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Programme Cours - 1er Semestre - 29 Aout 2017 PDF
Programme Cours - 1er Semestre - 29 Aout 2017 PDF
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dysfonctionnement encombrant, senti comme intrusif, le symptôme devient le signe
du sujet, son partenaire le plus intime. L’analysant découvre en effet que le
symptôme est biface, à la fois porteur d’un sens « en rapport avec la vie des
personnes qui les présentent » mais aussi liés à « une satisfaction libidineuse,
incompréhensible », « de nature bizarre » selon les mots de Freud.
Des élaborations successives de la catégorie de symptôme dans l’enseignement de
Lacan, cet enseignement se dédiera à privilégier ces deux axes :
1) le symptôme comme métaphore de vérité. La dimension du symptôme comme
irruption de non-sens dans la chaîne du savoir, « retour de la vérité dans la
faille d’un savoir ». (« Du sujet enfin en question » J. Lacan)
2) symptôme, caractère, personnalité. Nous examinerons le passage du symptôme
considéré comme formation discrète, localisée, et déchiffrable dont on se plaint,
au symptôme envisagé comme fonctionnement qui s’étend à toute la destinée, à
l’existence elle-même. Pour cela nous prendrons appui sur la lecture du
Séminaire V, Les formations de l’inconscient, que Jacques-Alain Miller nous en
propose à partir de la structure de ces formations.
Bibliographie :
Freud S., Introduction à la psychanalyse, Paris PBP, 1973.
Lacan J. « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits,
Paris, Seuil, 1966.
Lacan J, Le Séminaire, livre V, Les formations de l’inconscient, Paris, Seuil, 1998.
Lacan J., « Conférence à Genève sur le symptôme », La Cause du désir, numéro 95, p
12.
2
que la puissance du père « achoppe sur l’objet a »4. L’Autre prend des allures de
« mirage », « le lieu de l’appeau sous la forme du a »5. L’objet a fait donc objection à
la totalisation de et par l’Autre.
Le séminaire XI revient alors sur le clivage du signifiant et de la jouissance,
cherchant à saisir leur articulation, sans laquelle la psychanalyse n’est pas pensable.
Elle nécessite de pouvoir envisager l’action de la parole au regard de la jouissance,
voire sur la jouissance.
Le séminaire XI, indique Jacques-Alain Miller, procède à une tentative
d’ « intégration » de la jouissance, de normalisation, il « forge une alliance, une
« articulation étroite entre signifiant et jouissance » par la reprise des concepts
d’aliénation et de séparation.6 Le concept d’inconscient subit aussi un remaniement,
il n’est plus tant attaché à l’ordre signifiant qu’à la discontinuité, il devient un bord,
« qui s'ouvre et qui se ferme » pour le rendre « homogène à une zone érogène »,
cherchant à établir une « communauté de structure entre l’inconscient symbolique
et le fonctionnement de la pulsion »7.
L’objet devient alors « l'élément comique pur »8, par opposition au tragique lié à la
dimension de la Chose dans le séminaire VII.
Nous nous attacherons en premier lieu à la lecture de la première partie
« L’inconscient et la répétition »
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4 Jacques-Alain Miller, « Introduction à la lecture du Séminaire l’Angoisse de Jacques Lacan », in La
Cause Freudienne, n° 59, Paris : Navarin, diffusion Seuil, février 2005, p. 89.
5 Ibid., p. 83.
6
Jacques-Alain Miller, « Les six paradigmes de la jouissance », in La Cause Freudienne n°43, revue de
psychanalyse, Paris : Navarin, octobre 1999, p. 15.
7
Ibid., p. 16.
8
Jacques Lacan, Le séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, p. 11.
3
Bibliographie :
Lacan J., Le Séminaire livre V, Les formations de l’inconscient, Paris, Seuil, 1998.
Lacan J., Le Séminaire livre XXIII, Le sinthome, Paris, Seuil, 2005.
