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8

CHAPITRE

Analyse
fonctionnelle

Frigyes Riesz, 1880–1956, est un mathématicien hongrois, fondateur de


l’analyse fonctionnelle.
Lors d’un congrès, vers 1910, trois ou quatre jeunes et brillants mathé-
maticiens autour d’un thé décidèrent d’envoyer une carte postale à Godfrey
Hardy. Aucun ne signa de son nom. À la place chacun écrivit une for-
mule qui l’avait rendu célèbre. Riesz choisit le théorème de représentation
de Riesz pour uneZ application linéaire sur l’espace des fonctions continues
1
sur [ 0; 1 ] : F f = f (x) dµ(x). Bien entendu Hardy n’eut aucun mal à
0
décrypter la carte.
Son livre Leçons d’analyse fonctionnelle, écrit en français, lui a pris près
de vingt ans à écrire, d’abord avec Tibor Radó, puis avec Béla Szökefalvi-
Nagy. C’est un modèle du genre. Edgar Lorch dans sa critique en dit
qu’aucun livre ne lui arrive à la cheville dans son domaine, ni maintenant,
ni plus tard : Son but est simplement d’écrire une portion de mathématique
sous sa forme finale et définitive. Et c’est réussi. Dans ses mémoires, Lorch
raconte : « Riesz aimait faire part d’une nouvelle idée pour une démons-
tration faite pour épater le bourgeois. Il aimait les blagues mathématiques.
Par exemple Riesz a montré qu’on pouvait développer les théories de la
mesure, de l’intégration et de la différentiation dans n’importe quel ordre.
Il adorait être un bad boy, renversant les idées préconçues. »
372

Introduction

On prolonge les notions de fonctions étudiées en première année, en accord


avec les notions de topologie déjà étudiées. On étend le programme d’analyse
réelle de première année au cadre des fonctions vectorielles, on précise les notions
de tangente et de vitesse instantanée et on fournit des outils pour l’étude des
équations différentielles linéaires et du calcul différentiel.
Sauf autre précision, les fonctions sont définies sur un intervalle I de R, à
valeurs dans un espace vectoriel de dimension finie E.
— Limite en un point adhérent à une partie A. Caractérisation séquentielle.
Cas d’une application à valeurs dans un produit fini d’espaces vectoriels
normés. Opérations algébriques sur les limites. Limite d’une composée.
Continuité en un point. Caractérisation séquentielle. Opérations algébriques
sur les applications continues. Composition de deux applications continues.
Image réciproque d’un ouvert, d’un fermé par une application continue.
— Applications uniformément continues, applications lipschitziennes, applica-
tions linéaires continues Lc (E, F ). Norme subordonnée ou opérateur sur
Lc (E, F ), sous-multiplicativité de la norme, adapatation aux matrices. Ap-
plications multilinéaires continues.
— Image d’une partie compacte par une application continue, théorème des
bornes atteintes. Théorème de Heine. Un sous-espace de dimension finie
d’un espace normé est fermé. Si E est de dimension finie, toute application
Programme linéaire de E dans F est continue. Continuité des applications polynomiales,
des applications multilinéaires définies sur un produit d’espaces vectoriels
normés de dimensions finies : déterminant, produit matriciel, composition
d’applications linéaires.
— Intégrale d’une fonction f continue par morceaux sur un segment de R,
à valeurs dans un espace vectoriel normé de dimension finie. Linéarité de
l’intégrale. Relation de Chasles. Pour L linéaire, intégrale de L(f ). Inéga-
lité triangulaire. Sommes de Riemann associées à une subdivision régulière.
Z x
Dérivation de x 7→ f (t) dt pour f continue. Inégalité des accroissements
a
finis pour une fonction de classe C 1 . Formule de Taylor avec reste intégral.
Inégalité de Taylor-Lagrange. Formule de Taylor-Young.
— Dérivabilité en un point. Caractérisation par le développement limité à
l’ordre 1. Interprétation cinématique, traduction en termes de coordonnées.
Dérivabilité à droite et à gauche.
— Combinaison linéaire de fonctions dérivables. Dérivabilité et dérivée de L◦f ,
où L est linéaire. Dérivabilité et dérivée de B(f, g), où B est bilinéaire, de
M (f1 , . . . , fp ) où M est multilinéaire. Cas du produit scalaire, du détermi-
nant. Dérivabilité et dérivée de f ◦ φ où φ est une fonction réelle de variable
réelle et f une fonction vectorielle. Applications de classe C k . Opérations
sur les applications de classe C k .

Ce chapitre présente des éléments d’analyse fonctionnelle en faisant intervenir à


la fois des aspects intrinsèques et calculatoires : espaces de fonctions continues et
premières notions de calcul différentiel.

François Sauvageot - Lycée Lesage - Vannes - c b n a - 2022-2023


CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 373

1 Fonctions continues

Dans tout ce chapitre K désigne R ou C, E, F etc. désignent des espaces vectoriels


normés de dimension finie sur K, A est une partie de E, I est un intervalle réel et f est
une fonction définie sur A et à valeurs dans F . Lorsque E = R et A est un intervalle,
on le note aussi I.
Dans la définition d’une fonction continue d’une variable réelle et à valeurs réelles,
on trouve les phrases mathématiques |x − a| < η et |f (x) − f (a)| < ε. On peut les
écrire en toute généralité, avec les notations venues de la topologie, x ∈ B(a, η) et
f (x) ∈ B(f (a), ε). Plutôt que de se concentrer sur les points et la valeur de la fonction
en ces points, on peut économiser le quantificateur ∀x ∈ I et écrire f (B(a, η)) ⊂
B(f (a), ε). Toutefois être inclus dans une boule ne fournit pas la nature topologique
de f (B(a, η)) et, d’autre part, c’est ε qui est quantifié le premier. On préférait donc lire
la phrase précédente B(f (a), ε) contient l’image d’une certaine boule par f , ce qu’il
est plus naturel d’écrire f −1 (B(f (a), ε)) ⊃ B(a, η) ∩ I. Or, topologiquement, la phrase
∃η ∈ R+ ∗
X ⊃ B(a, η) ∩ I est la définition de X est un voisinage de a dans I. Ainsi la
continuité en a s’énonce : l’image réciproque par f de toute boule centrée en f (a) est
un voisinage de a. En notant VI (a) l’ensemble des voisinages de a dans I, il vient

∀ε ∈ R+ f −1 (B(f (a), ε)) ∈ VI (a) .

Il reste une dissymétrie entre a et f (a). Dans un cas on mesure effectivement le voisi-
nage par un ε et pas dans l’autre. Or B(f (a), ε) est un voisinage particulier de f (a) et
si X est un voisinage quelconque de f (a) alors on dispose de ε tel que X ⊃ B(f (a), ε)
et donc f −1 (X) ⊃ f −1 (B(f (a), ε)), i.e. f −1 (X) contient un voisinage de a dans I.
C’est donc également un tel voisinage. On en conclut que la continuité de f en a peut
s’écrire topologiquement

∀V ∈ V (f (a)) f −1 (V ) ∈ VI (a) ou encore f −1 (V (f (a))) ⊂ VI (a) .

Cette définition se généralise immédiatement.

Soit A une partie d’un espace vectoriel normé E et f : A → F , une fonction


sur A à valeurs dans un espace vectoriel normé F . Soit a dans A et ℓ dans F . On
dit que f admet ℓ comme limite en a (en précisant éventuellement selon A) et on
écrit lim f (x) = ℓ ou lima f = ℓ ou encore x→a
lim f (x) = ℓ si l’image réciproque par
x→a
x∈A
f de tout voisinage de ℓ est l’intesection avec A d’un voisinage de a. En notant

VA (a) l’ensemble de telles intersections de voisinages,
Définition 8 - 1 ∗
lim f (x) = ℓ ⇐⇒ f −1 (V (ℓ)) ⊂ VA (a) ,
x→a
x∈A

ce qui se traduit de façon moins abstraite par



∀ε ∈ R+ ∗
, ∃η ∈ R+ , ∀x ∈ A (∥x − a∥E < η =⇒ ∥f (x) − ℓ∥F < ε) .

Si, de plus, a ∈ A, on dit que f est continue en a.

Une application f est donc continue en a si et seulement si l’image réciproque


Remarque 8 - 1
f −1 (V ) de tout ouvert contenant f (a) contient un ouvert (de A) contenant a.

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374 8.1. FONCTIONS CONTINUES

Toutes les inégalités strictes dans les définitions de limite et de continuité


Remarque 8 - 2
peuvent aussi être prises larges. Les formulations sont équivalentes.

On prendra garde au fait que a peut ne pas appartenir à A et donc la notion


de voisinage de a dans A peut ne pas avoir de sens. On peut rajouter a à A en
considérant A ∪ {a}, mais comme f n’est définie que sur A, il faut donc considérer
un voisinage de a dans A ∪ {a} et lui retirer éventuellement a. On parle dans ce

dernier cas de voisinage épointé de a. Ainsi VA (a) représente un voisinage de a
dans A si a ∈ A, et un voisinage épointé de a dans A ∪ {a} si a ̸∈ A.
Certains textes énoncent la notion de limite en considérant de toute façon un
voisinage épointé de a. Ainsi la fonction caractéristique de {0} admet une limite
Aparté en 0, selon ces textes, égale à 0. Avec la définition précédente, ce n’est pas le cas
et cette fonction n’a pas de limite en 0. Avec la définition modifiée, une fonction
admet une limite en notre sens si elle admet une limite et si cette limite est égale
à la valeur de la fonction dans le cas où elle y est définie. La définition modifiée est
intéressante notamment pour parler plus facilement des fonctions continues par
morceaux, des fonctions en escalier etc. Mais la composée des limites est perdue
au passage. Nous faisons donc le choix de respecter le programme en prenant
la définition précédente. On prendra simplement garde que dans certains textes
(francophones ou non), on trouve une définition différente.

Un voisinage de l’infini dans E est le complémentaire d’une partie bornée, au-


trement dit c’est une partie contenant un ouvert de la forme {x ∈ E | ∥x∥ > M }. En
d’autres termes la propriété ∥x∥ > M remplace ∥x − a∥ < η. Dans le cas où E = R,
on peut utiliser la structure d’ordre et considérer des voisinage de +∞ ou de −∞, à
savoir des parties contenant des intervalles ouverts ayant +∞ ou −∞ comme borne,
ce qui qui revient à remplacer ∥x − a∥ < η par x > M ou par x < M (voire x < −M
si on veut insister sur l’aspect −∞). Ainsi en utilisant la définition ci-dessus on est
amené à poser les définitions suivantes :

Une fonction sur E admet une limite en l’infini (resp. en +∞, en −∞ dans le
cas E = R) si, dans la définition de limite 8 - 1, on peut remplacer le voisinage
de a par un voisinage de l’infini (resp. +∞, −∞).
Définition 8 - 2 Une fonction à valeurs réelles admet ±∞ comme limite (en a ou en l’infini) si,
dans la définition de limite, on peut remplacer le voisinage de ℓ par un voisinage
de ±∞.
Plus généralement, on dit qu’elle tend vers l’infini si ∥f ∥ tend vers +∞.

Concrètement

Exemple 8 - 1 lim f = ℓ ⇐⇒ ∗
∀ε ∈ R+ , ∃M ∈ R , ∀x ∈ A (∥x∥ > M ⇒ ∥f (x) − ℓ∥ < ε)

lim f = −∞ ⇐⇒ ∗
∀M ∈ R , ∃η ∈ R+ , ∀x ∈ A (∥x − a∥ < η ⇒ f (x) < M ) .
a

Exercice Écrire les autres cas avec des quantificateurs.

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 375

Caractérisation séquentielle
Avec les mêmes notations que ci-dessus, lima f = ℓ si et seulement si, pour
toute suite de points de A convergeant vers a, l’image par f de cette suite converge
Proposition 8 - 1
vers ℓ.
En particulier si f est continue en a et si (xn ) est une suite convergeant vers
a à valeurs dans le domaine de définition de f , alors (f (xn )) converge vers f (a).

Démonstration. Si f tend vers ℓ en a, on se donne (xn ) une suite de points de A


convergeant vers a et ε > 0. On dispose de η comme dans la définition de la limite.
Par convergence de la suite, soit n un rang à partir duquel la suite est à valeurs dans
B(a, η). Alors, à partir de ce rang la suite (f (xn )) est dans B(ℓ, ε) et donc elle converge
vers ℓ.
Si f tend vers ℓ en a, on dispose de ε > 0 tel que, pour tout η il existe x dans A
avec ∥x − a∥ ≤ η et ∥f (x) − ℓ∥ ≥ ε. Pour n dans N, en prenant η = 2−n dans cette
assertion, on dispose de xn dans A tel que ∥xn − a∥ ≤ 2−n et ∥f (xn ) − ℓ∥ ≥ ε. Il en
résulte que (xn ) converge vers a mais que (f (xn )) ne converge pas vers ℓ. □

Soit F un espace vectoriel normé, A une partie d’un espace vectoriel normé E
Définition 8 - 3 et f : A → F . On dit que f est continue sur A si elle est continue en tout point
a de A.

Caractérisation des fonctions continues


Une application f est continue sur A si et seulement si l’image réciproque de
Proposition 8 - 2 tout ouvert de F est un ouvert de A.
Et mutatis mutandis pour les fermés : une application f est continue sur A si
et seulement si l’image réciproque de tout fermé de F est un fermé de A.

Démonstration. Soit f continue sur A, U un ouvert de F et x dans f −1 (U ), alors


f (x) est dans U et donc U est un voisinage de f (x) dans F . Par définition de la
continuité, f −1 (U ) est donc un voisinage de x dans A et donc voisinage (dans A) de
tous ses points. Réciproquement si x est dans A et V dans V (f (x)), on dipose d’un
ouvert U de F vérifiant f (x) ∈ U ⊂ V et alors x ∈ f −1 (U ) ⊂ f −1 (V ), de sorte que
f −1 (V ) contient un ouvert de A contenant x, et donc f est continue en x.
La seconde propriété en résulte en passant aux complémentaires puisque l’image
réciproque du complémentaire est le complémentaire de l’image réciproque. □
La caractérisation séquentielle de la limite permet d’étendre les résultats valables
pour les fonctions à valeurs réelles.

Linéarité
Si f et g, de A dans F , admettent une limite en a et si α et α′ sont des
scalaires, alors αf + α′ g admet une limite en a et on a

Propriété 8 - 1 lim(αf + α′ g) = α lim f + α′ lim g .


a a a

Il en résulte que l’ensemble des fonctions de A dans F admettant une limite en


a (respectivement continues en a ou continues sur A) est un K-espace vectoriel.
De plus l’application f 7→ lima f est linéaire.

