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Elisabeth Pellegrin

Les "Remedia amoris" d'Ovide, texte scolaire médiéval.


In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1957, tome 115. pp. 172-179.

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Pellegrin Elisabeth. Les "Remedia amoris" d'Ovide, texte scolaire médiéval. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1957, tome
115. pp. 172-179.

doi : 10.3406/bec.1957.460224

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1957_num_115_1_460224
172 MÉLANGES

LES « REMEDIA AMORIS » D'OVIDE,


TEXTE SCOLAIRE MÉDIÉVAL
Le dernier numéro du catalogue de la bibliothèque du collège de
Hubant ou de l'Ave Maria1 est un recueil de textes évidemment des
tinés à l'usage scolaire2, dont l'un, intitulé « Legeram glosatus », doit
être identifié avec les Remédia amoris d'Ovide désignés par leur inci-
pit : Legerat, incorrectement reproduit ici3. Telle était du moins l'i
nterprétation que je proposais. Le chanoine A.-L. Gabriel a préféré,
dans son récent ouvrage4, reconnaître sous ce titre inhabituel un traité
moral sur les Métamorphoses d'Ovide, peut-être celui de Pierre Ber-
suire. Il paraît, évidemment, choquant qu'un poème amoureux d'Ovide
ait été mis entre les mains de jeunes écoliers, même si on tient compte
de l'immense faveur dont jouit cet auteur considéré comme moral
durant la période (xne-xive siècle) baptisée aetas ovidiana. Une pe
tite enquête dont les résultats sont présentés ici permet de démont
rer, avec l'aide de quelques témoignages convaincants, que les Reméd
ia amoris étaient réellement lus dans les écoles et que je n'avais pas
identifié « Legeram »... à la légère.
Leur étude était même recommandée, si l'on en croit un passage
du programme scolaire, dû peut-être à Alexandre Neckham, qui ensei
gnaà Paris à la fin du xne siècle : « Elegias Nasonis et Ouidium meta-
morfoseos audiat, sed et precipue libellum de remedio amoris fami-
liarem habeat5 »; il ajoute, il est vrai, cette restriction à l'usage des

1. É. Pellegrin, La bibliothèque du collège de Hubant dit de l'Ave Maria à


Paris (Bibl. de l'Éc. des chartes, CVII, 1947-1948, p. 73, n° 56). Le collège fut
fondé en 1339 ; le catalogue paraît postérieur de peu d'années.
2. Après les livres de chapelle (nos 1-36), la seconde partie du catalogue,
intitulée « De libris existentibus in libraria puerorum et in scolis ipsorum »,
recense des ouvrages de logique, physique, métaphysique, etc., pour les étu
diants es arts, puis des manuels élémentaires : Grécisme, doctrinal, grammaire,
algorisme, etc., destinés aux jeunes écoliers.
3. Cette façon de désigner un ouvrage par son incipit était courante au
Moyen Age ; on remarque deux autres textes ainsi design.es dans le même
numéro du catalogue : « Cartula » et « Rustica deflenti ».
4. A. L. Gabriel, Student life in Ave Maria College, Mediaeval Paris...,
Notre-Dame (Indiana), 1955, p. 195 (compte-rendu dans Bibl. de VÊc. des
chartes, CXIV, 1956, p. 231-235). — -Voir aussi A. L. Gabriel, Preparatory te
aching in the Parisian Colleges during the XIV^1 century [Revue de I' Univ. ď Ot
tawa, XXI, 1951, p. 469).
5. Ch. H. Haskins, A list of text-books from the close of the twelfth century
(Harvard Studies in class. Philology, XX, 1909, p. 91), et Ch. H. Haskins, Stu
dies in the history of mediaeval science, Cambridge, 1924, p. 372, d'après le
ms. Cambridge Gonville and Caius College 385. Cette liste, destinée aux « sco-
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gens austères : « Placuit tamen uiris autenticis carmina amatoria cura
satiris subducenda esse a manibus adolescencium ac si eis dicatur :
Qui legitis flores о pueri fugite, hinc latet amnis in herba » (Virgile,
Bucol., Ill, 92-93).
L'étude des manuscrits nous dira si la première recommandation a
été suivie. Rappelons tout d'abord la composition du recueil du col
lège de l'Ave Maria : « ... Pater noster glosatus, Ars dicandi, Chato
glosalus (Disticha Gatonis), quidem dirimaciones (Hugutio Pisanus?),
Cartula (Contemptus mundi), Theodolus glosatus (Ecloga Theoduli),
Legeram glosatus (Ouidius : Remédia amoris), Rustica deflenti (Auia-
nus : Fabulae), Declinationes quorumde uerborum, Facetus in latino,
Facetus in gallico, Chato in gallico, Ars notaria. » Les quatre titres
soulignés se retrouvent fréquemment dans un recueil scolaire baptisé
« Liber Gatonianus » du nom de son chef de file habituel, ces distiques
moraux qui sous le patronage usurpé du vertueux Gaton ont certa
inement battu de loin le record de durée des manuels d'école : plus
d'un millénaire ! C'est à M. Boas, le spécialiste de Gaton, que revient
le mérite d'avoir présenté clairement, dans un travail trop peu connu1,
l'évolution de cette collection de textes, dont la composition varie au
cours des siècles. Déjà, avant lui, S. Tafel, étudiant la tradition des
poèmes amoureux d'Ovide, était frappé de leur fréquente association
avec des ouvrages de grammaire et de morale le plus souvent versifiés,
et notamment de la préférence accordée aux Remédia amoris ; malgré
un ëtonnement non dissimulé2, il est bien forcé de conclure qu'Ovide
était un « Schulautor » pour une partie au moins de ses « Liebesge-
dichte ».
Selon Boas, le type courant du « Liber Catonianus » comprenait,
au хше siècle, les textes suivants : Cato, Theodulus, Avianus : Fabul
ae,Maximianus : Elegiae, Glaudianus : De raptu Proserpinae, Sta-
tius : Achilleis, quelquefois Yllias latina. Mais on substitue parfois à
Maximianus le poème d'Ovide, jugé moins nocif pour les enfants,

