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CHAPITRE
Analyse
fonctionnelle
Introduction
1 Fonctions continues
Il reste une dissymétrie entre a et f (a). Dans un cas on mesure effectivement le voisi-
nage par un ε et pas dans l’autre. Or B(f (a), ε) est un voisinage particulier de f (a) et
si X est un voisinage quelconque de f (a) alors on dispose de ε tel que X ⊃ B(f (a), ε)
et donc f −1 (X) ⊃ f −1 (B(f (a), ε)), i.e. f −1 (X) contient un voisinage de a dans I.
C’est donc également un tel voisinage. On en conclut que la continuité de f en a peut
s’écrire topologiquement
Une fonction sur E admet une limite en l’infini (resp. en +∞, en −∞ dans le
cas E = R) si, dans la définition de limite 8 - 1, on peut remplacer le voisinage
de a par un voisinage de l’infini (resp. +∞, −∞).
Définition 8 - 2 Une fonction à valeurs réelles admet ±∞ comme limite (en a ou en l’infini) si,
dans la définition de limite, on peut remplacer le voisinage de ℓ par un voisinage
de ±∞.
Plus généralement, on dit qu’elle tend vers l’infini si ∥f ∥ tend vers +∞.
Concrètement
Exemple 8 - 1 lim f = ℓ ⇐⇒ ∗
∀ε ∈ R+ , ∃M ∈ R , ∀x ∈ A (∥x∥ > M ⇒ ∥f (x) − ℓ∥ < ε)
∞
lim f = −∞ ⇐⇒ ∗
∀M ∈ R , ∃η ∈ R+ , ∀x ∈ A (∥x − a∥ < η ⇒ f (x) < M ) .
a
Caractérisation séquentielle
Avec les mêmes notations que ci-dessus, lima f = ℓ si et seulement si, pour
toute suite de points de A convergeant vers a, l’image par f de cette suite converge
Proposition 8 - 1
vers ℓ.
En particulier si f est continue en a et si (xn ) est une suite convergeant vers
a à valeurs dans le domaine de définition de f , alors (f (xn )) converge vers f (a).
Soit F un espace vectoriel normé, A une partie d’un espace vectoriel normé E
Définition 8 - 3 et f : A → F . On dit que f est continue sur A si elle est continue en tout point
a de A.
Linéarité
Si f et g, de A dans F , admettent une limite en a et si α et α′ sont des
scalaires, alors αf + α′ g admet une limite en a et on a
Multiplicativité
— Si F est une K-algèbre et si f et g, de A dans F , admettent une limite en
a, f g aussi et on a lima f g = lima f lima g.
Il en résulte que l’ensemble des fonctions de A dans F admettant une limite
Propriétés 8 - 2 en a (respectivement continues en a ou continues sur A) est une K-algèbre.
De plus l’application (f, g) lima f g est bilinéaire.
— En particulier si F un corps et si lim f ̸= 0, alors 1/f est définie au voisinage
a
1 1
de a et y admet une limite. De plus lim = .
a f lima f
Composition
La limite est compatible aux compositions. Soit E, F et G trois espaces vec-
toriels normés, A et B des parties de E et F respectivement, f de A dans B et g
Propriété 8 - 3
de B dans G. Soit enfin a dans A. Si lim f = b, alors b ∈ B, et si lim g = c, alors :
a b
g ◦ f admet une limite en a et lim g ◦ f = c.
a
Démonstration. Le sens direct est clair. Pour la réciproque, par densité de B dans
A, tout point de a peut s’écrire comme limite de points de B, disons a = lim bn . Comme
f et g coïncident sur B, les suites (f (bn )) et (g(bn )) sont égales et, par continuité de
f et g en a, ont pour limites respectives f (a) et g(a). On en déduit f (a) = g(a) et,
finalement, f = g. □
En particulier, si F est de dimension finie et (ei )1≤i≤n en est une base, alors f
de A dans F admet une limite en a si et seulement si les composées e∗i ◦ f en ont,
où (e∗i )1≤i≤n sont les formes coordonnées par rapport à (ei )1≤i≤n .
Cette dernière assertion n’est a priori valable que si F est muni de la topologie
produit, i.e. de la norme infinie relativement à la base choisie. Néanmoins on
Remarque 8 - 3
verra que cette propriété est indépendante de la norme choisie quand on étudiera
l’équivalence des normes.
