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RÉSUMÉ – La réduction de capacité portante d'une fondation due à la proximité de deux talus
ne peut pas être étudiée avec les méthodes de calcul classiques. On propose une analyse par
éléments finis qui combine une approche élastoplastique et une approche fondée sur l'analyse
limite. Les résultats montrent une bonne concordance entre les approches et indiquent que, pour
les paramètres de sol et la géométrie adoptés ici, l'influence du deuxième talus est négligeable.
ABSTRACT – The decrease in bearing capacity of a footing due to the proximity of two slopes
cannot be estimated with the classical engineering methods. We propose a finite element
analysis combining an elastoplastic simulation and a limit analysis calculation. The results show
a good agreement between both approaches, and lead to the conclusion that the influence of
the second slope is negligible, with the geometry and the soil parameters adopted here.
1. Introduction
L'un des objectifs des recherches actuelles dans le domaine de la géotechnique est de mieux
prendre en compte la complexité des problèmes géotechniques réels, en particulier le
caractère généralement tridimensionnel des ouvrages et les interactions possibles entre
ouvrages voisins.
On aborde ici cette problématique sous l'angle de la modélisation numérique par éléments
finis, en s'intéressant à la réduction de capacité portante d'une fondation due à la proximité de
deux talus. Ce problème relativement simple ne peut pas être traité de manière satisfaisante
avec les méthodes classiques de la géotechnique. On propose donc une approche numérique,
qui combine des calculs en élastoplasticité (qui permettent en principe de calculer des champs
de contraintes statiquement admissibles et d'obtenir des bornes inférieures approchées de la
charge limite) et des calculs par l'approche cinématique de l'analyse limite (qui donnent des
bornes supérieures).
2. Position du problème
La géométrie du problème est présentée sur la figure 1. La semelle de fondation étudiée est un
parallélépipède de dimensions B = 6 m ; L = 22 m et h = 8 m, le grand côté étant parallèle au
bord du talus principal (à une distance b1 = 2,5 m). Le premier talus fait l'angle β1 = 50 degrés
avec l'horizontale ; le deuxième a une pente de β2 = 40 degrés, et fait un angle α = 120 degrés
avec le premier. Le petit côté de la semelle est à b2 = 4 m de la droite perpendiculaire au
premier talus qui passe par l'intersection des deux talus. On cherche la plus grande pression
que l'on peut appliquer sur la semelle de fondation, compte tenu des caractéristiques
mécaniques du terrain sous-jacent. Le poids volumique vaut γ = 20 kN/m et le comportement
3
du sol est décrit par le modèle de Mohr-Coulomb, avec les caractéristiques suivantes : module
d'Young E = 30 MPa ; coefficient de Poisson ν = 0,3 ; cohésion c=28 kPa ; angles de
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frottement interne et de dilatance ϕ = ψ = 25 degrés (On rappelle que, dans l’analyse limite, les
caractéristiques élastiques E et ν n’interviennent pas).
Dans les calculs qui suivent, le poids de la semelle n'est pas pris en compte : il est donc
intégré à la charge appliquée, qui est verticale et centrée (pression uniforme).
Plusieurs analyses ont été menées pour étudier l'influence du deuxième talus et comparer la
capacité portante avec celle d'une fondation de même géométrie située au bord d'un talus
infini. On a aussi étudié en déformation plane une fondation filante près d'un talus et une
fondation filante sur un massif horizontal. On a également cherché à étudier l'influence de la
forme de la fondation, en faisant des calculs pour une semelle carrée, ce qui rapproche le
centre de gravité de la semelle de l'intersection des talus.
qmax
B b1
h
L
b2 α
β1
β2
3. Calculs élastoplastiques
L'estimation de la charge limite par des calculs élastoplastiques consiste à rechercher les
déplacements provoqués par une charge que l'on incrémente progressivement, jusqu'à obtenir
une divergence (ou une non-convergence) du processus itératif : la dernière valeur pour
laquelle on a la convergence fournit une estimation (en général par défaut) de la charge limite.
Cette approche conduit à des temps de calcul importants, et il est difficile d'obtenir une valeur
satisfaisante de la charge limite pour les problèmes complexes (en termes de lois de
comportement ou de géométrie).
Dans tous les calculs présentés ici, les conditions aux limites sont lisses sur les bords du
maillage, sauf sur la limite inférieure, sur laquelle tous les déplacements sont nuls. Le calcul
est mené en deux phases. Dans la première, on initialise les contraintes en appliquant au
modèle le poids propre du terrain. Dans la deuxième, on applique sur la face supérieure de la
fondation une pression uniforme, qui augmente par incréments de 10 kPa, jusqu'à obtenir une
divergence ou une non-convergence du calcul. L'algorithme utilisé pour les calculs présentés
ici met en œuvre la méthode d'accélération de la convergence de Davidon-Fletcher-Powell
(implantée dans le module MCNL de CESAR-LCPC par Mestat (1993)). Cet algorithme est plus
rapide mais moins précis dans certaines situations que la méthode dite "des contraintes
initiales", qui n'est pas adaptée à l'étude de charges limites.
