalement, sur l’épaisseur de mort-
terrain avant d’arriver au roc, on doit installer un tubage métallique pour retenir le sol, ce
qui augmente également le cout.

On installe dans le trou un tuyau en polyéthylène en forme de U et on remplit le trou


avec, par exemple, un ciment spécialisé (bentonite) afin de protéger le tube et
d’augmenter la conduction thermique du puits. La chaleur du sol est transportée par
conduction jusqu’au tuyau et est ensuite transmise au fluide.

Près de la surface du sol, les puits sont reliés entre eux par des tuyaux horizontaux qui
amènent le fluide caloporteur vers le bâtiment où se trouve la pompe à chaleur, ou
inversement, qui apporte le fluide caloporteur de la pompe à chaleur vers les puits. Cette
tuyauterie est enfouie dans le sol sur quelques mètres, de telle sorte qu’après les travaux,
on ne distingue plus ni les puits, ni la tuyauterie.

Test de réponse thermique


Les tests de réponse thermique servent à déterminer les propriétés du milieu géologique
où se trouve un échangeur géothermique vertical (particulièrement la conductivité
thermique équivalente du sol). Le test usuel est basé sur une solution à l’équation de
conduction pour un cas particulier. En effet, si on fournit au sol une puissance constante
q [W], la température du sol augmentera petit à petit. On peut montrer que la solution à
l’équation de conduction pour une source linéique infiniment longue (imaginez un fil
chauffant au centre du puits) est :

e− u

q z
T ( r, t ) = T0 +
4πk ∫ u
du (4)
r2
4 αt

W(r2/4αt)

où z est la profondeur du puits, r la coordonnée radiale et W est la fonction d’intégrale


exponentielle (voir annexe au sujet de cette fonction). On notera souvent q/z par q’. Ce
résultat repose sur diverses hypothèses : i) les propriétés du sol sont uniformes et
constantes, ii) le flux de chaleur sortant du puits est uniforme sur toute la longueur du
puits, iii) les effets du gradient géothermique et des conditions à la surface du sol sont
négligeables. En pratique, dans les tests de réponses thermique, on utilise souvent une
solution approximative de l’équation (4.4) obtenue par série de Taylor et qui est valide si
t ≥ 5r 2 α ,

9
q z   4α t  
T ( r, t ) ≈ T0 + ln   − γ (5)
4πk   r 2  

avec γ = 0.577 (une constante). T0 est la température moyenne du sol non-perturbé, i.e.
avant que l’on envoie de la chaleur dans le sol. L’idée d’utiliser une solution
approximative est la même que celle qu’on avait utilisée dans le cours GMC-3005 en
conduction transitoire (chap. 5, Incropera et al.). On utilise la solution approximative si
les temps sont suffisamment longs. En particulier, on peut évaluer l’équation (5) à r = rB,
soit à la surface du puits en contact avec le sol. Par la suite, on peut introduire un circuit
thermique entre la température du fluide circulant dans le tube en U et la température à la
surface du puits. Si on introduit une température moyenne du fluide dans le puits ( T ),
on trouve

Tin + Tout
T= = T ( rB , t ) + q′R B (6)
2

où T(rB,t) est la température évaluée à la surface externe du puits avec l’équation(5) et où


on a utilisé q’ = q/z. La résistance RB [K m/W] est par unité de profondeur de puits et
correspond à la résistance totale entre les tuyaux en U et la surface du puits touchant au
sol. Cette résistance connecte la température du fluide dans le tube à la température à la
surface externe du puits. Notez qu’il s’agit en fait d’une résistance par unité de
profondeur (K m/W), mais nous la noterons quand même R (et non R’) en conformité
avec la littérature sur la géothermie. On peut l’estimer expérimentalement (voir ci-bas),
où à l’aide de relations analytiques (un peu comme nous faisions en transfert thermique
avec les facteurs de forme S en conduction). La résistance totale de l’échangeur
géothermique est :