2 Uniforme continuité
Rapport de Lipschitz
Soit F un espace vectoriel normé, A une partie d’un espace vectoriel normé
E et f : A → F . On dit que f est lipschitzienne de rapport k (ou encore
k-lipschitzienne), avec k ∈ R+ si
∥f (x) − f (y)∥
Le rapport de Lipschitz est égal, quand il existe, à sup .
Remarque 8 - 4 (x,y)∈A2 ∥x − y∥
x̸=y
Trace
Exemple 8 - 3 La trace est 1-lipschitzienne pour la norme ∥·∥1 . En effet c’est une conséquence
de l’inégalité triangulaire et du critère précédent.
Distance et norme
Une norme est 1-lipschitzienne par rapport à elle-même. C’est une reformula-
tion de l’inégalité triangulaire : |∥x∥ − ∥y∥| ≤ ∥x − y∥.
La fonction x 7→ d(x, A), pour toute partie A de E, est également 1-
Exemple 8 - 4
lipschitzienne. En effet pour x et y dans E et a dans A on a : d(x, a) ≤
d(x, y) + d(y, a) et donc d(x, a) ≤ d(x, y) + d(y, A). Il en résulte, par passage
au supremum, d(x, A) ≤ d(x, y) + d(y, A), i.e. d(x, A) − d(y, A) ≤ d(x, y). En
échangeant les rôles de x et y, on en déduit |d(x, A) − d(y, A)| ≤ d(x, y)
Remarque 8 - 5 Si (xn ) est une suite convergente, alors (∥xn ∥) aussi et lim ∥xn ∥ = ∥lim xn ∥.
Les fonctions lipschitziennes sont un cas particulier d’une classe de fonctions par-
ticulièrement importante, les fonctions uniformément continues. La notion d’uniforme
continuité est proche de celle de compacité.
Soit f une fonction d’une partie A de E dans F . On dit que f est unifor-
mément continue sur A si la mesure de la continuité ne dépend pas du point
Définition 8 - 5 d’étude, i.e.
∗
∀ε ∈ R+ ∗
, ∃η ∈ R+ , ∀(x, y) ∈ A2 , (∥x − y∥ ≤ η ⇒ ∥f (x) − f (y)∥ ≤ ε) .
Critère séquentiel
Soit f de A dans F . Elle n’est pas uniformément continue si et seulement s’il
Proposition 8 - 4
existe deux suites (un ) et (vn ) de points de A telles que lim(un − vn ) = 0 mais
f (un ) − f (vn ) ne tend pas vers 0.
de (un − vn ), elle tend vers 0 et donc, pour n assez grand, uφ(n) − vφ(n) ≤ η et ceci
aboutit à une contradiction. □
Théorème de Heine
Théorème 8 - 1 Toute fonction continue sur un compact y est uniformément continue.
Heinrich Eduard Heine, 1821–1881.
Démonstration. Soit f une fonction continue sur un compact K. Si elle n’était pas
uniformément continue, on disposerait de ε dans R+ ∗
et de deux suites (xn )n∈N et
(yn )n∈N à valeurs dans K telles que ∥xn − yn ∥ ≤ 2 −n
et ∥f (xn ) − f (yn )∥ ≥ ε. Par
compacité de K × K, on peut supposer les deux suites convergentes (quitte à extraire
une sous-suite de ((xn , yn ))n∈N ). Mézalor les deux suites convergent vers la même
limite, disons ℓ, et la propriété ∥f (xn ) − f (yn )∥ ≥ ε contredit la continuité au point ℓ.
□
Démonstration. Soit (yn )n∈N une suite dans f (K) et (xn )n∈N dans K N telle que
f (xn ) = yn . Par compacité, on peut extraire une sous-suite de x qui converge dans K.
Par continuité de f , l’image par f de cette sous-suite converge vers l’image par f de
la limite, i.e. vers une limite dans f (K).
1
Si la borne n’était pas atteinte, alors x 7→ serait continue sur K,
∥f ∥∞ − ∥f (x)∥
mais non bornée. Dans le cas réel on procède de même mais en considérant les fonctions
1 1
x 7→ et x 7→ □
supK f − f (x) inf K f − f (x)
Applications linéaires
Soit u dans L (E, F ) une application linéaire entre deux espaces vectoriels
normés. C’est une application continue sur E si et seulement si ∃C ∈ R+∗
, ∀x ∈ E,
∥u(x)∥ ≤ C ∥x∥. Plus précisément on a équivalence entre les propriétés suivantes :
1. u ∈ Lip(E, F ),
2. u est uniformément continue sur E,
3. u est continue sur E,
4. u est continue en 0,
Théorème 8 - 3 5. u(B(0, 1)) est bornée,
6. sup ∥u(x)∥ < +∞.