Démonstration. Soit (an ) une suite de points de A tendant vers a, f et g deux


fonctions définies sur A, ℓ et ℓ′ deux points de F et α et α′ deux scalaires. On suppose

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376 8.1. FONCTIONS CONTINUES

lima f = ℓ et lima g = ℓ′ . On a donc lim f (an ) = ℓ et lim g(an ) = ℓ′ , puis lim(αf +


α′ g)(an ) = αℓ + α′ ℓ′ . L’assertion en découle. □

Multiplicativité
— Si F est une K-algèbre et si f et g, de A dans F , admettent une limite en
a, f g aussi et on a lima f g = lima f lima g.
Il en résulte que l’ensemble des fonctions de A dans F admettant une limite
Propriétés 8 - 2 en a (respectivement continues en a ou continues sur A) est une K-algèbre.
De plus l’application (f, g) lima f g est bilinéaire.
— En particulier si F un corps et si lim f ̸= 0, alors 1/f est définie au voisinage
a
1 1
de a et y admet une limite. De plus lim = .
a f lima f

Démonstration. Soit (an ) une suite de points de A tendant vers a, f et g deux


fonctions définies sur A, ℓ et ℓ′ deux points de F .
— On a lim f (an ) = ℓ et lim g(an ) = ℓ′ , donc lim(f g)(an ) = ℓℓ′ . Le résultat s’en
suit.
— Comme ℓ ̸= 0, on dispose d’un voisinage de a sur lequel f prend ses valeurs
dans B(ℓ, ∥ℓ∥) et donc sur lequel elle ne s’annule pas. On écrit alors, pour n
1 1 ℓ − f (an )
suffisamment grand, − = . Le numérateur tend vers 0 et
f (an ) ℓ ℓ · f (an )
le dénominateur vers ℓ2 , donc on a affaire à une suite convergeant vers 0, i.e.
1 1
lim = .
a f ℓ

Composition
La limite est compatible aux compositions. Soit E, F et G trois espaces vec-
toriels normés, A et B des parties de E et F respectivement, f de A dans B et g
Propriété 8 - 3
de B dans G. Soit enfin a dans A. Si lim f = b, alors b ∈ B, et si lim g = c, alors :
a b
g ◦ f admet une limite en a et lim g ◦ f = c.
a

Démonstration. Soit (an ) une suite de points de A tendant vers a. On a b =


lim f (an ) et, par définition (f (an )) est une suite à valeurs dans B, donc b ∈ B. Soit
W un voisinage de c. Alors g −1 (W ) est l’ntersection d’un voisinage V de b avec B
et donc f −1 g −1 (W ) = f −1 (V ), car f est à valeurs dans B, et comme f −1 (V ) est
l’intersection d’un voisinage de a avec A, il vient lim g ◦ f = c. □
a

Caractérisation par densité


Soit f et g deux fonctions continues définies sur A et B une partie relativement
Propriété 8 - 4
dense dans A. Alors f et g coïncident sur A si et seulement si elles coïncident sur
B.

Démonstration. Le sens direct est clair. Pour la réciproque, par densité de B dans
A, tout point de a peut s’écrire comme limite de points de B, disons a = lim bn . Comme
f et g coïncident sur B, les suites (f (bn )) et (g(bn )) sont égales et, par continuité de
f et g en a, ont pour limites respectives f (a) et g(a). On en déduit f (a) = g(a) et,
finalement, f = g. □

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 377

Enfin, par définition de la topologie produit, la continuité d’un produit équivaut à


la continuité de ses termes.

Fonctions sur un produit


Soit (fi )1≤i≤n des fonctions définies sur une partie A de E avec fi à valeurs
Yn
dans Ei . Soit f = fi . Alors f admet une limite en a si et seulement si les fi
i=1
en ont une. Dans ce cas, on a
Proposition 8 - 3 n
Y n
Y
lim fi = lim fi .
a a
i=1 i=1

En particulier, si F est de dimension finie et (ei )1≤i≤n en est une base, alors f
de A dans F admet une limite en a si et seulement si les composées e∗i ◦ f en ont,
où (e∗i )1≤i≤n sont les formes coordonnées par rapport à (ei )1≤i≤n .

Cette dernière assertion n’est a priori valable que si F est muni de la topologie
produit, i.e. de la norme infinie relativement à la base choisie. Néanmoins on
Remarque 8 - 3
verra que cette propriété est indépendante de la norme choisie quand on étudiera
l’équivalence des normes.

2 Uniforme continuité

Rapport de Lipschitz
Soit F un espace vectoriel normé, A une partie d’un espace vectoriel normé
E et f : A → F . On dit que f est lipschitzienne de rapport k (ou encore
k-lipschitzienne), avec k ∈ R+ si

∀(x, y) ∈ A2 ∥f (x) − f (y)∥ ≤ k ∥x − y∥ .


Définition 8 - 4
Si f est lipschitzienne, l’ensemble des k vérifiant l’assertion précédente forme
un intervalle fermé non majoré de R+ et on appelle rapport de Lipschitz le
minimum de cet ensemble.
On note Lip(A, B) l’ensemble des fonctions lipschitziennes de A dans B et
Lipk (A, B) l’ensemble de celles de rapport k
Rudolf Lipschitz, 1832–1903.

∥f (x) − f (y)∥
Le rapport de Lipschitz est égal, quand il existe, à sup .
Remarque 8 - 4 (x,y)∈A2 ∥x − y∥
x̸=y

Si f est linéaire, f ∈ Lipk (E, F ) si et seulement si ∀x ∈ E, ∥f (x)∥F ≤ k ∥x∥E .


En effet c’est une condition nécessaire en considérant f (x) − f (0). Récipro-
Exemple 8 - 2
quement si x et y sont dans E, f (x) − f (y) = f (x − y) et donc ∥f (x) − f (y)∥E ≤
k ∥x − y∥F .

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378 8.2. UNIFORME CONTINUITÉ

Trace
Exemple 8 - 3 La trace est 1-lipschitzienne pour la norme ∥·∥1 . En effet c’est une conséquence
de l’inégalité triangulaire et du critère précédent.

Distance et norme
Une norme est 1-lipschitzienne par rapport à elle-même. C’est une reformula-
tion de l’inégalité triangulaire : |∥x∥ − ∥y∥| ≤ ∥x − y∥.
La fonction x 7→ d(x, A), pour toute partie A de E, est également 1-
Exemple 8 - 4
lipschitzienne. En effet pour x et y dans E et a dans A on a : d(x, a) ≤
d(x, y) + d(y, a) et donc d(x, a) ≤ d(x, y) + d(y, A). Il en résulte, par passage
au supremum, d(x, A) ≤ d(x, y) + d(y, A), i.e. d(x, A) − d(y, A) ≤ d(x, y). En
échangeant les rôles de x et y, on en déduit |d(x, A) − d(y, A)| ≤ d(x, y)

▶Soit I un intervalle réel et f ∈ C 0 (I, E) ∩ D1 (˚


I, E) une fonction continue
Aparté sur I et dérivable sur son intérieur. Alors f est k-lipschitzienne si et seulement si
f ′ ∈ B(˚
I, E) et ∥f ′ ∥˚
I,∞ ≤ k.

— Pour A une partie non vide de E, Lip(A, F ) est un sous-espace vectoriel de


F A.
Propriétés 8 - 5
— Si f ∈ Lipk (A, B) et g ∈ Lipℓ (B, C), alors g ◦ f ∈ Lipkℓ (A, C).
— On a Lip(A, F ) ⊂ C 0 (A, F ).

En particulier la norme est continue puisque 1-lipschitzienne et on en déduit direc-


tement

Remarque 8 - 5 Si (xn ) est une suite convergente, alors (∥xn ∥) aussi et lim ∥xn ∥ = ∥lim xn ∥.

Les fonctions lipschitziennes sont un cas particulier d’une classe de fonctions par-
ticulièrement importante, les fonctions uniformément continues. La notion d’uniforme
continuité est proche de celle de compacité.

Soit f une fonction d’une partie A de E dans F . On dit que f est unifor-
mément continue sur A si la mesure de la continuité ne dépend pas du point
Définition 8 - 5 d’étude, i.e.

∀ε ∈ R+ ∗
, ∃η ∈ R+ , ∀(x, y) ∈ A2 , (∥x − y∥ ≤ η ⇒ ∥f (x) − f (y)∥ ≤ ε) .

Critère séquentiel
Soit f de A dans F . Elle n’est pas uniformément continue si et seulement s’il
Proposition 8 - 4
existe deux suites (un ) et (vn ) de points de A telles que lim(un − vn ) = 0 mais
f (un ) − f (vn ) ne tend pas vers 0.

Démonstration. Le sens direct résulte de la définition de l’uniforme continuité. On


se donne ε dans R+

tel que ∀η ∈ R+ ∗
∃(x, y) ∈ A2 ∥x − y∥ ≤ η et ∥f (x) − f (y)∥ > ε.
Soit n dans N. On lui associe (un , vn ) obtenu grâce à l’assertion précédente appliquée

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 379

à η = 2−n en posant x = un et y = vn . Alors un − vn = o (1) et B(0, ε) ne contient


aucun terme de (f (un ) − f (vn )), ce qui montre que cette dernière suite ne converge
pas vers 0.
Réciproquement, puisque f (un ) − f (vn ) ne tend pas vers 0, on dispose de ε dans
R+∗
et de φ strictement croissante, de N dans N, telle que (f (uφ(n) ) − f (vφ(n) )) soit
à valeurs en dehors de B(0, ε).
Mézalor, si f était uniformément continue, on disposerait de η dans R+ ∗
tel que,
∀(x, y) ∈ A , (∥x − y∥ ≤ η ⇒ ∥f (x) − f (y)∥ ≤ ε). Comme (uφ(n) − vφ(n) ) est extraite
2

de (un − vn ), elle tend vers 0 et donc, pour n assez grand, uφ(n) − vφ(n) ≤ η et ceci
aboutit à une contradiction. □

Théorème de Heine
Théorème 8 - 1 Toute fonction continue sur un compact y est uniformément continue.
Heinrich Eduard Heine, 1821–1881.

Démonstration. Soit f une fonction continue sur un compact K. Si elle n’était pas
uniformément continue, on disposerait de ε dans R+ ∗
et de deux suites (xn )n∈N et
(yn )n∈N à valeurs dans K telles que ∥xn − yn ∥ ≤ 2 −n
et ∥f (xn ) − f (yn )∥ ≥ ε. Par
compacité de K × K, on peut supposer les deux suites convergentes (quitte à extraire
une sous-suite de ((xn , yn ))n∈N ). Mézalor les deux suites convergent vers la même
limite, disons ℓ, et la propriété ∥f (xn ) − f (yn )∥ ≥ ε contredit la continuité au point ℓ.

Théorème de Weierstrass (bornes atteintes)


Soit f continue sur un compact. Alors
Théorème 8 - 2 1. f (K) est compact ;
2. f atteint ses bornes, i.e. ∃x ∈ K ∥f ∥∞ = ∥f (x)∥.
3. si F = R, ∃x ∈ K f (x) = supK f et ∃x ∈ K f (x) = inf K f .

Démonstration. Soit (yn )n∈N une suite dans f (K) et (xn )n∈N dans K N telle que
f (xn ) = yn . Par compacité, on peut extraire une sous-suite de x qui converge dans K.
Par continuité de f , l’image par f de cette sous-suite converge vers l’image par f de
la limite, i.e. vers une limite dans f (K).
1
Si la borne n’était pas atteinte, alors x 7→ serait continue sur K,
∥f ∥∞ − ∥f (x)∥
mais non bornée. Dans le cas réel on procède de même mais en considérant les fonctions
1 1
x 7→ et x 7→ □
supK f − f (x) inf K f − f (x)

On peut aussi appliquer le résultat dans R et considérer x 7→ ∥f (x)∥.


Remarque 8 - 6 Les démonstrations des théorèmes de Heine et Weierstrass sont en fait
identiques au cas réel.

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380 8.2. UNIFORME CONTINUITÉ

Applications linéaires
Soit u dans L (E, F ) une application linéaire entre deux espaces vectoriels
normés. C’est une application continue sur E si et seulement si ∃C ∈ R+∗
, ∀x ∈ E,
∥u(x)∥ ≤ C ∥x∥. Plus précisément on a équivalence entre les propriétés suivantes :
1. u ∈ Lip(E, F ),
2. u est uniformément continue sur E,
3. u est continue sur E,
4. u est continue en 0,
Théorème 8 - 3 5. u(B(0, 1)) est bornée,
6. sup ∥u(x)∥ < +∞.
∥x∥=1

∥u(x)∥
7. sup < +∞,
x̸=0 ∥x∥
8. ∃C ∈ R+

, ∀x ∈ E, ∥u(x)∥ ≤ C ∥x∥,
Dans ce cas les deux derniers suprema sont égaux.
On note Lc (E, F ) l’ensemble des applications linéaires continues de E dans
F . C’est un K-espace vectoriel.

Démonstration. Comme lipschitzien entraîne uniformément continu, qui entraîne


continu, qui entraîne continu en 0, on a (1) =⇒ (2) =⇒ (3) =⇒ (4). Cette dernière
propriété permet de disposer de r > 0 tel que u(B(0, r)) ⊂ B(0, 1) et donc, par
linéarité, u(B(0, 1)) ⊂ B(0, 1/r) d’où (5), qui entraîne à son tour (6). Comme, pour
x ̸= 0, u(x)/ ∥x∥ = u(x/ ∥x∥), on en déduit (7), puis (8) puisque par linéarité u(0) = 0.
Enfin si on a (8), alors pour tous x et y dans E, ∥u(x − y)∥ ≤ C ∥x − y∥ et donc par
linéarité de u, on en déduit (1).
Enfin Lc (E, F ) est un espace vectoriel en tant qu’intersection de deux espaces vec-
toriels : celui des applications linéaires de E dans F et celui des applications continues
sur E. □

Norme subordonnée
L’application u 7→ sup∥x∥=1 ∥u(x)∥ définit une norme sur Lc (E, F ), dite
norme subordonnée aux deux normes sur E et F . Elle est notée ∥u∥op ou en-
Définition 8 - 6 core |||u||| (on parle alors de norme triple).
∥u(x)∥F
On a, de façon équivalente, |||u||| = sup et ainsi ∀x ∈ E ∥u(x)∥F ≤
x̸=0 ∥x∥E
|||u||| ∥x∥E .