laribus liberalibus », énumère en premier lieu Donat, Caton et Theodulus. — Voir


aussi E. K. Rand, The Classics in the thirteenth century (Speculum, IV, 1929,
p. 249-269).
1. M. Boas, De librorum Catonianorum historia atque compositione (Mnemos
yne, XLII, 1914, p. 17-46). Il a paru, évidemment, à une date peu favorable
à sa diffusion ; la Bibliothèque nationale ne le possède pas, et je dois à l'obl
igeance de M. Vernet d'avoir pu en consulter un exemplaire.
2. S. Tafel, Die Ueberlieferungsgeschichte von Ovids Carmina amatoria1 ver-
folgt bis zum 11 Jahrhundert, Inaug. Diss. Tubingen, 1910, s'exprime ainsi,
p. 47 : «... So sehen wir auch die R,emed. deren Titel vielleicht falsche Hofî-
nungen erweckte eiïie bevorzugte Stellung dabei einnehmen. Wir haben also
die merkwiirdige Tatsache vor uns dass gerade die Werke Ovids zu einem
pâdagogischen Zweck ausgebeutet wurden die sich am wenigsten daftir zu
eignen scheinen. »
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selon Boas (p. 39) : « lam primům Maximiano qui minus idoneus dis-
cipulis uideri posset aliud amatorium carmen quod minus animis pue-
rorum esset nociturum medii aeui temporibus admodum adamatum
substitutům est, scilicet Ouidii Remedium amoris... » Néanmoins,
ajoute Boas (p. 40), certains « qui uero amatorios uersus prorsus alie-
nos duxerunt puerorum animis » suppriment Ovide, ne conservant
que Gaton, Theodulus et Avianus ; enfin, toujours au xnie siècle,
Avianus disparaît et quelques manuscrits ajoutent à la fin du recueil
le Tobias de Mathieu de Vendôme précédé ou non des Remédia amoris.
La liste d'exemplaires de ces diverses collections décrits par Boas
peut être allongée avec l'inventaire de manuels publié par E. M. San-
ford1, qui recense de nombreux « Libri Catoniani »; on constate, en
parcourant la table finale de cet article, que les Remédia amoris sont
de loin l'ouvrage d'Ovide le plus souvent représenté dans les manusc
rits 2.
Sans faire de longues recherches, on peut rencontrer plusieurs man
uscrits comprenant le groupement : Gato, Theodulus, Remédia amor
is, Tobias, parfois accompagné de commentaires : Amiens 436
(хше s.), provenant de Gorbie (Sanford, n° 287). — Berne 403 (a. 1284)
(Boas, p. 42; Sanford, n° 290), d'origine française. — Vatican Reg.