∥x∥=1
∥u(x)∥
7. sup < +∞,
x̸=0 ∥x∥
8. ∃C ∈ R+
∗
, ∀x ∈ E, ∥u(x)∥ ≤ C ∥x∥,
Dans ce cas les deux derniers suprema sont égaux.
On note Lc (E, F ) l’ensemble des applications linéaires continues de E dans
F . C’est un K-espace vectoriel.
Norme subordonnée
L’application u 7→ sup∥x∥=1 ∥u(x)∥ définit une norme sur Lc (E, F ), dite
norme subordonnée aux deux normes sur E et F . Elle est notée ∥u∥op ou en-
Définition 8 - 6 core |||u||| (on parle alors de norme triple).
∥u(x)∥F
On a, de façon équivalente, |||u||| = sup et ainsi ∀x ∈ E ∥u(x)∥F ≤
x̸=0 ∥x∥E
|||u||| ∥x∥E .
Sous-multiplicativité
Proposition 8 - 5 Si u ∈ Lc (E, F ) et v ∈ Lc (F, G), alors v◦u ∈ Lc (E, G) et |||v ◦ u||| ≤ |||u|||·|||v|||.
En particulier (♠) Endc (E) est une algèbre normée.
et l’assertion en découle. □
Cas matriciel
Pour A dans Mn (K), on l’interprète comme un endomorphisme de Mn,1 (K).
Proposition 8 - 6
On munit ce dernier espace d’une norme quelconque et on a alors
Corollaire 8 - 1 Les sous-espaces vectoriels d’un espace de dimension finie sont fermés.
Soit (Ei )1≤i≤n des espaces vectoriels normés et u une application multi-linéaire
n
Y
de Ei , muni de la topologie produit, dans F . Alors u est continue si et seule-
i=1
ment s’il existe K dans R+ tel que, pour tout x avec x = (xi )1≤i≤n , on ait
Proposition 8 - 8
∥u(x)∥ ≤ K ∥x1 ∥ · · · ∥xn ∥ .
n
Y
Démonstration. Pour n entier non nul, (x1 , . . . , xn ) 7→ xi est multilinéaire de
i=1
Kn dans K, donc continue. De plus l’application de Kk dans Kn
(x1 , . . . , xk ) 7→ (x1 , . . . , x1 , . . . , xk , . . . , xk ) ,
| {z } | {z }
i1 ik
avec (ij ) des entiers naturels de somme n, est également linéaire donc continue, et il en
k
i
Y
résulte que l’application monomiale (x1 , . . . , xk ) 7→ xjj est continue. Par stabilité
j=1
des applications continues par combinaison linéaire, on en déduit que les applications
polynomiales sont continues. □
On admet que cette définition est indépendante du choix de la base (ei )1≤i≤p .
Linéarité de l’intégrale Z
Propriété 8 - 6 Soit I un segment. L’application f 7→ f est une application linéaire sur
I
0
Cmcx (I, E).
Relation de Chasles
Puisque cette propriété est vraie sur les coordonnées, si f appartient à
0
Cmcx ([[ a; b ], E) et c à ]a; b [ , alors on a
Remarque 8 - 8
Z Z Z
f= f+ f.
[ a;b ] [ a;c ] [ c;b ]
Z Z b Z b
Si I = [ a; b ] , on écrit indifféremment f, f ou f (t) dt. Si a > b, on
I a a
Notation Z b Z a Z a
pose f (t) dt = − f (t) dt et f (t) dt = 0.
a b a
Z
L’application f 7→ f est linéaire sur Cmcx
0
(I, E) et sa valeur ne change pas
Remarque 8 - 9 I
si on modifie f en un nombre fini de points.
Linéarité de l’intégrale
Soit E et F deux espaces vectoriels normés de dimension finie,
Zu dans
L (E, F )
Propriété 8 - 7 Z
et f dans Cmcx
0
(I, E), alors u ◦ f ∈ Cmcx
0
(I, F ) et u◦f =u f .
I I
Démonstration. Soit (ei )1≤i≤p une base de E et (e∗i )1≤i≤p les formes coordonnées
associées, et (fj )1≤j≤q une base de F et (fj∗ )1≤j≤q les formes coordonnées associées.
