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Traducteur: Elisabeth Buffard\NRelecteur: eric vautier
(Applaudissements)
Bonjour.
Et je voudrais vous faire toucher du bois,
si vous connaissez cette expression,
toucher du bois.
Donc, la façon la plus simple,
c'est quand on parle de 2003
et de la canicule qu'on a bien connue,
alors peut-être plus à la campagne
en ce qui concerne les productions agricoles,
ben voilà, 2003 : ça c'est chez moi,
et c'est ce qui a poussé
et c'est ce que j'ai pas récolté.
Donc, quand on passe par une épreuve comme ça,
qu'on a choisi de partir à la campagne
et de devenir agriculteur,
on a le droit de se poser des questions sur l’avenir,
et donc c'est pour ça que je vous ai amené --
et je vais vous en distribuer quelques-uns,
parce que toucher du bois, je crois que ça fait du bien.
Ça calme. Et en plus,
c'est agréable et ça sent bon.
Donc je vais vous donner un morceau à chacun,
si vous voulez même faire la distribution,
c'est du cerisier, imaginez-vous.
Du cerisier et du prunier.
Il n'y en a pas beaucoup sur Paris peut-être,
mais, tenez, vous faites passer,
puis on va faire une petite expérience toute simple
pour vous montrer que là dedans,
là dans ces rameaux,
c'est l'avenir de l'agriculture qui se joue.
Ça parait complètement délirant ce que je vous dis,
l'avenir de l'agriculture, on entend parler,
il y a plein de films sur l'agriculture,
au bord du drame... Et c'est vrai que
s'il fallait en parler un peu longtemps,
l'agriculture est au bord du gouffre.
Et nous sommes au bord du gouffre.
Donc je vais vous faire la même expérience que moi :
vous prenez cette branche, et vous faites ça.
Vous faites ça, on peut arriver à un cercle
très facilement.
Et moi, ce que j'ai connu en 2003,
ben en 2004, je ne l'ai pas connu.
Parce que cette flexibilité de ces petites branches
qui sont produites tous les ans et qui poussent tous les jours,
c'est la forêt qui les fait.
Le meilleur modèle que l'on a en agriculture,
c'est la forêt.
Parce que la forêt n'a pas besoin de l'intervention de l'homme.
L'agriculture a dérivé vers
de l'assistanat, de la technologie,
ça a coupé les paysans du sol,
et les paysans ont complètement oublié que
le meilleur modèle et le mode de vie, le pragmatisme de la vie,
nous incite à regarder comment fait le vivant.
Et le vivant, la forêt en est le meilleur exemple.
Pas d'intervention humaine, pas d'arrosage,
évidemment pas d'engrais, pas de pesticides, pas de fongicides,
ça fonctionne pratiquement tout seul.
Quand j'ai découvert que par ces rameaux, leur flexibilité,
je me suis posé quand même la question de savoir :
mais pourquoi les rameaux sont...
vous prenez une branche de plus gros diamètre,
très rapidement on arrive à la rupture et ça casse !
Là, le rameau, on en fait un cercle,
à la limite ça représente bien le cercle vertueux
des arbres qui tous les ans vont faire des rameaux,
mais en quantité énorme,
et on trouve sur Internet des explications
du fonctionnement de la forêt et du sol forestier.
Et ce qu'on apprend, c'est que sur ces rameaux sont accrochées les
feuilles,
et que contrairement à ce qu'on croit,
les feuilles, c'est pas parce qu'elles en ont marre
d'être accrochées aux rameaux qu'elles tombent,
c'est parce que physiologiquement, et c'est l'intelligence du vivant,
les feuilles vont restituer entre 50 et 60 % de ce qu'elles
contiennent
aux rameaux. Et dans ce rameau-là que vous tenez
et que je vous montre à nouveau parce que
c'est là que tout se passe, dans ce rameau,
il y a tous les nutriments qui vont permettre dans quelques mois
aux bourgeons qui sont là de faire de nouveaux rameaux.