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3.2. Calculs en conditions bidimensionnelles
Différentes simulations numériques ont été réalisées pour vérifier la cohérence entre les
résultats des calculs bi- et tridimensionnels, pour estimer l'influence de la deuxième pente et,
enfin, pour étudier l'influence de la position de la fondation par rapport à l'intersection des
talus : en particulier, on a voulu étudier la possibilité qu'une fondation carrée proche du coin
poinçonne le terrain.
La présence de deux pentes conduit à un maillage plus fin que pour un talus infini, et plus
gros car on perd un plan de symétrie. Les temps de calculs sont à peu près multipliés par 10.
Compte tenu du fait que les maillages utilisés ne sont pas les mêmes pour une et deux pentes,
la proximité des charges limites calculées est remarquable et permet de conclure que le
mécanisme de rupture n'est pas affecté par la présence de la deuxième pente, pour la
géométrie étudiée et avec les paramètres de sol adoptés. Les résultats obtenus (allure du
mécanisme de rupture, localisation des déformations plastiques) sont représentés sur les
figures 2a à 2d. Le tableau I récapitule les charges limites calculées.
Figure 2a. Allure de la déformée pour une Figure 2b. Allure de la déformée pour une
fondation carrée sur un talus infini (maillage fondation rectangulaire sur un talus infini
de la moitié de la fondation) (maillage de la moitié de la fondation)
195
3 1
1
4 2 6
7
8
2
2 5
3
4
10 8
1 19 6
5
7
Figure 2c. Déformée pour une fondation Figure 2d. Isovaleurs de déformation plastique
carrée sur un talus à deux pentes (fondation sur un talus infini)
La méthode cinématique régularisée, développée au LCPC depuis les années 1970, permet de
calculer des bornes supérieures des charges de rupture des ouvrages géotechniques. Cette
méthode permet une recherche automatique des mécanismes de rupture, sans hypothèses a
priori sur la forme des surfaces de glissement, contrairement aux méthodes classiques de
calcul de stabilité (voir par exemple Garnier (1995) pour l'analyse tridimensionnelle d'une
fondation à proximité d'un talus).
La méthode cinématique régularisée a été programmée dans le module LIMI de CESAR-
LCPC (on pourra se reporter à Magnan et Droniuc (2000), à Droniuc (2001) et à la synthèse
récente sur ces développements numériques due à Droniuc et al. (2003)). Ce module de calcul
fournit une borne supérieure de la charge de rupture de l’ouvrage et un champ de vitesses
virtuelles qui donne l'allure et l’étendue du mécanisme de rupture.
Comme en élastoplasticité, on a réalisé des simulations en déformation plane (semelle
filante sur sol horizontal ou proche d'un talus) et en conditions tridimensionnelles.
Les conditions aux limites en vitesses de déplacement sont analogues à celles utilisées dans
les calculs élastoplastiques. Les mécanismes de rupture obtenus pour un massif horizontal et
pour un talus infini sont représentés sur la figure 3. Dans les deux cas, un mécanisme de type
Prandtl se développe sous la semelle rigide. Pour la semelle filante à proximité d'un talus, le
mécanisme de rupture est influencé par la hauteur du talus : la fondation bascule vers le talus,
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qui se rompt sous la charge. Dans ce cas, le mécanisme de rupture ne s’étend pas derrière la
fondation, du côté opposé au talus.
Si le sol est horizontal, la borne supérieure calculée est égale à 1480 kPa, soit une
différence de 6,5% avec la valeur donnée par le calcul élastoplastique, égale à 1390 kPa.
Pour la semelle filante à proximité d'un talus, la borne supérieure calculée est égale à 502
kPa, et diffère donc de 9,1% de la valeur issue du calcul élastoplastique, égale à 460 kPa.
Pour la géométrie considérée et les caractéristiques mécaniques du sol prises en compte, la
présence du talus divise donc pratiquement par 3 la valeur de la charge limite ; on notera aussi
que les valeurs des bornes inférieures approchées et les valeurs des bornes supérieures
données par la méthode cinématique régularisée sont en très bon accord.
Déformées
197
La figure 4 représente le champ de vitesses de déplacement virtuel calculé, qui donne une idée
du mécanisme de déformation, et le champ des vitesses de déformation principales : on voit
que le mécanisme de rupture se développe jusqu’au pied du talus, son étendue derrière la
fondation étant très limitée. Le mécanisme de rupture présente un coin rigide sous la semelle.
La borne supérieure calculée est égale à 1190 kPa, supérieure de 19% à la borne inférieure
approchée donnée par le calcul élastoplastique (1000 kPa).
198
a) Maillage utilisé b) Déformée
0
0,013
0,026
0
0,0067
0,0133
199
4.2.4. Fondation rectangulaire à proximité des deux talus
Pour le cas de la semelle rectangulaire à proximité de deux talus, le mécanisme se développe
à nouveau principalement du côté du talus situé en face de la semelle. Comme pour la semelle
carrée, la présence du deuxième talus a une faible influence sur l'allure du mécanisme et sur la
valeur de la pression limite : la valeur calculée est de 715 kPa, soit seulement 2,1% de moins
que pour la semelle rectangulaire à proximité d’un talus infini. Par ailleurs, la différence avec la
borne inférieure approchée donnée par le calcul élastoplastique est de 15%.
5. Conclusions
6. Références bibliographiques
200