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FRANÇAIS
Questionnements complémentaires
L’homme est-il maitre de la nature ?

Présentation du questionnement
L’homme est-il maitre de la nature ?

L’homme est-il maître de la nature? (fichier XMind, logiciel libre de droits à télécharger)
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Questionnements complémentaires

L’homme est-il maitre de la nature ?

Corpus d’images :
La représentation du jardin
du Moyen Âge au XVIIe siècle
Sont ici proposées des références à quelques peintures, enluminures, illustrations autour du
thème des jardins. Le terme est ici compris dans son acception commune, à savoir comme « un
terrain généralement clos, où l’on cultive des végétaux utiles ou d’agréments ». Le terme doit
donc se différencier de la notion de nature, par définition illimitée, et qui n’est pas obligatoire-
ment façonnée par la main de l’homme ; il est aussi à ne pas mettre sur le même plan que la
notion de paysage, qui, s’il est bien le reflet de la volonté de l’homme, est par définition large et
ouvert. À travers l’espace du jardin, se pose toujours la question d’un raffinement, d’un accom-
plissement, d’une maitrise parfaite de l’homme sur la nature ; c’est pourquoi, dans ses origines,
est-il toujours question de la transposition d’un espace divin, comme nous le rappelle l’étymolo-
gie de paradis, et les jardins présents dans le texte biblique.
Suivant la nature du projet retenu avec les élèves, il est possible dans tous les cas de procéder
par une démarche comparatiste, qui permette de repérer les points communs et les différences
entre ces différentes iconographies. Il peut s’agir alors d’un classement de toutes les images
ou du choix d’une répartition de duos d’images, préalablement sélectionnés, entre différents
groupes. Une attention particulière peut être portée à la dimension plastique, aux contraintes de
dimension, de supports, de matériaux, qui sont particulièrement signifiantes pour un art pictural
naissant. Ce sont des compétences de lecture communes au français et à l’histoire des arts qui
peuvent ainsi être travaillées, le programme de ce dernier enseignement mettant l’accent sur
« la démarche comparatiste ». Les élèves peuvent enrichir cette première confrontation lors
d’une mise en commun avec le reste de la classe et rechercher des textes littéraires à mettre en
rapport avec ces images.
Ce travail pourrait mener à l’élaboration d’une exposition ou à la construction d’un diaporama
pour chacun des groupes. Les élèves, par ce biais, pourraient devenir les médiateurs de connais-
sances sur le domaine et travailler des compétences langagières articulant écriture et oral.

Le jardin, reflet de la perfection divine


Jardin marial, cloître
• Maitre anonyme, le jardinet du Paradis, huile sur bois, 26,3 x 33,4 cm, Francfort, huile sur
bois, 26,3 x 33,4 cm ;
• Fra Angelico, l’Annonciation, tempera sur bois, 194 x 194cm, Madrid, musée du Prado.

Le jardin, reflet de la civilisation et de son raffinement


• Miniatures persanes, jardins de l’Alhambra
• L’empereur Babur supervisant les plantations du jardin de la fidélité, ms. Moghol IM 276A, XVIe
siècle, Londres, Victoria et Albert Museum.

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Le jardin courtois
Les illustrations ci-après sont téléchargeables avec les droits libérés sur le site de la BnF
accessible sur authentification via Éduthèque

• « le narrateur découvre le jardin », illustration du Roman de la Rose, manuscrit, BnF ;

• « Oiseuse devant la porte du jardin », illustration du Roman de la Rose, manuscrit, BnF ;

• « la cueillette », illustration du Roman de la Rose, manuscrit, BnF ;

• La Teresida, vers 1460, gouache, 13,5 x 15,5 cm, Vienne, Österreichische Nationalbibliothek.

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Le jardin, représentation d’une nature travaillée et


maîtrisée par l’homme
• Le Mois de mars, enluminure du bréviaire Mayer van den Bergh, vers 1510, Flandre, 22,4 x
16cm, Anvers, Musée Mayer van den Bergh ;
• « le mois de mars », les Très Riches Heures du duc de Berry, enluminure, musée du Louvre ;
• « le mois de juin », les Très Riches Heures du duc de Berry, enluminure, musée du Louvre ;
• « le mois d’octobre », les Très Riches Heures du duc de Berry, enluminure, musée du Louvre ;
• Paolo Uccello, St Georges terrassant le dragon, peinture sur panneau de bois, 131X103cm,
musée Jacquemart-André.

Le jardin classique, maitrise parfaite de l’homme sur la


nature, reflet du pouvoir monarchique de droit divin
• Jean Cotelle, le Bosquet des trois fontaines, détail, 1688, huile sur toile, 100 x 139 cm, Ver-
sailles, musée du château ;
• Etienne Allegrain, vue du château de l’orangerie de Versailles (détail), vers 1700, 115cm x 165
cm, Versailles, musée du château.

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Corpus : La figure de l’arbre

L’homme entretient un rapport particulier avec l’arbre, fait à la fois de fascination et de respect.
À travers cette relation se joue toute la maitrise que l’homme veut imposer à la nature, et les
limites de celle-ci.
L’arbre, qu’il soit cultivé ou abattu pour en faire un matériau de construction, devient
dès les origines le symbole d’une emprise de l’homme sur la nature et du progrès de
la civilisation. Le lit fabriqué par Ulysse est ainsi à l’image de l’intelligence de l’homme
et de la civilisation grecque naissante. De la même façon, l’architecte Pouillon dans
un récit historique fait revivre la construction de l’abbaye du Thoronet et la façon dont
les moines construisent le monastère au milieu d’une nature sauvage. L’abattage du
chêne devient le symbole de cette colonisation de la nature. Mais l’arbre sacrifié par
l’homme garde toute sa noblesse, empreint qu’il est d’un rapport profond, essentiel
à son environnement. Figure tutélaire de la Nature, force païenne de vie et de des-
truction, dépassant les limites temporelles de l’existence humaine, il devient objet
de fascination pour l’homme, d’adoration et parfois de crainte, Ainsi apparaît-il dans

Texte n°1
Quand il sortit du bain, on aurait dit un immortel.
Il se rassit dans le fauteuil qu’il venait de quitter,
En face de sa femme, et lui dit ces paroles :
« Malheureuse, c’est toi entre toutes les faibles femmes
Qui a reçu des dieux le cœur le plus indifférent :
Aucune autre que toi ne pourrait aussi patiemment
Se tenir loin de l’homme qui, après tant de souffrances
Et vingt années d’absence, enfin retrouve sa patrie !
Allons ! nourrice, dresse-moi un lit, et que j’y dorme
Encore seul ; car, c’est un cœur de fer qu’elle a ! »
La sage Pénélope alors lui répondit :
« malheureux, ce n’est point indifférence ni hauteur,
Ni dépit de ma part : je sais ce que tu fus
Quand tu quittas Ithaque sur la barque aux longues rames.
Mais allons ! Euryclée, dresse le lit solide
Qu’il avait fait lui-même, hors de la forte chambre !
(…)
Elle parlait ainsi pour l’éprouver ; Ulysse alors,
En gémissant, dit à sa fidèle compagne :

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« femme, ce mot que tu as dit m’a meurtri l’âme.


Qui donc a déplacé mon lit ? C’eût été malaisé
Même au plus habile homme, à moins qu’un dieu vînt à son aide,
Qui l’eût facilement transporté à un autre lieu…
Mais des mortels, aucun, ne fût-il vigoureux,
N’eût pu le déplacer. Car il est un secret
Dans la structure de ce lit ; je l’ai bâti tout seul.
Dans la cour s’élevait un rejet d’olivier feuilli
Dru, verdoyant, aussi épais qu’une colonne.
Je bâtis notre chambre autour de lui,
De pierres denses, je la couvris d’un bon toit,
La fermais d’une porte aux vantaux bien rejoints.
Ensuite je coupais la couronne de l’olivier
Et, en taillant le tronc à la racine, avec le glaive
Je le planai savamment et l’équarris au cordeau
Pour faire un pied de lit ; je le perçai à la tarière.
Après cela, pour l’achever, je polis le reste du lit
En l’incrustant d’argent, d’ivoire et d’or ;
Je tendis les sangles de cuir teintes de pourpre.
Voilà le secret dont je te parlais ; mais je ne sais
Si mon lit est encore en place, ô femme, ou si déjà
Un autre, pour le déplacer, a coupé la racine.
Homère, L’Odyssée, chant XXIII, traduction de P. Jaccottet, 1982.

Texte n°2
Saint jean le Baptiste, vingt-quatrième jour de juin
Dans un fracas, un cri grave come un râle, un souffle fort comme un coup de mistral,
le chêne du chevet de l’église future s’est abattu dans le soleil du matin, en soulevant un
nuage de poussière de fleurs. Nous l’avions sacrifié. Depuis trois jours, deux convers se sont
relayés, deux bourreaux de chêne. Joyeux, avec des « han » rauques, le grand Philippe et le
petit Bruno ont frappé à tour de rôle dans sa chair qui rougissait, une palie d’arbre. La peau
sombre, arrachée, découpée, sur tout le pourtour du tronc, découvrait les muscles, les nerfs et
les artères. La cognée, jetée vers le ciel, retombait en bruit mat entraînant les mains, les bras,
le torse et la tête de l’homme planté sur ses jambes fixées comme avec des racines. La cognée
tendue en haut, puis en bas, tirait les muscles longs de Philippe ; des muscles de lierre ou de
glycine, et ceux courts et noueux de Bruno, en racine de bruyère et d’Olivier. A cause de l’arme
forgée par Antime la lutte était inégale. Enfin, hier, le géant de cent pieds, de cent ans, s’est
laissé arracher à sa branche haute. Ce matin, c’était la fin. Comme des juges cruels, les bras
croisés, rangés le long du Champ nous étions tous descendus pour voir et pour aider. Lorsque
le moment fut venu, Luc attela les mules à la corde du milieu et les hommes s’emparèrent
des deux autres cordes. Philippe frappait au cœur, au premier craquement, tous ont tiré au
commandement de Luc. Au troisième effort, la cime oscilla, hésita le temps d’une respiration,
puis le grand mouvement s’amorça, tellement lent au début que çà n’en finissait pas, enfin de
plus en plus vite les branches et les feuilles balayèrent le ciel en tournant sur la rotule des
fibres. Un grand silence suivit. Dans ce désordre nouveau le chêne n’arrêtait plus de tenir de la
place, de compliquer le sol.
(…) Le chêne mutilé, resta seul, couché dans le cimetière. Dans un mois les plateaux, bien
calés pour sécher, seront rangés contre les ateliers. Dans dix ans, l’arbre abattu de la Saint-
Jean sera nos portes, nos tables, nos stalles.
Retrouvez Éduscol sur Fernand Pouillon, Les pierres sauvages, 1964.

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Texte n°3
LE BANYAN
Le Banyan tire.
Ce géant ici, comme son frère de l’Inde, ne va pas ressaisir la terre avec ses mains,
mais, se dressant d’un tour d’épaule, il emporte au ciel ses racines comme des paquets
de chaîne. A peine le tronc s’est-il élevé de quelques pieds au-dessus du sol qu’il écarte
laborieusement ses membres, comme un bras qui tire avant le faisceau de cordes qu’il a
empoigné. D’un lent allongement le monstre qui hale se tend et travaille dans toutes les
attitudes de l’effort, si dur que la rude écorce éclate et que les muscles lui sortent de la peau.
Ce sont des poussées droites, des flexions et des arcs-boutements, des torsions de rein et
d’épaules, des détentes de jarret, des jeux de cric et de levier, des bras qui, en se dressant
et en s’embrassant, semblent enlever le corps de ses jointures élastiques. C’est un nœud de
pythons, c’est une hydre qui de la terre tenace s’arrache avec acharnement. On dirait que le
banyan lève un poids de la profondeur et le maintien de la machine de ses membres fendus.
Honoré de l’humble tribu, il est, à la porte des villages, le patriarche revêtu d’un
feuillage ténébreux. On a, à son pied, installé un fourneau à offrandes, et dans son cœur même
et l’écartement des branches, un autel, une poupée de pierre. Lui, témoin de tout le lieu,
possesseur du sol qu’il enserre du peuple de ses racines, demeure, et, où que son ombre se
tourne, soit qu’il reste seul avec les enfants, soit qu’à l’heure où tout le village se réunit sous
l’avancement tortueux de ses bois les rayons roses de la lune passant à travers des ouvertures
de sa voûte illuminent d’un dos d’or le conciliabule, le colosse, selon la seconde à ses siècles
ajoutée, persévère dans l’effort imperceptible.
Quelque part la mythologie honora les héros qui ont distribué l’eau à la région, et,
arrachant un grand roc, délivré la bouche obstruée de la fontaine. Je vois debout dans le
Banyan un Hercule végétal, immobile dans le monument de son labeur avec majesté. Ne
serait-ce pas lui, le monstre enchaîné, qui vainc l’avare résistance de la terre, par qui la
source sourd et déborde, et l’herbe pousse au loin, et l’eau est maintenue à son niveau dans la
rizière ? Il tire.
Paul Claudel, Connaissance de L’Est, 1907.

Texte n°4
Devant l’arc en plein cintre supporté par des colonnes doubles qui donne accès au
couvent de Mariabronn, un châtaignier, fils esseulé du Midi, apporté là jadis par un pèlerin
venu de Rome, dressait tout au bord du chemin son tronc puissant. Sa couronne arrondie
s’étendait au-dessus de la route en un geste de tendresse et respirait dans le vent comme
une poitrine qui s’enfle. Au printemps, alors que tout, autour de lui, était déjà verdoyant et que
les noyers du cloître avaient eux-mêmes revêtu leur jeune feuillage rougeâtre, ses feuilles se
faisaient attendre longtemps encore. Puis, à l’époque des nuits les plus courtes, il dressait
hors des touffes de feuilles, comme de pâles rayons blancs et verts, son étrange floraison.
À ses senteurs âcres et fortes les souvenirs se levaient, les cœurs se serraient. En octobre, la
cueillette des fruits et la vendange étaient déjà terminées quand, de sa couronne jaunissante,
tombaient dans le vent d’automne ses châtaignes hérissées de piquants qui ne mûrissaient
pas chaque année. Les gamins du couvent se battaient pour les ramasser et l’adjoint du prieur,
le père Grégoire, originaire du pays latin, les faisait griller au feu de sa cheminée. Au-dessus
de l’entrée du monastère il laissait lentement onduler sa nature, le bel arbre étranger au cœur
plein de tendresse, cet hôte un peu frileux venu d’un autre climat, que des liens mystérieux
apparentaient aux sveltes colonnettes de grès accouplées au portail, à la parure fleurissant
aux cintres des fenêtres, aux corniches et aux piliers ; chéri des Français et des Latins, cet
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étranger que les gens du pays considéraient bouche bée.


Déjà bien des générations d’élèves avaient passé, au monastère, sous l’arbre venu des
pays lointains, leurs tablettes sous le bras, bavardant, riant et jouant, se querellant ; pieds nus
ou chaussés selon la saison ; une fleur à la bouche, une noix entre les dents ou une boule de
neige à la main. Toujours, il en arrivait d’autres. (…) Devenus hommes, en amenant leurs fils à
l’école des pères ils levaient un moment vers le châtaignier leurs yeux souriants tout pleins de
souvenirs et disparaissaient à nouveau.
Hermann Hesse, Narcisse et Goldmund, 1947.

Texte n°5
Le hêtre de la scierie n’avait pas encore certes, l’ampleur que nous lui voyons. Mais sa
jeunesse (…) ou plus exactement son adolescence était d’une carrure et d’une étoffe qui le
mettaient à cent coudées au-dessus de tous les autres arbres, même de tous les autres
arbres réunis. Son feuillage était d’un dru, d’une épaisseur, d’une densité de pierre, et sa
charpente (dont on ne pouvait rien voir, tant elle était couverte et recouverte de rameaux plus
opaques les uns que les autres) devait être d’une force et d’une beauté rares pour porter avec
tant d’élégance tant de poids accumulé. Il était surtout (à cette époque) pétri d’oiseaux et de
mouches ; il contenait autant d’oiseaux et de mouches que de feuilles. Il était constamment
charrué et bouleversé de corneilles, de corbeaux et d’essaims ; il éclaboussait à chaque
instant des vols de rossignols et de mésanges ; il fumait de bergeronnettes et d’abeilles ;
il soufflait des faucons et des taons ; il jonglait avec des balles multicolores de pinsons, de
roitelets, de rouges-gorges, de pluviers et de guêpes. C’était autour de lui une ronde sans
fin d’oiseaux, de papillons et de mouches dans lesquels le soleil avait l’air de se décomposer
en arcs-en-ciel comme à travers des jaillissements d’embruns. Et, à l’automne, avec ses
longs poils cramoisis, ses mille bras entrelacés de serpents verts, ses cent mille mains de
feuillages d’or jouant avec des pompons de plumes, des lanières d’oiseaux, des poussières
de cristal, il n’était pas vraiment un arbre. Les forêts, assises sur les gradins des montagnes,
finissaient par le regarder en silence. Il crépitait comme un brasier ; il dansait comme seuls
savent danser les êtres surnaturels, en multipliant son corps autour de son immobilité ; il
ondulait autour de lui-même dans un entortillement d’écharpes, si frémissant, si mordoré, si
inlassablement repétri par l’ivresse de son corps qu’on ne pouvait plus savoir s’il était enraciné
par l’encramponnement de prodigieuses racines ou par la vitesse miraculeuse de la pointe de
la toupie sur laquelle reposent les dieux.
Jean Giono, Un roi sans divertissement, 1948.

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Annexe
La racine de l’Odyssée, c’est un olivier.
Cet olivier, Homère, j’en suis sûr, l’a rencontré dans un de ses voyages, et pourquoi
pas à Ithaque même ? Quel bel arbre ! Aussi fier, aussi pur, aussi radieux, j’allais dire
presque aussi saint, dans la force de sa fibre tendue, que l’un de ces êtres parfaits, de ces
irréprochables plants humains, dont l’art hellène a perpétué au milieu de nous le témoignage.
On parle d’un marin qui jette l’ancre, dit le poète, et moi, je vois ici un être vivant qui est
capable de m’enraciner pour à jamais avec lui à ce coin de propriété. De quelle intensité il
est attaché à ce qu’il aime et quelle éloquence de ce feuillage d’argent dans la lumière à
parler de ses racines ! Arbre sacré, enfant de Zeus, médiateur entre la substance et l’azur, ah
! Je le sens ! Désormais ce n’est plus à une autre industrie que la tienne que je demanderai
cette grâce qui est l’huile ! Ah ! Si les dieux m’avaient accordé une autre épouse que celle-ci
invisible, la Muse, en qui m’est dénié tout ce qui fait la vie des autres hommes, c’est à ton fût,
immortel, que je voudrais amarrer la couche nuptiale. De tes branches je ferais mon toit et
j’en enclorais l’ombre par un mur. Nul dans ce sanctuaire dont tu es l’âme ne serait admis
à pénétrer que moi seul et celle que j’aurais choisie. Et si le sort, un jour, pèlerin d’un rêve
inextricable, ne refusait pas au bâton de l’aveugle ce qu’il accorda à la rame du navigateur,
c’est là que m’attendrait, inviolablement fidèle entre les prétendants à l’époux, Pénélope, ma
patrie !
Paul Claudel, Préface à L’Odyssée, 1949.

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Corpus : Le chevalier, entre jardin et forêt

L’opposition entre la nature sauvage et la nature maitrisée est une perspective pour parcourir la
Matière de Bretagne.
Si la symbolique semble évidente, avec d’un côté la forêt, lieu du merveilleux,
des créatures maléfiques et donc du Mal, et de l’autre côté le jardin, lieu de la
courtoisie, de la spiritualité et donc du Bien – représentation du paradis qui trouve
son achèvement dans le cloitre des monastères, les textes qui appartiennent à la
Matière de Bretagne dessinent un paysage plus complexe. Les forêts et les jardins
que parcourent les chevaliers se révèlent ambivalents. Si la forêt est le lieu commun
de l’aventure, des adversaires redoutables, pour Yvain comme pour Lancelot, elle
est aussi celui de la rencontre amoureuse (Laudine, Viviane). Si la forêt est l’espace
où les héros perdent leur humanité - ainsi d’Yvain dans sa folie, elle est aussi le lieu
où les héros se retranchent pour échapper à la violence du monde, comme Perceval
dissimulé aux dangers de la chevalerie, Tristan et Iseut réfugiés dans la forêt du Morois
pour vivre leur amour. Si le verger est associé à la courtoisie, lieu de l’Amour du Roman
de la Rose, il devient celui du danger pour Lancelot et Guenièvre ainsi que pour Tristan
et Iseut. Plus étonnant, dans Erec et Enéide, de Chrétien de Troyes, le verger nommé
« Joie de la Cour » se révèle en réalité le lieu d’une aventure merveilleuse, « un mal
trespas » dont les chevaliers ne reviennent pas.

Texte n°1
Je ne sais rien en matière d’aventures,
et je n’en ai jamais entendu parler.
Mais si tu voulais aller jusqu’à une fontaine près d’ici,
tu n’en reviendrais pas sans quelque difficulté
[...]
Près d’ici tu vas tout de suite trouver
un sentier qui t’y mènera.
Va tout droit et suis-le bien,
si tu ne veux pas gaspiller tes pas,
car tu pourrais facilement te fourvoyer :
il y a bien d’autres chemins.
Tu verras la fontaine qui bout,
et qui est pourtant plus froide que du marbre.
Le plus bel arbre que Nature

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ait jamais pu faire lui donne de l’ombre.


Il garde son feuillage par tous les temps,
car nul hiver ne peut le lui faire perdre.
Il y pend un bassin en fer,
attaché à une chaine qui est si longue
qu’elle va jusqu’à la fontaine.
A côté de la fontaine, tu trouveras
un perron - tu verras bien de quelle sorte,
mais je ne saurais te le décrire,
car je n’en ai jamais vu de comparable -
et, de l’autre côté, une chapelle
qui est petite mais très belle.
Si tu veux prendre de l’eau dans le bassin
et la répandre sur le perron,
tu verras alors se déchainer une telle tempête
qu’aucune bête ne restera dans le bois,
ni chevreuil, ni daim, ni cerf, ni sanglier.
Même les oiseaux le quitteront,
car tu verras une turbulence si puissante -
du vent, des arbres mis en morceaux,
de la pluie, du tonnerre et des éclairs -
que, si tu arrives à t’en sortir
sans grande peine et sans douleur,
tu auras plus de chance
qu’aucun chevalier qui y ait jamais été.
[...]
Croyez-moi, la fontaine
bouillait comme de l’eau chaude.
Le perron était fait d’une seule émeraude
percée comme un tonneau,
et dessous il y avait quatre rubis,
plus flamboyants et plus vermeils
que le soleil au matin
quand il parait à l’orient.
[…] aussitôt que
j’eus arrosé la pierre creuse
avec l’eau du bassin.
[...] je vis le ciel si perturbé
que, de plus de quatorze points,
les éclairs me frappaient les yeux ;
et les nuages jetaient, pêle-mêle,
de la neige, de la pluie et de la grêle.
Il faisait un temps si mauvais et si violent
que je croyais bien que j’allais mourir
à cause de la foudre qui tombait autour de moi
et des arbres qui se brisaient.
[…]
car le mauvais temps ne dura guère,
et tous les vents se calmèrent ;
ils n’osèrent plus souffler dès que Dieu en décida ainsi.
[…]
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Dès que l’orage fut tout à fait passé,


je vis, rassemblés sur le pin,
une telle quantité d’oiseaux,
si on veut bien me croire.
que ni branche ni feuille n’apparaissait
qui ne fût complètement couverte d’oiseaux :
et l’arbre n’en était que plus beau !
Tous les oiseaux sans exception chantaient,
de façon à former entre eux une harmonie parfaite.
[...]
Je restai ainsi jusqu’au moment où j’entendis venir
à ce qu’il me semblait, des chevaliers.
Je crus bien qu’ils étaient dix,
tant il y avait de bruit et de vacarme,
mais en fait c’était un seul chevalier qui s’approchait
Quand je le vis venir tout seul,
je resserrai à l’instant même les sangles de mon cheval
et ne tardai pas à monter en selle ;
quant à lui, il fonça sur moi plein de rage,
plus rapide qu’un alérion à l’attaque,
et d’aspect aussi féroce qu’un lion.
[...]
nous nous précipitâmes l’un contre l’autre ;
nous tenions nos écus attachés au bras,
et chacun se couvrit du sien.
Le chevalier avait un bon cheval,
une lance raide, et il avait sûrement
une tête de plus que moi.
Ainsi, je me suis retrouvé dans une situation tout à fait catastrophique,
car j’étais plus petit que lui
et son cheval était plus puissant que le mien.
[...]
Je lui donnai le coup le plus fort qu’il me fut possible
de frapper, sans chercher à l’épargner.
Je l’atteignis sur la boucle de l’écu,
et j’y mis toute ma puissance,
si bien que ma lance éclata en morceaux,
tandis que la sienne était restée intacte,
car elle n’était nullement légère.
Au contraire, elle était plus pesante, à mon avis,
qu’aucune lance de chevalier :
je n’en ai jamais vu de plus grosse.
Et le chevalier m’en donna un tel coup
qu’il me jeta du cheval
au sol, par-delà la croupe,
et m’aplatit à terre.
Il me laissa humilié et vaincu,
[...]
Il prit mon cheval et, moi, il me laissa ;
puis il s’en retourna sur ses pas.
Chrétien de Troyes, Le Chevalier au lion (Yvain), 1180.
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Texte n°2
Il marcha tant qu’il se trouva très loin
des tentes et des pavillons.
Alors il lui monte un tourbillon
dans la tête, si puissant qu’il perd la raison ;
puis il déchire ses vêtements et s’en dépouille
et s’enfuit par les champs et les vallées,
laissant ses gens en plein désarroi,
qui se demandent avec étonnement où il peut bien être.
[...]
Il eut suffisamment de raison
pour ravir au valet son petit arc
et les flèches qu’il tenait dans sa main.
Cependant il ne se souvenait plus
de quoi que ce fût qu’il ait pu faire auparavant.
II guette les bêtes dans les bois,
il les tue, et puis il mange
la venaison toute crue.
Il demeura si longtemps dans la forêt,
comme un homme privé de raison et sauvage.
[...]
L’ermite défrichait.
En voyant s’approcher cet être tout nu,
il put bien se rendre compte, sans le moindre doute.
qu’il était loin d’avoir toute sa raison.
[…]
Après avoir mangé, il se lance encore une fois
dans le bois, et il part en quête de cerfs et de biches.
Et l’homme de bien le craignait beaucoup ;
lorsqu’il le voit partir, il prie Dieu
de le protéger et de le prendre en Sa garde,
de manière à ce qu’il ne vienne plus de son côté,
Mais il n’y a aucune créature qui, si peu de sens qu’elle ait,
ne revienne volontiers
à l’endroit où on lui a fait du bien.
Par la suite, il ne se passa pas un jour entier,
aussi longtemps qu’il fut dans cette démence,
qu’il ne lui apportât quelque bête sauvage
jusque devant sa porte.
Voilà la vie qu’il mena alors.
Chrétien de Troyes, Le Chevalier au lion (Yvain), 1180.

Texte n°3
Le roi les conduit hors de la cité fortifiée
dans un verger proche ;
[...]
Mais je ne dois pas omettre,
sous le prétexte que cela fatiguerait et épuiserait ma langue,
de vous donner du verger une description
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maitre de la nature ?

véridique, conforme à l’histoire.


Autour du verger, il n’y avait
ni mur ni palissade, mais de l’air seulement.
C’était de l’air qui de toutes parts
formait par magie la clôture du jardin,
si bien qu’on ne pouvait y pénétrer,
sinon en volant par-dessus,
comme s’il fût tout clos de fer.
Et tout l’été comme tout l’hiver,
il y avait là fleurs et fruits mûrs
et ces fruits, par quelque sortilège,
se laissaient manger sur place :
[...]
jamais n’aurait pu ni revenir à l’entrée
ni sortir du verger,
s’il n’avait pas remis le fruit cueilli à sa place.
Et sous le ciel, il n’y a oiseau qui vole
et dont le chant plaise à l’homme
pour le divertir et le réjouir,
que l’on ne pût y entendre,
et il s’y trouvait beaucoup de chaque espèce,
Et la terre, dans toute son étendue,
ne produit épice ou racine aux vertus curatives
qu’on ne puisse trouver à foison dans ce verger
tellement on en avait planté.
Par une étroite entrée,
la masse des gens y a pénétré,
[...]
Erec chevauchait, la lance en arrêt,
à travers le verger,
écoutant avec délice le ramage
des oiseaux qui y chantaient ;
ils lui figuraient sa joie,
ce à quoi il aspirait le plus.
Mais voici qu’il aperçut une chose étonnante
qui aurait pu effrayer
le plus hardi des combattants,
[...]
car devant eux, sur des pieux aigus,
étaient plantés des heaumes luisants et clairs
et sous la bordure inférieure de chaque heaume
apparaissait une tête d’homme.
Mais la rangée se terminait par un pieu
où il n’y avait encore rien, si ce n’est un cor.
[...]
Le roi qui est à ses côtés sur sa droite
lui en donne l’explication :
« Ami, dit-il, savez-vous ce que représente
ce que vous voyez devant vous ?
Vous devez en être fort effrayé,
si vous tenez de quelque manière à votre vie,
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maitre de la nature ?

car cet unique pieu qui se dresse à l’écart


et où vous voyez pendre ce cor
a attendu très longtemps,
mais nous ne savons pas vraiment qui :
est-ce vous ou quelque autre ?
Prenez garde que votre tête n’y soit mise,
car le pieu se dresse dans ce dessein.
Ne vous en avais-je pas averti,
avant que vous veniez ici ?
Je ne pense pas que vous en sortiez jamais,
sinon mort et déchiqueté,
car à cette heure nous sommes surs au moins de ceci :
le pieu attend votre tête.
S’il arrive qu’elle y soit mise,
ainsi que la chose est prévue
depuis le moment où il fut planté,
un autre pieu sera dressé
à la suite, pieu qui attendra
qu’un autre chevalier, je ne sais lequel,
vienne à son tour.
Chrétien de Troyes, Erec et Enide, vers 1165.

Texte n°4
Et lui s’en va le long d’un sentier,
seul, sans aucune compagnie,
jusqu’au moment où il découvrit un lit en argent
couvert d’un drap à liseré d’or,
à l’ombre d’un sycomore
et, sur le lit, une demoiselle
au corps délicat et au visage empreint
de toutes les grâces imaginables.
Elle s’était assise là, toute seule.
[...]
Erec s’en approche,
car il voulut la voir de plus près.
Pendant ce temps, les gens vont s’asseoir
sous les arbres dans le verger.
Mais voici qu’arrive un chevalier
revêtu d’une armure vermeille,
un chevalier merveilleusement grand,
et s’il n’avait pas été d’une taille si inquiétante.
il n’y aurait eu sous le ciel plus bel homme que lui,
mais il était plus grand d’un pied,
au dire de tout le monde,
que nul autre chevalier connu.
Avant même qu’Erec l’eût vu,
il l’apostropha : « Vassal ! Vassal !
Vous êtes fou, sur le salut de mon âme,
d’avancer vers ma demoiselle.
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maitre de la nature ?

Votre valeur, que je sache,


ne vous permet pas d’approcher d’elle.
Vous payerez très cher, et aujourd’hui encore,
votre folle audace, je vous le jure sur ma tête,
Arrière!» […]
Et vous pouvez être sûr et certain
qu’après cela les brides ne furent plus retenues.
Les deux combattants ne possédaient pas de lances menues,
elles étaient au contraire fortes et avaient les arêtes vives,
nullement polies,
ce qui les rendait rigides et résistantes.
Sur les écus ils échangent
de leurs fers tranchants des coups si violents
que les lances passent au travers des boucliers luisants
sur la profondeur d’une toise.
[...]
Tous deux reviennent alors à la charge,
s’élançant selon les règles
l’un contre l’autre, la lance droite ;
et ils se donnent avec la force du désespoir de tels coups
que l’une et l’autre lance volent en éclats
et que les chevaux s’écroulent sous eux.
[...]
Les voilà à pied au milieu du verger,
ils reprennent alors le combat :
de leurs vertes épées en acier viennois
ils assènent des coups si puissants et si destructeurs
sur les heaumes clairs et luisants,
qu’ils les mettent tout en pièces
et que devant leurs yeux jaillissent des étincelles.
Ils ne sauraient se donner plus de peine
à se maltraiter et à se rudoyer
qu’ils ne le font dans cette épreuve.
Tous deux se livrent des assauts féroces
de leurs pommeaux dorés et de leurs tranchants,
Ils se sont tant martelé les dents,
les joues et le nez,
les poings et les bras et bien plus encore
les tempes, la nuque et le cou,
que tous leurs os en sont endoloris.
Qu’ils souffrent et qu’ils sont épuisés !
Et pourtant ils ne sont pas près d’abandonner,
mais ne font que multiplier leurs efforts.
Leurs yeux sont brouillés par la sueur
mêlée de sang qui coule goutte à goutte,
si bien qu’ils n’y voient plus guère.
[...]
Comme ils sont aveuglés
au point de ne plus rien voir,
ils laissent tomber au sol leur écu,
avant de s’empoigner avec folle rage.
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maitre de la nature ?

Ils se tirent si violemment l’un l’autre


qu’ils tombent sur leurs genoux.
Dans cette position ils luttent longtemps,
jusqu’au-delà de l’heure de none,
et le grand chevalier est si épuisé
qu’il est tout hors d’haleine.
Erec le mène à sa guise,
le traîne et le tire, au point qu’il
lui a rompu tous les lacets de son heaume
et le courbe à ses pieds.
L’autre tombe face en avant, la poitrine contre terre,
et n’a plus la force de se relever.
Quoi qu’il lui en coûte,
il lui faut dire et reconnaître :
« Vous m’avez vaincu, comment le nier ? »
Chrétien de Troyes, Erec et Enide, vers 1165.

Texte n°5
Vous entendrez maintenant ce qui m’a retenu
si longtemps dans ce verger.
[...]
Cette demoiselle assise là
m’aima dès l’enfance, et je l’aimai en retour.
L’un et l’autre y trouvions notre plaisir
et l’amour crût et gagna en perfection
jusqu’au jour où elle me demanda
un don, mais sans le nommer.
Qui pourrait rien refuser à son amie ?
N’est pas ami celui qui ne fait pas
sur-le-champ toutes les volontés de son amie,
sans rien négliger et sans se ménager,
dès lors qu’il en a la possibilité.
Je l’assurai donc de faire sa volonté
[...]
Je lui promis, mais quoi ? Je ne le sus.
Puis voilà qu’arriva le jour où je devins chevalier :
le roi Evrain, dont je suis le neveu,
m’adouba en présence de nombreux gentilshommes
dans ce verger où nous nous trouvons maintenant
Ma demoiselle qui est assise là
me rappela aussitôt ma parole,
me disant que je lui avais promis
de ne jamais quitter ce verger,
avant que n’y arrivât un chevalier
qui pût me vaincre par les armes.
[…]
Ainsi, ma demoiselle pensa
me retenir pour un long séjour,
car elle n’imaginait pas qu’un jour viendrait
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maitre de la nature ?

où devait pénétrer dans ce verger


un chevalier capable de me vaincre ;
c’est pourquoi elle crut pouvoir sans difficulté
me retenir prisonnier à ses côtés
aussi longtemps que j’aurais à vivre.
Pour ma part, ma conduite aurait été déloyale,
si je n’avais pas fait tout mon possible
pour vaincre tous les chevaliers
qui étaient à ma portée :
combien déshonorante eût été alors ma délivrance !
[…]
A présent, je vous ai dit la vérité
et, sachez-le bien, ce n’est pas un piètre
honneur que vous venez de conquérir.
En quelle grande joie vous avez mis
la cour de mon oncle et mes amis,
parce qu’est arrivée l’heure de me libérer de ce verger !
Chrétien de Troyes, Erec et Enide, vers 1165.

Texte n°6
il advint qu’un matin Fénice
entendit chanter le rossignol.
Un bras autour de la taille, l’autre autour du cou,
Cligès l’enlaçait avec douceur
et elle lui pareillement.
Elle lui a dit : « Cher et doux ami,
prendre du bon temps,
dans un verger me ferait du bien.
Je n’ai vu briller lune ni soleil
depuis plus de quinze bons mois.
S’il se pouvait, j’aurais plaisir
à voir dehors la lumière du jour,
car je suis claustrée dans cette tour.
S’il existait près d’ici un verger
où je puisse aller me distraire,
cela me ferait souvent grand bien.
[...]
et il va ouvrir une porte,
mais je ne saurais vous décrire
la façon dont elle était faite.
Lui seul était capable de la faire.
Personne n’aurait eu l’idée
qu’il y eût là ouverture ou fenêtre,
aussi longtemps que la porte était fermée
tant elle était bien camouflée.
[...]
Par la porte elle entre dans le verger
qui est conforme à ses désirs.
Au milieu du verger se trouvait une ente
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maitre de la nature ?

chargée de fleurs et d’un riche feuillage


qui s’évasait largement vers le bas.
On avait conduit les branches
de façon qu’elles retombent vers le sol
et touchent presque terre,
tandis que la cime, au départ des branches,
s’élevait en droite ligne.
[...]
sous l’arbre était le pré,
plein d’agrément et de beauté :
le soleil n’est jamais si chaud
quand il est au plus haut, à midi,
qu’un de ses rayons y puisse passer.
[...]
C’est là que Fénice passe le temps
et qu’elle a fait un lit pour la journée.
Là ils se livrent à la joie et au plaisir.
Tout autour le verger est clos
d’un haut mur attenant à la tour.
Personne n’y pouvait entrer
sans monter d’abord par la tour.
Fénice vit dans le bonheur.
Rien ne vient gâter son plaisir
et rien ne manque à ses désirs,
quand sous les fleurs et les feuillages,
elle tient librement embrassé son ami.
[...]
il arriva qu’un chevalier de Thrace,
[...]
était un jour allé au gibier
de ce côté, tout près de la tour.
[...]
L’épervier avait pris son essor,
après avoir manqué une alouette.
Ce serait jouer de malchance
pour Bertrand, s’il perdait son épervier,
Au pied de la tour, dans le verger,
il l’a vu descendre et se poser.
[...]
II s’agrippe aussitôt au mur
et réussit à passer de l’autre côté.
Sous l’ente, il voit dormir ensemble
Fénice et Cligès, nue à nu.
« Mon Dieu, fait-il, que m’est-il arrivé ?
Quelle est la merveille que je vois ?
N’est-ce pas Cligès ? Oui, pour sûr.
N’est-ce pas l’impératrice avec lui ?
[…]
A cet instant, une poire se détache,
tombe, près de l’oreille de Fénice.
Elle sursaute et se réveille,
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maitre de la nature ?

elle crie en voyant Bertrand :


«Ami, ami, nous sommes morts !
Voici Bertrand ! S’il vous échappe,
le piège se referme sur nous.
Il va dire qu’il nous a vus. »
Chrétien de Troyes, Cligès, 1176.

Texte n°7
Derrière le château de Tintagel, un verger s’étendait, vaste et clos de fortes palissades. De
beaux arbres y croissaient sans nombre, chargés de fruits, d’oiseaux et de grappes odorantes.
Au lieu le plus éloigné du château, tout auprès des pieux de la palissade, un pin s’élevait, haut
et droit, dont le tronc robuste soutenait une large ramure. À son pied, une source vive : l’eau
s’épandait d’abord en une large nappe, claire et calme, enclose par un perron de marbre
; puis, contenue entre deux rives resserrées, elle courait par le verger et, pénétrant dans
l’intérieur même du château, traversait les chambres des femmes. Or, chaque soir, Tristan,
par le conseil de Brangien, taillait avec art des morceaux d’écorce et de menus branchages.
Il franchissait les pieux aigus, et, venu sous le pin, jetait les copeaux dans la fontaine. Légers
comme l’écume, ils surnageaient et coulaient avec elle, et, dans les chambres des femmes,
Iseut épiait leur venue. Aussitôt, les soirs où Brangien avait su écarter le roi Marc et les félons,
elle s’en venait vers son ami.

Elle s’en vient, agile et craintive pourtant, guettant à chacun de ses pas si des félons se sont
embusqués derrière les arbres. Mais, dès que Tristan l’a vue, les bras ouverts, il s’élance vers
elle. Alors la nuit les protège et l’ombre amie du grand pin.
[…]
Le roi fit ainsi, contre son cœur. La nuit tombée, il laissa ses veneurs dans la forêt, prit le nain
en croupe, et retourna vers Tintagel. Par une entrée qu’il savait, il pénétra dans le verger, et le
nain le conduisit sous le grand pin.

« Beau roi, il convient que vous montiez dans les branches de cet arbre. Portez là-haut votre
arc et vos flèches : ils vous serviront peut-être. Et tenez-vous coi : vous n’attendrez pas
longuement. »
[…]
Cette nuit, la lune brillait, claire et belle. Caché dans la ramure, le roi vit son neveu bondir
par-dessus les pieux aigus. Tristan vint sous l’arbre et jeta dans l’eau les copeaux et les
branchages. Mais, comme il s’était penché sur la fontaine en les jetant, il vit, réfléchie dans
l’eau, l’image du roi. Ah ! s’il pouvait arrêter les copeaux qui fuient ! Mais non, ils courent,
rapides, par le verger. Là-bas, dans les chambres des femmes, Iseut épie leur venue ; déjà,
sans doute, elle les voit, elle accourt. Que Dieu protège les amants ! Elle vient. Assis, immobile,
Tristan la regarde, et, dans l’arbre, il entend le crissement de la flèche, qui s’encoche dans la
corde de l’arc.

Elle vient, agile et prudente pourtant, comme elle avait coutume. « Qu’est-ce donc ? pense-t-
elle. Pourquoi Tristan n’accourt-il pas ce soir à ma rencontre ? aurait-il vu quelque ennemi ? »
Elle s’arrête, fouille du regard les fourrés noirs ; soudain, à la clarté de la lune, elle aperçut à
son tour l’ombre du roi dans la fontaine. Elle montra bien la sagesse des femmes, en ce qu’elle
ne leva point les yeux vers les branches de l’arbre :

« Seigneur Dieu ! dit-elle tout bas, accordez-moi seulement que je puisse parler la première !»
Elle s’approche encore. Écoutez comme elle devance et prévient son ami :
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maitre de la nature ?

« Sire Tristan, qu’avez-vous osé ? M’attirer en tel lieu, à telle heure ! Maintes fois déjà vous
m’aviez mandée, pour me supplier, disiez-vous. Et par quelle prière ? Qu’attendez-vous de
moi ? Je suis venue enfin, car je n’ai pu l’oublier, si je suis reine, je vous le dois. Me voici donc :
que voulez-vous ?
– Reine, vous crier merci, afin que vous apaisiez le roi ! »
Joseph Bédier, Le roman de Tristan et Iseut, 1900.

Texte n°8
Au fond de la forêt sauvage, à grand ahan, comme des bêtes traquées, ils errent, et rarement
osent revenir le soir au gîte de la veille. Ils ne mangent que la chair des fauves et regrettent
le goût de sel. Leurs visages amaigris se font blêmes, leurs vêtements tombent en haillons,
déchirés par les ronces. Ils s’aiment, ils ne souffrent pas.

Un jour, comme ils parcouraient ces grands bois qui n’avaient jamais été abattus, ils arrivèrent
par aventure à l’ermitage du Frère Ogrin.
[...]
– Me repentir, sire Ogrin ? De quel crime ? Vous qui nous jugez, savez-vous quel boire nous
avons bu sur la mer ? Oui, la bonne liqueur nous enivre, et j’aimerais mieux mendier toute ma
vie par les routes et vivre d’herbes et de racines avec Iseut, que sans elle être roi d’un beau
royaume.
[…]
Iseut se releva ; ils se prirent par les mains. Ils entrèrent dans les hautes herbes et les
bruyères ; les arbres refermèrent sur eux leurs branchages ; ils disparurent derrière les
frondaisons.
[…]
L’été s’en va, l’hiver est venu. Les amants vécurent tapis dans le creux d’un rocher : et sur le
sol durci par la froidure, les glaçons hérissaient leur lit de feuilles mortes. Par la puissance de
leur amour, ni l’un ni l’autre ne sentit sa misère.

Mais quand revint le temps clair, ils dressèrent sous les grands arbres leur hutte de branches
reverdies. Tristan savait d’enfance l’art de contrefaire le chant des oiseaux des bois ; à son gré,
il imitait le loriot, la mésange, le rossignol et toute la gent ailée ; et, parfois, sur les branches
de la hutte, venus à son appel, des oiseaux nombreux, le cou gonflé, chantaient leurs lais dans
la lumière. Les amants ne fuyaient plus par la forêt, sans cesse errants ; car nul des barons ne
se risquait à les poursuivre, connaissant que Tristan les eût pendus aux branches des arbres.
Joseph Bédier, Le roman de Tristan et Iseut, 1900.

Annexe
Ce jardin ainsi livré à lui-même depuis plus d’un demi-siècle était devenu extraordinaire et
charmant. Les passants d’il y a quarante ans s’arrêtaient dans cette rue pour le contempler,
sans se douter des secrets qu’il dérobait derrière ses épaisseurs fraiches et vertes. Plus d’un
songeur à cette époque a laissé bien des fois ses yeux et sa pensée pénétrer indiscrètement
à travers les barreaux de l’antique grille cadenassée, tordue, branlante, scellée à deux piliers
verdis et moussus, bizarrement couronnée d’un fronton d’arabesques indéchiffrables.
Il y avait un banc de pierre dans un coin, une ou deux statues moisies, quelques treillages
décloués par le temps pourrissant sur le mur; du reste plus d’allées ni de gazon ; du chiendent
partout. Le jardinage était parti, et la nature était revenue. Les mauvaises herbes abondaient,
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maitre de la nature ?

aventure admirable pour un pauvre coin de terre. La fête des giroflées y était splendide. Rien
dans ce jardin ne contrariait l’effort sacré des choses vers la vie ; la croissance vénérable était
là chez elle. Les arbres s’étaient baissés vers les ronces, les ronces étaient montées vers
les arbres, la plante avait grimpé, la branche avait fléchi, ce qui rampe sur la terre avait été
trouver ce qui s’épanouit dans l’air, ce qui flotte au vent s’était penché vers ce qui se traine
dans la mousse ; troncs, rameaux, feuilles, fibres, touffes, vrilles, sarments, épines, s’étaient
mêlés, traversés, mariés, confondus ; la végétation, dans un embrassement étroit et profond,
avait célébré et accompli là, sous l’œil satisfait du créateur, en cet enclos de trois cents
pieds carrés, le saint mystère de sa fraternité, symbole de la fraternité humaine. Ce jardin
n’était plus un jardin, c’était une broussaille colossale, c’est-à-dire quelque chose qui est
impénétrable comme une forêt, peuplé comme une ville, frissonnant comme un nid, sombre
comme une cathédrale, odorant comme un bouquet, solitaire comme une tombe, vivant
comme une foule.
Victor Hugo, Les Misérables, 1862.