1 1 ln(D p, o D p ,i )  1
RB =  + + (7)
2  πD p, i h i 2πk p  Sk c

Le ½ devant les deux premières contributions vient de ce que pour une tranche à une
profondeur donnée, on a deux sections de tubes (tube ascendant, tube descendant), donc
deux fois ces résistances en parallèle. Dp,i et Dp,o dans les diamètres internes et externes
du tube, hi est le coefficient de convection interne, kp est la conductivité du tube
(typiquement autour de 0,5 W/mK) et kc est la conductivité du coulis (0,74 W/mK et
plus). Des corrélations ont été développées pour le facteur de forme S tout dépendant de
la position du tube en U dans le puits, par exemple :

β1
 d 
S = β0  B  (8)
D 
 p,o 

avec dB, le diamètre du puits (2rB). Les paramètres β0 et β1 ont été déterminés
expérimentalement. Pour des puits standards, Remund (1999) a proposé pour β0 et β1 :

10
20.10 et −0.9447 lorsque les tubes se touchent au centre du puits, 17.44 et −0.6052
lorsque la distance entre les tubes est égale à la distance entre un tube et la paroi externe
du puits, et finalement 21.91 et −0.3796 lorsque les tubes touchent à la paroi externe du
puits.

Au final, la valeur typique de la résistance du puits, RB, varie entre 0.05 et 0.2 m°C/W.
Les manuels de l’ASHRAE proposent des valeurs déjà calculées pour diverses
conditions. Notez qu’en pratique, il peut exister une différence entre la valeur calculée et
la valeur réelle compte tenu, par exemple, que les tubes peuvent ne pas être parfaitement
positionnés, que le puits n’est jamais pas parfaitement droit, etc.

Maintenant, revenons au test de réponse thermique. En combinant les équations


précédentes, on trouve une relation entre la température moyenne du fluide, le temps et
les autres paramètres du puits,

q′  q ′   4α   
T= ln (t ) + q ′R B + ln  − γ   + T0 (9)
4πk  4πk   rB2   
a
b
soit une relation de la forme T (t ) ≈ a ln (t ) + b . Ici, k est la conductivité du sol et α, sa
diffusivité thermique.

Voyons maintenant comment on utilise cette relation en pratique. On installe un tuyau en


U dans le puits à tester. On y fait circuler un fluide en boucle fermé, fluide que l’on va
chauffer de manière continue avec une puissance q, typiquement de l’ordre de quelques
kW. La température du fluide s’élèvera donc en fonction du temps. Après un certain
temps, l’augmentation de température suit à peu près l’équation (9). On mesurera alors la
pente de la droite T (t ) versus ln(t) (i.e., le coefficient a), ce qui permettra de déterminer
k,

q′
k= (10)
4πa

Pour être valide, le test doit être mené pendant une période suffisamment longue (48
heures et plus).

Dimensionnement
Quand on parle de dimensionnement d’échangeurs géothermiques, on cherche à
déterminer :
• la profondeur des puits
• le nombre de puits requis
pour satisfaire une demande donnée en chaleur et en froid. Un dimensionnement adéquat
est important, car un système surdimensionné conduit à un temps de retour sur

11
l’investissement trop grand et un système sous-dimensionné, à une performance
décevante.

Il existe diverses façons de dimensionner les puits. Il devrait être clair que le
dimensionnement du système requiert une bonne connaissance, ou à tout le moins un
estimé, de la charge de chauffage et de refroidissement que devra satisfaire l’échangeur
géothermique. Ce n’est pas pour rien que presque les 2/3 du guide accompagnant le
programme d’analyse de Retscreen pour la géothermie concerne en fait le calcul des
charges thermiques du bâtiment.

Le dimensionnement est aussi largement influencé par la stratégie que le concepteur du


système géothermique entend mettre en place. Est-ce qu’on se sert du champ
d’échangeurs uniquement pour chauffer ou à la fois pour chauffer et refroidir (recharge
thermique du sol)? Est-ce qu’on utilise la géothermie pour fournir seulement une petite
partie de la charge du bâtiment ou pour être en mesure de satisfaire des pointes
importantes? Selon les réponses à ces questions, la longueur requise pour les échangeurs
géothermiques risque de varier considérablement.

Il existe diverses règles du pouce pour dimensionner des échangeurs géothermiques.