Et dans ces nouveaux rameaux,
il y a les rameaux de l'année qui vient.
C'est-à-dire que les arbres redémarrent leur croissance
uniquement par ce qui est contenu dans le rameau.
Lorsqu'on est sur du bois de gros diamètre,
il n'y a pas ces nutriments.
Donc, quand on a lu ça, on se dit, il y a moyen de
faire quelque chose déjà individuellement,
et donc on essaye de communiquer ça aux copains,
et on se dit, on va prendre, on va couper des rameaux,
on va couper des branches, et puis
plus on est nombreux, plus c'est l'occasion de se réunir
puis de bien vivre, et on coupe des branches,
on ramasse des branches, on en fait des tas,
et on passe ça dans une machine pour broyer
donc on est là sur une opération technique
mais qui n'est pas insurmontable, en Afrique
on fait maintenant ça à la machette,
on étale ça sur le sol, une couche de 3 à 5 cm,
pas plus, donc là on se rend compte que c'est pas,
quand on a un jardin, c'est pas inabordable,
3 cm d'épaisseur de ce matériau-là.
qui est caché, c'est pas ouvert encore mais je vous montrerai.
Et après, quand c'est posé sur le sol,
en hiver, au printemps, on incorpore.
Vous allez me dire, il y a des histoires de saison,
oui, il y a des histoires de saison.
Lorsque l'hiver arrive, les rameaux stockent tous les nutriments.
C'est-à-dire que ça ne va nulle part ailleurs
que dans les rameaux. Et c'est uniquement
à cette époque-là que ça se fait.
Lorsqu'au printemps la végétation redémarre,
tout ces éléments nutritifs sont mis en circulation
et se présentent de façon très diffuse.
Donc on procède à ce qu'on appelle l'incorporation.
Lorsqu'on a fait cette opération-là,
quelques semaines après, on s'aperçoit
que le sol agricole que l'on cultivait,
ça c'est du sol agricole, le sol que vous avez vu en premier
avec des pierres, il est devenu ça !
Entre 60 et 90 jours après l’épandage des 3 cm d'épaisseur.
Alors ça c'est le dessus,
et là, c'est ce qu'il y a en dessous.
Ce qu'on voit, ce sont des mycéliums, donc le vrai champignon,
et c'est ce mycélium, ce champignon,
qui devient notre collaborateur
pour faire une chose que la nature ne sait pas faire autrement
que par les champignons, mettre en chaîne alimentaire
quelque chose qui est relativement complexe,
qui s'appelle la molécule de lignine,
et c'est cette molécule de lignine qui est
quelque chose de très énergétique, qui va entrer
dans une chaîne alimentaire complexe du sol,
et qui va faire que le sol agricole qu'on cultivait
devient un sol forestier.
On fait un copier-coller de sol forêt, sol agricole.
Et ça fonctionne de façon assez étonnante
pour que sur ce sol de cailloux où il y a eu du BRF,
on fait pousser du blé, et que les rendements
sont pratiquement supérieurs à ce qu'on fait d'habitude,
et que la surprise, elle est évidemment,
parce que les arbres y poussent aussi,
les plantes potagères,
là vous êtes sur les causses du Quercy,
je vous invite chez moi !
Je vous ai amené des arbres de chez moi,
mais là, c'est chez moi :
vous voyez les courgettes qui poussent
en plein soleil, il n'y a pas d’arrosage,
il y a juste du semis, j'ai mis les graines
dans le sol, et j'ai attendu que ça pousse.
Cette année-là, sur une douzaine de pieds,
j'ai ramassé 190 kilos de courgettes
sans arrosage,
sans traitement phytosanitaire,
sans désherbage, c'est-à-dire que je me suis contenté,
et là on rejoint peut-être le jardin d’Éden,
de mettre les graines en terre et de récolter.
