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Jesper Svenbro

Monsieur John Scheid

Byrsa. La ruse d'Élissa et la fondation de Carthage


In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 40e année, N. 2, 1985. pp. 328-342.

Abstract
Byrsa. Elissa's Ruse and the Foundation of Carthage

The story of Carthage's -or Byra's - foundation by Dido serves as a reference myth to folklorists : in fact, Dido's treacherous
demand for "as much land as an ox-hide bursa can hold" has a great number of parallels in the most different cultures. But it is on
purpose that the present article leaves out these parallels in order to focus the attention on Byrsa, whose legend is studied in
relation to its Greco-Roman linguistics, cultural and historical context.

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Svenbro Jesper, Scheid John. Byrsa. La ruse d'Élissa et la fondation de Carthage. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 40e année, N. 2, 1985. pp. 328-342.

doi : 10.3406/ahess.1985.283165

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1985_num_40_2_283165
NOUVELLES HYPO THESES

JOHN SCHEID ET JESPER SVENER

BYRSA LA RUSE DELISSA


ET LA FONDATION DE CARTHAGE*

Pour Jean-Pierre Vernant

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Archimède Le problème des ufs

Maestoso

Illustration non autorisée à la diffusion

Joseph Haydn Menuet du uf pour piano quatre mains

Annales ESC mars-avril 1985 no pp 328-342

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SCHEID ET SVENBRO LA FONDATION DE CARTHAGE

La tradition sur Byrsa

Quelques vers du premier Livre de Enéide ont probablement fait plus que
toute autre source pour diffuser le récit sur la fondation de Carthage par
Didon est dans ce Livre qu née apprend par la bouche de Vénus le destin
de la reine phénicienne qui après de longs voyages arriva un jour endroit où
la future Carthage allait élever En fait dit Vénus les Phéniciens achetèrent
autant de territoire de ce fait appelé Byrsa ils pouvaient entourer une
peau de taureau1 > peine plus une allusion les vers de Virgile qui est
un de nos premiers témoins de ce récit présupposent que les lecteurs
connaissent déjà la célèbre ruse de Didon faute de quoi ils ont besoin du
commentaire un Servius chouée en Libye précise en effet celui-ci
Didon se vit abord chassée par Hiarbas ensuite elle demanda par ruse cal
lide) acheter autant de terre une peau de uf pouvait en tenir tenere
Elle étendit alors une peau découpée en fil et occupa espace une cir
conférence de vingt-deux stades Virgile reste trop allusif en disant aeti de
nomine Byrsam et circumdare au lieu de tenere1 >> La critique de Servius car
en est bien une vise donc deux choses un côté expression condensée
aeti de nomine Byrsam dont la traduction de ce fait appelé Byrsa
emporte sans doute en clarté sur original latin qui de plus implique on
sache que bursa est le mot grec pour peau de uf de autre côté le choix
du verbe circumdare entourer au lieu de tenere tenir
Ce dernier point est important et même décisif car pour que la ruse de
Didon puisse fonctionner elle doit appuyer sur un mot qui signifie la fois
couvrir et entourer Le sens couvrir est celui que Hiarbas le roi
numide doit entendre pour consentir la demande de Didon le sens
entourer est celui que la reine produira après coup une fois le traité conclu
afin obtenir de Hiarbas le territoire dont elle besoin pour fonder une cité
Toute la ruse repose sur cette ambiguïté bien calculée de tenere Une peau
intacte aurait pas entouré espace sur lequel on aurait placée elle
aurait couvert et est précisément cela que attend Hiarbas lorsque
tout un coup il doit admettre que tenere signifie non seulement couvrir
mais encore entourer Moins intéressé par la logique de la ruse que par le
résultat obtenu par Didon Virgile se contente de ce deuxième aspect en écrivant
circumdare En fin de compte le territoire obtenu par les Phéniciens été pré
cisément entouré par la très fine lanière que la reine obtenue en décou
pant la peau de uf
De toute évidence Virgile présume que son public connaît déjà cette ruse de
Didon Il rien inventé ici il fait allusion un récit bien en place peut-être
depuis des siècles Une tradition remontant Timée historien sicilien
mort époque de la première guerre punique connaît en effet histoire de la
fondation de Carthage par Didon Telle elle nous est rapportée par auteur
anonyme un Traité sur les femmes3 cette tradition bien elle connaisse
le caractère rusé de Didon ne fait pourtant pas allusion la ruse de la bursa
Mais bien réfléchir ce silence est pas forcément celui de Timée lui-même
contrairement historien notre auteur anonyme est prédisposé intéresser
au personnage de Didon plutôt aux circonstances de la fondation de