lat. 1412 (xive s.), d'origine française (Sanford, n° 409). — Vatican
lat. 1479 (xive s.), d'origine française (Boas, p. 42 ; Sanford, n° 405),
commence par Donat et comprend à la fin plusieurs textes, dont les
Métamorphoses d'Ovide et V Alexandr eis de Gautier de Châtillon. —■
Cambridge Gonville and Gaius College 202, 108 (хше s.), d'origine fran
çaise (Boas, p. 42 ; Sanford, n° 200), ajoute à la fin les livres I-IV des
Métamorphoses d'Ovide.
Le contenu de deux manuscrits ne m'est connu que par d'anciens
catalogues : Sorbonně, Catal. de 1338, XLV, libri grammaticales n° 44 :
« Auctores Catho, Theodulus, Remedium, Thobias » (éd. Delisle, Cabi
netdes manuscrits, III, p. 56 ; Boas, p. 42 ; Sanford, n° 403). — Saint-
Victor, Gâtai, de Claude de Grandrue 1514 3 JJJ 22 : « Glose super

1. E. M. Sanford, The use of classical latin authors in the Libri Manuales


(Transo.ctions of the American Philol. Assoc, 55, 1924, p. 190-248), consacre un
paragraphe aux « Libri Catoniani », qu'elle définit « the more extensive compil
ations for school use » (p. 197-198).
2. Déjà, au xie siècle ou même aux xe-xie siècles, le ms. Eton Bl. 6.5 réu
nissait Theodulus, Maximianus, Statius : Achilleis avec les Remédia amoris, les
Heroides d'Ovide et Arator (S. Tafel, p. 5-6 ; Sanford, n° 119) ; Boas, p. 44-46,
juge que ce n'est pas un « Liber Catonianus », mais le reste d'un grand recueil
ď « auctores ».
3. Conservé dans le ms. Paris lat. 14767 ; voir G. Ouy, Le catalogue provisoire
du fonds ancien de Saint- Victor... [Bibl. de l'Éc. des chartes, CXIV, 1956,
p. 192-198).
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Donatum et declinationes quorumdam uerborum1 1, Quidam auc-
tores glosati scilicet Catho 9, Theodulus 23, Ouidius de remedio amo-
ris 37, Thobias 57 » (le manuscrit comptait 83 folios). Un fragment de
ce manuscrit perdu se trouve aujourd'hui dans le ms. Vatican Reg.
lat. 816 (xine-xive s.), recueil dont les f. 20-27, anciennement numér
otés 9-16, contiennent Gato jusqu'à II, dist. 22, avec un comment
aire ; la cote JJJ 22 est inscrite en caractères gothiques en haut du
f. 20. Le manuscrit Leyde BPL 180 E (xive s.) dont les 20 fol. ont
l'ancienne numérotation 37-56 et qui, comme Vat. Reg. 816, est écrit
sur 2 col. de 48-50 lignes avec la même justification : environ 168 x
123 mm, doit être un autre fragment du manuscrit de Saint- Victor. Il
contient, f. l-lv°, la fin de Theodulus depuis le v. 337, et f. 1 v°-20 les
Remédia amoris avec un commentaire 2.
Quelques manuscrits vraisemblablement mutilés n'ont plus qu'une
partie de cette collection. Cambridge Trinity College R. 3.56 (xive s.)
(Boas, p. 42) et Vatican Reg. lat. 1386 (xnie-xive s.) (Sanford,
n° 270) n'ont que Theodulus, Remédia amoris et Tobias. — Reims 1260
(xnie s.) (Sanford, n° 367), 51 folios anciennement numérotés 42-91,
n'a plus que Remédia et Tobias ; des notes attestent qu'il servit à des
écoliers3. — Dans Paris lat. 8246 A (xive s.), les Remédia sont reliés
avec Caton.
Dans les manuscrits Amiens 436, Berne 403 t Vat. lat. 1479, les Reméd
<

ia amoris sont accompagnés du même commentaire, inc. : « Quoniam


liber artis amatoriae multos traxerat in (hune) errorem... » Ce com
mentaire accompagne également le poème d'Ovide dans d'autres man
uscrits qui contiennent une collection un peu différente ď « auctores 4 ».
Paris lat. 8246 (a. 1286) 5 (Sanford, n° 361) commence par les Reméd
iaamoris avec une autre rédaction du commentaire, inc. : « Quoniam
actor iste multos per artem amatoriam traxerat in errorem populata

