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Introduction
Le rôle crucial joué par les pollinisateurs dans la reproduction des plantes à fleurs n’est plus
à démontrer (Chaplin-Kramer et al. 2014). 78% des plantes sauvages sont tributaires de la
pollinisation biotique et globalement, les insectes contribuent à la pollinisation de 75% des
cultures mondiales (Foley et al. 2011). Ainsi, les insectes pollinisateurs jouent un rôle
écologique très important dans l’agriculture et l’alimentation mondiale car 35% de ce que nous
mangeons dépend de la pollinisation par les insectes et chez les gymnospermes et les
angiospermes, l’entomo-pollinisation est le mode de reproduction privilégié à près de 90%
(Aupinel, 2009 ; Klein, 2007). En Europe, 84 % de la production d’espèces cultivées dépendent
directement de la pollinisation par les insectes, plus particulièrement par les abeilles (Williams,
1994).un peu plus d’un tier de La production végétale mondiale peut être influencée par Les
pollinisateurs tels que les abeilles, les oiseaux et les chauves-souris, accroissant la production
de 87% des principales cultures vivrières du monde, ainsi que celle de nombreux remèdes
d’origine végétale (Klein et al., 2006).
Selon Buchmann & Nabhan (1996) et Allen Wardel et al. (1998), le vent est le vecteur de
pollen chez seulement 10 % de plantes (espèces anémophiles) tandis que les insectes
pollinisent toutes les autres espèces de façon exclusive ou dominante (espèces entomophiles).
Ces insectes se nourrissent du pollen ou du nectar. Aujourd’hui, le déclin du nombre de
pollinisateur est un fait (Ghazoul, 2013, Garibaldi et al., 2013) et Chagnon (2008) et Wardel
et ses collaborateurs (1998) disait déjà que cette situation suscite des inquiétudes au vue
d’importance des insectes dans l’agriculture.
Malgré le rôle important que joue la pollinisation dans l’amélioration des cultures, dans
la sécurité alimentaire et dans la conservation de la biodiversité, elle ne figure pas ou rarement
dans les programmes agricoles de beaucoup de pays africains (Eardley et al., 2006).
Aujourd’hui, le déclin du nombre de pollinisateur est un fait et cela suscite des inquiétudes à la
vue de leur importance dans l’agriculture (Chagnon, 2008 ; Wardel et al. 1998). De même, il
est admis à nos jour que la diversité des aliments pour la nutrition humaine dépend fortement
des animaux pollinisateurs (Lumpkin et al. 2006). Il est donc urgent de conserver les
pollinisateurs afin de maintenir la diversité des plantes car leur absence serait une menace
sérieuse à la sécurité alimentaire, à l’agriculture et à la survie à long terme des espèces de
plantes dans les écosystèmes naturels (FAO, 2007).
Abelmoschus Esculentus (L.) Moench (1794) encore appelé Hibiscus esculentus L. (1753)
(Malvacée) (Dobignard & Chantelain, 2013), est une légumineuse des régions tropicales et
subtropicales, probablement originaire de l’Ethiopie (Sathish et al., 2013) et largement
cultivée en Afrique (George, 1989). Il peut se cultiver soit sur une grande ferme commerciale
ou comme culture maraîchère. De grandes superficies sont cultivées dans de nombreux pays
et régions du monde tels que l’Inde, le Japon, la Turquie, l’Iran, l’Afrique de l’Ouest, la
Yougoslavie, le Bangladesh, l’Afghanistan, le Pakistan, le Myanmar, la Malaisie, la
Thaïlande, le Brésil, l’Éthiopie, le Chypre et le sud des États-Unis (Purseglove, 1987 ;
Benjawan et al., 2007 ; Qhureshi , 2007 ; Rubatzky et Yamaguchi, 1997). Le gombo est une
dicotylédone annuelle robuste, érigée, atteignant 4 m de haut, plus ou moins fortement
ramifiée (Charrier et al., 1984). Il pousse de préférence dans un sol riche en humus bien
drainé et bien fertile, en plein soleil mais il fait partie des plantes les plus tolérantes à la
chaleur et à la sécheresse aux sols argileux ou à l’humidité intermittente (Jain et al., 2012, ).