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NOUVELLES HYPOTH SES

Carthage Nous excluons donc pas que Timée ait déjà pu connaître la ruse de
la bursa qui aurait donné le nom la citadelle de Byrsa autant plus il
agit un jeu de mots propre au grec la langue de Timée
Mis part la version de Virgile nous en avons plusieurs autres dans leur
majorité mieux articulées que la sienne Du côté latin est Justin qui nous
fournit le texte principal4 Texte tardif il est vrai mais qui fait partie de son
Epitomé de Histoire universelle de Trogue Pompée historien époque augus-
téenne Contemporain de Trogue Pompée et de Virgile Tite Live fait lui aussi
mention de la bursa qui intervient dans la fondation légendaire de Carthage
sans pour autant insister sur opération rusée elle implique5 Du côté grec
historien Appien raconte le récit de fa on détaillée6 contrairement Denys le
Périégète dont deux vers seulement font allusion au mûthos de la fondation de
Carthage et de la peau de uf7 Le caractère succinct de cette version pour
tant eu heureuse conséquence de provoquer un commentaire très long de
archevêque Eustathe8 auteur le plus récent de notre dossier Contrairement
Appien Denys et son commentateur semblent avoir fait attention la forme
linguistique de la ruse de Didon si Appien se contente comme le font aussi
Virgile Tite Live et Silius Italicus9 un verbe signifiant entourer inverse
ment Justin emploie tegere couvrir Denys utilise metrem mesurer
un verbe qui remarquons-le bien est aussi ambigu que le tenere employé par
Servius Parlant de Carthage Denys dit en effet que selon la légende elle
été mesurée au moyen une peau de uf hupa boi metrehênai Eus
tathe semble lui aussi avoir compris que le sophisma utilisé par Didon implique
deux significations du verbe lambanein prendre car dans son exégèse du
récit il utilise la fois epi-lambanein couvrir et em-peri-lambanein
entourer Il est vrai que ni Virgile ni Tite Live ne mentionnent explicitement
la ruse propos de Byrsa pour eux aucune raison donc de arrêter sur le
double sens exigé par le traité trompeur de Didon En revanche on aurait pu
attendre de Justin et Appien ils accordent plus attention ce détail en
fait leur présentation de opération par laquelle Didon obtient plus de terri
toire que Hiarbas ne prévu montre bien ils dépendent une tradition
qui déjà assuré le succès du récit un se contente du verbe tegere
couvrir autre du verbe perilambanein entourer comme ils
avaient plus se soucier du jeu sémantique une fois que celui-ci mis his
toire en orbite Comme on vu ce jeu est possible que dans la mesure où
on emploie des verbes comme tenere ou lamb nein metrem) dans lesquels les
deux significations couvrir et entourer coexistent
Malgré son défaut cet égard nous avons choisi de citer ici la séquence
centrale du récit de Justin Bien évidemment ce est pas le désir de privilégier
une version aux dépens des autres qui nous imposé ce choix mais plutôt le
simple souci de donner une version qui ne soit ni une allusion succincte ni une
exégèse ad hoc la manière de celles de Servius et Eustathe
Après avoir fui son frère Pygmalion roi de Tyr et assassin de son mari
Didon qui se nomme ici lissa gagne abord Chypre où grâce un rapt
ses compagnons se procurent des femmes Ils regagnent la mer et le voyage
touche bientôt sa fin Arrivée sur les côtes Afrique lissa recherche
amitié des habitants qui voyaient avec joie dans arrivée de ces étrangers
une occasion de trafic et de mutuels échanges Ensuite elle acheta autant de

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SCHEID ET SVENBRO LA FONDATION DE CARTHAGE

terrain en pouvait couvrir une peau de uf pour assurer son


départ un lieu de repos ses compagnons fatigués une si longue navigation
puis faisant couper le cuir en bandes très étroites elle occupe plus espace
elle en avait paru demander De là vint plus tard ce lieu le nom de Byrsa
Attirés par espoir du gain les habitants des contrées voisines accourant en
foule pour vendre leurs denrées ces hôtes nouveaux établissaient parmi eux
et leur nombre toujours croissant donna bientôt la colonie aspect une
ville10 >> Carthage est fondée Mais le roi Hiarbas demande la main lissa qui
ne diffère ses noces avec le Barbare11 que pour préparer sa dernière ruse
savoir son suicide sur le bûcher

II Le récit et son contexte

Comment lire le récit sur la fondation de Carthage Dans toute une série de
traditions anciennes et modernes et une distribution géographique qui va
des Hottentots aux Kirghiz de la Scandinavie Asie du Sud-
Est 12 on rencontre le thème de Didon savoir la ruse de la bursa
une manière presque troublante Si Saxo Grammaticus peut être soup onné
avoir lu Virgile que dire par exemple des Kirghiz qui racontent comment ils
se sont vus roulés par les Russes exactement comme les Numides ont été par
lissa La présence du thème dans certaines de ces traditions ne explique cer
tainement pas comme le résultat une diffusion Mais là même où selon toute
vraisemblance il eu contact avec la tradition qui nous intéresse ici le thème
est susceptible de prendre des accents nouveaux qui infléchissent sa significa
tion Chez Saxo la peau est plus celle un bovin mais celle un cheval ce
qui coup sûr présuppose un système symbolique différent de celui qui est mis
uvre dans la tradition gréco-romaine Une fois intégré au système symbo
lique une culture étrangère le récit acquiert par rapport aux récits analogues
produits par autres cultures son autonomie propre Autonomie qui est aussi
complète que il était développé en dehors de toute influence extérieure13 Si
étude des versions cataloguées sous entrée trompeusement unificatrice du
thème de Didon peut provoquer notre vertige la manière de exploration
des homonymes provenant de langues différentes) la première et souvent la
seule signification chercher ici est évidemment celle propre chaque
contexte culturel ou linguistique Ceci équivaut pas un refus de toute
forme de comparatisme Mais ce est condition étudier abord chaque
thème de Didon dans le contexte culturel qui lui est propre on pourrait
envisager ensuite la comparaison dans un comparatisme il faudrait alors
qualifier de contrasti/14
Nous allons donc lire le récit de la fondation de Byrsa dans le contexte
culturel qui est le sien en oubliant pour le moment les variantes du même
thème on peut rencontrer ailleurs Mais quel est alors ce contexte priori
on aurait pu penser il était punique car qui aurait eu plus intérêt élaborer
cette histoire de fondation que les Carthaginois eux-mêmes Seulement cette
hypothèse nous mène très vite dans une impasse Ni la langue ni la culture puni
ques ne semblent donner des clés notre récit15 Si Massinissa le roi numide le
connaissait comme le prétend Tite Live16 il sans doute appris des Romains

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NOUVELLES HYPOTH SES

et non pas des Carthaginois Sans prétendre originalité nous posons donc
hypothèse un contexte non punique mais la fois grec et romain vu le
simple fait que notre corpus est gréco-romain et il nous déjà laissés dans
embarras quand il agissait de déterminer de quel côté le récit aurait été
inventé est cette hypothèse gréco-romaine que nous allons essayer de
vérifier en dégageant armature symbolique du récit qui comme on le verra
comporte des éléments la fois grecs et romains Faut-il en étonner quand on
sait que endroit où cette histoire est censée se dérouler fait face la Sicile et
constitue un point de repère commun aux deux cultures