Sous-multiplicativité
Proposition 8 - 5 Si u ∈ Lc (E, F ) et v ∈ Lc (F, G), alors v◦u ∈ Lc (E, G) et |||v ◦ u||| ≤ |||u|||·|||v|||.
En particulier (♠) Endc (E) est une algèbre normée.

Démonstration. Pour x dans E on a

∥v ◦ u(x)∥G ≤ |||v||| ∥u(x)∥F ≤ |||v||| |||u||| ∥x∥E

et l’assertion en découle. □

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 381

Cas matriciel
Pour A dans Mn (K), on l’interprète comme un endomorphisme de Mn,1 (K).
Proposition 8 - 6
On munit ce dernier espace d’une norme quelconque et on a alors

|||A||| = sup ∥AX∥ .


∥X∥=1

Équivalence des normes


Théorème 8 - 4
Si E est de dimension finie, alors toutes les normes sur E sont équivalentes.

Démonstration. On prend pour N une norme quelconque et pour N∞ une norme


infinie par rapport à une base (ei )1≤i≤n quelconque mais fixée. On note (e∗i )1≤i≤n les
formes coordonnées par rapport à cette base. Par inégalité triangulaire, il vient, pour
x dans E,
Xn n
X
N (x) ≤ |ei (x)| N (ei ) ≤ N∞ (x)

N (ei )
i=1 i=1

et donc N ≺ N∞ et N est une application de (E, N∞ ) vers (R, |·|) lipschitzienne de


Xn
rapport N (ei ).
i=1
Soit S la sphère unité pour N∞ de E. C’est un fermé borné dans (E, N∞ ) et donc,
d’après le théorème de Heine-Borel, S est compact pour cette norme.
Par le théorème de Weierstrass, N (S) est donc compact et, par séparation, ne
contient pas 0. Il en résulte qu’il existe α dans R+∗
minorant N (S), i.e. αN∞ ≤ N sur
S et donc sur E par homogénéité. D’où N∞ ≺ N et donc N ∼ N∞ . Comme N était
arbitraire, par transitivité de l’équivalence, toutes les normes sont équivalentes à N∞
et donc entre elles. □

Les notions de fonctions lipschitziennes ou de fonctions continues ne dépendent


Remarque 8 - 7 pas de la norme, de même que la notion de continuité ou de limite pour les
fonctions à valeurs dans E.

Si E est de dimension finie, L (E, F ) = Lc (E, F ), i.e. toute application li-


Proposition 8 - 7
néaire dont la source est E est continue, quelque soit la dimension de F .

Démonstration. Par équivalence des normes, on suppose E muni de la norme in-


n
X
finie pour une base (ei )1≤i≤n . Alors u est lipschitzienne de rapport ∥u(ei )∥, donc
i=1
continue. □

Corollaire 8 - 1 Les sous-espaces vectoriels d’un espace de dimension finie sont fermés.

Démonstration. Soit F un sous-espace vectoriel de E, avec E de dimension finie. On


dispose d’un supplémentaire de F et donc aussi du projecteur sur G parallèlement à
F . Ce projecteur est linéaire donc continu. En particulier l’image réciproque du fermé
{0} est fermée, i.e. F est fermé. □

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382 8.2. UNIFORME CONTINUITÉ

Soit (Ei )1≤i≤n des espaces vectoriels normés et u une application multi-linéaire
n
Y
de Ei , muni de la topologie produit, dans F . Alors u est continue si et seule-
i=1
ment s’il existe K dans R+ tel que, pour tout x avec x = (xi )1≤i≤n , on ait
Proposition 8 - 8
∥u(x)∥ ≤ K ∥x1 ∥ · · · ∥xn ∥ .

En particulier!si tous les Ei sont


! de dimension finie, alors u est continue, i.e.
Yn Yn
Lc Ei , F = L Ei , F .
i=1 i=1

Démonstration. On procède comme pour le cas n = 1. □

Corollaire 8 - 2 Les applications polynomiales sont continues.

n
Y
Démonstration. Pour n entier non nul, (x1 , . . . , xn ) 7→ xi est multilinéaire de
i=1
Kn dans K, donc continue. De plus l’application de Kk dans Kn

(x1 , . . . , xk ) 7→ (x1 , . . . , x1 , . . . , xk , . . . , xk ) ,
| {z } | {z }
i1 ik

avec (ij ) des entiers naturels de somme n, est également linéaire donc continue, et il en
k
i
Y
résulte que l’application monomiale (x1 , . . . , xk ) 7→ xjj est continue. Par stabilité
j=1
des applications continues par combinaison linéaire, on en déduit que les applications
polynomiales sont continues. □

Polynômes et fractions rationnelles Soit f une fonction polynomiale à coef-


ficients dans K et a dans K. Alors f est continue et donc f −1 (a) est fermé et
Exemple 8 - 5 f −1 (K \ {a}) est ouvert.
Une fonction rationnelle est donc définie et continue sur un ouvert, à savoir
K privé des zéros de son dénominateur.

Matrices et endomorphismes en dimension finie


Soit E de dimension finie. La fonction déterminant sur Mn (K) ou sur L (E)
est polynomiale donc continue. La fonction produit sur Mn (K) ou sur L (E)
bilinéaire donc continue. Les fonctions puissance (positive) sur Mn (K) ou sur
L (E) sont polynomiales donc continues.
Exemple 8 - 6 La fonction M 7→ com(M )T est polynomiale et donc M 7→ M −1 est continue
sur GLn (K). Il en résulte, pour k dans Z, que les applications u 7→ uk et M 7→ M k
sont continues là où elles sont définies (pour u ∈ L (E) et M ∈ Mn (K)).
Plus généralement les coefficients du polynôme caractéristique sont des fonc-
tions polynomiales et donc les applications u 7→ χu et M 7→ χM sont continues
de L (E), ou Mn (K), dans K[X].

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 383

Topologie de GLn (K) et GL(E)


En tant qu’images réciproques de l’ouvert K∗ par le déterminant GLn (K)
et GL(E) sont ouverts. De même SLn (K) et SL(E) sont fermés comme images
réciproques de {1}.
Exemple 8 - 7
Toute boule ouverte contenant une matrice M contient aussi M − λIn pour
λ assez petit. Comme seules un nombre fini de ces matrices sont de déterminant
nul, toute boule ouverte contient une matrice inversible. Il en résulte GLn (K) =
Mn (K) et GL(E) = L (E).

3 Intégration des fonctions vectorielles

La théorie de l’intégration sur un segment résulte du théorème de Heine, via les


sommes de Darboux, celles de Riemann ou encore l’approximation par fonctions en
escalier. Pour l’étendre de R à un espace vectoriel de dimension finie on peut refaire
cette construction, mais il est équivalent de la définir coordonnées par coordonnées, ce
qui est le choix du programme.

Intégration sur un segment, à valeurs dans un EVN de dimension finie


Soit f une fonction continue par morceaux sur un segment I, à valeurs dans
un espace vectoriel normé de dimension finie E, et (ei )1≤i≤p une base de E. On
note (e∗i )1≤i≤p les formes coordonnées relativement à cette base et on pose
Définition 8 - 7 Z p Z 
X
f= (e∗i ◦ f ) ei .
I i=1 I

On admet que cette définition est indépendante du choix de la base (ei )1≤i≤p .

Linéarité de l’intégrale Z
Propriété 8 - 6 Soit I un segment. L’application f 7→ f est une application linéaire sur
I
0
Cmcx (I, E).

Démonstration. Puisque les formes coordonnées sont contractantes, les composées


e∗i ◦ fZsont continues par morceaux et, de plus f 7→ e∗i ◦ f est linéaire. Par composition
f 7→ (e∗i ◦ f ) est également linéaire et l’assertion s’ensuit. □
I

Relation de Chasles
Puisque cette propriété est vraie sur les coordonnées, si f appartient à
0
Cmcx ([[ a; b ], E) et c à ]a; b [ , alors on a
Remarque 8 - 8
Z Z Z
f= f+ f.
[ a;b ] [ a;c ] [ c;b ]

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384 8.3. INTÉGRATION DES FONCTIONS VECTORIELLES

Z Z b Z b
Si I = [ a; b ] , on écrit indifféremment f, f ou f (t) dt. Si a > b, on
I a a
Notation Z b Z a Z a
pose f (t) dt = − f (t) dt et f (t) dt = 0.
a b a

Z
L’application f 7→ f est linéaire sur Cmcx
0
(I, E) et sa valeur ne change pas
Remarque 8 - 9 I
si on modifie f en un nombre fini de points.

Linéarité de l’intégrale
Soit E et F deux espaces vectoriels normés de dimension finie,
Zu dans
 L (E, F )
Propriété 8 - 7 Z
et f dans Cmcx
0
(I, E), alors u ◦ f ∈ Cmcx
0
(I, F ) et u◦f =u f .
I I

Démonstration. Soit (ei )1≤i≤p une base de E et (e∗i )1≤i≤p les formes coordonnées
associées, et (fj )1≤j≤q une base de F et (fj∗ )1≤j≤q les formes coordonnées associées.
Par définition des formes coordonnées, on a
p
X p
X
f= (e∗i ◦ f )ei et donc fj∗ ◦ u ◦ f = (e∗i ◦ f )fj∗ (u(ei ))
i=1 i=1

d’où, par linéarité de l’intégrale,


Z Xq X
p Z 
u◦f = (e∗i ◦ f ) fj∗ (u(ei ))fj
I j=1 i=1 I

et donc, en intervertissant les signes somme


Z Xp Z q
X
u◦f = (ei ◦ f )

fj∗ (u(ei ))fj
I i=1 I j=1

et, par définition des formes coordonnées, cette dernière somme est égale à
X p Z  Z 
(ei ◦ f ) u(ei ) , i.e. u

f .
i=1 I I

Sommes de Riemann
Soit f dans C 0 (I, E) avec I = [ a; b ] , σ une subdivision de I donnée par
a = a0 < a1 < · · · < an = b, (ξk )1≤k≤n dans I n avec, pour tout k dans J1; nK,
ak−1 ≤ ξk ≤ ak . On note δk = ak − ak−1 , δ(σ) = maxk δk et S(f, σ, (ξk )) la
somme de Riemann définie par
n
Propriété 8 - 8 X
S(f, σ, (ξk )) = (ak − ak−1 )f (ξk ) .
k=1

Alors Z
lim sup f − S(f, σ, (ξk )) = 0 .
δ→0 σ I
δ(σ)≤δ

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 385

Démonstration. C’est une conséquence de la convergence des sommes de Riemann


dans le cas des fonctions à valeurs réelles puisque, si (ei )1≤i≤p est une base de E, on
a e∗i (S(f, σ, (ξk ))) = S(e∗i (f ), σ, (ξk )). □
Le théorème de la moyenne, version intégrale du théorème de Lagrange (Joseph-
Louis Lagrange, 1736–1813), n’est pas vrai pour les fonctions à valeurs vectorielles,
mais l’inégalité perdure, ce qui est suffisant pour obtenir de bonnes approximations,
comme par exemple par des sommes de Riemann.

Inégalité triangulaire
Soit I = [ a; b ] et f dans C 0 (I, E). Alors x 7→ ∥f (x)∥ est continue sur I et à
valeurs positives. De plus
Z b Z b
Théorème 8 - 5
f (x) dx ≤ ∥f (x)∥ dx .
a a

De plus ce résultat s’étend aux fonctions continues par morceaux (x 7→ ∥f (x)∥


étant alors continue par morceaux).

Démonstration. La norme étant continue car 1-lipschitzienne, la première assertion


résulte du fait que la composée de deux fonctions continues l’est aussi. On note g la
composée. Si (σ, (ξk )) une subdivision pointée de I, alors par inégalité triangulaire sur
K on a ∥S(f, σ, (ξk ))∥ ≤ S(g, σ, (ξk )) et la seconde assertion en résulte par passage à
la limite.
Le cas des fonctions continues par morceaux s’en déduit par relation de Chasles.

Inégalité de la moyenne
Z b
Corollaire 8 - 3 Soit I = [ a; b ] et f dans Cmcx
0
(I, E). Alors f (x) dx ≤ (b − a) sup ∥f ∥.
a I

Méthode des rectangles


Si f est lipschitzienne sur I, alors
Propriété 8 - 9 n
kb + (n − k)a 1
   
b−a X
Z
f= f +O .
I n n n
k=1

Démonstration. Si S(f, σ, (ξk )) est une somme de Riemman associée à f , on a, par


relation de Chasles et inégalité triangulaire
Z Xn Z ak
f − S(f, σ, (ξk )) ≤ ∥f (x) − f (ξk )∥ dx
I k=1 ak−1

et donc si f est λ-lipschitzienne il vient


Z n Z
X ak
f − S(f, σ, (ξk )) ≤ |λ| |x − ξk | dx .
I k=1 ak−1

Or, dans le cas de la subdivision régulière, chacune des intégrales ci-dessusvaut


(b − a)2 1

et on obtient une majoration totale par |λ| (b − a) /2n, i.e. par O
2
.
2n2 n

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386 8.4. DÉRIVATION

La démonstration précédente permet d’obtenir l’approximation de l’intégrale


par les sommes de Riemann en utilisant l’inégalité triangulaire et l’uniforme
Aparté
continuité comme dans le cas réel. Pour ne pas tourner en rond, il faut alors
démontrer l’inégalité triangulaire sans les sommes de Riemann.

La formule des rectangles (à droite) peut s’améliorer en formule du point mé-


dian ou des trapèzes (exactes pour les applications affines) ou plus généralement
en formules de Newton-Cotes, dite de Simpson pour l’ordre 3 (Roger Cotes,
Remarque 8 - 10
1682–1716, Thomas Simpson, 1710–1761). Mais ces formules ne conduisent pas
nécessairement à une bonne convergence, en raison du phénomène mis au jour
par Carl Runge (1856–1927).

4 Dérivation

Il existe plusieurs façons d’envisager la notion de dérivée : l’interprétation comme


une vitesse, i.e. comme la pente d’une tangente à une courbe paramétrée et l’inter-
prétation comme un développement limité en sont deux exemples. On peut également
utiliser l’interprétation de Constantin Carathéodory (1873–1950) comme un prolon-
gement par continuité de la fonction pente. C’est l’approche la plus moderne et sans
doute la plus puissante d’un point de vue théorique, mais elle n’est pas citée par le
programme. Elle permet de ramener toutes les questions de dérivabilité à des questions
de continuité.
Dans la suite f est une fonction définie sur un intervalle réel I et à valeurs dans un
espace vectoriel normé de dimension finie E.

