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Quentin Ludwig
Introduction
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©DOVER
Vautours ailes déployées (Nekhbet)
La civilisation égyptienne, sans doute une des plus anciennes civilisations au monde, qui
connaissait déjà l’écriture alors que l’Europe vivait encore à l’âge des cavernes, s’étend sur
une période de près de cinq mille ans ; c’est dire que plus de siècles séparent le Christ du
premier pharaon égyptien que de siècles nous séparent du Christ. Point n’est besoin de
long discours pour rappeler tous les progrès techniques accomplis pendant ces 2000 ans,
et tout particulièrement ces dernières années… Le lecteur comprendra donc immédiate-
ment que malgré une stabilité extraordinaire (que l’on songe, par exemple, que les nomes
ou territoires administratifs sont restés à peu de choses près identiques durant toute la
civilisation égyptienne), il y a eu des changements en Égypte et qu’il n’est pas toujours
possible de généraliser et d’affirmer qu’en Égypte ceci ou cela était comme cela : ce qui est
vrai au Moyen Empire ne l’est peut-être plus au Nouvel Empire ou sous les Ptolémées. Il
faut donc apprendre à relativiser et ne pas s’enfermer dans des schémas comme celui qui
affirme que le pharaon épouse toujours sa sœur… Voici pour la première remarque.
© Eyrolles Pratique
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Introduction
Nome
Le terme grec nome (de nomoi = district) désigne une division territoriale de l’Égypte.
Les Égyptiens utilisaient le terme sepat. Les nomes (de 38 à 42 selon les époques) dis-
posaient d’un emblème, d’une capitale et d’une divinité tutélaire. Un peu comme
dans un État fédéral (divinité exceptée). Il est intéressant de noter que tant la surface
des nomes que leurs attributs sont restés très stables durant plus de 3000 ans, de la
période prédynastique à l’Égypte romaine (époque à laquelle ils frappaient même leur
propre monnaie). À la tête de chaque nome, le pharaon plaçait un nomarque. Pour le
touriste éclairé ou l’égyptologue amateur, il est intéressant de connaître l’emblème
des différents nomes car cela permet de donner un nom à une divinité représentée sur
un dessin ou sculptée dans la pierre. Ainsi, nous disposons de plusieurs statues des
triades représentant le pharaon Mykérinos accompagné de la déesse Hathor et d’une
divinité tutélaire d’un nome. L’emblème du nome permet de donner un nom à cette
divinité (voir page 158).
Égypte
L’Égypte est le pays le plus religieux qui soit, disait Hérodote. Nous aurons l’occasion
de le montrer. Signalons, dès maintenant, que son nom même est un nom religieux.
En effet, ce mot est dérivé (en passant par le grec) de l’expression égyptienne Hewet-
ka-Ptâh, ce qui signifie « la demeure de l’esprit de Ptâh ». Ptâh, le plus anciens des
dieu, étant aussi le créateur du monde.
t
Si nous voulions simplement citer tous régné –, un ouvrage comme celui-ci suffi-
les pharaons – en nous contentant de rait à peine à cette nomenclature sans
donner leur nom complet, les dates de fioritures. En effet, il y aurait plus de
début et de fin de règne, les éventuels 300 pharaons à citer. Cette seconde
temples ou pyramides associés à leur remarque suffit à montrer les limites de
nom et, pour terminer le nom de leur notre ouvrage, lequel ne couvre qu’une
épouse principale et des enfants ayant infime partie de ce que nous savons
© Eyrolles Pratique
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©DOVER
Le cheval est très vraisemblablement arri-
vé en Égypte avec les envahisseurs
Hyksôs (1600 avant l’è.c.). En égyptien, les
mots désignant les chevaux (susim) et
leurs chars (markabot) confirment leur
origine sémitique. Si le cheval n’a jamais
été déifié, c’est qu’il est arrivé trop tard
pour participer à la création du panthéon
égyptien. Ni le pharaon, ni les nobles ne
montaient à cheval mais aimaient à para-
der dans un sulky tiré par des chevaux.
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Introduction
Introduction
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©COREL
Mur d’un temple
Les murs de nombreux temples sont gravés
de figures de dieux et de représentations du
pharaon. Ici, c’est une représentation de la
déesse Hathor et du dieu Horus à tête de
faucon. Les deux sont reconnaissables à
leur couronne.