III La cité bovine

Le premier point où le récit semble prendre de épaisseur par rapport son


contexte culturel est au moins pour nous le jeu de mots sur bursa cette
bursa grâce laquelle lissa obtient le territoire nécessaire la fondation de
Bursa Byrsa La découpe de la peau de uf en fines lamelles et la délimita
tion de espace qui en résulte sont ici Valtion ou la raison du nom Bursa
la ruse de la bursa est donc censée être antérieure la dénomination de la nou
velle cité Si en revanche nous supposons que le nom Bursa est la déformation
un mot non grec associé Carthage nous sommes bien obligés inverser le
rapport entre cause et effet ici quel ait été ce mot récemment Werner
Huss invoqué akkadien birtu forteresse 17 il suggéré oreille
grecque que Bursa était le nom de la ville qui du coup est vu attribuer une
légende de fondation où la peau de uf joue le rôle principal il en est ainsi
cette déformation avec la resémantisation grecque elle implique ne doit
pourtant pas être considérée uniquement comme le fruit du hasard mais
comme prédéterminée par imaginaire grec dans lequel elle fait aussitôt
entrer cette cité bovine côté autres
Car pour les Grecs espèce bovine est indissociablement liée la fondation
des cités Bien entendu autres représentants du bestiaire grec tels le loup ou
la souris ont une place côté du uf dans la liste des animaux intervenant
dans les fondations mais cette liste qui nous été dressée par Francis Vian
dans son livre Les origines de Thebes est dominée par le uf de fa on sin
gulièrement écrasante18 Pour Vian il agit en premier lieu étudier la fonda
tion de Thèbes fondation autant plus suggestive pour nous elle met en
scène un roi phénicien Cadmos et un bovin19 la suite un oracle Cadmos
suit une vache noire ce que celle-ci se couche par terre est là il
doit fonder Thèbes20 Il sacrifie animal en étale la peau par terre et distribue
la viande avant de tracer le plan de la ville sur le sol21 La vache partagée la
ville de Thèbes peut élever sa place analogie entre le partage de viandes et
le partage du sol est même soulignée par le vocabulaire employé dans le récit de
Nonnos22 La ville de Thèbes partagée en quartiers prend littéralement la
place du bovin
ce lien entre le uf et la cité correspond toute une toponymie bovine
qui se retrouve la fois du côté grec et du côté romain Reparti Ithaque pour
aller jusqu aux hommes qui ne connaissent pas la mer Ulysse fonde dans
pire une cité qui porte le nom significatif de Bouneima Partage-du-

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SCHEID ET SVENBRO LA FONDATION DE CARTHAGE

uf cause du bovin sacrifié par le héros occasion précisément de sa


fondation23 Les exemples pourraient être multipliés et des toponymes comme
Bouianum et Bohillae attestent une conception analogue chez les Italiques24 Et
chez les Romains puisque la fondation de Rome elle-même inscrit dans ce
cadre est avec une charrue tirée par un uf et une vache que Romulus
tracé le contour de Rome après quoi les deux bovins ont été sacrifiés25
Mais est Athènes que le sacrifice fondateur et sa mise en scène annuelle
prennent la forme la plus remarquable dans notre perspective Pour commé
morer le premier sacrifice du uf laboureur les Athéniens sacrifient et parta
gent un uf au cours de la fête des Dipolies la peau de la victime sa bursa
est bourrée de foin et remise sur pied26 En fait Athènes semble être la première
cité appelée Byrsa
Si Cléon le démagogue tanneur de profession est appelé bursaietos dans les
Chevaliers Aristophane27 cela veut dire il se comporte comme un
aigle aietos) est-à-dire un rapace par rapport aux peaux de uf qui
proviennent nécessairement des sacrifices publics Pour se procurer de la
matière première le tanneur doit inévitablement entrer en contact avec les
temples qui ne cèdent pas les peaux gratuitement ainsi que existence un
dermatikon une caisse de peaux le montre28 La rapacité de Cléon
concerne abord ces peaux-là Pour lui il est profitable de se procurer des
peaux aux plus bas prix voire gratuitement adjectif bursaietos suggère en
effet que Cléon est prêt voler des peaux comme un oiseau bomolokhos
pique-autel 29 Pourtant comme il agit un démagogue de premier ordre
cette rapacité vise aussi la cité entière vue comme un moyen de enrichir grâce
une fonction publique Or il se trouve que les Dr mata Aristophane parlent
précisément Athènes comme de Byrsa la cité des dieux 30 même il
agit un fragment expression est sans doute mettre en relation avec le
personnage de Cléon cible de choix pour la satire aristophanéenne La même
cité qui chaque année au sommet de Acropole remplit une bursa de foin pour
commémorer sa propre fondation vient donc ici être appelée Byrsa Cette repré
sentation zoomorphe de la cité dont organisme est enfermé dans une peau de
uf est peut-être mettre en rapport avec le nom des deux murs reliant
Athènes au Pirée ils appellent les Skele les jambes de derrière 31
La peau est ce qui dans un organisme vivant sépare intérieur de exté
rieur Dans la représentation bovine de la cité la peau est donc singulièrement
propre symboliser la limite de la cité la ligne de démarcation avec extérieur
Mais il se trouve que imaginaire grec connaît une autre manière de démarquer
symboliquement le territoire de la cité elle nous est connue travers les récits
sur la fondation Alexandrie32 et par la logique elle met en uvre elle
confirme celle de la bursa Selon Quinte Curce qui est un de nos nombreux
témoins de cette tradition Alexandre eu recours la coutume macédonienne
il tracé avec de la farine le circuit des murailles venir Pourquoi de
la farine Une Question romaine de Plutarque nous suggère une réponse
mi-chemin entre le blé et le pain dit Plutarque la farine occupe une position de
limite car elle perdu la puissance germinative propre au blé sans pour autant
être devenu du pain est-à-dire de la farine cuite33 Ainsi le tracé de farine
délimite un intérieur destiné la vie civilisée cuite comme le pain un
extérieur qui est cru comme le blé sur pied34