Les feuilles sont longues pétiolés (10–20 cm de long), orbiculaires ou orbiculaires-ovales,
large et rugueux, palmilobé à 5–7 lobes (Roy et al., 2014) et possèdent des propriétés
émollientes, sudoripares et sont utilisées dans le traitement de la dysurie (Nilesh et al., 2012 ;
Sathish et al., 2013, Habtamu et al., 2014). Les fleurs de gombo sont éphémères,
hermaphrodites, axillaires, solitaires et de grandes dimensions (Hamon, 1987 ; Olugbenga &
Eludire, 2014). La décoction des racines est utilisée pour le traitement de la bronchite et de la
pneumonie (Lim, 2012 ; Marwat et al., 2011b)
Les travaux seront conduits de juin à octobre 2023 dans la localité de MOKOLA ?
arrondissement de Mokolo, département du Mayo-Tsanaga, région de l’extrême-nord du
Cameroun. (http://www.cameroun-infotourisme.com). La station d’expérimentation sera une
aire rectangulaire (figure 2) de 209m2 entourée par les champs de mil, de maïs et du niébé.
Cette station sera est située à…………….de latitude nord et ………….. de longitude est,
avec une altitude de ………………m au-dessus Niveau de la mer. Toutes ces mesures seront
réalisées à l’aide d’un GPS.
2. Aperçus démographique, géologique, climatique et floristique de la
commune de MOKOLO
- Les sols des montagnes : Ces sols sont formés d'arènes de désagrégation entre les
roches.
- Sur certaines pentes, ce sont des sols minéraux bruts, Ils sont légers et faciles à
cultiver, mais perméables et à faible pouvoir de rétention d'eau. Ces sols se
caractérisent par l'abondance des réserves minérales : phosphore, calcium, magnésium,
potassium.
- Les sols des plaines bordières se caractérisent par leur diversité et leur richesse en
matériaux colluviaux grossiers au pied de la montagne et les alluvions plus fines en
aval.
- Les sols des plateaux constitués des dépôts colluviaux caillouteux, à dominance de
sables grossiers aptes à la culture du mil et de l'arachide.
- Les sols près des cours d'eau propices pour la culture de patate, l'arboriculture
fruitière ou les cultures maraîchères.
- Les zones accidentées : Ce sont les montagnes. Elles culminent au nord de Mokolo
au sommet de ZIVER à 1412 m d'altitude.
La végétation est plutôt sahélo-soudanienne. Parmi les essences les plus fréquentes sur
l'ensemble de la région, le papayer, le goyavier, citonniers le cailcédrat, le jujubier, le
Faidherbia, le tamarinier les rôniers, les papayers… La faune sauvage est diversifiée et
comprend entre autres :
- les Primates tels que les Cynocéphales, les Patas, les Vernet, etc.
3. Matériel biologique
3.1.Matériel végétal
Le matériel végétal est représenté par les graines de gombo achetées au marché de
Mokolo (extreme-nord du Cameroun) (figure 3).
a. Matériel animal
Le matériel animal est représenté par les insectes naturellement présents dans
l’environnement du champ expérimental.
4. Méthodes
1m
5m
1m
5m
1m
5m
1m
1m 6m 1m 6m
1m
la parcelle expérimentale recevra le semis sur 15x13 lignes par sous-parcelle au mois de
juin 2023. Les graines sont semées à raison de 4 graines par poquet et de 13 poquets par ligne.
La germination a eu lieu le 24 juillet 2015 et l’apparition de la première fleur le 19 septembre
2015.les figure 4 et 5 illustrent cela. Le premier sarclage a été fait deux semaines après le semis
et ceci de façon régulière jusqu’à la récolte. Trois semaines après le semis à savoir le 11 août,
nous avons procédé au démariage des plantes pour ne laisser qu’une plante par poquet (Pando
et al.2014, Azo’o et al., 2012).