Cauchy (1821) et Weierstrass (1861)


Soit a dans I. On dit que f est dérivable au point a si l’une des deux pro-
priétés équivalentes suivantes est vérifiée :
— la limite de son taux d’accroissement en a admet une limite pour x tendant
vers a, i.e.
f (x) − f (a)
lim existe.
x→a
x∈I\{a}
x−a

— l’application f admet un développement limité à l’ordre 1 en a, i.e. il existe


Définition 8 - 8 α et β dans E tels que

f (x) = α + (x − a)β + o (x − a)

où o (x − a) désigne une fonction g, définie dans un voisinage de a, vérifiant


∥g∥ = oa (x − a).
df
Dans ce cas cette limite est notée f ′ (a), Df (a), (a) ou encore f˙(a), et est
dx
appelée dérivée de f en a. Par ailleurs, dans la seconde propriété, on a alors
α = f (a) et β = f ′ (a).

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 387

Si la limite est prise à gauche ou, de façon équivalente, si g est définie dans
un voisinage de a dans ] − ∞; a ], on dit que f est dérivable à gauche en a, et
Définition 8 - 9 on note fg′ (a) cette limite.
De façon similaire, on définit le fait que f soit dérivable à droite, et on note
fd′ (a) sa dérivée à droite en a.

En particulier la dérivabilité (resp. à gauche, à droite) en a impose la continuité


Corollaire 8 - 4
(resp. à gauche, à droite) en a.

Carathéodory - 1950 (♠)


Soit a dans I. Alors f est dérivable en a si et seulement s’il existe une fonction
φf définie sur I, à valeurs dans E et continue en a telle que
Proposition 8 - 9
f (x) = f (a) + (x − a)φf (x) .

Dans ce cas on a φf (a) = f ′ (a).

1. La fonction f est dérivable en a si et seulement si elle est dérivable à gauche


et à droite en a et fg′ (a) = fd′ (a). Dans ce cas on a f ′ (a) = fg′ (a) = fd′ (a).
2. Soit (ei )1≤i≤p une base de E et (e∗i )1≤i≤p les formes coordonnées associées.
Alors f est dérivable en a si et seulement si, pour tout entier i entre 1 et p,
Remarques 8 - 11
e∗i ◦ f est dérivable en a. Dans ce cas
p
X
f (a) =

(e∗i ◦ f )′ (a)ei .
i=1

Démonstration. Les assertions résultent de la définition de limite l’une dans R,


l’autre dans E. □

′ ′
1. Pour f de I dans C, dérivable en a, on a f ′ (a) = (Re(f )) (a)+i (Im(f )) (a).
Exemples 8 - 8
2. Pour A de I dans Mp,q (K), dérivable en t, on a A′ (t) = (a′ij (t)).

On définit par récurrence, sous réserve d’existence, les dérivées ne de f , avec


′
n ≥ 1, par f (1) = f ′ et f (n+1) = f (n) (en un point de I).
On note Dn (I, E), C n (I, E), Cmcx
n
(I, E), C ∞ (I, E) les espaces vectoriels for-
Définition 8 - 10
més des fonctions n-fois dérivables, n-fois continûment dérivables, n-fois continû-
ment dérivables par morceaux, indéfiniment dérivables en tout point de I.
Si E est une K-algèbre, ces espaces sont des K-algèbres.

Pour que la dérivée seconde de f en a existe, il faut que f ′ soit définie sur un
voisinage de a et, plus généralement, la question de l’existence d’une dérivée ne
Remarque 8 - 12
en a ne se pose que pour les fonctions ayant déjà des dérivées à tous les ordres
précédents sur un voisinage de a.

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388 8.4. DÉRIVATION

Linéarité de la dérivation
1. La dérivation est une application linéaire : si f et g sont définies sur I
et dérivables en a, alors pour tout couple de scalaires (α, β), αf + βg est
dérivable en a et (αf + βg)′ (a) = αf ′ (a) + βg ′ (a). En particulier f 7→ f ′ est
Proposition 8 - 10 linéaire de D1 (I, E) dans E I et de Dn+1 (I, E) dans Dn (I, E), pour n ≥ 1.
2. Soit f dérivable en a et à valeurs dans E. Pour u dans Lc (E, F ), u ◦ f est
dérivable en a et on a :

(u ◦ f )′ (a) = u ◦ f ′ (a) .

Démonstration. On utilise la caractérisation de Carathéodory : on écrit f (x) =


f (a) + (x − a)φf (x) pour x dans un voisinage de a et φf définie sur ce voisinage.
L’application φf étant choisie continue en a si f est dérivable en a.
On commence par démontrer la linéarité. On écrit, pour x dans un voisinage de a :

αf (x) + βg(x) = αf (a) + βg(a) + (x − a) (αφf (x) + βφg (x))

et donc par stabilité des fonctions continues en a par combinaison linéaire, l’assertion
en découle.
Pour u dans Lc (E, F ), il vient

u ◦ f (x) = u ◦ f (a) + (x − a)u ◦ φf (x)

et, par composition des fonctions continues, u ◦ φf est continue en a et u ◦ f y est


dérivable et (u ◦ f )′ (a) = u ◦ f ′ (a). □

Écriture dans une base


Soit f de I dans E, (ei )1≤i≤p une base de E et (e∗i )1≤i≤p les formes coordon-
nées associées. Alors f est n-fois dérivable en a si et seulement si, pour tout i
Proposition 8 - 11 dans J1; pK, e∗i ◦ f l’est. On a alors
p
X (n)
f (n) (a) = (e∗i ◦ f ) (a)ei .
i=1

n
X
Démonstration. Par définition des formes coordonnées f = (e∗i ◦ f )ei . Si f
i=1
est n-fois dérivable, il en va de même pour e∗i ◦ f d’après ce qui précède et on a
(e∗i ◦ f )(n) = e∗i ◦ f (n) , ce qui est la formule recherchée. Réciproquement si les fonctions
e∗i ◦ f sont n-fois dérivables, alors f aussi en tant que combinaison linéaire de telles
fonctions. □

Composition
Soit f de I dans E, dérivable en b, et γ d’un intervalle J de R, à valeurs
Proposition 8 - 12
dans I, dérivable en a avec γ(a) = b. Alors f ◦ γ est dérivable en a et on a
(f ◦ γ)′ (a) = γ ′ (a)f ′ (b) = γ ′ (a)f ′ (γ(a)).

Démonstration. C’est vrai coordonnée par coordonnée, d’après le cas réel. Le résul-
tat découle donc de la proposition précédente. □

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 389

Règle de Leibniz
1. Soit E, F et G trois espaces vectoriels normés de dimension finie et ψ une
application bilinéaire de E×F dans G. Soit f et g dérivables en a et à valeurs
respectivement dans E et F . La fonction h donnée par h(x) = ψ(f (x), g(x))
est dérivable en a et satisfait à la règle de Leibniz :

Théorème 8 - 6 h′ (a) = ψ(f ′ (a), g(a)) + ψ(f (a), g ′ (a)) .

2. En particulier si E est une K-algèbre, alors la dérivation en a est une déri-


vation au sens suivant : si f et g sont dérivables en a, alors f g est dérivable
en a et
(f g)′ (a) = f ′ (a)g(a) + f (a)g ′ (a) .
Gottfried Wilhelm Leibniz, 1646–1716.

Démonstration. On utilise la caractérisation de Carathéodory :

ψ(f (x), g(x)) = ψ(f (a), g(a)) + (x − a) (ψ(φf (x), g(a)) + ψ(f (a), φg (x)))
+ (x − a)2 ψ(φf (x), φg (x)) .

On peut donc poser

φh (x) = ψ(φf (x), g(a)) + ψ(f (a), φg (x)) + (x − a)ψ(φf (x), φg (x)) .

Par continuité en a de φf et φg , par hypothèse, et de ψ car les espaces considérés


sont de dimensions finies, φh est défini au voisinage de a et y est continu. De plus,
pour la même raison, le dernier terme est dans O (x − a), donc dans o (1). Il en résulte
φh (a) = ψ(f ′ (a), g(a)) + ψ(f (a), g ′ (a)).
La propriété de dérivation résulte de ce qui précède en l’appliquant à ψ donné par
ψ(f, g) = f g. □

Produit scalaire
1. Si f et g sont dérivables sur I et à valeurs dans un espace euclidien E, alors
Corollaire 8 - 5 ⟨f | g⟩ est dérivable, de dérivée donnée par ⟨f ′ | g⟩ + ⟨f | g ′ ⟩.
2. Si f est dérivable et de norme constante égale à 1 (avec f à valeurs dans un
espace euclidien), alors f ′ et f sont orthogonaux.

Produit vectoriel
Corollaire 8 - 6 Si E est euclidien orienté de dimension 3, et f et g sont dérivables sur I, alors
f ∧ g aussi et sa dérivée est f ′ ∧ g + f ∧ g ′ .

Soit f dans D1 (I, E) et g dans D1 (I, R) ne s’annulant pas. Alors f /g est dans
 ′
Proposition 8 - 13 f gf ′ − g ′ f
D1 (I, F ) et = .
g g2

Démonstration. Il s’agit de la dérivation d’un produit appliquée à f et 1/g et ce


dernier cas est déjà connu. □

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390 8.4. DÉRIVATION

Soit f continue sur I, dérivable sur ˚I, et à valeurs dans E. Alors f est constante
sur I si et seulement si f ′ est nulle sur ˚
I.
En effet le résultat est vrai coordonnée par coordonnée et toutes les propriétés
Remarque 8 - 13
sont linéaires.
De plus, comme dans le cas de dimension 1, le résultat est encore vrai en
supposant f continue et dérivable par morceaux sur I.

Règle de Leibniz
Si f et g sont n-fois dérivables en a, avec n ≥ 2, il en va de même pour h et
on a
n  
X n
h (a) =
(n)
ψ(f (n−k) (a), g (k) (a)) .
k
k=0

Supposons la formule vraie au rang n − 1, alors par linéarité et en utilisant la


formule au rang 1, il vient
n−1
X n−1 h
 i
h(n) = ψ(f (n−k) , g (k) ) + ψ(f (n−k−1) , g (k+1) )
Pour aller plus loin k
k=0

et la formule en découle après réindexation en utilisant la relation de Pascal :


n−1
X  n−1 n−1
  
h(n)
= ψ(f (n)
, g) + + ψ(f (n−k) , g (k) ) + ψ(f, g (n) )
k k−1
k=1
n  
X n
= ψ(f (n−k) , g (k) ) .
k
k=0

La fonction h est aussi notée ψ ◦ (f ⊗ g).

Règle de Leibniz - cas multilinéaire


Soit (Ek )1≤k≤n et F des espaces Qn vectoriels normés de dimension finie et M
une application multilinéaire de k=1 Ek dans F . Soit (fk )1≤k≤n des fonctions
dérivables en a et à valeurs respectivement dans (Ek )1≤k≤n . La fonction h don-
Théorème 8 - 7 née par h(x) = M (f1 (x), . . . , fn (x)) est dérivable en a et satisfait à la règle de
Leibniz :
Xn
h′ (a) = M (f1 (a), . . . , fk′ (a), . . . , fn (a)) .
k=1

Démonstration. La démonstration est identique au cas des applications bilinéaires.


Déterminant
Soit (fk )1≤k≤n des fonctions dérivables en a et à valeurs dans Kn . Alors
x 7→ det(f1 (x), . . . , fn (x)) est dérivable en a de dérivée donnée par
Exemple 8 - 9 n
X
det(f1 (a), . . . , fk′ (a), . . . , fn (a)) .
k=1

On pourrait également dériver ligne par ligne.

François Sauvageot - Lycée Lesage - Vannes - c b n a - 2022-2023


CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 391

5 Théorème fondamental du calcul différentiel et intégral

Soit f dans C 0 (I, E). On dit que F est une primitive de f sur I si F ∈ D1 (I, E)
Définition 8 - 11
et F ′ = f .

On obtient, comme dans le cas réel, les résultats suivants.

Leibniz-Newton - Théorème fondamental du calcul différentiel et intégral


Soit f dans C 0 (I, E). Alors f admet des primitives sur I et deux primitives
de f sur I diffèrent d’une constante. Z x
L’unique primitive de f s’annulant en a est x 7→ f (t) dt.
a Z b
Théorème 8 - 8 De plus, pour toute primitive F de f , et [ a; b ] ⊂ I, on a f (t) dt = F (b) −
a
F (a).
Z x si f est dans C ([[ a; b ] , E), alors pour x dans [ a; b ] , on a
En particulier, 1

f (x) − f (a) = f ′ (t) dt.


a
Enfin si f est dans C n (I, E), alors toute primitive de f est dans C n+1 (I, E).

Démonstration. On l’obtient coordonnée par coordonnée ou bien en appliquant la


remarque 8 - 13. □

Lagrange - Inégalité des accroissements finis


Soit f de classe C 1 sur [ a; b ] , à valeurs dans E. Soit M tel que ∀x ∈ ] a; b [ ,
Théorème 8 - 9
∥f (x)∥ ≤ M . Alors

∥f (b) − f (a)∥ ≤ M (b − a) .

Démonstration. On a d’après le théorème de Leibniz-Newton et l’inégalité trian-


gulaire
Z b Z b
∥f (b) − f (a)∥ = f ′ (t) dt ≤ ∥f ′ (t)∥ dt ≤ M (b − a) .
a a

En fait la dérivabilité sur ] a; b [ suffit, à condition d’avoir un majorant de ∥f ′ ∥


sur cet intervalle ouvert. En effet, pour x et y tels que a < x < y < b, on a d’après
Pour aller plus loin
le cas déjà traité ∥f (y) − f (x)∥ ≤ M (y − x) ≤ M (b − a)et le théorème s’en déduit
en passant à la limite, par continuité de f en a et b et continuité de la norme.