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NOUVELLES HYPOTH SES

La même ambition de délimiter la cité du monde extérieur est lisible dans le


récit sur la fondation de Byrsa Déjà le fait de réclamer espace une peau de
uf est au fond synonyme de intention de fonder une cité Mais ceci est
pas compris par le Barbare pour qui il est impossible de penser une pareille dif
férenciation de espace35 La demande de espace une bursa Bursa ne
peut pas évoquer chez lui idée une cité parce que la cité lui est pratique
ment inconnue Il est encore moins prédisposé prévoir la ruse lissa où la
peau découpée en lanière très fine garde toujours sa fonction de limite
est intérieur de espace ainsi délimité que chez Virgile nee
contemple le travail des Carthaginois construisant leur ville avec une image
qui mérite toute notre attention Virgile les compare des abeilles uvrant
sous le soleil été36 Image apparence banale mais qui chez le poète
romain évoque inévitablement idée une certaine société une société idéale
on qualifiée de communisme monarchique 37 En effet le Livre IV des
Géorgiques véritable traité apiculture théorise la genèse de la société des
abeilles de fa on fort significative pour nous la société des abeilles peut naître
de intérieur un bovin sacrifié on laissé pourrir38 Or ce Livre est celui
qui dans uvre de Virgile précède immédiatement le Livre de Enéide où
précisément la fondation de Byrsa est racontée Impossible donc de ne pas voir
dans image des abeilles une métaphore bien calculée car est littéralement
intérieur une peau de uf que les citoyens de Byrsa se mettent construire
leur société

IV Défaire la bursa défaire le traité

Mais le symbolisme de la bursa en est pas pour autant épuisé Un proverbe


grec utilisé au sujet de ceux qui sont dignes aide dit II est assis sur
la bursa signifiant que un choisi un moyen extrême pour obtenir
des alliés39 Il est pas exclu une histoire racontée par Lucien dans le dia
logue Toxaris soit la mise en scène ad hoc de ce proverbe même si son action ne
se déroule pas en Grèce mais en Scythie côté des parémiographes Lucien en
est notre seul témoin)40 Parmi les Scythes ces Nomades septentrionaux le
rituel de la bursa est le suivant dit Lucien si un veut rassembler une
armée il sacrifie un uf en partage les viandes cuites pour ceux qui veulent
allier lui et en étale la peau par terre assis sur cette peau il attend ses alliés
qui le pied droit sur la peau lui promettent de aide ce qui chez les Scythes
constitue le serment le plus fiable Chez ces Nomades pas de cités Mais la
fédération militaire qui résulte de la pratique décrite par Lucien peut comporter
vingt-cinq mille hommes41 elle est une formation sociale échelle de
la cité sans pour autant posséder la permanence propre celle-ci Cette forma
tion sociale est donc littéralement fondée sur la bursa après un sacrifice et un
partage qui ne peuvent que rappeler la fondation une cité grecque comme
Thèbes
Dans un type alliances situées un autre niveau la peau intervient de
nouveau Rome le rituel du mariage le plus vénérable veut que les deux
époux installent sur une peau de brebis signifiant leur union42 Mais dira-t-
on cette peau est pas une bursa Précisément cette peau ne peut pas être celle

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SCHEID ET SVENBRO LA FONDATION DE CARTHAGE

un uf puisque la bursa nous avons vu est plutôt réservée aux occasions


de caractère public poliade ou international Le choix de la peau ovine
provenant un sacrifice de type privé situe union matrimoniale au niveau
privé Si Carthage la bursa suggère aussi le mariage entre lissa et Hiarbas
mariage explicitement envisagé dans la version de Justin est que leur
mariage il avait eu lieu se serait situé inévitablement un niveau public
comme la confirmation du traité entre leurs peuples respectifs
Lorsque les Romains et les Gabienses concluent un traité en sacrifiant un
uf est tout naturellement sur la bursa de ce même uf que les termes du
traité sont inscrits en lettres anciennes 43 Montée sur un bouclier de bois
cette bursa était conservée dans le temple de Dius Fidius Rome est-à-dire du
dieu de la loyauté et du serment le dieu de fides en quelque sorte44 De cette
fa on spectaculaire les Romains voulurent montrer aux Gabienses incrédules
ils avaient intention de respecter le traité Nulle indication plus claire en
effet que la déposition de la peau inscrite dans le temple du Garant des Accords
Cette alliance qui met en uvre la fides romana dans un traité entre deux
peuples et qui de plus appuie sur une bursa comportant inscription littérale
des accords ne peut évoquer le traité entre Phéniciens et Numides qui fonde
la cité de Byrsa Mais en découpant la peau de uf en une longue lanière
lissa utilise un couteau au lieu un stylus45 dans une écriture il faut quali
fier excessive elle traverse son support matériel Grâce au double sens
un verbe comme tenere ou lambanein metrem) cette écriture divise au lieu
unir contrairement ce aurait fait une écriture univoque sans arrière-
pensées ou tout simplement la fidélité esprit du traité De plus
écriture lissa est une écriture punique vraisemblablement investie
pour un Grec ou un Romain de valeurs négatives déjà du fait elle se pra
tique de droite gauche et sans voyelles46 à fides Romana symbolisée par la
peau inscrite dans le temple de Dius Fidius oppose ici une fides Punica qui
défait la bursa symbole par excellence de la fidélité aux accords

Scriptio et circumscriptio

il est vrai que le récit sur la fondation de Byrsa ne fait pas intervenir écri
ture de fa on explicite il est pourtant basé sur ce que les Romains appellent la
scriptio47 lissa ne se montre pas fidèle esprit mais uniquement la scriptio
ou comme nous disons la lettre du traité en exploitant le double
sens un verbe comme tenere Comme nous avons déjà fait remarquer tout le
récit repose sur ce double sens et sur les lectures contradictoires il rend
objectivement possibles Peu importe si écriture au sens literal brille par son
absence une fois que les parties ont prêté serment les formules de leur traité
vu leur nombre limité peuvent assumer un caractère figé matériel inaltérable
comme il agissait de formules fixées par écriture est précisément ce
caractère figé de la formule centrale du traité avec Hiarbas qui permet lissa
en extorquer un sens contraire esprit de ce traité tout en restant conforme
sa lettre Elle appuie de toute force sur le mot tenere pour justifier la manière
dont elle délimite le territoire de sa cité Elle appuie tellement elle défait la
bursa Vraiment elle emploie un style qui appuie trop sur les mots