Par définition des formes coordonnées, on a
p
X p
X
f= (e∗i ◦ f )ei et donc fj∗ ◦ u ◦ f = (e∗i ◦ f )fj∗ (u(ei ))
i=1 i=1
et, par définition des formes coordonnées, cette dernière somme est égale à
X p Z Z
(ei ◦ f ) u(ei ) , i.e. u
∗
f .
i=1 I I
Sommes de Riemann
Soit f dans C 0 (I, E) avec I = [ a; b ] , σ une subdivision de I donnée par
a = a0 < a1 < · · · < an = b, (ξk )1≤k≤n dans I n avec, pour tout k dans J1; nK,
ak−1 ≤ ξk ≤ ak . On note δk = ak − ak−1 , δ(σ) = maxk δk et S(f, σ, (ξk )) la
somme de Riemann définie par
n
Propriété 8 - 8 X
S(f, σ, (ξk )) = (ak − ak−1 )f (ξk ) .
k=1
Alors Z
lim sup f − S(f, σ, (ξk )) = 0 .
δ→0 σ I
δ(σ)≤δ
Inégalité triangulaire
Soit I = [ a; b ] et f dans C 0 (I, E). Alors x 7→ ∥f (x)∥ est continue sur I et à
valeurs positives. De plus
Z b Z b
Théorème 8 - 5
f (x) dx ≤ ∥f (x)∥ dx .
a a
Inégalité de la moyenne
Z b
Corollaire 8 - 3 Soit I = [ a; b ] et f dans Cmcx
0
(I, E). Alors f (x) dx ≤ (b − a) sup ∥f ∥.
a I
4 Dérivation
f (x) = α + (x − a)β + o (x − a)
Si la limite est prise à gauche ou, de façon équivalente, si g est définie dans
un voisinage de a dans ] − ∞; a ], on dit que f est dérivable à gauche en a, et
Définition 8 - 9 on note fg′ (a) cette limite.
De façon similaire, on définit le fait que f soit dérivable à droite, et on note
fd′ (a) sa dérivée à droite en a.
′ ′
1. Pour f de I dans C, dérivable en a, on a f ′ (a) = (Re(f )) (a)+i (Im(f )) (a).
Exemples 8 - 8
2. Pour A de I dans Mp,q (K), dérivable en t, on a A′ (t) = (a′ij (t)).
Pour que la dérivée seconde de f en a existe, il faut que f ′ soit définie sur un
voisinage de a et, plus généralement, la question de l’existence d’une dérivée ne
Remarque 8 - 12
en a ne se pose que pour les fonctions ayant déjà des dérivées à tous les ordres
précédents sur un voisinage de a.
Linéarité de la dérivation
1. La dérivation est une application linéaire : si f et g sont définies sur I
et dérivables en a, alors pour tout couple de scalaires (α, β), αf + βg est
dérivable en a et (αf + βg)′ (a) = αf ′ (a) + βg ′ (a). En particulier f 7→ f ′ est
Proposition 8 - 10 linéaire de D1 (I, E) dans E I et de Dn+1 (I, E) dans Dn (I, E), pour n ≥ 1.
2. Soit f dérivable en a et à valeurs dans E. Pour u dans Lc (E, F ), u ◦ f est
dérivable en a et on a :
(u ◦ f )′ (a) = u ◦ f ′ (a) .
et donc par stabilité des fonctions continues en a par combinaison linéaire, l’assertion
en découle.
Pour u dans Lc (E, F ), il vient
n
X
Démonstration. Par définition des formes coordonnées f = (e∗i ◦ f )ei . Si f
i=1
est n-fois dérivable, il en va de même pour e∗i ◦ f d’après ce qui précède et on a
(e∗i ◦ f )(n) = e∗i ◦ f (n) , ce qui est la formule recherchée. Réciproquement si les fonctions
e∗i ◦ f sont n-fois dérivables, alors f aussi en tant que combinaison linéaire de telles
fonctions. □
Composition
Soit f de I dans E, dérivable en b, et γ d’un intervalle J de R, à valeurs
Proposition 8 - 12
dans I, dérivable en a avec γ(a) = b. Alors f ◦ γ est dérivable en a et on a
(f ◦ γ)′ (a) = γ ′ (a)f ′ (b) = γ ′ (a)f ′ (γ(a)).
Démonstration. C’est vrai coordonnée par coordonnée, d’après le cas réel. Le résul-
tat découle donc de la proposition précédente. □
Règle de Leibniz
1. Soit E, F et G trois espaces vectoriels normés de dimension finie et ψ une
application bilinéaire de E×F dans G. Soit f et g dérivables en a et à valeurs
respectivement dans E et F . La fonction h donnée par h(x) = ψ(f (x), g(x))
est dérivable en a et satisfait à la règle de Leibniz :
ψ(f (x), g(x)) = ψ(f (a), g(a)) + (x − a) (ψ(φf (x), g(a)) + ψ(f (a), φg (x)))
+ (x − a)2 ψ(φf (x), φg (x)) .