1. Remarquer les mêmes Declinationes... dans notre manuscrit du Collège


de l'Ave Maria après Avianus.
2. Bibl. univ. Leidensis. Codices ЫЫ. publ. latini, 1912, p. 88-89. — Cepen
dant, les anciens chiffres ne sont pas encadrés des deux points caractéristiques
de la foliotation de Saint-Victor et le commentaire ne commence pas « Quoniam
liber artis amatoriae... », ainsi que m'en informent le Dr Lieftinck et Mlle Hul-
sofï-Pol, que je remercie de leurs renseignements sur ce manuscrit et sur les
mss. Leyde BPL 138 et 161.
3. Catalogue général des manuscrits., XXXIX, 2, 1904, p. 352-353.
4. Ainsi appelait-on les textes destinés à illustrer l'enseignement de la gram
maire que les anciens catalogues rangeaient avec les « Libri grammaticales »,
ainsi qu'on peut le constater à la Sorbonně.
5. Ce manuscrit, qui avait été volé par Libri, est actuellement relié en
quatre petits volumes ; voir L. Delisle, Catalogue des manuscrits des fonds Libri
et Barrois, 1888, p. 225-229. D'après la notice du catalogue imprimé en 1744,
la Poetria noua précédait le Facetus dans le volume primitif.
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autem... » ; ensuite Tobias, Persius : Saturae (d'une autre main), Gato,
Facetus « Gum nihil utilius... », divers textes dont une satire « Sacer-
dotes memento te..., Gaufridus de Vinosaluo : Poetria noua, Ps. Ma-
cer : De uiribus herbarum. — Paris lat. 15158 (a. 1289) (Sanford, n° 364 ;
ancien Saint-Victor, JJJ 26) : Gato, Theodulus, Remédia amoris, Pru-
dentius : Psychomachia mutilée au début, illustrée de dessins à la
plume1. — Paris lat. 8048, recueil de fragments réunis par Claude
Dupuy2, les fol. 16-47 (xine-xive s.) contiennent les Remédia amoris
et les Fabulae d'Avianus, en fait, le second texte devait précéder le
premier d'après les signatures des cahiers 3, qui démontrent également
que le début du volume a été détaché ; il devait contenir Gaton et
Theodulus. Or, la deuxième partie de Paris lat. 1862 : f. 83-154 (хше-
xive s.), provenant de Claude Dupuy, contient Gato, Theodulus et
Tobias, et au début un sommaire de la main de Dupuy indique que
«Aesopus » et « Ovid. de remedio amoris » devaient précéder Tobias4.
L'écriture et le format sont identiques à ceux du fragment de lat. 8048,
et les signatures des cahiers 3 confirment que celui-ci devait s'inter
calerentre les f. 114 et 115 avant Tobias. — Dans Erfurt Amphon. Q. 1
(xive-xve s.), le commentaire se trouve aux f. 66-76, précédant les
Remédia (f. 76-112 v°) 5.
On retrouve donc le commentaire « Quoniam liber artis amatoriae. . . »
dans sept manuscrits au moins. Presque tous ces manuscrits sont d'ori
gine française et trois d'entre eux sont datés respectivement : 1284,
1286 et 1289 ; il semble donc que, dans la seconde moitié du хше siècle,
les Remédia amoris étaient assez répandus dans les écoles pour qu'un
maître, peut-être parisien, ait jugé nécessaire d'y joindre un comment
aire explicatif. S. Tafel6 avait soupçonné avec raison que les « carmina