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NOUVELLES HYPOTH SES

Le récit se passe donc de toute référence explicite écriture du traité tout


en opérant un jeu qui la présuppose Mais dans application du traité nous
voici devant utilisation une écriture explicitement qualifiée comme telle tout
en étant métaphorique Grâce la lanière découpée par lissa le territoire de
Byrsa est en effet inscrit sur le sol Afrique48 lissa entoure son territoire avec
la lanière de cuir dit Eustathe circonscrivant grâce cette ruse la cité une
longue ligne de démarcation 49 Le texte grec est pourtant plus suggestif que la
traduction fran aise ne le laisse deviner car dans expression perigraphein
horon circonscrire une ligne de démarcation 50 le mot horos ligne de
démarcation évoque aussi la signification terme au sens abstrait
terme une proposition ou un accord)51 et le verbe perigraphein au
sens de frauder ou éluder se rencontre en fait dans le grec tardif52 sens
qui chez Eustathe est suggéré par la qualification ae perigraphein grâce
cette ruse sophisma
En circonscrivant le territoire de Byrsa avec la lanière de cuir lissa élude
en effet le terme principal de son traité avec Hiarbas Or si perigraphein au
sens de tromper relève un usage tardif et marginal du côté grec les choses
se présentent bien différemment du côté latin où circumscribere la traduction
bien attestée de perigraphein se retrouve de fa on massive précisément dans ce
sens53 Si Eustathe avait écrit en latin il aurait pu se contenter de circumscri
bere sans ajouter la précision grâce cette ruse qui semble nécessaire au
grec En latin on peut circonscrire un testament ou une loi 54 ce qui
signifie on élude intention du testateur ou du législateur tout en respectant
la scriptie la lettre du testament ou de la loi en question Un circum-
scriptor est un trompeur et la circumscriptio la fraude 55 videm
ment circumscribere signifie abord circonscrire au sens concret par
exemple on circonscrit un locus habitandi56 Mais côté de la signification
concrète et de la signification dérivée de tromper il en autres cir
cumscribere peut aussi vouloir dire rappeler ordre en imposant une
limite action de un comme dans la très célèbre anecdote sur Caius
Popilius57 On se rappelle que envoyé en mission auprès du roi Antiochus
Popilius lui signifia dans les termes du Sénat avoir lever le siège Alexan
drie Comme Antiochus différait Popilius tra après Ciceron au moyen
une baguette un cercle uirgula circumscripsit autour du roi et dit il ren
drait compte au Sénat si autre ne lui avait pas répondu ce il comptait faire
avant de sortir de ce cercle58 Ainsi le roi est rappelé ordre le geste
remarquable du Romain est autre chose que la mise en scène du verbe latin
Le roi doit accepter la limite que lui impose le message écrit du Sénat romain il
se trouve circumscriptus coincé par cette écriture autoritaire

VI Les traités de Phénicien

La circonscription effectuée par lissa concerne donc la fois le territoire


défini par la lanière au lieu de la peau intacte et un des termes du traité avec
Hiarbas elle élude Ici la signification tromper se trouve visiblement
mise en scène par acte concret de circumscribere La circonscription du terri
toire par lissa ne peut être une circonscription rusée En effet le double

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SCHEID ET SVENBRO LA FONDATION DE CARTHAGE

sens calculé et la lecture la lettre caractérisent dans la tradition grecque les


traités des Phéniciens ce sujet la Souda explique que les Phéniciens
fondateurs de Carthage ils eurent échoué en Libye demandèrent aux
indigènes de les recevoir nukta kai heméran Ayant obtenu ceci ils ne vou
laient plus décamper comme ils avaient passé un accord qui les autorisait
rester nuktas kai heméras 59 On peut en fait comprendre expression nukta
kai heméran comme signifiant une nuit et un jour signification destinée
aux Libyens mais expression veut aussi dire comme nous disons en fran ais
nuit et jour ainsi que explique la Souda en mettant nuits et jours
est-à-dire atout jamais60
Cette variante de la fondation de Carthage dans laquelle la catégorie du
temps se substitue celle de espace repose sur le même principe que le récit
sur la ruse lissa dont le traité avec Hiarbas est lui aussi et au sens le plus
fort un traité la phénicienne De la même fa on qu lissa appuie sur le
verbe teuere les Phéniciens de cette variante doivent appuyer sur expression
nukta kai heméran pour en faire sortir le sens voulu et tenus par la scriptio du
traité les Libyens se voient par conséquent circumscripti coincés ou
trompés Unis par la lettre de leur traité Phéniciens et Libyens se divisent
dans interprétation une formule objectivement ambiguë
La même ruse intervient en fait dans deux autres récits de fondation en
pays grec Le premier est celui de Métaponte dont les fondateurs ont trompé
les Tarentins de la même fa on que les Phéniciens ont trompé les Libyens61
Dans le deuxième récit même scénario lorsque Callipolis autre cité de
Grande Grèce est fondée est aussi la formule nukta kai heméran qui
intervient et nouveau les victimes de la ruse sont les Tarentins ces Doriens
trop lents pour se méfier des traités la phénicienne formulés ici non pas par
des Phéniciens en quête de territoire mais par des Grecs62
Une glose difficile du lexicographe Hésychios stréphos strémma dèrma
bursa Donéis semble en effet devenir intelligible si on la situe dans ce cadre
les Tarentins ont sans doute pu se référer aux traités la phénicienne avec
le simple mot stréphos Pourquoi Non seulement parce que stréphos appar
tient au vocabulaire de la ruse dont le verbe clé est stréphein tordre 63
mais encore parce que le mot signifie peau comme stérphosfA Le stré
phos est une peau dont on fait un usage rusé en la découpant en fil
strémma65 Le stréphos est en effet ce dèrma peau qui intervient dans
la fondation de Bursa écrite avec un majuscule Qui ailleurs aurait eu
plus besoin un mot comme stréphos que les Tarentins sans doute les
Dorieîs de la glose66 par deux fois les victimes des traités la manière de la
Phénicienne
Comme nous venons de le dire stréphein est le verbe clé du vocabulaire de
la ruse ou de la métis Le mouvement rusé par excellence est le fait de
tordre de tourner et de détourner stréphein Et est évidemment
dans ce cadre il faut situer le comportement lissa dont le nom pour le
Grec ou pour le Romain eduqué dit tout haut ce il faut penser de sa
porteuse Elissa ou Helissä autre orthographe de son nom67 évoque sans
problème un autre verbe de la ruse analogue stréphein savoir helissein
En effet le verbe helissein utilise propos une personne qui tient un double
langage69 et une formule Apollonius de Rhodes metin helissein tourner