Voilà, ben ça c'est les productions qui sur le Causse sont...
mais c'est infaisable ! C'est quelque chose
qui n'est pas faisable : quand vous dites que
vous aller cultiver des carottes sur le Causse,
sincèrement, tout le monde vous le dit,
les agronomes, mais aussi les gens qui ont la pratique,
ils vous disent :" Mais tu as entre 30 et 40% de cailloux dans ton sol,
tu as 30 cm d'épaisseur de sol, c'est un pari irréalisable.
C'est quelque chose qui n'est pas tenable.
Alors pas d'eau, pas d'engrais,
pas de traitement, les rendements sont 160 à 170 %,
la quantité de matière sèche est d'environ
30% en plus, alors ça veut dire tout simplement
que les plantes qui n'ont pas été gorgées d'eau
ont des qualités gustatives évidemment nettement supérieures,
de la tenue à la cuisson et ça c'est pour la gastronomie,
pour la cuisine,
et que la durée de conservation est beaucoup plus longue.
Donc les saveurs, évidemment inégalées,
pas de traces de maladies, que ce soient des pesticides,
des pucerons, des ravageurs.
Alors vous allez me dire,
tout cela ça paraît quand même assez magique, hein?
Pas d'intervention humaine, alors là
on se retrouve face à la forêt où non plus
il n'y a pas d'intervention humaine.
Où on est ? Est-ce que c'est encore de l'agriculture,
est-ce qu'on n'est pas sur un nouveau concept où
même au Mali, au Burkina Faso, au Togo,
les gestes sont les mêmes, les résultats sont les mêmes,
c'est-à-dire que lorsqu'on broie des petites branches,
qu'on les met sur le sol en petite épaisseur,
on assiste au même phénomène,
c'est-à-dire des champignons d'une certaine famille
vont s'emparer des éléments nutritifs
qui sont dedans
et déclencher une grande chaîne alimentaire
où la vie du sol va réapparaître.
Voilà, c'est un peu une espèce d'invitation
que nous fait cette chose que, j'ai pas prononcé le mot
mais je vous le dis, parce qu'il l'a dit,
c'est BRF, B pour Bois, R pour Rameau,
ce que vous avez pour certains dans la main,
c'est-à-dire une partie très particulière de l'arbre,
qui en fait porte les feuilles qui sont le siège de la photosynthèse.
C'est-à-dire que l'énergie du soleil
transformée par les feuilles est stockée dans les rameaux.
Et c'est un concept qui dérange énormément l'agronomie,
dérange énormément le métier d'agriculteur,
parce qu'il faut réinventer le métier d'agricuteur,
avec une chose comme ça !
Vous imaginez qu'une ferme où on a 20 à 30% de la surface
qui est consacrée à de la forêt ou a du bois,
on peut mener la production sans aucun intrant,
avec au minimum 50% d'économie d'eau,
et 160 à 170% de productivité en plus.
C'est quelque chose qui se fait tous les 4 à 5 ans,
c'est-à-dire qu'on est sur de la durabilité,
que ce monde nouveau, cette nouvelle technique
est quelque chose qui gagne beaucoup de gens,
mais où la recherche a un peu de mal à trouver ses repères,
et ce paquet-là, d’ailleurs je crois que dans vos sacs,
vous avez un petit sac en plastique.
Pour ceux que ça intéresse, on partage ça
parce que ça marche dans le jardin,
mais ça marche aussi dans un pot de fleur,
dans le pot où vous avez le citronnier
ou la plante que vous aimez,
vous mettez une couche de 3 à 5 cm d'épaisseur,
et ça marche !
C'est-à-dire que vous allez avoir des fruits plus beaux,
vous allez avoir des besoins en eau
nettement moindres,
et en plus, c'est vachement beau, ça sent bon,
sincèrement pour ceux qui voudront sentir,
et en prendre, il y a une odeur très caractéristique
de forêt, et ben je vous invite à partager ce repas avec le sol.
(Applaudissements)

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