On en déduit les différentes formes du reste de la série de Taylor (Brook Taylor,


1865–1731) permettant des contrôles de nature différente. La seule forme exacte est
celle obtenue via la formule d’intégration par parties, i.e. avec reste intégral, obtenue
par Pierre-Simon de Laplace (1749–1827). C’est celle qui permet le plus de finesse.
Une forme souvent suffisante est celle développée par Lagrange, dans l’espoir de
démontrer que toute fonction est somme de sa série de Taylor, i.e. que le reste de la
série tend vers 0, ce qui n’est pas vrai en général.
Enfin une forme purement locale, i.e. qui ne donne aucun renseignement ailleurs
qu’en a et donc, en particulier, qui ne sert absolument à rien pour étudier le reste

François Sauvageot - Lycée Lesage - Vannes - c b n a - 2022-2023


392 8.5. THÉORÈME FONDAMENTAL DU CALCUL DIFFÉRENTIEL ET INTÉGRAL

de la série, est la formule de Taylor-Young (William Young et Grace Chisholm-


Young). Cette formule permet surtout de comparer des fonctions entre elles au voisi-
nage d’un point ou de les tracer.

Formules de Taylor globales


Soit f de I dans E et a et x dans I.
1. Formule de Taylor-Laplace (avec reste intégral).
Si f est de classe C n et de classe C n+1 par morceaux, alors
n
(x − a)k x
(x − t)n (n+1)
X Z
f (x) = f (k)
(a) + f (t) dt
k! a n!
k=0

ou encore (reste intégral normalisé par homotopie)


Théorème 8 - 10
n
(x − a)k 1
(1 − t)n (n+1)
X Z
f (x) = f (k) (a) + (x − a)n+1 f (a + t(x − a)) dt .
k! 0 n!
k=0

2. Inégalité de Taylor-Lagrange.
Si f est de classe C n+1 , alors
n n+1
X (x − a)k |x − a|
f (x) − f (k) (a) ≤ f (n+1) .
k! (n + 1)! I,∞
k=0

Démonstration. La formule de Taylor-Laplace résulte de l’intégration par par-


ties, comme dans le cas réel.
On en déduit l’inégalité de Taylor-Lagrange grâce à l’inégalité de la moyenne.

Formule de Taylor locale


Formule de Taylor-Young. Soit f une fonction de classe C n de I dans E et
a et x dans I. On a
n
X (x − a)k
Théorème 8 - 11 f (x) = f (k) (a) + o ((x − a)n ) ,
k!
k=0

où o ((x − a)n ) désigne une fonction g définie au voisinage de a telle que, au


voisinage de a on ait ∥g(x)∥ = o ((x − a)n ).

Démonstration. La formule de Taylor-Young s’obtient en l’écrivant coordonnée


par coordonnée puisque tout est linéaire. □

La formule de Taylor-Young est de nature locale, par opposition aux deux


Danger autres qui sont globales. En particulier la formule de Taylor-Young ne donne
aucun renseignement sur f en dehors du point a.

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 393

6 Rappels – Fonctions d’une variable réelle

Dans cette section E = F = R, i.e. f est une fonction d’une variable réelle à valeurs
réelles, définie sur un intervalle I.
Les théorèmes fondamentaux sur les fonctions continues sont les théorèmes de
Heine et de Weierstrass qui, tous deux, donnent des propriétés essentielles des
fonctions continues sur un compact.

Théorème de Heine
Soit f une fonction d’une variable réelle et à valeurs réelles, et K un segment.
Théorème 8 - 12
Si la fonction f est continue sur K, alors elle y est uniformément continue.
Heinrich Eduard Heine, 1821–1881.

Démonstration. Si f n’était pas uniformément continue, on disposerait de ε dans


R+∗
et de deux suites (xn )n∈N et (yn )n∈N à valeurs dans K telles que |xn − yn | ≤ 2−n
et |f (xn ) − f (yn )| ≥ ε. Par compacité de K × K, on peut supposer les deux suites
convergentes (quitte à extraire une sous-suite de ((xn , yn ))n∈N ). Mézalor les deux
suites convergent vers la même limite, disons ℓ, et la propriété |f (xn ) − f (yn )| ≥ ε
contredit la continuité au point ℓ. □

Théorème de Weierstrass
Soit f une fonction d’une variable réelle et à valeurs réelles, et K un segment.
Théorème 8 - 13 Si la fonction f est continue sur K, alors f (K) est compact et en particulier f
atteint ses bornes, i.e. ∃(x, y) ∈ K 2 sup f = f (x) et inf f = f (y).
K K

Démonstration. Soit (yn )n∈N une suite dans f (K) et (xn )n∈N dans K N telle que
f (xn ) = yn . Par compacité, on peut extraire une sous-suite de x qui converge dans K.
Par continuité de f , l’image par f de cette sous-suite converge vers l’image par f de
la limite, i.e. vers une limite dans f (K).
1
Si la borne supérieure n’était pas atteinte, alors x 7→ serait continu
supK f − f (x)
sur K, mais non borné. En considérant −f on obtient le résultat sur la borne inférieure.

Le théorème de Bolzano, dit des valeurs intermédiaires, précise que dans le


Remarque 8 - 14
cadre précédent f (K) est un intervalle et donc f (K) est alors un segment.

Les théorèmes fondamentaux du calcul différentiel sont le théorème de Rolle (éta-


bli en 1691 par Michel Rolle pour les polynômes, mais démontré dans le cas qui nous
intéresse en 1860 par Pierre-Ossian Bonnet, en en faisant ainsi une des fondations du
calcul différentiel), le théorème de Lagrange (inégalité ou égalité des accroissements
finis), le théorème de la limite de la dérivée, le théorème de Leibniz-Newton.
Les résultats importants sont la caractérisation des fonctions constantes, des fonc-
tions monotones, des fonctions k-lipschitziennes, des fonctions convexes et les applica-
tions aux théorèmes de points fixes.

Rolle - 1691 & Bonnet - 1860


Soit f une fonction d’une variable réelle et à valeurs réelles, et [ a; b ] un seg-
Théorème 8 - 14
ment. Si f est continue sur [ a; b ] , dérivable sur ] a; b [ et si f (a) = f (b), alors il
existe c dans ] a; b [ tel que f ′ (c) = 0.

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394 8.6. RAPPELS – FONCTIONS D’UNE VARIABLE RÉELLE

Démonstration. On utilise le théorème de Weierstrass (théorème du maximum)


et la caractérisation des extrema par la dérivée, si le point où est atteint l’extremum
est intérieur. □

Lagrange - 1797 - Théorème des accroissements finis


Soit f une fonction d’une variable réelle et à valeurs réelles, et [ a; b ] un seg-
ment. Si f est continue sur [ a; b ] et dérivable sur ] a; b [ , alors il existe c dans ] a; b [
Théorème 8 - 15
f (b) − f (a)
tel que f ′ (c) = , i.e. une des tangentes au graphe de f est parallèle à
b−a
la corde joignant les points d’abscisses a et b.

Démonstration. Il suffit de tourner la tête ! Plus précisément on applique le théorème


f (x) f (b) − f (a)
de Rolle à la fonction donnée par . □
x b−a

Inégalité des accroissements finis


Soit f une fonction d’une variable réelle et à valeurs réelles, et [ a; b ] un seg-
ment. Si f est continue sur [ a; b ] , dérivable sur ] a; b [ et f ′ est bornée sur ] a; b [ ,
alors si sup ] a;b [ |f ′ | ≤ k, on a

Corollaire 8 - 7 ∀(x, y) ∈ [ a; b ] 2 , |f (x) − f (y)| ≤ k |x − y| ,

i.e. f est lipschitzienne de rapport k.


C’est en particulier vrai quand f est de classe C 1 sur [ a; b ] en prenant
k = ∥f ′ ∥[ a;b ] ,∞ , dont l’existence est garantie par le théorème de Weierstrass
appliqué à f ′ .

Le théorème de Lagrange a de nombreuses applications directes. Soit f et g


continues sur [ a; b ] et dérivables sur ] a; b [ , à valeurs réelles :
1. Les dérivées f ′ et g ′ coïncident sur ] a; b [ si et seulement si f − g est constante
sur [ a; b ] .
2. La dérivée f ′ de f est positive (négative) sur ] a; b [ si et seulement si f est
croissante (décroissante) sur [ a; b ] .
3. Si f ′ est strictement positive (négative) sur ] a; b [ , alors f est strictement crois-
sante (décroissante) sur [ a; b ] . Plus généralement f est strictement monotone
sur [ a; b ] si et seulement si f ′ est de signe constant sur ] a; b [ et ne s’annule sur
aucun intervalle ouvert inclus dans ] a; b [ .
4. Une fonction sur I est constante (réelle) si et seulement si elle est dérivable, de
dérivée nulle.

Leibniz-Newton - théorème fondamental du calcul différentiel et intégral


Soit f une fonction d’une variable réelle et à valeurs réelles, et [ a; b ] un seg-
ment. Si f est continue sur [ a; b ] elle y admet une primitive, unique à addition
Théorème 8 - 16 d’une constante près. De plus, si F est une telle primitive, on a
Z b
f (t) dt = F (b) − F (a) .
a

On déduit de l’inégalité des accroissements finis, le critère très utile suivant

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 395

Limite de la dérivée
Théorème 8 - 17 Soit f continue sur I, dérivable sur I \ {a} et à valeurs réelles. Si lima f ′ = b,
alors f est dérivable en a et f ′ est continue en a.

Démonstration. C’est une conséquence directe de l’inégalité des accroissements finis


puisque, pour x dans I distinct de a, on dispose de c compris entre a et x tel que
f (x) − f (a)
= f ′ (c)
x−a
puisque f est dérivable sur ] a; x [ . Or si x tend vers a, il en est de même pour c et
donc f ′ (c) tend vers b. □
On a de plus les caractérisations suivantes :

Caractérisation des fonctions lipschitziennes


Théorème 8 - 18 Soit f dérivable sur I à valeurs réelles. Alors, pour tout k dans R+ , f est
lipschitzienne de rapport k sur I si et seulement si ∥f ′ ∥I,∞ ≤ k.

Démonstration. Le sens direct s’obtient en passant à la limite dans les inégalités


puisque les taux d’accroissements de f sont par définition majorés par les rapports de
Lipschitz. Le sens réciproque est une conséquence de l’inégalité des accroissements
finis. □

7 Compléments

7 1 Inégalité triangulaire
Un argument élégant de Frigyes Riesz utilise le théorème de Hahn-Banach pour
obtenir l’inégalité
Z triangulaire.
Soit s = f . Si s est nul, l’inégalité résulte de la positivité de la norme. Sinon
I
on dispose d’une forme linéaire sur Ks valant ∥s∥ sur s et elle est de norme 1. Par
prolongement des applications linéaires (voir l’exercice 8 - 25), on dispose ainsi d’une
forme linéaire u définie sur E, valant ∥s∥ sur s et de norme 1. Il vient alors
Z Z Z Z
f = u(s) = u(f ) ≤ |u(f )| ≤ ∥f ∥
I I I I

puisque u est de norme 1 et par positivité de l’intégrale à valeurs réelles.


Dans le cas particulier où f est à valeurs dans un espace préhilbertien une forme
linéaire est donnée, en vertu du théorème de représentation de Frigyes Riesz, par le
produit scalaire. La forme linéaire la plus naturelle est ici x 7→ ⟨s | x⟩.
Dans le cas particulier où f  est à valeurs complexes, on considère la fonction g
1 
donnée par g(t) = Re(sf (t)) = sf (t) + sf (t) et il vient
2
1 1
 Z Z  Z Z Z
2
|s| = (ss + ss) = s f + s f = g ≤ |sf | = |s| |f |
2 2 I I I I I

par croissance de l’intégrale (sur R) et puisque Re(z) ≤ |z| pour tout nombre complexe
z. Il ne reste plus qu’à diviser par |s| après avoir écarté le cas trivial s = 0.

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396 8.7. COMPLÉMENTS

7 2 Fonctions d’une variable réelle

Limite de la dérivée - Cas de classe C n


Soit f de classe C n sur I \ {a} à valeurs réelles. Si, pour k dans J0; nK, il existe
ak dans R tel que lima f (k) = ak , alors f est prolongeable en a en une fonction
de classe C n sur I. En particulier si f est définie et continue en a, alors a0 = f (a)
Théorème 8 - 19 et f est de classe C n sur I.
Dans le cas général, en notant f˜ le prolongement de f à I, on a

∀k ∈ J0; nK , f˜(k) (a) = ak = lim f (k) .


a

Démonstration. C’est une récurrence immédiate au vu théorème déjà connu pour


n = 1. □

Darboux
Soit a et b deux réels avec a < b. On note I = [ a; b ] . Soit f une fonction
Théorème 8 - 20
dérivable sur I, i.e. dérivable à droite en a, dérivable à gauche en b et dérivable
en tous les autres points de I. Alors f ′ (I) est un intervalle.

Démonstration. Soit λ un réel compris entre f ′ (a) et f ′ (b) et distinct d’eux et g


la fonction sur I définie par g(x) = f (x) − λx. Alors g est dérivable sur I et, pour
démontrer l’assertion, il faut (et il suffit de) démontrer que g ′ s’annule.
On a g ′ (a)g ′ (b) ≤ 0 par hypothèse sur λ. Le cas g ′ (a)g ′ (b) = 0 donne alors directe-
ment l’existence d’un point d’annulation de g ′ .
On suppose maintenant g ′ (a)g ′ (b) < 0. Alors, si g admet un extremum local à la
fois en a et en b, ces extrema sont soit tous les deux des maxima, soit tous les deux
des minima. Il en résulte que g admet nécessairement un extremum sur ] a; b [ et donc
que g ′ s’y annule.
L’assertion en découle. □

Point fixe de Picard


Soit f une application contractante, i.e. k-lipschitzienne avec k < 1, de I dans
lui-même et x0 dans I. Alors la suite récurrente définie par xn+1 = f (xn ), pour
Théorème 8 - 21
tout n dans N, converge vers l’unique point fixe de f dans I et de plus, si ℓ est ce
point fixe, pour tout entier n on a |xn − ℓ| ≤ k n |x0 − ℓ|, i.e. la suite (xn ) converge
vers ℓ avec une vitesse au moins géométrique.

Démonstration. Pour n dans N, on a |xn+2 − xn+1 | ≤ k |xn+1 − xn |, de sorte que,


par une récurrence immédiate, |xn+1 − xn | ≤ k n |x1 − x0 | et donc
n
X 1 − kn 1
|xn − x0 | ≤ |xi − xi−1 | ≤ |x1 − x0 | ≤ |x1 − x0 | .
i=1
1−k 1−k

Il en résulte que la suite (xn ) est bornée. On note M = supn |xn |. De plus, d’après
le théorème de Bolzano-Weierstrass et sa réciproque partielle, (xn ) admet une
valeur d’adhérence et converge si et seulement si cette valeur d’adhérence est unique.
Soit alors p et q deux entiers. On a |xp+q − xp | ≤ k p |xq − x0 | ≤ 2M k p et l’unicité de
la valeur d’adhérence en résulte (en fait (xn ) est une suite de Cauchy). Soit donc ℓ la
limite de (xn ). Par continuité de f , ℓ est un point fixe de f . Puisque f est contractante,
ce point fixe est unique. Enfin la dernière propriété est immédiate. □

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 397

Théorème de Rolle généralisé


Théorème 8 - 22 Soit a et b, avec −∞ ≤ a < b ≤ +∞ et f dérivable sur ] a; b [ , à valeurs réelles.
On suppose lima+ f = limb− f , alors il existe c dans ] a; b [ tel que f ′ (c) = 0.

