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Premier semestre 2017-2018

Lundi, 12h00 - 15h00


Clotilde Leguil, Maladies d’amour. Les modalités du manque dans les
névroses
La psychanalyse, depuis son origine avec Freud, a pour objet les maladies d’amour.
Ces maladies d’amour se manifestent à travers des symptômes qui demandent à
être déchiffrés. La thèse de Lacan est que ces symptômes parlent de ce qui nous
manque.
Dans le Séminaire de l’année 1956-1957 sur « La relation d’objet », Lacan explore ces
maladies d’amour en donnant un statut particulier au manque. Relisant le cas Dora
de Freud,il affirme que Dora aime son père “pour ce qu’il ne lui donne pas”. Il
témoigne ainsi des paradoxes de l’amour, du don et du manque dans l’hystérie,
mais aussi dans les névroses en général. Nous nous interrogerons sur les modalités
du manque dans les névroses, en travaillant sur la distinction proposée par Lacan
dans le Séminaire IV entre la frustration, la privation et la castration.

Lundi, 15h00 - 18h00


Carolina Koretzky, La dialectique du désir et de la demande dans les
névroses
Tel est le titre qui clôt la dernière partie du séminaire que Lacan consacre aux
formations de l’inconscient (1957-1958). Dans ces derniers chapitres il revient sur
quatre rêves analysés par Freud (rêve de Dora, d’Irma, de la belle bouchère, et de
« L’eau qui dort ») Lacan y propose une relecture de ces rêves où il dégage pour son
auditeur la dialectique de la demande et du désir. Au-delà du registre imaginaire, le
phallus est le signifiant du désir et non pas son objet. Quelle différence entre les
deux ? Dans cette dialectique, le désir prend forme de « condition absolue » et se
dégage dans la réfutation que le sujet oppose à ce que la demande d’amour soit
réduite aux besoins. Cette dialectique, fondatrice du désir, comment se présente-elle
au sujet dans nos sociétés d’aujourd’hui ? Nous tenterons d’interroger les nouveaux
remaniements du désir dans notre époque.

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Mardi, 15h00 - 18h00


Christiane Alberti, Le symptôme analytique
Dans un contexte où la notion floue de trouble (véritable fourre-tout sémantique)
tend à envahir tout le champ de la clinique, l’étude du concept de symptôme en
psychanalyse est de nature à nous orienter plus sûrement. Défait de ses adhérences
médicales, le symptôme qui s’adresse au savoir de la psychanalyse change de
définition en désignant « la note propre de la dimension humaine » (J. Lacan). Dans
le trajet d’une cure, s’atteste ce changement de statut : du signe d’un

1
dysfonctionnement encombrant, senti comme intrusif, le symptôme devient le signe
du sujet, son partenaire le plus intime. L’analysant découvre en effet que le
symptôme est biface, à la fois porteur d’un sens « en rapport avec la vie des
personnes qui les présentent » mais aussi liés à « une satisfaction libidineuse,
incompréhensible », « de nature bizarre » selon les mots de Freud.
Des élaborations successives de la catégorie de symptôme dans l’enseignement de
Lacan, cet enseignement se dédiera à privilégier ces deux axes :
1) le symptôme comme métaphore de vérité. La dimension du symptôme comme
irruption de non-sens dans la chaîne du savoir, « retour de la vérité dans la
faille d’un savoir ». (« Du sujet enfin en question » J. Lacan)
2) symptôme, caractère, personnalité. Nous examinerons le passage du symptôme
considéré comme formation discrète, localisée, et déchiffrable dont on se plaint,
au symptôme envisagé comme fonctionnement qui s’étend à toute la destinée, à
l’existence elle-même. Pour cela nous prendrons appui sur la lecture du
Séminaire V, Les formations de l’inconscient, que Jacques-Alain Miller nous en
propose à partir de la structure de ces formations.

Bibliographie :
Freud S., Introduction à la psychanalyse, Paris PBP, 1973.
Lacan J. « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits,
Paris, Seuil, 1966.
Lacan J, Le Séminaire, livre V, Les formations de l’inconscient, Paris, Seuil, 1998.
Lacan J., « Conférence à Genève sur le symptôme », La Cause du désir, numéro 95, p
12.