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

L’homme est-il maitre de la nature ?

Corpus :
La poésie baroque, l’homme et la nature

La nature versatile que le poète baroque observe autour de lui fait écho à sa propre nature incer-
taine et changeante. Il comprend qu’il fait partie intégrante d’un monde en perpétuelle mutation
dont le sens profond lui échappe. Il part donc à l’aventure d’un monde instable et mouvant, d’une
vie multiple et inconstante qui lui permettra, tout en saisissant l’aspect fugace des choses, de
mieux se connaître et se comprendre.
Il sait qu’il n’y a pas de monde plus inconnu que le monde qui l’entoure. La fragilité de la vie et
l’inconstance de l’univers interrogent de façon nouvelle une nature à la fois proche et lointaine
qui devient à elle seule un univers de signes mystérieux. L’eau en mouvement est à ce titre une
matière privilégiée : elle est mobile et plastique, propre aux métamorphoses. Elle est aussi le
lieu des reflets et des miroitements et des figures renversées. L’association des motifs de l’eau
et du miroir suscite aussi l’incertitude car on ne sait plus laquelle des images est le reflet de
l’autre. Les identités deviennent changeantes, ce qui n’est pas sans déplaire au poète qui prend
alors l’apparence pour le réel. De même, les nuages et autres arcs-en-ciel sont des images dans
l’air, mondes illusoires et constructions de vapeurs qu’un coup de vent dissipe. Si leur fragilité
rappelle celle de la vie humaine, leurs demi-teintes et leurs couleurs brouillées exercent une
certaine fascination, celle du beau mensonge.
Des activités autour des aspects prosodiques peuvent être une entrée à privilégier. Le travail sur
l’accumulation des métaphores permet d’élargir la réflexion à la structure même des poèmes,
structure ouverte qui favorise la propagation en chaine des images et qui donne l’impression
que le poème est en train de se faire. Un travail de mise en voix par le repérage des groupes
syntaxiques peut sensibiliser les élèves à l’idée que le poème est une métamorphose continue.
Enfin, une entrée par l’histoire des arts permet de mettre en relation les œuvres littéraires et
artistiques et de mieux faire comprendre la singularité et l’impact du mouvement baroque. Cette
approche par les arts peut aussi faciliter un travail d’imitation, de transposition, ainsi que des
jeux poétiques autour de certains thèmes et motifs liés à l’environnement familier des élèves.

Tous les poèmes sont extraits de l’Anthologie de la poésie baroque française de Jean Rousset,
publiée aux éditions Armand Colin, collection U, à Paris, en 1968 (édition revue).

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Texte n°1
L’eau change tous les jours
Assieds-toi sur le bord d’une ondante rivière
Tu la verras fluer d’un perpétuel cours,
Et flots sur flots roulant en mille et mille tours
Décharger par les prés son humide carrière.

Mais tu ne verras rien de cette onde première


Qui naguère coulait ; l’eau change tous les jours,
Tous les jours elle passe, et la nommons toujours
Même fleuve, et même eau, d’une même manière.

Ainsi l’homme varie, et ne sera demain


Telle comme aujourd’hui du pauvre corps humain
La force que le temps abrévie et consomme :

Le nom sans varier nous suit jusqu’au trépas,


Et combien qu’aujourd’hui celui ne sois-je pas
Qui vivais hier passé, toujours même on me nomme.
Jean-Baptiste Chassignet

Texte n° 2
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage,


Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l’amour eut la mer pour berceau,


Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,


Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Pierre de Marbeuf

Texte n°3
(…) Lorsque sur ce château la lune se fait voir,
En éclaire une part, en peint l’autre de noir,
Je pense voir deux temps que confond la Nature.
Le jour est d’un côté, d’autre la nuit obscure.
Quel miracle! Qu’ensemble ici règnent sans bruit
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Et partagent la place et le jour et la nuit !


Allons voir aux jardins en plus ample étendue
L’ombre de ce grand corps sur la terre épandue.
Déjà du grand palais si clair, si bien dressé,
J’en vois sortir un autre obscur et renversé,
Noircissant le parterre, et ses superbes dômes
Sur la terre couchés comme de longs fantômes.
L’ombre aux corps attachée, inégale en son cours,
Suit l’astre également, et s’en cache toujours.
Allons voir ces canaux : quel doux calme en cette onde !
Ici je vois sous terre une lune seconde.
Ici le palais même, et si clair, et si beau,
A chef précipité se renverse dans l’eau.
Ô tromperie aimable ! Ô jeu de la Nature !
Est-ce une vérité ? N’est-ce qu’une peinture ?
Ensemble en trois façons ce palais se fait voir,
En soi-même, en son ombre, et dans ce grand miroir,
Où tout est à l’envers, où tout change d’office,
Où les combles pointus portent tout l’édifice (…)
Jean Desmarets de Saint-Sorlin

Texte n°4
L’hyver des Alpes
Ces atomes de feu qui sur la neige brillent,
Ces estincelles d’or, d’azur et de cristal
Dont l’hyver, au soleil, d’un lustre oriental
Pare ses cheveux blancs que les vents esparpillent ;

Ce beau cotton du ciel dequoy les monts s’habillent,


Ce pavé transparant fait du second metal,
Et cet air net et sain, propre à l’esprit vital,
Sont si doux à mes yeux que d’aise ils en petillent.

Cette saison me plaist, j’en ayme la froideur ;


Sa robbe d’innocence et de pure candeur
Couvre en quelque façon les crimes de la terre.

Aussi l’Olympien la void d’un front humain ;


Sa collere l’espargne, et jamais le tonnerre
Pour desoler ses jours ne partit de sa main.
Marc-Antoine Girard de SAINT-AMANT

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Texte n° 5
L’Arc-en-ciel
Le bel astre du jour dans le sein de l’orage
Nous forme tout-à-coup ce lumineux tableau,
Et, tout-à-coup, aussi, le couvrant d’un rideau,
Il dérobe à nos yeux son inconstant ouvrage.

De ce peintre brillant, la toile est le nuage ;


Ses rayons réfléchis lui servent de pinceau ;
Il prend pour ses couleurs, l’or, l’azur, le feu, l’eau,
Et la vapeur commence à finir cette image.

Fragiles ornements, éclat faible et trompeur,


Passagères beautés, filles de la vapeur,
De faux biens d’ici-bas vous peignez l’inconstance.

Par les mêmes couleurs et par les mêmes traits,


Vous imprimez la crainte, et donnez l’espérance,
Vous annoncez la guerre, et vous marquez la paix.
Laurent DRELINCOURT

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

L’homme est-il maitre de la nature ?

Corpus : Naufragé(s) sur une île

Ce groupement de textes s’attache à revisiter un des sujets de prédilection du récit d’aventures,


le naufrage qui conduit un ou plusieurs individus à vivre ou à survivre sur une ile. Le choix des
textes oriente la lecture dans deux directions principales, celle tout d’abord de la confrontation
de l’homme, à une nature « vierge de toute empreinte humaine », et des émotions, sentiments
et réflexions qui en découlent. Mais il s’agit aussi d’une interrogation sur la nature humaine, sur
l’aptitude de l’homme à rester lui-même ou non dans ces circonstances particulières, sur les
principes et les valeurs qui sous-tendent cette humanité. Autant de variations possibles et de
réécritures sur ce qu’il est coutume d’appeler « le mythe de Robinson ».

Texte n°1
Inutile d’ajouter que cette forêt, aussi bien que la côte parcourue, était vierge de toute
empreinte humaine. Pencroff n’y remarqua que des traces de quadrupèdes, des passées
fraîches d’animaux, dont il ne pouvait reconnaître l’espèce. Très certainement (…) quelques-
unes avaient été laissées par des fauves formidables avec lesquels il y aurait à compter sans
doute ; mais nulle part la marque d’une hache sur un tronc d’arbre, ni les restes d’un feu
éteint, ni l’empreinte d’un pas ; ce dont on devait se féliciter peut-être, car sur cette terre, en
plein Pacifique, la présence de l’homme eût été peut-être plus à craindre qu’à désirer.

Harbert et Pencroff, causant à peine, car les difficultés de la route étaient grandes,
n’avançaient que fort lentement, et, après une heure de marche, ils avaient à peine franchi
un mille. Jusqu’alors, la chasse n’avait pas été fructueuse. Cependant, quelques oiseaux
chantaient et voletaient sous la ramure, et se montraient très farouches, comme si l’homme
leur eût instinctivement inspiré une juste crainte. Entre autres volatiles, Harbert, signala
dans une partie marécageuse de la forêt, un oiseau à bec aigu et allongé, qui ressemblait
anatomiquement à un martin-pêcheur. Toutefois, il se distingua de ce dernier par son plumage
assez rude, revêtu d’un éclat métallique.

(…) L’exploration continua. A mesure que les chasseurs s’avançaient, les arbres, plus espacés,
devenaient magnifiques, mais aucun ne produisait de fruits comestibles. Pencroff cherchait
vainement quelques-uns de ces précieux palmiers qui se prêtent à tant d’usages de la vie
domestique, et dont la présence a été signalée jusqu’au 40e parallèle dans l’hémisphère
boréal et jusqu’au 35e dans l’hémisphère austral. Mais cette forêt ne se composait que de
conifères, tels que les déodars, déjà reconnus par Harbert, des « douglas », semblables à ceux
qui poussent sur la côte nord-ouest de l’Amérique, et des sapins admirables, mesurant cent
cinquante pieds de hauteur.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

En ce moment, une volée d’oiseaux de petite taille et d’un joli plumage, à queue longue et
chatoyante, s’éparpillèrent entre les branches, semant leurs plumes, faiblement attachées, qui
couvrirent le sol d’un fin duvet. Harbert ramassa quelques-unes de ces plumes, et, après les
avoir examinées :
« Ce sont des « couroucous », dit-il.
- Je leur préfèrerais une pintade ou un coq de bruyère, répondit Pencroff ; mais enfin, s’ils sont
bons à manger ?
- Ils sont bons à manger, et même leur chair est très délicate, reprit Harbert. D’ailleurs, si je
ne me trompe, il est facile de les approcher et de les tuer à coups de bâton. »
Jules Verne, L’île mystérieuse, 1875.

Texte n°2
Jack était courbé en deux, les muscles bandés comme un coureur, le nez touchant presque
la terre humide. Les grands troncs drapés de lianes s’estompaient dans une ombre verdâtre
très haut au-dessus de sa tête ; le sous-bois l’enserrait de toutes parts. Ici, la piste devenait
presqu’invisible ; une brindille cassée et une marque qui ressemblait à l’empreinte d’une
moitié de sabot. Il baissa la tête et scruta les indices comme s’il voulait les forcer à parler.
Puis, à quatre pattes comme un chien, insensible à l’inconfort de sa position, il progressa de
quelques mètres et s’arrêta. La nodosité d’une liane formant arceau laissait pendre une vrille
polie par le passage des cochons sauvages.

Jack s’accroupit, le visage à quelques centimètres de cet indice, puis son regard se fixa devant
lui, dans la demi-obscurité du sous-bois. Ses cheveux, d’un blond-roux, avaient beaucoup
poussé et pris une teinte plus claire ; de nombreuses tâches de rousseur couvraient son dos
nu où la peau pelait sous les coups de soleil. Il serrait dans sa main droite un épieu d’un mètre
cinquante ; il ne portait qu’un short en lambeaux retenu à la taille par un ceinturon garni d’un
coutelas. Il ferma les yeux, leva la tête, et les narines palpitantes, aspira doucement l’air chaud
pour en tirer une indication. La forêt était aussi immobile que lui.

Enfin, il libéra son souffle en un long soupir et rouvrit des yeux très bleus. D’exaspération, ils
semblaient lui sortir de la tête. Il lécha ses lèvres sèches et observa la forêt réticente. Alors, il
reprit sa marche furtive, les yeux rivés au sol.

Le silence de la forêt l’oppressait plus que la chaleur ; à cette heure-là, on n’entendait même
pas le vrombissement des insectes ? Il fallut que Jack fît lever un oiseau multicolore d’un nid
rudimentaire en brindilles pour que le silence fût brisé et l’écho réveillé par un cri strident
qui semblait monter de la nuit des temps. Jack lui-même en fut impressionné et il en eut le
souffle coupé ; l’espace d’une seconde, il cessa d’être un chasseur pour devenir une ombre
furtive qui se glissait, tel un gorille, dans l’épaisse végétation.
William Golding, Sa Majesté des Mouches, 1954 (présente édition folio junior Gallimard, 1992).

Texte n°3
En somme, il en résultait ce témoignage indubitable, que, dans le monde, il n’est point de
condition si misérable où il n’y ait quelque chose de positif ou de négatif dont on doit être
reconnaissant. Que ceci demeure donc comme une leçon tirée de la plus affreuse de toutes
les conditions humaines, qu’il est toujours en notre pouvoir de trouver quelques consolations
qui peuvent être placées dans notre bilan des biens et des maux au crédit de ce compte.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Ayant alors accoutumé mon esprit à goûter ma situation, et ne promenant plus mes regards
en mer dans l’espoir d’y découvrir un vaisseau, je commençais à m’appliquer à améliorer mon
genre de vie, et à me faire les choses aussi douces que possibles.

J’ai déjà décrit mon habitation ou ma tente, placée au pied d’une roche, et environnée d’une
forte palissade de pieux er de câbles, que, maintenant, je devrais plutôt appeler une muraille,
car je l’avais renfermée, à l’extérieur, d’une sorte de contre-mur de gazon d’à peu près deux
pieds d’épaisseur. Au bout d’un an et demi environ je posai contre ce contre-mur des chevrons
s’appuyant sur le roc, et que je couvris de branches d’arbres et de tout ce qui pouvait garantir
de la pluie, que j’avais reconnue excessive en certains temps de l’année.

J’ai raconté de quelle manière j’avais apporté tous mes bagages dans mon enclos, et dans la
grotte que j’avais faite par derrière ; mais je dois dire aussi que ce n’était d’abord qu’un amas
confus d’effets dans un tel désordre qu’ils occupaient toute la place, et me laissaient à peine
assez d’espace pour me remuer. Je me mis donc à agrandir ma grotte.

(…) J’entrepris alors de fabriquer les meubles indispensables dont j’avais le plus besoin,
spécialement une chaise et une table. Sans cela je ne pouvais jouir du peu de bien-être que
j’avais en ce monde ; sans une table, je n’aurais pu écrire ou manger, ni faire quantité de
choses avec tant de plaisir.
Daniel Defoe, Robinson Crusoe, 1719.

Texte n°4
Il s’en fallait pourtant que l’île lui parût désormais comme une terre sauvage qu’il
aurait su maîtriser, puis apprivoiser pour en faire un milieu tout humain. Il ne se passait pas
de jour que quelque incident surprenant ou sinistre ne ravive l’angoisse qui était née en lui à
l’instant où, ayant compris qu’il était le seul survivant du naufrage, il s’était senti orphelin de
l’humanité. Le sentiment de sa déréliction assagi par la vue de ses champs labourés, de son
enclos à chèvres, de la belle ordonnance de son entrepôt, de la fière allure de son arsenal, lui
sauta à la gorge le jour où il surprit un vampire accroupi sur le garrot d’un chevreau qu’il était
en train de vider de son sang. Les deux ailes griffues et déchiquetées du monstre couvraient
comme d’un manteau de mort la bestiole qui vacillait de faiblesse. Une autre fois, alors qu’il
cueillait des coquillages sur des rochers à demi immergés, il reçut un jet d’eau en pleine
figure. Un peu étourdi par le choc, il fit quelques pas, mais il fur aussitôt arrêté par un second
jet qui l’atteignit derechef au visage avec une diabolique précision. Aussitôt la vieille angoisse
bien connue et si redoutée lui mordit le foie. Elle ne relâcha son étreinte qu’à moitié, lorsqu’il
eut découvert dans une anfractuosité du rocher un petit poulpe gris qui avait l’étonnante
faculté d’envoyer de l’eau grâce à une manière de siphon dont il pouvait faire varier l’angle de
tir.

Il avait fini par se résigner à la surveillance implacable qu’il subissait de la part de son
« conseil d’administration », comme il continuait à appeler le groupe de vautours qui
paraissait s’être attachés à sa personne. Où qu’il aille, quoi qu’il fasse, ils étaient là, bossus,
goitreux et pelés, guettant – non certes sa propre mort comme il s’en persuadait dans ses
moments de dépression, mais tous les débris comestibles qu’il semait dans sa journée.
Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique, 1972.

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FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

L’homme est-il maitre de la nature ?

Panels de lecture

L’homme a détruit la nature


Cette première liste de lecture propose un large choix d’ouvrages autour d’une problématique
commune : comment l’homme, principal responsable de la destruction de la nature, prend-
il conscience de son impact sur elle ? Grâce à des œuvres variées et adaptées aux différents
lecteurs, chaque élève pourra construire ses interprétations de lecture et les confronter à celles
des autres afin d’élaborer un jugement argumenté pour comprendre et anticiper les responsa-
bilités humaines aujourd’hui, à partir d’œuvres qui interrogent le rapport de l’être humain à la
nature.

Récits

Tobie Lolness, Timothée de Fombelle, Gallimard jeunesse, (tome 1 : 2006, tome 2 : 2007)
Tobie, treize ans, fait partie du peuple de l’arbre, où chacun a sa place. Le père de Tobie, Sim
Lolness, grand savant, refuse de révéler sa dernière découverte scientifique qui pourrait
menacer la vie de l’arbre si elle tombait entre de mauvaises mains. Les parents de Tobie sont
jetés en prison. Tobie réussit à s’enfuir, mais il est pourchassé par Jo Mitch et ses hommes qui
créent un climat de terreur... Tobie est seul, mais il est déterminé à survivre et à sauver ses
parents...

Un roman d’aventure en deux tomes, riche et passionnant. Un univers lilliputien complexe


et original. Deux héros - Tobie et Elisha - très attachants auxquels il est facile de s’identifier.
Des personnages et des situations non manichéens. Un vibrant plaidoyer pour le respect de
l’environnement, la tolérance, la solidarité. Une réflexion sur le pouvoir et la bêtise humaine.
Coup de cœur des lecteurs que l’épaisseur des livres n’effraie pas.

La construction narrative est complexe car elle ne suit pas la chronologie - d’où la difficulté de
lecture.

Céleste, ma planète, Timothée de Fombelle, Gallimard jeunesse, 2009


Dans un monde futur, les hommes vivent dans de grandes tours et sortent très peu dehors, sur
une terre polluée. Au collège, notre jeune narrateur fait la connaissance de Céleste. Atteinte
d’une mystérieuse maladie, elle cesse bientôt de venir en cours. Il va alors tout faire pour
découvrir son problème, et la sauver.
Dans son journal, le héros raconte rétrospectivement l’histoire de Céleste. Il nous dit d’emblée
se trouver dans un environnement froid et humide, être pressé par le temps : un suspense

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

est créé, parfait ensuite pour la mise en place d’un univers de science-fiction gigantesque et
glacial, et pour évoquer la vie solitaire, mécanique, d’un petit garçon délaissé par sa mère
qui travaille. Dans ces conditions, la jolie Céleste va constituer son rayon de soleil, avant
de devenir un mystère – elle ne dira pas un mot de tout le roman –, puis une obsession. Il
découvre qu’elle s’affaiblit, victime symbolique de la pollution de la planète : les taches sur
son corps représentent en effet les contours des pays ou continents les plus atteints. Un
dilemme se pose alors à lui : doit-il alerter toute la population pour l’inciter à de nouveaux
comportements, ou peut-il, par la seule force de son amour et de ses soins, sauver la jeune
fille ? De son écriture à la fois simple et poétique, Timothée de Fombelle propose un beau
conte philosophique, écologique, dans la lignée de Tobie Lolness, mais plus grave. Les
illustrations de Julie Ricossé nous montrent des héros quasiment adultes, en gros plan, dans
des positions figées mais expressives, qui conviennent bien à l’atmosphère d’urgence du texte.
En parallèle de la médiatisation autour d’un développement durable, une littérature se crée
depuis quelques années.

Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler, Luis Sepùlveda, Ed. Métailié, 2004.
Kengah, la mouette aux plumes argentées, se trouve engluée dans une nappe de pétrole. Dans
un ultime effort, elle parvient à s’échouer sur le balcon d’une maison où vit Zorbas, le chat
noir et gros. Celui-ci lui promet de couver son dernier œuf, de protéger le poussin et de lui
apprendre à voler. Tous les chats du port de Hambourg vont se mobiliser pour l’aider à tenir
ces promesses insolites.

À travers les aventures rocambolesques et drôles de Zorbas et Afortunada, on découvre la


solidarité, la tendresse, la nature et la poésie. Un très joli récit dédié aux enfants qui réfléchit
sur la pollution du monde et le droit à la différence.
Prix Sorcière 1997 de l’Association des libraires spécialisés jeunesse

Granpa’, Christophe Léon, Ed. Thierry Magnier, 2010


Éleveur de chevaux, Granpa ne veut pas abandonner ses terres, cette fois l’Arizona Oil
Company ne gagnera pas, et tant pis pour le pétrole. John accompagne son grand-père sur
les chantiers de prospection et sabote les engins pour retarder les travaux. Mais la puissante
compagnie a les moyens de combattre le vermisseau qui résiste. Une nature généreuse
et bafouée, un ranch préservé, un vieil homme combatif et têtu, une compagnie pétrolière
déterminée, voilà le décor d’une lutte inégale mais qu’il faut mener tout de même.

Bleu Toxic, Christophe Léon, Editions du Seuil, 2010


Deux nouvelles mettant en scène des adolescents victimes de catastrophes écologiques
industrielles. Minamata au Japon, 1959 : dans un village de pêcheurs, la mère du narrateur
donne naissance à un bébé difforme, rejeté par la communauté ; on découvre qu’une usine
empoisonne la baie au mercure. Bhopal en Inde, 1984 : l’explosion d’une usine chimique fait
des milliers de morts et de handicapés, dont Gaz, né pendant la catastrophe, qui survit et
devient enfant des rues.

Deux cultures asiatiques, l’une rurale et l’autre urbaine ; des environnements impitoyables
marqués par la faim et la violence ; des pouvoirs publics absents ou qui nient les faits. Des
récits efficaces et précis sans discours écologique, qui terminent sur une note d’optimisme :
les industriels sont identifiés et leur négligence sanctionnée, l’espoir de vie des héros est plus
fort que la catastrophe.
Un appel choc à la vigilance écologique sans pessimisme.

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L’homme est-il maître de la nature?

La Prophétie des oiseaux, Hélène Montardre, Rageot éditeur, 2007


Flavia, orpheline, est initiée par son grand-père à l’étude des oiseaux ; leurs changements
d’habitude confirment l’inquiétante montée des eaux qui envahissent l’Europe. Les transports
et les communications se raréfient, les médias semblent mal informés ou manipulés.
L’Amérique se protège par une digue et refuse les immigrants. Son grand-père oblige
néanmoins Flavia à s’y réfugier ; elle tombe à la mer lors d’une tempête, rattrapée de justesse
par le jeune Chris qui devient son protecteur.

Roman d’anticipation et d’aventure très réussi, sur des thèmes ancrés dans notre société :
l’écologie, la manipulation de l’opinion publique, l’immigration... Les éléments fantastiques
n’entament pas la vraisemblance du récit, qui donne même quelques frissons dans le contexte
actuel d’alerte écologique.

Premier tome d’une tétralogie (« Océania ») dont le deuxième tome perd un peu en force et en
vraisemblance, mais qu’on aura du mal à lâcher avant la fin.

2065 : La ville engloutie, Jean-Michel Payet, Milan, 2010


Émile est un collégien qui se pose une question : quel adulte vais-je devenir ? Un jour, il
découvre que son grand-père peut voyager dans le temps. Émile, désireux de savoir ce que
lui réserve son avenir, emprunte le passage temporel. Il se retrouve projeté en 2065, au cœur
d’une guerre écologique.

Un ouvrage d’abord facile, dont les thèmes correspondent aux préoccupations actuelles :
écologie, préservation de notre environnement, etc.
Itawapa, Xavier-Laurent Petit, L’Ecole des loisirs, 2015
Une jeune fille part à la recherche de sa mère anthropologue et découvre les problèmes des
Indiens d’Amazonie.

Une approche humaine des problèmes liés à la déforestation et du génocide des Indiens.
Reborn, Thierry Robberecht, Mijade, 2013
2064. Suite à la montée inexorable des eaux, la Terre devient progressivement inhabitable. Les
plus riches qui ont pu survivre en payant le voyage vers une nouvelle planète, « Reborn », en
refusent désormais l’accès aux nouveaux immigrants. Les parents de Chuong doivent s’exiler
et payent les services d’un passeur mais se font arrêter dès leur arrivée sur Reborn. Que va
devenir Chuong sur cette planète où il est pourchassé car considéré comme un invasif ?

Un récit de science-fiction agréable à lire, avec un bon rythme et des notations évocatrices
à propos d’un monde futur pas si lointain. Les adolescents devraient pouvoir facilement
s’identifier à Chuong et s’intéresser à son sort. Certes il s’agit de science-fiction mais ce cadre
est dépassé par des considérations plus générales et tout à fait accessibles aux adolescents
sur la violence, l’accueil de l’autre ou les manipulations politiques. C’est un livre qui devrait
captiver et faire réfléchir ses jeunes lecteurs.
Nouvelles vertes, Pierre Bordage, Ed. Thierry Magnier, 2015
Neuf nouvelles pour prendre conscience de la fragilité de la Terre. L’écologie c’est pour
aujourd’hui, la planète est en danger. Surexploitation des forêts tropicales, réchauffement de
la planète, disparition d’espèces animales et végétales, usage massif de sacs plastiques... Les
conséquences seront peut-être désastreuses à très court terme, et cela nous concerne tous. Il
est urgent de réagir. Afin que personne ne dise un jour «Je ne savais pas», chacun des auteurs
a choisi un thème qui lui est cher pour lancer un cri d’alerte.

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L’homme est-il maître de la nature?

Romans graphiques, mangas, bandes-dessinées

Les pommes miracle, Tsutomu Fujikawa, ed. Akata, 2014


Bien qu’il ait grandi dans une ferme, Akinori Kimura ne se prédestinait pas à devenir
agriculteur. Mais suite à son mariage, il finira par reprendre l’exploitation de son beau-père.
Filant alors de beaux jours à la campagne, son quotidien va pourtant être bouleversé quand
il découvre, avec horreur, que son épouse est allergique aux pesticides qu’il utilise pour
la culture de ses pommiers. D’abord par amour, puis par conviction, Akinori Kimura va se
transformer en paysan visionnaire et changer totalement sa façon de concevoir son métier et
son rapport à la nature. Pendant plus de dix ans, contre vents et marées et le scepticisme des
autres producteurs, Akinori Kimura va entreprendre des recherches et des expérimentations
pour pouvoir enfin cultiver des pommes… sans pesticide, d’une manière saine et naturelle !

Nausicaä de la vallée du vent, Tome 1 de Hayao Miyazaki, Glénat, 2000


Jadis rayonnantes, les civilisations du gigantisme industriel avaient disparu dans les ténèbres
du temps, et la surface terrestre avait été recouverte d’une forêt de bactéries géantes exhalant
des humeurs empoisonnées : la mer de la décomposition. Les hommes, réduits à subsister ça
et là aux rares abords préservés de cette mer, vivaient dans les royaumes qu’ils avaient fondés
localement.

La vallée du vent est un petit royaume à la population d’à peine cinq cents personnes, protégé
tant bien que mal par un vent marin des pollutions de la mer de décomposition.
Pompoko, Isao Takahata, Glénat 2006
Menacés de perdre leur espace vital en raison de l’urbanisation humaine sauvage, des
tanuki, chiens de prairie vivant en communauté, essaient de retrouver leur talent perdu de
métamorphose afin d’effrayer et de repousser les humains. Malheureusement, ne survivent
encore que quelques grands maitres. Les tanuki envoient alors des émissaires dans tout le
Japon pour les retrouver.

Cette fable drôle et émouvante, réalisée par Isao Takahata (Le Tombeau des Lucioles) a connu
un succès phénoménal au Japon et a obtenu le Grand Prix du Festival d’Annecy en 1995.
Daisy, lycéenne à Fukushima, Reiko Momochi, Ed. Akata, 2014
Depuis le terrible tsunami qui a frappé Fukushima, Fumi n’ose plus sortir de chez elle, trop
inquiète pour sa santé, à cause des éventuelles radiations émises par la centrale. Pourtant,
en dernière année de lycée, il faudra bien qu’elle se décide à retourner en cours. Mais est-il
seulement possible de recommencer à vivre et de faire comme si de rien n’était, quand même
une simple pluie représente la menace d’une contamination radioactive ? Heureusement, elle
pourra compter sur Moé, Ayaka et Mayu, ses trois meilleures amies. Ensemble, elles comptent
bien profiter de la vie, et surtout sortir toutes diplômées du lycée ! Elles décident alors de
créer un groupe de musique, Daisy, pour se redonner du courage. Mais très vite, la réalité les
rattrape.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

La puissance tragique de la nature, la nature inquiétante

Dans la deuxième liste proposée, il s’agit d’avantage d’interroger la condition de l’homme face à
une nature toute-puissante qui malgré tout reprend ses droits sur lui. À travers des œuvres de
fiction, des témoignages, des ouvrages documentaires, s’engage une réflexion complémentaire
sur la condition fragile de l’homme face à la nature.

Récits

On part vivre sur une ile déserte, Philippe Laborde et Jacques Van Geen, Gallimard Jeunesse,
2013
«En sortant de l’eau, on n’avait rien sur nous, pas même un couteau ou un briquet... Tous les
six, on allait tout devoir trouver sur place, tout fabriquer, tout construire et tout réinventer.
Voilà comment on a fait pour se nourrir, pêcher, s’abriter, se soigner, et même pour s’amuser
et faire la fête. Ça n’a pas toujours été facile, mais c’est comme ça qu’on a vécu heureux,
ensemble, sur cette île, qui est devenue la nôtre.»

Ouvrage documentaire conçu comme un carnet de bord illustré qui fourmille d’idées et de
conseils pour les Robinson qui ont soif de nature et d’aventures !
Tempêtes, Hanno, Ed. Thierry Magnier, 2006
Moi, j’aime bien les colos. Mais cette fois-là, tout avait capoté dès le départ. On était trois,
on ne se connaissait pas. Rose, Tahar et moi, seulement réunis par la même idée stupide
de descendre du train au milieu de nulle part, sous prétexte qu’il est arrêté et que la porte
est ouverte. Que le train reparte sans vous et vous laisse paumés en pleine forêt, niveau
sensations, c’est déjà pas mal. Mais si en plus la nature tout entière a décidé de vous tomber
dessus, alors là, ça dépasse carrément les bornes.

La Toile d’argent, Jean-François Chabas, L’école des loisirs, 2004


Paschoal est pauvre, Amina est noire, Conrad est seul. Trois malheurs. Trois faiblesses dans
un monde dur. Mais tous les trois, à des époques et dans des contrées différentes, ont un
point commun qui peut les tirer d’affaire. C’est l’amour de la nature. Pour bien des gens,
elle est menaçante, et celle qu’on appelle parfois «Mère Nature» devrait plutôt porter le sale
nom de marâtre. Mais Paschoal, au cœur de la forêt amazonienne, Amina, dans un port du
Kamtchatka, et Conrad, dans un bois noir du fin fond de la Pologne, ont appris à l’explorer, à la
contempler et à l’aimer. Leurs expéditions les ont rendus courageux. Ils ne savent pas encore
qu’un jour, au sommet d’un arbre pour Paschoal, au sommet d’un volcan pour Amina, au fond
d’un trou d’eau chaude pour Conrad, ils vont devenir heureux.

Trois coups de feu, Ernest Hemingway, Gallimard, 2002


La nuit, le bord du lac. La forêt de pins résonne de bruits inquiétants. Dans la tente où l’ont
laissé son père et son oncle Georges partis à la pêche, Nick ne parvient pas à trouver le
sommeil. Il a peur. «S’il arrive quelque chose, tire trois coups avec le fusil» lui a dit son père
avant de le quitter…

Véritables hymnes à la nature et à l’enfance, ces récits inspirés de la propre jeunesse du


célèbre auteur américain, nous plongent au cœur de la vie sauvage, avec force et émotion.
Au bout des longues neiges, Jean-Côme Noguès, Nathan, 2014
Irlande, 1846. La famine touche durement la famille de Finnian O’Connell, jeune garçon d’une
douzaine d’années. Son grand frère Shelagh convainc ses parents d’embarquer avec leur
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

quatre enfants pour le Canada, en quête d’une vie meilleure. Après une traversée difficile,
la famille parvient enfin à bon port. On leur attribue, comme à tous les émigrants irlandais
qui arrivent en nombre, une concession. Là, ils doivent recommencer leur vie : construire
leur maison avant l’arrivée de l’hiver, subsister par tous les moyens, grâce aux ressources de
l’immense forêt. Mais les Indiens ne voient pas d’un bon œil ces nouveaux arrivants...

Le Fils du loup, Jack London, Gallimard jeunesse, 2010


Inspiré par la ruée vers l’or du Klondike (où London manqua de laisser la peau), Le Fils du Loup
(1900) est le premier livre du grand écrivain américain : celui qui lui valut le surnom de
« Kipling du Froid «.
Sous forme de récits d’une précision brutale, inspirés par la violente poésie des grands
espaces du Nord, une introduction idéale à l’imaginaire d’un auteur qui toujours proclama que
la civilisation moderne périrait d’avoir oublié la libre grandeur de ses origines « sauvages ».

L’homme et le loup et autres nouvelles, Jack London, Hachette jeunesse, 2010


Abandonné par son compagnon dans l’immensité gelée du Klondike, un homme blessé
s’obstine pourtant à avancer. Bientôt, sur ses traces, rôde une nouvelle menace. Un loup
malade, squelettique, tout aussi affamé que lui...

Ce recueil contient : Le fils du loup ; Bâtir un feu ; Chris Farrington, un vrai marin ; Les
terribles iles Salomon ; Repousser un abordage. Des neiges du Yukon aux vastes océans,
London relate, à travers trois nouvelles du Grand Nord et trois nouvelles maritimes, les
aventures d’hommes aux prises avec une nature sauvage et souvent cruelle.
Typhon, Joseph Conrad, Gallimard, 1973
Le vapeur Nan-Shan vogue sur la mer de Chine avec sa cargaison de coolies. Le capitaine
Mac Whirr, esprit héroïque et borné, son jeune second Jukes, homme de bonne volonté mais
encore friable, et l’excellent chef mécanicien Solomn Rout, exercent à son bord les principales
fonctions. Ils vont affronter la terrifiante épreuve d’un typhon. Ils y survivront, de même que
le navire, l’équipage et les coolies ; mais tous auront été transformés par de surhumaines
difficultés. Un chef-d’œuvre en miniature.

Tragédie à l’Everest, Jon Krakauer, Les presses de la cité, 2009


«Je t’aime. Dors bien, ma chérie. Je t’en prie, ne te fais pas trop de souci.» Telles furent les
dernières paroles que Rob Hall, guide himalayen chevronné, adressa à sa femme depuis le
sommet de l’Everest. Il ne devait pas redescendre vivant. Le 10 mai 1996, le Toit du monde
fut le théâtre d’une véritable hécatombe. En route vers le sommet, quatre expéditions furent
prises dans une violente tempête. En vingt-quatre heures, huit alpinistes, dont deux guides
réputés, trouvèrent la mort. Envoyé spécial du magazine américain Outside, Jon Krakauer
fait partie des survivants. Tragédie à l’Everest, son récit de ce drame, est un livre lucide et
courageux qui passionnera tous les amoureux de récits d’aventures vécues, amateurs de
montagne ou non

César Cascabel, Jules Verne, 10-18, 1998


Fortune faite, la famille Cascabel, artistes forains, veulent quitter l’Amérique pour rejoindre
leur Normandie natale. Par malheur, deux aigrefins les volent, leur enlevant tout espoir de
pouvoir payer leur traversée de l’Atlantique.

César, le chef de famille, décide de regagner le sol natal en roulotte, d’abord par le détroit de
Behring pris dans les glaces, puis en regagnant la Sibérie et la Russie.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Issa, enfant des sables, Pierre-Marie Beaude, Gallimard jeunesse, 2002


La sècheresse et la famine obligent un couple et leur fils Issa, âgé de quatre ans, à remonter
vers le nord du Niger, pour rejoindre la tribu d’origine du mari. Après une traversée éprouvante
dans le désert du Sahara, ils arrivent dans un village quasi abandonné. C’est là que les trouve
Marie, une jeune médecin française travaillant pour une ONG. Bouleversée et révoltée, la jeune
femme tente de sauver Issa, terriblement affaibli…

La dureté de la vie dans le désert, l’hostilité implacable de la nature et la peur de violences


guerrières sont rendues avec réalisme. Ce roman dur est néanmoins empreint de tendresse et
de poésie. Les émotions de la jeune volontaire humanitaire sont exprimées avec beaucoup de
justesse. Récit bouleversant mais sobre. Belle écriture.

Récit qui s’accorde au programme de géographie et d’éducation civique de 5e mais qui peut
être proposé à d’autres niveaux. Intéressant de la 6e (bons lecteurs ou lecture accompagnée) à
la 3e.

Les Enfants de Noé, Jean Joubert, Ecole des loisirs, 2000


Une famille, isolée par une violente tempête de neige, est contrainte de vivre en autarcie. Elle
retrouve les gestes d’antan.

Un récit stimulant qui invite à une réflexion sur la notion de progrès humain.

Romans graphiques, mangas, bandes-dessinées

Princesse Mononoké, Hayao Miyazaki, Glénat, 2000


Ashitaka, jeune descendant de guerriers Emishi, est voué à devenir le chef de son clan. Mais
le destin en a voulu autrement : une créature monstrueuse, le Tatarigami, se met à attaquer
son village sans raison apparente. Ashitaka parvient à vaincre le monstre mais, touché par ce
dernier, il est condamné à une mort aussi lente que certaine. Obligé de quitter son village et
les siens, il part à la recherche d’un remède au mal qui le ronge. Il arrive bientôt aux abords
d’une gigantesque forêt, un territoire inaccessible aux hommes : en son sein, des animaux
géants et étranges, craints et redoutés comme autant de divinités, livrent une guerre sans
merci aux humains des environs qui cherchent à étendre leur territoire. Bientôt, Ashitaka
rencontre San, la «Princesse Mononoke», une jeune femme élevée par les loups, qui voue
une haine féroce aux humains. Un lien très fort commence à les unir, au moment où la guerre
prend un tournant irrémédiable et tragique...

Voici, présenté sous un format bande dessinée, le dernier film de Hayao Miyazaki (Mon Voisin
Totoro, Porco Rosso), l’un des plus grands réalisateurs du cinéma d’animation. Acclamé par
le public et la critique, Princesse Mononoke représente le couronnement de son travail; cette
série en quatre volumes reprenant les images et les dialogues du film permet ainsi au lecteur
de se replonger dans l’univers merveilleux de cette œuvre unique.
Le Sommet des dieux, Baku Yumemakura, Jirô Tanigushi, Ed. Dargaud, 2004
Un manga à vous couper le souffle ! Dans une petite boutique népalaise, Fukamachi tombe
sur un appareil photo qui pourrait bien être celui de George Mallory, le célèbre alpiniste qui fut
le premier à essayer de vaincre l’Everest. Mallory disparut avec Andrew Irvine, lors de cette
ascension en 1924, sans que l’on puisse savoir s’ils sont parvenus au sommet. Et si c’était
seulement lors du chemin du retour qu’ils avaient eu cet accident fatal ? Cela changerait
l’histoire de l’alpinisme ! C’est sur cette passionnante question que s’ouvre le chemin
initiatique de Fukamachi qui sera amené à faire la rencontre de figures hautes en couleurs.
Le dépassement de soi, l’aventure, la passion de la montagne sont les leitmotivs de cette
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formidable aventure signée Jirô Taniguchi !

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Ascension, Shin’ichi Sakamoto, Jiro Nitta, Delcourt, 2010


Buntarô Mori n’aime que la solitude. Transféré dans un nouveau lycée, son existence sans
saveur est bouleversée quand un camarade, fan d’escalade, lui lance un défi insensé :
entreprendre l’ascension d’un bâtiment scolaire. Sans matériel ni préparation, Buntarô atteint
le toit et se sent réellement vivant pour la première fois de sa vie. L’appel de la grimpe sera
désormais plus fort que tout ! Se rapprocher du ciel pour se sentir vivant !

Sur les bords du monde, Olivier Frasier, Jean-François Henry, Jacques Malaterre,
Hervé Richez, Bamboo Edition, 2014
Depuis l’appareillage de L’Endurance le 5 décembre 1914 pour rejoindre le Pôle Sud, le périple
ne s’est pas déroulé tout à fait comme prévu pour l’ensemble de l’équipage... Contraints
d’abandonner leur navire pris dans la glace, les hommes de Sir Ernest Shackleton doivent
poursuivre l’expédition à pied. Situés encore à plusieurs milles de leur objectif, exténués,
démotivés, affamés, ils ne sont pas au bout de leurs souffrances pour atteindre les bords du
monde... Le vent glacial du dénouement souffle sur ce dernier tome où la réalité des faits
repousse les limites de l’aventure fictionnelle...

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

L’homme est-il maitre de la nature ?

Séquence : Construire un feu, de Jack London

Supports
• Jack London, Construire un feu (1902), traduit de l’anglais par Paul Gruyer et Louis Postif,
traduction revue et complétée par Frédéric Klein, édition Phébus, collection Libretto, 2007 ;
• Jack London, Construire un feu (1908), traduit de l’anglais par Paul Gruyer et Louis Postif,
traduction revue et complétée par Frédéric Klein, édition Phébus, collection Libretto, 2007 ;
• Chabouté, Construire un feu (d’après la nouvelle de Jack London), éditions Glénat, Vents
d’Ouest, 2007.

Présentation de la séquence
La nouvelle Construire un feu s’inscrit dans le genre du récit d’aventures. Mais il s’agit
également d’une réflexion sur le pouvoir de l’Homme à maîtriser le monde, ici la nature
implacable du Grand Nord.

Jack London a écrit deux versions de cette nouvelle, à six ans d’intervalles, l’une avec une fin
heureuse, l’autre avec une fin tragique. Ainsi, comparer les deux versions, c’est observer le
passage du récit de fait-divers au récit exemplaire, qui vise une vérité morale.

L’étude de ces deux versions permet ainsi « une approche plus fine des caractéristiques
des genres et des registres utilisés pour produire des effets sur le lecteur. », et un « travail
d’interprétation et d’élaboration d’un jugement argumenté » (Programme de français du cycle
4, Lecture et compréhension de l’écrit et de l’image).

En accompagnant ces lectures d’un travail sur l’adaptation en bande-dessinée de Chabouté,


on peut également montrer comment chaque médium utilise les spécificités de son langage
pour produire les mêmes effets chez le lecteur.

Domaines du socle commun


Domaine 1 : « Les langages pour penser et communiquer »
Domaine 5 : « Les représentations du monde et l’activité humaine »

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Description de quelques activités


Entrée dans la séquence
« Lire des images. »

« Exprimer ses sensations, ses sentiments, formuler un avis personnel à propos d’une œuvre
ou d’une situation en visant à faire partager son point de vue. »

Pour faciliter l’entrée des élèves dans la lecture et créer un horizon d’attente, on pourrait
proposer aux élèves une description de deux vignettes tirées de l’adaptation de Chabouté.
Ces deux vignettes (respectivement page 8 et page 59 de l’album) montrent le portrait du
héros au début et à la fin de la nouvelle. La comparaison des deux vignettes donne lieu à la
formulation d’hypothèses de lecture qui peuvent se confronter dans un débat au sein de la
classe, hypothèses que les élèves seront amenés à vérifier par leur lecture de la première
version de la nouvelle.
Anticiper la fin de la nouvelle
« Reconnaitre les implicites d’un texte et faire les inférences et hypothèses de lecture
nécessaires. »

« Pratiquer l’écriture d’invention. »

Si la nouvelle est donnée à lire en deux fois (d’abord du début jusqu’au moment où le héros
tombe dans une mare d’eau et se retrouve les pieds mouillés, puis jusqu’à la fin, ce qui coupe
la nouvelle en deux parties à peu près égales), on peut demander aux élèves d’imaginer la
suite et la fin de l’histoire, sous la forme d’un résumé ou au contraire en travaillant l’exercice
de la suite de texte. Dans un cas comme dans l’autre, le plus intéressant est de demander aux
élèves de justifier leur choix par écrit et d’expliciter les indices du texte qu’ils ont sélectionnés.
L’hypothèse d’une fin heureuse (héros indemne, ou survivant mais marqué par cette aventure)
et d’une fin malheureuse (mort du héros) pouvant être chacune envisagée.
Comparaison des deux incipits (et des deux fins)
« Élaborer une interprétation de textes littéraires : Formuler des impressions de lecture.
Percevoir un effet esthétique et en analyser les sources [...] établir des relations entre des
œuvres littéraires. »

« Construire les notions permettant l’analyse et la production des textes et des discours. »
La comparaison de l’incipit de la version de 1902 avec celui de la version de 1908 permet
d’aborder la question de la visée du texte (ou plutôt des visées, puisqu’il y a entre les deux
versions une nette évolution du particulier vers la général) et des moyens employées par
l’auteur pour y parvenir. (Désignation du personnage « Tom Vincent » dans la première, qui
devient « l’homme » dans la seconde ; inscription dans un cadre spatio-temporel précis et
explicitation du but de la quête dans la première, début in media res et description du paysage
dans la seconde ; introduction du personnage du chien).

On pourrait envisager que les élèves, suite à la lecture du second incipit, formulent à l’oral
(après un écrit préparatoire) un jugement de goût en leur demandant d’indiquer quel est pour
eux l’incipit le plus réussi et de justifier leur avis. Un débat peut être organisé pour confronter
les jugements.

Le même travail peut être mené en comparant la fin des deux versions, en s’interrogeant sur
le changement de signification de l’oeuvre engendré par les fins différentes.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Pour différencier selon le niveau de compétences des élèves, on peut envisager de faire lire le
texte complet de la deuxième version, plus long que la première (7000 mots environ au lieu de
3000), ou bien proposer un parcours de lecture.