Démonstration. Soit φ une fonction de classe C 1 de ] 0; 1 [ sur ] a; b [ de dérivée


strictement positive. Le résultat est une conséquence du théorème de Rolle appliqué
à f ◦ φ, puisque φ′ ne s’annule pas. □

Cauchy - 1821
Soit f et g dans C 0 ([[ a; b ] , R) et dérivables sur ] a; b [ . On suppose que g ′ ne
f (b) − f (a)
Théorème 8 - 23 s’annule pas, alors g(b) ̸= g(a) et il existe c dans ]a; b [ tel que =
g(b) − g(a)
f (c)

.
g ′ (c)

f (b) − f (a) f (x)


Démonstration. On considère la fonction x 7→ et on lui applique
g(b) − g(a) g(x)
le théorème de Rolle. De plus g(b) ̸= g(a) puisque g ′ ne s’annule pas. □

On peut se contenter d’une hypothèse plus faible, à savoir : g(b) ̸= g(a) et g ′


ne s’annule pas en même temps que f ′ .
Par ailleurs, d’après le théorème de Darboux, g ′ (]]a; b [ ) est un intervalle et
Remarque 8 - 15
donc si g ′ ne s’annule pas, alors elle est de signe constant, et donc g est strictement
monotone. Néanmoins la stricte monotonie n’est pas suffisante pour garantir que
g ′ ne s’annule pas.

On termine cette succession de résultats hors-programme avec le théorème de


Guillaume-François-Antoine de L’Hospital, Marquis de Sainte-Mesme et du Mon-
tellier, Comte d’Antremonts, Seigneur d’Ourques et d’autres lieux. C’est en fait un
résultat de Johann Bernoulli que le dit (vain) Marquis s’est attribué sans vergogne.

Règle de L’Hospital - Johann Bernoulli (1692)


Soit f et g dérivables sur ] a; b [ avec g ′ ne s’annulant pas (donc de signe
constant). Si limb− f = limb− g et que cette valeur commune est soit nulle, soit
infinie. Alors
Théorème 8 - 24 f′ f f′
lim ′ existe ⇒ lim = lim ′ .
b− g b− g b− g

La limite de f ′ /g ′ peut être prise dans R, tout comme a et b.


Le même résultat est vrai, mutatis mutandis, en a+ .

Démonstration. C’est une conséquence directe du théorème de Cauchy dans le cas


où la limite est nulle, et presque directe dans le cas de la limite infinie. □

7 3 Module de continuité
On peut exprimer l’uniforme continuité en termes de module de continuité. On
introduit ωf la fonction définie sur R+ et à valeurs dans R+ ∪ {+∞}, avec

ωf (η) = sup ∥f (x) − f (y)∥ .


∥x−y∥≤η

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398 8.7. COMPLÉMENTS

On a alors : f est uniformément continue si et seulement si ωf est continue en 0.


Stricto sensu un module de continuité est une fonction nulle et continue en 0, définie
sur R+ et telle que, pour x et y dans A, ∥f (x) − f (y)∥ ≤ ω(∥x − y∥). Une fonction est
alors uniformément continue si et seulement si elle admet un module de continuité.
Les fonctions lipschitziennes correspondent à un module donné par une homothétie,
une fonction höldérienne correspond à ω(t) = ktα , une famille de fonctions partageant
le même module de continuité est dite uniformément équicontinue.

7 4 Démonstrations topologiques

Théorème de Heine
Avec la propriété de Borel-Lebesgue (cf. 6 - 9), on obtient une formulation
plus topologique : on fixe ε dans R+ ∗
et, pour x dans K, on dispose de rx dans
Idée R+ tel que B(x, rx ) ⊂ f (B(f (x), ε)). Comme les (B(x, rx /2))x∈K recouvrent
∗ −1

K, on peut en extraire un sous-recouvrement fini. Soit r le minimum des rx pour


les x apparaissant dans le sous-recouvrement fini. Alors si |y1 − y2 | < r et si
y1 ∈ B(x, rx /2), on a aussi y2 ∈ B(x, rx /2) et donc |f (y1 ) − f (y2 )| < 2ε.

Théorème de Weierstrass
Topologiquement, si on recouvre f (K) par des ouverts Vi , il en va de même
Idée
pour K par les ouverts f −1 (Vi ). On extrait un sous-recouvrement fini de K et
alors son image par f est un sous-recouvrement fini de f (K).

Théorème de Darboux
f (x) − f (y)
Pour y dans I, on définit la fonction gy sur I par gy (x) = si x ̸= y
x−y
et gy (y) = f ′ (y). Comme gy est continue, gy (I) est un intervalle. De plus, comme
Idée gy (x) = gx (y) si x ̸= y, les intervalles (gy (I))y∈I ont deux à deux une intersection
et il en résulte que leur réunion est un intervalle. Or f ′ (I) est inclus dans cette
réunion par définition, puisque gy (y) = f ′ (y), et le théorème des accroissements
finis montre que la réciproque est vraie. Il en résulte que f ′ (I) est un intervalle.

7 5 Critère de Cauchy
Les suites de Cauchy permettent une caractérisation de l’existence de limite sans
utiliser explicitement cette limite, au moins pour les fonctions à valeurs dans un espace
de Banach i.e. un espace vectoriel normé dans lequel toute suite de Cauchy converge
(on dit que l’espace est complet).

Critère de Cauchy
Soit F un espace de Banach, A une partie d’un espace vectoriel normé E, a
dans A et f : A → F . Alors f admet une limite en a si et seulement si
Théorème 8 - 25
∀ε ∈ R+∗
, ∃η ∈ R+

, ∀(x, y) ∈ A

(∥x − a∥ ≤ η ∧ ∥y − a∥ ≤ η) ⇒ ∥f (x) − f (y)∥ ≤ ε .

Démonstration. On applique le caractérisation séquentielle. Si f vérifie le critère


de Cauchy et si (xn ) est une suite de points de A convergeant vers a, alors (f (xn ))
est de Cauchy, donc convergente, puisque F est complet. Soit ℓ sa limite et soit (yn )
une suite quelconque de points de A tendant vers a. La suite donnée par u2n = xn et

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 399

u2n+1 = yn converge vers a et donc (f (un )) converge d’après ce qui précède. Sa limite
est nécessairement celle de sa suite extraite (f (xn )), i.e. ℓ et donc lim f (yn ) = ℓ. Par
caractérisation séquentielle, on a donc lima f = ℓ.
La réciproque résulte de l’inégalité triangulaire. □

L’utilisation principale est dans le théorème de prolongement des applications uni-


formément continues.

Soit f de A dans F , uniformément continue, et (un ) une suite de Cauchy,


Proposition 8 - 14 alors f (un ) l’est aussi. Autrement dit l’uniforme continuité préserve les suites de
Cauchy.

Prolongement des applications uniformément continues


Soit f de A dans F , uniformément continue, avec F de Banach. Soit B tel
Théorème 8 - 26 que A ⊂ B ⊂ A. Alors il existe un unique prolongement de f à B par continuité
(i.e. f˜|A = f et f˜ ∈ C 0 (B, F )). De plus f˜ est alors uniformément continue sur B.

Démonstration. Soit a dans B. Alors f admet une limite en a d’après le critère de


Cauchy. La fonction ainsi prolongée est alors continue. L’uniforme continuité s’obtient
par passage à la limite.
Soit ε > 0. On dispose de η comme dans la définition de l’uniforme continuité sur
A. Soit maintenant a et b dans B avec ∥a − b∥ ≤ η/2. On dispose alors de suites de
points de A, (an ) et (bn ) tendant respectivement vers a et b et telles que ∥an − bn ∥ ≤ η.
On a alors ∥f (an ) − f (bn )∥ ≤ ε et donc, par passage à la limite, ∥f (a) − f (b)∥ ≤ ε. □

7 6 Homéomorphie

Homéomorphisme
Soit A et B deux parties d’espaces vectoriels normés. Une fonction f de A
Définition 8 - 12
dans B est appelée homéomorphisme de A sur B si f est continue, bijective et de
fonction réciproque continue.

Un homéomorphisme est donc un isomorphisme d’espaces topologiques : les ouverts


de A et de B se correspondent par f . Il en est donc de même des fermés.

Dans le cas E = R toute bijection continue sur un intervalle de R est stric-


tement monotone et sa bijection réciproque est automatiquement continue, i.e.
les homéomorphismes sur un intervalle de R sont exactement les applications
Danger
strictement monotones continues.
Cette remarquable propriété ne se propage pas au cas général, mais on pourra
étudier l’exercice 8 - 63

Deux normes N1 et N2 sur E sont équivalentes si et seulement si l’identité est


Aparté
un homéomorphisme de E muni de N1 sur E muni de N2 .

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400 8.8. EXERCICES

Exercices
Continuité 8 -8 ⋆ Voisinage d’un convexe
Soit A une partie convexe non vide de E et r dans
8 -1 ⋆ Étude de la continuité ∗
R+ .
Les fonctions données sur R2 par max(x, y) et a. Démontrer que x 7→ d(x, A) est 1-lipschitzienne.
min(x, y) sont-elles continues sur R2 ? b. On pose Ar = {x ∈ E | d(x, A) ≤ r}. Démontrer que
Ar est fermé.
8 -2 ⋆ Étude de la continuité
c. Démontrer que Ar est convexe.
Les fonctions données, sur R2 privé de l’origine, par
8 -9 Ⓢ ⋆ Fonctions additives continues ♥
x4 y k
fk (x, y) = 6 sont-elles prolongeables par conti-
x + y4 Soit a un réel et f une fonction continue de R dans
nuité en l’origine lorsque k = 1, k = 3 ou k = 2 ? lui-même telle que f (1) = a et, pour tous réels x et y,
f (x + y) = f (x) + f (y).
8 -3 Ⓢ ⋆ Points fixes a. Démontrer f (n) = na pour n dans Z, puis f (1/q) =
Soit f continue du segment [ a; b ] dans lui-même. a/q pour q dans N∗ et enfin f (r) = ra pour r ∈ Q.
a. Démontrer, en considérant f (x) − x, que f admet un b. Conclure que f est linéaire.
point fixe (i.e. tel que f (c) = c). 8 - 10 Ⓢ ⋆⋆ Homomorphismes continus de
b. Démontrer que ce point fixe est unique lorsque f est (R+

, ×) dans (R, +)
décroissante. Soit f de R+ ∗
dans R, continue en 1 et vérifiant
c. Démontrer que c’est encore le cas si f est k- f (xy) = f (x) + f (y).
lipschitzienne avec k < 1 (i.e. |f (x) − f (y)| ≤ a. Démontrer que f est continue sur R+ ∗
(on écrira
k |x − y|). x + h = x(1 + h/x)).
b. En déduire qu’il existe une constante C telle que
8 -4 Ⓢ X ⋆ Équation fonctionnelle
f = C ln.
Soit f de [ 0; 1 ] dans R continue telle que f (0) =
8 - 11 Ⓢ M ⋆⋆ Uniforme continuité
f (1).
a. Démontrer que Soit f : R → R de classe C 1 .
h pour n ientier strictement positif,il
1 1 a. Démontrer que si f ′ est bornée, alors f est unifor-
existe x dans 0; 1 − tel que f (x) = f x + .
n n mément continue.
b. Soit a dans [ 0; 1 ] . b. Démontrer que si lim f ′ = +∞, alors f n’est pas
+∞
Existe-t-il au moins un x dans [0, 1 − a] tel que uniformément continue.
f (x) = f (x + a) ?
8 - 12 ⋆⋆ Minimum d’une fonction
8 -5 Ⓢ ⋆ Accroissement symétrique Soit f une fonction continue sur E telle que
Soit f une fonction de R dans R telle que, pour tout lim∥x∥→+∞ ∥f (x)∥ = +∞. Démontrer que f admet un
x réel, on ait lim (f (x + h) − f (x − h)) = 0. La fonction infimum et qu’elle l’atteint.
h→0
est-elle continue ? 8 - 13 ⋆⋆ Échange

8 -6 Ⓢ ⋆ Adhérence Soit A une partie bornée de R et B son complémen-


taire. Démontrer qu’il n’existe aucune fonction continue
Soit f une fonction continue d’une partie A de E telle que A ∩ f (A) = B ∩ f (B) = ∅.
dans F . Soit X dans A. Démontrer f (X) ⊂ f (X) et
donner un exemple pour lequel l’inclusion est stricte. 8 - 14 Ⓢ ⋆⋆ Graphe
Réciproquement démontrer que si, pour tout X dans A, Soit f une fonction de K dans F où K est un com-
f (X) ⊂ f (X), alors f est continue sur A. pact et F un espace vectoriel normé. Son graphe est dé-
fini par {(x, f (x)) | x ∈ K}. Démontrer que f est conti-
8 -7 Ⓢ ⋆ Densité nue sur K si et seulement si son graphe est compact.
Soit f et g deux fonctions continues d’une partie A
8 - 15 Ⓢ M 2018 ⋆⋆ Point fixe
de E dans F et X une partie dense dans A. Démontrer
que f (X) est dense dans f (A) et que si f et g coïncident Soit f et g de [ 0; 1 ] dans lui-même, continues et
sur X, elles sont égales. telles que f ◦ g = g ◦ f .

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 401

a. Démontrer que g admet au moins un point fixe que Généraliser au cas où φ est une application linéaire
l’on note a. à valeurs dans un espace vectoriel de dimension finie.
b. On suppose maintenant ∀x ∈ [ 0; 1 ] , f (x) > g(x).
8 - 22 ⋆⋆⋆ Point fixe
Démontrer que la suite (f n (a))n∈N est strictement
croissante. On munit R2 de la norme ∥·∥1 . Soit f l’application
c. En déduire qu’il existe c dans [ 0; 1 ] tel que f (c) = donnée par
g(c). 
1 2

f (x, y) = sin(x + y), 1 + arctan(x − y)
8 - 16 Ⓢ X 2018 ⋆⋆ Point fixe 4 3

Soit I un segment non vide de R et f de I dans a. Démontrer que f est contractante, i.e. qu’elle est k-
I, 1-lipschitzienne. Soit a un point de I et (xn )n∈N la lipschitzienne avec k < 1.
suite d’éléments de I définie par x0 = a et xn+1 = b. En déduire que le système
f (xn ) + xn
. Démontrer que (xn ) converge vers un point 
1
2 sin(x + y) = x
fixe de f .