Celles-ci sont généralement formulées en termes de longueur requise d’échangeurs par
quantité de refroidissement fourni. Par exemple, on pourrait indiquer qu’un échangeur
géothermique de 500 ft fourni environ 2 ton de refroidissement au bâtiment, ou qu’il faut
un quinzaine de mètre par kW de charge. Bien que de telles règles du pouce puissent être
utiles pour obtenir un estimé rapide, il faut être conscient de leurs limitations : elles ne
tiennent pas compte de l’environnement géologique, du design des puits, du concept
retenu, de la température du sol, etc.

La méthode proposée par l’ASHRAE permet de déterminer la longueur requise pour le


chauffage et le refroidissement. Cette méthode est présentée brièvement ici. Pour plus
de détails le lecteur est invité à consulté les guides de l’ASHRAE. Les longueurs
requises sont estimées avec les relations suivantes :

q a R ga + (q design , chauff − Wchauff )(R B + PLFm R gm + R gd Fsc )


L chauf = (11)
Tg − T − TP

q a R ga + (q design , refroidf − Wrefroidf )(R B + PLFm R gm + R gd Fsc )


L refroid = (12)
Tg − T − TP

où :
 qa est la puissance moyenne annuelle au sol [W]
 qdesign sont les charges (de chauffage ou de refroidissement) de design pour le
bâtiment [W]

12
 W sont les puissances requises par le compresseur de la pompe à chaleur en
mode chauffage ou refroidissement [W]. On pourra l’estimer si le COP de la
pompe à chaleur est fourni.
 PLFm est le facteur de charge partiel durant le mois de design (voir pp. 285-286
de McQuiston et al., 0<PLFm<1)
 Fsc permet de considérer le court-circuit entre les deux branches du tube en U.
Par exemple, en mode climatisation, de la chaleur sortira du tube descendant et
sera acquise par le tube ascendant sans réussir à être déposée dans le sol, d’où
l’appellation de court-circuit. La valeur de Fsc est typiquement de 1.01 à 1.06
 Tg est la température du sol non-perturbé, i.e. avant l’installation des échangeurs
géothermiques
 Tp est une correction pour les interactions interpuits (i.e. si on a un champ de
puits)
 RB est la résistance du puits [Km/W]
 Rga est la résistance annuelle par unité de profondeur du sol [Km/W]
 Rgm est la résistance mensuelle par unité de profondeur du sol [Km/W]
 Rgd est la résistance quotidienne par unité de profondeur du sol [Km/W]

On obtient deux longueurs d’échangeur (une pour satisfaire les besoins en chauffage, et
une pour satisfaire les besoins en refroidissement), et on peut choisir ensuite la longueur
que les échangeurs auront selon le concept retenu.

Le calcul des trois dernières résistances des équations (11) et (12) repose sur une
solution analytique de l’équation de conduction (solution pour une source cylindrique
infinie). On considère des pulses de différentes durées et on évalue la résistance du sol
pour cette durée de pulse. Les résistances sont déterminées à partir de ce qu’on appelle le
« facteur G ». En fait, plutôt que d’utiliser la solution (4) pour le profil de température
dans le sol en fonction du temps, si on considère que la source de chaleur est cylindrique
(ce qui est plus près de la réalité), on trouve comme température à la surface du puits :

q z
T ( rB , t ) = T0 + G ( Fo ) (13)
k

où le nombre de Fourier est Fo = 4αt/dB2. La fonction G(Fo) est tabulée. Il en existe


aussi des expressions analytiques. Ici, la figure 4 pourra être utilisée.

Les résistances qui apparaissent dans les équations (11) et (12) s’obtiennent avec le
principe de superposition qui est possible en raison de la linéarité de l’équation de
conduction. D’abord, la température après un pulse de 6 heures (1/4 jour) sera
T(rB , t ) − T0 = q′ G 2 k sol , ce qui donne une résistance Rgd = G2/ksol, où G2 est la fonction
G évaluée à un Fourier correspondant à 6 heures. Ensuite, on considère un pulse s’étant
produit dans le passé pendant 30 jours précédent le pulse de 6 heures. Finalement, un
dernier pulse de 10 ans, précédent les pulses précédents, est considéré. On trouve alors :

13
G f − G1
R ga = (14)
k sol

G1 − G 2
R gm = (15)
k sol

G2
R gd = (16)
k sol

1.E+06

1.E+05
Fo [sans unité]

1.E+04

1.E+03

1.E+02

1.E+01

1.E+00
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2
G [sans unité]

Figure 4 Facteur G en fonction de du nombre de Fourier, Fo = 4α sol t d 2B .