1. Au f. 47 après les Remédia, des croquis accompagnés d'une légende en


français illustrent la légende de Pyrame et Thisbé.
2. Le dernier fragment f. 116-123, anciennement numérotés 168-175, doit
être rattaché au début du ms. Paris lat. 15139 (Saint-Victor KKK 22), qui
:

ne contient plus que les f. 176-306 du volume décrit par Claude de Grandrue ;
celui-ci indique au f. 168 : « Tullius de oratoře » ; il a éfé trompé par le titre :
« Tullius in primo libro ad Herennium de oratoris officio » (lat. 8048, f. 116),
qui précède, en réalité, un choix d'extraits de la Rhetorica ad Herennium. Ce
fragment, est à ajouter à la précieuse liste de concordances établie par M. Ouy ;
cf. art. cité.
3. F. 16-23, quaternion sans signature apparente ; f. 24-33, quinion signé h ;
f. 34-41, quaternion signé e ; f. 42-47, ternion signé f.
4. Le Catalogue général des manuscrits latins de la Ribliothèque nationale
publié sous la direction de Ph. Lauer, II, 1940, p. 201-202, ne remarque pas
la lacune. Elle est antérieure à 1657, date du catalogue des Dupuy publié par
H. Omont, Anciens inventaires et catalogues de la Bibliothèque nationale, IV,
1913, p. 192 (Dupuy 54 = lat. 8048) et p. 202 (Dupuy 167 = lat. 1862).
5. F. 83-114, quatre quaternions signés en bas, à gauche, comme dans
lat. 8048 : a, b, с, d ; f. 115-154, cahiers signés, i, k, 1, m, n.
6. Ouvr. cité, p. 47 : « Frankreich scheint allerdings vorzuherrschen... »
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arnatoria » d'Ovide, et notamment les Remédia amoris, étaient répan
dussurtout en France.
Signalons encore des manuscrits où les Remédia sont associés
avec Avianus, comme dans notre manuscrit du collège de l'Ave
Maria et comme dans Paris lat. 8048 : Gampensis 2843 (Kam-
pen aux Pays-Bas, Archives, Boas, p. 39-40; Sanford, n° 391),
a. 1339, contient Cato, Theodulus, Avianus, Remédia. — Stuttgart 4°
34 (xive s.) (Tafel, p. 46 ; Sanford, n° 404) : Theodulus, Remédia, Sta-
tius : Achilleis, Avianus. — L yde BPL 161 (xive s.) : Avianus (mutilé
au début), Remédia, Tobias.
D'autres ouvrages, dont Boas se contente d'indiquer brièvement la
liste (p. 43), furent adjoints aux « Libri Gatoniani » au cours des xine
et xive siècles, donnant naissance à des recueils d'une grande variété
et même à ce qu'on pourrait appeler des dérivés du Liber Catonianus,
ne conservant plus qu'un ou deux des textes de la collection primitive.
Le manuscrit du collège de l'Ave Maria contenait deux de ces textes
additionnels, le Contemptus mundi « Gartula1 » et le Facetus, sans
doute la version en hexamètres « Cum nihil utilius... », qui était très
répandue dans les écoles2, sans parler de sa traduction française, qui
l'accompagnait, ainsi qu'une version française de Gaton. La présence
de l'un ou l'autre de ces textes latins est attestée dans plusieurs recueils
contenant les Remédia. Paris lat. 8460 (xive s.) (Boas, p. 42 ; Sanford,
n° 400, avec la cote 8640) contient, après une copie des Remédia du
xiie siècle provenant d'un autre manuscrit3, le recueil : Gato, Theo
dulus, Contemptus mundi « Cartula », Galterius Anglicus : Fabulaei,
Tobias, Remédia. — Oxford Bodl. Auct. F. 5.6. (fin хше s.) (Boas,

p. 21-22 ; Sanford, n° 784) commence par le Contemptus mundi (Gato


et Theodulus, qui devaient suivre, d'après la table, ont disparu), en
suite Avianus, Maximianus, Statius : Achilleis, Glaudianus : De raptu
Proserpinae, Remédia amoris, Ps. Iohannes de Garlandia : Summa
poeniientiae, Alanus de Insulis : Parabolae5, Tobias, etc. — Paris
lat. 8246, déjà cité, contient le Facetus, qui est joint avec le Con-