Lecture de l’image : adapter Construire un feu en bande-dessinée


« Lire des images, des documents composites. »

« Lire et comprendre des images fixes. »

L’étude de quelques vignettes et de quelques planches de l’album de Chabouté permet


d’étudier comment le langage iconographique, et celui de la bande-dessinée en particulier,
peut dire l’isolement d l’homme dans une nature hostile (utilisation du noir et blanc ; place de
la couleur ; fond blanc de certaines vignettes ; jeux de cadrages ; planches descriptives, sans
figure vivante ; planches sans texte ; etc.).
Écrits de réception, construction d’un point de vue personnel et argumenté
sur l’œuvre
« Élaborer une interprétation de textes littéraires : Formuler des impressions de lecture. »
En vue d’aider les élèves à formuler leurs impressions de lecture et à construire un point de
vue personnel, on peut proposer une série de vignettes de l’album de Chabouté illustrant
divers moments et aspects du récit. Les élèves peuvent être amenés à noter un commentaire
pour chaque vignette (rédactions de titres, explicitation des sentiments ressentis lors de la
lecture, des effets visés par l’auteur d’après l’élève...). On peut également demander aux
élèves de choisir la vignette qui leur semble le mieux représenter la nouvelle et de justifier
leur choix à l’oral ou à l’écrit.

On pourrait également proposer aux élèves de rédiger et d’enregistrer une «chronique


littéraire» pour présenter la version de Construire un feu qu’il préfère. On peut s’appuyer
par exemple sur l’émission «1 livre 1 jour» pour repérer les caractéristiques de cet exercice
(résumé du livre, lecture d’un extrait, présentation de l’auteur, avis personnel avec l’utilisation
d’un lexique mélioratif, etc.).

Supports possibles :
Émission « 1 livre 1 jour » du 16 mars 1996, présentée par Olivier Barrot,
sur la nouvelle Construire un feu
Émission « 1 livre 1 jour » du 4 mars 1998, George Perec, Yvan Pommeau, Je me souviens
Émission « 1 livre 1 jour » du 22 avril 1992, Daniel Pennac, Kamo, l’agence Babel
Émission « 1 livre 1 jour » du 11 septembre 2004, Marcel Pagnol, La Gloire de mon père
Émission « 1 livre 1 jour » du 12 avril 2000, Jean Tardieu, Finissez vos phrases !
Émission « 1 livre 1 jour » du 8 janvier 2003, Raymond Quenau, Exercices de style
Émission « 1 livre 1 jour » du 31 mai 2006, Timothée de Fombelle, Tobbie Lolness
Émission « 1 livre 1 jour » du 1 décembre 1999, Tomi Ungerer, Otto

Textes (extraits)
Incipit de la première version (1902)
Dans le monde entier, pour voyager par terre ou par mer, on considère généralement
qu’il est désirable d’avoir un compagnon. Au Klondike, comme Tom Vincent s’en rendit compte,
c’est absolument essentiel. Cependant, ce n’est pas la théorie qui le lui apprit : il en fit l’amère
expérience.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

« Ne voyagez jamais seul », est un principe du Grand Nord. Il l’avait entendu dire
bien des fois et il s’était contenté d’en rire. Car c’était un grand gaillard jeune et solide, bien
charpenté, bien musclé, [...] ayant confiance en lui-même, dans la solidité de sa tête et la
vigueur de ses mains.

C’est par une triste journée de janvier qu’il fit cette expérience qui lui permit
d’acquérir le respect du froid et de la sagesse des hommes qui se sont battus contre lui.
Il avait quitté Calumet Camp, sur le Yukon, avec sur le dos un léger paquetage, pour
remonter Paul Creek, jusqu’à la ligne de partage des eaux qui sépare cette vallée de Cherry
Creek, où ses camarades étaient en train de prospecter et de chasser l’orignal.

Il faisait soixante degrés au-dessous de zéro et il avait à parcourir trente milles d’une
piste solitaire, mais il ne s’en inquiétait pas. En réalité, cela lui plaisait : il marchait à longues
enjambées dans le silence, un sang chaud coulait dans ses veines, il avait l’esprit exempt de
soucis - bref, il était heureux. Car lui et ses copains étaient certains d’avoir trouvé un filon, là-
bas, sur la ligne de partage des eaux de Cherry Creek ; de plus, venant de Dawson, il allait les
rejoindre en leur apportant de joyeuses lettres en provenance des États-Unis. [...]

Incipit de la seconde version (1908)


L’aube était apparue, froide et grise, très grise et très froide, lorsque l’homme quitta
la piste principale du Yukon pour gravir la rive abrupte où un chemin étroit et peu fréquenté
conduisait vers l’est à travers une épaisse forêt d’épicéas. La pente était raide et, arrivé
au sommet, il fit une pause pour reprendre haleine en se donnant l’excuse de regarder sa
montre. […] C’était une belle journée, et cependant un voile imperceptible semblait s’étendre
sur toutes choses - une légère obscurité qui assombrissait le jour et était due à l’absence
du soleil. L’homme n’en était pas inquiet. Il y était habitué. Cela faisait des semaines qu’il
n’avait pas aperçu le soleil, et il savait qu’il faudrait encore quelques autres jours avant que le
globe joyeux, dans sa marche vers le sud, apparaisse un instant au-dessus de l’horizon pour
disparaître aussitôt à la vue.

[...] En dessous de lui s’étendait le Yukon, large d’un mille et prisonnier sous trois
pieds de glace. Et cette glace elle-même était ensevelie sous trois pieds de neige. Toute cette
neige immaculée était agitée de molles ondulations à l’endroit où des blocs s’étaient for¬més
lors du gel du fleuve. Vers le nord et vers le sud, aussi loin que son œil pouvait porter, c’était
partout une blancheur infinie, à l’exception d’une mince ligne sombre qui serpentait du sud
au nord, contournant deux îles couvertes d’épicéas, avant de disparaître. Ce trait sombre, de
la minceur d’un cheveu, était la piste - la piste principale -qui conduisait vers le sud, à cinq
cents milles, vers le Chilcoot, Dyea et l’eau de l’océan, et vers le nord, à soixante-dix milles, à
Dawson, puis, à un millier de milles, à Nulato, pour finir à Saint-Michaël, sur la mer de Bering,
un millier et demi de milles plus loin.

Mais tout cela - la mystérieuse ligne de la piste se perdant dans les lointains,
l’absence de soleil dans le ciel, le froid terrible qui sévissait, l’atmosphère étrange du paysage
- ne troublait nullement notre homme. [...] Cinquante degrés au-dessous de zéro, cela voulait
dire quatre-vingts degrés de gel. Il était incommodé par ce froid, voilà tout. Cela ne le poussait
pas à méditer sur sa fragilité personnelle, ni sur la fragilité de l’être humain en général, qui
ne peut supporter les excès du chaud et du froid ; et cela ne l’entraînait pas non plus à risquer
des hypothèses sur l’immortalité et la place de l’homme dans l’univers. [...] Cinquante degrés
au-dessous de zéro, c’était un fait, et rien de plus. L’idée ne lui serait jamais venue d’aller
chercher plus loin.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Fin de la première version (1902)


[...] le feu gagnait régulièrement. Alors il se mit à l’œuvre pour se tirer d’affaire. Des
mesures héroïques étaient nécessaires : il en était réduit à cette extrémité, il prit donc ces
mesures.

Alternativement, il frottait ses mains de neige et les exposait à la flamme ; de temps


à autre, il les battait contre les troncs d’arbres les plus durs. Il parvint ainsi à rétablir sa
circulation de manière à les rendre utilisables. À l’aide de son couteau de chasse, il détacha
les courroies de son sac, déroula sa couverture et sortit des chaussettes et des chaussures
sèches.
[...]
Il travailla ainsi pendant trois heures, jusqu’à ce que les pires effets du gel aient été
neutralisés. Toute cette nuit-là, il resta à côté du feu, et ce n’est que tard le lendemain qu’il
entra dans le camp de Cherry Creek en boitant lamentablement.

En un mois, il redevint capable de se tenir sur ses pieds, mais, après cet épisode, ses orteils
devaient toujours rester très sensibles au froid. Quant aux cicatrices de ses mains, il savait
qu’il les emporterait dans la tombe. Et il répète à présent le précepte du Grand Nord :
« Ne voyagez jamais seul ! »

Fin de la seconde version (1908)


[...] Il lui semblait bizarre de pouvoir courir comme il le faisait, avec des pieds si gelés
qu’il ne les sentait plus quand ils touchaient le sol et portaient le poids de son corps. Il avait
l’impression d’effleurer la terre sans avoir aucun contact avec elle. Un jour, il avait vu quelque
part un Mercure ailé, et il se demandait si Mercure éprouvait la même sensation en rasant la
surface du globe.

Sa théorie de courir jusqu’au camp et aux camarades avait un défaut : il lui manquait
l’endurance nécessaire. Plusieurs fois il trébucha, et en fin de compte il chancela, perdit
l’équilibre et tomba. Quand il essaya de se relever, il échoua. [...]

Et pendant tout ce temps le chien suivait sur ses talons, à la même allure. Lorsqu’il
tomba pour la deuxième fois, l’animal replia sa queue sur ses pattes de devant ; assis en
face de lui, il le fixait d’un regard étrange et impatient. Il avait chaud, lui, et était en sécurité ;
furieux, l’homme l’injuria et le chien coucha les oreilles en signe d’apaisement. Cette fois, les
frissons revinrent plus vite. Il était en train de perdre sa bataille contre le gel, qui s’insinuait
partout dans son corps. Cette pensée le poussa à repartir, mais il ne courut qu’une centaine de
pieds, chancela et tomba la tête la première. Ce fut son ultime panique.

Quand il eut repris sa respiration et son sang-froid, il s’assit et songea à affronter la


mort avec dignité. [...]

Il imagina ses camarades, le lendemain, en train de trouver son cadavre. Soudain il


se vit avec eux, explorant la piste et se cherchant lui-même. Et toujours avec eux, à un coude
de la piste, il découvrait son corps gisant dans la neige. Il ne s’appartenait plus, car même à
ce moment il était en dehors de lui-même, debout avec les gars, en train de se regarder dans
la neige. Sûr qu’il faisait froid, songea-t-il. Quand il serait de retour aux États-Unis, il pourrait
raconter aux copains ce que c’était qu’un vrai froid. Puis il revit le vétéran de Sulphur Creek. Il
le voyait nettement, bien au chaud, en train de fumer sa pipe.
- Tu avais raison, vieille bique, lui murmura-t-il ; tu avais raison.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Alors l’homme s’assoupit dans un sommeil qui lui parut le meilleur et le plus agréable qu’il
eût jamais connu. Assis en face de lui, le chien attendait. [...] Tandis que le crépuscule avançait,
l’envie impatiente du feu le posséda : il ne cessait de relever et d’abaisser ses pattes de devant
en gémissant doucement, puis coucha les oreilles, car il craignait une réprimande de l’homme.
Mais ce dernier restait silencieux. Ensuite, le chien gémit plus fort. Et, plus tard encore, il
rampa vers l’homme et flaira la mort. Alors, les poils hérissés, il recula. Il attendit encore un
peu, hurlant sous les étoiles qui sautaient, dansaient et brillaient d’un vif éclat dans le ciel
glacé. Puis il fit volte-face et remonta la piste au trot en direction du camp qu’il connaissait, où
se trouvaient les autres pourvoyeurs de nourriture et de feu.

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FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

L’homme est-il maitre de la nature ?

Activité d’écriture :
Donner corps à un récit : écrire le naufrage
de Robinson
Présentation de l’activité
Écriture longue, transposition de deux planches de bande-dessinée en récit, avec réécritures
successives et construction de réserves lexicales.

Objectif de l’activité
Il s’agit de faire prendre conscience aux élèves que la façon dont est racontée l’histoire, ce qui
en fait l’épaisseur et la richesse (les effets visés par l’auteur, ses choix d’écriture), est aussi
importante que l’histoire elle-même.

Références au programme de français du cycle 4


Attendus de fin de cycle : « En réponse à une consigne d’écriture, produire un écrit d’invention
s’inscrivant dans un genre littéraire du programme, en s’assurant de sa cohérence et en
respectant les principales normes de la langue écrite. »

Connaissances et compétences associées : « Adopter des stratégies et des procédures


d’écritures efficaces. […] Prise en compte du destinataire, des visées du texte et des
caractéristiques de son genre […]. Vérification et amélioration de la qualité du texte, en cours
d’écriture. […] », « Pratiquer l’écriture d’invention. »

Exemples de situations, d’activités et de ressources pour l’élève : « Recherche collective de


formulations pour améliorer un texte, l’enrichir. […] Utilisation de logiciel de traitement de
texte. […] Valorisation des écrits : lecture orale, publication respectant les codes de mis en
page. […] Apport […] de réserve lexicale. »

Présentation du support
Le support de l’écriture est constitué de deux planches de la bande dessinée de Christophe
Gaultier, Robinson Crusoé, éditions Delcourt, 2007. Page 48 du tome 1 et page 3 du tome 2 (les
deux planches se suivent dans le récit).

Les deux planches racontent le naufrage du navire (vignettes 1 à 3), la lutte de Robinson au
milieu des flots (vignettes 4 à 6 de la planche 1 et vignettes 1 à 7 de la deuxième planche), et la
sortie des flots sur la plage de l’île (vignettes 8 à 10).

Les deux planches ne contiennent presque pas de texte.


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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Déroulement de l’activité
1) Le support est distribué aux élèves avec la consigne : « Transposez ces planches de bande-
dessinée en récit. »
2) Lecture en classe des productions, évaluation par les élèves, avec repérage des réussites
(par exemple un récit mené à la première personne) et des points à améliorer (répétition du
nom Robinson, absence d’indicateurs temporels pour structurer l’action.
3) Discussion autour de ce que l’on pourrait attendre d’un tel texte (suspens, identification
du lecteur au personnage…). Reformulation du projet d’écriture : « Raconter le naufrage de
Robinson en créant du suspens ».
4) Recherche des moyens pour atteindre la visée du texte : exprimer les sentiments, les
pensées du personnage ; exprimer l’état physique du personnage ; décrire le paysage.
5) Construction en classe entière de réserves lexicales (substituts au nom « Robinson »,
champ lexical des sentiments, de l’état physique, adjectifs qualificatifs péjoratifs (description
de la mer) et mélioratifs (description de l’île).
6) Réécriture en plusieurs étapes : d’abord, choix des substituts nominaux, ensuite insertion
des pensées du personnage, puis expression des sentiments etc.
7) Utilisation d’un traitement de texte pour finaliser le texte.
8) Lecture en classe des textes achevés, affichage dans le collège, publication sur le blog du
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Analyse de l’activité menée dans une classe de cinquième


d’un collège R.E.P
Activité menée au début de la lecture intégrale de Vendredi ou la vie sauvage, de Michel Tournier
avant la lecture du premier chapitre.

Le premier jet produit par les élèves (une seule exception) est court, seulement quelques
phrases (voir documents 1 et 2). Les élèves disent ne pas savoir « quoi dire ».

Une fois la réflexion menée sur les visées du texte, et la construction des réserves lexicales
(voir les documents 3 à 5, effectuée en classe entière, la tâche s’avère plus aisée. Les élèves
se lancent volontiers dans les réécritures. Au final, Les élèves ont tous mené à bien leur projet
(en fonction de leur niveau de compétence, d’une centaine à plus de six cents mots), ils ont
retravaillé avec le plaisir de voir se construire un vrai « texte ».

Document 1. Chloé. Version 1.

Document 2. Maxence. Version 1.

Document 3. Réserve lexicale. Connecteurs de temps.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Document 4. Réserve lexicale. Les sentiments

Document 5. Réserve lexicale. Décrire la mer.

Document 6. Chloé. Organisation du texte à l’aide de connecteurs temporels.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
L’homme est-il maître de la nature?

Document 7. Le début du texte d’Inès, d’une version à l’autre.

Document 8. Texte finalisé de Maxence.

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Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Présentation du questionnement
La ville, lieu de tous les possibles ?

La ville, lieu de tous les possibles? (fichier XMind, logiciel libre de droits à télécharger)
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FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

La ville, lieu de tous les possibles ?

Corpus : « À nous deux Paris »

Ce corpus de texte s’attache à présenter un topos de la littérature romanesque du XIXe siècle,


l’arrivée à Paris d’un jeune homme ambitieux, énergique, habité par le désir de réussir sans en
savoir toujours précisément la manière. La ville s’offre à lui comme une projection de ce désir,
dans une attente fiévreuse, parfois douloureuse, qui prend les formes imagées ou non de la
soif et de l’ivresse. Les textes proposés ici sont principalement situés en début de roman, Incipit
de Bel-ami et d’Une éducation libertine, deuxième chapitre de La Curée (retour en arrière sur le
passé de Saccard) : le narrateur y décrit tout le bouillonnement intérieur du personnage dans cet
espace de la ville qu’il découvre, et dont il veut faire la conquête. Le passage du Père Goriot est
au contraire situé à la toute fin du roman, mais ce moment particulièrement dramatique qui clôt
l’histoire donne une portée mythique à cette figure romanesque du jeune homme. Elle introduit
en outre une dimension de désillusion, d’échec potentiel qui montre bien toute la tension de
cette relation du personnage à un univers nouveau. D’autres figures romanesques pourraient
venir compléter cette évocation, notamment celle de Frédéric Moreau dans L’Éducation sentimen-
tale, dont le roman de Jean-Baptite Del Amo se veut en partie une réécriture.
À travers l’étude de ce groupement, il est permis de travailler notamment des compétences de
lecture, afférant à l’interprétation du texte littéraire, qu’elles relèvent de la construction du per-
sonnage romanesque, qu’elles relèvent plus particulièrement des valeurs que ces personnages
portent, mises en rapport avec d’autres découvertes d’œuvres ou des expériences personnelles.

Texte n°1
Cependant, au moment où le corps fut placé dans le corbillard, deux voitures
armoriées, mais vides, celle du comte de Restaud et celle du baron de Nucingen, se
présentèrent et suivirent le convoi jusqu’au père Lachaise. A six heures, le corps du père
Goriot fut descendu dans sa fosse, autour de laquelle étaient les gens de ses filles, qui
disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière due au bonhomme pour
l’argent de l’étudiant. Quand les deux fossoyeurs eurent jeté quelques pelletées de terre sur
la bière pour la cacher, ils se relevèrent, et l’un deux, s’adressant à Rastignac, lui demanda
leur pourboire. Eugène fouilla dans sa poche et n’y trouva rien. Il fut forcé d’emprunter vingt
sous à Christophe. Ce fait, si léger en lui-même, détermina chez Rastignac un accès d’horrible
tristesse. Le jour tombait, un humide crépuscule agaçait les nerfs, il regarda la tombe et y
ensevelit sa dernière larme de jeune homme, cette larme arrachée par les saintes émotions
d’un cœur pur, une de ces larmes qui, de la terre où elles tombent, rejaillissent jusque dans
les cieux. Il se croisa les bras, contempla les nuages, et le voyant ainsi, Christophe le quitta.

Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement
couché le long des deux rives de la Seine, où commençaient à briller les lumières. Ses

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

yeux s’attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des
Invalides, là où vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer. Il lança sur cette ruche
bourdonnant un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses :
« A nous deux maintenant ! »
Et premier acte du défi qu’il portait à la société, Rastignac alla dîner chez Mme de Nucingen.
Balzac, Le père Goriot, 1834.

Texte n°2
Deux mois avant la mort d’Angèle, il l’avait menée, un dimanche, aux buttes
Montmartre. (..) Ce jour-là, ils dinèrent au sommet des buttes, dans un restaurant dont
les fenêtres s’ouvraient sur Paris, sur cet océan de maisons aux toits bleuâtres, pareils à
des flots pressés emplissant l’immense horizon. Leur table était placée devant une des
fenêtres. Ce spectacle des toits de Paris égaya Saccard. Au dessert, il fit apporter une
bouteille de Bourgogne. Il souriait à l’espace, il était d’une galanterie inusitée. Et ses regards,
amoureusement, redescendaient toujours sur cette mer vivante et pullulante, d’où sortait la
voix profonde des foules. On était à l’automne ; la ville, sous le grand ciel pâle s’alanguissait,
d’un gris doux et tendre, piqué çà et là de verdures sombres, qui ressemblaient à de larges
feuilles de nénuphars nageant sur le lac ; le soleil se couchait dans un nuage rouge, et,
tandis que les fonds s’emplissaient d’une brume légère, une poussière d’or, une rosée d’or
tombait sur la rive droite de la ville, du côté de la Madeleine et des Tuileries. C’était comme
le coin enchanté d’une cité des Mille et Une Nuits, aux arbres d’émeraude, aux toits de saphir,
aux girouettes de rubis. Il vint un moment où le rayon qui glissait entre deux nuages, fut si
resplendissant, que les maisons semblèrent flamber et se fondre comme un lingot d’or dans
un creuset.

« Oh ! vois, dit Saccard, avec un rire d’enfant, il pleut des pièces de vingt francs dans Paris ! »

Angèle se mit à rire à son tour, en accusant ces pièces-là de n’être pas faciles à ramasser.
Mais son mari s’était levé, et s’accoudant sur la rampe de sa fenêtre :

« C’est la colonne Vendôme, n’est-ce pas, qui brille là-bas ?... Ici, plus à droite, voilà la
Madeleine… Un beau quartier où il y a beaucoup à faire… Ah cette fois, tout va brûler ! Vois-
tu ?... On dirait que le quartier bout dans l’alambic de quelque chimiste. »

Sa voix devenait grave et émue. La comparaison qu’il avait trouvée parut le frapper beaucoup.
Il avait bu du bourgogne, il s’oublia, il continua, étendant le bras pour montrer Paris à Angèle
qui s’était également accoudée à son côté :

« Oui, oui, j’ai bien dit, plus d’un quartier va fondre, et il restera de l’or aux doigts des gens
qui chaufferont et remueront la cuve. Ce grand innocent de Paris ! vois donc comme il est
immense et comme il s’endort doucement ! C’est bête, ces grandes villes ! Il ne se doute
guère de l’armée de pioches qui l’attaquera un de ces beaux matins, et certains hôtels de la
rue d’Anjou ne reluiraient pas si fort sous le soleil couchant, s’ils savaient qu’ils n’ont plus que
trois ou quatre ans pour vivre. »
Emile Zola, La Curée, 1872.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Texte n°3
C’était une de ses soirées d’été où l’air manque dans Paris. La ville, chaude comme
une étuve, paraissait suer dans la nuit étouffante. Les égouts soufflaient par leurs bouches
de granit leurs haleines empestées, et les cuisines souterraines jetaient à la rue, par leurs
fenêtres basses, les miasmes infâmes des eaux de vaisselle et des vieilles sauces.

Les concierges, en manche de chemise, à cheval sur des chaises de paille, fumaient la pipe
sous les portes cochères, et les passants allaient d’un pas accablé, le front nu, le chapeau à la
main. Quand Georges Duroy parvint au boulevard, il s’arrêta encore, indécis sur ce qu’il allait
faire. Il avait envie maintenant de gagner les Champs-Elysées et l’avenue du bois de Boulogne
pour trouver un peu d’air frais sous les arbres ; mais un désir aussi le travaillait, celui d’une
rencontre amoureuse.

Comment se présenterait-elle ? Il n’en savait rien, mais il l’attendait depuis trois mois, tous les
jours, tous les soirs. Quelquefois, cependant, grâce à sa belle mine et à sa tournure galante, il
volait, par-ci par-là, un peu d’amour, mais il espérait toujours plus et mieux.

La poche vide et le sang bouillant, il s’allumait au contact des rôdeuses qui murmurent à
l’angle des rues : « Venez-vous chez moi, joli garçon ? » mais il n’osait les suivre, ne les
pouvant payer ; et il attendait aussi autre chose, d’autres baisers, moins vulgaires.

Il aimait cependant les lieux où grouillent les filles publiques, leurs bals, leurs cafés, leurs
rues ; il aimait les coudoyer, leur parler, les tutoyer, flairer leurs parfums violents, se sentir
près d’elles. C’étaient des femmes enfin, des femmes d’amour. Il ne les méprisait point du
mépris inné des hommes de famille.

Il tourna vers la Madeleine et suivit le flot de foule qui courait accablée par la chaleur. Les
grands cafés, pleins de monde, débordaient sur le trottoir, étalant leur public de buveurs sous
la lumière éclatante et crue de leur devanture illuminée. Devant eux, sur de petites tables
carrées ou rondes, les verres contenaient des liquides rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes
les nuances ; et dans l’intérieur des carafes on voyait briller les gros cylindres transparents de
glace qui refroidissaient la belle eau claire.
Maupassant, Bel-Ami, 1884.

Texte n°4
Paris l’enivrait. Sous la chaleur, sous la crasse, il pensait deviner les frontières
de cette vilénie. Paris était aussi la promesse d’un métier, la jointure des extrêmes. La
bourgeoisie côtoyait la lie du peuple, la crasse s’ornait d’un liseré d’or. On lui avait parlé de
la route de Versailles, des monuments aux hautes flèches, des coupoles bombées vers le ciel
tel des seins de métal, des maisons de bord de Seine, d’un blanc de chaux, inconnu ici où l’on
nommait blanc la moindre grisaille, et des jardins à l’herbe grasse. Gaspard irait à Versailles,
c’était une certitude. Cette évidence lui permit de porter un œil indulgent sur le faubourg
Saint-Denis, sur lui-même, qui errait dans la ville, barbotait dans la fange. Tout portait l’espoir
de son ascension. Est-ce là mon attente première ? se demanda Gaspard. Que pouvait-il
attendre de la ville ? Il n’était pas noble, il était fils de rien, produit de l’emboîtement d’une
femme-truie et d’une ombre sévère. Pourtant, n’était-ce pas cette rêvasserie qui surgissait
parfois au détour d’une ruelle ? Gaspard n’aurait pu jurer de rien.

Face à la ville, des émotions le submergeaient, l’assaut phallique de la capitale déflorait son
esprit à chaque pas. L’idée de Versailles, mâtinée de fantomatiques velours, flottait dans
l’éther de sa conscience. Il devinait le plissement des soieries, la poudre sur les visages, les
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

perruques vaporeuses, la préciosité des liqueurs dont on se gorgeait. L’exactitude de ces


représentations, gaspard la devait à une propension pour l’imaginaire. Devait-il à la mère,
dont les récits avaient peuplé son enfance de chimères, cette prédisposition à concevoir ce qui
échappait pourtant à sa connaissance ?

Gaspard s’en moquait, et si cette perception aigue du monde eût surpris un autre homme de
sa condition qui en aurait été soudain doté, elle était pour lui naturelle.
Jean Baptiste Del Amo, Une éducation libertine, 2008.

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Questionnements complémentaires

La ville, lieu de tous les possibles ?

Groupement de textes :
Le discours romanesque sur Paris aux
XVIIIe et XIXe siècles

À partir de la fin du XVIIe siècle, la ville de Paris voit croître sa population de façon exponen-
tielle et cet accroissement démographique majeur ne va pas sans poser de grandes difficultés,
qu’elles concernent l’ordre public, les conditions de logement, la pauvreté et l’hygiène public.
Si la capitale de la France est à Versailles jusqu’à la Révolution française, Paris devient dès le
XVIIIe siècle la ville des artistes et des philosophes, des théâtres et d’une société de plaisir. C’est
aussi la ville où s’écrit l’Histoire, et qui deviendra le cadre de toutes les révolutions. Dans cette
perspective, Paris devient un univers nouveau, fascinant pour l’écrivain, et tout particulièrement
pour le romancier, qui y voit un véritable condensé de l’humanité et par là-même un véritable
laboratoire d’étude. À cela s’ajoute la naissance du roman moderne, qui met en place progres-
sivement une esthétique réaliste, et qui se donne pour ambition d’étudier le cadre et les mœurs
d’une population à travers la trajectoire de ces personnages.
Le groupement de textes, construit de façon diachronique, a pour objet de montrer l’émergence
d’un regard nouveau que porte le romancier sur la ville, qui en s’inscrivant dans le prolongement
des moralistes, se construit en un véritable discours à visée global sur Paris et ses habitants.
Les deux extraits de romans épistolaires nous proposent tout d’abord le regard critique, amusé
ou indigné, d’un observateur-personnage qui découvre Paris et en perçoit les ridicules et les
vices. Les deux passages de romans du XIXe font place à un discours général du narrateur qui
précède ou accompagne le cours du récit. Si Balzac nous propose une approche déterministe
de la ville et des Parisiens, qui relève de la physiognomonie, Victor Hugo, quant à lui, perçoit à
travers la figure du gamin parisien, les signes d’un avenir en gestation.
Ce corpus permet en outre d’initier les élèves à l’argumentation, en prenant appui notamment
sur les connotations péjoratives, sur la dimension axiologique du lexique, sur les marques de
construction et de progression du texte.

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La ville, lieu de tous les possibles ?

Texte n°1
Rica à Ibben
A Smyrrne.

Nous sommes à Paris depuis un mois, et nous avons été dans un mouvement
continuel. Il faut bien des affaires avant qu’on soit logé, qu’on ait trouvé des gens à qui on est
adressé, et qu’on se soit pourvu des choses nécessaires qui manquent toutes à la fois.

Paris est aussi grand qu’Ispahan : les maisons y sont si hautes qu’on jurerait qu’elles
ne sont habitées que par des astrologues. Tu juges bien qu’une ville bâtie en l’air, qui a six ou
sept maisons les unes sur les autres, est extrêmement peuplée ; et que, quand tout le monde
est descendu dans la rue, il s’y fait un bel embarras.

Tu le croirais pas peut-être, depuis un mois que je suis ici, je n’y ai encore vu marcher
personne. Il n’y a point de gens au monde qui tirent au mieux parti de leur machine que les
Français ; ils courent ; ils volent : les voitures lentes d’Asie, le pas réglé de nos chameaux, les
feraient tomber en syncope. Pour moi, qui ne suis point fait à ce train, et qui vais souvent à
pied sans changer d’allure, j’enrage quelquefois comme un chrétien : car encore passe qu’on
m’éclabousse depuis les pieds jusqu’à la tête, mais je ne puis pardonner les coups de coude
que je reçois régulièrement et périodiquement. Un homme qui vient après moi et qui me
passe me fait faire un demi-tour ; et un autre qui me croise de l’autre côté me remet soudain
où le premier m’avait pris ; et je n’ai pas fait cent pas que je suis plus brisé que si j’avais fait
dix lieues.

Ne crois pas que je puisse, quant à présent, te parler à fond des mœurs et des
coutumes européennes : je n’en ai pas moi-même qu’une légère idée, et je n’ai eu à peine que
le temps de m’étonner.
Montesquieu, lettre XXIV (extrait), Les Lettres persanes, 1721.

Texte n°2
Au premier coup d’œil que l’on jette sur le peuple de Paris, il paraît tout le contraire de
nos citadins de province ; chez nous, c’est l’apathie, la nonchalance, le goût de la tranquillité :
ici, l’on voit une activité, un air d’affaire ; on ne marche pas, on court, on vole ; nulle attention
les uns pour les autres ; très peu d’égards dans les occasions même qui le demandent ; on voit
que tous ces gens-là sont des pièces séparées, qui ne forment point un tout. Je crois que la
politique y gagne ; mais l’humanité sûrement y perd. Si un homme que des voleurs assassinent
se sauve dans une boutique, il en est pour l’ordinaire inhumainement repoussé par le maître
qui le voit massacrer de sang-froid à sa porte.

Cependant, il ne faut pas croire que tous ces gens qui se heurtent, qui poussent, dont
les pieds touchent à peine le pavé, aient tous des affaires pressées ; c’est la manière d’ici : où
croirais-tu que court ce négociant père de famille ? A la Bourse, chez les fabricants ? non, c’est
chez une petite grisette qu’il entretient ; cet homme en robe, chargé de sacs et de paperasses,
à l’audience ? non : il va dans la galerie du palais, conter fleurette à une fille de modes ; cet
abbé ?... il vole au foyer de la comédie ou de l’opéra, faire sa cour aux actrices, et juger une
pièce nouvelle dont il y a répétition ; cette jeune personne si modeste, dont les yeux baissés ne
voient que le pavé ?... à un rendez-vous, mon frère, etc. Ainsi tu vois qu’ici les occupations d’un
certain monde ne valent pas mieux que l’inutilité de chez nous.

Il est aisé d’imaginer que l’indifférence qu’ont ici tous les hommes les uns pour
les autres, n’est pas un aliment de probité ; des êtres qui sont parfaitement indifférents
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

et inconnus, qui par conséquent ne rougissent presque jamais les uns devant les autres,
doivent chercher à se tromper ; et c’est ce qui arrive ; Paris est le centre de la filouterie, de
l’escroquerie, du vol, de tous les vices, de tous les crimes qui y ont rapport. Le sexe y doit y
avoir moins de pudeur et moins de vertu, parce que le frein très puissant de l’opinion publique
y est presque nul.
Nicolas Restif de La Bretonne, Lettre XCII (extrait), Le Paysan perverti, 1775.

Texte n°3
Quelques observations sur l’âme de Paris peuvent expliquer les causes de sa
physionomie cadavéreuse qui n’a que deux âges, ou la jeunesse ou la caducité : jeunesse
blafarde et sans couleur, caducité fardée qui veut paraître jeune. En voyant ce peuple exhumé,
les étrangers, qui ne sont pas tenu de réfléchir, éprouvent tout d’abord un mouvement de
dégoût pour cette capitale, vaste atelier de jouissances, d’où bientôt eux-mêmes ils ne
peuvent sortir, et restent à s’y déformer volontiers. Peu de mots suffiront pour justifier
physiologiquement la teinte presque infernale des figures parisiennes, car ce n’est pas
seulement par plaisanterie que Paris a été nommé un enfer. Tenez ce mot pour vrai. Là,
tout fume, tout brule, tout bouillonne, tout flambe, s’évapore, s’éteint, étincèle, pétille et se
consume. Jamais vie en aucun pays ne fut plus ardente, ni plus cuisante.

(…) A force de s’intéresser à tout, le Parisien finit par ne s’intéresser à rien. Aucun
sentiment ne dominant sur sa face usée par le frottement, elle devient grise comme le plâtre
des maisons qui a reçu toute espèce de poussière et de fumée. En effet, indifférent la veille à
ce dont il s’enivrera le lendemain, le Parisien vit en enfant quel que soit son âge. Il murmure
de tout, se console de tout, se moque de tout, oublie tout, veut tout, goûte à tout, prend tout
avec passion, quitte tout avec insouciance ; ses rois, ses conquêtes, sa gloire, son idole, qu’elle
soit de bronze ou de verre ; comme il jette ses bas, ses chapeaux et sa fortune.
Honoré de Balzac, La Fille aux yeux d’or, 1834.

Texte n°4
Pour tout résumer encore, le gamin de Paris aujourd’hui, comme autrefois le
graeculus de Rome, c’est le peuple enfant ayant au front la ride du monde vieux.

Le gamin est une grâce pour la nation, et en même temps une maladie. Maladie qu’il
faut guérir. Comment ? Par la lumière.
La lumière assainit.
La lumière allume.
Toutes les généreuses irradiations sociales sortent de la science, des lettres, des
arts, de l’enseignement. Faites des hommes, faites des hommes. Eclairez-les pour qu’ils
vous échauffent. Tôt ou tard la splendide question de l’instruction universelle se portera avec
l’irrésistible autorité du vrai absolu ; et alors ceux qui gouverneront sous la surveillance de
l’idée française auront à faire ce choix : les enfants de France, ou les gamins de Paris ; des
flammes dans la lumière, ou des feux follets dans les ténèbres.

Car Paris est un total. Paris est le plafond du genre humain. Toute cette prodigieuse
ville est un raccourci des mœurs mortes et des mœurs vivantes. Qui voit paris croit voir les
dessous de toute l’histoire avec du ciel et des constellations dans les intervalles. (…) Tout ce
qui est ailleurs est à paris.
Victor Hugo, Les Misérables, troisième partie, livre premier « Paris étudié dans son atome »,
chapitre X « ecce Paris, ecce homo », 1862.
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Questionnements complémentaires

La ville, lieu de tous les possibles ?

Corpus : Carthage,
la représentation d’une ville antique

Corpus de textes

De l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle, la ville de Carthage fascine par sa légende sans cesse réac-
tualisée. Si elle obéit, dans le projet virgilien, à une logique politique et culturelle destinée à
affirmer la supériorité de Rome, elle fait figure de nouvelle Babylone dans l’itinéraire spirituel
que Saint-Augustin se construit dans les Confessions. Si Carthage s’oppose toujours à Rome,
elle n’est plus la cité de la pieuse Didon mais celle qui soumet Augustin à la tentation du mal.
Et parce que Dieu le met à l’épreuve, Rome sera son salut. Cette double polarité présente dès
l’Antiquité avec le texte de l’historien Justin dans son Histoire Universelle se retrouve dans la
littérature du XIXe siècle. Le voyageur romantique que fut Chateaubriand dans Itinéraire de Paris
à Jérusalem met l’histoire au service de la littérature, énumère les noms prestigieux associés à
Carthage pour mieux ré-enchanter le décor décevant qu’il a sous les yeux, esquissant ainsi une
poétique des ruines qui renouvelle le mythe d’une ville à la fois chérie et haïe des dieux. Cette
même tentation romantique semble s’emparer de Flaubert dans Salammbô. L’arrivée des bar-
bares transforme la cité en un gigantesque décor épique plein de bruit et de fureur. Les connais-
sances historiques patiemment accumulées par l’auteur se conjuguent aux lieux communs
traditionnellement associés aux villes d’Orient, renouvelant ainsi la fascination ambiguë que
cette ville a toujours exercée.

Texte n°1 : « La naissance d’une ville en pleine effervescence »


[…] Énée admire l’œuvre imposante, naguère village de nomades ; il admire les portes,
l’animation des rues, leurs dalles pavées. Les Tyriens s’activent, pleins d’ardeur : les uns
élèvent des murs, bâtissent la citadelle, roulant et hissant de leurs mains des blocs de pierres
; d’autres choisissent l’endroit de leur maison et l’entourent d’un sillon. Ils instaurent des lois,
des magistrats et un sénat vénérable. Ici, des hommes creusent un port ; là, d’autres creusent
les profondes fondations de théâtres et taillent dans le roc d’immenses colonnes, fiers décors
pour les scènes à venir. On dirait des abeilles qui, à la naissance de l’été, s’activent à la tâche,
dans les champs en fleurs, en plein soleil : elles font sortir leurs petits devenus adultes,
elles entassent le miel liquoreux dans les alvéoles qui se gonflent de ce doux nectar, elles
recueillent la récolte des ouvrières qui rentrent, ou, en colonne, écartent des ruches la gent
paresseuse des frelons. La tâche se fait dans l’effervescence, et le miel fleure bon le thym. «
Qu’ils sont heureux, ceux dont les murs déjà s’élèvent ! » dit Énée en portant ses regards vers
les toits de la ville. Entouré d’un nuage, miracle indicible, il s’avance parmi la foule, se mêle
aux gens, sans qu’on le voie. Au centre de la ville se trouvait un bois sacré, délicieusement
ombragé, à l’endroit où les Puniques, malmenés par les flots et la tempête, mirent à jour dès
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

leur arrivée le présage que leur avait annoncé la royale Junon : la tête d’un cheval fougueux ;
ainsi donc leur nation serait incomparable à la guerre et vivrait prospère des siècles durant.
C’est là que la sidonienne Didon fondait un immense temple dédié à Junon, somptueux par les
offrandes et par la puissance de la déesse ; en haut des degrés, un portail de bronze et des
poutres attachées par du bronze, et les gonds des portes d’airain qui grinçaient.
Virgile, Enéide, (Chant I, v.421-449).
Traduction disponible ici.

Texte n°2 : « Les premiers temps d’une ville marquée par la violence »
V […] Arrivée sur les côtes d’Afrique, Élissa recherche l’aminé des habitants, qui voyaient avec
joie, dans l’arrivée de ces étrangers, une occasion de trafic et de mutuels échanges. Ensuite
elle acheta autant de terrain qu’en pouvait couvrir une peau de bœuf, pour assurer jusqu’à
son départ un lieu de repos à ses compagnons fatigués d’une si longue navigation ; puis,
faisant couper le cuir en bandes très étroites, elle occupe pies d’espace qu’elle n’en avait
paru demander. De là vint plus tard à ce lieu le nom de Byrsa. Attirés par l’espoir du gain, les
habitants des contrées voisines accourant en foule pour vendre leurs denrées à ces hôtes
nouveaux, ils s’établissaient parmi eux, et leur nombre toujours croissant donna bientôt à la
colonie l’aspect d’une ville. Les députés d’Utique, retrouvant en eux des frères, vinrent leur
offrir des présents et les presser de fonder une ville dans le lieu que le sort venait de leur
donner pour asile. Les Africains voulurent aussi retenir ces étrangers parmi eux. Ainsi, du
consentement de tous, Carthage est fondée ; un tribut annuel est le prix du terrain qu’elle
occupe. En commençant à creuser ses fondements, on trouva une tête de bœuf qui présageait
un sol fécond, mais de difficile culture, et un esclavage éternel ; on alla donc élever la ville
sur un autre terrain : en le creusant, on y trouva une tête de cheval, symbole de valeur et de
puissance, qui semblait consacrer le siège de la cité nouvelle. Attirés par la renommée, de
nombreux habitons vinrent bientôt la peupler et l’agrandir.

VI. Déjà Carthage état riche et puissante, lorsqu’Hiarbas, roi des Maxitains, ayant appelé près
de lui dix des principaux Carthaginois, leur demanda la main d’Elissa, sous menace de la
guerre. Les députés n’osant rapporter ce message à la reine, ont recours, pour la surprendre,
à l’astuce carthaginoise. Le roi, disaient-ils, voudrait que l’un d’eux vînt civiliser les Africains et
leur roi ; mais qui pourra consentir à s’éloigner de ses frères pour aller partager la vie sauvage
de ces barbares ? La reine leur répond par des reproches : craindraient-ils de sacrifier les
douceurs d’une vie tranquille au salut de cette patrie, à laquelle ils devraient, au besoin,
sacrifier leur vie elle-même. Ce fut alors qu’ils lui rendirent compte des volontés du roi, en
ajoutant que, pour sauver Carthage, elle devait suivre elle-même les conseils qu’elle venait
de donner. Surprise par cet artifice, Élissa, baignée de larmes, et poussant des cris plaintifs,
invoqua longtemps le nom de son époux Acerbas ; enfin elle promit d’aller où l’appelaient
les destins de Carthage. Elle prend un délai de trois mois, fait élever aux portes de la ville un
vaste bûcher, immole de nombreuses victimes destinées, dit-elle, à apaiser les mânes de son
époux et à expier son nouvel hymen ; puis, armée d’un poignard, elle monte sur le bûcher, et
se tournant vers le peuple : «Docile à vos désirs, dit-elle, je vais me joindre à mon époux ; « et
elle se perce le sein. Tant que Carthage fut invincible, Élissa reçut les honneurs divins. Fondée
soixante-douze ans avant Rome, cette ville, illustre au dehors par ses succès militaires, se vit
sans cesse en proie aux agitations domestiques. La peste étant venue ajouter à ses désastres,
elle ensanglanta les autels, et chercha un remède dans le crime : elle immola des hommes en
sacrifice ; sans pitié pour un âge qu’épargne le glaive ennemi, elle égorgea des enfants dans
ses temples, et crut apaiser les dieux par le sang même de ceux pour lesquels on implore si
souvent leur faveur.
Justin, Histoire universelle, Livre XVIII, chap. 5 (extraits) et 6.
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La ville, lieu de tous les possibles ?

Texte n°3 : « Carthage, la ville de tous les vices »


14. C’est donc par un ordre inconnu de votre Providence, qu’il me fut persuadé d’aller à Rome,
pour y enseigner la rhétorique plutôt qu’à Carthage. Et d’où me vint cette persuasion, je ne
manquerai pas de vous le confesser, parce qu’ici les abîmes de vos secrets, et la présence
permanente de votre miséricorde sur nous, se découvrent à ma pensée et sollicitent mes
louanges. Je ne me laissai pas conduire à Rome par l’espoir que m’y promettaient mes amis,
de considération et d’avantages plus grands, quoique de telles raisons fussent alors toutes-
puissantes sur mon esprit; mais la plus forte, la seule même qui me décida, c’est que j’avais
ouï dire que la jeunesse y était plus studieuse, plus patiente de l’ordre et de la répression ;
qu’un maître n’y voyait jamais sa classe insolemment envahie par des disciples étrangers
à ses leçons, et qu’on ne pouvait même y être admis que sur sa permission. Or, rien n’est
comparable à la honteuse et brutale licence des écoliers de Carthage. Ils forcent l’entrée des
cours avec fureur et leur démence effrontée bouleverse l’ordre que chaque maître y établit
dans l’intérêt de ses disciples. Ils commettent, avec une impudente stupidité, mille insolences
que la loi devrait punir, si elles ne comptaient sur le patronage de la coutume. Malheureux,
qui font, comme licite, ce qui sera toujours illicite devant votre loi éternelle; qui croient à
l’impunité, déjà punis par leur cécité morale, et souffrant incomparablement plus qu’ils ne
font souffrir. Ces brutales habitudes dont, écolier, j’avais su me préserver, maître; j’étais
contraint de les endurer. Voilà ce qui m’attirait où un témoignage unanime m’assurait qu’il
ne se passait rien de semblable. Mais vous, « mon espérance et mon héritage dans la terre
des vivants (Ps CXLI, 6) », vous m’inspiriez ce désir de migration pour le salut de mon âme,
vous prêtiez des épines à Carthage pour m’en arracher, des charmes à Rome pour m’y attirer,
et cela par l’entremise de ces hommes, amateurs de cette mort vivante; les uns m’étalant
leurs insolences, les autres leurs vaines promesses, et, afin de redresser mes pas, vous vous
serviez en secret de leur malice et de la mienne. Ces perturbateurs de mon repos étaient
possédés d’une aveugle frénésie […] et moi, qui détestais à Carthage une réalité de misère, je
poursuivais à Rome un mensonge de félicité
Saint-Augustin, Confessions, V, 8, 14-15 (extrait).
Œuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français, sous la
direction de M. Raulx. Tome XI, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Editeurs, 1868.
Traduction disponible ici.