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4
a éliminé son père et pris sa place auprès de sa mère », c’est bien parce que cet
homme « lui montre la réalisation de ses souhaits d’enfance refoulés »9.
« La masse des écrits sur Hamlet est sans équivalent » dira Lacan -lui qui ne
consacrera pas moins de sept leçons à la tragédie dans le séminaire Le désir et son
interprétation. Mais, poursuit-il, « plus incroyable encore » est « l’extraordinaire
diversité des interprétations qui en ont été données10 ». C’est ainsi que Lacan en
vient à entamer sa lecture d’Hamlet en se référant à l’article -« qui est une date et un
monument, et qu’il est essentiel d’avoir lu11 »- que publie Ernest Jones en 191012.
Lacan ne reniera pas l’interprétation freudienne. Il en proposera une relecture, celle
qui fait de Hamlet une tragédie du désir. Car, « si l’abord psychologique du cas
d’Hamlet n’a pas attendu la psychanalyse, dira-t-il, (et que) le premier pas
analytique consiste à transformer la référence psychologique en une référence (…) à
un arrangement mythique, censé avoir le même sens pour tous les êtres humains
(…), il faut tout de même bien quelque chose de plus13 ». Comme le dit Jacques-
Alain Miller en quatrième de couverture du Séminaire VI, « Lacan a suivi la voie
frayée par Freud, mais elle l’a conduit à poser que le Père est un symptôme. Il le
montre ici sur l’exemple d’Hamlet ».
Ce cours se propose d’aborder le mystère d’Hamlet. Nous commencerons ce
semestre en reprenant Freud et Jones avec Lacan.
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9
Freud, S., L’interprétation du rêve, Paris, Presses Universitaires de France, 2010, p. 306.
10
Lacan, J., Le désir et son interprétation, Paris, Éditions de La Martinière et Le Champ Freudien
Éditeur, 2013, p. 300.
11
Ibid., p. 299.
12
Jones, E., « The Oedipus Complex as an Explanation of Hamlet’s Mystery : A study in Motive »,
The American Journal of Psychoanalysis vol. 21, January 1st 1910. L’article est téléchargeable sur
https://archive.org/details/jstor-1412950. Jones remania son texte de 1910 à deux reprises, en 1923
et en 1949.
13
Lacan op. cit., pp. 304-305.
5
La lettre, terme que Lacan introduit à l’orée de ce que Jacques-Alain Miller a appelé
son « dernier enseignement », se situe dans une zone de « bord entre le savoir et la
jouissance »14. Nous aborderons ce terme dans la perspective clinique qu’accorde
une place particulière au signifiant en tant que « moyen de jouissance »15.
Les algorithmes, termes que la cybernétique a lancé au début des années 50 et dont
Lacan avait connaissance, ont connu avec le développement de l’informatique un
formidable renouveau. Il s’agira d’interroger quel type de langage s’est mis en place
avec le triomphe du numérique qui, selon certains auteurs, régira nos vies d’êtres
parlants dans les années qui viennent.
Bibliographie :
Lacan, J. « Fonction et champ de la parole et du langage ». Ecrits. Paris. Ed. du Seuil.
1966.
Lacan, J. le séminaire XVII. L’Envers de la psychanalyse. texte établi par Jacques-
Alain Miller. Ed. du Seuil. Paris. 1991.
Lacan, J. « Lituraterre ». Autre Ecrits. Paris . 2001.
Sadin, E. La vie algorithmique. Critique de la raison numérique. Ed. l’échSapée.
Paris. 2015.
Steiner, C. Automate This. How algorithms came to rule our world. Penguin books.
London. 2012.
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14
J. Lacan. « Lituraterre ». Autres Ecrits. Ed du Seuil. Paris. 2001. P. 14.
15
J. Lacan. Le Séminaire XVIII. L’Envers de la psychanalyse. Texte établi par jacques-Alain Miller. Ed. du
Seuil. Paris. 1991. P. 43.