n
Av
Salomo
Reportage : Guillaume Lamy
Photos : Tim Douet
ssure
Quand on pense que chaque
hau
invente la c
coureur est différent et a sa façon
de courir bien à lui, que chaque
sur mesure
pied a ses caractéristiques, on a
du mal à s'imaginer que toutes
les chaussures sont fabriquées à
la chaîne, à l'identique et pour
tout le monde, dans d'immenses
usines asiatiques. Sauf à être un
athlète – auquel cas vous entrez
dans le monde ultra confidentiel
du S2A (service to athlete, 100%
personnalisé).
Salomon, n°1 mondial du trail-
running, vient de révolutionner
ce marché. « Il y aura un avant et
un après projet ME:sh » explique
Jean-Yves Couput, directeur
footwear & business innovation
chez Amersports et du projet
ME:sh pour Salomon. Où quand
la cordonnerie et le high-tech
Une visite
fusionnent.
« Labo-ufo »
Peu de journalistes sont
autorisés, chaque année, à le
visiter. L'ADC, Annecy Design
Center, le siège social de
Salomon et vaisseau amiral de la
R&D des marques du groupe
Amer Sports. Un immense
bâtiment de 33 500 m2 (qui
regroupe plus de 1 000
personnes), entièrement
consacré à la recherche et
l'innovation.
Lyon Capitale a pu avoir accès à
une partie encore plus
confidentielle au sein de l'ADC :
la ME:sh Unit, le tout dernier
« labo-ufo » – car complètement
avant-gardiste – de Salomon.
Révolutionnaire car, ici, le client
co-créé sa paire de chaussures
avec les équipes techniques.
«La ME:sh est une chaussure
entièrement customisée et
adaptée à l'individu.» ME pour
« moi » (en anglais) et sh pour
« shoes » (chaussures).
Autrement dit, des chaussures
Jean-Yves Couput, directeur innovation footwear Salomon
sur mesure.
« Cordonnerie du sport »
Jean-Yves Couput résume le projet
en une formule sur mesure :
« ME:sh, c'est purement et
simplement la cordonnerie appliquée
L'avancée technologique la plus pointue : la tige de la chaussure (la partie extérieure qui recouvre le pied).
au sport. »
Celle-ci est désormais conçue comme une chaussette, la twinskin, cousue en 3D, autour de laquelle tout s'assemble comme un Légo.
L'entrée se fait, au fond d'un couloir,
par une porte grise griffée « S/Lab
ME:sh », uniquement accessible aux
porteurs d’un badge magnétique.
On pénètre alors dans un immense
couloir noir rehaussé de lignes
blanches façon Star Wars. Y sont
exposées toutes les innovations de
Salomon depuis 1947. Notamment
la Packvest (le gilet-sac à dos que
tous les coureurs portent sur un
trail). C'est Kilian Jornet qui en est à
l'origine. Quand, en août 2008, cet
adepte du ski alpinisme – 1er à la
Pierra Menta en mars de la même
année – se pointe à la vérification
du matériel obligatoire, il porte tout
dans les bras. Les autres coureurs le
regardent, effarés, en lui demandant
où est son sac à dos : le jeune
coureur de 21 ans s'était cousu des
poches sur son tee-shirt (le sac à
dos ne faisait alors pas partie des
équipements obligatoires).
« Il voulait une extension de son
corps ». Il remportera l'UTMB en
20h56mn, avec une heure d'avance
sur le 2e, le Franco-Népalais Dawa
Sherpa, l'un des meilleurs ultra-
trailers qui soient. L'année suivante,
Salomon sortait la Packvest.
« Vous devenez aussi
important que Kilian »
« Kilian Jornet est un
accélérateur. » explique
Guillaume Meyzenq, vice-
président footwear chez
Salomon. La ME-sh, cette
chaussure 100% sur-mesure, est
née d'un rêve de Kilian Jornet,
celui qui a véritablement
révolutionné la course en
montagne. « Quand Kilian a
commencé à faire ses tentatives
de record, il nous a dit qu'il avait
rencontré beaucoup d'animaux
Étape 5
(type de terrain, kilométrage,…)
quatre valeurs : longueur, largeur reproduisant le pied du client. en température dans une
du coureur.
Étape 4
de l'avant-pied, largeur du talon machine de « fusion » qui va faire
Étape 9
et périmètre. À ce moment, le montage est fondre le fil thermofusible qui va
Étape 2
confié au robot Maurice qui va faire office de liant entre les trois
Sur cette première « couche »
appliquer sur le skeleton un léger couches. En quelques minutes lui La dernière étape consiste à
vient se placer le skeleton dont le
film de colle. permettre de passer d’un état de associer la semelle à la tige par
Sur cette base se fait le choix de rôle est d’apporter de la structure
Étape 6
chaussette à un état plus rigide un process automatisé
la twinskin la plus adaptée aux à la chaussure, et donc maintien
de chaussure. impliquant le robot Maurice
caractéristiques du pied. et stabilité.
Étape 8
pour l’application de la colle et
La twinskin est une chaussette Le skeleton est une pièce moulée La partie supérieure de la
une presse pour la liaison des
composée de fils en polyamide en composite polyuréthane. Sa twinskin est retournée par-
deux parties.
élasthane torsadés avec des composition autorise une dessus le skeleton pour enfermer Lorsque la tige est terminée, la
nanofilaments de colle stabilité de son comportement, celui-ci en sandwich entre les semelle est assemblée sur le
thermofusible. indépendamment de la deux couches de twinskin. principe d’une construction Lego
« Salomon, c’est 850 millions d’euros de « Salomon, c'est 20% de parts de
chiffre d’affaires en 2016, dont environ marché du trail. Plus d'1 coureur sur 5
250 millions sur la chaussure de trail » court en Salomon. »
Jean-Marc Pambet, président de Salomon Guillaume Meyzenq, vice-président footwear chez Salomon