φh (x) = ψ(φf (x), g(a)) + ψ(f (a), φg (x)) + (x − a)ψ(φf (x), φg (x)) .
Produit scalaire
1. Si f et g sont dérivables sur I et à valeurs dans un espace euclidien E, alors
Corollaire 8 - 5 ⟨f | g⟩ est dérivable, de dérivée donnée par ⟨f ′ | g⟩ + ⟨f | g ′ ⟩.
2. Si f est dérivable et de norme constante égale à 1 (avec f à valeurs dans un
espace euclidien), alors f ′ et f sont orthogonaux.
Produit vectoriel
Corollaire 8 - 6 Si E est euclidien orienté de dimension 3, et f et g sont dérivables sur I, alors
f ∧ g aussi et sa dérivée est f ′ ∧ g + f ∧ g ′ .
Soit f dans D1 (I, E) et g dans D1 (I, R) ne s’annulant pas. Alors f /g est dans
′
Proposition 8 - 13 f gf ′ − g ′ f
D1 (I, F ) et = .
g g2
Soit f continue sur I, dérivable sur ˚I, et à valeurs dans E. Alors f est constante
sur I si et seulement si f ′ est nulle sur ˚
I.
En effet le résultat est vrai coordonnée par coordonnée et toutes les propriétés
Remarque 8 - 13
sont linéaires.
De plus, comme dans le cas de dimension 1, le résultat est encore vrai en
supposant f continue et dérivable par morceaux sur I.
Règle de Leibniz
Si f et g sont n-fois dérivables en a, avec n ≥ 2, il en va de même pour h et
on a
n
X n
h (a) =
(n)
ψ(f (n−k) (a), g (k) (a)) .
k
k=0
Déterminant
Soit (fk )1≤k≤n des fonctions dérivables en a et à valeurs dans Kn . Alors
x 7→ det(f1 (x), . . . , fn (x)) est dérivable en a de dérivée donnée par
Exemple 8 - 9 n
X
det(f1 (a), . . . , fk′ (a), . . . , fn (a)) .
k=1
Soit f dans C 0 (I, E). On dit que F est une primitive de f sur I si F ∈ D1 (I, E)
Définition 8 - 11
et F ′ = f .
∥f (b) − f (a)∥ ≤ M (b − a) .
2. Inégalité de Taylor-Lagrange.
Si f est de classe C n+1 , alors
n n+1
X (x − a)k |x − a|
f (x) − f (k) (a) ≤ f (n+1) .
k! (n + 1)! I,∞
k=0
Dans cette section E = F = R, i.e. f est une fonction d’une variable réelle à valeurs
réelles, définie sur un intervalle I.
Les théorèmes fondamentaux sur les fonctions continues sont les théorèmes de
Heine et de Weierstrass qui, tous deux, donnent des propriétés essentielles des
fonctions continues sur un compact.
Théorème de Heine
Soit f une fonction d’une variable réelle et à valeurs réelles, et K un segment.
Théorème 8 - 12
Si la fonction f est continue sur K, alors elle y est uniformément continue.
Heinrich Eduard Heine, 1821–1881.
Théorème de Weierstrass
Soit f une fonction d’une variable réelle et à valeurs réelles, et K un segment.
Théorème 8 - 13 Si la fonction f est continue sur K, alors f (K) est compact et en particulier f
atteint ses bornes, i.e. ∃(x, y) ∈ K 2 sup f = f (x) et inf f = f (y).
K K
Démonstration. Soit (yn )n∈N une suite dans f (K) et (xn )n∈N dans K N telle que
f (xn ) = yn . Par compacité, on peut extraire une sous-suite de x qui converge dans K.
Par continuité de f , l’image par f de cette sous-suite converge vers l’image par f de
la limite, i.e. vers une limite dans f (K).
1
Si la borne supérieure n’était pas atteinte, alors x 7→ serait continu
supK f − f (x)
sur K, mais non borné. En considérant −f on obtient le résultat sur la borne inférieure.
□
Limite de la dérivée
Théorème 8 - 17 Soit f continue sur I, dérivable sur I \ {a} et à valeurs réelles. Si lima f ′ = b,
alors f est dérivable en a et f ′ est continue en a.
7 Compléments
7 1 Inégalité triangulaire
Un argument élégant de Frigyes Riesz utilise le théorème de Hahn-Banach pour
obtenir l’inégalité
Z triangulaire.