Figure 4 : levée de plantule
Le sarclage manuel a été réalisé du début de l’apparition des bourgeons floraux jusqu’à
la récolte (Pando et al. , 2013) .
Figure 6 : stade bouton florale d’une fleur de A. esculentus
Deux jours avant le début de la floraison, 240 boutons floraux (figure 6) ont été étiquetés
et trois traitements constitués :
Les observations ont été réalisées sur les fleurs du traitement 1 tous les jours du 20 au
30 septembres 2015, pendant trois périodes journalières selon les tranches horaires suivantes :
8h-9h ; 10h-11h ; 12h-13h.
Au cours de chaque journée de manipulation, l’observateur passait une fois sur chaque
fleur du traitement 1 (non protégé), pour chacune des périodes journalières ci-dessus. A chaque
passage, les différents insectes étaient comptés sur les fleurs épanouies. Les insectes n’étant pas
marqués, les résultats cumulés seront exprimés par le nombre de visites (Tchuenguem, 2005).
Les données obtenues ont permis de déterminer la fréquence de chaque espèce d’insecte (Fi)
sur les fleurs d’A. esculentus selon la formule suivante: Fi={[Vi1/VI]x100}, avec Vi le nombre
de visites de l’insectes i sur les fleurs du traitement 1 et VI le nombre de visites de tous les
insectes sur ces mêmes fleurs (Tchuenguem, 2001).
Pour le traitement 3, au niveau des fleurs, la toile gaze a été délicatement enlevée et les
fleurs épanouies observées pendant 1 à 10 minutes, en vue de noter la visite de ces fleurs par le
pollinisateur majeur. Dans ce traitement, la fleur dont le stigmate est touché par le pollinisateur
a été marquée et les autres fleurs épanouies non visitées ont été supprimées. Après cette
observation la fleur visitée est de nouveau protégée et n’était plus manipulée jusqu’à la récolte
(Pando et al., 2014).
c. Etude de l’activité des insectes sur les fleurs de A. esculentus
Ici, il est question de déterminer le ou les produits récoltés par les insectes. Ce paramètre
est évalué durant l’évaluation de la diversité. L’observateur passait une fois sur chaque fleur
épanouie et notait donc le ou les produits prélevés. Rappelons ici que l’insecte qui visite la fleur
pour la récolte du nectar plonge sa trompe au fond de la fleur tandis que le butineur du pollen
gratte les anthères à l’aide de ses mandibules et ou de ses pattes (Tchuengem et al., 2004).
Certains insectes comme les apidés possèdent des organes de transports de pollen tels que les
corbeilles des pattes postérieures. D’autres comme les Halictidées possèdent des poils
collecteurs sur les pattes, et les Mégachilidées possèdent des brosses ventrales qui leurs
permettent la collecte et le transport de pollen (Brisson et al. 1994 ; Borror et al., 1991).
Il s’agissait de chronométrer le temps que met un insecte pour récolter un produit floral
(nectar ; pollen ou les deux à la fois). Pour ce faire, nous avons utilisé un chronomètre que nous
déclenchions une fois que l’insecte se posait sur la fleur et était stoppé au départ de l’insecte en
question. Le temps affiché sur le chronomètre est la durée qu’aura mise l’insecte pour le
butinage. Les durées ont été enregistrées différemment selon qu’il s’agit du pollen, du nectar
ou des deux.
1. Influence de la faune
Ce paramètre consistait à noter toutes les fois que les butineurs quittaient la fleur de la
plante considérée pour une autre plante des environs et vice-versa (Pando et al., 2013, 2014).
Dans cette partie, nous avions relevé le nombre de fois qu’un insecte entrait en contact
avec le stigmate de la fleur visitée. Ceci nous a permis la mise en évidence des probabilités
d’intervention des insectes dans l’autopollinisation et la pollinisation croisée des fleurs visitées.
