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CUNSIGLIU ESECUTIVU

DI CORSICA
Presidenza di u Cunsigliu

CUMUNICATU DI STAMPA

Aiacciu, u 27 di nuvembre di u 2018

LE CONSEIL EXECUTIF DE CORSE DEMANDE LE GEL DU PRIX DU CARBURANT


EN CORSE ET L’INSTITUTION D’UNE CONFERENCE SOCIALE VISANT A
COMPRENDRE ET COMPENSER LA CHERTE DU PRIX DU CARBURANT EN CORSE

Le Conseil exécutif de Corse, réuni ce jour à Aiacciu, a abordé la situation


politique, économique, et sociale créée par la décision du Gouvernement d’augmenter
la fiscalité appliquée au carburant à partir de janvier 2019, et fait le point sur les
échanges intervenus au cours des derniers jours avec des membres des « gilets jaunes »
insulaires, ainsi qu’aujourd’hui avec les représentants du Collectif « Agissons contre la
cherté du carburant en Corse ».
Il réaffirme dans un premier temps son attachement à la transition énergétique et à la
construction d’un modèle économique et social fondé sur le développement durable.
Dans cette perspective, la fiscalité écologique peut être un instrument utile et adapté,
dès lors que son utilisation s’inscrit dans une cohérence d’ensemble prenant en compte
les difficultés rencontrées par les citoyens au quotidien, et particulièrement celles et
ceux qui sont frappés par la précarité et la pauvreté.
Le Conseil exécutif de Corse constate à cet égard que la décision d’augmentation
brutale du prix du carburant prise par le Gouvernement est, sur la forme et le fond,
impossible à accepter et supporter pour une majorité de foyers.
Il exprime sa solidarité avec les principes du texte en date du 27 novembre signé par
les Présidents de région, visant à impliquer les régions françaises de droit commun
dans la construction d’un nouveau modèle économique et social.
Il rappelle que la Corse est frappée beaucoup plus durement que d’autres collectivités
et territoires par la cherté du prix du carburant et ce pour plusieurs raisons :
- le taux de pauvreté, avec plus de 20% de la population vivant au-dessous du
seuil de pauvreté ;
- le cloisonnement interne de la Corse, et son caractère d’île-montagne ;
- le caractère proportionnellement moins développé que sur d’autres territoires
des moyens de transport en commun ;
- enfin et surtout, le fait que le prix du carburant était déjà, en amont de la hausse
du carburant projetée par le Gouvernement, très supérieur au prix moyen avec
le continent français : en juillet 2018, + 12,88 centimes d’€ de différence entre
le prix moyen par litre pour le SP 95 et +11,55 centimes d’€ de différence pour
le gazole (source : Corsica Statistica – observation du prix des énergies – juillet
2018).
Cette situation est d’autant plus anormale que la Corse bénéficie d’un taux réduit de
carburant de TVA, fixé à 13% contre 20% sur le continent, ce différentiel ne profitant
pas in fine au consommateur.
De plus, la fiscalité préférentielle mise en place pour inciter à la consommation des
bio-carburants ne profite pas aux automobilistes de Corse, les dits bio-carburants
n’étant pas distribués en Corse.
Enfin, la situation de surprix actuel conduit à annihiler les efforts faits par la
Collectivité de Corse qui a choisi, bien que durement frappée par la limitation des
dotations de l’Etat, de ne pas augmenter sa fiscalité propre, et notamment la part lui
revenant sur la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, y
compris lorsque de nombreuses régions l’ont fait.
Ce choix de ne pas augmenter la fiscalité, maintenu jusqu’à aujourd’hui malgré les
difficultés budgétaires et financières héritées des gestions passées, est un choix
politique du Conseil exécutif de Corse et de la majorité territoriale, afin de ne pas
aggraver les difficultés rencontrées par les ménages et entreprises insulaires du fait de
la situation économique et sociale.
Cette situation d’ensemble vécue par la Corse et les Corses appelle donc des mesures
fortes, à la mesure du désarroi, de l’incompréhension, et quelquefois de la colère
manifestés légitimement par une grande majorité d’insulaires.
Le Conseil exécutif de Corse demande donc solennellement au Gouvernement de ne
pas appliquer à la Corse les hausses du prix du carburant prévues à compter du 1 er
janvier 2018, et ce au double motif d’une part de la solidarité que la Collectivité de
Corse exprime avec les régions de droit commun et régions et territoires d’Outre-Mer
se reconnaissant dans cette revendication, d’autre part de la singularité de la situation
de la Corse, qui est déjà dans une situation d’inégalité par rapport au prix moyen du
carburant.
Le Conseil exécutif de Corse demande donc également, de façon tout aussi forte et
solennelle, que soit mise en place une instance pluripartite chargée d’identifier à bref
délai les raisons du surcoût du carburant actuellement assumé injustement par les
automobilistes insulaires, par les Corses et par la Collectivité de Corse.
Il propose que soit installée une Conférence sociale ayant vocation à rassembler, au
moins deux fois par an, les acteurs institutionnels et les partenaires économiques et
sociaux, pour faire le point sur les différents problèmes et questions se posant dans le
domaine économique et social.
Comme déjà évoqué devant le Ministre de l’Economie M. Bruno Le Maire lors de sa
visite en Corse, le Conseil exécutif de Corse propose que la Conférence sociale se
saisisse, pour ses premiers travaux, de la problématique des mécanismes de formation
des prix du carburant en Corse, pour identifier l’origine des éventuels surcoûts,
surprofits, et mettre en place les solutions de nature à les compenser ou à les faire
disparaître, y compris dans la perspective de construction du statut fiscal et social de la
Corse.
Sa composition a vocation bien sûr à s’élargir, sur la question du prix du carburant,
aux acteurs sociaux et citoyens, ayant fait entendre leur voix ces derniers jours.
Les travaux et échanges menés dans le cadre de cette Conférence sociale permettront
de connaître de façon contradictoire, publique, les arguments des différents acteurs du
système de distribution du carburant, en prenant en compte les intérêts légitimes des
près de 1000 familles vivant en Corse de ce secteur d’activité, y compris dans les
zones rurales et de montagne.
Ils permettront également de mettre à jour et de sanctionner, si elles sont avérées, les
logiques de profits excessifs et illicites, et de formuler les propositions de nature à
assurer à tous les Corses qu’ils paient leur carburant au juste prix, dans le cadre d’un
statut fiscal et social et d’une continuité territoriale construits pour assurer la
prééminence de l’intérêt général et des intérêts collectifs du peuple corse.

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