Texte n°4 : « Quand l’histoire rejoint la légende »


L’an 883 avant notre ère, Didon, obligée de fuir sa terre natale, vint aborder en Afrique.
Carthage, fondée par l’épouse de Sichée, dut ainsi sa naissance à l’une de ces aventures
tragiques qui marquent le berceau des peuples et qui sont comme le germe et le présage
des maux, fruits plus ou moins tardifs de toute société humaine. On connaît l’heureux
anachronisme de l’Énéide. Tel est le privilège du génie, que les poétiques malheurs de
Didon sont devenus une partie de la gloire de Carthage. A la vue des ruines de cette cité, on
cherche les flammes du bûcher funèbre ; on croit entendre les imprécations d’une femme
abandonnée ; on admire ces puissants mensonges qui peuvent occuper l’imagination, dans
des lieux remplis des plus grands souvenirs de l’histoire. Certes, lorsqu’une reine expirante
appelle dans les murs de Carthage les divinités ennemies de Rome et les dieux vengeurs
de l’hospitalité ; lorsque Vénus, sourde aux prières de l’amour, exauce les vœux de la haine,
qu’elle refuse à Didon un descendant d’Enée et lui accorde Annibal, de telles merveilles,
exprimées dans un merveilleux langage, ne peuvent plus être passées sous silence. L’histoire
prend alors son rang parmi les Muses, et la fiction devient aussi grave que la vérité.
Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem
(Septième partie « Voyage de Tunis et retour en France »)
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La ville, lieu de tous les possibles ?

Texte n°5 : « Carthage, une ville romanesque »


Les gens de la campagne, montés sur des ânes ou courant à pied, pâles, essoufflés, fous de
peur, arrivèrent dans la ville. Ils fuyaient devant l’armée. En trois jours, elle avait fait le chemin
de Sicca, pour venir à Carthage et tout exterminer.

On ferma les portes. Les Barbares, presque aussitôt, parurent ; mais ils s’arrêtèrent au milieu
de l’isthme, sur le bord du lac.

D’abord ils n’annoncèrent rien d’hostile. Plusieurs s’approchèrent avec des palmes à la main.
Ils furent repoussés à coups de flèches, tant la terreur était grande.

Le matin et à la tombée du jour, des rôdeurs quelquefois erraient le long des murs. On
remarquait surtout un petit homme, enveloppé soigneusement d’un manteau et dont la figure
disparaissait sous une visière très basse. Il restait pendant de grandes heures à regarder
l’aqueduc, et avec une telle persistance, qu’il voulait sans doute égarer les Carthaginois sur
ses véritables desseins. Un autre homme l’accompagnait, une sorte de géant qui marchait tête
nue.

Mais Carthage était défendue dans toute la largeur de l’isthme : d’abord par un fossé, ensuite
par un rempart de gazon, et enfin par un mur, haut de trente coudées, en pierres de taille, et à
double étage. Il contenait des écuries pour trois cents éléphants avec des magasins pour leurs
caparaçons, leurs entraves et leur nourriture, puis d’autres écuries pour quatre mille chevaux
avec les provisions d’orge et les harnachements, et des casernes pour vingt mille soldats avec
les armures et tout le matériel de guerre. Des tours s’élevaient sur le second étage, toutes
garnies de créneaux, et qui portaient en dehors des boucliers de bronze, suspendus à des
crampons.

Cette première ligne de murailles abritait immédiatement Malqua, le quartier des gens de la
marine et des teinturiers. On apercevait des mâts où séchaient des voiles de pourpre, et sur
les dernières terrasses des fourneaux d’argile pour cuire la saumure.

Par-derrière, la ville étageait en amphithéâtre ses hautes maisons de forme cubique. Elles
étaient en pierres, en planches, en galets, en roseaux, en coquillages, en terre battue. Les bois
des temples faisaient comme des lacs de verdure dans cette montagne de blocs, diversement
coloriés. Les places publiques la nivelaient à des distances inégales ; d’innombrables ruelles
s’entrecroisant la coupaient du haut en bas. On distinguait les enceintes des trois vieux
quartiers, maintenant confondues ; elles se levaient çà et là comme de grands écueils, ou
allongeaient des pans énormes, — à demi couverts de fleurs, noircis, largement rayés par le
jet des immondices, et des rues passaient dans leurs ouvertures béantes, comme des fleuves
sous des ponts.

La colline de l’Acropole, au centre de Byrsa, disparaissait sous un désordre de monuments.


C’étaient des temples à colonnes torses avec des chapiteaux de bronze et des chaînes de
métal, des cônes en pierres sèches à bandes d’azur, des coupoles de cuivre, des architraves
de marbre, des contreforts babyloniens, des obélisques posant sur leur pointe comme des
flambeaux renversés. Les péristyles atteignaient aux frontons ; les volutes se déroulaient entre
les colonnades ; des murailles de granit supportaient des cloisons de tuile ; tout cela montait
l’un sur l’autre en se cachant à demi, d’une façon merveilleuse et incompréhensible. On y
sentait la succession des âges et comme des souvenirs de patries oubliées.

Derrière l’Acropole, dans des terrains rouges, le chemin des Mappales, bordé de tombeaux,
s’allongeait en ligne droite du rivage aux catacombes ; de larges habitations s’espaçaient
ensuite dans des jardins, et ce troisième quartier, Mégara, la ville neuve, allait jusqu’au bord
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La ville, lieu de tous les possibles ?

de la falaise, où se dressait un phare géant qui flambait toutes les nuits.

Carthage se déployait ainsi devant les soldats établis dans la plaine.

De loin ils reconnaissaient les marchés, les carrefours ; ils se disputaient sur l’emplacement
des temples. Celui de Khamon, en face des Syssites, avait des tuiles d’or ; Melkarth, à la
gauche d’Eschmoûn, portait sur sa toiture des branches de corail ; Tanit, au-delà, arrondissait
dans les palmiers sa coupole de cuivre ; le noir Moloch était au bas des citernes, du côté
du phare. L’on voyait à l’angle des frontons, sur le sommet des murs, au coin des places,
partout, des divinités à tête hideuse, colossales ou trapues, avec des ventres énormes, ou
démesurément aplaties, ouvrant la gueule, écartant les bras, tenant à la main des fourches,
des chaînes ou des javelots ; et le bleu de la mer s’étalait au fond des rues, que la perspective
rendait encore plus escarpées.

Un peuple tumultueux du matin au soir les emplissait ; de jeunes garçons, agitant des
sonnettes, criaient à la porte des bains : les boutiques de boissons chaudes fumaient, l’air
retentissait du tapage des enclumes, les coqs blancs consacrés au Soleil chantaient sur les
terrasses, les bœufs que l’on égorgeait mugissaient dans les temples, des esclaves couraient
avec des corbeilles sur leur tête ; et, dans l’enfoncement des portiques, quelque prêtre
apparaissait drapé d’un manteau sombre, nu-pieds et en bonnet pointu.

Ce spectacle de Carthage irritait les Barbares. Ils l’admiraient, ils l’exécraient, ils auraient
voulu tout à la fois l’anéantir et l’habiter. Mais qu’y avait-il dans le Port-Militaire, défendu
par une triple muraille ? Puis, derrière la ville, au fond de Mégara, plus haut que l’Acropole,
apparaissait le palais d’Hamilcar.
G. Flaubert, Salammbô (début du chapitre 4)

Corpus d’images
Le corpus d’images proposé montre que la peinture de la ville répond à deux orientations
différentes. D’un côté, Claude Lorrain, J. W. Turner proposent une vision poétique de la ville,
presque irréelle et en écho à la description qu’en fait Virgile. La ville est assez ouverte pour
être accueillante et suffisamment animée pour accrocher le regard du spectateur. Mais elle est
en même temps un espace qui s’ouvre vers l’infini, comme si le regard, attiré vers des arrières
plans lumineux, s’étirait dans le lointain. Il s’agit d’une approche inverse de celle du peintre
d’histoire qui place le sujet narratif au premier plan pour lui accorder le plus fort éclairage.
Le Lorrain et Turner inventent au contraire des paysages au décor architectural fantaisiste qui
invitent le spectateur à dépasser le premier plan pour ensuite contempler l’espace infini auquel
ils donnent accès. Bien davantage qu’une réflexion sur l’histoire des civilisations, ces tableaux de
Carthage, par leur tonalité élégiaque et mélancolique, proposent une réflexion sur la condition
humaine.
De l’autre côté, la ville de Carthage est totalement associée à la trajectoire mythique de Didon.
Le désespoir de cette dernière fait oublier le caractère miraculeux de la ville naissante. Au XXe
siècle plus particulièrement, le regard du spectateur se concentre sur Didon, la ville se limi-
tant au palais royal du haut duquel Didon observe avec une grande mélancolie le navire d’Enée
s’éloigner. Elle n’apparaît plus qu’en arrière-plan, et sa vue est obstruée par la figure statique de
la reine figée dans son malheur. La ville n’est donc plus que le décor dramatique d’une existence
promise aux plus hautes espérances et pourtant toujours malmenée par les événements.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Sur Carthage :
• Claude Gellée dit le Lorrain Didon montrant Carthage à Énée. 1676.
Huile sur toile 120 x 149,2 cm. Hambourg, Kunsthalle ;
• Joseph Mallord William Turner. Didon faisant construire Carthage (ou l’Ascension de l’Empire
carthaginois). 1815. Huile sur toile, 155,6 x 231,8 cm. Londres, National Gallery;
• Joseph Mallord William Turner. Le Déclin de l’Empire carthaginois. 1817.
Huile sur toile, 170 x 238,5 cm. Londres, Tate Britain ;
• Joseph Mallord William Turner. Didon dirigeant l’armement de la flotte ou Le matin de l’empire
carthaginois. Exposé en 1828. Huile sur toile, 150 x 226 cm. Londres, Tate Britain ;
• Joseph Mallord William Turner. Le départ de la flotte. Exposé en 1850.
Huile sur toile, 89,9 x 120,3 cm. Londres, Tate Britain;
• Edmund [Edmond] Dulac Follies that destroyed famous queens : Dido. (1934).
Aquarelle, 35,8 x 33,4 cm;
• David Ligare, Dido in resolve.1989. University of Missouri, Museum of Art and Archaeology.

Sur la Tour de Babel :


• Manuscrit de Saint Augustin : La Cité de Dieu. Flamand, XIVe siècle. 256 feuillets,
manuscrit sur parchemin relié pleine toile ; fol. 3 : Babylone et tour de Babel. H. : 47 cm ;
l. : 35 cm ; ép. : 11cm. Paris, BnF. MS 523 ;
• Lucas van Valkenborch, La Tour de Babel. Peinture à l’huile sur panneau de bois. Paris,
Musée du Louvre;
• Etienne-Louis Boullée, « Tour de Babel- Fanal tronconique ». Entre 1781et 1793. Encre, lavis
gris-brun foncé. Paris, BnF;
• Frank Lloyd Wright, Monument à Haroun-al-Rashid. 1957. Crayon et crayon de couleur sur
papier calque. H. : 1,52 m ; l. : 71 cm. Scottsdale (Arizona), Frank Lloyd Wright Foundation. Inv.
5751-004.
Images disponibles sur : mini-site.louvre.fr

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

La ville, lieu de tous les possibles ?

Groupement de textes :
Errances poétiques

La ville, à partir du XXe siècle, et particulièrement du symbolisme, devient un des espaces privi-
légiés de l’errance du poète. Cette déambulation fait état des sentiments du poète, qui se mêlent
à l’évocation des lieux jusqu’à les contaminer, voire les métamorphoser. Épanchement mélanco-
lique ou mortifère, douleur due à la perte de la femme aimée, nostalgie d’un passé amoureux,
mais aussi pouvoir de séduction de la ville qui, par la magie de ses lieux, ouvre de nouveaux
horizons, rencontre fortuite, complicité nouvelle et régénérescence du souffle poétique.
Ce corpus de textes, outre sa cohérence thématique, permet une étude de l’écriture lyrique
dans ses formes les plus traditionnelles, isométriques, à celles plus modernes d’une écriture
poétique en prose. L’évocation des lieux urbains, le choix des motifs décrits permettent aussi
d’étudier tout un processus de métamorphose qui est à l’œuvre dans l’écriture poétique.

Texte n°1
À une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.


Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.


Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit! - Fugitive beauté


Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité?

Ailleurs, bien loin d’ici! trop tard! jamais peut-être!


Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais!
Baudelaire, Tableaux parisiens, Les Fleurs du Mal, 1857.

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Texte n°2
Vieux quais

Il est une heure exquise à l’approche des soirs,


Quand le ciel est empli de processions roses
Qui s’en vont effeuillant des âmes et des roses
Et balançant dans l’air des parfums d’encensoirs.

Alors tout s’avivant sous les lueurs décrues


Du couchant dont s’éteint peu à peu la rougeur,
Un charme se révèle aux yeux las du songeur :
Le charme des vieux murs au fond des vieilles rues.

Façades en relief, vitraux coloriés,


Bandes d’Amours captifs dans le deuil des cartouches,
Femmes dont la poussière a défleuri les bouches,
Fleurs de pierre égayant les murs historiés.

Le gothique noirci des pignons se décalque


En escaliers de crêpe au fil dormant de l’eau,
Et la lune se lève au milieu d’un halo
Comme une lampe d’or sur un grand catafalque.

Oh ! les vieux quais dormants dans le soir solennel,


Sentant passer soudain sur leurs faces de pierre
Les baisers et l’adieu glacé de la rivière
Qui s’en va tout là-bas sous les ponts en tunnel.

Oh !les canaux bleuis à l’heure où l’on allume


Les lanternes, canaux regardés des amants
Qui devant l’eau qui passe échangent des serments
En entendant gémir des cloches dans la brume.

Tout agonise et tout se tait : on n’entend plus


Qu’un très mélancolique air de flûte qui pleure,
Seul, dans quelque invisible et noirâtre demeure
Où le joueur s’accoude aux châssis vermoulus !

Et l’on devine au loin le musicien sombre,


Pauvre, morne, qui joue au bord croulant des toits ;
La tristesse du soir a passé dans ses doigts,
Et dans sa flûte à trous il fait chanter de l’ombre.
Georges Rodenbach, La Jeunesse blanche, 1886.

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Texte n°3
La Chanson du Mal-aimé
à Paul Léautaud

Et je chantais cette romance


En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
D’un beau phénix s’il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance.

Un soir de demi-brume à Londres


Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu’il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte

Je suivis ce mauvais garçon


Qui sifflotait main dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon

Que tombent ces vagues de briques


Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d’Egypte
Sa sœur-épouse son armée
Si tu n’es pas l’amour unique

Au tournant d’une rue brûlant


De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant

C’était son regard d’inhumaine


La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d’une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l’amour même

…………..

Juin ton soleil ardente lyre


Brûle mes doigts endoloris
Triste et mélodieux délire
J’erre à travers mon beau Paris
Sans avoir le cœur d’y mourir

Les dimanches s’y éternisent


Et les orgues de Barbarie
Y sanglotent dans les cours grises
Les fleurs aux balcons de paris
Penchent comme la tour de Pise
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Soirs de Paris ivres du gin


Flambant de l’électricité
Les tramways feux verts sur l’échine
Musiquent au long des portées
De rails leur folie de machines

Les cafés gonflés de fumée


Crient tout l’amour de leurs tsiganes
De tous leurs siphons enrhumés
De leurs garçons vêtus d’un pagne
Vers toi toi que j’ai tant aimé

Moi qui sais des lais pour les reines


Les complaintes de mes années
Des hymnes d’esclaves aux murènes
La romance du mal-aimé
Et des chansons pour les sirènes
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913.

Texte n°4
La nuit d’exil
Qu’importe à l’exilé que les couleurs soient fausses
On jurerait dit-il que c’est Paris si on
Ne refusait de croire aux apparitions
J’entends le violon préluder dans la fosse

C’est l’Opéra dit-il ce feu follet changeant


J’aurais voulu fixer dans mes yeux mal ouverts
Ces balcons embrasés ces bronzes ce toit vert
Cette émeraude éteinte et ce renard d’argent

Je reconnais dit-il ces danseuses de pierre


Celle qui les conduit brandit un tambourin
Mais qui met à leur front ces reflets sous-marins
Le dormeur-éveillé se frotte les paupières

Des méduses dit-il des lunes des halos


Sous mes doigts fins sans fin déroulent leurs pâleurs
Dans l’Opéra paré d’opales et de pleurs
L’orchestre au grand complet contrefait mes sanglots

J’aurais voulu fixer dans ma folle mémoire


Cette rose dit-il cette mauve inconnue
Ce domino fantôme au bout de l’avenue
Qui changeait pour nous seuls de robe tous les soirs

Ces nuits t’en souvient-il Me souvenir me nuit


Avaient autant d’éclairs que l’œil noir des colombes
Rien ne nous reste plus de ces bijoux de l’ombre
Nous savons maintenant ce que c’est que la nuit

Ceux qui s’aiment d’amour n’ont qu’elle pour adresse


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D’un ciel de cyclamen au-dessus de Paris


Ô nuits à peine nuits couleur de la tendresse

Le firmament pontait des diamants pour toi


Je t’ai joué mon cœur sur les chances égales
Soleil tournant des boulevards feux de Bengale
Que d’étoiles à terre et par-dessus les toits

Quand j’y songe aujourd’hui les étoiles trichèrent


Le vent charriait trop de rêves dérivés
Et les pas des rêveurs sonnaient sur les pavés
Des amants s’enlaçaient sous les portes cochèrent

Nous peuplions à deux l’infini de nos bras


Ta blancheur enflammait la pénombre éternelle
Et je ne voyais pas au fond de tes prunelles
Les yeux d’or des trottoirs qui ne s’éteignaient pas

Passe-t-il toujours des charrettes de légumes


Alors les percherons s’en allaient lentement
Avec dans les choux-fleurs des hommes bleus dormant
Les chevaux de Marly se cabraient dans la brume

Les laitiers y font-il une aube de fer-blanc


Et pointe Saint-Eustache aux crochets des boutiques
Les bouchers pendent-ils des bêtes fantastiques
Épinglant la cocarde à leurs ventres sanglants

A-t-il a tout jamais décidé de se taire


Quand la douceur d’aimer un soir à disparu
Le phono mécanique au coin de notre rue
Qui pour dix sous français chantait un petit air

Reverrons-nous jamais le paradis lointain


Les Halles l’Opéra la Concorde et le Louvre
Ces nuits t’en souvient-il quand la nuit nous recouvre
La nuit qui vient du cœur et n’a pas de matin
Paul Aragon, Les yeux d’Elsa, 1942.

Texte n°5
Tant bien que mal j’atteins la place de la Concorde. L’espace devient tout à coup
maritime. Même par vent presque nul, un souffle d’appareillage s’y fait sentir. Et, contre les
colonnes, sous les balustrades où veillent les lions, montent en se balançant des vaisseaux à
château du lorrain, dont tous les bois de coques et de mâts, et les cordes, et les toiles sifflent
et craquent, déchirant l’étendard fumeux qui sans cesse se redéploie au-dessus de la ville. Je
vais donc comme le long d’une plage, par des guérets. Et sans doute c’est l’indécision du soir
qui m’ouvre cette étendue, toujours pourtant mêlée aux pierres et au fracas de Paris. Car, en
plein jour, surtout dans les mois mal apprivoisés (février, mars, novembre), quand l’air pâlit
comme aux lisières des landes et des marais, les rues creusent dans une lueur d’estuaire
de sable : à chaque pas va surgir ce miroitement de perle entre les dunes, et le cœur bat,
et d’entières forêts qui transhument stationnent aux carrefours, puis s’éclipsent d’un bond
comme la licorne. Sur tous les monuments une sauvagerie élémentaire mais élémentaire a
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La ville, lieu de tous les possibles ?

subsisté. Réfugiée au ciel qui reste le plus sensible de cette terre, elle émeut jusqu’au marbre
ignorant des heures et des saisons. Un angle ébloui sorte alors en étrave au milieu de ce
flot de métamorphoses, hissant avec lui des palais dans la splendeur du premier jour. Des
attelages de bronze vert s’envolent ; on sent, perdus entre deux houles antédiluviennes des
fougères, les siècles en proie à leur fragilité, et l’espérance humaine écarquillée devant sa
solitude.
Jacques Réda, Les Ruines de Paris, Poésie/Gallimard, 1977. (P.10-11)

Annexe
Hugues recommençait chaque soir le même itinéraire, suivant la ligne des quais,
d’une marche indécise, un peu voûté déjà, quoiqu’il eût seulement quarante ans. Mais le
veuvage avait été pour lui un automne précoce ; Les tempes étaient dégarnies, les cheveux
pleins de cendre grise. Ses yeux fanés regardaient loin, très loin, au-delà de la vie.

Et comme Bruges était triste en ces fins d’après-midi ! Il l’aimait aussi ! C’est pour sa tristesse
même qu’il l’avait choisie et y était venu vivre après le grand désastre. Jadis, dans les temps
de bonheur, quand il voyageait avec sa femme, vivant à sa fantaisie, d’une existence un peu
cosmopolite, à Paris, en pays étranger, au bord de la mer, il y était venu avec elle, en passant,
sans que la grande mélancolie d’ici pût influencer leur joie ; Mais plus tard, resté seul, il s’était
ressouvenu de Bruges et avait eu l’intuition instantanée qu’il fallait s’y fixer désormais. Une
équation mystérieuse s’y établissait. A l’épouse morte devait correspondre une ville morte. Son
grand deuil exigeait un tel décor. La vie ne lui serait supportable qu’ici. Il y était venu d’instinct.
Que le monde ailleurs s’agite, bruisse, allume ses fêtes, tresse ses mille rumeurs. Il avait
besoin de silence infini et d’une existence si monotone qu’elle ne lui donnerait presque plus la
sensation de vivre.

(…) dans l’atmosphère muette des eaux et des rues inanimées, Hugues avait moins
senti la souffrance de son cœur, il avait pensé plus doucement à la morte. Il l’avait mieux
revue, mieux entendue, retrouvant au fil des canaux son visage d’Ophélie en allée, écoutant sa
voix dans la chanson grêle et lointaine des carillons.

La ville, elle aussi, aimée et belle jadis, incarnait de la sorte ses regrets. Bruges était
sa morte. Et sa morte était Bruges. Tout s’unifiait en une destinée pareille. C’était Bruges-la-
Morte, elle-même mise au tombeau de ses quais de pierre, avec les artères froidies de ses
canaux, quand avait cessé d’y battre la grande pulsation de la mer.

Ce soir-là, plus que jamais, tandis qu’il cheminait au hasard, le noir souvenir le hanta,
émergea de dessous les ponts où pleurent les visages de sources invisibles. Une impression
mortuaire émanait des logis clos, des vitres comme des yeux brouillés d’agonie, des pignons
décalquant dans l’eau des escaliers de crêpe. Il longea le Quai Vert, le Quai du Miroir, s’éloigna
vers le Pont du Moulin, les banlieues tristes bordées de peupliers. Et partout, sur sa tête,
l’égouttement froid, les petites notes salées des cloches de paroisse, projetées comme d’un
goupillon pour quelque absoute.
Georges Rodenbach, Bruges-la-Morte, 1892.

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FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

La ville, lieu de tous les possibles ?

Panels de lecture

L’enfant dans la ville

Lieu de découverte, de jeux, de liberté, de fantaisie, de dangers ou d’aliénation, la ville est aussi
un lieu de passage de l’enfance (la maison, l’école) à l’adolescence (transports urbains et amou-
reux). Si, dans un premier temps, le thème de la ville parait moins enchanteur que l’ile ou le
voyage, elle ouvre davantage sur le présent, sur le futur et sur les relations à l’autre.

Récits

Zazie dans le métro, Raymond Queneau, Gallimard, 2006


Zazie débarque à Paris pour la première fois chez Tonton Gabriel. Le Panthéon, les Invalides
et le tombeau du véritable Napoléon, elle n’en à que faire ! Mais kess-qui l’intéresse alors,
Zazie ? Le métro ! Et quand elle apprend que les employés sont en grève, elle leur envoie une
volée d’injures. Ne contrariez pas Zazie !

Oliver Twist, Charles Dickens, Le Livre de Poche, 2014


Dans un orphelinat de l’Angleterre victorienne, Oliver Twist survit au milieu de ses
compagnons d’infortune. Mal nourri, exploité, il est placé dans une entreprise de pompes
funèbres où, là encore, il ne connait que privations et mauvais traitements. Oliver endure tout,
jusqu’au jour où une provocation de trop le pousse à s’enfuir vers Londres. Epuisé, affamé, il
est recueilli par une bande de jeunes voleurs qui travaillent pour le vieux Fagin. Entre Dodger,
Bill, Nancy et les autres, Oliver découvre un monde cruel où seules comptent la ruse et la
force. Arrêté pour une tentative de vol qu’il n’a pas commis sur la personne de Mr. Brownlow,
Oliver ne trahit pas sa bande et s’attire la bienveillance du brave homme. Mais Fagin et Bill ne
tardent pas à remettre la main sur lui et l’obligent à participer au cambriolage de la demeure
de son bienfaiteur...

Le fantôme de l’immeuble, Melvin Burgess, Gallimard, 2001


David se trouve très souvent seul dans l’appartement qu’il occupe avec son père. Un jour,
poussé par une irrésistible curiosité, le garçon part en exploration dans... les tuyaux d’aération
de son immeuble ! Il peut observer ses voisins et visiter leur appartement à loisir, notamment
celui de M. Alveston, un vieil homme à la mémoire capricieuse. Mais les tours que David joue

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La ville, lieu de tous les possibles ?

aux autres locataires tournent au drame lorsqu’il s’aperçoit qu’un fantôme aussi dangereux
qu’incontrôlable hante cet insolite endroit. Un fantôme qui semble en vouloir farouchement au
vieil homme... Sur fond d’intrigue fantastique, une histoire d’amitié émouvante entre un jeune
homme et un vieillard au crépuscule de sa vie.

Rome l’enfer, Malika Ferdjoukh, L’école des loisirs (médium), 1995


Ce soir, les parents d’Henri vont à l’opéra. Le front et les joues brûlants - il a une angine - il
ouvre une porte d’armoire, et sa vie bascule. Dans la poche d’un veston de son père, il y a la
photo d’une femme et ces mots : Anna qui t’aime. À la poursuite d’Anna, qui l’aimerait peut-
être lui, Henri, s’il la trouvait, qui l’aimerait sûrement mieux en tout cas que sa mère aux yeux
secs, Henri va se cogner dans un monde dont il ne soupçonne pas la dureté. Sur les marches
de l’Opéra Bastille, il rencontre Waldo et Angela, il leur fait confiance, il a tort. La vie n’est pas
comme dans les livres où il s’est toujours réfugié. La vraie vie est bête, et cruelle. Henri court à
la catastrophe, le cœur rempli d’espoir et d’amour.

Le squat résiste, Franck Pavloff, Syros, 2006


La mère Noëlle squatte depuis des années une fabrique désaffectée avec ses cinq enfants,
tous de pères différents. La joyeuse bande fréquente l’école en pointillés et se nourrit presque
exclusivement de Nutella. Un jour, Noëlle est traînée de force au commissariat pour avoir
volé quelques friandises. Le ton monte : rien, cette fois, ne semble pouvoir sauver la famille
Causette de l’expulsion que lui promet le commissaire Javer. Mais Lalie et ses frères et sœurs
ont l’habitude de se serrer les coudes, et la résistance du squat s’organise…
Les gars de la rue Paul, Ferenc Molnar, Hachette, 1998
Le terrain vague de la rue Paul est bien plus qu’un bout de terre pour la bande de Jean Boka.
C’est son terrain de jeu et de liberté ! Seulement la bande rivale, les Chemises Rouges, le
convoite aussi... Une guerre en règle s’annonce alors ! Entre trahisons et plans de batailles, le
combat s’annonce difficile... et les plus courageux ne seront pas forcément ceux auxquels on
s’attendait.

La ville hors du temps, Michel Grimaud, Gallimard, 1999


À la mort du vieux Piérel, le petit Romain a hérité de la photographie d’une ville, Drêve, qui
n’existe nulle part sur terre. Il grandit, mais le mystère de Drêve ne cesse de le hanter. Un jour,
un phénomène inexplicable l’arrache à notre monde et le précipite dans une vallée hors du
temps, où se dresse la mystérieuse cité. Là, Romain découvre, à sa grande stupeur, qu’il a un
passé, des amis fidèles, un adversaire résolu en la personne du chevalier Mérol ! Et, surtout,
que l’éblouissante et énigmatique Demoiselle aurait été sa compagne en des temps qu’il
ignore...

Tour B2 mon amour, Pierre Bottéro, Flammarion, 2004


«Un coup frappé à la porte. Un surveillant entra. Je vous amène la nouvelle élève, elle s’était
égarée dans les couloirs... La fille pénétra dans la, classe. C’était elle, bien sûr, pensa Tristan.
Comme si tout était écrit à l’avance. Je le crois pas ! tonitrua Said. Tristan a flashé sur
cette meuf ! Un silence total s’abattit sur la classe. Tristan avait une drôle de boule nouée à
l’intérieur du ventre. Une boule faite d’un sentiment étrange qu’il n’avait pas envie, d’analyser.
Pas encore.» Dans la rue de Vienne où se dresse la tour B2, un premier amour s’écrit sur le
béton.

L’ile aux singes, Paula Fox, L’Ecole des Loisirs, 1992


L’histoire raconte les pérégrinations d’un enfant de 11 ans : Clay. Jeune garçon dont la mère
est partie sans raison apparente. Livré à lui même, il fuit les services sociaux dans lesquels il
n’a pas confiance et préfère vivre dans un parc avec la compagnie de deux SDF dans un parc
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

surnommé l’ile aux singes. Il attend malgré tout le retour de sa mère et retourne dans leur lieu
de vie pour l’épier sans résultat.

Le Robinson du métro, Felice Holman, Casterman, 2010


Victime une fois de plus de violence, Slake, un adolescent de treize ans, petit, myope et rêveur,
se réfugie dans le métro de New-York et décide de ne pas remonter. Il s’organise, trouve une
anfractuosité dans la paroi d’un tunnel pour dormir et revend les journaux abandonnés pour
s’acheter de quoi manger. Il va y rester cent-vingt-et-un jours. Sur une autre voie, Joe Willis
conduit une rame de métro et rêve d’être gardien de moutons en Australie… Un récit de survie
dans les entrailles du métro qui accroche le lecteur et renouvelle le mythe de Robinson. Un
roman d’apprentissage qui permet de suivre la construction du héros. Un regard sensible sur
la différence. Un univers bien construit avec de nombreux éléments symboliques - lieux, objets
ou personnages…- qui enrichissent le récit. Un second récit en contrepoint, une narration qui
mêle deux destins qui finiront par se croiser.

Ali Zaoua, prince de la rue, Nathalie Saugeon, Milan, 2012


Kwita, le narrateur, est un enfant des rues. Il vit avec ses amis Ali, Omar et Boubker. Ils ont
quitté la bande de Dib et se partagent un bout de quai abandonné du port de Casablanca.
Ali veut devenir marin et rejoindre une ile aux deux soleils. Mais Dib ne supporte pas
qu’on échappe à son autorité. Sa bande agresse les quatre amis avec des pierres. Ali est
mortellement touché. Kwita jure de l’enterrer comme un prince... Témoignage sur la condition
des enfants des rues marocains. Portrait sensible, sans misérabilisme ni moralisme, de
personnages fragiles, cabossés par la vie mais capables de mille subterfuges pour survivre.
Comme les personnages, le récit oscille entre rires et larmes, violence et tendresse, fatalité et
espoir.

Waterloo Necropolis, Mary Hooper, Casterman, 2010


Londres, 1861. Grace Parkes, presque 16 ans, vient d’accoucher d’un enfant mort-né. Afin
de lui donner une sépulture décente, la jeune fille embarque à bord de l’express funéraire
Necropolis, en direction du cimetière de Brockwood. Elle fera là-bas une rencontre avec Mr
et Mrs Unwin, propriétaires d’une des plus grandes entreprises de pompes funèbres de la
capitale, qui lui proposent de l’employer comme pleureuse d’enterrement. D’abord réticente,
Grace se verra bientôt contrainte d’accepter leur offre, après qu’elle et sa sœur Rose, qui
survivent à peine en vendant du cresson, sont expulsées de leur pension... Un stupéfiant
portrait de Londres à l’époque victorienne, qui n’est pas sans rappeler l’univers des livres de
Dickens.

Mondo et autres histoires, J.M.G. Le Clezio, Belin-Gallimard, 2010


Les contes de Le Clézio, qui semblent nés du rêve et du recueillement, nous parlent pourtant
de notre époque. Venu d’ailleurs, Mondo le petit garçon qui passe, Lullaby la voyageuse, Jon,
Juba le sage, Daniel Sindbad qui n’a jamais vu la mer, Alia, Petite Croix, et tant d’autres, nous
sont délégués comme autant d’enfants-fées. Ils nous guident. Ils nous forcent à traverser les
tristes opacités d’un univers où l’espoir se meurt. Ils nous fascinent par leur volonté tranquille,
souveraine, accordée au silence des éléments retrouvés. Ils nous restituent la cadence limpide
du souffle, clé de notre âme.

L’enfant de la haute mer, Jules Supervielle, Gallimard, 1972


Comment s’était formée cette rue flottante ? quels marins, avec l’aide de quels architectes,
l’avaient construite dans le haut Atlantique à la surface de la mer, au-dessus d’un gouffre
de six mille mètres ? Cette longue rue aux maisons de briques rouges si décolorées qu’elles
prenaient une teinte gris-de-France, ces toits d’ardoise, de tuile, ces humbles boutiques
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

immuables ? et ce clocher très ajouré ? Et ceci qui ne contenait que de l’eau marine et voulait
sans doute être un jardin clos de murs, parmi de tessons de bouteilles, par-dessus lesquels
sautait parfois un poisson ?

Romans graphiques, mangas, bandes-dessinées

Aya de Yopougon (Tome 1), Marguerite Abouet, Clément Ourberie, Gallimard, 2005
Côte d’Ivoire, 1978. Aya, dix-neuf ans, vit à Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan. Ça sent
le début des vacances mais très vite les choses vont commencer à se gâter…

Seuls, Bruno Gazzotti, Fabien Vehlmann, Ed. Dupuis, 2015


Dans une ville dont les habitants ont mystérieusement disparu, cinq enfants vont devoir
apprendre à se débrouiller... seuls.

Persepolis, Marjane Satrapi, Ed. L’Association, 2007


Marjane Satrapi est née en 1969 à Rasht, dans la région de Guilan, sur les bords de la mer
Caspienne. Iranienne, elle grandit à Téhéran où elle étudie au lycée français et aux Beaux-Arts,
avant de partir à Strasbourg poursuive les Arts Déco.

Marzi – intégrale tome1- , Marzena Sowa, Sylvain Savoia, Ed. Dupuis, 2008
Petite fille, elle a vécu l’état de siège, la pénurie, Solidarnosc et le ras de fer entre Jaruzelski
et Walèsa, l’explosion de la centrale de Tchernobyl. De l’intimité de sa vie de famille, on passe
à la grande histoire, celle de la Pologne et d’une Europe qui s’est construite sous la domination
soviétique. «Marzi», c’est elle, et surtout un témoignage en bande dessinée à hauteur d’enfant,
d’une belle sensibilité.

Les marges de la ville : faubourgs, banlieues et bas-fonds


Les lieux de la ville sont également représentatifs d’un genre : celui du roman policier. Bas-
fonds, rue déserte, quartier sinistre, terrain vague, maison délabrée, hôtel miteux, etc. dessinent
un parcours urbain qui cherche une vérité sur la ville : le résultat des luttes pour le pouvoir, les
injustices urbaines, les différences sociales et les grands mythes de la ville séductrice.

Récits

Une Étude en rouge, Arthur Conan Doyle, Gallimard, 2010


Au n° 3 de Lauriston Gardens près de Londres, dans une maison vide, un homme est trouvé
mort. Assassiné ? Aucune blessure apparente ne permet de le dire, en dépit des taches
de sang qui maculent la pièce. Sur le mur, griffonnée à la hâte, une inscription : «Rache !»
Vengeance ! Vingt ans plus tôt, en 1860, dans les gorges de la Nevada, Jean Ferrier est exécuté
par des mormons sanguinaires chargés de faire respecter la loi du prophète. Sa fille, Lucie,
est séquestrée dans le harem du fils de l’Ancien. Quel lien entre ces deux événements aussi
insolites que tragiques ? Un fil ténu, un fil rouge que seul Sherlock Holmes est capable de
dérouler. Une intrigue toute en subtilités où, pour la première fois, Watson découvre le maître.

L’heure blafarde, William Irish, Gallimard, 1999


Une chance sur mille d’en réchapper. Quatre heures pour se libérer. Elle n’a pas le courage de
partir sans lui. Lui ne peut quitter New York tant qu’il n’a pas retrouvé l’auteur d’un crime dont
toutes les circonstances concourent à le charger. Les jeux semblent faits. La nécessité absolue
de gagner l’aube de vitesse, s’ils veulent continuer à vivre, lance les deux jeunes gens dans une
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série d’aventures à vous glacer le sang...

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La ville, lieu de tous les possibles ?

Zones, Jean Rolin, Gallimard, 1997


«Dans la soirée, après avoir bu deux ou trois poires en conclusion de mon dîner, dans un état
donc, de légère ébriété, je suis descendu vers la gare Saint-Lazare en ruminant la lancinante
question de ce que je pourrais bien faire, en voyage à Paris, qui ne soit pas du journalisme
pittoresque ou de la sociologie de comptoir. Heureusement, les poires ne tardèrent pas, si je
puis dire, à porter leurs fruits. Ainsi éprouvai-je bientôt le sentiment d’être suivi, dans la rue de
Rome autrement déserte, par un type amoché que j’avais remarqué auparavant et qui portait
un pansement sur l’œil droit.»

Décollage Immédiat, Fabien Clavel, Rageot Editeur, 2012


Lorsque sa mère, hôtesse de l’air, disparaît en lui laissant l’ordre de fuir et une consigne,
Lana Blum n’est plus sure que d’une chose : sa vie est en danger. Tandis que les rouages
d’une terrible conspiration s’animent, l’adolescente piste le moindre indice laissé par sa mère.
D’aéroport en aéroport, à travers l’Europe, aidée par un hacker baptisé Creep, Lana remonte
jusqu’à la source d’une impensable vérité.

Un homme contre la ville, et autres récits sur la ville, Anthologie, textes réunis par Christian
Grenier, Gallimard, 1981
Ray Bradbury, L’Arriéré / Alain Duret, Hip, hip, hyper / Evelyn E. Smith, Une journée en
banlieue / James Graham Ballard, Billenium / Robert Sheckley, La course au lopin de terre /
Gérard Klein, Les Villes / Robert Abernathy, Un homme contre la ville / Ray Bradbury, La Ville /
Christian Grenier, Les Villes utopiques.

Le Peuple d’en bas, Jack London, Phébus, 1999


1902. London, déguisé en clochard, se perd pendant trois mois dans les bas-fonds de Londres,
et en rapporte ce témoignage terrifiant. Loin des avenues de l’aventure, mais au plus près des
réalités d’un siècle qui, décidément, commençait sous de bien sinistres couleurs.

L’Indien de la Tour Eiffel, Fred Bernard, François Roca, Seuil Jeunesse, 2004
Paris, printemps 1889. La tour de 300 mètres est achevée. Gustave Eiffel est content. Pendant
deux ans, Billy Powona n’a vécu que pour ça et pour la beauté de La Garenne. Ah, La Garenne,
le cabaret de la Bête à Bon Dieu, Montmartre, ses artistes ! Billy est heureux... Mais Nicéphore
Palamas, un homme d’argent qui sent la mort, est de retour. Il veut La Garenne, rien de moins,
et il est prêt à tout pour l’avoir. Quand l’amour soulève des montagnes, il écrase tout sur son
passage !

Les Mystères de Paris, Eugène Sue, Gallimard, 2009


Rodolphe, personnage mystérieux au début du roman, s’attelle à rétablir une forme de justice
sociale dans le Paris du XIXe siècle. Il croise donc des travailleurs pauvres aussi bien que des
criminels, voulant récompenser les bons et punir les méchants. Les péripéties des héros leur
font parcourir Paris et ses environs, décrivant ainsi des lieux types de population : la ferme,
l’immeuble bourgeois et les rues.

Romans graphiques, mangas, bandes-dessinées

Les Cités obscures (tome1), François Schuiten, Benoît Peeters, Casterman, 1993
Que se passe-t-il au juste à Samaris ? C’est pour le savoir que Franz, un envoyé de la ville de
Xhystos, prend à son tour la très longue route qui mène à la cité. Mais sur place, le secret ne
fait que s’épaissir. Toutes les tentatives de Franz pour appréhender et comprendre ce qui se
noue exactement à Samaris restent vaines. Pourquoi ne voit-on jamais d’enfants dans les rues
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

de la cité ? Pourquoi les passages et les lieux que Franz semblait connaître semblent-ils se
volatiliser ? La ville (dont l’emblème est la drosera, une plante carnivore), plus insaisissable,
plus sinueuse, plus complexe qu’elle ne parait l’être de prime abord, s’ingénie à lui échapper,
encore et toujours…

Chroniques de Jérusalem, Guy Delisle, Delcourt, 2011


Guy Delisle et sa famille s’installent pour une année à Jérusalem. Mais pas évident de se
repérer dans cette ville aux multiples visages, animée par les passions et les conflits depuis
près de 4 000 ans. Au détour d’une ruelle, à la sortie d’un lieu saint, à la terrasse d’un café, le
dessinateur laisse éclater des questions fondamentales et nous fait découvrir un Jérusalem
comme on ne l’a jamais vu.

Blacksad (tome 1), Juan Diaz Canales, Juanjo Guarnido, Ed. Dargaud, 2000
«Il y a des matins où l’on a du mal à digérer son petit-déjeuner. Surtout si on se retrouve
devant le cadavre d’un ancien amour.» Dès la première case, le ton est donné. Nous sommes
dans un polar. Avec les ingrédients habituels : un meurtre, une grande ville américaine rongée
de l’intérieur, une belle poupée salement amochée. Jusqu’au détective privé - un chat baptisé
Blacksad - qui contemple, désabusé, l’agitation de la grande ville en soulevant légèrement le
store.

Adèle Blanc-sec (Tome1), Jacques Tardi, Casterman, 2007


Dans ce premier épisode des aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-sec, nous faisons
connaissance avec la célèbre héroïne de Tardi. Dotée d’une personnalité hors du commun,
Adèle nous entraine dans un univers mystérieux (dans lequel Paris occupe une place de choix),
peuplé de monstres et d’êtres étranges, qui fera le succès de cette série.

L’homme qui marche, Jirô Tanigushi, Casterman, 2004


Qui prend encore le temps, aujourd’hui, de grimper à un arbre, en pleine ville ? D’observer
les oiseaux, ou de jouer dans les flaques d’eau après la pluie ? D’aller jusqu’à la mer pour lui
rendre un coquillage dont on ne sait comment il est arrivé chez soi ? L’homme qui marche, que
l’on apprend à connaître à travers ses balades, souvent muettes et solitaires, rencontre parfois
un autre promeneur avec qui partager, en silence, le bonheur de déambuler au hasard.

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La ville, lieu de tous les possibles ?

Activité : Lecture à voix haute


La Chanson du Mal-aimé

Cette activité est en lien avec le groupement de textes proposé en amont, intitulé
« Errances poétiques » On y trouve le début et la fin du poème d’Apollinaire, correspondant
respectivement à une déambulation dans les rues de Londres, puis à une errance dans Paris.
Ce découpage rend particulièrement sensible l’évolution des sentiments du poète par rapport
à la perte de la femme aimée.

Il s’agit pour les élèves d’entrer dans la lecture du poème d’Apollinaire, d’en découvrir le
sens et les enjeux par un travail d’oralisation du texte, sans explication ou gloses préalables,
de laisser donc place à leurs propres ressentis, à une approche intuitive du poème, et à une
première saisie quasi charnelle de la langue poétique.

Les compétences travaillées relèvent de la lecture et de l’oral, mais il s’agit plus


particulièrement d’élaborer une interprétation des textes littéraires par la mise en voix et la
théâtralisation.

Le choix de ce poème pour ce type d’activité s’explique tout particulièrement par le fait
qu’il ne dispose d’aucune ponctuation, et que l’écriture en vers donne lieu à de nombreux
enjambements. Lire le poème à voix haute nécessite non seulement d’établir des pauses, des
rythmes, de mettre en valeur certains termes, tout en expliquant les choix qui sont faits, mais
aussi de rendre compte des émotions ressenties à la lecture du texte. L’on pourrait être tenté
au préalable de demander aux élèves de rétablir la ponctuation manquante, mais ce serait
renier ce qui fait la spécificité de l’écriture poétique d’Apollinaire. L’enjeu est au contraire de
faire appréhender aux élèves ce que cette absence apporte au texte poétique.

Le travail de groupes est privilégié, car, outre le fait qu’il favorise les interactions entre les
élèves, il permet d’envisager l’oralisation du texte de façon polyphonique, le changement
d’énonciateur pouvant être signifiant.

Un outil sera mis en place, le texte-partition. Souvent utilisé au théâtre, notamment par des
metteurs en scènes comme Patrice Chéreau, il consiste à faire du texte une forme de partition
musicale en faisant apparaitre les pauses, les mots accentués, les effets de rythme :

/ // /// : pauses plus ou moins importantes


Mots accentués, encadrés,
Jeux de couleurs

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

À titre d’exemple :
Un soir de demi-brume à Londres /
Un voyou qui ressemblait à /
Mon amour // vint à ma rencontre /
Et le regard qu’il me jeta /
Me fit baisser les yeux de honte //
Je suivis ce mauvais garçon /
Qui sifflotait main dans les poches /
Nous semblions entre les maisons /
Onde ouverte de la mer Rouge /
Lui / les Hébreux // moi / Pharaon //

Le repérage des pauses est particulièrement intéressant, puisqu’il permet de travailler à


la fois sur le découpage syntaxique de la phrase, et de le mettre en relation avec la forme
versifiée ; se pose alors la question de la prise en compte des enjambements lors de la lecture,
et de la césure facultative du décasyllabe après la quatrième ou la sixième syllabe. Ce travail
peut être l’occasion d’une séance spécifique de langue.