4
Indication : On pourra remarquer que f +Id est crois- 2
 1 + arctan(x − y) = y
sante. 3

8 - 17 Ⓢ ⋆⋆ Graphe admet une unique solution dans R2 .


Soit f une fonction de A dans F . Son graphe est c. La fonction f est-elle contractante pour la norme
défini par {(x, f (x)) | x ∈ A}. ∥·∥∞ ?
a. Démontrer que si f est continue sur A alors son 8 - 23 Ⓢ ⋆⋆⋆ Point fixe de Banach ♥
graphe est fermé (en tant que partie de A × F ).
Soit K un compact dans un espace vectoriel normé
b. Démontrer que la réciproque est fausse en général.
et f une application de K dans K vérifiant pour tous x
c. Démontrer que la réciproque est vraie si f (A) est et y dans K, distincts, ∥f (x) − f (y)∥ < ∥x − y∥.
inclus dans un compact.
a. Démontrer que f admet un unique point fixe.
8 - 18 Ⓢ ⋆⋆ Norme sur R[X] b. Soit u0 dans K et la suite (un )n∈N dans K N défine
Soit A une partie de R. On définit sur R[X], N (P ) = par un+1 = f (un ). Démontrer qu’elle converge vers
sup |P (x)|. le point fixe de f .
x∈A c. On suppose seulement f contractante (i.e. 1-
a. À quelle condition sur A, N est-elle une norme ? lipschitzienne). Démontrer que si K est convexe alors
b. Si tel est le cas, à quelle condition P 7→ P (0) est-elle f admet un point fixe (non nécessairement unique).
continue ? Indication : on pourra considérer la suite de fonc-
1 1
 
8 - 19 Ⓢ ⋆⋆ Forme linéaire continue tions définie par fn (x) = 1 − f (x) + f (x0 )
n n
pour un x0 quelconque de K.
On considère R[X] et a dans R. L’évaluation en a
(i.e. P 7→ P (a)) est-elle continue pour la norme uniforme 8 - 24 Ⓢ ENS L ⋆⋆⋆ Fonctions contractantes
sur [ 0; 1 ] , i.e. ∥P ∥ = sup[ 0;1 ] |P | ? pour la norme 1 sur
Z 1 On note Lip1 l’ensemble des fonctions 1-
[ 0; 1 ] , i.e. ∥P ∥ = |P | ? lipschitziennes de R vers R.
0
a. Soit x0 et y0 dans R. Démontrer qu’il existe f + et
8 - 20 ⋆⋆ Application linéaire continue f − dans Lip1 tels que f ± (x0 ) = y0 et vérifiant :
pour tout f dans Lip1 telle que f (x0 ) = y0 , on ait
Soit E l’espace vectoriel normé C 0 ([[ 0; 1 ] , R) muni f − ≤ f ≤ f +.
de la norme ∥·∥1 .
Z x
b. Soit F un fermé de R, et f0 : F → R 1-
a. On pose u(f ) : x 7→ f (t) dt. Démontrer u ∈ lipschitzienne. Démontrer qu’il existe f + et f − dans
0 Lip1 tels que f|F±
= f0 et vérifiant : pour toute f
Lc (E). dans Lip1 telle que f|F = f0 , on ait f − ≤ f ≤ f + .
b. On pose fn (t) = ne−nt . Calculer ∥fn ∥1 et ∥u(fn )∥1 .
c. En déduire |||u|||. 8 - 25 Ⓢ ⋆⋆⋆ Théorème de Hahn-Banach ♠
Soit E un espace vectoriel normé de dimension finie.
8 - 21 Ⓢ ⋆⋆⋆ Forme linéaire continue Démontrer que toute forme linéaire continue d’un
Soit φ une forme linéaire sur E. Démontrer que φ sous-espace vectoriel de E peut être prolongée en une
est continue si et seulement si Ker(φ) est fermé. forme linéaire continue sur E et de même norme.

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402 8.8. EXERCICES

Hans Hahn, 1879–1934 et Stefan Banach, 1892– ,


1945. 8 - 31 Ⓢ ⋆⋆ ♥♥
8 - 26 Ⓢ C 2013 ⋆⋆⋆ Monotonie Soit f continue de [ a; b ] dans R et, pour n dans N,
Rb
Existe-t-il une fonction continue de [ 0; 1 ] dans R In = a f (t)tn dt. Démontrer que si I0 = · · · = In = 0,
telle que f ne soit monotone sur aucun segment de alors f s’annule au moins n + 1 fois sur ] a; b [ .
[ 0; 1 ] ? 8 - 32 Ⓢ ⋆⋆⋆ Inégalité triangulaire
Démontrer l’inégalité triangulaire en suivant les in-
Intégration
dications suivantes : démontrer l’inégalité dans le cas des
8 - 27 Ⓢ M 2017 ⋆ fonctions en escalier. Soit alors (ei )1≤i≤n une base de E
et ∥·∥∞ la norme infinie relativement à cette base. Par
n
X np+1 équivalence des normes, on dispose de C dans R+ ∗
tel
Soit p un entier naturel. Démontrer kp ∼
p+1 que ∥·∥ ≤ C ∥·∥∞ . Démontrer que pour I = [ a; b ] , f
quand n tend vers +∞.
k=1
dans Cmcx
0
(I, E) et φ en escalier sur I, on a
Z Z
8 - 28 Ⓢ M 2017 ⋆ f ≤ ∥f ∥ + C(b − a) sup ∥f − φ∥∞
I
Soit f : [ 0; 1 ] → R continue et d dans N∗ . Démon- I I
Z
Z 1
Sn 1 X k
+C (f − φ)
trer lim = f (t) dt avec Sn = f .
n d 0 n I ∞
0≤k≤n
d|k puis conclure.

8 - 29 Ⓢ ⋆ Approximation uniforme
Développements limités
Démontrer que la suite de fonctions en escalier dé-
1 8 - 33 ⋆
finie par φn (x) = 0 si |x| > et φn (x) = n sinon,
2n
vérifie, pour toute fonction continue f nulle en dehors a. Déterminer lim (cos(x))ln(x) .
d’un intervalle compact [ a; b ] et à valeurs dans E x→0+

b. DL d’ordre 3 en 0 de : (x3 + 1) 1 − x.
Z b √
lim sup f (x)φn (ξ − x) dx − f (ξ) = 0 . c. DL d’ordre 3 en 0 de : (x3 + 1) 1 − x2 .
n→∞ a≤ξ≤b
a 1 p
d. DL d’ordre 3 en 0 de : 1 − 4x3 .
1 − x3
8 - 30 Ⓢ ⋆⋆ Suite de Dirac e. DL d’ordre 3 en 0 de : (1 − x3 ) ln(1 − 4x2 ).
Une suite de Dirac est une suite (φn )n∈N de fonc- f. DL d’ordre 5 en 0 de : cos (arcsin(t)).
tions de R dans R+ vérifiant sin(x) − 1
g. DL d’ordre 2 en 0 de : .
i. ∀x ∈ R, 0 ≤ φn (x) ≤ φn (0). 1 + cos(x)
+∞
h. DL d’ordre 3 en 0 de : cos(x) ln(1 + x).
Z
ii. lim φn (x) dx = 1.   x(x + 1)
n 1
−∞ i. Équivalent simple en +∞ de exp − .
iii. ∀ε ∈ ∗
R+ , ∀δ ∈ ] 0; 1 [ , ∃N ∈ N∗ , ∀n ≥ N x 1 + x2
Z δ
8 - 34 ⋆⋆
1−ε< φn (x) dx ≤ 1 2x
−δ a. Limite en 0 de :  − cos(x).
1+x

et ln
1−x
b. DL d’ordre 2 en 0 de : ln αt + β t .

Z −δ Z +∞
0≤ φn (x) dx + φn (x) dx ≤ ε . c. DL d’ordre 2 en 0 de :
−∞ δ

(x9 − 4x7 + 11x5 − x3 − x2 + 1) 1 + x .
Déterminer les constantes cn telle que les fonctions
définies
 par φn (x) = 0 si |x| > 1 et φn (x) = d. DL d’ordre 2 en 0 de :
πx n
cn cos sinon, forment une suite de Dirac. Dé-
p
2 (x9 + 4x7 + 11x5 − 3x3 − x + 1) 1 + 2x2 .
montrer qu’alors c’est effectivement une suite de Dirac.
1 + x2
e. DL d’ordre 3 en 0 de : .
Cette suite est la base d’une démonstration de la 3+x
p
version trigonométrique du théorème de Weierstraß. f. DL d’ordre 3 en π/4 de : tan(t).

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 403

g. DL d’ordre 6 en 0 de : sin(x) cos(2x). b. Trouver la limite et un équivalent de la suite


h. DL d’ordre 3 en 0 de : (1 + x)1/x . (xn )n∈N∗ .
i. DL d’ordre 3 en 0 de : (1 + tan(x))1/x . 8 - 38 ⋆⋆⋆
p √
j. DL d’ordre 2 en 0 de : 1 + 1 + t. a. Limite éventuelle en 2 de :
1 1 2t − t 2
k. Équivalent simple en 0 de : − . .
sin(x) sh(x) log2 (t) − logt (2)
1 1
l. Équivalent simple en 0 de : − . b. Équivalent simple en 0 de :
ln(1 + x) x
1 1 e
 
m. Équivalent simple en 0 de : − . exp(arcsin(x)) − ln .
ln(1 − x) tan(x) 1−x
n. DL d’ordre 3 en 0 de : c. DL d’ordre 7 en 0 de : tan(t).
d. DL d’ordre 7 en 0 de : th(t).
argsh (exp(t)) − exp (argsh(t)) . 1
e. DL d’ordre 3 en 0 de : ln (ch(t)).
t
o. Équivalent simple en 0 de :
f. DL d’ordre 2 en 0 de : (1 + arctan(x))x/ sin(x) .
2
tan(sin(t)) − sin(tan(t))) . g. DL d’ordre 2 en 0 de : (1 + arctan(x))x/ sin (x)
.
2
h. DL d’ordre 2 en 0 de : (1 + tan(x)) x/ sin (x)
.
p. DL d’ordre 4 en 0 de :
i. DL d’ordre 3 en π/4 de : (tan(t))tan(2t) .
√ 
sin(ln(1 + t)) − ln(1 + sin(t)) . ch( t)

j. DL d’ordre 4 en 0 de : ln √ .
cos( t)
q. Soit f (x) = sin(x − x2 ). Déterminer un DL d’ordre
1 + sin(x)
 
3 en 0 de : f (2x) − f (x). k. DL d’ordre 4 en 0 de : ln .
cos(x)
8 - 35 Ⓢ ⋆⋆ Développement limité implicite l. DL d’ordre 5 en 0 de : exp(sin(t)/t).
m. DL d’ordre 5 en 0 de :
a. Démontrer que, pour tout entier naturel n, tan
ai un unique point exp(sin(t)/t) − exp(t/ sin(t)) .
h fixe, noté xn , dans l’intervalle
π π
nπ − ; nπ + . n. Limite en 0 de :
2 2
b. Quelle relation lie xn et arctan(xn ) ? sin(sh(x)) − sh(sin(x))
.
tan(th(x)) − th(tan(x))
c. Donner un développement asymptotique de xn en
fonction de n à l’ordre 0 pour n → ∞. o. DL d’ordre 3 en 0 de : exp(arcsin(x)).
d. En déduire un développement asymptotique de xn à p. DL d’ordre 4 en 0 de : x (ch(x))1/x .
l’ordre 2. q. DL d’ordre 3 en 0 de :
x π
  
8 - 36 Ⓢ ⋆⋆ Développement limité implicite sh(x) − ln tan + .
2 4
Soit fn la fonction définie par fn (x) = x cosn (x) et
xn la valeurh où elle
i atteint son maximum au sein de 8 - 39 Ⓢ ⋆⋆⋆ Développement limité de f −1
π
l’intervalle 0; . a. Soit P dans R[X] de valuation 1. Démontrer que,
2
a. Démontrer l’existence et unicité de xn . pour tout entier naturel n, il existe deux polynômes
Qn et Rn uniques tels que :
b. Calculer lim xn .
n→∞ (
1 X = Qn ◦ P + Rn
c. Démontrer x2n ∼ .
n deg(Q)n ≤ n < val(Rn ).
d. Donner un équivalent de fn (xn ).
b. Soit f une bijection de I dans J, avec I et J deux
8 - 37 Ⓢ X 2000 ⋆⋆ Développement limité impli- intervalles contenant 0, et telle que
cite f (x) = a1 x + a2 x2 + · · · + an xn + o (xn )) ,
ln |x − 2|
Soit f définie par f (x) = . avec a1 ̸= 0, au voisinage de 0.
ln |x|
Démontrer que f −1 admet un développement limité
a. Démontrer que, pour tout entier naturel non nul n, en 0 à l’ordre n, et en donner les deux premiers
1
il existe un unique réel xn vérifiant f (xn ) = 1 − . termes.
n