1. Édité sous le nom de saint Bernard, Migne, Patrol, lat., 184, col. 1307-
1314. — Б. Schroder, Gôttingen, 1910.
2. Édité avec plusieurs anciennes traductions françaises : J. Morawski, Le
Facet en françoys, éd. critique des cinq traductions des deux Facetus latins, Poz-
Tnan, 1923, p. 3-11, qui le croit œuvre d'un maître parisien.
3. Récemment collationnés par F. W. Lenz, Der praestantissimus Puteanus
der Remédia Ovids [Studi italiani di filologia classica, XXIX, 1957, p. 1-30).
4. Remaniement des fables d'Ésope (xne s.) souvent appelé Aesopus ou
.Romulus au Moyen Age, éd. J. Bastin, Recueil général des Isopets, II, Paris,
1930, p. 7-66.
5. Ces deux textes font partie des additions au Libri Caioniani énumérées
par Boas ; le premier est édité avec les œuvres de Pierre de Blois, Migne, Pat
rol, lat., 207, col. 1153-1156 ; le deuxième est édité Ibid., 210, col. 581-594.
BIBL. ÉC. CHARTES. 1957 12
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.
temptus mundi dans les manuscrits Paris lat. 15160 (Boas, p. 43 ;
Saint- Victor, KKK 3) (xve s.) avec le Floretus, Avianus, etc., et Char-
leville 106 (xive s.), qui contient, en outre, Gaton et Tobias avec
beaucoup d'autres textes.
Quelques recueils scolaires du xve siècle accueillent encore les Re
média. Leyde BPL 138, copié en 1437 dans le diocèse de Saint-
Malo par Jean Brulelou, contient Gato, Theodulus et Remédia. —
Metz 169, d'origine française, contient, après deux grammaires, Ala-
nus de Insulis : Parabolae, Auianus : Fabulae1, Ps. Iohannes de
Garlandia : Summa poenitentiae, Remédia amoris, Tobias, Ps. Iohannes
de Garlandia : Dictionarius metricus2, etc. — - Vienne 3114 (copié peut-
être à Leipzig en 1481) comprend, entre autres : Maximianus, Sta-
tius : Achilleis, Tibullus, Henricus Septimellensis : Elegia3, Alanus de
Insulis : Parabolae, Pamphilus de amore, Theodulus, Remédia amoris et
Ars amatoria d'Ovide. — Paris lat. 8247, copié entre 1465 et 1467 à
Paris par le franciscain Bertrand Gineste de Rodez4, qui réalise le
rare exploit d'achever en un jour (7 décembre 1467) la transcription des