Pistes de mise en œuvre :

DESCRIPTIF COMPÉTENCES ET SITUATIONS


Travail en groupes Lire des textes variés….
Découverte silencieuse et individuelle du texte, puis Reformulations, verbalisations des représentations
échange en groupes mentales
Stratégies de compréhension du lexique
Travail en classe entière Raconter une histoire
Présentation du récit poétique, de l’histoire racontée Confronter des interprétations différentes d’un texte :
dans le texte à la première personne (un ou deux élèves émotions ressenties
par groupe)
Travail en groupes Lire un texte à voix haute : exploiter les ressources
Élaboration d’une première lecture à voix haute à plu- expressives de la parole
sieurs voix
Restitution à la classe Lire un texte à voix haute
Echange sur les difficultés rencontrées Élaborer une interprétation des textes littéraires
Formuler des impressions de lecture
Percevoir un effet esthétique
Travail en groupes Lire un texte à voix haute : exploiter les ressources
Élaboration d’une seconde lecture à voix haute avec un expressives de la parole
outil : le texte-partition
Restitution à la classe Lire un texte à voix haute
Création d’une fiche d’évaluation collective, auto-évalua- Élaborer une interprétation des textes littéraires
tion par chaque groupe Formuler des impressions de lecture
Percevoir un effet esthétique
Travail en groupes Lire un texte à voix haute : exploiter les ressources
Préparation de la lecture finale : la mise en voix est en expressives de la parole
accompagnée d’une gestuelle, d’une mise en espace
minimale
Restitution /évaluation par la classe Lire un texte à voix haute
Rédaction d’un paragraphe analytique Élaborer une interprétation des textes littéraires
Formuler des impressions de lecture
Percevoir un effet esthétique

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

La ville, lieu de tous les possibles ?

Séquence : Voyage à Paris

Cette séquence croise deux autres questionnements du programme de quatrième : « La fiction


pour interroger le réel », « Individu et société : confrontations de valeurs ? ». Elle se construit
autour d’une tâche finale : écrire un récit décrivant la découverte d’un lieu parisien à travers
les yeux d’un personnage caractéristique des romans du XIXe siècle (l’arriviste, la jeune
provinciale, le gamin de Paris, l’ouvrière désabusée, etc.).

Une journée à Paris s’inscrit dans le cadre de cette séquence : visite du musée Carnavalet,
parcours parisien sur les traces des personnages romanesques… Un carnet de bord est
mis à la disposition des élèves et doit leur permettre d’esquisser des croquis de bâtiments
haussmanniens, de se repérer à l’aide d’une carte, de noter des mots clés, des impressions au
fil de leur journée parisienne. Ce carnet constitue un apport pour la tâche finale d’écriture.

La problématique centrale de cette séquence est « L’individu dans la ville : Paris, lieu de
perdition ou d’épanouissement ? »

Compétences travaillées tout au long de la séquence


• Écrire :
--adopter des stratégies et des procédures d’écriture efficaces (utilisation de l’ensemble
des textes vus au cours de la séquence, des différents écrits effectués, etc., amélioration
individuelle et collective des scènes produites) ;
--pratiquer l’écriture d’invention ;
--exploiter des lectures pour enrichir son écrit ;
--utiliser l’écrit pour penser et pour apprendre : réalisation d’écrits préparatoires (carnet de
bord).
• Lire :
--lire des images, des documents composites (y compris numériques) et des textes non
littéraires ;
--lire et comprendre des images fixes ;
--lire des œuvres littéraires et fréquenter des œuvres d’art ;
--fréquenter des œuvres d’art.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Notions de langue abordées au cours de la séquence, ou-


tils pour la réalisation de la tâche finale
• Les types de points de vue du narrateur.
• La description.
• Quelques figures de style : personnifications, métaphores, comparaisons, etc.
• L’incipit de romans du XIXe siècle.
• Vocabulaire péjoratif et mélioratif.
• Les accords complexes dans le groupe nominal (étudiés au sein d’une description).

Pistes pour l’élaboration de la séquence :


Parcours n°1 : L’individu dans la ville

Histoire des arts


Étude de diverses visions de Paris.

Objectif
Découvrir le thème de la séquence autour de divers documents (peintures, photographies).
Proposer aux élèves plusieurs œuvres mettant en scène un ou plusieurs individus dans Paris.
Montrer comment ces œuvres offrent plusieurs visions de Paris et interrogent les différentes
facettes de la ville. S’interroger sur l’attitude et la posture des personnages représentés ou
photographiés. À quoi rêvent-ils ? Que regardent-ils ? Où sont-ils ?

Supports possibles
• Paris, source de toutes les promesses :
--Gustave Caillebotte, Homme à la fenêtre, huile sur toile, 1,17x 0,83 m, collection particulière.
--Gustave Caillebotte, Le Pont de l’Europe, huile sur toile, 125x181 cm, 1876 (Genève, musée
du Petit Palais).
--Gustave Caillebotte, Un balcon, boulevard Haussmann, huile sur toile, 1880 (collection
privée).
--Gustave Caillebotte, Homme au balcon, boulevard Haussmann, huile sur toile, 1880.
--Jean Béraud, Sur le boulevard, Scène parisienne sur les Grands Boulevard parisiens à la Belle
Epoque, huile sur toile, 25 x 33 cm, Musée Carnavalet, Paris.

• La face cachée de Paris :


--Jean Béraud, La Sortie du bourgeois, huile sur bois, 0,375 x 0,533 m, 1889, Sotheby’s, New
York.
--Paul Fachetti (1912-2010), photographie, 30 x 25,3 cm), 1940, Centre Georges-Pompidou
(musée d’Art moderne, Paris).
--Bidonville à Ivry, 1946, atelier Robert Doisneau.
Parcours n°2 : Denise découvre Paris et les grands magasins

Objectif
Étudier l’arrivée à Paris d’un personnage provincial, Denise, dans Au Bonheur des dames
d’Emile Zola, à partir de l’incipit du roman. Observer, en prolongement avec la lecture de ce
groupement de textes, des documents représentant le Paris exaltant des grands magasins, de
la foule, de la lumière.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Suggestion d’activités
Après lecture des textes, travailler la description (outils de la langue requis : expansions du
nom, énumération et autres figures de style). Recherche autour du vocabulaire de la mode et
réalisation d’un lexique. À partir de là, imaginer la description d’un individu portant une tenue
vestimentaire citadine typique de l’époque (écriture) ou, à partir d’un tableau d’époque, décrire
la tenue d’un personnage en s’appuyant sur les recherches lexicales préalables.

Parcours n°3 : Le Paris d’Haussmann

Descriptif
Séance d’histoire des arts ayant pour objectif de comprendre les bouleversements que connaît
Paris au XIXème siècle. Support : exposition de la BNF consacrée au Bonheur des dames.

On étudiera plus spécifiquement les pages et documents consacrés à l’expansion du


commerce moderne dans Paris et aux travaux haussmanniens. Il y a par ailleurs une page
très intéressante consacrée aux recherches menées par Zola pour bâtir son magasin fictif, qui
permettra aux élèves de visualiser le « Au Bonheur des dames » d’Octave Mouret.

Une carte de Paris au XIXe siècle est donnée en parallèle aux élèves afin de leur permettre de
situer l’action et le grand magasin Au Bonheur des dames.

Prolongement
Vidéo « Le Paris du baron Haussmann », Paris photographié par Charles Marville (vidéo
disponible sur Youtube).

Parcours n°4 : Trois jeunes arrivistes

Descriptif / problématique
Étude et comparaison de trois textes présentant de jeunes provinciaux arrivant dans Paris,
Rastignac, Bel-Ami, et Rubempré.

Activité
Faire réfléchir les élèves sur les points communs entre ces trois personnages : la jeunesse,
l’ambition, la soif d’argent, la femme perçue comme moyen d’ascension sociale, l’importance
de l’apparence et de la tenue vestimentaire, etc. Cette activité doit permettre de mettre en
évidence des thématiques et un certain type de personnage romanesque.

Parcours n°5 : Paris, lieu de perdition et de désillusion

Objectif
À travers deux parcours de lecture, étudier la perdition d’un personnage dans Paris.

Supports
• « Promenade nocturne de Gervaise dans Paris », Zola, L’Assommoir, Le livre de poche
classique ; P.469-476.
• « Garenne-Rancy », Céline, Voyage au bout de la nuit, Folio, P.237-240.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Activité 1
Retracer le périple du personnage de Gervaise sur une carte du Paris du XIXe siècle en
s’appuyant sur une lecture minutieuse du texte (les éléments mis en gras sont les indices
de lieux que les élèves devront pouvoir relever). Dans un second temps, noter les références
aux travaux d’Haussmann et montrer comment Zola dépeint deux Paris (le nouveau Paris,
immaculé, et le Paris pauvre des faubourgs). Analyser le désespoir du personnage : comment
se manifeste-t-il ?

Activité 2
Étudier le personnage de Ferdinand dans Voyage au bout de la nuit, quand il vient s’installer en
banlieue parisienne et découvre l’insalubrité et la tristesse ambiante. Analyser le vocabulaire
péjoratif.

Activité 3
Exercice d’écriture : « Que pensez-vous de la vision de Céline sur la banlieue ? Écrivez un
court récit descriptif où vous imaginerez au contraire une banlieue idyllique et joyeuse où il fait
bon vivre » (apport après un premier jet au brouillon : vocabulaire mélioratif). Ou « Imaginez
l’arrivée et les espoirs de Gervaise lorsqu’elle a vu Paris pour la première fois, ne se doutant
pas du destin qui l’attendait ».

Parcours n°6 : Le gamin de Paris : vivre Paris à travers les yeux d’un gamin
des faubourgs

Supports
• Extraits des Misérables de V. Hugo.
• Les Misérables, bande dessinée, adaptation de Bernard Capo et Daniel Bardet, éditions Ado-
nis / Glénat.
• Images extraites de la comédie musicale Les Misérables.
• Gavroche, illustration d’Émile Bayard.
• La liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix, 2,6m x 3,25m, 1830, Musée du Louvres, Paris.
• Gavroche, illustration des Misérables de Victor Hugo, par Pierre Georges Jeanniot.

Entrée dans la séance


Plusieurs possibilités :
• Visionnage d’un extrait des Misérables (film ou de la version dessin-animé de 1992) pour
situer l’œuvre dans son contexte.
• Recherche sur les Misérables en salle informatique (répartir le travail : personnages /
contexte historique, etc.)
• Donner un résumé aux élèves avec principales actions, contexte historique et lieux.
• Donner aux élèves tout ou une partie du dossier de l’exposition de 2009 du Musée Carnava-
let : « Paris au temps des Misérables ».

Travail d’écriture
Gavroche prend la parole et présente « son Paris ». On demande aux élèves de s’aider de
l’ensemble des documents proposés ici pour composer le discours de Gavroche. Le texte
pourra commencer par cet élan du cœur : « À nous deux Paris ! / Mon Paris à moi, c’est
celui... » (Il s’agit que les élèves voient que sous l’aspect très péjoratif des lieux, il y a un lien
très fort entre Gavroche et la ville, son destin est de mourir dans et pour cette ville, à ses yeux
symbole de liberté).

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Questions possibles pour guider le travail :


1) Observez les différentes iconographies puis relevez et classez des éléments concernant : le
physique et l’attitude de Gavroche et d’autre part, le « décor » (la ville).
2) Relevez dans les textes des éléments caractérisant Gavroche : physique, caractère et
classez-les.
3) Quel rôle joue Gavroche dans la Révolution (dernier texte) ?
4) Relevez les différents noms de lieux où se rend Gavroche et repérez sur le plan de Paris
(recherchez à l’aide d’une tablette ou donner une carte complète de Paris au XIXe siècle). Que
remarquez-vous ? (Gavroche vit dans les faubourgs certes, mais vagabonde dans de nombreux
quartiers de Paris, y compris dans le centre : il s’est approprié la ville ; les quartiers sont mis
en gras, mais ce sera aux élèves de les retrouver dans les textes).
5) Comment expliquez-vous la mort de Gavroche (dernier texte) ?
6) En vous aidant des réponses aux questions précédentes, rédigez une synthèse à la question-
bilan suivante : quels liens Gavroche entretient-il avec Paris ?

Parcours n°7 : Paris prend la parole


À partir de la lecture cursive d’une nouvelle ou d’un roman, réaliser un discours dans lequel
Paris (qui sera donc personnifiée) prend la parole pour présenter sa place dans l’œuvre (la
ville se présente, évoque son rôle dans l’œuvre, explique en quoi elle est un personnage à part
entière, ses influences sur les personnages, ses sentiments, son avis sur ceux-ci...).

Faire choisir une œuvre parmi les suivantes :


• Nouvelles ou textes brefs
--Guy de Maupassant, « Une soirée » (publié dans Le Colporteur), 1900
--François Coppée, « Pilier de café » dans Contes tout simples, 1894
--Alphonse Daudet, « Un teneur de livres », Contes du lundi, 1873
--Huysmans, « Types de Paris », Les Croquis parisiens, 1880
• Romans et adaptations
--Alexandre Dumas, Le Bagnard de l’Opéra, Magnard
--Emile Zola, Au bonheur des dames, « Classiques abrégés », Ecole des loisirs
--Victor Hugo, Les Misérables, « Classiques abrégés », Ecole des loisirs
--Honoré de Balzac, Le Père Goriot adapté en BD, par T. Lamy, P. Thirault, B. Duhamel
--Delphine de Vigan, No et moi
--Marie Desplechin, Séraphine et Satin Grenadine

Parcours n° 8 : No et moi de Zabou Breitman, 2010, Paris dans un film


contemporain

Objectifs
Analyser la relation qu’entretiennent les deux personnages avec la ville, visionner des scènes
précises du film, identifier les procédés cinématographiques utilisés et effets produits,
recherchés par la réalisatrice

Pourquoi ce film ?
Lou est une jeune adolescente de 13 ans qui décide, au départ pour un exposé en sciences-
éco, de rencontrer une jeune femme SDF. C’est ainsi qu’elle rencontre No. Elle se met en
devoir de l’aider, Une véritable amitié s’installe entre les deux jeunes filles. No s’installe chez
Lou. Mais les choses ne sont jamais si simples qu’elles y paraissent. À la fin du roman, No s’en
va laissant Lou (elle lui fait croire qu’elle part en Irlande). On ne sort pas de la rue comme ça.
Et d’un certain côté, No est attachée à sa liberté qui est symbolisée par la ville.
Paris joue un rôle à part entière dans le film : la ville contribue à l’apprentissage de Lou et à
l’évolution de No ; à chaque étape de l’action, ou évolution de Lou ou/et de No, des endroits
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

de la ville apparaissent : positifs (liberté, épanouissement, rencontres) ou négatifs (le plus


souvent : danger, insalubrité, perdition, etc.).

Dans les quarante premières minutes :


1) Au début, Lou aime aller à la gare d’Austerlitz (voir retrouvailles, séparations, etc.).
2) Elle y rencontre No (voir plan demi-ensemble, plan en plongée sur les deux jeunes filles
dans la gare).
3) Elle se voit dans différents cafés (vues intérieures et extérieures des cafés).
4) Lou parcourt la ville à la recherche de No : dans le RER, en fondu enchaîné on voit Lou
voyant tout ce qu’elle ne voyait pas avant : les tentes des sans-abris tout au long des rues.
Juste avant, on a vu la ville la nuit en plan d’ensemble toute éclairée. Contraste entre cette
beauté de la ville la nuit et ces « invisibles ».
5) Lou arpente les quartiers, etc. et finit par retrouver No à la soupe populaire.
6) No et Lou prennent le métro : scène d’un SDF qui sort du métro en criant son désarroi :
mauvais souvenir pour No.

Vers 40/50minutes puis après une heure de film :


No travaille dans un hôtel : on le voit de jour (travail positif, elle est femme de chambre), puis
de nuit (soi-disant travaille au bar, mais apparemment se prostitue...) : voir les passages où
Lou l’accompagne jusqu’à la porte de l’hôtel.

Après une heure de film :


Lou, No et Lucas (ami de Lou) s’amusent en courant dans les rues : la ville leur appartient...

Vers la fin (1h20 / 1h30 de film) :


Fuite de Lou et No : cette fois, ville négative : Lou est perdue dans cette ville lugubre la nuit. No
l’abandonne à la gare (présente, donc au début et à la fin du roman et du film).

Pistes de réflexion:
• Comparer No à Gervaise (prostitution implicite de No) ?
• Comparer Le Paris des Misérables à celui de No ? Quels changements ? Quels points com-
muns ?
• Comparer No et Gavroche : une adolescente / un enfant ?

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FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

La ville, lieu de tous les possibles ?

Séquence : La ville en déroute

Le programme de culture littéraire et artistique de la classe de quatrième propose d’étudier


la ville comme source d’inspiration des écrivains et des artistes. On envisagera la ville
comme un territoire que les arts ont investi parce qu’elle porte en elle les traces de la
présence de l’Homme qui l’investit, la transforme, la détruit, la reconstruit. Lieu de tous les
possibles par des représentations contrastées, elle porte en elle les progrès, les possibilités
de déambulation et de rencontres, en même temps qu’elle est le témoin des souffrances
humaines.

Derrière la destruction de la ville, de ses ruines, c’est l’Homme que l’on cherche, que l’on
suppose pareillement anéanti sous les décombres. Ainsi, la ville, lieu de concentration
des populations, espace de création littéraire et artistique, peut apparaitre comme une
manifestation métonymique de la violence faite à l’Homme, violence naturelle à travers des
catastrophes destructrices, ou violence des temps de guerre et de combats. La destruction de
la ville renvoie l’Homme à la fragilité de sa condition. Elle le met face à ses peurs, ses colères,
sa solitude. Elle porte en elle les traces de sa souffrance et de la désolation.

C’est parce que les élèves sont soumis sans cesse à des images de violence destructrice qu’il
nous semble important de nous emparer d’un sujet qui leur permette de mettre des mots
sur ce qui est montré et de leur en proposer une représentation à discuter, à confronter avec
les images du réel. On pensera notamment à la ville de Homs filmée par un drone en début
d’année 2016 dont le film circule sur internet et qui montre la cité en ruines, seules traces des
victimes des combats. La ville est donc porteuse des stigmates de la souffrance humaine et
des marques de l’Histoire.

Les supports proposés pour l’analyse de la représentation sont variés et permettent de


confronter diverses modalités de celle-ci et l’effet que chacune d’elles peut produire sur celui
qui les reçoit (l’élève-lecteur ou spectateur) :
• des arrêts sur images : photographies de reporters de guerre, agissant comme témoignages
et comme point de vue sur l’événement (à choisir dans les corpus du Prix International des re-
porters de guerre qui se tient à Bayeux tous les ans, en octobre) ; mangas et film d’animation
qui interrogent le regard de l’enfant pris dans la tourmente de la catastrophe destructrice et la
représentation que l’on peut faire d’une réalité violente à destination d’un public jeune ;
• des mots pour dire les maux de la ville : textes littéraires et documentaires qui permettent
de décrire la ville par le prisme d’un regard qui propose une vision particulière des ruines et de
la violence infligée à l’espace, reflet de la violence de l’Homme et faite à l’Homme ;
• des mots de ceux qui font les images à travers un enregistrement audio d’une table ronde de
photographes de guerre intervenant au prix Bayeux des reporters de guerre.
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Corpus proposé
Texte 1 - ‘’Paris brûle-t-il … ‘’ : Extrait du roman d’Elémir BOURGES, Les
oiseaux s’envolent et les fleurs tombent, 1893.
Le ciel avait un aspect terrible. Des fumées, emportées par le vent, s’y suivaient, en
troupeaux de monstres embrasés, tandis que les pointes des flammes s’élançaient
impétueusement dans l’air frémissant. L’incendie, au cœur de Paris, se roulait, en
enserrant la ville, ainsi qu’une torche liée à une roue tourne avec elle. Le Palais-Royal
flamboyait ; les Tuileries, éventrées, vomissaient une éruption éblouissante ; la rue
Royale illuminait tout l’occident. Mais sur la rive gauche du fleuve, le quai d’Orsay, la rue
de Lille, le palais de la Légion d’honneur ondoyaient en nappes vermeilles, cependant
qu’à l’est, l’Hôtel de Ville brûlait d’un bloc, massivement. Tout l’horizon bouillonnait
de fournaises, d’explosions, de rauques grondements ; Paris semblait flotter sur
une mer de lave. Cà et là, le réseau des rues creusait, parmi la nappe écarlate, de
profonds ravins de ténèbres. On apercevait comme proches des points lointains, l’angle
d’un mur, une fenêtre, des cimes d’arbres, un tuyau bizarre, sur un toit. Certains
endroits paraissaient tout blancs ; on eût dit que d’autres ondulaient, sous la rougeur
incandescente. D’énormes volutes enflammées bondissaient comme un globe qui
crève ; des cornes de feu tout imprégnées d’essence ou d’huiles de peinture fondaient
en de grandes stries vertes, orange, violettes ou d’un bleu de soufre. Alors, dans le
brasier colossal volaient des millions de flammèches ; une poussière dévorante de
taches rouges et de braises ensemençait le firmament ; de la cendre ardente pleuvait ;
les torsions du feu irrité devenaient frénétiques ; l’air faisait une clameur de tempête.

L’extrait propose une description de Paris en feu pendant les incendies de la Commune
en 1871. On pourra travailler l’exploration du lexique permettant la représentation
métaphorique d’une ville dévorée par un feu volcanique telle la lave se déversant dans la ville
et l’engloutissant. Est offerte une vision de la ville bouillonnante par la présence du feu, des
couleurs et du bruit qui y sont associés. La ville de Paris est donc le théâtre de la révolte des
Communards, la ville en sera marquée par la destruction d’un certain nombre de monuments

Activités détaillées pour favoriser l’entrée dans le texte : ‘’décrire pour mieux lire’’
Proposer une représentation artistique des incendies de Paris pendant la Commune et
demander aux élèves de décrire de la manière la plus précise ce qu’ils voient en leur donnant
quelques éléments du texte dans lequel intégrer la description et qui peuvent agir comme des
contraintes pour réfléchir à la visée discursive de la description.

Supports possibles
• Paris incendié, gravure photographiée et retouchée par Numa fils (1871)
• 24 mai, Incendie des Tuileries, Léon Sabatier et Albert Adam, lithographie pour Paris et ses
ruines (1873)

On choisit des images d’appui qui offrent une vision panoramique permettant de saisir
l’intensité de l’incendie, son étalement dans la ville, les couleurs qu’il fait jaillir.

On pourra procéder à une première description collective à l’oral afin de faire émerger les
éléments majeurs qui apparaissent sur l’œuvre puis, individuellement, les faire passer à
l’écriture en proposant quelques éléments du texte originel dans lequel la description doit
s’inscrire.

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Eléments textuels possibles pour lancer l’activité


On pourra par exemple différencier les éléments distribués selon les besoins des élèves pour
l’accompagnement à l’écriture :
• Ne fournir que la première phrase : ‘’Le ciel avait un aspect terrible’’ et demander de com-
pléter le texte en utilisant les éléments élaborés collectivement dans la phase précédente du
travail.
• Fournir des bribes de l’extrait et demander aux élèves de compléter les blancs du texte en
indiquant qu’ils peuvent l’enrichir par d’autres phrases qui n’apparaissent pas.

Proposition de texte incomplet


Le ciel avait un aspect . Des fumées, emportées par le vent ,
monstres tandis que les pointes des flammes
L’incendie, au cœur de Paris, ainsi qu’une
torche liée à une roue tourne avec elle. Le Palais-Royal ; les Tuileries,
éventrées, vomissaient ; la rue
Royale tout l’Occident.
Mais sur la rive gauche du fleuve, le quai d’Orsay, la rue de Lille, le palais de la Légion d’honneur
en nappes vermeilles, cependant qu’à l’est, l’Hôtel de Ville .
Tout l’horizon bouillonnait grondements ;
une mer de lave . […] Alors, dans le brasier colossal volaient ;
l’air faisait une clameur de tempête.

On ne distribue pas nécessairement l’intégralité du texte à compléter. L’objectif est que les
élèves essaient de comprendre, par les quelques éléments distribués, quelle est l’intention de
l’auteur à travers cette description de Paris, quelle impression il veut laisser au lecteur qui se
représente la ville incendiée.

On ne supprime pas uniquement les éléments linguistiques identifiés traditionnellement


comme permettant la description (adjectifs, compléments du nom) afin que les élèves ne
se contentent pas de compléter un texte à trous en focalisant sur la recherche de mots
mais qu’ils construisent un texte par l’insertion de groupes syntaxiques, voire de phrases,
sémantiquement et linguistiquement cohérents et pertinents avec les éléments distribués.

On laisse des éléments qui leur montrent les différents aspects évoqués : couleurs, bruits,
destruction des bâtiments. On interroge la dimension réaliste de cette description afin de
faire émerger les quelques images présentes dans le texte, ce qui nécessite une approche du
lexique et du sens imagé qu’il peut recéler : métaphores et comparaison, présentes dans le
texte, sont abordées avant la lecture de l’extrait dans son intégralité, les liens avec les œuvres
artistiques permettront d’avoir une représentation tant verbale qu’iconique de la scène.

On laisse les élèves décider de la caractérisation initiale du ciel afin qu’ils mettent leur
choix en relation avec les éléments dont ils disposent, en s’appuyant notamment sur un
certain nombre de mots : « monstres », « éventrées », « vomissaient » par exemple, pour en
déterminer la teneur inquiétante et péjorative.
Différentes propositions sont soumises ensuite à discussion dans la classe pour vérifier
qu’elles s’intègrent naturellement dans le texte tant du point de vue du sens que de la langue
(syntaxe, orthographe), ce qui permet de travailler avec les élèves la dimension réflexive sur la
langue. Réaliser cette séance dans une salle multimédia permettrait de projeter directement
les propositions tapées par les élèves. Vient ensuite le temps de la confrontation au texte
originel.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Activités possibles pour faire élaborer une interprétation du texte littéraire en prenant appui
sur la langue
• Prendre appui sur les impressions de lecture des élèves :
--Quelle impression se dégage de cette description de Paris ?
--Quel mot peut-on proposer qui résume le texte ? On peut ainsi recueillir les mots des
élèves et procéder à l’élaboration d’un nuage de mots avec un logiciel dévolu à cela, par
exemple www.tagxedo.com : cet outil permet de mettre en valeur les occurrences de mots et
favorise la visualisation globale des propositions qui peuvent ensuite être débattues dans la
classe, justifications par le texte à l’appui.
--Si l’on commence directement par la lecture du texte, sans passer par l’étape précédente
de l’écriture, on peut également demander aux élèves comment ils représenteraient l’état de
la ville :
soit en leur proposant une banque d’images dans laquelle ils pourraient choisir celle
qui leur semble le mieux convenir en justifiant leur choix,
soit en leur demandant d’en choisir une par des recherches personnelles, avec la
collaboration de l’enseignant documentaliste, sans leur imposer le corpus.
• Les amener à percevoir un effet esthétique et à en analyser les sources : on procède ensuite
à un retour au texte pour valider et discuter les impressions par l’écriture elle-même, notam-
ment le travail lexical (la mise en réseau des mots, les glissements métaphoriques de sens), et
les procédés de caractérisation.

Documents en écho possibles qui interrogent les liens entre l’art et la représentation du réel
Comment la fiction littéraire et la représentation artistique s’emparent-t-elles d’un épisode
historique ? Comment montrer la violence des journées sanglantes de la Commune à travers
la représentation des incendies de la ville de Paris et de ses ruines ?
• Photographies de Paris pendant ces jours de révolte, disponibles sur le site de la BnF :
• Ruines du palais des Tuileries, de Meissonier, 1871 (Musée national du Château de Com-
piègne).
• La Villette cernée par les troupes versaillaises, Gustave Boulanger (Musée Carnavalet).
• Planches de la bande dessinée de Jacques Tardi, Le cri du peuple. Sur le rapport à la réalité
historique de l’ouvrage de Tardi, on pourra également consulter cet article d’Éric Fournier :
Tardi et la Commune de 1871 à travers Le Cri du peuple : roman graphique ou histoire graphique ?
consultable

Texte 2 - ‘’Du Havre, faisons table rase… ‘’ : Michel LEIRIS, L’Âge d’homme,
1939 – Prière d’insérer De la littérature considérée comme une tauromachie,
écrit au Havre en 1945
Le Havre est actuellement en grande partie détruit et j’aperçois cela de mon balcon, qui
domine le port d’assez loin et d’assez haut pour qu’on puisse estimer à sa juste valeur
l’effarante table rase que les bombes ont faite du centre de la ville […] À cette échelle,
les tourments personnels dont il est question dans l’Âge d’homme sont évidemment peu
de chose : quelles qu’aient pu être, dans le meilleur des cas, sa force et sa sincérité, la
douleur intime du poète ne pèse rien devant les horreurs de la guerre et fait figure de
rage de dents sur laquelle il devient déplacé de gémir ; que viendrait faire, dans l’énorme
vacarme torturé du monde, ce mince frémissement sur des difficultés étroitement
limitées et individuelles ?

Reste qu’au Havre même, les choses continuent et que la vie urbaine persévère. Par-
dessus les maisons intactes comme par-dessus l’emplacement des ruines, il y a par
intermittence, malgré le temps pluvieux, un clair et beau soleil. Bassins nautiques et
toitures miroitantes, mer écumeuse au loin et gigantesque terrain vague des quartiers
rasés (abandonnés pour longtemps, en vue de je ne sais quel étonnant assolement)
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

subissent – quand la météorologie le veut – l’emprise de l’humidité aérienne que perforent


des rayons. Des moteurs ronflent ; tramways et bicyclistes passent ; les gens flânent ou
s’affairent et mainte fumée monte. Moi, je regarde cela, spectateur qui n’a pas été dans le
bain (ou n’y a trempé que le bout de son pied) et s’arroge sans vergogne le droit d’admirer
ce paysage à demi dévasté comme il ferait d’un beau tableau, jaugeant en unités ombre et
lumière, nudité pathétique et grouillement pittoresque, le lieu encore aujourd’hui habité
où une tragédie, il y a à peine un an, s’est jouée. […]

Je suis bien loin, ici, d’événements tout à fait actuels et tout à fait consternants tels que
la destruction d’une grande partie du Havre, si différent aujourd’hui de ce que j’ai connu,
et amputé d’endroits auxquels, subjectivement, me rattachaient des souvenirs : l’Hôtel
de l’Amirauté, par exemple, et les rues chaudes aux bâtisses maintenant anéanties ou
éventrées, comme celle sur le flanc de laquelle on lit encore l’inscription « LA LUNE
The Moon » accompagnée d’une image représentant une face hilare en forme de disque
lunaire. Il y a la plage aussi, jonchée d’une étrange floraison de ferraille et couverte
de tas de pierres laborieusement rassemblés, face à la mer où un cargo, l’autre jour,
a sauté sur une mine, ajoutant son épave à pas mal d’autres épaves. Je suis bien loin,
certes, de cette corne authentique de la guerre dont je ne vois, en des maisons abattues,
que les moins sinistres effets.

Michel Leiris fait ici face à la ville du Havre en ruines après les bombardements de 1944 et se
fait l’observateur d’une ville à la fois dévastée mais également en devenir, une ville-phénix :
de la déconstruction doit surgir la reconstruction. La ville apparait dans un entre-deux spatio-
temporel, espace de souffrance et de renaissance, traces du passé récent de la guerre et d’une
nouvelle ville à venir.

On pourra consulter le site suivant qui explicite les raisons politiques qui font que les villes
sont des cibles en temps de guerre et qui distingue la ville anéantie de la ville détruite.

Documents en écho au texte de Michel Leiris


• La pièce de théâtre d’Armand Salacrou, Dieu le savait, La vie n’est pas sérieuse, Paris Galli-
mard, 1954, qui situe son action au Havre, « capitale de la souffrance inéluctable des créatures
humaines », « métaphore obsédante des souffrances liées aux existences humaines » (Sous
la direction de Sonia ANTON, Le territoire littéraire du Havre dans la première moitié du XXème
siècle, PURH, 2013)
La didascalie initiale situe la pièce dans les ruines de la ville : « Le Havre. Fin septembre 1944.
Rez-de-chaussée d’une maison soufflée par les bombes. Les fenêtres sont arrachées. Les
portes manquent »
On pourra proposer cet extrait de la pièce pour le mettre en dialogue avec celui de Michel
Leiris :
« Vous avez vu Le Havre : il n’y a plus rien à démolir.
Le Havre a été détruit, écrasé, rasé, il y a quinze jours. Dix mille habitants sont morts en trois
heures.
Tout est écrasé. […] La première fois, mon mari et moi, nous avons retrouvé à grand’ peine
l’emplacement de la cave. Cette fois, dans un champ de pierres brulées, je n’ai même pas
retrouvé la rue.
Le lycée de garçons est un tas de cailloux, et, du lycée de jeunes filles, il reste un bout de
terrain vague qui semble maintenant grand comme la main. Ah ! ces rues sans maisons ! ces
quartiers aplatis ! » (p. 229, 237-238, 241)
• Des photographies de la ville du Havre, avant et après la destruction de la ville par les bom-
bardements de 1944
http://lehavrephoto.canalblog.com/archives/2006/09/04/2609617.html
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Activités possibles en prolongement des textes précédents


• Faire écrire le récit qui a donné lieu à un extrait du film d’animation d’Isao Takahata
Le tombeau des lucioles (1988).

On peut présenter des photogrammes facilement disponibles sur un certain nombre de


sites, ou bien l’extrait du film lui-même où les deux enfants, héros du manga, observent la
destruction de leur ville natale Kobe, en 1945. Avant la mise en mots de l’incendie et des
bombardements à travers le point de vue des enfants, où les élèves pourront réinvestir des
éléments lexicaux et stylistiques travaillés précédemment, on pourra analyser avec eux la
manière dont la guerre est représentée dans le film, interroger la dimension réaliste de cette
représentation en procédant à une comparaison de photographies montrant la réalité de la
ville détruite.
• Faire lire l’extrait de la nouvelle qui a donné lieu au film d’animation : La tombe des Lucioles
de Nosaka Akiyuki, traduit du japonais par Patrick De Vos, Editions Philippe Picquier, 1967,
1988 pour la traduction française.

« […] à peine eut-il bondi vers l’entrée de la maison qu’il fut submergé par le fracas des
bombes s’écrasant au sol puis, la première vague passée, il y eut cette illusion que le silence
tout d’un coup était revenu, cependant que les B 29 n’en finissaient pas de pousser leurs
mugissements oppressants – jusqu’alors, quand il levait les yeux vers le ciel, ce n’étaient
que points infimes, à la limite du discernable, qui filaient vers l’est en trainant derrière eux
leurs moutonnants sillages, comme lors du dernier bombardement d’Osaka, cinq jours
auparavant, où depuis l’abri antiaérien de l’usine il les avait contemplés tout bonnement, se
faufilant comme un banc de poissons à travers les nuages, là-haut dans le ciel de la baie
d’Osaka ; mais cette fois, leurs innombrables silhouettes volaient si bas qu’il distinguait
nettement l’épaisse ligne peinte sur le ventre des fuselages faisant route de la mer vers la
montagne, avant de basculer brusquement les ailes et de disparaitre à l’ouest … Deuxième
fracas de bombes ! Le corps pétrifié, Seita, cloué sur place, comme si la densité de l’air,
subitement, s’était élevée … Badaboum ! A cet instant une bombe incendiaire, couleur bleue,
cinq centimètres de diamètre, soixante de longueur, dévala du toit et, telle une chenille
arpenteuse, sautilla sur la rue, jetant tout autour ses giclées d’huile ; ventre à terre, Seita
se précipita alors vers l’entrée, mais une fumée noire commençant peu à peu à envahir
la maison, il ressortit ; dehors, la file imperturbable des maisons, sans une âme qui vive,
seulement un balai à feu et une échelle, dressés contre le muret d’en face ; du reste il fallait
retrouver maman à l’abri, et il se mit en route, la petite Setsuko sur son dos toute secouée
par les sanglots, quand à l’angle de la rue une fenêtre au premier étage se mit à vomir une
fumée noire, puis d’un seul coup, comme si le mot de passe avait été donné, une bombe
incendiaire qui couvait sans doute dans les combles embrasa tout, les arbres du jardin
crépitèrent, le feu se rua le long de l’avant-toit, disloquant les volets qui dégringolèrent
en flammes, devant ses yeux tout s’assombrit, l’atmosphère devint brûlante, et Seita
littéralement éjecté, détala à toutes jambes ; […] toujours cette poussière de feu qui chassait,
ce vacarme des bombes qui enveloppait tout […] ».
• Faire réfléchir les élèves aux photographies contemporaines de reporters de guerre qui
témoignent des violences infligées aux hommes à travers les bombardements des villes qui
anéantissent les lieux et les personnes qui y vivent.

Chaque année, la ville de Bayeux, dans le Calvados, accueille pendant une semaine des
reporters de guerre qui viennent présenter leur travail et informer de ce qu’ils voient partout
dans le monde. Collégiens et lycéens peuvent participer à l’attribution de prix destinés aux
professionnels qui sont exposés chaque année aux dangers de la guerre. Une sélection de
photographies de l’année est par exemple proposée dans la cadre du Prix du Regard des
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

jeunes de 15 ans dans laquelle on pourra puiser.

On propose ici deux photographies qui peuvent à la fois servir de discussion sur les choix
de représentation de la ville et de son anéantissement par les bombes ainsi que sur la
présence des êtres humains qui subissent les bombardements, afin de rendre les élèves
sensibles aux drames contemporains dont l’actualité peut les abreuver et de leur apporter
une distance critique par l’analyse des constructions des représentations à travers les choix
photographiques. Si les deux photographies sont prises en des temps distincts, les lieux se
répondent puisqu’il s’agit de la ville de Gaza.
• La première fait face à un bombardement de la ville. La construction de la photographie
place l’explosion et la fumée qui s’en dégage en son centre et le nuage de fumée se confond
avec la couleur du ciel lui-même envahi.

Appartenant à la sélection du Prix Bayeux du regard des jeunes de 15 ans (2015), elle a été
prise le 29 juillet 2014 à Gaza par Ashraf Amra.
• La seconde photographie est le cliché retenu pour l’affiche de la prochaine édition du Prix
Bayeux-Calvados qui se tiendra du 3 au 9 octobre 2016 et provient du reportage La Guerre et la
guérison à Gaza de Heidi Levine (SIPA Presse) qui a reçu le trophée photo du prix Nikon 2015.

Elle représente une femme, de dos, à l’intérieur d’un immeuble détruit, face aux décombres de
la ville de Gaza.

Le titre du reportage d’où elle émane montre, à l’instar du texte de Michel Leiris, que les
ruines sont porteuses tout à la fois de la souffrance mais d’un avenir possible également. La
femme fait face à la solitude d’une ville en pleine désolation, elle semble enfermée dans ce
qu’il subsiste d’un immeuble qui l’encadre en même temps que l’horizon n’est pas bouché.

C’est bien un rappel que dernière toute ville détruite, bombardée, ce sont des êtres humains
qui sont touchés et on peut faire s’interroger les élèves sur ce que représente la présence de
cette femme sur cette photographie, sur ce qu’elle peut ressentir en faisant face ainsi à ce
qui est probablement sa ville, peut-être son appartement, les raisons qui font qu’elle y est
seule, comme si elle était la seule survivante. Mais l’horizon au loin témoigne de ce que toute
ville détruite contient encore une part d’espoir, comme un écho au tableau de Meissonier,
précédemment cité.

Activités possibles :
• Faire écrire aux élèves la description de la ville observée par cette femme, tel Michel Leiris
face à la ville du Havre, en se référant au travail effectué sur la fiction pour interroger le réel.
• Réaliser l’entretien fictif de cette femme qui confierait son histoire à la journaliste qui l’a
prise en photo dans son appartement. Elle pourrait lui confier son drame, ses espoirs, afin de
s’inscrire dans le titre du reportage, « La guerre et la guérison à Gaza ».

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

La ville, lieu de tous les possibles ?

Activité d’écriture à partir de Tentative


d’épuisement d’un lieu parisien,
de Georges Perec (1975)

À partir du texte édité dans la collection Titres, Christian Bourgeois Éditeur.


Texte intégral disponible ici

Présentation de l’œuvre (quatrième de couverture)


En octobre 1974, Georges Perec s’est installé pendant trois jours consécutifs place Saint-
Sulpice à Paris. À différents moments de la journée, il a noté ce qu’il voyait : les événements
ordinaires de la rue, les gens, véhicules, animaux, nuages et le passage du temps. Des listes. Les
faits insignifiants de la vie quotidienne. Rien, ou presque rien. Mais un regard, une perception
humaine, unique, vibrante, impressionniste, variable, comme celle de Monet devant la cathédrale
de Rouen. Les mille petits détails inaperçus qui font la vie d’une grande cité – d’un quartier d’une
grande cité. Les innombrables variations imperceptibles du temps, de la lumière, du décor, du
vivant. Autobus, chiens, passants, touristes. « Ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du
temps, des gens, des voitures et des nuages. » Ce texte magistral dans l’œuvre de Perec figure à
présent au rang des classiques.

Note d’intention de l’auteur et début du texte


Il y a beaucoup de choses place Saint-Sulpice, par exemple : une mairie, un hôtel des
finances, un commissariat de police, trois cafés dont un fait tabac, un cinéma, une église à
laquelle ont travaillé Le Vau, Gittard, Oppenord, Servandoni et Chalgrin et qui est dédiée à un
aumônier de Clotaire Il qui fut évêque de Bourges de 624 à 644 et que l’on fête le 17 janvier, un
éditeur, une entreprise de pompes funèbres, une agence de voyages, un arrêt d’autobus, un
tailleur, un hôtel, une fontaine que décorent les statues des quatre grands orateurs chrétiens
(Bossuet, Fénelon, Fléchier et Massillon), un kiosque à journaux, un marchand d’objets de
piété, un parking, un institut de beauté, et bien d’autres choses encore.

Un grand nombre, sinon la plupart, de ces choses ont été décrites inventoriées,
photographiées, racontées ou recensées. Mon propos dans les pages qui suivent a plutôt été
de décrire le reste : ce que l’on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui
n’a pas d’importance : ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des
voitures et des nuages.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

La date : 18 octobre 1974


L’heure : 10 h 30
Le lieu : Tabac Saint-Sulpice
Le temps : Froid sec. Ciel gris. Quelques éclaircies.

Esquisse d’un inventaire de quelques-unes des choses strictement visibles :


— Des lettres de l’alphabet, des mots « KLM » (sur la pochette d’un promeneur), un « P »
majuscule qui signifie « parking » « Hôtel Récamier », « St-Raphaël », « l’épargne à la
dérive », « Taxis tête de station », « Rue du Vieux-Colombier », «Brasserie-bar La Fontaine
Saint-Sulpice », « P ELF », «Parc Saint-Sulpice ».
— Des symboles conventionnels : des flèches, sous le « P » des parkings, l’une légèrement
pointée vers le sol, l’autre orientée en direction de la rue Bonaparte (côté Luxembourg), au
moins quatre panneaux de sens interdit (un cinquième en reflet dans une des glaces du café).
— Des chiffres : 86 (au sommet d’un autobus de la ligne n° 86, surmontant l’indication du lieu
où il se rend : Saint-Germain-des-Prés) , 1 (plaque du n° 1 de la rue du Vieux-Colombier), 6
(sur la place indiquant que nous nous trouvons dans le 6e arrondissement de Paris).
— Des slogans fugitifs : « De l’autobus, je regarde Paris »
— De la terre : du gravier tassé et du sable.
— De la pierre : la bordure des trottoirs, une fontaine, une église, des maisons...
— De l’asphalte
— Des arbres (feuilles, souvent jaunissants)
— Un morceau assez grand de ciel (peut-être 1/6e de mon champ visuel)
— Une nuée de pigeons qui s’abat soudain sur le terre-plein central, entre l’église et la
fontaine
— Des véhicules (leur inventaire reste à faire)
— Des êtres humains
— Une espèce de basset
— Un pain (baguette)
— Une salade (frisée ?) débordant partiellement d’un cabas

Trajectoires :

Le 96 va à la gare Montparnasse
Le 84 va à la Porte de Champerret
Le 70 va Place du Dr Hayem, Maison de l’O.R.T.F.
Le 86 va à Saint-Germain-des-Prés
Exigez le Roquefort Société le vrai dans son ovale vert
Aucune eau ne jaillit de la fontaine. Des pigeons se sont posés sur le rebord d’une de
ses vasques.
Sur le terre-plein, il y a des bancs, des bancs doubles avec un dosseret unique. Je peux, de ma
place, en compter jusqu’à six. Quatre sont vides. Trois clochards aux gestes classiques (boire
du rouge à la bouteille) sur le sixième.
Le 63 va à la Porte de la Muette
Le 86 va à Saint-Germain-des-Prés
Nettoyer c’est bien ne pas salir c’est mieux
Un car allemand
Une fourgonnette Brinks
Le 87 va au Champ-de-Mars
Le 84 va à la Porte de Champerret

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

Couleurs :

rouge (Fiat, robe, St-Raphaël, sens uniques)


sac bleu
chaussures vertes
imperméable vert
taxi bleu
deux-chevaux bleue
Le 70 va à la Place du Dr Hayem, Maison de l’O.R.T.F.
méhari verte
Le 86 va à Saint-Germain-des-Prés
Danone : Yoghourts et desserts
Exigez le Roquefort Société le vrai dans son ovale vert
La plupart des gens ont au moins une main occupée : ils tiennent un sac, une petite
valise, un cabas, une canne, une laisse au bout de laquelle il y a un chien, la main d’un enfant.
Un camion livre de la bière en tonneaux de métal (Kanterbraü, la bière de Maître Kanter)
Le 86 va à Saint-Germain-des-Prés
Le 63 va à la Porte de la Muette
Un car « Cityrama » à deux étages
Un camion bleu de marque mercédès
Un camion brun Printemps Brummell
Le 84 va à la Porte de Champerret
Le 87 va au Champ-de-Mars
Le 70 va Place du Dr Hayem, Maison de l’O.R.T.F.
Le 96 va à la Gare Montparnasse
Darty Réal
Le 63 va à la Porte de la Muette
Casimir maître traiteur. Transports Charpentier.
Berth France S.A.R.L.
Le Goff tirage à bière
Le 96 va à la Gare Montparnasse
Auto-école
venant de la rue du Vieux-Colombier, un 84 tourne dans la rue Bonaparte (en direction du
Luxembourg)
Walon déménagements
Fernand Carrascossa déménagements
Pommes de terre en gros
D’un car de touristes une Japonaise semble me photographier.
Un vieil homme avec sa demi-baguette, une dame avec un paquet de gâteaux en forme de
petite pyramide
Le 86 va à Saint-Mandé (il ne tourne pas dans la rue Bonaparte, mais il prend la rue du Vieux-
Colombier)
Le 63 va à la Porte de la Muette
Le 87 va au Champ-de-Mars
Le 70 va Place du Dr Hayem, Maison de l’O.R.T.F.
Venant de la rue du Vieux-Colombier, un 84 tourne dans la rue Bonaparte (en direction du
Luxembourg)
Un car, vide.
D’autres Japonais dans un autre car
Le 86 va à Saint-Germain-des-Prés
Braun reproductions d’art
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Pause.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

L’anagnoste
Une critique de l’œuvre par l’auteur du blog L’anagnoste saisit et explique le projet de Georges
Perec et peut, par l’extrait suivant, définir l’intérêt pédagogique de cette activité pour les
élèves : « Tentative d’épuisement d’un lieu parisien est une invitation à l’immobilité, à la
contemplation. Cessons d’être acteurs, devenons spectateurs de l’existence. À quoi bon nous agiter
en tous sens ? Nous passons à côté de l’essentiel, à côte de la beauté ordinaire. » (cf)

Activité proposée
Lecture préliminaire de l’extrait reproduit du texte de Georges Perec avec les
élèves
Premières impressions des élèves à l’oral.