Mardi, 15h00 - 18h00


Sophie Marret, « L’inconscient et la répétition ». Lecture du Séminaire
XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse
Lacan ouvre le séminaire XI sur l’interrogation : « Qu’est-ce que la
psychanalyse ? »1. Il revisite les concepts fondamentaux de la psychanalyse,
consécutivement à son excommunication de l’IPA, pour préciser les enjeux qui ont
conduit à la proscription de son enseignement et continuer à en renouveler les
fondements.
Cette révision des concepts fondamentaux, s’avère en effet, la conséquence de
l’invention de l’objet a dans le séminaire X. C’est à partir de la saisie de l’objet
comme « antérieur à la loi et au désir »2 que s’opère une mise en question du père
sur laquelle débouche le séminaire l’Angoisse. Jacques-Alain Miller souligne que
« quand s’affirme ce tout signifiant [qui culmine dans le séminaire V], quand [le
signifiant] devient totalitaire, […] alors, corrélativement, s’affirme ce qui n’est pas
signifiant ». L’objet a est un « sans nom »3. « Et c’est bien parce qu’ […] il n’a pas de
nom qu’il met en question le Nom-du-Père » et que le séminaire X aboutit à montrer

1
Jacques Lacan, Le séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, (1964), texte
établi par Jacques-Alain Miller, Paris : Seuil, 1973.
2 Jacques-Alain Miller, « Introduction à la lecture du Séminaire l’Angoisse de Jacques Lacan », in La
Cause Freudienne, n° 58, Paris : Navarin, diffusion Seuil, p. 94.
3 Ibid., p. 78.

2
que la puissance du père « achoppe sur l’objet a »4. L’Autre prend des allures de
« mirage », « le lieu de l’appeau sous la forme du a »5. L’objet a fait donc objection à
la totalisation de et par l’Autre.
Le séminaire XI revient alors sur le clivage du signifiant et de la jouissance,
cherchant à saisir leur articulation, sans laquelle la psychanalyse n’est pas pensable.
Elle nécessite de pouvoir envisager l’action de la parole au regard de la jouissance,
voire sur la jouissance.
Le séminaire XI, indique Jacques-Alain Miller, procède à une tentative
d’ « intégration » de la jouissance, de normalisation, il « forge une alliance, une
« articulation étroite entre signifiant et jouissance » par la reprise des concepts
d’aliénation et de séparation.6 Le concept d’inconscient subit aussi un remaniement,
il n’est plus tant attaché à l’ordre signifiant qu’à la discontinuité, il devient un bord,
« qui s'ouvre et qui se ferme » pour le rendre « homogène à une zone érogène »,
cherchant à établir une « communauté de structure entre l’inconscient symbolique
et le fonctionnement de la pulsion »7.
L’objet devient alors « l'élément comique pur »8, par opposition au tragique lié à la
dimension de la Chose dans le séminaire VII.
Nous nous attacherons en premier lieu à la lecture de la première partie
« L’inconscient et la répétition »

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Mercredi, 12h00 - 15h00


Fabienne Hulak, La lettre au joint de l’analyse et de l’inanalysable
Dans la première leçon du Séminaire V « Les formations de l’inconscient » Lacan
produit le schéma du Witz qui trouvera son développement avec le graphe du désir.
Il privilégie l’élément phonologique comme actualisation possible des effets du
signifiant : le calembour, le jeu de mots, etc. « (…) c’est bien pourquoi, dit-il, nous
commencerons aujourd’hui à entrer dans le sujet de l’inconscient par le trait
d’esprit, le Witz » ( S V, p. 16).
Dans sa conférence du 16 juin 1975, il déclare à propos de l’homophonie
translinguistique chez Joyce « (…) J’ai dit que l’inconscient est structuré comme un
langage. Il est étrange que je puisse aussi dire désabonné de l’inconscient quelqu’un qui ne
joue strictement que sur le langage … » (S XXIII, p. 166).
En référence principalement au Séminaire V et XXIII, nous mettrons en tension ces
deux propositions de Lacan pour explorer la fonction de la lettre en relation avec la
jouissance.


4 Jacques-Alain Miller, « Introduction à la lecture du Séminaire l’Angoisse de Jacques Lacan », in La
Cause Freudienne, n° 59, Paris : Navarin, diffusion Seuil, février 2005, p. 89.
5 Ibid., p. 83.
6
Jacques-Alain Miller, « Les six paradigmes de la jouissance », in La Cause Freudienne n°43, revue de
psychanalyse, Paris : Navarin, octobre 1999, p. 15.
7
Ibid., p. 16.
8
Jacques Lacan, Le séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, p. 11.