Soit s = f . Si s est nul, l’inégalité résulte de la positivité de la norme. Sinon
I
on dispose d’une forme linéaire sur Ks valant ∥s∥ sur s et elle est de norme 1. Par
prolongement des applications linéaires (voir l’exercice 8 - 25), on dispose ainsi d’une
forme linéaire u définie sur E, valant ∥s∥ sur s et de norme 1. Il vient alors
Z Z Z Z
f = u(s) = u(f ) ≤ |u(f )| ≤ ∥f ∥
I I I I
par croissance de l’intégrale (sur R) et puisque Re(z) ≤ |z| pour tout nombre complexe
z. Il ne reste plus qu’à diviser par |s| après avoir écarté le cas trivial s = 0.
Darboux
Soit a et b deux réels avec a < b. On note I = [ a; b ] . Soit f une fonction
Théorème 8 - 20
dérivable sur I, i.e. dérivable à droite en a, dérivable à gauche en b et dérivable
en tous les autres points de I. Alors f ′ (I) est un intervalle.
Il en résulte que la suite (xn ) est bornée. On note M = supn |xn |. De plus, d’après
le théorème de Bolzano-Weierstrass et sa réciproque partielle, (xn ) admet une
valeur d’adhérence et converge si et seulement si cette valeur d’adhérence est unique.
Soit alors p et q deux entiers. On a |xp+q − xp | ≤ k p |xq − x0 | ≤ 2M k p et l’unicité de
la valeur d’adhérence en résulte (en fait (xn ) est une suite de Cauchy). Soit donc ℓ la
limite de (xn ). Par continuité de f , ℓ est un point fixe de f . Puisque f est contractante,
ce point fixe est unique. Enfin la dernière propriété est immédiate. □
Cauchy - 1821
Soit f et g dans C 0 ([[ a; b ] , R) et dérivables sur ] a; b [ . On suppose que g ′ ne
f (b) − f (a)
Théorème 8 - 23 s’annule pas, alors g(b) ̸= g(a) et il existe c dans ]a; b [ tel que =
g(b) − g(a)
f (c)
′
.
g ′ (c)
7 3 Module de continuité
On peut exprimer l’uniforme continuité en termes de module de continuité. On
introduit ωf la fonction définie sur R+ et à valeurs dans R+ ∪ {+∞}, avec
7 4 Démonstrations topologiques
Théorème de Heine
Avec la propriété de Borel-Lebesgue (cf. 6 - 9), on obtient une formulation
plus topologique : on fixe ε dans R+ ∗
et, pour x dans K, on dispose de rx dans
Idée R+ tel que B(x, rx ) ⊂ f (B(f (x), ε)). Comme les (B(x, rx /2))x∈K recouvrent
∗ −1
Théorème de Weierstrass
Topologiquement, si on recouvre f (K) par des ouverts Vi , il en va de même
Idée
pour K par les ouverts f −1 (Vi ). On extrait un sous-recouvrement fini de K et
alors son image par f est un sous-recouvrement fini de f (K).
Théorème de Darboux
f (x) − f (y)
Pour y dans I, on définit la fonction gy sur I par gy (x) = si x ̸= y
x−y
et gy (y) = f ′ (y). Comme gy est continue, gy (I) est un intervalle. De plus, comme
Idée gy (x) = gx (y) si x ̸= y, les intervalles (gy (I))y∈I ont deux à deux une intersection
et il en résulte que leur réunion est un intervalle. Or f ′ (I) est inclus dans cette
réunion par définition, puisque gy (y) = f ′ (y), et le théorème des accroissements
finis montre que la réciproque est vraie. Il en résulte que f ′ (I) est un intervalle.
7 5 Critère de Cauchy
Les suites de Cauchy permettent une caractérisation de l’existence de limite sans
utiliser explicitement cette limite, au moins pour les fonctions à valeurs dans un espace
de Banach i.e. un espace vectoriel normé dans lequel toute suite de Cauchy converge
(on dit que l’espace est complet).
Critère de Cauchy
Soit F un espace de Banach, A une partie d’un espace vectoriel normé E, a
dans A et f : A → F . Alors f admet une limite en a si et seulement si
Théorème 8 - 25
∀ε ∈ R+∗
, ∃η ∈ R+
∗
, ∀(x, y) ∈ A
u2n+1 = yn converge vers a et donc (f (un )) converge d’après ce qui précède. Sa limite
est nécessairement celle de sa suite extraite (f (xn )), i.e. ℓ et donc lim f (yn ) = ℓ. Par
caractérisation séquentielle, on a donc lima f = ℓ.