1. On ne sait pourquoi le Catalogue général des manuscrits, série in-4°, V,


1879, p. 75, confond avec le De uetula attribué à Ovide ce poème clairement
dénoncé par son incipit : « Rustica deflenti... »
2. Éd. A. Scheler, Olla patella, vocabulaire latin versifié .{Reçue de l'instruc
tion publique en Belgique, XXI, 1878, p. 104-110).
3. Ce poème (xne s.), qui n'est pas mentionné par Boas, constitue une va
riante propre à l'Italie, qui l'insère volontiers, sans doute dès le xine siècle,
mais surtout aux xive et xve siècles, dans les recueils scolaires ; au xve siècle,
il gagne les pays voisins : éd. A. Marigo, Henrici Septimellensis Elegia sive de
miseria..., Padoue, 1926; et avec une ancienne traduction italienne : G. Cre-
maschi, Enrico da Setiimello Elegia. A fronte la traduz. anonima in volgare del'
300 del cod. Riccardiano 1338 (Orbis christianus, Collana di testi medievali e
umnistici, fasc. 1), Bergame, 1949. Il est fréquemment associé à des textes du
« Liber Catonianus » primitif ou augmenté, notamment, avec les Fabulae de
Galterius Auglicus. On le trouve dans le ms. Mont Cassin 227 P, copié entre
1288 et 1308, qui commence par Caton, avec Theodulus, Galterius Anglicus,
la Psychomachia et le Dittochaeum de Prudence, le Contemptus mundi « Car-
tula », le Physiologus et le Facetus « Moribuî et uita » (M. Inguanez, Codic. Cas-
sinensium manuscriptorum catalo gus . . . , II, 1928-1934, p. 30-34) ; dans le ms.
Pistoie Forteguerr. 27, copié en 1402 par Sozomène de Pistoie, alors âgé de
quinze ans, avec Caton, le Dittochaeum de Prudence, le Contemptus mundi
« Cartula », le Physiologus ; Theodulus, qui suivait, a disparu à la fin (A. Man-
cini, Un quaderno di scuola di un umanista célèbre, dans Atti del R. Isdtuto
Veneto di scienze, leuere et arti, LXXXVIII, 1929, p. 279-288) ; dans Milan,
Braidense AD.X. 43 (xve s.), avec la Geta de Vital de Blois, Galterius Anglicus,
les Epigrammata de Prosper d'Aquitaine, Maximianus (début seul), etc. (voir
G. Rotondi, II Ms. Braidense AD.X. 43 di Enrico da Settimello, dans Rendiconti
del R. Istituto lombarde..., Ser. II, 59, 1926, p. 472-484, qui décrit d'autres
recueils comprenant ce texte).
4. Le ms. Berne A. 61 contient Y Ars poetica d'Horace terminé par le même
copiste le 25 décembre 1467, à Paris aussi chez Antoine Calmelli (Chaumel?).
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814 vers des Remédia amoris, contient des textes scolaires comme la
Geta de Vital de Blois, YElegia d'Henricus Septimellensis, le Facetus
« Gum nihil utilius », mélangés à des traités de philosophie et de théo
logie. Connaissant l'emploi du poème ovidien dans les écoles, nous
serons moins scandalisés que le bon Hauréau1 de voir le pieux francis
cain dédier, certainement sans malice, sa copie des Remédia à la gloire
de la Vierge Marie, dont la fête tombait le lendemain !
Mais Vaetas ouidiana n'en était pas moins dépassée et les Remédia
amoris sont désormais exclus du recueil auquel aboutissent les « Libri
Catoniani » et qui, stabilisé et diffusé par l'imprimerie à la fin du
xve siècle, jouira d'une grande vogue dans les écoles jusqu'au milieu
du siècle suivant sous le titre : Auctores octo morales2.
Elisabeth Pelle grin.

LE LIVRE D'AGENAIS
A PROPOS D'UNE ÉDITION RÉGENTE
Le manuscrit Bodley 917 est un des plus vénérables encore conser
vés touchant la Gascogne anglaise : c'est le plus ancien et le seul
datant du хше siècle ; c'est aussi le seul original. Signalé depuis 1890
par Ch.-V. Langlois, il n'avait depuis lors fait l'objet d'aucune publi
cation ni d'aucune étude.
M. Guttino, qui l'a publié récemment3, a fait précéder son édition
d'une introduction dans laquelle, après avoir décrit le manuscrit
(chap, i), il a tenté d'en retracer l'histoire (chap. н). Une meilleure
connaissance de l'histoire de l'Agenais au хше siècle, de ses données
et de ses problèmes, de ses sources et de sa bibliographie, jointe à un
examen plus approfondi du texte lui-même, aurait probablement per
mis à l'auteur de résoudre de façon plus satisfaisante les menues

1. Qui reproduit Ja souscription du copiste (f. 23 v°) : « ... Parisius in camera


magistři Anthoni Calmelli ... », où celui-ci prend la précaution de nommer deux
témoins de son travail (Notices et extraits des manuscrits, XXIX, 2, 1880,
p. 240).
2. C'est-à-dire : Caton, Facetus « Cum nihil utilius »; Theodulus, Contemptus
mundi « Chartula » ; Floretus, Alanus : Parabolae, Fabulae [Galterius Anglicus]
et Tobias de Matthieu de Vendôme. — J. Osternacher, Die Ueberlieferung der
Ecloga Theoduli (Neues Archiv, XL, 1916, p. 331-376), énumère plus de ci
nquante éditions du recueil, dont la première édition datée est de 1488, jusqu'à
1544.
3. Le Livre ď A gênais, publié d'après le ms. Bodley 917 par George P. Cut-
tino, Toulouse, Centre régional de documentation pédagogique, 1956, in-8°,
xxx-84 p., pi. (Cahiers de l'Association Marc Block de Toulouse. Documents
d'histoire méridionale, 1.)

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