L’enregistrement de ces différents paramètres s’est fait au même moment que l’étude de la
durée de visite (Tchuenguem, 2005).
La récolte a été faite dans les différents traitements à la maturité des fruits. L’évaluation
des rendements de A. esculentus est basée sur l’analyse quantitative et qualitative. Nous avons
retenus le taux de fructification, la longueur des capsules, le diamètre des capsules, la masse
des capsules, la masse de graine par capsule et le pourcentage de graines normales. Pour ces
différents paramètres, nous avons utilisé le mètre ruban et la balance électronique. La
comparaison des rendements fruitiers et grainiers des traitements 1 (fleurs laissées en libre
pollinisation) et 2 (fleurs isolées des insectes) nous a permis de déterminer la contribution
numérique des insectes sur les rendements.
La contribution numérique des insectes floricoles sur la longueur des capsules est
calculée par la formule suivante : Pl = {[(l1 – l2)/l1] x100} où l1 et l2 sont respectivement les
longueurs moyennes dans les traitements 1 et 2.
La contribution numérique des insectes floricoles sur le diamètre des capsules est
calculée par la formule suivante : Pd = {[(d1 – d2)/d1] x100} où d1 et d2 sont respectivement les
diamètres moyennes des capsules dans les traitements 1 et 2.
La contribution numérique attribuable aux insectes floricoles sur la masse des capsules
est calculée par la formule suivante : Pm = {[(m1 – m2)/m1] x100} où m1 et m2 sont
respectivement les masses moyennes dans les traitements 1 et 2.
La contribution numérique des insectes floricoles sur la masse des graines par capsule
est calculée par la formule suivante : Pmg = {[(mg1 – mg2)/mg1] x100} où mg1 et mg2 sont
respectivement les masses moyennes des graines dans les traitements 1 et 2.
La contribution numérique des insectes floricoles sur le nombre de graines est calculée
par la formule suivante : Pg = {[(g1 – g2)/g1] x100} où g1 et g2 sont respectivement le nombre
moyen de graines dans les traitements 1 et 2.
La contribution numérique des insectes floricoles sur le nombre des graines normales
est calculée par la formule suivante : Pgn = {[(gn1 – gn2)/gn1] x100} où gn1 et gn2 sont
respectivement les taux de graines normales dans les traitements 1 et 2.
1. Efficacité indirecte
2. Efficacité directe
La contribution numérique du pollinisateur majeur sur le nombre moyen des graines par
capsules est Pgx = {[(g3 – g2)/g3] x100} où g2 et g3 sont respectivement les nombres moyens de
graines dans les traitements 2 (fleurs protégées jusqu’à la fructification) et 3 (fleurs protégées
et visitées uniquement par le pollinisateur majeur) (Vaissière et al., 1996).
Pendant la période de manipulation, la capture des insectes était faite sur les fleurs libres
à l’aide d’une pince et d’un filet entomologique. Les insectes ainsi capturés ont été conservés
dans des flacons contenant de l’éthanol à 70% excepté les Lépidoptères qui ont été conservés
dans les papillotes. La détermination des spécimens conservés était faite au laboratoire de
zoologie de l’université de Maroua.
Durant la période d’observation, les échantillons des diverses plantes en fleur dans le
site d’étude étaient attractifs pour les insectes visitant A. esculentus. Un herbier a été constitué
pour les espèces les plus représentatives des ces essences. La détermination des spécimens a été
faite par Dr. Vroumsia du Département des Sciences Biologiques de l’Université de Maroua.
Cette analyse a été faite en utilisant le logiciel IBM SPSS statistics, version 23 : le test t
de Student pour la comparaison des moyennes; le Coefficient de corrélation (r) pour l’étude des
relations linéaires entre deux variables, le test Chi carré ( 2) pour la comparaison des
pourcentages.