Les facteurs Gf, G1 et G2 sont déterminés à partir de la figure 4 à différents nombres de


Fourier (c’est-à-dire différents temps),

G f = G (t = 3680.25 jours ) (17)

G 1 = G (t = 30.25 jours ) (18)

G 2 = G (t = 0.25 jour ) (19)

5.3 Puits canadiens

14
Voici une variante des collecteurs géothermiques présentés ci-haut. On profite ici de la
température du sol pour préchauffer ou refroidir de l’air qui sera utilisé par un système
de ventilation. Le sol étant plus chaud que l’air ambiant en hiver, et plus frais que l’air
ambiant en été, on peut ainsi économiser en chauffage et en climatisation. On dit
souvent que l’air devra circuler à une vitesse relativement lente pour que sa température
change significativement, mais ce n’est pas toujours le cas. Les conduits doivent être
étanches puisqu’on ne veut pas souiller l’air qui entrera dans le bâtiment.

De la condensation dans les conduits peut se produire dans le puits en été. La


prolifération de microorganismes dans le condensat est une source de problème qui peut
faire en sorte que le puits canadien est relativement peu utilisé.

5.4 Boucle ouverte

Dans cette section, nous verrons comment récupérer de la chaleur en puisant l’eau
« chaude » ou « froide » dans le sol. Il s’agit donc d’un système ouvert. Un des
limitations des systèmes ouverts est la mauvaise « qualité » de l’eau qui peut engendrer
de la corrosion ou de l’encrassage des conduits suivants son pH, sa composition
chimique, etc. Soit dit en passant, le système de climatisation urbain au centre-ville de
Toronto est un système géothermique ouvert.

Pour fonctionner adéquatement et être rentable, les débits d’eau générés doivent être
importants. Pour des installations résidentielles, la référence [3] indique qu’il faut « une
capacité de 2 gallons à la minute par tonne de chauffage ou de réfrigération pour
alimenter le système ». Cependant, on ne connait pas forcément à l’avance jusqu’à
quelle profondeur il faudra creuser pour obtenir un tel débit, ni si cette source sera en
mesure de produire un tel débit à long terme. Il faut penser que plus on creuse
profondément, plus le cout augmente, particulièrement lorsqu’on a un doublet à mettre
en œuvre (voir ci-bas).

De la même façon qu’on peut réaliser des tests de réponse thermique, on peut aussi faire
des essais de pompage. Pendant une certaine période, on pompe un débit d’eau constant
du puits et on mesure l’évolution de la hauteur d’eau dans le puits. C’est l’équivalent de
mesurer la température en injectant de la chaleur dans le puits. Par la suite, on peut
estimer les propriétés hydrauliques du milieu géologique (perméabilité ou conductivité
hydraulique).

L’eau puisée dans le sol est envoyée à la pompe à chaleur, ou à un échangeur


intermédiaire (pour des raisons d’encrassage), pour alimenter le bâtiment en chaleur ou
en froid.

Une question importante du point de vue environnementale est celle du retour de l’eau.
Lorsqu’on a extrait la chaleur de l’eau, on doit disposer de cette eau refroidie. Si l’eau
ne présente pas de particularités défavorables (exemples : sels minéraux, pH, etc.) on
peut dans certains cas l’évacuer à la surface. Sinon, on doit réinjecter cette eau dans

15
l’aquifère. On aura donc besoin de deux forages : un forage duquel on extrait l’eau
(production) et un forage de réinjection. C’est ce qu’on appelle la technique du doublet.
Les doublets doivent être suffisamment éloignés pour éviter de refroidir la source
géothermale sur la durée de vie du système mis en place. Prenez note que l’on veut
également éviter de créer de la pollution thermique en augmentant de manière notable la
température d’un cours d’eau, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes sur
l’écosystème. De même, on évitera de solliciter l’aquifère à outrance (pompage) sous
risque de l’épuiser thermiquement.