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Introduction
couronne de tataten
globe solaire
lotus
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L’Enquête d’Hérodote
Dans un des premiers guides touristiques au monde, le Grec Hérodote écrivait : « De
même que l’Égypte a un autre ciel que les autres pays, et de même que son fleuve
jouit d’un autre régime que les autres fleuves, de même aussi les Égyptiens ont, en
général, des mœurs et des institutions opposées à celle des autres nations. Chez eux,
les femmes8 vont au marché et s’occupent du commerce, tandis que les hommes
restent au logis occupés à tisser. Les autres peuples tissent en poussant la trame de
bas en haut, les Égyptiens en la poussant de haut en bas. Les hommes portent les
fardeaux sur la tête, les femmes sur l’épaule. Ils satisfont aux besoins naturels dans
leur maison et prennent leurs repas au dehors sur les chemins, car, disent-ils, on doit
faire en secret ce qui est honteux mais nécessaire, tandis que, ce qui n’est pas hon-
teux, on peut le faire au grand jour. (…) Si les fils ne veulent pas nourrir leurs parents,
personne ne peut les y contraindre, mais les filles y sont tenues, même contre leur
gré. Alors qu’ailleurs les prêtres conservent leur chevelure, en Égypte, ils la rasent.
Chez les autres peuples, les proches parents se coupent les cheveux en signe de deuil,
mais les Égyptiens, à la mort d’un des leurs, laissent pousser leurs cheveux et leur
barbe. Dans les autres pays, la demeure des hommes est séparée de celle du bétail, les
Égyptiens vivent avec lui. Les autres peuples se nourrissent de froment et d’orge, chez
les Égyptiens cet usage passe pour infamant ; ils font leur pain avec du blé de dourah.
Ils pétrissent la pâte avec les pieds et travaillent le limon avec les mains. Les hommes
ont chacun deux vêtements et les femmes un seul. Les autres peuples amarrent les
manœuvres des voiles à l’extérieur du bateau, les Égyptiens à l’intérieur. Les Grecs
écrivent et calculent de gauche à droite, les Égyptiens de droite à gauche, et ils disent
qu’en agissant ainsi ils ont raison et que ce sont les Grecs qui ont tort. »
Hérodote ne fut pas le seul Grec à s’intéresser à l’Égypte mais ce fut le seul à réaliser
un véritable « reportage » sur ce qu’il voit et à interroger les prêtres. Ainsi, ce qu’il
nous rapporte, c’est souvent ce qu’il a entendu des prêtres ; c’est-à-dire beaucoup de
mythologie et de légendes. Rappelons que la civilisation grecque est la première civi-
lisation européenne à entrer en contact avec l’Égypte. Ceci explique que beaucoup de
lieux et de personnages égyptiens nous sont connus par leur nom grec (et non pas par
leur nom égyptien).
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Introduction
©COREL
d’Amenhotep III qui figurent non
loin de la ville actuelle de Louksor.
À une époque, ces colosses, haut
de plus de 15 mètres, chantaient
sous l’effet du vent. Mais, suite à
des réparations, ce phénomène a
disparu. Certains prétendent que
ces colosses, tout comme les
pyramides, ne sont pas en pierres
taillées mais en pierre coulée,
comme du béton.
d’être inscrite sur les murs, contraire- découverts sur un seul site.
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Remarque
La civilisation babylonienne est sans doute plus ancienne que la civilisation égyp-
tienne mais malheureusement elle n’a laissé que fort peu de traces. D’après certains
auteurs, la civilisation égyptienne aurait été influencée par la civilisation babylo-
nienne (et tout principalement par la civilisation sumérienne) dont elle aurait
appris non seulement l’écriture mais aussi l’art de construire les pyramides (en
s’inspirant des zyggurat). Il ne sera cependant aucunement question des sources de
la civilisation égyptienne dans cet ouvrage car, connaissant peu de choses sur cette
civilisation, nous en connaissons moins encore sur ses sources : il ne s’agit donc
que de spéculations savantes. Nous ne discuterons pas non plus de l’affirmation de
Roger Caratini pour qui la civilisation égyptienne n’a apporté que ses pierres à
l’humanité. Contentons-nous de signaler que sa Sagesse a inspiré les Proverbes de
Salomon, ce qui n’est déjà pas si mal10.
flagellum (hekhekha)
bracelets
Osiris
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