La réciproque résulte de l’inégalité triangulaire. □
7 6 Homéomorphie
Homéomorphisme
Soit A et B deux parties d’espaces vectoriels normés. Une fonction f de A
Définition 8 - 12
dans B est appelée homéomorphisme de A sur B si f est continue, bijective et de
fonction réciproque continue.
Exercices
Continuité 8 -8 ⋆ Voisinage d’un convexe
Soit A une partie convexe non vide de E et r dans
8 -1 ⋆ Étude de la continuité ∗
R+ .
Les fonctions données sur R2 par max(x, y) et a. Démontrer que x 7→ d(x, A) est 1-lipschitzienne.
min(x, y) sont-elles continues sur R2 ? b. On pose Ar = {x ∈ E | d(x, A) ≤ r}. Démontrer que
Ar est fermé.
8 -2 ⋆ Étude de la continuité
c. Démontrer que Ar est convexe.
Les fonctions données, sur R2 privé de l’origine, par
8 -9 Ⓢ ⋆ Fonctions additives continues ♥
x4 y k
fk (x, y) = 6 sont-elles prolongeables par conti-
x + y4 Soit a un réel et f une fonction continue de R dans
nuité en l’origine lorsque k = 1, k = 3 ou k = 2 ? lui-même telle que f (1) = a et, pour tous réels x et y,
f (x + y) = f (x) + f (y).
8 -3 Ⓢ ⋆ Points fixes a. Démontrer f (n) = na pour n dans Z, puis f (1/q) =
Soit f continue du segment [ a; b ] dans lui-même. a/q pour q dans N∗ et enfin f (r) = ra pour r ∈ Q.
a. Démontrer, en considérant f (x) − x, que f admet un b. Conclure que f est linéaire.
point fixe (i.e. tel que f (c) = c). 8 - 10 Ⓢ ⋆⋆ Homomorphismes continus de
b. Démontrer que ce point fixe est unique lorsque f est (R+
∗
, ×) dans (R, +)
décroissante. Soit f de R+ ∗
dans R, continue en 1 et vérifiant
c. Démontrer que c’est encore le cas si f est k- f (xy) = f (x) + f (y).
lipschitzienne avec k < 1 (i.e. |f (x) − f (y)| ≤ a. Démontrer que f est continue sur R+ ∗
(on écrira
k |x − y|). x + h = x(1 + h/x)).
b. En déduire qu’il existe une constante C telle que
8 -4 Ⓢ X ⋆ Équation fonctionnelle
f = C ln.
Soit f de [ 0; 1 ] dans R continue telle que f (0) =
8 - 11 Ⓢ M ⋆⋆ Uniforme continuité
f (1).
a. Démontrer que Soit f : R → R de classe C 1 .
h pour n ientier strictement positif,il
1 1 a. Démontrer que si f ′ est bornée, alors f est unifor-
existe x dans 0; 1 − tel que f (x) = f x + .
n n mément continue.
b. Soit a dans [ 0; 1 ] . b. Démontrer que si lim f ′ = +∞, alors f n’est pas
+∞
Existe-t-il au moins un x dans [0, 1 − a] tel que uniformément continue.
f (x) = f (x + a) ?
8 - 12 ⋆⋆ Minimum d’une fonction
8 -5 Ⓢ ⋆ Accroissement symétrique Soit f une fonction continue sur E telle que
Soit f une fonction de R dans R telle que, pour tout lim∥x∥→+∞ ∥f (x)∥ = +∞. Démontrer que f admet un
x réel, on ait lim (f (x + h) − f (x − h)) = 0. La fonction infimum et qu’elle l’atteint.
h→0
est-elle continue ? 8 - 13 ⋆⋆ Échange
a. Démontrer que g admet au moins un point fixe que Généraliser au cas où φ est une application linéaire
l’on note a. à valeurs dans un espace vectoriel de dimension finie.
b. On suppose maintenant ∀x ∈ [ 0; 1 ] , f (x) > g(x).
8 - 22 ⋆⋆⋆ Point fixe
Démontrer que la suite (f n (a))n∈N est strictement
croissante. On munit R2 de la norme ∥·∥1 . Soit f l’application
c. En déduire qu’il existe c dans [ 0; 1 ] tel que f (c) = donnée par
g(c).