Discussion autour de ce que peut être l’intention de l’auteur. Pourquoi a-t-il écrit ? Pour qui ?

Comment Perec écrit-il son expérience ? Comment celle-ci est organisée ? L’écriture prend-
elle du temps ? Le rythme d’écriture est-il lent ? Rapide ? Qu’est-ce qui donne le rythme à
l’observation du lieu ?

Se pencher sur différentes phrases relevées par l’auteur : que peuvent-elles désigner (par
exemple : Nettoyer c’est bien ne pas salir c’est mieux) ? Où peuvent-elles se trouver ?

Explication du projet d’écriture et de son but


Qu’aborde Georges Perec dans son texte ? À quoi est-il attentif ?

Rédaction de listes de choses observées par les élèves et ce qu’ils devront transposer pour
leurs propres textes :
• inventaire des lieux, des rues ;
• couleurs ;
• trajectoires ;
• passants ;
• attitudes particulières ;
• véhicules ;
• ce qui est en mouvement, ce qui est statique ;
• publicités visibles ;
• matières ;
• symboles, etc.
Choix du lieu (des lieux ?)
Établissement de la liste de choses à faire une fois sur place.

Les étapes suivantes


• Sortie en ville, sur un/des lieu-x prédéfini-s par/avec l’enseignant : les élèves sont pourvus
de feuilles de papier pour écrire, mais surtout de dictaphones (téléphones portables person-
nels ou dictaphones de l’établissement) pour saisir, à l’oral ou à l’écrit, ce qui les entoure.
Le tout est qu’ils fassent une liste précise de ce qui les entoure. On peut imaginer laisser les
élèves prendre des photographies du lieu.
• Retour au collège : reprise des textes individuellement, en réécoutant l’enregistrement ou en
mettant en forme le texte. Premier jet.
• Deuxième jet après remédiation en classe (lectures des écrits des élèves et discussion avec
les autres pour faire évoluer les productions) et/ou du professeur. Rendu des productions.
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
La ville, lieu de tous les possibles ?

• On peut imaginer une deuxième sortie en ville, un autre jour, uniquement basée sur l’en-
registrement sonore et la prise de vue photographique de l’endroit choisi. L’enregistrement
sonore pourra concerner les élèves observant et décrivant le lieu ou un enregistrement des
sons et bruits inhérents au lieu, pour recréer son atmosphère. Ce projet d’écriture peut ainsi
se transformer en installation artistique au sein du collège, dans laquelle se mélangeront l’ex-
position des textes et photographies des élèves, ainsi que quelques textes, lus par les élèves
eux-mêmes, mêlés au fond sonore du lieu.

CONNAISSANCES ET COMPÉTENCES ASSOCIÉES


Lecture Lire des textes variés avec des objectifs divers
Écriture Réaliser des écrits préparatoires
Prendre des notes à partir de différents supports
Connaitre des techniques et usages de la prise de notes
Adopter des stratégies et des procédures d’écriture efficaces
Exploiter des lectures pour enrichir son écrit
Oral Pratiquer le compte rendu
Percevoir et exploiter les ressources expressives et créatives de la parole

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Présentation du questionnement

Problématiques possibles

Progrès et rêves scientifiques (fichier XMind, logiciel libre de droits à télécharger)


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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

Progrès et rêves scientifiques

Corpus : La figure du savant

Les différents textes proposés ici nous présentent des figures de savants, chercheurs, médecins,
ingénieurs, qui sont tous habités par le désir de faire progresser la science, par la foi dans le
progrès. S’il est toujours question dans ce groupement de volonté, d’effort, de persévérance,
d’énergie prête à dépasser les différents obstacles qui se présentent dans la démarche
scientifique, ces savants se distinguent néanmoins par les valeurs dans lesquelles s’inscrivent
leurs recherches.

Dans le sillage du romantisme noir, certains s’avèrent inquiétants, animés qu’ils sont d’une
forme d’hybris, d’un désir de dépasser toute limite, sans considération morale. D’autres au
contraire, dans une époque marquée par le scientisme et le positivisme, ont foi dans le progrès,
mais en en prenant en compte les conséquences technologiques et pratiques, en inscrivant la
dimension morale et éthique dans leurs pratiques. Dans cette optique, on pourrait rapprocher
ces deux types de savants des figures mythologiques de Prométhée et d’Héphaïstos.

Texte n°1
Je me trouvais en possession d’un pouvoir si étonnant que j’hésitai longtemps sur la
manière de l’employer. J’étais désormais en mesure d’animer la matière ; mais préparer un
corps susceptible de la recevoir, un organisme avec ses réseaux délicats de fibres, de muscles
et de veines, demeurait toujours une œuvre d’une difficulté impensable. Je m’interrogeai
pour savoir s’il me fallait tenter de créer un être semblable à moi-même ou un organisme
plus simple. Mon imagination avait cependant été trop exaltée par mon premier succès
pour m’autoriser à douter de ma capacité à dispenser la vie à un animal aussi complexe et
prodigieux que l’homme. Les matériaux dont je disposais à l’époque ne paraissaient pas
appropriés à la réalisation d’une entreprise aussi ardue ; pourtant, à aucun moment, je ne
doutai de ma réussite finale. Je me préparai à affronter une multitude de revers ; mes travaux
risquaient de se solder à chaque fois par un échec et mon œuvre de ne jamais atteindre la
perfection. Il me suffisait néanmoins de songer aux progrès qu’enregistraient tous les jours
la science et la mécanique pour reprendre espoir et me dire que mes tentatives annuelles
poseraient au moins les fondements de succès futurs. En outre, l’ampleur et la complexité de
ma tâche m’apparaissaient comme des preuves de son caractère utopique. C’est dans cet état
d’esprit que j’entrepris de créer un être humain. (…)

Nul n’imaginera la diversité des sentiments qui m’incitaient à aller de l’avant, tel
un ouragan, porté par l’enthousiasme du premier succès. La vie et la mort étaient à mes
yeux des limites idéales qu’il me faudrait tout d’abord franchir pour déverser un torrent de
lumière dans les ténèbres de notre monde. Une nouvelle espèce me vénérerait comme son
créateur ; d’innombrables natures heureuses et généreuses me devraient l’existence. Nul
père ne mériterait la gratitude de son enfant aussi pleinement que moi. Poursuivant ses
réflexions, je songeai que s’il m’était possible d’animer la matière inerte, je devrais parvenir
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

avec le temps (je sais aujourd’hui que c’était un leurre) à rendre la vie à un corps que la mort
avait apparemment condamné à la putréfaction.

Ces pensées renforçaient mon courage, je me consacrais avec une ardeur incessante
à mon entreprise. L’étude avait rendu ma peau blême, et la réclusion les traits de mon visage
émaciés. Il m’arrivait d’échouer même où je me croyais au seuil de la certitude, je ne perdais
cependant jamais l’espoir que le lendemain ou le surlendemain ne concrétise mon rêve. La
lune éclairait mes efforts nocturnes tandis que, brûlant d’impatience et de ferveur, je traquais
la nature jusque dans ses replis les plus intimes. Qui concevra l’horreur de mes travaux les
plus occultes ; je pataugeais sur un sol détrempé au milieu des tombes profanées, je torturais
des animaux vivants pour animer l’argile inerte. Le souvenir de ces heures fait aujourd’hui
trembler mes membres et me mouille les yeux, mais alors un élan irrésistible et presque
frénétique me poussait de l’avant. J’avais, dans ma quête, perdu et mon âme et ma sensibilité.
Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne, Folio plus, éditions Gallimard, 1997.

Texte n°2
L’après-midi était déjà fort avancé lorsque Mr Utterson se présenta à la porte du Dr
Jekyll. Poole l’introduisit sur le champ. Il lui fit traverser les cuisines, puis une cour qui jadis
avait été un jardin, et le conduisit au bâtiment qu’on appelait indifféremment le laboratoire
ou la salle de dissection. Le docteur avait racheté la maison aux héritiers d’un chirurgien de
renom et, comme ses goûts le portaient davantage vers la chimie que vers l’anatomie, il avait
affecté à d’autres fonctions le corps de logis au fond du jardin. C’était la première fois que le
notaire était reçu par son ami dans cette partie-là de sa demeure, aussi fut-ce avec curiosité
qu’il examina cet ensemble aveugle et défraîchi, et non sans une sensation d’inquiétante
étrangeté qu’il traversa l’amphithéâtre autrefois bondé d’étudiants enthousiastes, n’offrant
plus aujourd’hui qu’un lugubre et silencieux spectacle, avec ses tables remplies de cornues
et d’éprouvettes, ce plancher jonché de caisses et de paille d’emballage, et cette lumière
du dehors qui filtrait par la coupole embrumée. Tout au fond, un escalier aboutissait à une
porte capitonnée de rouge, et c’est par là que Mr Utterson fut enfin admis dans le cabinet du
docteur. C’était une pièce spacieuse, garnie de vitrines, et meublée, entre autres choses, d’un
grand miroir sur pied et d’une table de travail. Elle avait vue sur la cour par trois fenêtres
poussiéreuses grillagées de fer. Le feu brûlait dans l’âtre ; une lampe était allumée sur le
rebord de la cheminée car le brouillard épais commençait même à envahir l’intérieur des
maisons ; c’est là, réfugié tout contre la flamme, qu’était assis le Dr Jekyll, pâle à faire
peur. Sans se lever pour accueillir son visiteur, il lui tendit une main glacée et lui souhaita la
bienvenue d’une voix altérée.
Robert Louis Stevenson, L’Etrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde, 1886.

Texte n°3
Cyrus Smith, originaire du Massachusetts, était un ingénieur, un savant de premier
ordre, auquel le gouvernement de l’Union avait confié, pendant la guerre, la direction des
chemins de fer, dont le rôle stratégique fut si considérable. Véritable Américain du Nord,
maigre, osseux, efflanqué, âgé de quarante-cinq ans environ, il grisonnait déjà par ses cheveux
rares et par sa barbe, dont il ne conservait qu’une épaisse moustache. Il avait une de ces
belles têtes « numismatiques » qui semblent faites pour être frappées en médailles, les yeux
ardents, la bouche sérieuse, la physionomie d’un savant de de l’école militante. C’était un de
ses ingénieurs qui ont voulu commencer par manier le marteau et le pic, comme ces généraux
qui ont voulu débuter simples soldats. Aussi, en même temps que l’ingéniosité de l’esprit,
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Progrès et rêves scientifiques

possédait-il la suprême habileté de la main. Ses muscles présentaient de remarquables


symptômes de tonicité. Véritable homme d’action en même temps qu’homme de pensée,
il agissait sans effort, sous l’influence d’une large expansion vitale, ayant cette persistance
vivace qui défie toute mauvaise chance. Très instruit, très pratique, « très débrouillard », pour
employer un mot de la langue militaire française, c’était un tempérament superbe, car, tout en
restant maître de lui, quelles que fussent les circonstances, il remplissait au plus haut degré
ces trois conditions dont l’ensemble détermine l’énergie humaine : activité d’esprit et de corps,
impétuosité des désirs, puissance de la volonté. Et sa devise aurait pu être celle de Guillaume
d’Orange au XVIIe siècle : « Je n’ai pas besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour
persévérer.
Jules Verne, L’Île mystérieuse, 1874.

Texte n°4
En haut, dans sa chambre, le docteur Pascal travaillait avec une sérénité de joie
parfaite. Il n’avait guère exercé la médecine que pendant une douzaine d’années, depuis
son retour de Paris, jusqu’au jour où il était venu se retirer à la Souleiade. Satisfait des
cent et quelques mille francs qu’il avait gagnés et placés sagement, il ne s’était plus guère
consacré qu’à ses études favorites, gardant simplement une clientèle d’amis, ne refusant
pas d’aller au chevet d’un malade, sans jamais envoyer sa note. Quand on le payait, il jetait
l’argent au fond d’un tiroir de son secrétaire, il regardait cela comme de l’argent de poche,
pour ses expériences et ses caprices, en dehors de ses rentes dont le chiffre lui suffisait.
Et il se moquait de la mauvaise réputation d’étrangeté que ses affaires lui avaient faite, il
n’était heureux qu’au milieu de ses recherches, sur les sujets qui le passionnaient. C’est
pour beaucoup une surprise de voir que ce savant, avec ses parties de génie gâtées par
une imagination trop vive fût resté à Plassans, cette ville perdue, qui semblait ne devoir lui
offrir aucun des outils nécessaires. Mais il expliquait très bien les commodités qu’il y avait
découvertes, d’abord une retraite de grand calme, ensuite un terrain insoupçonné d’enquête
continue, au point de vue des faits de l’hérédité, son étude préférée, dans ce coin de province
où il connaissait chaque famille, où il pouvait suivre les phénomènes tenus secrets, pendant
deux ou trois générations. D’autre part, il était voisin de la mer, il y était allé, presque à chaque
belle saison, étudier la vie, le pullulement infini où elle naît et se propage, au fond des vastes
eaux. Et il y avait enfin, à l’hôpital de Plassans, une salle de dissection, qu’il était presque le
seul à fréquenter, une grande salle claire et tranquille, dans laquelle, depuis plus de vingt ans,
tous les corps non réclamés étaient passés sous son scalpel. Très modeste d’ailleurs, d’une
timidité longtemps ombrageuse, il lui avait suffi de rester en correspondance avec ses anciens
professeurs et quelques amis nouveaux, au sujet des très remarquables mémoires qu’il
envoyait parfois à l’Académie de médecine. Toute ambition militante lui manquait.
Zola, Le Docteur Pascal, 1893.

Texte n°5
Sa vocation … depuis l’âge de quinze ans, la médecine n’avait pas cessé d’exercer sur
une attraction singulière. Encore maintenant, il admettait comme un dogme que la science
médicale était l’aboutissement de tout l’effort intellectuel, et constituait le plus clair profit de
vingt siècles de tâtonnements dans toutes les voies de la connaissance, le plus riche domaine
ouvert au génie de l’homme. Science illimitée dans son étude spéculative et néanmoins
enracinée dans la plus concrète réalité, en contact direct et constant avec l’être humain. A
cela, il tenait particulièrement. Jamais il n’aurait consenti à s’enfermer dans un laboratoire,
à limiter son observation au champ du microscope : il aimait ce corps à corps perpétuel du
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Sa pensée franchit une sorte d’espace obscur qui était la mort de son père ; au-delà,
le chemin redevenait lumineux. Entre deux bouffées de cigarette, il envisagea cette mort
tout autrement que d’habitude, sans appréhension aucune, sans tristesse ; au contraire,
comme une délivrance nécessaire, attendue, comme un élargissement de l’horizon et l’une
des conditions de son essor. Cent possibilités nouvelles s’offraient à lui. « Il s’agira de faire
aussitôt un choix parmi la clientèle… Se réserver des loisirs… Et puis, un aide à demeure, pour
les recherches. Peut-être même un secrétaire ; pas un collaborateur, non, un garçon jeune,
une intelligence ouverte à tout, que je dresserais, qui me débarrasserait de mes besognes…
Et moi je pourrais travailler dur… M’acharner… découvrir du neuf… Ah oui, je suis sûr de faire
de grandes choses !... » Sur sa lèvre se joua une ébauche de sourire, reflet intérieur de cet
optimisme qui le dilatait.

Tout à coup, il jeta sa cigarette et s’arrêta, songeur. « N’est-ce pas étrange, si l’on y
pense ? Ce sens moral que j’ai expulsé de ma vie, et dont je me sentais, il n’y a pas une heure,
radicalement affranchi, voilà que je viens de le retrouver en moi, brusquement ! Et non pas
réfugié dans quelque repli obscur et inexploré de ma conscience ! Non ! Epanoui, au contraire,
solide, indéracinable, s’étalant à la place principale, en plein centre de mon énergie et de
mon activité : au cœur de ma vie professionnelle ! Car il ne s’agit pas de jouer sur les mots :
comme médecin, comme savant, j’ai un sens de la droiture absolument inflexible ; et, sur ce
point-là, je crois bien pouvoir dire que je ne transigerai jamais… comment concilier tout ça ?...
Bah », se dit-il, « pourquoi toujours vouloir concilier » ? En fait, il y renonça vite, et, cessant de
penser avec précision, il s’abandonna lâchement au bien-être, mêlé de fatigue, qui peu à peu
l’engourdissait. ».
Roger Martin du Gard, La Consultation, Les Thibault, 1928.

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les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

Progrès et rêves scientifiques

Corpus : Le savant dans l’Antiquité,


une figure héroïque

La figure du savant apparait comme une figure héroïque dont les découvertes ou les inven-
tions ne comptent pas tant que son comportement exemplaire qui lui vaut d’être immortalisé.
L’approche scientifique est avant tout une approche éthique puisque les textes scientifiques
sont avant tout des textes philosophiques, à l’image de la poésie didactique de Lucrèce qui fait
l’éloge de la pensée d’Epicure (texte 1). On trouve, par ailleurs, le portrait du savant sage dans la
célèbre lettre de Pline le Jeune décrivant l’attitude de son oncle au moment de l’éruption du Vé-
suve. C’est aussi le développement consacré à Archimède dans la Vie de Marcellus de Plutarque
(texte 3) : le scientifique y est à la fois un modèle de maitrise de soi et d’intelligence dans l’action
que l’homme politique doit prendre en modèle s’il veut se hisser à sa hauteur et laisser à son
tour son nom à la postérité. Ce regard stoïcien sur le scientifique est déjà présent dans la Vie de
Pythagore de Diogène Laërce (texte 4). Il s’agit avant tout de vivre selon sa droite raison, confor-
mément à l’ordre rationnel du monde. Il faut pour cela méditer les courtes maximes attribuées
à Pythagore, exercice spirituel qui permet de restaurer en soi la tranquillité et la paix de l’âme à
une époque où la science, indissociable de l’éthique et de la métaphysique, faisait partie inté-
grante d’un véritable système de pensée.

Corpus de textes
Texte n°1 : Victoire d’Épicure sur la religion
[1,62] Jadis, quand on voyait les hommes traîner une vie rampante sous le faix honteux de
la superstition, et que la tête du monstre leur apparaissant à la cime des nues, les accablait
de son regard épouvantable, un Grec, un simple mortel osa enfin lever les yeux, osa enfin lui
résister en face. Rien ne l’arrête, ni la renommée des dieux, ni la foudre, ni les menaces du ciel
qui gronde; [1,70] loin d’ébranler son courage, les obstacles l’irritent, et il n’en est que plus
ardent à rompre les barrières étroites de la nature. Aussi en vient-il à bout par son infatigable
génie: il s’élance loin des bornes enflammées du monde, il parcourt l’infini sur les ailes de
la pensée, il triomphe, et revient nous apprendre ce qui peut ou ne peut pas naître, et d’où
vient que la puissance des corps est bornée et qu’il y a pour tous un terme infranchissable. La
superstition fut donc abattue et foulée aux pieds à son tour, et sa défaite nous égala aux dieux.
Lucrèce, De rerum natura, 1,62-79. Traduction de P. Remacle. Disponible ici.

Texte n°2 : un savant héroïque


[….] Il était à Misène, où il commandait la flotte. Le 23e d’août, environ une heure après midi,
ma mère l’avertit qu’il paraissait un nuage d’une grandeur et d’une figure extraordinaire. Après
avoir été quelque temps couché au soleil, selon sa coutume, et avoir pris un bain d’eau froide,
il s’était jeté sur un lit, où il étudiait. Il se lève, et monte en un lieu d’où il pouvait aisément
observer ce prodige. Il était difficile de discerner de loin de quelle montagne ce nuage sortait.
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

L’événement a découvert depuis que c’était du mont Vésuve. […] Ce prodige surprit mon oncle,
qui était très savant ; et il le crut digne d’être examiné de plus près. Il commande que l’on
appareille sa frégate légère, et me laisse la liberté de le suivre. Je lui répondis que j’aimais
mieux étudier ; et par hasard il m’avait lui-même donné quelque chose à écrire. Il sortait de
chez lui, ses tablettes à la main, lorsque les troupes de la flotte qui étaient à Rétines, effrayées
par la grandeur du danger (car ce bourg est précisément sur Misène, et on ne s’en pouvait
sauver que par la mer), vinrent le conjurer de vouloir bien les garantir d’un si affreux péril.
Il ne changea pas de dessein, et poursuivit avec un courage héroïque ce qu’il n’avait d’abord
entrepris que par simple curiosité. Il fait venir des galères, monte lui-même dessus, et part
dans le dessein de voir quel secours on pouvait donner non seulement à Rétines, mais à tous
les autres bourgs de cette côte, qui sont en grand nombre à cause de sa beauté. Il se presse
d’arriver au lieu d’où tout le monde fuit, et où le péril paraissait plus grand ; mais avec une
telle liberté d’esprit, qu’à mesure qu’il apercevait quelque mouvement ou quelque figure
extraordinaire dans ce prodige, il faisait ses observations et les dictait. Déjà sur ces vaisseaux
volait la cendre plus épaisse et plus chaude, à mesure qu’ils approchaient ; déjà tombaient
autour d’eux des pierres calcinées et des cailloux tout noirs, tout brûlés, tout pulvérises par
la violence du feu ; déjà la mer semblait refluer, et le rivage devenir inaccessible par des
morceaux entiers de montagnes dont il était couvert ; lorsque après s’être arrêté quelques
moments, incertain s’il retournerait, il dit à son pilote, qui lui conseillait de gagner la pleine
mer : « La fortune favorise le courage. Tournez du côté de Pomponianus ». Pomponianus
était à Stable, en un endroit séparé par un petit golfe que forme insensiblement la mer sur
ces rivages qui se courbent. Là, à la vue du péril, qui était encore éloigné, mais qui semblait
s’approcher toujours, il avait retiré tous ses meubles dans ses vaisseaux, et n’attendait pour
s’éloigner qu’un vent moins contraire. Mon oncle, à qui ce même vent avait été très favorable,
l’aborde, le trouve tout tremblant, l’embrasse, le rassure, l’encourage ; et pour dissiper, par
sa sécurité, la crainte de son ami, il serait porté au bain. Après s’être baigné, il se met à table,
et soupe avec toute sa gaieté, ou (ce qui n’est pas moins grand) avec toutes les apparences
de sa gaieté ordinaire. Cependant on voyait luire, de plusieurs endroits du mont Vésuve, de
grandes flammes et des embrasements dont les ténèbres augmentaient l’éclat. Mon oncle,
pour rassurer ceux qui l’accompagnaient, leur dit que ce qu’ils voyaient brûler, c’étaient des
villages que les paysans alarmés avaient abandonnés, et qui étaient demeurés sans secours.
Ensuite il se coucha, et dormit d’un profond sommeil ; car, comme il était puissant, on
l’entendait ronfler de l’antichambre. […] Hors de la ville, la chute des pierres, quoique légères
et desséchées par le feu, était à craindre. Entre ces périls, on choisit la rase campagne. Chez
ceux de sa suite, une crainte surmonta l’autre : chez lui, la raison la plus forte l’emporta sur
la plus faible. Ils sortent donc, et se couvrent la tête d’oreillers attachés avec des mouchoirs ;
ce fut toute la précaution qu’ils prirent contre ce qui tombait d’en haut. Le jour recommençait
ailleurs ; mais dans le lieu où ils étaient continuait une nuit la plus sombre et la plus affreuse
de toutes les nuits, et qui n’était un peu dissipée que par la lueur d’un grand nombre de
flambeaux et d’autres lumières. On trouva bon de s’approcher du rivage, et d’examiner de près
ce que la mer permettait de tenter ; mais on la trouva encore fort grosse, et fort agitée d’un
vent contraire. Là, mon oncle ayant demandé de l’eau et bu deux fois, se coucha sur un drap
qu’il fit étendre. Ensuite des flammes qui parurent plus grandes, et une odeur de soufre qui
annonçait leur approche, mirent tout le monde en fuite. Il se lève, appuyé sur deux valets, et
dans le moment tombe mort. Je m’imagine qu’une fumée trop épaisse le suffoqua d’autant
plus aisément, qu’il avait la poitrine faible, et souvent la respiration embarrassée. Lorsque
l’on commença à revoir la lumière (ce qui n’arriva que trois jours après), on retrouva au même
endroit son corps entier, couvert de la même robe qu’il portait quand il mourut, et dans la
posture plutôt d’un homme qui repose que d’un homme qui est mort.
Pline Le Jeune, Lettre XVI, Livre VI. Traduction : Philippe Remacle. Disponible ici.
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Progrès et rêves scientifiques

Texte n°3 : quand le savant est supérieur au seul politique


XX. Les Romains donc ayant donné l’assaut de deux côtés différents, les Syracusains,
consternés, restaient dans le silence, craignant de ne pouvoir résister à de si grands efforts,
et à une puissance si redoutable. Mais quand Archimède eut mis ces machines en jeu, elles
firent pleuvoir sur l’infanterie romaine une grêle de traits de toute espèce et des pierres
d’une grosseur énorme, qui volaient avec tant de roideur et de fracas, que rien n’en pouvait
soutenir le choc, et que, renversant tous ceux qui en étaient atteints, elles jetaient le désordre
dans tous les rangs. Du côté de la mer, il avait placé sur les murailles d’autres machines qui,
abaissant tout à coup sur les galères de grosses antennes en forme de crocs, et cramponnant
les vaisseaux, les enlevaient par la force du contrepoids, les laissaient retomber ensuite, et
les abîmaient dans les flots; il en accrochait d’autres par la proue avec des mains de fer ou
des becs de grue, et, après les avoir dressées sur leur poupe, il les enfonçait dans la mer,
ou les amenait vers la terre par le moyen de cordages qui tiraient les uns en sens contraire
des autres; là, après avoir pirouetté quelque temps, elles se brisaient contre les rochers qui
s’avançaient de dessous les murailles, et la plupart de ceux qui les montaient périssaient
misérablement. On voyait sans cesse des galères, enlevées et suspendues en l’air, tourner
avec rapidité, et présenter un spectacle affreux : quand les hommes qui les montaient
avaient été dispersés et jetés bien loin, comme des pierres lancées avec des frondes, elles se
fracassaient contre les murailles; ou les machines venant à lâcher prise, elles retombaient
dans la mer. La machine que Marcellus faisait avancer sur huit galères liées ensemble était
appelée sambyce, à cause de sa ressemblance avec l’instrument de musique de ce nom. Elle
était encore assez loin des murailles, lorsque Archimède lança contre elle un rocher du poids
de dix talents ; ensuite un second, puis, un troisième, qui, la frappant avec un sifflement et
un fracas horribles, en détachèrent les appuis, et donnèrent aux vaisseaux de si violentes
secousses, qu’ils se séparèrent les uns des autres. Marcellus, ne sachant plus que faire, se
retira promptement avec ses galères, et envoya l’ordre aux troupes de terre de faire aussi leur
retraite. […]

XXV. Mais rien n’affligea tant Marcellus que la mort d’Archimède. Ce philosophe était alors
chez lui, appliqué à quelque figure de géométrie; et comme il donnait à cette méditation tout
son esprit et tous ses sens, il n’avait pas entendu le bruit des Romains qui couraient de toutes
parts dans la ville, et il ignorait qu’elle fût en leur pouvoir. Tout à coup il se présente à lui un
soldat qui lui ordonne de le suivre pour aller trouver Marcellus. Il refuse d’y aller jusqu’à ce
qu’il ait achevé la démonstration de son problème. Le Romain, irrité, tire son épée et le tue.
D’autres disent qu’un soldat étant allé d’abord à lui, l’épée à la main, pour le tuer, Archimède
le pria instamment d’attendre un moment, afin qu’il ne laissât pas son problème imparfait; et
que le soldat, qui se souciait fort peu de sa démonstration, le perça de son épée. Un troisième
récit, c’est qu’Archimède étant allé lui-même porter à Marcellus, dans une caisse, des
instruments de mathématiques, tels que des cadrans au soleil, des sphères, et des angles
avec lesquels on mesure la grandeur du soleil, des soldats qui le rencontrèrent, croyant que
c’était de l’or qu’il portait dans cette caisse, le tuèrent pour s’en emparer. Mais ce qui est avoué
de tous les historiens, c’est que Marcellus fut très affligé de sa mort, qu’il eut horreur du
meurtrier comme d’un sacrilège, et qu’ayant fait chercher les parents d’Archimède, il les traita
de la manière la plus honorable.
Plutarque, Vie de Marcellus, XX et XXV. Traduction de Philippe Remacle. Disponible ici.

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Texte n°4 : De la sagesse avant toute chose


[…] Pythagore forma en Italie plusieurs grands hommes illustres par leurs vertus, entre autres
Zaleucus et Charondas, tous deux législateurs. Il ne négligeait d’ailleurs aucune occasion
d’acquérir des amis ; il suffisait qu’il apprit que quelqu’un était avec lui en communauté de
symboles pour qu’aussitôt il s’en fît un compagnon et un ami. Voici quels étaient ces symboles :
« Ne remuez point le feu avec l’épée. — Ne secouez pas le joug.— Ne vous asseyez pas
sur le chénix.— Ne vous rongez point le cœur. — N’aidez pas à déposer le fardeau, mais aidez
à l’augmenter. — Que vos couvertures soient toujours pliées. — Ne portez point à votre anneau
l’image de la divinité. —Effacez sur la cendre les traces de la marmite. — Ne nettoyez point
le siège avec l’huile de la lampe. — Ne vous tournez pas vers le soleil pour uriner.—Ne suivez
point le grand chemin. — Ne tendez pas légèrement la main. — Ne logez pas sous Un même
toit avec les hirondelles. — N’élevez point un oiseau qui ait des serres . — N’urinez point et ne
mettez point le pied sur les rognures de vos ongles et sur les débris de votre barbe. — Évitez la
pointe du glaive. — Ne tournez pas les yeux vers votre pays quand vous en êtes dehors. »

Voici le sens de ces symboles : Ne pas remuer le feu avec l’épée, signifie ne pas exciter la colère
et l’indignation des puissants. Ne pas secouer le joug, veut dire respecter l’équité et la justice.
Ne pas s’asseoir sur le chénix, c’est-à-dire songer au présent et à l’avenir, le chénix étant la
mesure d’un jour de nourriture. Ne point ronger son cœur, signifie qu’il ne faut point se laisser
abattre par la douleur et le chagrin. Enfin lorsqu’il dit qu’en sortant de son pays Une faut pas
regarder en arrière, il fait entendre qu’on ne doit point regretter la vie au moment où on la
quitte, ni être trop sensible aux plaisirs de ce monde. Les autres symboles s’expliquent d’une
manière analogue ; aussi nous n’insisterons pas davantage.

§23-34 […] On lui doit les maximes suivantes : Honorez les dieux avant les héros, les héros
avant les hommes, et parmi les hommes vos parents entre tous. — Vivez avec vos semblables
de manière à ne pas vous faire des ennemis de vos amis, et à vous faire des amis de vos
ennemis.— N’ayez rien en propre. —Prêtez appui à la loi et combattez l’iniquité. —Ne détruisez
point, ne blessez pas un arbre à fruit ni un animal qui ne porte aucun préjudice à l’homme. —
La pudeur et la modestie consistent dans un milieu entre la gaîté immodérée et la sévérité
excessive .— Evitez l’abus des viandes. — En route, faites succéder le repos à la marche.
— Exercez votre mémoire — Que toutes vos paroles et vos actions soient exemptes de colère.
— Respectez toute espèce de divination. — Chantez sur la lyre, et témoignez par des hymnes
votre reconnaissance aux dieux et aux hommes vertueux.
Diogène Laërce, Vie de Pythagore, § 16-18 et § 23-24 (extraits)

Ressources scientifiques et culturelles pour l’enseignant

Vies de scientifiques
• Diogène Laërce, Vie et doctrine des philosophes illustres. Paris, Garnier Flammarion, 1993
(2 tomes).
• Favre-Bulle (Stéphane). Thalès, Pythagore, Euclide, Archimède. Paris, Ellipses, 2005, 95 p.
• Zitelmann (Arnulph). Hypatia. Paris, Ecole des loisirs, 1990, 278 p.

Anthologie de textes scientifiques


• Regards grecs & latins sur le corps humain (Collectif). CRDP de Franche-Comté- Besançon,
2013, 196 p. ; 1 DVD-Rom.

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Progrès et rêves scientifiques

Corpus d’images
La figure du savant fou s’inscrit dans une tradition qui remonte à l’Antiquité et au mythe de
Prométhée. Incarnation de l’hybris, de la transgression, et de la punition, le Titan est une
figure particulière de la mythologie qui interroge l’être humain dans son rapport au divin et
dans son rapport à l’univers qui l’entoure. Si le mythe prométhéen, dans son rapport au divin,
interroge les notions de sacré et de transcendance, il met en jeu, dans son rapport à l’univers,
la supériorité de l’espèce humaine sur les autres espèces. Prendre le pouvoir grâce au feu
et l’offrir ensuite aux hommes est un acte hautement symbolique qui installe une hiérarchie
entre les êtres, et permet à l’espèce humaine ainsi favorisée d’engager un processus
d’évolution et de progression en contrôlant toujours davantage le monde qui l’entoure.

Le corpus se construit surtout autour des peintures et sculptures du XIXe siècle où la figure de
Prométhée semble interroger la notion de progrès devenu, à la fin de la monarchie de Juillet,
une religion ou un substitut de la religion et déclenchant ainsi bien des oppositions. Elle
trouve son prolongement dans des personnages comme Balthazar Claës dans La Recherche
de l’absolu d’Honoré de Balzac ou comme Jean Sombreval dans Un Prêtre marié de Jules
Barbey d’Aurevilly. Ayant renié sa foi pour s’adonner aux sciences, notamment l’alchimie et la
médecine, cette figure prométhéenne illustre les excès de la science en espérant découvrir un
remède qui soignera sa fille atteinte d’une maladie qu’aucun savant ne parvient à guérir.
• Jean Charles Frontier. Vulcain enchaînant Prométhée. Paris, école nationale supérieure des
Beaux-Arts (ENSBA).
• Claude Félix Théodore Caruelle d’Aligny. Prométhée. Paris, musée du Louvre.
• Louis Silvestre. Esquisse pour La formation de l’homme par Prométhée aidé de Minerve.
Montpellier, musée Fabre.
• Gustave Moreau. Prométhée. Paris, musée Gustave Moreau.
• Gustave Moreau. Prométhée foudroyé (vers 1869). Paris, musée Gustave Moreau.
• Antonello da Messina, Saint Jérôme à son étude (vers 1488), Londres, National gallery.
• Carpaccio, La vision de saint augustin, 1502-1508, Scuola degli Schiavoni, Venise.
• Hermann Prell. Prométhée (sculpture). Berlin, Nationalgalerie, Staatliche.
• Constantin Brancusi. Prométhée, bronze poli (1911-1917). Paris, Centre Pompidou - Musée
national d’art moderne - Centre de création industrielle.
• Jean Dewasne. Etude pour Prométhée I. Paris, Centre Pompidou - Musée national d’art mo-
derne - Centre de création industrielle.

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

Progrès et rêves scientifiques

Corpus : L’homme artificiel

Ce corpus propose des textes qui posent la réflexion sur l’homme, créateur stimulé par les
avancées scientifiques et techniques de son époque tout autant que créature de ce progrès.
Cette mise en perspective des évolutions évoquées dans ces extraits avec celles de notre époque
permet de s’interroger sur l’idée du progrès scientifique, tantôt exalté et mythifié, tantôt objet de
répulsion ou de désillusion et de réfléchir à l’utilisation actuelle de ces avancées et des outils qui
les accompagnent.

Villiers de l’Isle Adam, L’Ève Future (1886)


1878, Edison présente son phonographe (qui permet d’enregistrer la voix)
1889, Edison fabrique une poupée-phonographe, c’est-à-dire une “poupée parlante” (jouet
mécanique dans lequel il a introduit son phonographe)
Liens à faire avec les recherches scientifiques sur “l’électricité” du corps.

Lord Ewald est désespéré par sa maîtresse, Alicia, et se voit proposer par Edison un être
mécanique animé, Hadaly, qui aurait les traits d’Alicia et une âme artificielle.
― On n’aime qu’un être animé ! dit lord Ewald.
― Eh bien ! demanda Edison.
― L’âme, c’est l’inconnu ; animerez-vous votre Hadaly ?
― On anime bien un projectile d’une vitesse de X ; or, X, c’est l’inconnu, aussi.
― Saura-t-elle qui elle est ? ce qu’elle est, veux-je dire ?
― Savons-nous donc si bien, nous-mêmes, qui nous sommes ? et ce que nous sommes ?
Exigerez-vous plus de la copie que Dieu n’en crut devoir octroyer à l’original.
― Je demande si votre créature aura le sentiment d’elle-même.
― Sans doute ! répondit Edison comme très étonné de la question.
― Hein ? Vous dites ?… s’écria lord Ewald, interdit.
― Je dis : sans doute ! ― puisque ceci dépend de vous. Et c’est même sur vous seul que je me
fonde pour que cette phase du miracle soit accomplie.
― Sur moi ?
― Sur quel autre, plus intéressé en ce problème, pourrais-je compter ?
― Alors, dit tristement lord Ewald, ― veuillez bien m’apprendre, mon cher Edison, où je dois
aller ravir une étincelle de ce feu sacré dont l’Esprit du Monde nous pénètre ! Je ne m’appelle
point Prométhée, mais, tout simplement, lord Celian Ewald, ― et je ne suis qu’un mortel.
― Bah ! tout homme a nom Prométhée sans le savoir ― et nul n’échappe au bec du vautour,
répondit Edison. ― Milord, en vérité je vous le dis : une seule de ces mêmes étincelles, encore
divines, tirées de votre être, et dont vous avez tant de fois essayé (toujours en vain !) d’animer
le néant de votre jeune admirée, suffira pour en vivifier l’ombre.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Platon, Protagoras (IVe s. av. J.-C.)


Il fut un temps où les dieux existaient, et où il n’y avait point encore d’êtres mortels. Lorsque le
temps de leur existence marqué par le destin fut arrivé, les dieux les formèrent dans le sein de
la terre, les composants de terre, de feu, et des autres éléments qui se mêlent avec le feu et la
terre. Quand ils furent sur le point de les faire paraître à la lumière, ils chargèrent Prométhée
et Épiméthée du soin de les orner, et de pourvoir chacun d’eux des facultés convenables.
Épiméthée conjura son frère de lui laisser faire cette distribution. Quand je l’aurai faite, dit-
il, tu examineras si elle est bien. Prométhée y ayant consenti, il se met à faire le partage :
il donne aux uns la force sans vitesse, compense la faiblesse des autres par l’agilité ; arme
ceux-ci, et à ceux-là qu’il laisse sans défense il réserve quelque autre moyen d’assurer leur
vie ; les petits reçoivent des ailes, ou une demeure souterraine ; et ceux qui ont la grandeur
en partage, il les met en sûreté par leur grandeur même. Il suit le même plan et la même
justice dans le reste de la distribution, pour qu’aucune espèce ne soit détruite. Après avoir pris
les mesures nécessaires pour empêcher leur destruction mutuelle, il s’occupe des moyens
de les faire vivre sous les diverses températures, en les revêtant d’un poil épais et d’une
peau ferme, qui pussent les défendre contre le froid et la chaleur, et tinssent lieu à chacun
de couvertures naturelles, quand ils se retireraient pour dormir. De plus, il leur met sous les
pieds, aux uns une corne, aux autres des calus et des peaux très épaisses et dépourvues de
sang. Il leur fournit ensuite des aliments de différente espèce, aux uns l’herbe de la terre, aux
autres les fruits des arbres, à d’autres des racines. La nourriture qu’il destina à quelques-uns
fut la substance même des autres animaux. Mais il fit en sorte que ces bêtes carnassières
multipliassent peu, et attacha la fécondité à celles qui devaient leur servir de pâture, afin que
leur espèce se conservât. Comme Épiméthée n’était pas fort habile, il ne s’aperçut pas qu’il
avait épuisé toutes les facultés en faveur des êtres privés de raison. L’espèce humaine restait
donc dépourvue de tout, et il ne savait quel parti prendre à son égard. Dans cet embarras,
Prométhée survint pour jeter un coup d’œil sur la distribution. Il trouva que les autres animaux
étaient partagés avec beaucoup de sagesse, mais que l’homme était nu, sans chaussure, sans
vêtements, sans défense. Cependant le jour marqué approchait, où l’homme devait sortir de
terre et paraître à la lumière. Prométhée, fort incertain sur la manière dont il pourvoirait à la
sûreté de l’homme, prit le parti de dérober à Vulcain et à Minerve les arts et le feu : car sans
le feu la connaissance des arts serait impossible et inutile ; et il en fil présent à l’homme.
Ainsi notre espèce reçut l’industrie nécessaire au soutien de sa vie ; mais elle n’eut point la
politique, car elle était chez Jupiter, et il n’était pas encore au pouvoir de Prométhée d’entrer
dans la citadelle, séjour de Jupiter, devant laquelle veillaient des gardes redoutables. Il se
glisse donc en cachette dans l’atelier où Minerve et Vulcain travaillaient en commun, dérobe
l’art de Vulcain, qui s’exerce par le feu, avec les autres arts propres à Minerve, et les donne à
l’homme ; voilà comment l’homme a le moyen de subsister. Prométhée, à ce qu’on dit, porta
dans la suite la peine de son larcin, dont Épiméthée avait été la cause. L’homme ayant donc
quelque part aux avantages divins, fut aussi le seul d’entre les animaux qui, à cause de son
affinité avec les dieux, reconnut leur existence, conçut la pensée de leur dresser des autels, et
de leur ériger des statues. Ensuite il trouva bientôt l’art d’articuler des sons, et de former des
mots ; il se procura une habitation, des vêtements, une chaussure, de quoi se couvrir la nuit, et
tira sa nourriture de la terre.

Traduction de P. Remacle disponible ici.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Mary Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne


(1818)
Victor Frankenstein raconte ses aventures : très tôt, son goût pour la science se manifeste.

C’est dans ces sentiments que je me mis à créer un être humain. Comme la petitesse de
ses diverses parties constituait un grave obstacle à la rapidité de mon travail, je résolus,
contrairement à mon intention première, de lui donner une stature gigantesque, c’est-à-
dire d’environ huit pieds de hauteur, et d’une largeur proportionnée. Après avoir pris cette
décision, et passé plusieurs mois à rassembler et disposer convenablement mes matériaux, je
commençai mon œuvre.

Nul ne peut concevoir les sentiments variés qui me poussaient en avant, tel un ouragan,
dans le premier enthousiasme du succès. La vie et la mort m’apparaissaient comme des
limites idéales que je devrais d’abord franchir pour déverser sur notre monde ténébreux un
torrent de lumière. Une espèce nouvelle bénirait en moi son créateur et sa source ; c’est à
moi que devraient l’existence des quantités de natures heureuses et bonnes : nul père ne
pourrait mériter la reconnaissance de son enfant comme je mériterais la leur. Poursuivant ces
réflexions, je me disais que s’il m’était donné d’animer la matière inerte, je pourrais avec le
temps (bien que cela me semblât encore impossible), renouveler la vie lorsque la mort avait
apparemment livré le corps à la corruption.

Ces pensées soutenaient mon courage, tandis que je poursuivais mon entreprise avec
une ardeur sans défaillance. L’étude avait pâli ma joue, l’absence d’exercice avait amaigri
mon corps. Parfois, au bord même de la certitude, je n’aboutissais pas ; et pourtant je
n’abandonnais pas un espoir que le jour ou l’heure suivante réaliserait peut-être. L’unique
secret que seul je possédais, était l’espoir auquel je m’étais consacré ; et la lune contemplait
mes labeurs nocturnes, tandis que, dans la constance et l’essoufflement de l’impatience, je
poursuivais la nature jusque dans ses cachettes. Qui concevra les horreurs de mon travail
secret, tandis que je tâtonnais, profanant l’humidité des tombes, ou torturais l’animal vivant
pour animer l’argile inerte ? Ce souvenir fait aujourd’hui trembler mes membres et trouble
mon regard ; mais alors une impulsion irrésistible et presque frénétique me poussait en
avant ; toute mon âme, toutes mes sensations ne semblaient plus exister que pour cette
seule recherche. Celle-ci n’était plus, à vrai dire, qu’une extase isolée, qui ne faisait que
renouveler l’intensité de mes sentiments dès qu’en l’absence de ce stimulant étrange je
reprenais mes anciennes habitudes. Je ramassais des ossements dans les charniers, et mes
doigts profanes troublaient les mystères de l’édifice humain. C’était dans une pièce, ou plutôt
dans une cellule solitaire, en haut de la maison, et séparée de tous les autres appartements
par une galerie et un escalier, que j’avais établi mon atelier d’immonde création ; mes yeux
sortaient de leurs orbites devant les détails de mon œuvre. La salle de dissection et l’abattoir
me fournissaient une grande partie de mes matériaux ; et mainte fois mon humanité se
détourna avec écœurement de mon œuvre, au moment même où sous l’aiguillon d’une
curiosité sans cesse croissante, j’étais sur le point d’aboutir.
Chapitre IV

Le monstre créé par Victor Frankenstein retrouve son créateur et lui adresse ces mots.

— Sois calme ! Je te prie de m’écouter, avant de te livrer à la haine qui t’anime contre ma
tête sacrifiée. N’ai-je donc pas assez souffert, pour que tu cherches encore à accroitre mon
malheur ? La vie, bien qu’elle ne soit pour moi qu’une accumulation d’angoisses, m’est chère,
et je la défendrai. Souviens-toi, tu m’as fait plus puissant que toi-même ; ma taille est plus
grande, mes articulations plus souples. Mais je ne serai pas tenté de m’opposer à toi. Je suis
ta créature, et j’irai jusqu’à obéir doucement et docilement à mon maître et à mon roi naturel,
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

si tu veux aussi t’acquitter de ton rôle, de ton devoir envers moi. Oh ! Frankenstein, ne sois pas
équitable à l’égard de tout autre être, pour me fouler seul aux pieds, moi à qui sont dues ta
justice, et même ta clémence et ton affection. Souviens-toi ! je suis ta créature ; je devrais être
ton Adam ; mais je suis bien plutôt l’ange déchu que tu chasses loin de la joie, bien qu’il n’ait
pas fait le mal. Partout je vois le bonheur, et j’en suis irrévocablement privé. J’étais bienveillant
et bon ; la misère a fait de moi un démon. Rends-moi la joie, et je redeviendrai vertueux.
Chapitre X

Emile Zola, Le Docteur Pascal (1893)


• Intérêt des romanciers pour la physiologie dans les années 1850
• Dernier de “Rougon-Macquart”, poème de l’hérédité

Le personnage principal étudie le fœtus et s’interroge sur la conception et l’hérédité.