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NOUVELLES HYPOTH SES

une ruse dans son esprit 70 montre bien son appartenance entourage
sémantique de la métis En fait le caractère rusé des Phéniciens est affirmé
déjà par Homère chez qui le Phénicien fait figure de fort habile trompeur
apatélia 11 Pour la Souda le phoinikikon est équivalent du
mensonge 72 et un poète comique anonyme est apparemment du même avis
il dit dans un vers un intérêt particulier pour nous phoinikelikten
kai logon al zona imposteur et charlatan de discours 73 Le sens de
phoinik-eliktes nom composé de phoinik- et un dérivé de helissein est
donné par une glose apatelos trompeur précisons pourtant en
ajoutant la phénicienne 74
est ainsi que nous sommes amenés voir dans la figure lissa incarna
tion de Vingenium Punicum de Vars Punica ou tout simplement de à fides
Punica laquelle nous avons déjà opposé une fides Romana15 En effet est
toujours par la ruse que la reine se sort des problèmes qui se posent sur son
chemin de Tyr Byrsa ensemble du récit dont nous avons privilégié la
séquence centrale doit sa cohérence ce comportement rusé qui fait lissa
ancêtre exemplaire des Carthaginois des guerres puniques76 Aux yeux des
Romains bien entendu ces Romains qui au cours de la première guerre
punique construisent un temple la Fides77 par rapport laquelle la figure de
la reine rusée apparaît comme inversion totale Si le récit que nous avons
étudié eu une préhistoire remontant bien plus haut78 est très probablement
au me siècle avant notre ère qui est aussi époque de historien Timée
il faut situer sa cristallisation plus ou moins définitive Dans cette hypo
thèse il serait caser dans la propagande anti-punique qui au fantasme de la
fides Romana oppose cette fides qui en est pas une mais bascule dans le sens
contraire la perfidia de ennemi carthaginois

John SCHEED et Jesper SVENER


E.P.H.E Ve Section C.N.R.S

NOTES

Cet article est le fruit une recherche menée en commun et dont nous avons brièvement rendu
compte dans Annuaire de cole Pratique des Hautes tudes Ve Section 1982-1983 pp 357-
364 En outre il été présenté devant le séminaire de A.T.P Les polythéismes en avril 1984
C.N.R.S. Paris Nous tenons remercier Maria-Giulia Guzzo et Jean-Claude Glassner pour les
observations ils nous ont faites au cours de ce travail
VIRGILE Enéide 367-368 mercatique solum aeti de nomine Byrsam taurino quantum
possent circumdare tergo
SERVTOS Commentaire Enéide de Virgile 367 Dans la dernière phrase nous lisons
donc te<n>ere et non pas tegere comme les manuscrits quant rem éviter tangit Vergilius
dicendo facti de nomine Byrsam etnon te<n>ere sed circumdare Facile justifier du
point de vue paléographique notre le on répond articulation logique du texte où ambiguïté
de tenere utilisé quatre lignes plus haut oppose univocité de circumdare et pourrait-on
ajouter de tegere)

338
SCHEID ET SVENBRO LA FONDATION DE CARTHAGE

Tractatus de mulieribus dans Paradoxographi Graeci 215 Westermann TIM


Fragmente der griechischen Historiker 566 82 Jacoby Fragmenta Historicorum Graecorum
197 fr 23 Müller)
JUSTIN brégé des histoires philippiques XVIII
TITE LIVE XXXIV 62 11-13 Malheureusement le Livre XVI de Tite Live est perdu en
juger par son résumé il racontait origine des Carthaginois et les commencements de Carthage
AppffiN Histoire romaine VIII Libyca) 11
DENYS LE Ri TE Description de la terre 196-197
EusTATHE Commentaire de Denys le Périégète dans Geographi Graeci minores II
pp 250-251 Müller
Le verbe employé par Silius Italicus est cingere ceindre Puniques 25)
10 JUSTIN Abrégé des histoires philippiques XVIII Traduction fran aise de Pierrot et
Boitard 1829)
11 Le terme se trouve chez JUSTIN ibid. cité infra 35
12 St THOMPSON Motif-Index of Folk-Literature IV Bloomington Ind. et Copenhague
1957 251 K185.1 On ajoutera DUM ZIL Documents anatoliens sur les langues et les tra
ditions du Caucase II Textes oubykhs Paris 1962 pp 72-80
13 Cette position est essentiellement celle développée par Cl VI-STRAUSS dans sa critique
du diffusionnisme Anthropologie structurale Paris 1958 chapitre xiu en particulier 284
14 Pour ce terme voir J.-L DURAND Bêtes grecques dans DETIENNE
J.-P VERNANTE al La cuisine du sacrifice en pays grec Paris 1979 pp 134-135
15 Bursa St GsELL Histoire ancienne de Afrique du Nord Paris 1913 384
CINTAS Manuel archéologie punique Paris 1970 172 ss SZNYCER Recherches
sur les toponymes phéniciens en Méditerranée occidentale dans La Toponymie antique Actes
du colloque de Strasbourg 12-14 juin 1975 Leyde 1977 669 Huss Der Name der Byrsa
von Karthago Klio 64 1982 pp 403-406
Dido- lissa CINTAS op cit. pp 11-16 avec la bibliographie ancienne
Sur les deux questions voir la synthèse de BUNNENS expansion phénicienne en Méditer
ranée Essai interprétation fondé sur une analyse des traditions littéraires tudes de philologie
archéologie et histoire ancienne 17) Bruxelles et Rome 1979 135 ss
16 TITE LIVE XXXIV 62 11-13
17 Huss art cité pp 405-406 Certains sémitisants ont voulu dériver Byrsa de Bosra en
appuyant notamment sur des monnaies carthaginoises voir CINTAS op cit. 172 ss.) mais les
spécialistes accordent hui pour rejeter ces tentatives SZNYCER op cit. 669 Huss
art cité 404
18 Fr VIAN Les Origines de Thèbes Cadmos et les Spartes Paris 1963 79 ss
19 Signalons un détail intéressant comme la plus ancienne partie de Thèbes Carthage
appelait aussi Kadmeia ST PHANE DE BYZANCE s.v Karkh dôri)
20 Scholies Euripide Phéniciennes 638 HELLANIKOS Fragmenta Historicorum Grae
corum 46 fr Müller NoNNOS Dionysiaques IV 289-349
21 NONNOS Dionysiaques 5-34 50 ss
22 diatm gein 22) epinémein 31 et moira 32 dans la séquence sacrificielle ré
pondent tmegein 52) epinémein 70 et merizein 51 dans la séquence décrivant le partage du ter
ritoire urbain découper attribuer et part(ager sont des termes qui appliquent aussi
bien au partage des viandes celui du sol Pour analogie entre corps sacrificiel et territoire
urbain cf SVENBRO Mégara Hyblaea le corps géomètre Annales E.S.C. 37 no 5-6
1982 pp 953-964
23 ST PHANE DE BYZANCE s.v Bo neima
24 Bouianum Th MOMMSEN Die unteritalischen Dialekte Leipzig 1850 173
NISSEN Italische Landeskunde Berlin 1883 528 Fr ALTHEIM Geschichte der lateini
schen Sprache Francfort 1951 27 STRABON VI 13 FESTUS 150 voir HEURGON
Trois études sur le ver sacrum Bruxelles 1957 notamment 20 ss