3
Bibliographie :
Lacan J., Le Séminaire livre V, Les formations de l’inconscient, Paris, Seuil, 1998.
Lacan J., Le Séminaire livre XXIII, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005.

Mercredi, 15h00 - 18h00


Caroline Doucet, De quoi se plaint-on aujourd’hui ?
La mise à mal de la norme oedipienne, la chute des idéaux, la préférence donnée au
nouveau sur la tradition ainsi que la place accordée à la logique féminine modifient
la clinique. Les formes du social et de l’interdit, les demandes de l’autre social ou
familial, les nouvelles normes ont une incidence sur la plainte adressée au praticien.
Il s’agira de porter notre attention sur la subjectivité de notre époque caractérisée
par la dévaluation de l’Autre, le triomphe de l’imaginaire et le règne du numérique.
Autrement dit, nous envisagerons les modes de défense contemporains contre le
réel. Car quelque chose contrarie la vie rêvée, bouleverse les plans de chacun,
parasite la vie ordinaire, laissant les sujets empêtrés dans la revendication
pulsionnelle dont ils se plaignent, sans qu’ils mesurent toujours la part qui leur
revient.

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Jeudi, 12h00 - 15h00


Damien Guyonnet, Le signifiant chez Lacan et ses différents abords
Nous allons poursuivre cette année notre étude du rapport entre le signifiant et
l’objet, entre S1 et petit a. Au cours de ce premier semestre, seront dépliés les
différents abords du signifiant par Lacan : le signifiant en lien avec le signifié
(« L’instance de la lettre »), le signifiant en lien avec un autre signifiant (Séminaire
XI, Les Quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse), le signifiant en lien avec la
jouissance (à partir du Séminaire XVII L’envers de la psychanalyse). C’est finalement
le statut du signifiant Un, du signifiant tout seul qu’il s’agira d’aborder, en ayant
pour objectif d’éclairer l’écriture S(A) barré qui parcourt tout l’enseignement de
Lacan. Les deux cours de Jacques-Alain Miller auxquels nous nous référerons
sont les suivants : « Ce qui fait insigne » (1986-87) et « L’être et l’Un » (2011).

Jeudi, 15h00 - 18h00


France Jaigu, Hamlet, une tragédie du désir
Au chapitre 5 de sa Traumdeutung, alors qu’il en est à évoquer les « rêves typiques »
que sont « les rêves de la mort de personnes chères », Freud consacre quelques
pages au Hamlet de Shakespeare. Se démarquant de la lecture qu’en fait Goethe (qui
devinait chez le héros « le type d’homme dont l’énergie spontanée est (…) rendue
malade par la pâleur de la pensée »), Freud compare la tragédie du prince danois à
celle d’Œdipe : si Hamlet est incapable d’accomplir sa vengeance « sur l’homme qui

4
a éliminé son père et pris sa place auprès de sa mère », c’est bien parce que cet
homme « lui montre la réalisation de ses souhaits d’enfance refoulés »9.
« La masse des écrits sur Hamlet est sans équivalent » dira Lacan -lui qui ne
consacrera pas moins de sept leçons à la tragédie dans le séminaire Le désir et son
interprétation. Mais, poursuit-il, « plus incroyable encore » est « l’extraordinaire
diversité des interprétations qui en ont été données10 ». C’est ainsi que Lacan en
vient à entamer sa lecture d’Hamlet en se référant à l’article -« qui est une date et un
monument, et qu’il est essentiel d’avoir lu11 »- que publie Ernest Jones en 191012.
Lacan ne reniera pas l’interprétation freudienne. Il en proposera une relecture, celle
qui fait de Hamlet une tragédie du désir. Car, « si l’abord psychologique du cas
d’Hamlet n’a pas attendu la psychanalyse, dira-t-il, (et que) le premier pas
analytique consiste à transformer la référence psychologique en une référence (…) à
un arrangement mythique, censé avoir le même sens pour tous les êtres humains
(…), il faut tout de même bien quelque chose de plus13 ». Comme le dit Jacques-
Alain Miller en quatrième de couverture du Séminaire VI, « Lacan a suivi la voie
frayée par Freud, mais elle l’a conduit à poser que le Père est un symptôme. Il le
montre ici sur l’exemple d’Hamlet ».
Ce cours se propose d’aborder le mystère d’Hamlet. Nous commencerons ce
semestre en reprenant Freud et Jones avec Lacan.