6 Chauffage et climatisation avec pompe à chaleur

Vous êtes déjà familiers avec le fonctionnement des pompes à chaleur et les cycles
thermodynamiques sur lesquels elles reposent. Lorsque les ressources géothermiques
disponibles ne sont que de basse énergie, le recourt à une pompe à chaleur est presque
inévitable. Le réservoir chaud (ou froid) peut être soit le sol directement, soit l’eau
puisée de l’aquifère. L’avantage d’utiliser le sol au lieu de l’air comme dans les
thermopompes « traditionnelles », est que la température du sol est beaucoup plus stable
en fonction du temps que celle de l’air. De plus, aux faibles températures ambiantes, les
pompes à chaleur à l’air deviennent totalement inefficaces, ce qui n’est pas le cas des
pompes à chaleur géothermiques.

Un tel système de chauffage comprend trois composantes principales : i) une pompe à


chaleur, ii) un échangeur de chaleur avec le sol, et iii) un système de distribution de la
chaleur à l’intérieur. Nous nous intéresserons particulièrement aux deux premières
composantes.

L’échangeur de chaleur avec le sol peut prendre une des formes décrites précédemment.
Encore une fois, on peut utiliser une boucle fermée ou un circuit ouvert (aquifère).

La pompe à chaleur est essentiellement un cycle de réfrigération. L’évaporateur absorbe


de la chaleur en provenance du sol. Le réfrigérant est ensuite compressé, puis circule
dans le condenseur où la chaleur est dissipée et envoyée dans le bâtiment. On peut
dissiper la chaleur dans de l’air ou dans de l’eau (système de distribution de la chaleur
dans le bâtiment). Un détendeur permet ensuite de diminuer la pression et la
température du réfrigérant. Toutes ces composantes sont souvent groupées dans une
seule et même « boite ». En été, on peut inverser le cycle pour envoyer la chaleur du
bâtiment dans le sol. L’évaporateur devient compresseur et vice versa.

Si on conçoit le système en fonction de la période de chauffage, on pourra établir un


certain nombre de paramètres optimaux pour cette période : longueur optimale, fluides
utilisés, pression d’opération, etc. Évidemment, ces paramètres ne seront pas forcément
optimaux pour le fonctionnement en période de climatisation. L’inverse est aussi vrai, si
on design en fonction de la climatisation, certains paramètres pourraient être non-
optimaux en chauffage. C’est une des raisons justifiant l’utilisation d’un système
d’appoint pour le chauffage ou la climatisation.

16
Le comportement à long terme du sol peut être matière à problème. Plusieurs auteurs
notent qu’il peut se produire des variations de température du sol d’année en année s’il
existe des variations significatives entre la quantité de chaleur extraite du sol en hiver et
la quantité de chaleur déposée dans le sol en hiver. De plus, si on surexploite la
ressource, le sol pourra éventuellement devenir très froid, rendant inutilisable le système.

Nous avons vu des relations permettant de calculer la température du sol non perturbée.
Si on connait la température maximale et minimale du sol au courant d’une année, on
peut estimer que la température minimale de l’eau (ou glycol) entrant dans le sol doit
être :

Tw −in , min ≈ −8°C + Tsol,min (20)

et la température maximale de l’eau entrant doit être

Tw −in ,max ≈ MIN{43°C; Tsol,max + 11°C} (21)

Figure 5 : Exemples de systèmes avec pompes à chaleur géothermiques.

Références
[1] http://www.geothermie-perspectives.fr
[2] http://www.retscreen.net

17
[3] http://www.guidesperrier.com/produits_services/ choix_produits/chauffage/
geothermie/thermopompe.html
[4] Incropera, DeWitt, Fundamentals of Heat and Mass Transfer, Wiley, 5th Edition.
[5] En collaboration, Les systèmes géothermiques commerciaux : guide de
l’acheteur, Ressources Naturelles Canada, 2002.
[6] M.H. Dickson, M. Fanelli, Geothermal Energy: Utilization and Technology,
Unesco Publishing, 2003.
[7] http://www.eathenergy.ca
[8] http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/dossier577-5.php

18
Exercices

Questions de compréhension
1. De quelle manière agit la neige en hiver sur le profil de température?