339
NOUVELLES HYPOTH SES

Bohillae NONIUS MARCELLUS 176 hiilas)


Voir également STRABON 12 et PAUL 94 propos de Italie pays des ufs et Fr
ALTHEIM Italia Stud materiali di storia delle religioni 1933 pp 125-155 et générale
ment NISSEN Das Templùm Antiquarische Untersuchungen Berlin 1869 pp 57 et 109 ss
25 VARRON De la langue latine 143 TACITE Annales XII 24 SERVIUS Commen
taire Enéide 755 COLUMELLE préface ZONARAS Epitomé VII et surtout DENYS
HALICARNASSE 88
26 PORPHYRE Sur abstinence II 28-30 Cf J.-L DURAND Le corps du délit Commu
nications 26 1977 pp 46-61 J.-P VERNANT Théorie générale du sacrifice et mise mort
dans la grecque dans Le sacrifice dans Antiquité Fondation Hardt Entretiens 27)
Vand uvres-Genève 1981 pp 1-21
27 ARISTOPHANE Chevaliers 197
28 Voir STENGEL Dermatikon Pauly Real-Encyclopadie der classischen Altertums
wissenschaft Stuttgart 1905 col 243-244 Cf ROBERT Hellenica IX Paris 1950 pp 78-
80 pour le plus ancien témoignage épigraphique vie siècle sur la vente des peaux
29 Le corbeau est oiseau pique-autel par excellence voir par exemple ESOPE Fables
165 et 168 Chambry) mais il arrive parfois que aigle fonde sur un autel pour emporter ce qui cuit
dessus ESOPE ibid. 3)
30 ARISTOPHANE fr 292 Kock
31 STRABON IX 15 etc Leskélos la cuisse est souvent la part réservée au prêtre dans
les règlements sacrificiels
32 STRABON XVII 16 VALERE MAXIME bis QUINTE CURCE IV PLU-
TARQUE Alexandre 26 ARRIEN III MMIEN MARCELLIN XXII 16 ST PHANE DE
BYZANCE s.v Alex ndreia
33 PLUTARQUE Moralla 289 e-f passage dont importance été soulignée par J.-P VER
NANT la table des hommes dans DETIENNE J.-P VERNANT et al. op cit. pp 69-70

34 De même Rome les deux bovins le mâle extérieur la femelle intérieur tirant
la charrue inscrivent sur le sol la définition de existence humaine en tra ant la ligne pomériale
qui sépare la cité de extérieur du sauvage
35 Cf Fr RTOG Les Scythes imaginaires espace et nomadisme Annales E.S.C. 34
1979 pp 1137-1154 Rappelons que Numides se dit Nomades en grec pour etymologie
de ce mot voir LAROCHE Histoire de la racine nem- en grec ancien tudes et commentaires
Paris 1949 121 ss. Justin fait ailleurs une allusion leur statut opposé celui des Puni
ques il raconte le retour chez lissa des dix ambassadeurs carthaginois envoyés auprès de
Hiarbas Le roi disaient-ils voudrait que un eux vînt rendre les Africains et leur roi plus
civilisés cultiores mais qui pourra consentir éloigner de ses frères pour aller vivre chez des
Barbares barbaros et des sauvages er rùm more viventes 6)
36 Enéide 365-368 423-438
37 DE SAINT-DENIS dans son Introduction Virgile Géorgiques Collection des Univer
sités de France) Paris 1956 xxxv
38 VIRGILE Géorgiques IV 281-314 et 540-558 le poète passe ensuite directement la
célèbre conclusion des Géorgiques ainsi la naissance de la société des abeilles est suivie de la
louange Octave Il agit un bovin sacrifié au couteau selon les vers 284 et 542 par contre les
gyptiens étouffent le bovin destiné donner naissance aux abeilles ibid. 300-301)
39 Corpus Paroemiographorum Graecorum 410 II pp 416-417 Leutsch-Schnei-
dewin Cf la Souda s.v rburses ekathézeto
40 LUCIEN Toxaris 47-48 Cf EITREM Opferritus und Voropfer der Griechen und Römer
Videnskapsselskapets Skrifter 1914 II l) Christiania 1915 385 ss cf aussi DUM ZIL
Romans de Scythie et alentour Paris 1978 pp 273-282 et La courtisane et les seigneurs
colorés Paris 1984 pp 138-146 pour autres aspects de ce récit
41 LUCIEN ibid. 48
42 SERVIUS Commentaire Enéide IV 374