En somme, le docteur Pascal n’avait qu’une croyance, la croyance à la vie. La vie était l’unique
manifestation divine. La vie, c’était Dieu, le grand moteur, l’âme de l’univers. Et la vie n’avait
d’autre instrument que l’hérédité, l’hérédité faisait le monde ; de sorte que, si l’on avait pu
la connaître, la capter pour disposer d’elle, on aurait fait le monde à son gré. Chez lui, qui
avait vu de près la maladie, la souffrance et la mort, une pitié militante de médecin s’éveillait.
Ah ! ne plus être malade, ne plus souffrir, mourir le moins possible ! Son rêve aboutissait
à cette pensée qu’on pourrait hâter le bonheur universel, la cité future de perfection et de
félicité, en intervenant, en assurant de la santé à tous. Lorsque tous seraient sains, forts,
intelligents, il n’y aurait plus qu’un peuple supérieur, infiniment sage et heureux. Dans l’Inde,
est-ce qu’en sept générations, on ne faisait pas d’un soudra un brahmane, haussant ainsi
expérimentalement le dernier des misérables au type humain le plus achevé ? Et, comme,
dans son étude sur la phtisie, il avait conclu qu’elle n’était pas héréditaire, mais que tout
enfant de phtisique apportait un terrain dégénéré où la phtisie se développait avec une facilité
rare, il ne songeait plus qu’à enrichir ce terrain appauvri par l’hérédité, pour lui donner la
force de résister aux parasites, ou plutôt aux ferments destructeurs qu’il soupçonnait dans
l’organisme, longtemps avant la théorie des microbes. Donner de la force, tout le problème
était là ; et donner de la force, c’était aussi donner de la volonté, élargir le cerveau en
consolidant les autres organes.

Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes (1932)


• Rapport à l’eugénisme
• Voir lecture cursive Max de Sarah Cohen-Scali à propos du Lebensborn

Observation des étudiants dans la salle de Fécondation.

En deux, en quatre, en huit, les bourgeons bourgeonnaient à leur tour ; puis, ayant bourgeonné,
ils étaient soumis à une dose d’alcool presque mortelle ; en conséquence, ils proliféraient
de nouveau, et, ayant bourgeonné, on les laissait alors se développer en paix, bourgeons des
bourgeons des bourgeons, – tout nouvel arrêt de croissance étant généralement fatal. À ce
moment, l’œuf primitif avait de fortes chances de se transformer en un nombre quelconque
d’embryons compris entre huit et quatre-vingt-seize, « ce qui est, vous en conviendrez, un
perfectionnement prodigieux par rapport à la nature. Des jumeaux identiques, mais non pas
en maigres groupes de deux ou trois, comme aux jours anciens de reproduction vivipare, alors
qu’un œuf se divisait parfois accidentellement ; mais bien par douzaines, par vingtaines, d’un
coup. »

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

— Par vingtaines, répéta le Directeur, et il écarta les bras, comme s’il faisait des libéralités à
une foule. Par vingtaines.

Mais l’un des étudiants fut assez sot pour demander en quoi résidait l’avantage.

— Mon bon ami ! – Le Directeur se tourna vivement vers lui. – Vous ne voyez donc pas ? Vous
ne voyez pas ? – Il leva la main ; il prit une expression solennelle. – Le Procédé Bokanovsky est
l’un des instruments majeurs de la stabilité sociale !

Instruments majeurs de la stabilité sociale.

Des hommes et des femmes conformes au type normal ; en groupes uniformes. Tout le
personnel d’une petite usine constitué par les produits d’un seul œuf bokanovskifié.

— Quatre-vingt-seize jumeaux identiques faisant marcher quatre-vingt-seize machines


identiques ! – Sa voix était presque vibrante d’enthousiasme. – On sait vraiment où l’on va.
Pour la première fois dans l’histoire. – Il cita la devise planétaire : « Communauté, Identité,
Stabilité. » Des mots grandioses. Si nous pouvions bokanovskifier indéfiniment, tout le
problème serait résolu.
Chapitre I

David Le Breton, “La cyborgisation de l’homme” (1990)


Professeur d’université : il constate que la médecine contemporaine cherche à “reconstruire
l’homme” afin de l’”améliorer”. Les progrès dans la génétique, la chirurgie et l’informatique
conduisent certains à espérer franchir une nouvelle étape : celle de la « cyborgisation de
l’homme ».

La réification de l’homme entraîne logiquement l’humanisation de l’ordinateur avec


un renversement radical de valeur. Tout ce qui éloigne l’homme de la machine est une
insupportable indignité. Mais tout ce qui rapproche par métaphore ou comparaison la machine
de l’homme est porté à son crédit avec la conviction que l’homme est désormais dépassé
et que ses jours sont comptés. Le rejet de la condition humaine dans l’autodénigrement se
fait à travers le procès de la chair : l’homme est une créature physiquement imparfaite pour
les impératifs de performance, de rendement, d’efficacité, de vitesse, de communication,
etc. qui régissent une part de nos sociétés contemporaines. Il ne s’agit jamais d’améliorer
le goût de vivre des hommes, mais toujours de l’argument d’autorité soulignant la pauvreté
de l’enracinement corporel de l’homme dans un monde de compétition, de vitesse, de
communication. Pour d’autres il est surtout une intolérable limite posée à une volonté d’auto-
engendrement et à la toute-puissance de la pensée.

Nombre de démarches de la technoscience envisagent le corps à la manière d’une


esquisse à corriger ou même à éliminer de fond en comble à cause de son imperfection.
L’homme se sent indigne face à la perfection complaisamment prêtée à la technique. « S’il
veut se fabriquer lui-même, écrit Gunther Anders, ce n’est pas parce qu’il ne supporte plus
rien qu’il n’ait fabriqué lui-même, mais parce qu’il refuse d’être quelque chose qui n’a pas
été fabriqué ; ce n’est pas parce qu’il s’indigne de ne pas avoir été fabriqué par les autres
(Dieu, des divinités, la nature), mais parce qu’il n’est pas fabriqué du tout et que, n’ayant
pas été fabriqué, il est de ce fait inférieur à ses produits. » Anders parle d’une « honte
prométhéenne », et déjà, en 1956, il observe les prémices du malaise de nombre d’hommes
devant « l’humiliante qualité des choses qu’il a lui-même fabriquées ».
Anthropologie du corps et modernité, © PUF

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Isaac Asimov, Les Robots, (1950)


Asimov reprend les histoires de création depuis le Frankenstein de Shelley et montre, dans sa
préface des Robots que la science fait peur, particulièrement au XXe siècle à la suite des Guerres
mondiales.

Dans les années 1930, je devins lecteur de science-fiction et je me lassai rapidement


de cette histoire inlassablement répétée. Puisque je m’intéressais à la science, je me rebellai
contre cette interprétation purement faustienne de la science.

Le savoir a ses dangers, sans doute, mais faut-il pour autant fuir la
connaissance ? Sommes-nous prêts à remonter à l’anthropoïde ancestral et à renier l’essence
même de l’humanité ? La connaissance doit-elle être au contraire utilisée comme une barrière
contre le danger qu’elle suscite ?

En d’autres termes, Faust doit affronter Méphistophélès, mais il ne doit pas


nécessairement être vaincu par lui.

On munit le couteau d’un manche pour pouvoir le manipuler sans crainte, on adjoint
une rambarde à l’escalier, on isole le fil électrique, on pourvoit l’autocuiseur de sa soupape de
sureté – dans tout ce qu’il crée, l’homme cherche à réduire le danger. Il arrive que la sécurité
obtenue reste insuffisante en raison des limitations imposées par la nature de l’univers ou
celle de l’esprit humain. Néanmoins, l’effort a été fait.

Considérons le robot simplement comme un dispositif de plus. Il ne constitue pas


une invasion sacrilège du domaine du Tout-Puissant, ni plus ni moins que le premier appareil
venu. En tant que machine, un robot comportera sans doute des dispositifs de sécurité aussi
complets que possible. Si les robots sont si perfectionnés qu’ils peuvent imiter le processus
de la pensée humaine, c’est que la nature de ce processus aura été conçus par des ingénieurs
humains qui y auront incorporés des dispositifs de sécurité. Celle-ci ne sera peut-être pas
parfaite. (Mais la perfection est-elle de ce monde ?) Cependant elle sera aussi complète que
les hommes pourront la réaliser.
Préface, traduction de Pierre Billon, 1950, © J’ai lu, 1976

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FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

Progrès et rêves scientifiques

Panels de lecture

Dystopies

Au contraire de l’utopie, La dystopie, ou contre-utopie, dépeint une société imaginaire dominée


par la science et la technologie, dans laquelle personne ne semble pouvoir atteindre le bonheur.
La lecture de ces textes permet un questionnement sur la société contemporaine et les consé-
quences néfastes des idéologies ou des pratiques de notre époque, tout autant qu’une réflexion
sur les progrès scientifiques et techniques d’un monde où le rapport à l’autre est de plus en plus
virtuel.

Récits

Dérives sociétales…
1984, George Orwell, Gallimard, 1972
« De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. BIG
BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait
les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une
mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui
venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance.
Seule comptait la Police de la Pensée. »

Le Passeur, Lois Lowry, L’École de loisirs, 1993


Dans le monde où vit Jonas, la guerre, les inégalités, les différences n’existent pas. Des
sages imposent des règles de vie strictes, composent les familles, organisent l’éducation
des enfants, choisissent leurs métiers... Le jour de ses douze ans, Jonas se voit attribuer sa
future fonction : il sera « passeur », c’est à dire dépositaire de la mémoire de la communauté.
Pendant son apprentissage, Jonas découvre les sentiments, les couleurs mais aussi la douleur,
la souffrance, la différence... Sa vie va être bouleversée. Récit qui permet une réflexion de fond
sur les sociétés totalitaires et sur le rôle idéologique du langage.

Divergente (tome 1), Veronica Roth, Nathan, 2015


Enfermés dans une ville, les survivants de l’espèce humaine tâche d’éviter de renouveler leurs
erreurs d’autrefois en intégrant les jeunes à des castes qu’ils ne pourront plus jamais quitté et
qui correspondent à leur caractère : « altruiste » pour ceux qui s’occupent des autres,
« érudit » pour ceux qui aiment la connaissance, « sincère » pour les épris de justice,
« fraternel » pour ceux des champs qui vivent en communauté et enfin « audacieux » pour
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

ceux qui aiment le danger et protègent le reste de la population des dangers. Mais comment
faire, quand, comme Tris, on ne rentre dans aucune de ses cases et dans toutes en même
temps ?

Matin Brun, Frank Pavloff, Cheyne, 1998


Charlie et son copain vivent une époque trouble, celle de la montée d’un régime politique
extrême : l’Etat Brun. Dans la vie, ils vont d’une façon bien ordinaire : entre bière et belote.
Ni des héros, ni de purs salauds. Simplement, pour éviter les ennuis, ils détournent les yeux.
Sait-on assez où risquent de nous mener collectivement les petites lâchetés de chacun d’entre
nous ?

Fahrenheit 451, Ray Bradbury, Gallimard, 2000


Montag est un pompier du futur d’un genre particulier : il brûle les livres. Jusqu’au jour où il
se met à en lire, refuse le bonheur obligatoire et rêve d’un monde perdu où la littérature et
l’imaginaire ne seraient pas bannis. Devenant du coup un dangereux criminel...

La Sélection (tome 1), Kiera Cass, Robert Laffont, 2012


Dans le futur, la civilisation telle qu’on la connaît a disparu. Là où se trouvaient autrefois les
États-Unis règne une monarchie de caste où la seule chance d’évoluer socialement est le
mariage. Un concours appelé « la sélection » a lieu pour choisir l’épouse du prince. America,
une simple musicienne, est l’une des prétendantes, mais le pouvoir ne la tente pas du tout
cas elle est amoureuse d’Aspen, d’une caste inférieure à la sienne. Parallèlement, la révolte
gronde dans tous le pays.

The Book of Ivy, Amy Engel, Lumen, 2015


Une guerre nucléaire a rendu la terre hostile et les hommes vivent reclus derrière des murs
qu’ils ne peuvent quitter. Ivy et Bishop sont les héritiers des deux familles dirigeantes. Ils
doivent se marier ensemble maintenant qu’ils en ont l’âge. Mais ce que Bishop ignore, c’est
que Ivy a été formée pour le tuer...

Nox, Yves Grevet, Syros, 2012


Une ville basse enveloppée d’un brouillard opaque - la nox -, plongée dans l’obscurité. Des
hommes contraints de marcher ou de pédaler sans cesse pour produire de la lumière. Une
société codifiée, régentée par une milice toute puissante. Des amis d’enfance qui s’engagent
dans des camps adverses. Un héros qui se bat pour épouser celle qu’il aime. Une jeune fille
qui vit dans la lumière, prête à tout pour retrouver la femme qui l’a élevée.

La Peste écarlate, Jack London, Actes Sud, 2001


Un ancien professeur d’université erre en compagnie de ses petits-enfants, revêtus de
peaux de bêtes, dans un pays désolé. Celui de la baie de San Francisco, ravagée soixante
ans auparavant par un terrible fléau. Nous sommes en 2013. Quelques hordes subsistent,
et de rares survivants tentent de raconter le monde d’avant. Peine perdue : les avancées
technologiques restent lettre morte pour des enfants qui ne savent même pas compter. La
seule issue est de reprendre depuis les commencements la marche vers la civilisation perdue.

Virus L.I.V.3 ou la mort des livres, Christian Grenier, Hachette, 2007


Le gouvernement des Lettrés a interdit les écrans et décrété la lecture obligatoire. Face à
cette tyrannie, les Zappeurs se révoltent : ces jeunes rebelles, adeptes de l’image, propagent
un virus qui efface les mots à mesure qu’ils sont lus. Seule Allis est capable d’identifier
l’inventeur du virus et de trouver un antidote.

Méto, Yves Grevet, Syros, 2008


Soixante-quatre enfants, répartis en quatre classes d’âge (les Bleu clair, les Bleu foncé, les
Violets et les Rouges), passent quatre années enfermés dans une grande maison aux règles de
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

vie très rigides et méticuleusement définies. Tout écart de conduite est sévèrement puni par
les «César», des personnages énigmatiques qui apparaissent au moment où l’on s’y attend le
moins, et ont toujours un œil sur tout. Aucun des enfants n’a de souvenirs de son passé, mais
tous sont persuadés qu’ils ont beaucoup de chance d’être hébergés dans la Maison et vivent
dans la hantise que leur lit ne «craque» - les lits sont extrêmement fragiles. Car dès lors qu’un
Rouge dépasse la taille réglementaire et brise son lit, il sort de la Maison et on ne le revoit plus
jamais...

L’Elite : Résilience (tome 1), Joëlle Charbonneau, Milan, 2014


Oserez-vous passer le Test ? Profil idéal : Être déterminé. Compétent. Débrouillard. Et avoir
de parfaites connaissances en sciences naturelles. Utile pour survivre. Objectif : Le Test
récompense à la fois les guerriers et les sages. Les candidats qui ne réussiront pas les
épreuves seront éliminés dans tous les sens du terme. Les candidats peuvent-ils renoncer à
passer le Test ? Non. Une fois le Test commencé, une seule issue : réussir les épreuves. La
sécurité des candidats est-elle assurée pendant le Test ? La Communauté Unifiée n’est pas en
mesure de divulguer ce genre de détail. Est-il déjà arrivé que des candidats meurent durant le
Test ? La Communauté Unifiée n’est pas en mesure de divulguer ce genre de détail.

…et dérives technologiques


Ravage, René Barjavel, Gallimard, 1972
Ravage présente le naufrage d’une société mature, dans laquelle, un jour, l’électricité disparaît
et plus aucune machine ne peut fonctionner. Les habitants, anéantis par la soudaineté de
la catastrophe, sombrent dans le chaos, privés d’eau courante, de lumière et de moyens de
déplacement.

#Bleue, Florence Hinckel, Syros, 2015


Depuis la création de la Cellule d’Éradication de la Douleur Émotionnelle, la souffrance
psychologique n’a plus cours. Il suffit de se faire oblitérer, et on ressort comme neuf ; seul
un point bleu à l’intérieur du poignet garde la trace de cette douleur effacée. L’intervention
est obligatoire pour les mineurs. Les adultes, eux, ont le choix. Le jour où sa petite amie
Astrid se fait renverser par une voiture, le jeune Silas est aussitôt emmené par les agents en
combinaison jaune. Le lendemain, lorsque ses parents viennent le chercher, le garçon se sent
bien. Tout n’est-il pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ?

La Déclaration : l’Histoire d’Anna, Gemma Maley, Naïve, 2007


Angleterre, 2140. Les adultes peuvent choisir de ne plus mourir s’ils renoncent à faire des
enfants. Anna vit depuis presque toujours au Foyer de Grange Hal un pensionnat pour les
Surplus, des enfants qui n’auraient pas dû naître, des enfants dont les parents ont défié la loi
en les mettant au monde. Anna n’a plus de parents désormais. Confinée dans l’enceinte du
pensionnat, elle travaille très dur, pour effacer leur faute. Anna a tout oublié de son passé.
Jusqu’au jour où arrive un jeune garçon qui semble la connaître. Mais qui est ce Peter ?
Pourquoi ne la laisse-t-il pas tranquille ? Et pourquoi elle, Anna, se sent-elle soudain si
troublée ?

Hunger Games (tome 1), Suzanne Collins, Pocket jeunesse, 2015


Dans un futur sombre, sur les ruines des États-Unis, un jeu télévisé est créé pour contrôler
le peuple par la terreur. Douze garçons et douze filles tirés au sort participent à cette sinistre
téléréalité, que tout le monde est forcé de regarder en direct. Une seule règle dans l’arène :
survivre, à tout prix. Quand sa petite sœur est appelée pour participer aux Hunger Games,
Katniss n’hésite pas une seconde. Elle prend sa place, consciente du danger. À seize ans,
Katniss a déjà été confrontée plusieurs fois à la mort. Chez elle, survivre est comme une
seconde nature...

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Starters, Lissa Price, Robert Laffont, 2012


Dans un futur proche : après les ravages d’un virus mortel, seules ont survécu les populations
très jeunes ou très âgées : les Starters et les Enders. Réduite à la misère, la jeune Callie, du
haut de ses seize ans, tente de survivre dans la rue avec son petit frère. Elle prend alors une
décision inimaginable : louer son corps à un mystérieux institut scientifique, la Banque des
Corps. L’esprit d’une vieille femme en prend possession pour retrouver sa jeunesse perdue.
Malheureusement, rien ne se déroule comme prévue... Et Callie prend bientôt conscience
que son corps n’a été loué que dans un seul but : exécuter un sinistre plan qu’elle devra
contrecarrer à tout prix !

U4, Florence Hinckel (Yannis), Carole Trébor (Jules), Yves Grevet (Koridwen), Vincent
Villeminot (Stéphane), Syros/Nathan, 2015
Ce sont quatre romans qui se lisent tous indépendamment, écrits de quatre points de vues
très différents, tous à la première personne. Tout commence au mois de novembre, en Europe.
Cela fait une dizaine de jours que le virus U4 sévit. Les morts se comptent par millions… et
seuls les adolescents entre 15 et 18 ans semblent y survivre. À priori, les quatre personnages
n’ont rien en commun et pourtant… ils jouent tous à un jeu en ligne nommé Warriors of Time.
Et tous reçoivent un étrange message du jeu-vidéo qui leur annonce qu’ils peuvent peut-être
empêcher la catastrophe biologique d’arriver en allant dans le passé s’ils se rendent à Paris
avant le 24 décembre prochain. C’est ainsi que Koridwen (de Bretagne), Yannis (de Marseille),
Jules (de Paris) et Stéphane (de Lyon) décident d’aller au point de rencontre… mais pour des
raisons extrêmement différentes. Chacun va faire des rencontres uniques et arrive avec un
lourd passé.

Le Meilleur des mondes, Aldous Huxley, Pocket, 2002


Bienvenue au Centre d’Incubation et de Conditionnement de Londres-Central. À gauche, les
couveuses où l’homme moderne, artificiellement fécondé, attend de rejoindre une société
parfaite. À droite : la salle de conditionnement où chaque enfant subit les stimuli qui plus
tard feront son bonheur. Tel fœtus sera Alpha – l’élite – tel autre Epsilon – caste inférieure.
Miracle technologique : ici commence un monde parfait, biologiquement programmé pour la
stabilité éternelle... La visite est à peine terminée que déjà certains ricanent. Se pourrait-il
qu’avant l’avènement de l’État Mondial, l’être humain ait été issu d’un père et d’une mère ?
Incroyable, dégoûtant... mais vrai. Dans une réserve du Nouveau Mexique, un homme Sauvage
a échappé au programme. Bientôt, il devra choisir : intégrer cette nouvelle condition humaine
ou persister dans sa démence...

Chroniques lunaires : Cinder (tome 1), Marissa Meyer, Pocket 2013


Les humains et les androids se pressent dans les rues bruyantes de la Nouvelle-Pékin. Une
peste mortelle ravage la population. Depuis la lune, un peuple sans pitié observe la situation,
en attendant de passer à l’attaque… Personne ne sait que le sort de la Terre ne dépend que
d’une seule fille… Cinder est un cyborg, une mécanicienne très douée. Citoyenne de seconde
classe, elle a un passé mystérieux, et vit avec ses désagréables belle-mère et belles-sœurs.
Sa rencontre avec le prince Kai va la précipiter au cœur d’une lutte intergalactique. Partagée
entre le devoir et la liberté, la loyauté et la trahison, elle doit découvrir les secrets de son
passé, afin de protéger l’avenir de son monde.

Running Man, Stephen King, Le Livre de poche, 2005


Premier quart du XXIe siècle. La dictature s’est installée aux États-Unis. La télévision, arme
suprême du nouveau pouvoir, règne sans partage sur le peuple. Une chaîne unique diffuse une
émission de jeux suivie par des millions de fans : c’est « La Grande Traque ». Ben Richards, un
homme qui n’a plus rien à perdre, décide de s’engager dans la compétition mortelle. Pendant
trente jours il devra fuir les redoutables « chasseurs » lancés sur sa piste et activement aidés
par une population encouragée à la délation. Tous les moyens sont bons pour éliminer Ben
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Richards….

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

La machine s’arrête, E. M. Forster, Le Pas de côté, 2014


Omnipotente, éternelle, bénie soit la Machine. Ne pouvez-vous voir que c’est nous qui sommes
en train de mourir, et qu’ici-bas la seule chose qui vive vraiment, c’est la Machine ? Nous
avons créé la Machine, pour qu’elle accomplisse notre volonté, mais nous ne pouvons plus la
plier à notre volonté. Elle nous a volé le sens de l’espace et le sens du toucher, elle a brouillé
toute relation humaine et réduit l’amour à un acte charnel, elle a paralysé nos corps et nos
désirs, et maintenant, elle nous oblige à la vénérer. La Machine se développe – mais pas selon
nos plans. La Machine agit – mais pas selon nos objectifs. Nous ne sommes rien de plus que
des globules sanguins circulant dans ses artères, et si elle pouvait fonctionner sans nous, elle
nous laisserait mourir.

La révolte de Maddie Freeman, Katie Kacvinsky, Pocket, 2013


Maddie vit dans un monde où tout est virtuel, les arbres, l’école, les flirts... on ne s’aventure
jamais au-dehors. Et elle se satisfait plus ou moins de cette existence. Jusqu’au jour où elle
rencontre Justin. Celui-ci l’entraîne dans un univers inconnu, où les gens se voient sans le
filtre de l’écran, se parlent, se touchent... Maddie découvre alors un mode de vie différent
de celui que la société et ses parents lui ont imposé. Pour changer sa destinée, elle devra
apprendre à se rebeller, à ses risques et périls.

Uglies, Scott Westerfeld, Pocket jeunesse, 2007


Dans le monde de l’extrême beauté, les gens normaux sont en danger. Tally aura bientôt 16
ans. Comme toutes les filles de son âge, elle s’apprête à subir l’Opération et à intégrer la caste
des Pretties. Dans ce futur paradis, Tally n’aura plus qu’une préoccupation, s’amuser... Mais la
veille de son anniversaire, Tally découvre le monde des rebelles. Là-bas, elle apprend que la
beauté parfaite et le bonheur absolu cachent plus qu’un secret d’État : une manipulation. Que
va-t-elle choisir ? Devenir rebelle et rester laide à vie, ou succomber à la perfection ?

Le garçon qui savait tout, Loïc Leborgne, Syros, 2015


Malo ne connaît pas grand-chose à Internet, il n’a même pas de téléphone portable. Il va
pourtant faire la rencontre la plus folle de sa vie : en pleine campagne, il tombe sur Jehan, un
garçon qui vient du futur. Son monde est ultra connecté, truffé de nanocapteurs. Chacun y est
submergé à tout instant d’informations sur l’environnement, les gens qu’il connaît et même
ceux qu’il ne connaît pas. Pour impressionner Maï, dont il est amoureux, Malo décide d’aller
faire un tour dans ce monde du futur…

Les autodafeurs : Mon frère est un gardien (tome1), Marine Carteron, Edition du Rouergue,
2014
À la mort de leur père, Auguste, un lycéen d’aujourd’hui, et sa petite sœur Césarine, autiste
géniale, sont plongés tête la première dans une guerre secrète. Elle oppose depuis des
siècles, La Confrérie et Les Autodafeurs. Nos deux héros vont devenir malgré eux les acteurs
de ce conflit millénaire. Son enjeu ? Le contrôle du savoir et la main mise sur sa forme la plus
ancienne : les livres…
Romans graphiques, mangas, bandes-dessinées
Gunnm, Yukihito Kishiro, Glénat, 1995
Une catastrophe écologique a rendu le monde hostile, l’humanité est au bord de l’extinction.
Gally est le prénom d’une charmante petite cyborg, autrefois conçue à des fins guerrières.
Abandonnée par ses créateurs dans une décharge publique, ce n’est que bien des années plus
tard qu’un passionné de cybernétique la découvre et la remet en état. Amnésique, Gally part en
quête de retrouver son identité dans un monde où l’utopie est de rigueur.

Akira : l’autoroute (tome 1), Katstuhiro Ôtomo, Glénat, 1992


Néo-Tokyo, an 2030. Nous sommes trente-huit ans après la troisième Guerre mondiale. Le
grand cataclysme a dévasté la planète. Depuis, le monde a entamé sa reconstruction. La
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

capitale japonaise n’est plus qu’une espèce de gigantesque poubelle high-tech. Une nuit, une
bande de jeunes motards fait une rencontre étrange : celle d’un enfant au visage de vieillard,
doté de bien curieux pouvoirs. Ils ne le savent pas encore, mais le processus de réveil d’Akira
vient de commencer... Sombre vision d’un futur aux allures d’apocalypse, Akira dépeint
une société en perdition livrée aux enfants mutants, aux sectes religieuses et aux forces
surnaturelles.

V pour Vendetta, Alan Moore, David lloyd, Jacques Collin, Delcourt, 1999
Londres, fin du XXe siècle : plus personne n’ose résister au «Système». L’œil et l’oreille
espionnent, le nez enquête, la bouche désinforme et la main fait régner l’ordre et la terreur.
L’Angleterre a pris les couleurs du fascisme. La culture a été effacée. Pourtant quelqu’un
ou quelque chose rôde dans les ruelles sombres. Il est vêtu comme un comédien, masqué
d’un éternel sourire, cite Shakespeare, sauve les innocents, pose des bombes et préserve ce
qu’il reste de la culture dans son musée des ombres. Un anarchiste s’est glissé au cœur du
système. Ni comédien ni tragédien, ni bouffon ni fou, ni fanatique ni terroriste, ou peut-être
tout cela à la fois, il n’a pour nom qu’une initiale : V. V pour Vendetta.

Library wars, Hiro Arikawa, Kiiro Yumi, Glénat, 2010


À une époque où la loi d’amélioration des médias a instauré une chasse aux livres, les
bibliothèques se sont dotées d’un corps militaire afin de les défendre. Par admiration pour un
des membres de ce corps des Bibliothécaires (dont elle ne se rappelle pas le visage) qui l’a
sauvée autrefois, Iku Kasahara intègre cette organisation. Mais au lieu de son prince charmant
de ses rêves, c’est un terrible instructeur qui l’attend...

Horologium : l’intégrale, Fabrice Lebeault, Delcourt, 2005


A Horologiom, la vie sociale et religieuse est fondée sur les lois de la mécanique. Projeté dans
cet univers auquel il n’appartient pas, Mariulo, «l’homme animal», est le seul à s’opposer à la
toute puissance du Grand Rouage. Il lui faudra subir maintes épreuves pour atteindre le cœur
de la cité et découvrir les origines de cette utopie inhumaine. Ce parcours initiatique lui en
apprendra davantage sur lui-même.

Ikigami, Motorô Mase, Asuka, 2009


Dans notre pays, une loi entend assurer la prospérité de la nation en rappelant à tous à tous
la valeur de la vie. Pour ce faire, un jeune sur mille entre 18 et 24 ans est arbitrairement
condamné à mort pour une micro-capsule injectée lors de son entrée à l’école. Lorsque
l’on reçoit l’Ikagami, c’est qu’il ne nous reste plus que 24 heures à vivre. Mais à quoi passer
cette dernière journée, lorsqu’on n’a pas eu le temps de faire sa vie ? Que feriez-vous de vos
dernières 24 heures ?

Le “Steampunk”
À l’origine, Le « Steampunk » désigne des œuvres se déroulant dans l’Angleterre victorienne
sur fond de révolution industrielle. De façon plus générale, ce type de récits se fonde sur
l’esthétisme d’un monde n’ayant pas existé mais qui a une base historique, celle du XIXe siècle où
la technologie subit une explosion dans son développement. Créant ainsi une autre vision de ce
qu’est le monde, elle permet de mettre à distance le regard porté sur notre époque.

Récits
À la croisée des mondes : Les Royaumes du Nord (tome 1), Philip Pullman, Gallimard jeunesse,
2007
Ce n’était pas une vie ordinaire pour une jeune fille de onze ans : Lyra vivait, en compagnie de
son dæmon Pantalaimon, parmi les Érudits du Jordan College, passant ses journées à courir
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

dans les rues d’Oxford à la recherche éperdue d’aventures. Mais sa vie bascule le jour où elle
entend parler d’une extraordinaire particule. D’une taille microscopique, la Poussière - que
l’on trouve uniquement dans les vastes étendues glacées des Royaumes du Nord - est censée
posséder le pouvoir de briser les frontières entre les mondes, un pouvoir qui suscite effroi et
convoitises... Jetée au cœur d’un terrible conflit, Lyra sera forcée d’accorder sa confiance aux
gitans et à de terribles ours en armure. Et, lors de son périlleux voyage vers le Nord, elle devra
découvrir pourquoi son propre destin semble étroitement lié à cette bataille sans merci où
s’opposent des forces que nul ne l’avait préparée à affronter.

La Machine à différences, William Gibson et Bruce Sterling, Le Livre de Poche, 2001


1855 : les Machines à Différences, ces ordinateurs mus par la vapeur et inventés par Charles
Babbage ont changé le cours de l’Histoire. Lord Byron est devenu le Premier ministre de Sa
Majesté la reine Victoria. Sa fille Ada, un génie scientifique qui a secondé Babbage, est peut-
être folle. Elle remet à Edward Mallory, explorateur d’une Amérique du Nord divisée par les
guerres, un mystérieux paquet de cartes mécanographiques. Et Mallory, dans un Londres en
proie à la pollution, aux transports sous-terrestres et aux courses automobiles, va devenir le
maître pion d’une partie stratégique entre la France et l’Angleterre.

Le Simulacre, Jean-Luc Marcastel, Matagot, 2014


Imaginez une France où les gentilshommes s’affrontent à coups de rapières énergétiques, de
pistolets à lumière et voyagent en diligences aériennes. En chemin vers la Versailles Céleste,
la nouvelle résidence du Roy en orbite au-dessus de la Terre, Estella, une jeune voleuse, croise
la route de Charles de Batz Castelmore plus connu sous le nom de… d’Artagnan. Poursuivi par
les mécanomates du Cardinal de Richelieu, le capitaine des mousquetaires confie une bague
à la belle avant de se sacrifier pour lui permettre de fuir. Sur notre Terre, s’éveille un jeune
homme de vingt ans qui ressemble trait pour trait au capitaine défunt. Il est « Le Simulacre »,
le double du d’Artagnan originel. Il sait qu’il doit trouver Estella, rallier ses compagnons et, au
mépris du danger, sauver le royaume et peut-être bien le monde…

Les Fiancés de l’hiver, Christelle Dabos, Gallimard jeunesse, 2013


Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle
peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’arche d’Anima
quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille
et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi
doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot
mortel.

Leviathan, Scott Westerfeld, Pocket jeunesse, 2010


1914. Aventures et histoire d’amour dans une Europe réinventée. À l’aube de la Première
Guerre mondiale. D’un côté, les darwinistes (Anglais, Français), adeptes du tout biologique
et rois de la manipulation génétique. De l’autre, la civilisation ultra-mécanique, les clankers
(Allemands, Autrichiens.) La guerre éclate avec l’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand.
Alek, son fils, menacé lui-aussi de mort, prend la fuite sur un robot de combat bipède bardé
de mitrailleuses. Il réussit à rejoindre la Suisse et se cache dans un vieux château en ruines.
Pendant ce temps, la jeune Écossaise Deryn Sharp, orpheline, s’habille en garçon et se fait
engager dans l’Air Service (forces aériennes britanniques.) Après un premier vol d’essai
mouvementé aux commandes d’une méduse volante, elle rejoint l’équipage du Léviathan,
sorte de baleine géante gonflée à l’hydrogène. À son bord, un chargement biologique, classé
secret défense. Ils volent vers Constantinople, mais les Allemands les attaquent et le Léviathan
s’écrase dans les Alpes. C’est là que Deryn, toujours déguisée en homme, fait la rencontre
explosive d’Alek...

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

La Machine à explorer le temps, H. G. Wells, Gallimard, 1997


La terre en l’an 8701 avait pourtant toutes les apparences d’un paradis. Les apparences
seulement. Car derrière ces jardins magnifiques, ces bosquets somptueux, cet éternel été où
les hommes devenus oisifs n’ont à se préoccuper de rien, se cache un horrible secret. Ainsi
témoigne l’explorateur du temps face à des auditeurs incrédules. Depuis la conception de son
incroyable machine jusqu’à son voyage au bout de l’Histoire, là où l’humanité s’est scindée
en deux. D’un côté les Éloïs, qui vivent en surface, petits êtres gracieux, doux et décérébrés.
De l’autre les terribles Morlock qui ont fui la lumière pour s’enterrer dans un gigantesque et
inhospitalier monde souterrain. Un monde où l’explorateur du temps devra s’aventurer s’il
souhaite répondre à ses questions, et surtout revenir à son époque.

Le Secret de l’inventeur : Rébellion (tome1), Andrea Cremer, Lumen, 2015


Imaginez un monde où l’Empire britannique aurait écrasé la rébellion qui a donné naissance
aux États-Unis d’Amérique... Dans ce XIXe siècle alternatif, Charlotte, seize ans, vit loin de ses
parents, descendants des révolutionnaires américains, qui continuent la lutte contre les sous-
marins et les machines volantes de Britannia. Entourée d’autres fils et filles de la rébellion,
elle habite dans un réseau de grottes souterraines non loin de la ville flottante de New York,
où les artisans de la Ruche et les ouvriers de la Grande Fonderie côtoient l’aristocratie
des vainqueurs. Un matin, elle croise dans la forêt un garçon amnésique, poursuivi par les
machines de l’Empire, et lui sauve la vie. Mais quand elle le ramène dans les Catacombes,
l’équilibre de son existence est bouleversé : parmi ses compagnons, tous ne sont pas ce qu’ils
prétendent être, et l’existence de ce mystérieux garçon fait peser sur la rébellion une terrible
menace...

Le Worldshaker, Richard Harland, Hélium, 2010


Le jeune Col Porpentine apprend qu’à sa majorité il sera appelé à succéder à son grand-
père aux commandes du Worldshaker, un gigantesque navire-monde à vapeur sur lequel il
vit depuis toujours. Quelle fierté de se retrouver à la tête de cette société, où tout lui semble
harmonie et respect des autres ! C’est alors que la jeune Riff fait irruption dans sa vie et le
supplie de ne pas la livrer aux autorités. Elle s’est échappée des cales du vaisseau et fait partie
de la classe des Immondes, contrainte d’alimenter en charbon, sans relâche, les insatiables
machines du Worldshaker. Surpris par la vitalité de la jeune fille, Col hésite. Pourquoi ne peut-
il rester indifférent ? Et pourquoi Riff ressent-elle une telle peur ?

Le Paris des merveilles : Les Enchantements d’Ambremer (tome 1), Pierre Pevel, Bragelonne,
2015
À première vue, on se croirait dans le Paris de la Belle Époque. En y regardant de plus
près, la tour Eiffel est en bois blanc, les sirènes ont investi la Seine, les farfadets, le bois de
Vincennes, et une ligne de métro rejoint le pays des fées... Dans ce Paris des merveilles, Louis
Denizart Hippolyte Griffont, mage du Cercle Cyan, est chargé d’enquêter sur un trafic d’objets
enchantés, lorsqu’il se retrouve impliqué dans une série de meurtres. Il lui faudra alors
s’associer à Isabel de Saint-Gil, une fée renégate que le mage ne connaît que trop bien...

La Trilogie de la lune : la Lune seule le sait (tome 1), Johan Heliot, Gallimard, 2003
Dans ce roman aux accents historiques, Napoléon III a battu les Prussiens, puis, en 1889,
les extraterrestres Ishkiss ont débarqué à Paris, assurant la domination de l’Empire. Mais
les opposants envoient Jules Verne en mission secrète sur la Lune, afin d’y retrouver Louise
Michel, déportée depuis la Commune de 1871, et d’entrer en contact avec les Ishkiss...

Feuillets de cuivre, Fabien Clavel, ActuSF, 2015


Paris, 1872. On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d’une
prostituée, premier d’une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur
atypique, à l’âme mutilée par son passé et au corps d’obèse, l’inspecteur Ragon n’a pour seule
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire. À la croisée
des feuilletons du XIXe et des séries télévisées modernes, Feuillets de cuivre nous entraîne
dans des Mystères de Paris steampunk où le mal le dispute au pervers, avec parfois l’éclaircie
d’un esprit bienveillant... vite terni. Si une bibliothèque est une âme de cuir et de papier,
Feuillets de cuivre est sans aucun doute une œuvre d’encre et de sang.

Paris au XXe siècle, Jules Verne, Le Livre de Poche, 2002


Paris, 1960 : une métropole splendide, étincelante d’électricité, reliée à la mer par un
gigantesque canal, sillonnée d’autos et de métros silencieux… Tel est le monde fascinant
qu’ont forgé, conjuguant leurs efforts, la Finance et la Technique. Pourtant, cet avenir radieux
a son envers. Seuls quelques marginaux, méprisés, bientôt vaincus par la misère et la faim,
persistent dans le culte de l’Art et de la Poésie, tandis qu’un état omniprésent organise la
distribution du savoir scientifique…

Romans graphiques, mangas, bandes-dessinées


Le château des étoiles : 1869, la conquête de l’espace (tome 1), Alex Alice, Rue de Sèvres, 2014
Au XIXe siècle, d’intrépides explorateurs repoussent sans cesse les limites de l’inconnu. Avides
de nouvelles découvertes, ils tournent leurs regards vers les étoiles... 1869 : La conquête de
l’espace commence !

Hauteville House : Zelda (tome 1), Fred Duval, Thierry Gioux, Christophe Quet, Delcourt, 2004
1864. En marge de ses conquêtes et de l’Histoire officielle, l’Empereur Napoléon III utilise
son armée et ses services secrets pour des missions visant à étudier des phénomènes qui
relèvent de la métaphysique, des sciences occultes, des légendes populaires. Son but : obtenir
la suprématie sur ses principaux rivaux : les Anglais et les Prussiens. A Guernesey, dans les
profondeurs d’Hauteville House, la demeure de Victor Hugo en exil, une poignée de soldats
républicains tentent de contrer les projets impériaux.

City Hall, Guillaume Lapeyre, Rémi Guérin, Ankama Editions, 2012


City Hall se déroule dans un univers dépourvu de papier et dans lequel l’écriture manuscrite,
interdite depuis des siècles, n’est plus enseignée. La raison en est simple, tout ce que vous
écrivez prend vie. Devenu une arme trop dangereuse, le papier a été à l’origine d’une guerre
d’ampleur planétaire destinée à l’éradiquer de la surface du globe qui dura près de deux
cent ans. Après quoi, ce monde a suivi un autre chemin que le nôtre et la technologie s’est
développée plus rapidement que la Révolution Industrielle.

La Mécanique du Cœur, Mathias Malzieu, Flammarion, 2007


Edimbourg, 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Mi-
sorcière mi-chaman, la sage-femme qui aide à l’accouchement parvient à sauver le nourrisson
en remplaçant le cœur défectueux par une horloge. Cette prothèse fonctionne et Jack vivra, à
condition d’éviter toute charge émotionnelle : pas de colère donc, et surtout, surtout, pas d’état
amoureux. Mais le regard de braise d’une petite chanteuse de rue mettra le cœur de fortune
de notre héros à rude épreuve. Prêt à tout pour la retrouver, Jack se lance tel Don Quichotte
dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais jusqu’aux arcades de Grenade et
lui fera connaître les délices de l’amour comme sa cruauté. Conte désuéto-moderne mâtiné de
western-spaghetti, La Mécanique du Cœur vibre d’une rugueuse force poétique où l’humour est
toujours présent.

Le Voyage extraordinaire, Denis-Pierre Filippi et Silvio Camboni, Vent d’Ouest, 2012


Grande-Bretagne, 1927. Noémie et Emilien ne sont pas des enfants comme les autres :
cousins issus d’une riche famille, ils ont passé leur enfance dans un pensionnat sans
presque jamais voir leurs parents ! Enfants géniaux, ils se sont finalement habitués à cette
vie indépendante, loin du fracas de la guerre, et se sont créé leur monde à eux. Lorsque les
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

parents baroudeurs de Noémie sont de retour et envoient leurs domestiques les chercher
pour qu’on les ramène vivre dans l’immense manoir familial, leur sentiment est partagé. Mais
le lieu est magique, avec ses pièces remplies des inventions du père d’Émilien et ses mille
endroits à explorer. Ils décident donc de tester cette nouvelle vie, d’autant qu’un mystère reste
à élucider : où est donc passé Alexander, le père d’Émilien ? Sa disparition soudaine pourrait-
elle avoir un lien avec la machine qu’il était en train de créer pour le concours Jules Verne ?

La Ligue des gentlemen extraordinaires, Alan Moore, Kevin O’Neill, Panini France, 2009
Londres, 1898. L’ère victorienne vit ses dernières années. Le XXe siècle se profile. L’heure est
aux grands bouleversements et à la stagnation, à l’ordre chaste et à l’ignoble chaos. On a plus
que jamais besoins de champions. Allan Quatermain, le capitaine Nemo, Hawley Griffin, le
Dr Henry Jekyll, Edward Hyde et Mina Murray sont ces champions. Ensemble, ils constituent la
Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Recrutés par l’énigmatique Campion Bond, aux ordres
de «M», l’homme mystère, nos six justiciers sont au service de leur empire qui ne peut se
passer d’eux. Ils vont devoir affronter le terrible Docteur et ses plans de conquête mondiale.
Mais les choses ne sont pas exactement ce qu’elles semblent être. De nombreux facteurs
inconnus sont en jeu. Et l’incroyable drame se noue...

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

Progrès et rêves scientifiques

Séquence : Le Robot, de la terre au métal

Cette séquence s’organise autour d’un thème central : la figure du robot.


Il s’agira d’étudier l’évolution du robot, de cette créature au service de l’Homme, dans la littéra-
ture et les autres formes d’expression (cinéma, bande dessinée, illustration, revues, etc.).
Elle propose un ensemble de documents aux supports multiples et variés.
Un groupement de textes est proposé dans lequel la figure du robot évolue, toujours en lien avec
son créateur. Ces textes s’articulent entre eux, proposant une réflexion sur la responsabilité
de l’Homme dans l’acte de création et les possibles risques que celui-ci peut amener, quand le
créateur n’a plus le contrôle de sa créature.
Cette séquence propose de travailler des compétences de lecture, d’écriture et d’oral. Lors de la
tâche finale, les élèves seront amenés à rédiger puis à mettre en voix un dialogue entre l’Homme
et sa créature.
En effet, le rapport qui existe entre l’homme et sa création est au cœur de cette séquence. Ainsi,
les activités de lecture et les notions de langue associées aident à concevoir et à enrichir l’élabo-
ration du dialogue.