2. Expliquez ce qu’est un test de réponse thermique et à quoi cela sert.

Lectures
3. Lisez l’annexe 4.1. Expliquez comment serait utilisée l’eau de la mine les
besoins en chauffage. Tracez le schéma du système.

Problèmes

4. Estimez la quantité d’énergie thermique stockée par unité de surface dans


une couche de 1.6 m d’épaisseur de sol pendant un été. Supposez que le
sol passe de 5ºC à 15ºC pendant la période estivale. Si on utilise un
échangeur horizontal pour récupérer cette énergie, quelle est la surface
requise si on veut répondre au besoin énergétique d’une maison
unifamiliale (85 GJ à Québec pour une maison neuve) avec une
thermopompe ayant un COP de 4.5? Discutez.

5. Les mines désaffectées de Murdochville sont remplies sont d’eau (4.1


millions de m3 d’eau). À la surface l’eau est à 3ºC et à 300m de
profondeur, elle atteint 7ºC. On arrive à y pomper 1000 gallons par
minute dans affecter significativement les températures et sans diminuer
le niveau d’eau dans les réservoirs. Quels types d’applications pourrait-
on envisager? Détaillez quantitativement.

19
Annexe 4.1

Une mine d’énergie


Murdochville va de l’avant avec un projet géothermique proposé par
l’étudiant-chercheur Jasmin Raymond

Par Jean Hamann

Un projet énergétique initié par l’étudiant-chercheur Jasmin Raymond, du Département


de géologie et de génie géologique, est en bonne voie d’être réalisé à Murdochville. En
effet, le gouvernement du Québec a annoncé le 28 janvier qu’il investissait 350 000 $
dans le projet d’installation d’un système géothermique dans le parc industriel de
l’endroit. Le directeur général de la municipalité, Jean-Marie Chrétien, a bon espoir que
le fédéral égalera la mise de Québec et que le projet, qui aura un effet structurant sur
l’économie de Murdochville, sera mis en chantier au cours des prochains mois.

Invité à présenter les détails de ce projet lors d’une conférence de presse qui réunissait
les dirigeants de la ville, des responsables du développement économique de la
Gaspésie et la ministre des Affaires municipales et des Régions, Nathalie Normandeau,
Jasmin Raymond a expliqué comment lui était venue l’idée de récupérer l’énergie
thermique qui dort dans les entrailles de l’ancienne mine de cuivre, fermée en 1999,
pour chauffer des bâtiments. «Ce n’est pas du pétrole, mais la chaleur de la Terre est
une source d’énergie fiable, renouvelable et continue, qui ne produit pas de gaz à effet
de serre», fait valoir ce spécialiste de la géothermie.

En 2004, après avoir travaillé pendant une année pour une entreprise qui utilisait la
chaleur des volcans pour produire de l’électricité au Salvador, Jasmin Raymond rentre
au Québec et apprend que les responsables de Murdochville veulent relancer
l’économie de leur ville en misant sur les énergies renouvelables. Il les contacte, visite
les installations minières abandonnées et entreprend un projet de maîtrise avec le
professeur René Therrien afin de déterminer le potentiel géothermique du site. Ses
recherches ont révélé que 4 millions de mètres cubes d’eau se sont accumulés dans
les couloirs de l’ancienne mine et que sa température est, en moyenne, à près de 7 oC
à longueur d’année. Même si elle paraît glaciale au toucher, elle renferme de l’énergie
qui peut être extraite à l’aide de pompes à chaleur. Selon les calculs de l’étudiant, le
potentiel énergétique emmagasiné dans cette eau équivaut à 12 000 barils de mazout.
Une fois extraite, cette énergie se renouvelle naturellement si l’eau est retournée dans
le sol.

Un système géothermique branché sur ce puits pourrait générer une puissance

20
maximale de 735 kilowatts, ce qui permettrait de chauffer des locaux couvrant 14 000
mètres carrés de superficie. À titre comparatif, cette surface équivaut à celle du pavillon
Félix-Antoine-Savard, l’une des deux tours du campus. Le plus important: la facture de
chauffage serait environ trois fois plus faible qu’avec un système au mazout, un
avantage non négligeable pour les entreprises qui souhaiteraient s’établir dans le parc
industriel de Murdochville.