340
SCHEID ET SVENBRO LA FONDATION DE CARTHAGE

43 DENYS HALICARNASSE IV 58 PAUL 48 Cf MATTINGLY Coins of the


Roman Empire in the British Museum Londres 1923 19 96-97 on pourrait se
demander si objet que les deux prêtres tiennent est pas une peau animal plutôt un
animal sacrificiel Dans cette éventualité la représentation serait conforme la tradition littéraire
pour MAGDELAIN Essai sur les origines de la sponsio Paris 1943 76 ss la monnaie repré
sente la victime sacrifiée occasion de la prestation de serment)
44 En attendant la parution de la thèse de Freyburger sur la fides voir BOYANC
tudes sur la religion romaine Rome 1972 pp 91-152
45 Pour analogie entre couteau et stylus voir VEGETTI II coltello lo stilo Milan 1979
46 Pour le symbolisme de écriture qui va de droite gauche voir ART MIDORE La clef des
songes III 25 avec la note FESTUGI RE ad loe. écriture rétrograde est associée
la tromperie adultère et au comique en tant inversion du sérieux)
47 Voir par exemple CICERON De invention 68 ss On peut noter utilisation des Cartha
ginois dans exemple du raisonnement quatre parties ibid. 71
48 La formule ROD rsan katatemoûsa en découpant la peau de uf
est en réalité ambiguë on pourrait écrire Bursan ce qui donnerait la traduction en tra ant le
plan de Byrsa car cf ARISTOTE Politique 1267 22-23 Hipp damos ... ton Peiraiâ katé-
temen Hippodamos ... tra le plan de Pirée
49 EUSTATHE Commentaire de Deny le Périégète 251 Müller polun horon tèi lei toi
toio toi soph smati perigr psasa
50 Pour la construction cf RODOTE VII 60 perigr phein kuklou circonscrire un
cercle
51 Voir LiDDELL-ScoTT- JONES Greek-English Lexicon s.v horos IV
52 Voir ibid. s.v perigr phein perigraphe IV est en droit ptolémaïque et bien
entendu en droit romain que le terme est employé en ce sens voir TAUBENSCHLAG The Law of
Greco-Roman Egypt in the Light of the Papyri Varsovie 1955 pp 203 et 461 ss WOLFF
Das Recht der griechischen Papyri gyptens Handbuch der Altertumswissenschaft 2)
Munich 1978 150
53 Le sens II tromper un de entrée circumscribo du Thésaurus linguae
latinae occupe en effet le quart de toutes les attestations du terme Le fait que le mot ne soit pas
attesté avec ce sens avant Ciceron est pas décisif est le sort de la plupart des vocables latins
Nous pensons donc il signifiait tromper déjà époque des guerres puniques
54 Testamentùm PLINE LE JEUNE Lettres VIII 18 Legern Digeste IV 19
55 Voir Thesaurus linguae latinae s.v circumscriptor perigraphe et circumscriptio
56 CICERON Ad familiares II 18
57 POLYBE XXIX 27 CICERON Philippiques VIII 23 DIODORE DE SICILE XXXI
TITE LIVE XLV 12 VELLEIUS PATERCULUS 10 VAL RE MAXIME VI PLINE ANCIEN
Histoire naturelle XXXIV 24 PLUTARQUE Moralia 202 APP XI 66 JUSTIN XXXIV
ZONARAS IX 25
58 CICERON ibid
59 Souda s.v Phoin kon enképhaloi ... kai Phoin kon sunthêkai Photius s.v Phoi
kon sunthêkai
60 En akkadien jour et nuit urrim mus signifie toujours On ne peut donc
pas exclure que idée du traité la phénicienne soit inspirée un fait linguistique sémitique et
donc peut-être punique)
61 MON Fragmente der griechischen Historiker 327 13 Jacoby STRABON VI 115
62 DENYS HALICARNASSE XIX
63 Voir DETIENNE et J.-P VERNANT Les ruses de intelligence La métis des Grecs
Paris 1974 pp 49-50
64 Cf SYCHIOS s.v stréphosis le fait de couvrir une peau dont la conjecture stér-
phosis vise rattacher le mot stérphos peau comme dans APOLLONIUS DE RHODES Argo-
nautiques IV 1348 stérphos est pas dorien mais ionien selon les Scholies Meandre Alexi-
pharmaka 248 Geymonat)

341
NOUVELLES HYPOTH SES

65 Le seul sens de strémma qui convient ici est celui de fil LXX Judith 16 LDDDELL-
-JONES en donnent trois autres petit pain entorse conspiration
66 Pour Dorieîs cf la Souda s.v nomos et le commentaire de LAROCHE op cit. 236
67 Ainsi Fragmenta Historicorum Graecorum 197 fr 23 Müller
68 Ce rapprochement nous été suggéré par Perron Notons que elissein est plus fréquent
que helissein dans les codices des poèmes homériques selon LIDDELL-SCOTT-JONES s.v helissein)
69 EURIPIDE Oreste 889-894
70 APOLLONIUS DE RHODES Argonautiques 463
71 Odyssée XIV 288
72 Souda s.v phoinikik to pseûdos Cf PLATON République 414 et la scholie ad loe
73 Comicorum Atticorum Fragmenta III fr 1293 Kock et commentaire phoinikel ktes
maintenu contre émendation Phoinikh eliktes cf observation faite supra 68 On ne peut
pas exclure que élément phoinik- se réfère écriture cf Phoinikeïa grommata lettres
phéniciennes etc.) ce qui donnerait la traduction déformateur-du-sens-de- écrit
74 La glose est celle SYCHios s.v phoinikelikten Cf Souda s.v phoinikelites ho
hapatelos
75 Pour la fides Punica voir le résumé de exposé fait par Freyburger cole Pratique
des Hautes tudes dans Annuaire de E.P.H.E. Ve section 1983-1984 347 ss
76 ENNIUS Annales VIII fr 290 Poenos Didone oriundos Didon aurait occupé cette place
depuis Naevius voir ANNA Didone Anna in Varrone in Virgilio Rendiconti della
Accademia nazionale dei Lincei Classe di scienze morali storiche filologiche 30 1975 pp 3-
34 Cf aussi SELIUS ITALICUS Puniques 70-80 Hannibal est le descendant un frère de la reine
Didon
77 CICERON De la nature des dieux II 61
78 Avant les guerres puniques la Sicile est le lieu où affrontent des intérêts grecs et pu
niques est dans ce cadre il faut situer la préhistoire dont nous parlons et dont par
exemple invention du jeu de mots rsa-B rsa dû faire partie

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