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Vendredi, 12h00 - 15h00


Fabian Fajnwaks, Signifiant, signe, lettre, algorithme
Jacques Lacan a introduit dans la psychanalyse la notion linguistique de signifiant,
emprunté à Ferdinand de Saussure, pour traduire le terme freudien de
représentation (Vorstellung-represäntanz) et donner une structure formelle à la
parole analysante. Le primauté du signifiant sur le signifié, dans l’inversion de
l’algorithme saussurien qu’il promeut dès son écrit « Fonction et Champ de la
parole et du langage en psychanalyse » vise à mettre en valeur l’absence d’une
signification univoque à tout signifiant qui surgit dans la cure.
La place du signifiant en psychanalyse se distingue de la théorie du signe tel que
Charles Sanders Pierce l’a abordé, en tant que celui-ci « veut dire quelque chose
pour quelqu’un ». Nous nous attacherons à souligner toutes les conséquences
cliniques qui se déduisent de ce point.


9
Freud, S., L’interprétation du rêve, Paris, Presses Universitaires de France, 2010, p. 306.
10
Lacan, J., Le désir et son interprétation, Paris, Éditions de La Martinière et Le Champ Freudien
Éditeur, 2013, p. 300.
11
Ibid., p. 299.
12
Jones, E., « The Oedipus Complex as an Explanation of Hamlet’s Mystery : A study in Motive »,
The American Journal of Psychoanalysis vol. 21, January 1st 1910. L’article est téléchargeable sur
https://archive.org/details/jstor-1412950. Jones remania son texte de 1910 à deux reprises, en 1923
et en 1949.
13
Lacan op. cit., pp. 304-305.

5
La lettre, terme que Lacan introduit à l’orée de ce que Jacques-Alain Miller a appelé
son « dernier enseignement », se situe dans une zone de « bord entre le savoir et la
jouissance »14. Nous aborderons ce terme dans la perspective clinique qu’accorde
une place particulière au signifiant en tant que « moyen de jouissance »15.
Les algorithmes, termes que la cybernétique a lancé au début des années 50 et dont
Lacan avait connaissance, ont connu avec le développement de l’informatique un
formidable renouveau. Il s’agira d’interroger quel type de langage s’est mis en place
avec le triomphe du numérique qui, selon certains auteurs, régira nos vies d’êtres
parlants dans les années qui viennent.

Bibliographie :
Lacan, J. « Fonction et champ de la parole et du langage ». Ecrits. Paris. Ed. du Seuil.
1966.
Lacan, J. le séminaire XVII. L’Envers de la psychanalyse. texte établi par Jacques-
Alain Miller. Ed. du Seuil. Paris. 1991.
Lacan, J. « Lituraterre ». Autre Ecrits. Paris . 2001.
Sadin, E. La vie algorithmique. Critique de la raison numérique. Ed. l’échSapée.
Paris. 2015.
Steiner, C. Automate This. How algorithms came to rule our world. Penguin books.
London. 2012.

Vendredi, 15h00 - 18h00


Philippe Hellebois, Retour sur les psychoses, le cas Aimée et les
psychoses contemporaines
Cette année sera consacrée à la clinique des psychoses, à ses fondamentaux ainsi qu’à
ses développements contemporains. Nous relirons d’abord un classique, aussi
passionnant que méconnu, le fameux cas Aimée auquel Lacan consacra sa thèse de
psychiatrie De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité (Paris, Seuil,
1975). Nous nous attacherons aussi à d’autres formes de psychose, plus discrètes mais
sans doute plus fréquentes, celles qui font le quotidien de notre pratique. Il s’agira à la
fois d’apprendre à en lire la structure comme d’en déduire les réponses qu’il est
possible d’y apporter dans la perspective contemporaine du « Tout le monde délire »
qui fut le diagnostic du dernier enseignement de Lacan – « Comment faire pour
enseigner ce qui ne s’enseigne pas ? Voilà ce dans quoi Freud a cheminé. Il a considéré
que rien n’est que rêve, et que […] tout le monde est fou, c’est-à-dire délirant ».
(Jacques Lacan, « Journal d’Ornicar ? », Ornicar ?, n°17-18, 1979, p. 278.)

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14
J. Lacan. « Lituraterre ». Autres Ecrits. Ed du Seuil. Paris. 2001. P. 14.
15
J. Lacan. Le Séminaire XVIII. L’Envers de la psychanalyse. Texte établi par jacques-Alain Miller. Ed. du
Seuil. Paris. 1991. P. 43.

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