1 2
f (x, y) = sin(x + y), 1 + arctan(x − y)
8 - 16 Ⓢ X 2018 ⋆⋆ Point fixe 4 3
Soit I un segment non vide de R et f de I dans a. Démontrer que f est contractante, i.e. qu’elle est k-
I, 1-lipschitzienne. Soit a un point de I et (xn )n∈N la lipschitzienne avec k < 1.
suite d’éléments de I définie par x0 = a et xn+1 = b. En déduire que le système
f (xn ) + xn
. Démontrer que (xn ) converge vers un point
1
2 sin(x + y) = x
fixe de f .
4
Indication : On pourra remarquer que f +Id est crois- 2
1 + arctan(x − y) = y
sante. 3
8 - 29 Ⓢ ⋆ Approximation uniforme
Développements limités
Démontrer que la suite de fonctions en escalier dé-
1 8 - 33 ⋆
finie par φn (x) = 0 si |x| > et φn (x) = n sinon,
2n
vérifie, pour toute fonction continue f nulle en dehors a. Déterminer lim (cos(x))ln(x) .
d’un intervalle compact [ a; b ] et à valeurs dans E x→0+
√
b. DL d’ordre 3 en 0 de : (x3 + 1) 1 − x.
Z b √
lim sup f (x)φn (ξ − x) dx − f (ξ) = 0 . c. DL d’ordre 3 en 0 de : (x3 + 1) 1 − x2 .
n→∞ a≤ξ≤b
a 1 p
d. DL d’ordre 3 en 0 de : 1 − 4x3 .
1 − x3
8 - 30 Ⓢ ⋆⋆ Suite de Dirac e. DL d’ordre 3 en 0 de : (1 − x3 ) ln(1 − 4x2 ).
Une suite de Dirac est une suite (φn )n∈N de fonc- f. DL d’ordre 5 en 0 de : cos (arcsin(t)).
tions de R dans R+ vérifiant sin(x) − 1
g. DL d’ordre 2 en 0 de : .
i. ∀x ∈ R, 0 ≤ φn (x) ≤ φn (0). 1 + cos(x)
+∞
h. DL d’ordre 3 en 0 de : cos(x) ln(1 + x).
Z
ii. lim φn (x) dx = 1. x(x + 1)
n 1
−∞ i. Équivalent simple en +∞ de exp − .
iii. ∀ε ∈ ∗
R+ , ∀δ ∈ ] 0; 1 [ , ∃N ∈ N∗ , ∀n ≥ N x 1 + x2
Z δ
8 - 34 ⋆⋆
1−ε< φn (x) dx ≤ 1 2x
−δ a. Limite en 0 de : − cos(x).
1+x
et ln
1−x
b. DL d’ordre 2 en 0 de : ln αt + β t .
Z −δ Z +∞
0≤ φn (x) dx + φn (x) dx ≤ ε . c. DL d’ordre 2 en 0 de :
−∞ δ
√
(x9 − 4x7 + 11x5 − x3 − x2 + 1) 1 + x .
Déterminer les constantes cn telle que les fonctions
définies
par φn (x) = 0 si |x| > 1 et φn (x) = d. DL d’ordre 2 en 0 de :
πx n
cn cos sinon, forment une suite de Dirac. Dé-
p
2 (x9 + 4x7 + 11x5 − 3x3 − x + 1) 1 + 2x2 .
montrer qu’alors c’est effectivement une suite de Dirac.
1 + x2
e. DL d’ordre 3 en 0 de : .
Cette suite est la base d’une démonstration de la 3+x
p
version trigonométrique du théorème de Weierstraß. f. DL d’ordre 3 en π/4 de : tan(t).
a+b
a. Démontrer l’existence et l’unicité de G. Démontrer b. On suppose f ′ (a) = f ′ (b) = f ′ = 0. Dé-
qu’il est indépendant du paramétrage choisi. 2
M (b − a) 5
b. Déterminer le centre de gravité d’un demi-cercle. montrer |f (b) − f (a)| ≤ .
2880
c. ⋆⋆⋆ Démontrer que G appartient à l’enveloppe
8 - 57 Ⓢ ⋆⋆ Minoration
convexe de la courbe.
d. Soit u une isométrie affine. Démontrer que si G est a. Soit f dans C 2 (R, R). Démontrer que, pour a dans
le centre de gravité de f , alors u(G) est le centre de [ − x; x ] , on a
gravité de u ◦ f .
1 a2 + x2
e. Démontrer que si la courbe admet un axe de symé- f ′ (a) ≤ |f (x) − f (−x)| + sup f ′′ .
2x 2x
trie, ∆, alors G ∈ ∆. ] −x;x [