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404 8.8. EXERCICES

8 - 40 Ⓢ M 2001 ⋆⋆⋆ Développement limité im- 8 - 45 Ⓢ ⋆⋆ Repère mobile ♠


plicite Soit e1 ,, e2 , e3 trois applications d’un intervalle I de
R à valeurs dans R3 et de classe C 1 telles que pour tout
a. Démontrer que, pour n entier naturel non nul,
t dans I, Bt définie par Bt = (e1 (t), e2 (t), e3 (t)), soit une
l’équation ex = n − x admet une unique solution
base orthonormée de R3 .
positive xn .
a. Soit M (t) la matrice 3 × 3 des vecteurs dérivés
b. Déterminer les trois premiers termes du développe-
(e′1 (t), e′2 (t), e′3 (t)) exprimés dans Bt . Démontrer que
ment asymptotique de xn en fonction de n.
M (t) est antisymétrique.
8 - 41 Ⓢ C 2001 ⋆⋆⋆ Développement limité im- b. En déduire qu’il existe un vecteur Ω(t) tel que, pour
plicite i entre 1 et 3 et t dans I, on ait e′i (t) = Ω(t) ∧ ei (t).
Pour tout entier naturel non nul n, on pose c. Si e1 , e2 , e3 sont de classe C 2 , démontrer que Ω est
de classe C 1 et calculer e′′i en fonction de Ω, Ω′ et
1 ei .
fn (x) = nxn+1 − (n + 1)xn − .
2
8 - 46 Ⓢ ⋆⋆ Accélération centrale ♠
a. Démontrer que fn admet une unique racine positive
notée xn . Soit f une fonction de classe C 2 d’un intervalle I de
R à valeurs dans R3 et telle que, pour tout t dans I, la
b. Démontrer que la suite (xn )n∈N∗ converge vers une
famille (f (t), f ′′ (t)) soit liée. On pose σ(t) = f (t) ∧ f ′ (t).
limite ℓ et trouver un équivalent de xn − ℓ.
a. Démontrer que σ est constant.
8 - 42 Ⓢ ⋆⋆⋆ Constantes de n-nacci b. Démontrer que, s’il existe t0 dans I tel que
(f (t0 ), f ′ (t0 )) soit libre, alors f (I) est inclus dans
a. Pour n supérieur à 2, on note Pn le polynôme un plan.
X n − X n−1 − · · · − X − 1. Démontrer qu’il admet
une unique racine positive. 8 - 47 Ⓢ ⋆⋆ Direction constante
b. On note cette racine xn (appelé nombre de métal ou Soit f une fonction de classe C 1 d’un intervalle I de
constante de n-nacci). Démontrer R à valeurs dans R3 euclidien et telle que, pour tout t
dans I, on ait f (t) ̸= 0 et la famille (f (t), f ′ (t)) soit liée.
xn = 2 − 2−n + o 2−n

. f (t)
On pose g(t) = .
∥f (t)∥
c. Donner un développement asymptotique de xn à
l’ordre n2 2−3n . a. Démontrer que g est de classe C 1 et que g ′ (t) est à
la fois orthogonal et colinéaire à g(t).
8 - 43 Ⓢ ENS 2001 ⋆⋆⋆ ♠ b. En déduire que f (t) garde une direction constante.
Soit P et Q deux polynômes à coefficients réels, non c. Chercher un contre-exemple lorsqu’on retire la pro-
constants, de coefficients dominants positifs. priété : ∀t ∈ I, f (t) ̸= 0.
On note (xi )1≤i≤p les racines de P ′ , avec x1 < x2 <
· · · < xp , et m1 , . . . , mp leurs multiplicités respectives. 8 - 48 Ⓢ ⋆⋆ Déterminants
De même pour Q′ , on note (yi )1≤i≤q ses racines, avec
y1 < y2 < · · · < yq , et n1 , · · · , nq leurs multiplicités. x + a1 x x
Démontrer qu’il existe un C 1 -difféomorphisme crois- Calculer par dérivation x x + a2 x ,
sant f de R sur R tel que P ◦ f = Q si et seule- x x x + a3
ment si : p = q et, pour tout entier i dans J1; pK, on
a P (xi ) = Q(yi ) et mi = ni . 1 cos(x) sin(x)
xi−j+1 δi+1≥j
1 cos(x + a) sin(x + a) et (i − j + 1)! .
Dérivation des fonctions à valeurs vectorielles
1 cos(x + b) sin(x + b)
8 - 44 Ⓢ ⋆ Vecteurs liés
8 - 49 Ⓢ ⋆⋆ Trace
Soit f et g deux applications d’un intervalle I de R
Soit A dans Mn (R). Démontrer que t 7→ det(In +tA)
et à valeurs dans un espace vectoriel E, de dimension
est dérivable en 0 et calculer sa dérivée en 0.
finie, de classe C 1 .
a. On suppose que, pour tout t dans I, (f (t), g(t)) est 8 - 50 Ⓢ ⋆⋆ Centre de gravité
liée. En est-il de même pour (f ′ (t), g ′ (t)) ? Soit f de [a, b] dans R2 une courbe paramétrée de
b. On suppose que, pour tout t dans I, (f (t), g (t)) est
′ ′ classe C 1 de longueur non nulle. On note indifféremment
liée. Existe-t-il un vecteur c de E tel que f − c et g Mt ou f (t). Le centre de gravité de la courbe est le point
Rb −−−→ −

sont colinéaires ? G défini par a ∥f ′ (t)∥ GMt dt = 0 .

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CHAPITRE 8. ANALYSE FONCTIONNELLE 405

a+b
 
a. Démontrer l’existence et l’unicité de G. Démontrer b. On suppose f ′ (a) = f ′ (b) = f ′ = 0. Dé-
qu’il est indépendant du paramétrage choisi. 2
M (b − a) 5
b. Déterminer le centre de gravité d’un demi-cercle. montrer |f (b) − f (a)| ≤ .
2880
c. ⋆⋆⋆ Démontrer que G appartient à l’enveloppe
8 - 57 Ⓢ ⋆⋆ Minoration
convexe de la courbe.
d. Soit u une isométrie affine. Démontrer que si G est a. Soit f dans C 2 (R, R). Démontrer que, pour a dans
le centre de gravité de f , alors u(G) est le centre de [ − x; x ] , on a
gravité de u ◦ f .
1 a2 + x2
e. Démontrer que si la courbe admet un axe de symé- f ′ (a) ≤ |f (x) − f (−x)| + sup f ′′ .
2x 2x
trie, ∆, alors G ∈ ∆. ] −x;x [

8 - 51 Ⓢ M 2017 ⋆⋆⋆ Matrices nilpotentes ♥ b. Démontrer que, si 0 ≤ x ≤ π/2, on a sin(x) ≥


x cos(x) − x2 .
Soit A dans Mn (C). Démontrer que A est nilpo-
tente si et seulement s’il existe une suite de matrices 8 - 58 Ⓢ ⋆⋆⋆ Différences finies ♥
semblables à A convergeant vers la matrice nulle. Soit f dans C ∞ (R, R) et h un réel strictement po-
sitif. On pose :
8 - 52 Ⓢ C 2019 ⋆⋆⋆ Valeurs propres dans un
f x+ h
 h

compact −f x−
∆h f (x) = 2 2
,
Soit K un compact de C. Démontrer que les matrices h
dans Mn (C) dont toutes les valeurs propres sont dans f (x + h) − 2f (x) + f (x − h)
K forment une partie fermée de Mn (C). ∆2h f (x) =
h2
et, plus généralement,
Formules de Taylor
∆ph = ∆h ◦ ∆h ◦ · · · ◦ ∆h .
8 - 53 Ⓢ ⋆ Déterminant
| {z }
p fois

Soit f une fonction de R dans lui-même


a. Démontrer ∀x ∈ R, ∃θ ∈ ] − 1; 1 [ ,
et trois fois continûment dérivable en a. Étudier
1 f (a) f (a + h) θh
 
1 ∆h f (x) = f ′ x + .
lim 2
h→0 h4
1 f (a + h) f (a + 2h) .
1 f (a + 2h) f (a + 3h) b. Démontrer ∀x ∈ R, ∃θ′ ∈ ] − 1; 1 [ ,
 
′ h2 (3) θ′ h
8 - 54 Ⓢ ⋆⋆ Fonction nulle ∆h f (x) = f (x) + f x+ .
24 2
Soit f dans C ∞ (R, R) et λ dans R+ ∗
tels que, pour
tout entier naturel n, on ait f (0) = 0 et f (n) ∞ ≤
(n)
c. Démontrer par récurrence sur l’entier naturel p :
λn n! . ∀x ∈ R, ∃θp ∈ ] − p; p [ ,
Démontrer que f est nulle sur l’intervalle − λ1 ; λ1 ,
 
ph2 (p+2) θp h
 
puis sur R. ∆ph f (x) = f (p) (x) + f x+ .
24 2
8 - 55 Ⓢ ⋆⋆ Fonctions absolument monotones
8 - 59 Ⓢ ⋆⋆⋆ Inégalités de Kolmogorov ♥
Soit f dans C ∞ (R, R) telle que, pour tout entier
naturel n et tout réel x, on ait f (n) (x) > 0. a. Soit f dans C 2 (R, R+ ) avec ∥f ′′ ∥∞ ≤ M .
Démontrer que, pour tout entier naturel n, i. Démontrer que, pour tous réels x et y, on a
f (x) y2
lim = +∞. f (x) + yf ′ (x) + M ≥ 0.
+∞ xn
2
ii. En
p déduire que, pour tout réel x, on a |f (x)| ≤

8 - 56 Ⓢ ⋆⋆ Formule de Simpson
2M f (x).
Soit f dans C 5 (R, R) dont la dérivée cinquième est iii. Que
p dire de f si, pour tout réel x, on a |f (x)| =

bornée sur R par un réel M .
2M f (x) ?
a. On suppose f impaire et telle que f ′ (0) = 0. Dé- b. Soit n un entier naturel supérieur à 2 et f dans
montrer qu’il existe un réel λ tel que : C n (R, R) telle que f et f (n) soient bornées sur R.
x ′ On veut démontrer que les dérivées intermédiaires
∀x ∈ R , f (x) − f (x) ≤ λM x5 . sont également bornées sur R.
3

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406 8.8. EXERCICES

i. On suppose n = 2. Démontrer que, pour x Indication : on pourra considérer, pour n et m en-


réel tout h strictement positif, on a |f ′ (x)| ≤ tiers naturels, l’ensemble des x dans R tels que, pour
2 ∥f ∥∞ h ∥f ′′ ∥∞ tous p et q supérieurs à n, ∥fp (x) − fq (x)∥ ≤ 2−m
+ .
h 2 et démontrer que la réunion à m fixé de l’intérieur
ii. Pour quelle valeur de h obtient-on la meilleure ces fermés est un ouvert dense de R. Puis démon-
inégalité ? trer que l’intersection de ces ouverts denses, pour m
variant, est dense.
iii. Traiter le cas général en utilisant l’exercice pré-
cédent. b. En déduire que les points de continuité de la dé-
rivée d’une fonction dérivable de R dans lui-même
Compléments forment une partie dense dans R.

8 - 60 ⋆⋆⋆ Théorème de Tietze 8 - 62 ⋆⋆⋆ Complétude ♠


Soit E et F deux espaces vectoriels normés.
a. Soit A et B deux fermés disjoints de E, démontrer
a. Démontrer que si F est complet, Lc (E, F ) aussi.
qu’il existe une fonction continue de E dans [ 0; 1 ]
dont la restriction est nulle sur A et identiquement b. On admet le théorème de Hahn-Banach général,
égale à 1 sur B. i.e. que toute forme linéaire continue d’un sous-
espace vectoriel de E peut être prolongée en une
b. Soit A un fermé de E et f une fonction continue de
forme linéaire continue sur E et de même norme.
A dans R. Démontrer que f admet un prolongement
Démontrer la réciproque de l’assertion précédente.
continu à E, i.e. il existe g de E dans R continue et
telle que g|A = f . 8 - 63 Ⓢ ⋆⋆⋆ Théorème de Banach ♠
c. En n’utilisant pas la métrique sur E, démontrer la Soit E et F deux espaces de Banach et u dans
réciproque du théorème de Tietze : si toute fonction Lc (E, F ), surjective.
continue sur un fermé de E admet un prolongement
a. Démontrer qu’il existe un entier k tel que Ak défini
continu à E tout entier, alors, étant donné deux fer-
par
més disjoints de E, il existe deux ouverts U et V
Ak = {u(x) | x ∈ E , ∥x∥ ≤ k}
disjoints contenant chacun un des deux fermés.
est tel que l’intérieur de son adhérence est non vide.
d. Démontrer la version générale du théorème de
Tietze-Urysohn. En utilisant uniquement la pro- b. Démontrer qu’il existe η dans R+ ∗
tel que, pour
priété précédente de E (voir aussi exercice 6 - 27), tout élément y de F avec ∥y∥ ≤ η, il existe une
i.e. « étant donné deux fermés disjoints de E, il suite (xn )n∈N dans E N vérifiant ∥xn ∥ ≤ 2k et
existe deux ouverts U et V disjoints contenant cha- y = lim u(xn ).
cun un des deux fermés », démontrer que les conclu- c. On pose δ = η/(2k). Démontrer que, pour y dans F
sions des questions a. et b. sont encore valides. et ε dans R+

, il existe x dans E vérifiant δ ∥x∥ ≤ ∥y∥
i. Pour la première question (lemme d’Urysohn), et ∥y − u(x)∥ ≤ ε.
on pourra procéder par dichotomies successives. d. Pour de tels y et ε, avec ∥y∥ < δ, en déduire l’exis-
tence d’une suite (xn )n∈N dans E N vérifiant :
ii. En ce qui concerne la seconde question, démon-
trer l’existence d’un prolongement si f est à va- — ∥x1 ∥ < 1,
leurs dans un segment [ − a; a ] en construisant — ∥xn+1 ∥ ≤ 2−n ε, pour n ∈ N∗ ,
une série de fonctions continues prolongeant f — ∥y − u(x1 ) − · · · − u(xn )∥ ≤ 2−n δε, pour n ∈
et à valeurs dans le même segment. Puis étendre N∗ .
le résultat au cas d’un intervalle ouvert ] −a; a [
e. En déduire que pour de tels y, il existe x dans E de
et enfin retirer l’hypothèse f bornée.
norme inférieure à 1 et tel que y = u(x).
Pavel Samouilovitch Urysohn, 1898–1924, s’est f. En déduire le théorème de Banach : si u est une
noyé le long des côtes bretonnes. Heinrich Tietze, 1880– application linéaire continue et bijective entre deux
1964. espaces de Banach, alors sa réciproque est continue.
8 - 61 Ⓢ ⋆⋆⋆ Points de continuité de la dérivée 8 - 64 ⋆⋆⋆ Limite nulle
a. Soit (fn )n∈N une famille de fonctions continues de Soit f dans C (R+ , R) vérifiant, pour tout x dans
R dans un espace vectoriel normé F . On suppose

R+ , lim f (nx) = 0. Démontrer, en utilisant 6 - 59,
n→+∞
que la famille converge simplement vers une fonc- lim f (x) = 0.
tion f , i.e. pour tout x dans R, lim fn (x) = f (x). x→+∞

Indication : on introduira l’ensemble des x dans R+
Démontrer, en utilisant 6 - 59, que f est continue
tels que, pour tout k supérieur à n, on a |f (kx)| ≤ ε.
sur une partie dense de R.

François Sauvageot - Lycée Lesage - Vannes - c b n a - 2022-2023

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