COMPÉTENCES
SÉANCE OBJECTIF SUPPORT ACTIVITÉ
TRAVAILLÉES
Séance 1 : Définir ce qu’est - Analyse étymolo- - Définir ce qu’est un - Classer des
Et l’Homme créa le un robot. Ne pas le gique. robot à partir d’idées documents selon des
robot. confondre avec des - Extrait de la Bible : communes. critères précis.
automates ou des Genèse I-26. - Trouver des robots - Justifier des choix.
jouets... dans une liste de
- Une série de photo-
graphies. photographies et à
partir de la défini-
tion.
Séance 2 : - Lire et comprendre - Transcription -Lire le texte et - Comprendre l’expli-
Le Golem : le robot sa lecture. écrite du discours de répondre à des ques- cite d’un texte.
de terre - Découvrir le mythe Gershom Sholem de tions de compréhen- - Effectuer un travail
du Golem. 1965. sion. de comparaison.
- Analyser un texte. - Comparer le Golem
avec la technologie
moderne.
Séance 3 : - Lire et com- - Chapitre 3 du - Lire le chapitre - Comprendre l’ex-
Pinocchio : le robot prendre sa lecture. conte de Carlo et répondre à des plicite et l’implicite
de bois Collodi. questions de com- d’un texte.
- Découvrir
l’origine du conte préhension.
italien.
- Analyser un
texte.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

COMPÉTENCES
SÉANCE OBJECTIF SUPPORT ACTIVITÉ
TRAVAILLÉES
Séance 4 : - Lire et com- - Extrait de Fran- - Lire l’extrait - Comprendre l’ex-
Frankenstein et son prendre sa lecture. kenstein de Mary et répondre aux plicite et l’implicite
robot de chair Shelley. questions de com- d’un texte.
- Analyser un
texte. préhension. - Effectuer des
- Comparer des - Comparer les hypothèses de
textes. textes du groupe- lecture.
ment entre eux. - Mettre en rela-
tions plusieurs
documents pour
en extraire des
points communs.
Séance 5 : - Découvrir - Éléments bio- Imaginer et écrire - Imaginer une
Asimov, le père de la un écrivain de graphiques d’Isaac un récit court. situation précise
robotique science-fiction. Asimov. et en faire le récit
- Inventer des - Les Trois Lois de sous une forte
situations sous la robotique. contrainte.
contraintes.
Séance 6 : - Analyser des Quatre couver- - Observez les - Décrire des
Asimov et ses robots couvertures de tures de romans. images. images.
au grand cœur romans écrits par - Répondre à des - Comprendre
Asimov. questions d’ana- l’implicite d’une
- Imaginer une lyse. image.
couverture de - Imaginer une - Imaginer et
roman de science- nouvelle couver- copier un message
fiction. ture répondant aux visuel.
mêmes principes
que ceux étudiés.
Séance 7 : - Découvrir la - Sujet de rédac- - Comprendre le - Travailler en
Préparation de la tâche finale et ses tion. sujet de rédaction groupe.
tâche finale aboutissants. et chercher des - Rédiger un texte.
- Rédiger une pistes à deux.
scène dialoguée à - Écrire la scène à
deux. deux.
Séance 8 : - Analyser l’extrait - Extrait du film « - Observez la sé- - Comprendre l’ex-
L’homme bicen- d’un film en saisis- L’homme bicente- quence projetée. plicite et l’implicite
tenaire – Analyse sant les informa- naire » dans un message
- Répondre à des
filmique tions visuelles et (1’47) visuel et sonore.
questions d’ana-
sonores. lyse et de compré-
hension.
- Étudier tech-
niquement deux
plans.
Séance 9 : - Lire et com- - Extrait d’une - Lire l’extrait et - Comprendre l’ex-
Asimov et le robot prendre sa lecture. nouvelle d’Isaac répondre à des plicite et l’implicite
de métal Asimov (Menteur!). questions de com- dans un texte.
- Analyser un
texte. - Fiche avec pistes préhension. - Participer à un
pour approfondir - Possible travail débat.
le sujet d’écriture ou de - Utiliser les TICE.
débat.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

COMPÉTENCES
SÉANCE OBJECTIF SUPPORT ACTIVITÉ
TRAVAILLÉES
Séance 10 : - Découvrir un Un comics amé- - Lire et décou- - Comprendre l’ex-
L'homme éternel genre particulier ricain de 1950 vrir des informa- plicite et l’implicite
– lecture intégrale dans l’histoire de dans son intégra- tions sur le genre dans un rapport
d'un comics amé- la bande dessinée. lité : « l’homme « pulp ». texte/image.
ricain
- Lire et com- éternel » - Analyser une
prendre sa lecture. bande dessinée
par le texte et le
dessin.
Séance 11 : - Analyser des - Une série de - Observer et - Classer des
Et les robots au- photographies. photographies classer des photo- documents et
jourd’hui ? représentant des graphies en deux justifier ce classe-
- Imaginer un
robot de cinéma. robots du cinéma. catégories. ment.
- Inventer et dé- - Imaginer, décrire
crire un robot de un personnage de
cinéma. fiction.
Séance 12 : - Travailler en - Ordinateur et ses - Faire des - Travailler en
Quand la réalité groupe. logiciels. recherches sur la groupe.
rejoint la fiction robotique dans un
- Faire des - Internet - Utiliser les TICE.
recherches. domaine
- CDI - S’exprimer à
particulier
- Utiliser des TICE. l’oral.
- Présenter à l’oral
- S’exprimer à - Chercher des
le produit des
l’oral arguments et les
recherches
exposer
- Chercher des
arguments et
débattre
Séance 13 : - Apprendre un - Rédaction ap- - Jouer à deux - Apprendre un
Évaluation de la texte. prise. la rédaction texte
tâche finale préalablement
- Le mettre en - Éléments de - S’exprimer à
scène. mise en scène. écrite, corrigée et l’oral.
apprise.
- Jouer devant un
public.

Présentation de quelques séances


Séance 2:
SÉANCE 2 Le mythe du Golem : le robot de terre
En 1965, Gershom Scholem inaugure l’un des premiers ordinateurs d’Israël, créé à l’Institut
Weizmann de Rehovot par le Docteur Haïm Pekeris en le nommant « Golem n° 1 », en référence
au mythe juif qu’il raconte avant de comparer les kabbalistes mystiques médiévaux aux
informaticiens modernes. Il prononce à cette occasion un discours

La lecture analytique pourra s’attacher à analyser le rapprochement établi entre le golem et le


robot moderne, les raisons de cette référence à un mythe ancien, et ce qui distingue ces deux
créatures.

Séance 3 : Pinocchio : le robot de bois


SÉANCE
Support :
Chapitre 3 : De retour chez lui, Geppetto se met tout de suite à fabriquer sa marionnette et lui
donne le nom de Pinocchio. Premières espiègleries de la marionnette.

Retrouvez Éduscol sur Pour entrer dans la lecture de ce texte, il sera proposé aux élèves de réaliser, par groupes, une

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

lecture théâtralisée. Collodi choisit en effet de traiter la naissance de Pinocchio de façon très
rythmée en alternant récit et parole directe, en décrivant les différents états émotionnels par
lesquels passe Geppetto devant une marionnette qui ne cesse de le surprendre.
Séance 4 : Frankenstein et son robot de chair
SÉANCE
Support :
Texte extrait de Frankenstein de Mary Shelley, début du chapitre V.

« Comment pourrais-je décrire mes émotions devant une telle catastrophe ? »

Cette phrase extraite du passage peut servir d’entrée pour la lecture du texte. Les élèves
peuvent exprimer dans un court texte écrit, ou dans un nuage de mots, les émotions ressenties
à la découverte de cet extrait et se demander ensuite si elles se rapprochent de celles
éprouvées par le narrateur.

Prolongement :
À la suite de la lecture analytique de chacun des trois textes, il est possible de proposer aux
élèves une lecture comparée en guise de bilan :

Les « robots » Quel créateur ? Quel matériau ? Incidents liés à Responsable de Sentiment du
ces « robots » ? ces incidents ? créateur / de la
créature

Séance 5 : ASIMOV, LE PÈRE DE LA « ROBOTIQUE »


SÉANCE
Dans son roman Runaround publié en 1942, Isaac Asimov présente les Trois Lois de la
Robotique. Ces lois doivent être programmées dans chaque robot afin que celui-ci ne soit pas
une menace pour l’homme ; en théorie...

Les Trois Lois de la Robotique


Première Loi
Un robot ne peut blesser un être humain ni, par son inaction, permettre qu’un humain soit
blessé.

Deuxième Loi
Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en
contradiction avec la Première Loi.

Troisième Loi
Un robot doit protéger sa propre existence aussi longtemps qu’une telle protection n’est pas en
contradiction avec la Première et/ou la Deuxième Loi.
Manuel de la robotique 58è édition (2058 ap. JC)
Activité d’écriture
Même s’il est l’inventeur de ces trois lois, Isaac Asimov a écrit dans ses romans des situations
qui prouvent que le système qu’il a inventé n’est pas infaillible.

Par exemple, dans le roman Face aux feux du soleil, un homme met du poison dans un verre de
lait et demande à un robot de le servir à son ennemi. Le robot, ne connaissant pas le véritable
contenu du verre, obéit et enfreint malgré lui la première loi de la robotique.

À votre tour, comme Asimov, imaginez une situation dans laquelle un robot est contraint
d’enfreindre une des trois lois de votre choix. Votre texte prendra la forme d’un récit.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Séance 7 : Préparation de la tâche finale


SÉANCE
À deux, écrivez une scène dialoguée, présentée comme une scène de théâtre, entre deux
personnages (un homme ou une femme et un robot).

Le robot doit s’interroger sur sa vie et son origine. Il cherche auprès de l’Homme des réponses
à des questions qu’un robot ne devrait normalement pas se poser.

L’Homme quant à lui doit être étonné par ce comportement et s’inquiète du désir
d’émancipation de son robot, jusqu’à prendre une décision finale...

Par la suite, vous devrez apprendre votre texte et mettre en scène celui-ci.

Critères à respecter au fil de la rédaction


RÉUSSI PRESQUE RÉUSSI NON RÉUSSI / FAIT
Le robot pose des ques-
tions existentielles à son
maitre.
L'Homme répond ou
tente de répondre à ces
questions.
Le robot fait preuve
d'émancipation.
L'Homme prend une
décision finale face à la
« défaillance » du robot.

Séance 9 : Asimov et le robot de métal


SÉANCE
Lecture d’un extrait de Menteur (Liar !) d’Azimov

Quelques pistes pour approfondir le sujet


Il n’y a pas de véritable robot sans intelligence artificielle. L’intelligence artificielle est,
comme son nom l’indique, crée par l’homme de toute pièce. Les ordinateurs ou robots dotés
d’intelligence artificielle sont capables d’opérer des calculs de façon autonome. En analysant
toutes les données qu’elle a en sa possession, l’intelligence artificielle peut répondre à des
questions et faire des choix, comme le ferait un véritable être humain. Attention cependant à
ne pas confondre intelligence et conscience qui pour le moment sont le propre de l’homme.
• Si vous voulez discuter avec une intelligence artificielle, rendez-vous sur ce site. Il s’agit d’un
logiciel de discussion instantanée qui vous permettra de discuter avec une intelligence
artificielle. Le programme est de plus en plus performant car il apprend au fur et à mesure
qu’il discute avec des internautes. Essayez d’avoir avec cette I.A une discussion cohérente le
plus longtemps possible.
• Dans le film Her de Spike Jonze sorti en 2014, un homme tombe amoureux de l’intelligence
artificielle qu’il a installée sur son ordinateur et avec qui il échange par la parole.
• Débat fictionnel : En 2057, grâce aux progrès technologiques en termes de robotique et
d’intelligence artificielle, la France est sur le point d’autoriser le mariage entre robot et
humain. Un groupe doit défendre cette position tandis qu’un autre groupe doit s’y opposer.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Séance 11
SÉANCE 11 : Et les robots aujourd’hui ?
Nous avons vu comment la figure du robot a évolué dans la littérature, changeant de forme
mais toujours lié à un créateur humain, s’échappant parfois de son contrôle ou bien tentant de
l’égaler.

Mais aujourd’hui, où trouve-t-on des robots ?

Premièrement dans la littérature. Les robots sont toujours présents dans les romans de
science-fiction et ressemblent à ceux imaginés par Isaac Asimov, respectant les Trois Lois de
la robotique.

Depuis quelques années, le domaine de la robotique a considérablement évolué avec les


nouvelles technologies et les progrès en ingénierie mécanique, informatique et électronique.
La réalité rejoint la fiction et les robots commencent à faire partie de notre quotidien, dans de
multiples domaines.

Mais avant d’étudier ces avancées technologiques, intéressons-nous aux robots du cinéma.

Les robots des salles obscures sont au service des émotions car ils peuvent provoquer le rire
ou la peur chez le spectateur.
Activité 1
Observez les photographies de robots en annexe et complétez le tableau en justifiant dans
chaque case pour quelle raison ces robots sont comiques ou effrayants (à l’aide de la
photographie ou de vos connaissances).
Nom du robot ( film ): C3P0 et R2D2 ( Star Wars ), Terminator ( Terminator ), Zeus ( Real Steel ),
Robby ( La planète interdite ), Wall-e, ( Wall-E ), K. ( Doctor Who ), ED 209 ( Robocop )

Activité 2
À vous d’inventer un robot de cinéma. Imaginez-le et remplissez sa fiche technique. Vous
pourrez ensuite l’illustrer. Votre robot peut être comique ou effrayant.

Vous présenterez votre création à l’oral.

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Questionnements complémentaires

Progrès et rêves scientifiques

Séquence Minority Report.


Étude d’une œuvre d’anticipation
appartenant à la littérature étrangère et de
son adaptation cinématographique

Le programme de la classe de troisième propose un questionnement complémentaire fondé


sur le progrès et les rêves scientifiques. Il est proposé d’« interroger l’ambition de l’art à
penser, imaginer, voire anticiper le progrès scientifique et technologique ». Dans le cadre de
cette réflexion, le corpus invite à étudier de la littérature de science-fiction et d’anticipation. Ce
questionnement invite à la lecture de littérature contemporaine, étrangère ainsi qu’à la lecture
d’images, comme le stipule le programme du cycle 4 visant à développer les compétences de
lecture d’interprétation à travers des supports variés, littéraires ou non, d’images fixes ou mo-
biles.

Le choix de Minority report, nouvelle de Philip K. Dick publiée en 1956 adaptée au cinéma par
Steven Spielberg en 2002, est lié aux différentes potentialités qu’offre l’analyse des relations
entre le texte littéraire et son adaptation, en même temps que la réflexion que celles-ci
proposent sur ce que des progrès scientifiques et technologiques peuvent développer au nom
d’un progrès moral : il s’agit ici d’éradiquer le crime en arrêtant des criminels potentiels avant
qu’ils ne commettent leur forfait grâce à la création d’une organisation : Précrime.

Texte et film constituent une réflexion sur la manière dont l’État peut penser la sécurité de ses
citoyens, mais pose également la question de la liberté individuelle, du libre-arbitre que l’on
peut exercer ou non, à travers le personnage principal, Anderton, préfet de police, créateur de
Précrime dans la nouvelle, policier en son sein dans le film. De traqueur du crime, il va devenir
lui-même traqué dès lors que les trois personnages qui transmettent les visions des crimes à
venir (les Précog, ou Précognitifs) l’identifient comme le prochain meurtrier d’une victime qu’il
ne connait pas et prochain coupable d’un crime dont il ignore les raisons. Le dilemme se pose
dès lors à lui : s’empêcher de le commettre ou se soumettre au destin.

On visera à développer chez les élèves des compétences orales tant à travers l’expression
de leurs sentiments personnels liés à la réception des œuvres qu’à travers l’organisation de
débats argumentés qui participent également du programme d’éducation morale et civique
du fait de la réflexion soulevée sur la liberté. Que penser de la représentation d’une société
qui vise à établir un contrôle a priori des existences humaines ? Est ici posée la question de
la démocratie et des fondements de celle-ci. Les deux œuvres questionnent également ce
qu’est un État de droit et la justice qui ne peut que condamner que sur des faits commis et
non sur des intentions voire des prédispositions. Les œuvres peuvent ainsi servir de support
de réflexion à la construction d’un jugement moral chez les élèves qui peuvent se projeter
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

dans une société à venir, peut-être pas si éloignée de la leur par les possibilités de contrôle de
chacun des citoyens. On pourra également ouvrir le corpus à des articles scientifiques relatant
des expérimentations qui pourraient rendre réelle l’anticipation des crimes.

Enfin, la trame narrative des œuvres, et plus encore celle du film, soulevant la question du
libre-arbitre et du destin, ainsi que l’importance de la vision (prévisions des crimes, images de
celles-ci, robots permettant de détecter et de reconnaitre les identités en scannant les yeux,
qui sont donc l’organe permettant l’identification ce qui impliquera que le héros se défasse des
siens pour ne pouvoir être reconnu et arrêté). Des prolongements pourront être effectués avec
le mythe d’Œdipe.

Extraits de la nouvelle de Philip K. Dick, Rapport minori-


taire (2009), Gallimard, Folio Bilingue
Texte 1
Chapitre I (pp 21-25) : « Voulez-vous me faire visiter ? J’aimerais me familiariser dès que
possible avec le fonctionnement global de votre organisation » […] « Notre société ne connait
plus le crime grave, poursuivit Anderton, mais nous avons tout de même un camp de détention
peuplé de criminels potentiels ».

La visite de Précrime et les explications données quant à son fonctionnement posent la


question de l’arrestation de criminels potentiels mais non avérés puisque le crime a été
empêché. Quoique coupables dans l’intention apparue aux Précogs, les personnes arrêtées
sont innocentes dans les faits.

Texte 2
Chapitre IV (pp 67-69) : « -Vraiment, vous ne toucheriez pas à un cheveu de Kaplan ? Pour la
première fois dans l’histoire, Précrime se serait trompé ? » […] « il avait affaire à plus fort que
lui … à un adversaire qui avait toutes les cartes en main ».

Le personnage principal, Anderton, se pense victime d’un complot visant à lui nuire et à le
faire quitter l’organisation dont il est le créateur. Est posée ici la question de la faillibilité d’un
système fondé sur des pré-visions (c’est à dessein que nous l’écrivons ainsi puisqu’il s’agit de
visions du futur qui surgissent dans l’esprit des Précog) dont la véracité ne pourra pas être
vérifiée.

Texte 3
Chapitre IX (pp 153 – 157) : « Oui, beaucoup d’hommes et de femmes ont été arrêtés et
emprisonnés par la faute de Précrime, cette organisation qui se prétend prophylactique […] »
[…] « Kaplan était mort, ainsi que le rapport majoritaire l’avait prédit ».

Peut-on échapper à son destin ? L’intrigue s’achève sur l’accomplissement par Anderton du
meurtre dont il était accusé. Le meurtre ici relève d’un choix du personnage, du moins peut-on
se réfléchir à la question : quelle autre issue aurait été possible pour lui ?

Extraits du film Minority report, Steven Spielberg (2002)


Scène d’ouverture du film
Elle constitue un bloc narratif d’une quinzaine de minutes qui permet de comprendre comment
fonctionne l’organisation Précrime.
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

On s‘attachera tout particulièrement à la scène de prévisionnage du crime où l’on voit le


personnage d’Anderton, adoptant la gestuelle d’un chef d’orchestre accompagné en bande
sonore par la Symphonie inachevée de Schubert, mettre en mouvement les images produites
par les Précogs en manipulant des tablettes en verre sur lesquelles celles-ci apparaissent
et en procédant au travail d’interprétation de celles-ci afin d‘identifier les personnes, les
situations et de les localiser. Il doit ainsi recomposer des images disparates et procéder
à un travail d’interprétation de celles-ci, véritable travail de lecteur expert. Un travail de
superposition des images (images des Précogs, leur traitement par Précrime, la scène
criminelle) permet de représenter différentes dimensions temporelles et de questionner le
rapport présent / avenir.

La tension dramatique est permise par le compte à rebours qui est lancé, le temps du film
concordant ici au temps de l’action. Dès lors qu’un crime est pré-vu, l’équipe de Précrime
dispose de trente-six heures pour l’empêcher. Or, ici, il s’agit du crime passionnel d’un mari
trompé qui ne peut donc être prévu en amont. Le temps est ainsi réduit à une dizaine de
minutes. Spielberg use donc d’un ressort lié au film d’action qui est celui du resserrement
du temps et de la fulgurance du rythme accentué par du montage « cut » ou des travellings
au moment de l’intrusion d’Anderton et son équipe dans la maison. La séquence se clôt sur
l’arrestation du personnage prêt à commettre le crime ce qui fait écho au premier chapitre
de la nouvelle, le meurtrier potentiel témoignant de son innocence : « Je vous arrête pour le
meurtre futur de Sarah Marks et Donald Dublin » énonce Anderton, à quoi lui répond l’homme
arrêté : « Mais je n’ai rien fait ». Est également mis en évidence ici le paradoxe temporel sur
lequel repose le film : empêcher la réalisation d’un futur qui a été « vu » par les Précogs et
dont il faut annihiler la vision.

Comment ne plus être identifiable


Début de la séquence à 1h14’38’’ – fin de la séquence à 1h19’44’’.

L’extrait permet d’aborder le thème de la surveillance et du contrôle. Anderton, recherché par


Précrime, s’est fait opérer dans la partie de la ville nommée « La Zone », souvent nommée
« les bouges » dans le film. Il se fait changer les yeux pour ne plus être identifiable, ceux-
ci témoignant de l’empreinte génétique de chacun. La séquence se situe juste après cette
opération. Anderton est seul dans un appartement, les yeux bandés. Les policiers de Précrime
lancent à sa recherche des robots nommés « spyders » qui ont l’apparence d’araignées et sont
munis de capteurs optiques.

La tension dramatique est liée au fait que les machines peuvent s’infiltrer partout, dans
chaque appartement, détecter la présence humaine et scanner les yeux de tous les habitants
de l’immeuble. Le montage alterné accentue cette impression d’un étau qui se resserre pour
le personnage principal qui va néanmoins passer entre les mailles du filet de ces araignées
robotiques grâce à son opération oculaire. L’intrusion dans le récit de ces machines nées
de progrès technologiques pose la question de la surveillance et de la société totalitaire. On
pense ainsi à ce que Michel Foucault écrivait dans Surveiller et punir : « […] induire chez le
détenu un état conscient et permanent de visibilité qui assure le fonctionnement automatique
du pouvoir ».
Éviter la prédiction ou l’accomplir ?
La séquence démarre à 1h33’19’’et s’achève à 1h45’ au moment Anderton est mis face à son
destin, à savoir l’homme qu’il est censé tuer.

Dans ce troisième extrait, Anderton a réussi à enlever l’une des trois Précogs, Agatha, celle
dont les visions sont les plus proches de la réalité. Ils se retrouvent dans un centre commercial
où celle-ci va, par sa connaissance du futur, lui permettre d’échapper à nouveau à l’étau de
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Progrès et rêves scientifiques

la présence de la police toujours à a recherche. Elle apparait comme un metteur en scène de


leur fuite dans le centre commercial et se sert des événements qu’elles voient arriver pour
modifier ce qui semble pourtant inéluctable : l’arrestation d’Anderton. La séquence est filmée
de telle sorte que le spectateur suit Anderton et Agatha dans leur fuite et voit, à intervalles
réguliers en montage alterné ou en travelling, parfois en plongée, ce que la police peut
observer dès que la mise en scène d’Agatha a permis d’échapper au regard scrutateur de
Précrime. Reconnaissant finalement le lieu où doit s’effectuer le crime qu’il doit commettre, et
mis face à sa victime, c’est le passé qui ressurgit pour Anderton. Leo Crow, la victime à venir,
se fait passer pour l’homme qui a enlevé et probablement tué, six ans auparavant, le fils du
policier. Disparition tragique qui le hante tout au long du film, drame familial qui a motivé son
implication dans Précrime. Lors de cette scène de confrontation à soi-même et à sa future
victime, Agatha indiquera à plusieurs reprises à Anderton qu’il a le choix, qu’il peut décider
autre chose que d’accomplir la prédiction. Contrairement à la nouvelle, Anderton ne décide
pas ici d’accomplir son destin mais il y est néanmoins contraint, comme s’il était impossible
d’échapper à la prédiction.

Le film n’est, à ce moment, pas achevé. Anderton doit encore prouver le complot qui a été
fomenté par le créateur de Précrime, ce qui signera la fin de l’organisation et la possibilité
d’une nouvelle existence pour les personnages.

Prolongements
On pourra visionner la conférence de Philippe Rouyer, critique de cinéma, au Forum des
images, datant de janvier 2011, pour des analyses d’autres extraits du film consultable sur ce
site.

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Progrès et rêves scientifiques

Pistes pour construire une séquence :


Plaidoyers pour l’environnement

Présentation de la séquence :
Les problématiques environnementales sont omniprésentes dans les médias.

L’objectif de la séquence est de donner comme projet aux élèves de s’engager, par
l’intermédiaire du genre du plaidoyer, sur une problématique qui les concerne, en développant
leurs compétences à argumenter à l’oral, et en utilisant les ressources expressives de la
langue pour viser à faire partager leur point de vue.

Cette construction d’un discours argumentatif se joue aussi dans une documentation efficace,
donc dans la pratique des différents médias qui la véhiculent.

Modalités de mise en œuvre :


• Choix, par groupe, d’une thématique et d’une de ses conséquences (montée des eaux au Ban-
gladesh, gestion des déchets informatiques au Nigeria... voir les ressources ci-dessous).
• Étude du genre du plaidoyer (supports : textes et vidéos, voir les ressources ci-dessous)
• Recherche documentaire : un corpus thématique contenant à la fois des textes, des images,
des discours oraux, des documents composites peut être donné à chaque groupe afin qu’il
l’exploite (voir les ressources ci-dessous) ; on peut également différencier en demandant de
construire le corpus sur la thématique choisie par le groupe.
• Compte rendu oral du groupe de ses recherches documentaires, afin de vérifier la clarté des
informations ; un débat contradictoire peut être également envisagé afin de soulever des élé-
ments non perçus par le groupe et relancer la recherche.
• Écriture du plaidoyer, enrichi par l’apport de textes argumentatifs. L’enregistrement audio de
leur texte par les élèves leur permet de s’auto-évaluer (et d’être évalués par leurs pairs avant
la prestation orale) et d’améliorer leur plaidoyer, mais aussi d’essayer les ressources de la
voix.
• Exposé à l’oral. On peut envisager un enregistrement vidéo pour les séances d’entraînement,
mais aussi pour une diffusion qui valorisera le travail des élèves.

On peut envisager une évaluation de l’exposé par les pairs, à l’aide d’une grille d’évaluation
construite avec la classe.

Cette séquence peut être envisagée dans le cadre d’un E.P.I, avec les disciplines des Sciences
de la vie et de la Terre et d’Histoire-Géographie.

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Ressources thématiques
Plaidoyers
Pages du Concours de plaidoiries des lycéens du Mémorial de Caen. Nombreux textes de
plaidoiries écrites par des lycéens à télécharger.

Vidéos du concours de plaidoiries des lycéens du Mémorial de Caen 2016.

Biodiversité
AUDIO « Les abeilles sont-elles capables de résister aux pesticides ? », émission Planète
Environnement, France Inter.
VIDEO, Documentaire « La Biodiversité menacée : quelles solutions pour demain ». 2012. 89
min. Eduthèque – Arte.

Catastrophes écologiques :
VIDEO « Fukushima, les abords de la centrale, 3 mois après la catstrophe nucléaire », journal
télévisé, France 2.
VIDEO « Fukushima au lendemain du séisme », journal télévisé, France 3.
VIDEO « La reconstitution de l’accident de Tchernobyl 14 ans après », journal télévisé, France 3.
VIDEO « Marée noire en Louisiane provoquée par l’explosion d’une plateforme pétrolière »,
journal télévisé, France 2.

Changement climatique :
ARTICLE DE PRESSE « Le changement climatique en 6 graphiques », site Internet de Courrier
International.
ARTICLES DE PRESSES INTERACTIFS « Portraits d’un monde ébranlé par les changements
climatiques »: Dossier du Monde.fr

Récit en 14 reportages interactifs, dont :


Aux confins du pôle Nord, Spitzberg, sentinelle du réchauffement climatique
Aux sources du Yangzi, château d’eau en péril
La Réunion la promesse d’une île
La Nouvelle-Orléans, citadelle menacée par les eaux
Sur l’île de Pâques, les guetteurs de l’océan
Madagascar, terminus des cyclones
Au Bangladesh, les prisonniers du Brahmapoutre
En Chine, le défi des écocités fantômes
Les îles Kiribati, enfer et paradis
La Camargue, fragile dentelle
Dans les Alpes, le crépuscule des géants blancs
Coup de chaud sur les vignes
En Indonésie, la forêt assassinée
L’Afrique du Sud change de cap

AUDIO « Les océans, thermomètres du climat » émission Planète Environnement, France Inter
AUDIO « Des arbres contre le désert » émission Planète Environnement, France Inter
AUDIO « Comment exploiter la forêt sans réchauffer le climat ? » émission Planète
Environnement, France Inter
VIDEO «Les scenarii de la COP 21», Eduthèque – Arte. Émission «Le Dessous des cartes».
2015. 12 min.(partie 1 - partie2)
Retrouvez Éduscol sur PARCOURS PEDAGOGIQUE Ina. Jalons « Le réchauffement climatique et ses conséquences : le
problème de l’eau et de l’alimentation humaine »

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Énergies
AUDIO « Stop aux fossiles » émission Planète Environnement, France Inter
VIDEO « Réserves de pétrole et de gaz dans l’Arctique », journal télévisé, France 2.
VIDEO « Les dilemmes écologiques du Danemark », journal télévisé, France 2.
VIDEO « La question du gaz de schiste en Europe », journal télévisé, France 2.
PARCOURS PEDAGOGIQUE Ina. Jalons « Enjeux planétaires contemporains, les énergies »

Montée des eaux


AUDIO « Océans : ça va déborder ! » émission Planète Environnement, France Inter
AUDIO « Comment sauver les atolls du Pacifique ? » émission Planète Environnement, France Inter
VIDEO « La Polynésie française menacée par la montée des eaux », journal télévisé, France 2.
VIDEO « Des terres menacées par des eaux au Bangladesh », journal télévisé, France 3.

Pollutions
AUDIO « Les effets non sanitaires de la pollution atmosphérique » émission Planète
Environnement, France Inter
AUDIO « Trente-trois milliards d’euros pour gérer les déchets hautement radioactifs »
émission Planète Environnement, France Inter
AUDIO « L’inventaire des émissions polluantes dans l’atmosphère » émission Planète
Environnement, France Inter
VIDEO « Déchets plastiques dans le Pacifique : un 7e continent ? », journal télévisé, France 2.
VIDEO « La décharge de déchets d’équipements informatiques de Guiyu en Chine », journal
télévisé, France 2.
VIDEO « Traitement des déchets informatiques au Nigéria », journal télévisé, France 2.
VIDEO « La culture industrielle des roses au Kenya », Reportage «Complément d’enquête,
France 2.
VIDEO « Recyclage des déchets à Mumbaï », Magazine Un Oeil sur la planète, France 2.
VIDEO « Fruits et légumes sous serre en Andalousie », journal télévisé, France 2.
VIDEO « La pollution des eaux en milieu rural : les conséquences de l’agriculture intensive »,
journal télévisé, France 2.
VIDEO « Le traitement des déchets radioactifs », journal télévisé, Antenne 2.

Sommets internationaux
VIDEO « «Le sommet de la Terre «Rio + 20» en 2012 », journal télévisé, France 2.
CHRONOLOGIE INTERACTIVE, « 37 ans de réflexion sur le climat », site Internet de Courrier
International.

Surexploitation des ressources


ARTICLE DE PRESSE « Un suisse au secours de la forêt malgache » Site internet de Courrier
International.
AUDIO « Des arbres contre le désert » émission Planète Environnement, France Inter
WEB-DOCUMENTAIRE, « Comment l’Europe épuise les mers d’Afrique », Site internet de
Courrier International
VIDEO « La bataille du thon rouge », journal télévisé, France 2.
VIDEO « Replanter la mangrove en Casamance », journal télévisé, France 2.
VIDEO « L’usine de dessalement de l’eau de mer à Barcelone », journal télévisé, France 2.
VIDEO « La déforestation en Indonésie et l’effet de serre », journal télévisé, France 2.
VIDEO « La déforestation en Amazonie », Magazine Un Oeil sur la planète, France 2.
VIDEO « Fruits et légumes sous serre en Andalousie », journal télévisé, France 2.
VIDEO « Vers une agriculture durable ? », Magazine D’un soleil à l’autre, France 3.
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Autres ressources
Dessins de presse
Catalogue de l’exposition en ligne de Cartooning for Peace, «17 objectifs de développement
durable»
Section «Environnement» de la bibliothèque de dessins en ligne du site Cartonning for Peace.

Émission
Site de l’émission «Coup de pouce pour la planète», da la chaîne TV5 Monde

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

Progrès et rêves scientifiques

Activité : la néologie

Cette activité peut être menée dans le cadre du corpus proposé en amont sur l’homme artificiel.
L’un des textes de ce groupement, extrait de L’Ève future de Villiers de l’Isle Adam, met en effet
en scène le savant Thomas Edison. Les textes servant de support à ce travail sont deux docu-
ments du même savant, l’un proposant une liste de possibles inventions sur lesquelles travailler,
l’autre une liste de noms possibles pour l’invention du phonographe. Outre le fait que ces deux
supports illustrent la formidable fécondité de cet inventeur, ils permettent de poser la question
de la relation entre la langue et le progrès scientifique et de réfléchir donc sur la façon dont on
invente des mots pour désigner de nouvelles notions scientifiques ou de nouvelles réalisations
technologiques. Plusieurs processus de création lexicale peuvent être observés et analysés,
le plus fréquent étant ici la création d’un mot savant à partir de la réunion de deux racines
grecques ou latines. Mais ce peut être aussi une nouvelle caractérisation à partir d’un mot déjà
existant. Un travail complémentaire sur l’univers du numérique pourrait être l’occasion de réflé-
chir sur un autre processus, l’emprunt à une langue étrangère, en l’occurrence l’anglais, ou la
traduction d’un mot appartenant à cette langue.

Les listes de Thomas EDISON


Thomas Edison (1847-1931) est un inventeur prolifique qui a déposé pas moins de mille quatre-
vingt-treize brevets aux États-Unis. Cette liste du 3 janvier 1888 mentionne différentes idées sur
lesquelles il envisage de travailler.
Choses en cours et à faire
Ramasseuse à coton
Nouveau phonographe standard
Phonographe à manivelle
Nouvelle dynamo bon marché à vitesse lente
Nouvelle dynamo à expansion pyromagnétique
Appareil pour sourds
Piano électrique
Transmetteur téléphonique standard longue distance qui
emploiera des éléments d’enregistrement du phonographe
Fil de téléphone en fer par télétransmission en paraffine ou
autre isolant
(…)
Miroir motographe
Relais motographe
Téléphone pratique motographe
Câble artificiel
Moteur de téléphone pour travailler en 100 volts CKTS
Cylindres phono à duplication
(…)
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires
Progrès et rêves scientifiques

Quel nom donner au phonographe ?


Thomas Edison travaille en 1877 sur son dernier projet, le « phonographe », qui peut enregistrer
et rejouer du son. Cet objet sera l’ancêtre du gramophone. Edison et son équipe cherchent un nom
pour cette invention. Voici un extrait de la liste qu’ils ont confectionnée.

Auto-électrographe=stylo électrique
Tél-autographe
Tél-autophone
Polyphone=sonorisateur polyvalent
Autophone=sonorisateur de soi-même
Cosmophone=sonorisateur universel
Accoustophone=qui diffuse le son=transmetteur sonore
Octophone=sonorisateur accoustique=haut-parleur
Antiphone=qui parle en arrière-plan
Liguphone=son limpide
(…)
Meistophone=très petit sonorisateur
Anchiphone=sonorateur ou transmetteur de proximité
(…)
Glottophone=sonorisateur ou transmetteur sonore de langue
(…)
Pinacophone=tableau sonore
Hémérolophone=almanach parlant
Calandophone=calendrier parlant
Sphygmophone=sonorisateur à plusations
Cardiophone=sonorisateur de battements de cœur
Séismophone=sonorisateur sismique
Électrophone=transmetteur sonore électrique
(…)
Phémographe=écritoire à sons
Omphégraphogramme=transcirpteur voix ou enregistreur
Mélodographe, mélographe, melpographogramme=écrotoire à chansons
Epographe=écritoire à paroles
Rhétographe=écritoire à discours
Cinémographe=écritoire à mouvements
Atmophone=bruit à vapeur ou à évaporation
Aérophone= bruit de l’air
Symphraxomètre=mesureur de pression
Synothémètre=mesureur de pression
Orchégraphe=enregistrement de vibration

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Informer et accompagner
les professionnels de l’éducation CYCLES 2 3 4
FRANÇAIS
Questionnements complémentaires

Ressources scientifiques et culturelles

Ouvrages universitaires
L’être humain est-il maitre de la nature ?
BARITON Michel, Les Jardins, Paysagistes, Jardiniers, Poètes, Robert Laffont, 1998.
BUTTNER Nils, L’art des paysages, Citadelles et Mazenod, 2007.
HADDAD Hubert, Le Jardin des Peintres, Hazan, 2000.

La ville, lieu de tous les possibles ?


ANTON S., (sous la direction de), Le territoire littéraire du Havre, dans la première moitié du
XXème siècle, PURH.
ANTON S., (sous la direction de), Vers une cartographie littéraire du Havre, de Bernardin de
Saint-Pierre à Pascal Quignard, PURH.
CHONE A., (sous la direction de), Villes invisibles et écritures de la modernité, Orizons,
Universités, 2012.
COLLOT M., Pour une géographie littéraire, Corti, Les Essais.
DENIS B., POPOVIC P. (sous la direction de), Une cité entre deux mondes. La ville dans les arts et
la littérature en France de 1958 à 1981, Montréal, Nota Bene, 2015.
FOURNIER E. Paris en ruines. Du Paris haussmannien au Paris communard, Imago, 2008.
LOUPIAC Claude, La ville entre représentations et réalités, collection Patrimoine et références,
Scéren CNDP, 2005.
WESTPHAL B., La géocritique, réel, fiction, espace, Les éditions de Minuit, 2007 édition papier,
2011 édition électronique

Progrès et rêves scientifiques


MACHINAL H. (dir.), Le Savant fou. Presses Universitaires de Rennes, coll. «Interférences», 2013.
MAVRIDORAKIS V., Art et science-fiction : La Ballard Connection, MAMCO, 2011.
OTMAN Gabriel, Les mots de la cyberculture, Collection le français retrouvé, Belin, 1998.

Articles (téléchargeables)
L’homme est-il maître de la nature ?
SCHROEDER N., « Nature » et moyen-âge, quelques remarques pour l’histoire de
l’environnement et l’écologie politique.

La ville, lieu de tous les possibles ?


ANTONUCCI J-L., Jacques Tati, L’architecte et l’architecture.
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires

GOLDBERG I., La ville et la peinture.


LAFFONT G-H., ‘’Urbaphobie’’ et cinéma : le cas Jacques Tati.
MOLINA G., Paris dans la bande dessinée contemporaine. Au-delà des antagonismes de
l’urbaphilie et de l’urbaphobie : la ville plurielle.
POCRY H., Surimpressions naturelles et volontaires chez les surréalistes. Un regard multiple sur
Paris.
TRATJNEK B., La représentation de la nature dans les mangas.
Représenter l’espace urbain dans la bande dessinée .
Colloque de Cerisy-la-salle (2007) : Ville mal aimée, Ville à aimer

Progrès et rêves scientifiques


LAFFONT G-H., Rétro... polis. Blade Runner et le cinéma de science-fiction comme révélateurs
du caractère mythique et archétypal de l’urbaphobie.
LEPRINCE-RINGUET L., Science et bonheur des hommes, Flammarion, 1973.
MACHINAL H. (dir.), Le Savant fou. Presses Universitaires de Rennes, coll. «Interférences»,
2013.

Œuvres littéraires
La ville, lieu de tous les possibles ?
BON F., Dans la ville invisible, Gallimard « Pages blanches », 1995 pour l’édition originale,
François Bon et Tiers-Livre éditeur pour l’édition numérique, 2015.
Pour la genèse de l’écriture, consulter le site de François Bon
CALVINO I., Les villes invisibles, traduit de l’italien par Jean Thibaudeau, Gallimard, 2014 pour
l’édition électronique
GRACQ J., La forme d’une ville, Corti, 1985
IZZO J.C., Total Kheops
PREVERT J., Paris est tout petit, le cherche midi, 2009 (anthologie)
QUENEAU R., Connaissez-vous Paris ? Gallimard, Folio 5254, 2011

Progrès et rêves scientifiques


BRECHT B., La vie de Galilée

Recueils de textes
La ville, lieu de tous les possibles ?
Collection Le goût de … aux éditions Mercure de France :
• Le goût du Havre, textes réunis et présentés par S. FILLIPETTI, 2011
• Le goût de New York, textes réunis et présentés par J. NEUTRES, 2009
• Le goût de Paris :
--Le mythe, textes réunis et présentés par J-P. ARTHUR BERNARD, 2004
--L’espace, textes réunis et présentés par J-P. ARTHUR BERNARD, 2004
• Le goût de Tokyo, textes réunis et présentés par M. FERRIER, 2008

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires

Bande dessinée, romans graphiques, mangas


L’être humain est-il maître de la nature ?
BETBEDER S., FRICHET P., Inlandsis (3 tomes)
BIHEL F. – PIATZSZEK S., L’or (6 tomes),
CHABOUTE C., Moby Dick
CUNNINGHAM D., Fables scientifiques
DAVODEAU E., Rural !
DEBON N., L’invention du vide
KUNWU Li, La voie ferrée au-dessus des nuages
LARCENET M., Le retour à la terre (5 tomes)
LEPAGE E., Un printemps à Tchernobyl
ROYER J., GROLLEAU F., Sur les ailes du monde
TANIGUSHI J., L’homme qui marche, Casterman
TANIGUSHI J., « L’orme du Caucase » (in L’orme du Caucase), Casterman, 2004
TANIGUSHI J., Le sommet des dieux (5 tomes)

La ville, lieu de tous les possibles ?


BRUNSCWIG L. – RICCI R., Urban
CABU, Cabu à New-York
CHAVOUET F., Tokyo Sanpo
EISNER W., New-York Trilogie (3 tomes)
FURUYA Usamaru, Tokyo Magnitude 8, Panini
GUERIN A. – LACAF F., Le mystère Tour Eiffel
KIRIKI K., La photographe, Komikku Edition, 2015
KUSUMI M., Le promeneur, Casterman, 2008
MATSUMOTO T., Amer béton
NISHI J.P., À nous deux Paris ! Picquier, 2012
OUBRERIE C. – BIRMANT J., Pablo (4 tomes)
SATTOUF R., La vie secrète des jeunes (3 tomes)
SCHUITTEN-PEETERS, Les cités obscures. Brüssel, Casterman, 2008
SCHUITTEN-PEETERS, Le guide des cités, Casterman, 2011
SCHUITTEN-PEETERS, Revoir Paris, Tome 1, Casterman, 2014
SCHUITTEN-PEETERS, Revoir Paris, Catalogue de l’Exposition de la Cité de l’Architecture et du
Patrimoine, 2015
SEMPE, Sempé à New York
TANIGUSHI J., Quartier lointain
TANIGUSHI J., Le gourmet solitaire
TANIGUSHI, Furari, Casterman, 2012
WARE C., Buildings stories

Progrès et rêves scientifiques


ALICE A., Le Château des Étoiles (2 tomes)
BRAVO E., Une épatante aventure de Jules
BUSQUET J. –MEJAN P. – SANVI L’étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hide (2 volumes),
CUNNINGHAM D., Fables scientifiques
MONTAIGNE M., Tu mourras moins bête [mais tu mourras quand même] (4 tomes)
SMOLDEREN T. –CLERISSE A., Souvenirs de l’empire de l’atome
TEZUKA O., Metropolis
La petite bédéthèque des savoirs – Collection Dargaud
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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires

Un auteur de bande dessinée et un spécialiste se penchent sur des questions scientifiques et


les expliquent de manière sérieuse mais ludique. À lire :
• L’intelligence artificielle (Marion Montaigne – Jean-Noël Lafargue)
• L’univers (Daniel Casanave – Hubert Reeves)

Ouvrages d’art et photographies


L’être humain est-il maître de la nature?
La Terre vue du ciel, Yann Arthus-Bertrand
Le crépuscule du monde sauvage, Nick Brandt
La nature en équilibre, Ansel Adams

La ville, lieu de tous les possibles ?


BONAFOUX P., Cent tableaux qui racontent Paris. Au temps des impressionnistes, Chêne, 2015.
BOURGUINAT E., Les rues de Paris au XVIIIème siècle, le regard de Louis Sébastien Mercier,
Paris musées, Musée Carnavalet, 1999
HERMAN R., New-Yorkers
CHEVRIER J-F., RIBALTA J, TRACHTENBERG, Helen Levitt, Un lyrisme urbain, Le Point du jour, 2010
CHEVRIER J-F., TENU C, La ville que nous voyons, Le point du jour, 2013

Photographes :
Philippe Beasse : Des photographies de New-York et des New-Yorkais de nos jours.
Robert Doisneau : La vision mythique et humaniste de la ville de Paris, de ses habitants, avec
en toile de fond les changements liés à l’urbanisation des années 1950
Vivian Maier : La vision de New-York au milieu du XXe siècle par une photographe anonyme
dont on a découvert les pellicules après sa mort.

Progrès et rêves scientifiques


Catalogue d’exposition Peter Klasen, dialogue avec les maîtres, L’Aspirateur, Narbonne, 2015

Filmographie
L’être humain est-il maître de la Nature ?
Avatar, James Cameron
La forêt d’émeraude, John Boorman
Demain, Mélanie Laurent, Cyril Dion
Into the Wild, Sean Penn
Nausicaä de la vallée du vent, Hayao Miyazaki
Mon voisin Totoro, Hayao Miyazaki
Princesse Mononoké, Hayao Miyazaki
Pompoko, Isao Takahata
Danse avec les loups, Kevin Costner
Le sel de la terre, Wim Wenders
Un été avec Coo, Keiichi Hara
Miel, Semih Kaplanoglu
Le renard et l’enfant, Luc Jacquet

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CYCLE 4 I FRANÇAIS I Questionnements complémentaires

La ville, lieu de tous les possibles ?


ARIAS M., Amer béton
BECKER W., Good bye Lenin
BELVAUX L., 38 témoins
BURTON T., NOLAN C., SCHUMACHER J., Batman
COPPOLA S., Lost in Translation,
JEUNET J-P., Le fabuleux destin d’Amélie Poulain
KASSOVITZ M., La Haine,
KLAPISCH C., Paris
LANG, Metropolis
RINTARO, Metropolis
SCORCESE M., Gangs of New York
SCOTT R., Blade Runner
TATI J., Trafic
TATI J., Mon oncle
TRUFFAUT F., Les quatre cents coups
WARE C., The American Life : Lost Buildings
Paris, je t’aime, collectif

Progrès et rêves scientifiques


Blade Runner, Ridley Scott
Minority Report, Steven Spielberg
Frankenstein, James Whale
Retour vers le futur, Robert Zemeckis
A.I., Steven Spielberg
Le Voyage dans la Lune, Georges Méliès
Steamboy, Katsuhiro Otomo
La Jetée, Chris Marker
L’armée des 12 singes, Terry Gilliam
Vingt-huit jours plus tard, Danny Boyle
Docteur Folamour, Stanley Kubrick

Sitographie
La ville, lieu de tous les possibles ?
• Le site de la BNF
--Un atelier d’écriture « Écrire la ville » proposé par François Bon
--Reconstituer le Paris du XIXème siècle en photographies
--Exposition virtuelle d’Eugène Atget
• Photographies de Paris de Charles Marville avant Haussmann
• Une autre vision de Paris : « Paris complètement vide de ses habitants »
• Géographie de la ville en guerre
• Esthétique de la ruine
• De nouvelles manières de voir la ville : le drone

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