Jasmin Raymond ne cache pas sa fierté de voir son mémoire de maîtrise, déposé en
septembre 2006, être si rapidement mis en application. «En général, il faut beaucoup
plus de temps pour faire passer des conclusions scientifiques de la théorie à la
pratique», souligne-t-il. Son intérêt pour la géothermie ne se dément pas, puisqu’il y
consacre ses travaux de doctorat. Une partie de ses recherches, réalisée à l’aide de
données provenant de Murdochville, porte sur l’amélioration des modèles numériques
de transfert de chaleur souterrain. «Ce genre d’outils peut servir à optimiser les
performances des systèmes de chauffage géothermique», précise-t-il. L’autre partie de
son doctorat porte sur le potentiel géothermique du roc situé sous des montagnes de
résidus miniers. Ce filon énergétique pourrait s’avérer de plus en plus intéressant à
mesure qu’augmenteront les coûts des sources conventionnelles de chauffage, prédit-il.

Au fil des événements, 7 février 2008, Volume 43, numéro 20

21
Annexe 4.2
Fonction exponentielle

e−u
W ( r / 4α t ) =
2
B ∫ u du
rB2 ( 4α t )
2
4αt/r B W
1.00E+00 0.2194
1.78E+00 0.4906 1.00E+06
3.16E+00 0.867
5.62E+00 1.3199
1.00E+05
1.00E+01 1.8229
1.78E+01 2.3565
3.16E+01 2.908 1.00E+04
5.62E+01 3.47 4*alpha*t/rB^2
1.00E+02 4.0379 1.00E+03
1.78E+02 4.6092
3.16E+02 5.1824
5.62E+02 5.7567 1.00E+02
1.00E+03 6.3315
1.78E+03 6.9067 1.00E+01
3.16E+03 7.4821
5.62E+03 8.0577
1.00E+04 8.6332 1.00E+00
1.78E+04 9.2088 0 2 4 6 8 10 12 14
3.16E+04 9.7844 W
Ei
5.62E+04 10.3601
1.00E+05 10.9357
1.78E+05 11.5114
3.16E+05 12.087
5.62E+05 12.6627
1.00E+06 13.2383

Note : cette fonction ressemble beaucoup au facteur G décrit dans les notes. Quelles sont
les différences entre les deux?

22
Annexe 4.3
Combinaison de pulses

La solution à l’équation de diffusion de la chaleur pour une source linéique Q/L


constante dans le temps s’écrit

Q L  r2 
T(r, t) − Ti = θ(r, t) = G 
k  4αt 

Évidemment, en pratique la charge n’est pas constante dans le temps. C’est ici qu’on fait
appel au théorème de superposition qui s’applique en vertu de la linéarité de l’équation
différentielle et des conditions aux limites. Considérons par exemple un pas de temps τ
correspondant à une heure. On s’intéresse à la charge horaire Q(t) [W ou Btu/h]. On dira
qu’entre t=0 et t = τ, la charge est Q1, qu’entre t = τ et 2τ, la charge est Q2, etc.

La température à une position donnée est influencée par tout ce qui s’est passé lors des
pas de temps précédents. Au temps t = τ (un pas de temps), la température à une position
r sera

Q1 L  r 2  Q1 L
θ(r, t = τ) = G = G ( r, τ )
k  4ατ  k

La température à t = 2τ peut être obtenue en superposant 2 solutions, soit la température


θ résultant s’un pulse Q1 entre 0 et 2τ, suivi de la température θ résultant d’un pulse Q2 –
Q1 entre τ et 2τ :

Q1 L ( Q − Q1 ) L G r, τ
G ( r, 2τ ) + 2
θ(r, t = 2τ) = ( )
k k

C’est ce qu’on peut voir à la figure qui suit :

Q1 Q2 Q1 Q2
t t t
= +
0 τ 2τ 0 τ 2τ 0 τ 2τ
−Q1

On généralise facilement au cas où t = nτ :


1  n −1

θ(r, t = nτ) = 
kL 
Q n G ( r, τ ) + ∑
i =1
Qi G ( r,(n − i + 1)τ ) − G ( r,(n − i)τ )  

23
24

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